François Ruffin, député "Picardie Debout" de la Somme, est l'invité de BFMTV-RMC ce mardi.
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00:00Il faut se protéger en général, aujourd'hui, de la Chine.
00:03Aujourd'hui, la Chine a des capacités de production en matière de chimie,
00:08en matière d'automobiles, en matière de sidérurgie,
00:10qui sont devenues absolument considérables.
00:12Et si on laisse faire les importations chinoises,
00:15c'est une dévastation de nos industries dans notre pays.
00:19Vous prenez même les panneaux photovoltaïques.
00:21On avait une industrie du panneau photovoltaïque.
00:23On a décidé d'ouvrir nos frontières.
00:25Les Chinois sont en surproduction de panneaux photovoltaïques.
00:27On a fait se fermer la dernière usine qui produisait des panneaux
00:31pour ce qui est une industrie d'avenir.
00:33Oui, mais quand on parle de ces colis,
00:35ce matin, j'avais une auditrice sur RMC qui m'appelait.
00:37Elle s'appelle Nathalie.
00:39Elle vit à Amiens, dans la Somme, pas loin de chez vous.
00:42Et elle disait, mais je trouve ça dégueulasse, c'était ses mots.
00:45Elle disait, je ne vois pas pourquoi ce serait à nouveau à moi de payer.
00:48Elle dit, moi, j'importe en effet, j'achète mes vêtements pour moi
00:51et pour mes deux enfants sur Chine.
00:53Et je ne vois pas pourquoi on me taxerait, moi,
00:55alors que je n'ai pas les moyens d'acheter des produits meilleurs en France.
00:58D'abord, il faut qu'elle ait les moyens d'acheter des produits meilleurs.
01:01Mais aujourd'hui, il n'y a pas d'industrie textile
01:03qui soit suffisante dans notre pays pour que les gens s'approvisionnent.
01:07Ce qui peut être fait sur le textile, en l'occurrence,
01:09rappelons que ça a une histoire, d'accord ?
01:12C'est la fin des quotas d'importation en 2005 avec la Chine,
01:15il y a 20 ans maintenant,
01:17qui fait qu'on a perdu entre 1 000 et 2 000 emplois par mois
01:20sur l'industrie textile.
01:21Et ensuite, on a perdu des emplois sur les commerces textiles.
01:25Donc, on a nous-mêmes créé les conditions de la mort de notre industrie ?
01:28Évidemment.
01:29C'était un choix de nos dirigeants politiques
01:30et de nos dirigeants économiques sur ce secteur-là,
01:33comme sur plein d'autres.
01:34Est-ce qu'on va faire se recréer une grande industrie du textile en France ?
01:38Je suis très sceptique.
01:39En revanche, ce qu'on peut faire quand même,
01:40c'est de dire que chaque nuit,
01:42il y a plus de 600 charters
01:43qui sont remplis de petits colis
01:46en provenance de Chine.
01:48Pour Chine, en l'occurrence, pour Temu,
01:50on est quand même dans une espèce de délire.
01:53On est passé de la mode, la fashion,
01:55à la fast fashion,
01:56à l'ustra-fast fashion.
01:58Tout ça n'a pas de sens.
01:59C'est un monde qui est en burn-out,
02:01ça a des conséquences évidemment sociales.
02:02Mais vous lui dites à Nathalie que ça n'a pas de sens ?
02:04Nathalie qui a besoin d'acheter des vêtements
02:06pour elle et pour ses enfants, vous lui dites ça ?
02:07Je dis aux auditeurs que
02:10évidemment cette accélération du monde
02:12avec cette hyper-consommation,
02:14ça n'a pas de sens.
02:14Donc elle doit faire quoi Nathalie ?
02:15Elle doit arrêter d'acheter des produits pas chers ?
02:17Je veux dire ce que je proposerais,
02:19plutôt que de mettre des taxes,
02:20ce que je proposerais c'est un contingentement,
02:23de contingenter,
02:24de dire nous acceptons à la place
02:27de 600 charters,
02:28100 charters par nuit
02:30et il y aura une diminution par 6
02:31et ça sera ainsi contingenté
02:34et on ne sera plus dans...
02:36Mais là vous me parlez des charters,
02:37moi je vous parle de Nathalie.
02:38Mais je vous dis qu'elle pourra accéder
02:42à un certain nombre de...
02:44Mais pas en étant dans une...
02:46Il y a eu une multiplication de l'achat.
02:47C'est la question de la consommation pour vous ?
02:49Mais oui, il y a aujourd'hui...
02:50Est-ce que le politique ne doit intervenir
02:52que sur le secteur de la production
02:54ou est-ce qu'il doit intervenir aussi
02:55sur le secteur de la consommation ?
02:57Pour moi il y a un sens aussi
02:58à intervenir sur le secteur de la consommation
03:00en se disant que...
03:02En effet, peut-être que d'acheter...
03:04Je ne dis pas que ce soit le cas de Nathalie,
03:05mais de renouveler sa garde-robe
03:07de manière très très régulière
03:09avec des tonnes et des tonnes d'habits
03:10qui sont jetés de manière constante
03:12chaque mois, ça n'a pas de sens.
03:15Mais est-ce qu'il faudrait carrément
03:16aller jusqu'à se dire
03:17je ne sais pas,
03:18il y a un nombre de commandes
03:21faisables par Français, par mois ?
03:23Sur Shine ou sur TEMU,
03:25je pense que ça pourrait être une hypothèse.
03:26C'est ce que j'appelle le contingentement.
03:28Il pourrait y avoir un contingentement.
03:29Le 15 ans, ce n'est pas seulement les avions,
03:30c'est aussi le nombre de consommations.
03:33Aujourd'hui, on est dans une accélération
03:34de la consommation.
03:35Il me semble que le politique
03:36a pour rôle aussi de réguler ça.