Claire Chazal reçoit pour ce numéro de « Au bonheur des livres » deux phénomènes ! La jeune Ambre Chalumeau d’abord, que l’on connaît comme journaliste culturelle pour le magazine Quotidien, sur TMC, et qui se révèle une romancière pleine de pep’s et de talent avec son premier livre, « Les Vivants » (Ed. Stock), succès-surprise de ce printemps, qui ne cesse d’être réimprimé. Le second invité est un peu plus âgé, puisqu’il a aujourd’hui 50 ans, mais il reste un éternel jeune homme, fidèle ses débuts, qui furent aussi ceux d’un authentique phénomène de l’édition : David Foenkinos a connu une reconnaissance formidable dès ses premiers romans et revient aujourd’hui avec « Tout le monde aime Clara » (Ed. Gallimard).Le point commun le plus apparent entre les livres de nos deux écrivains tient à leur intrigue, puisque dans chacun d’eux un jeune personnage tombe dans le coma, et son état sert d’une certaine façon de révélateur... Ambre Chalumeau, avec beaucoup de verve et un sens marqué de la punchline, dresse ainsi une sorte de portrait générationnel, en racontant la vie de jeunes gens sortant à peine de l’adolescence, avec leurs traits d’époque et leurs questionnements universels. David Foenkinos, quant à lui, traite encore une fois de son sujet fétiche, l’amour, à travers le destin de sa jeune héroïne endormie, Clara, et de son père, qui veut devenir écrivain…Dans les deux cas, ce sont des récits enlevés et originaux, avec une forme singulière de dynamisme littéraire, qui fait du bien. Année de Production :
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00:00Retrouvez au bonheur des livres avec le centre national du livre.
00:24Bienvenue dans l'émission littéraire de Public Sénat.
00:26Je suis ravie de vous retrouver pour un nouveau numéro d'Au bonheur des livres avec deux romanciers aujourd'hui dont les héros, des adolescents, c'est déjà un point commun, vont sombrer l'un et l'autre dans le coma.
00:39Ce qui va bien sûr dans les deux livres d'ailleurs bouleverser les entourages, la famille, les proches, les amis.
00:46Ces deux auteurs donc ont cet aspect littéraire en commun.
00:49Ils sont souvent des livres d'ailleurs assis sur des expériences personnelles analogues.
00:53Nous allons en parler mais qui sont bien différents, j'allais dire, au regard de leur carrière.
00:59Puisque Ambre Chalumeau a 27 ans, elle publie aujourd'hui son premier livre, ça s'appelle Les vivants chez Stock.
01:05C'est un livre bouleversant mais aussi plein d'humour, très drôle sur l'adolescence mais l'apprentissage, le passage à l'âge adulte.
01:14Et puis vous David Poenquino, alors vous bien sûr vous êtes beaucoup plus confirmé puisque c'est votre 20ème roman que vous êtes un auteur qui a beaucoup vendu, qui a été beaucoup traduit.
01:26Et vous signez aujourd'hui Tout le monde aime Clara chez Gallimard.
01:28Alors c'est le portrait d'un très beau personnage, une adolescente dont Clara qui va se réveiller d'un long coma après un accident et qui va se découvrir différente, qui va essayer de s'apprivoiser elle-même.
01:39Elle est dotée de pouvoirs surnaturels mais elle va aussi se mettre au service des autres.
01:43Alors Ambre Chalumeau, je précise d'abord merci à tous les deux d'être dans cette émission, ça nous a fait très plaisir.
01:49D'abord on a beaucoup aimé vos deux livres et c'est une très belle découverte pour nous Ambre Chalumeau puisque c'est votre premier livre et c'est vrai, toute la rédaction de Bonheur des livres a été touchée et a ri aussi en lisant votre livre.
02:02Alors David on le connaît depuis longtemps, alors voilà.
02:05Parlons d'Ambre.
02:06Pardon ?
02:07Parlons d'Ambre.
02:07Voilà, parlons d'Ambre.
02:09Vous êtes journaliste donc, documentariste aussi, vous êtes très jeune et vous intervenez, je le précise mais peut-être beaucoup connaissent votre visage dans l'émission quotidienne dans laquelle vous tenez la rubrique culture avec donc cet esprit, cet humour que l'on retrouve ô combien dans ce livre Les Vivants.
02:25C'est donc l'histoire de Simon qui est dans le coma pour une maladie rare, ce qui va d'ailleurs profondément, donc je le disais, transformer la vie de son entourage et notamment de ses deux amis Cora et Diane.
02:38D'abord précisons peut-être Ambre Chalumeau que vous avez vous-même eu un ami d'enfance à peu près à cet âge-là, à 17 ans, qui lui aussi a été hospitalisé et tombé dans le coma.
02:48C'est ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
02:50Oui, c'était même exactement à cet âge-là. En fait, le point de départ du livre est une séquence que j'ai vraiment vécue à la fin de l'été 2014.
03:00Je viens d'avoir 17 ans et en l'espace de quelques jours, mon meilleur ami d'enfance attrape un virus rarissime et tombe dans le coma.
03:07Je commence une année de prépa littéraire qui ne va pas se passer comme je l'avais prévu.
03:11Ah oui ?
03:12Plein de repères autour de moi que je pensais un peu immuables commencent à vaciller, des couples d'amis de mes parents que je pensais éternels et qui connaissent des turbulences, enfin plein de petites choses.
03:20J'ai l'impression que je cligne des yeux, je les rouvre et je ne reconnais plus rien autour de moi.
03:23Et c'est pour digérer ça que j'ai commencé à en écrire des petites scènes et dont j'ai tiré ensuite un livre qui est un exercice de fiction.
03:31Le dénouement du livre n'est pas celui de la vraie vie. Je laisse la vérité documentaire de cette histoire à ceux qui l'ont vécue.
03:37C'est aussi pour ça d'ailleurs que je nomme pas la maladie précisément. Je pense que comme ça, chacun peut y mettre un peu ce qu'il veut.
03:41Mais elle existe cette maladie ?
03:42Elle existe.
03:43Alors c'est vrai, vous décrivez donc cet entourage qui va se modifier avec cette épreuve, les uns et les autres, les jeunes et les parents.
03:52Les parents c'est Yves et Céline, un petit frère jaloux aussi, il y a donc Diane et Cora.
03:59J'ai envie de dire que c'est donc presque un passage adulte pour tout le monde, quelle que soit la génération d'une certaine façon.
04:04Les jeunes qui ont le même âge que Simon et puis les parents les plus âgés.
04:07Oui, j'y crois très fort. Je pense que ce livre, il documente mon passage à l'âge adulte avec le personnage de Cora qui est un double de fiction un peu plus évident.
04:17Mais je pense vraiment que chacun des personnages, comme vous le disiez, vient un passage à l'âge adulte, même les adultes.
04:21Dès lors qu'on définit le passage à l'âge adulte comme une remise en question des certitudes, comme l'idée qu'à tout moment, on peut tout repenser, tout reconstruire, que la porte est encore ouverte à plein de choses.
04:33Je pense que chacun des personnages connaît ce moment-là.
04:35Une autre naissance et même, j'allais dire, presque une réparation pour les uns et les autres.
04:40Parce que Diane, qui ne se trouve jamais attirante, va changer peut-être.
04:45Cora va finir par parler d'une de ses douleurs profondes, des viols quand elle était plus jeune, des violences sexuelles.
04:52Les parents aussi qui s'étaient séparés et qui se reparlent.
04:55Il y a une valeur presque thérapeutique à cette épreuve-là collective.
05:01Exactement, je vous remercie beaucoup de l'avoir lu comme ça.
05:03L'image qui me vient en tête, c'est que cet événement, ce déclencheur, le coma de ce jeune garçon, j'ai l'image un peu d'un séisme, du nombre de chocs qui va faire trembler beaucoup de murs.
05:13Alors certains vont rester debout, d'autres vont tomber.
05:17Et quand un mur est tombé, il faut le reconstruire.
05:20Alors est-ce qu'on le reconstruit à l'identique ou est-ce qu'au contraire, c'est l'occasion de le repenser ?
05:23Et chacun des personnages va être confronté effectivement à une petite quête très personnelle, à un apprentissage très personnel.
05:29pour un petit frère, celui de se trouver une identité, pour une jeune fille blessée, l'occasion de se réparer,
05:36pour des parents qui se pensaient enlisés dans un schéma de vie, peut-être le moment de repenser ça.
05:42Oui, de cette honte de choc.
05:44Et d'ailleurs, je ne veux pas du tout déflorer ton livre, David, que j'ai beaucoup aimé,
05:47mais il y aurait des parallèles à faire entre nos histoires.
05:50Et celle que je retiens, c'est qu'un coma, évidemment, c'est quelque chose qui arrive à une personne,
05:55mais qui occasionne des déflagrations et qui touche plein de vies autour.
05:58Et moi, les vies que ça touche sont évidentes, parce que c'est le noyau nucléaire autour de lui,
06:02mais aussi d'autres personnes dont on ne connaît pas l'existence et qu'on va découvrir.
06:06Et toi, tu racontes merveilleusement ce truc des vies qui se touchent et qui se contaminent et qui s'entremêlent,
06:11et comment un événement se répercute dans plein de vies autour.
06:14Tout le monde doit se redéfinir.
06:16C'est ça qu'on voit aussi dans ton livre.
06:18Et parfois, s'améliorer, parce qu'au contact de cette épreuve-là, vous rend peut-être plus tolérant,
06:23plus doux avec les autres, avec soi-même aussi, parce qu'on va vers quelque chose de presque d'irréversible.
06:29Enfin, il y a une grande souffrance.
06:32D'irréversible, mais c'est surtout lié à l'incertitude.
06:34Tu as une formule d'ailleurs très drôle en disant que le coma, c'est comme une livraison Ikea entre octobre et mars.
06:39C'est vrai qu'il y a une incertitude totale, c'est un état très particulier.
06:44On ne sait pas s'il va avoir une rémission, s'il y en a une courante.
06:46On ne sait pas pourquoi on va encore à l'hôpital tous les jours.
06:49Exactement, c'est très particulier.
06:50Et donc, ça crée aussi, dans tous les personnages que tu décris si bien, une sorte aussi d'errance et de flottement.
06:57C'est-à-dire qu'on sent qu'il traverse l'indécision.
07:01Et c'est difficile d'agir quand on n'a pas de prise sur le réel.
07:04Bien sûr, et ils vont tous évoluer.
07:05David a raison, bien sûr, de donner cette petite expression savoureuse, parce que c'est rigolo, même si ça évoque un drame, naturellement.
07:14Mais je trouve que c'est quand même votre grand talent dans ce livre aussi, c'est d'avoir fait cette galerie de portraits,
07:19avec visiblement un don d'observation que vous aviez peut-être dès l'enfance, qui vous a poussé à être journaliste,
07:24de savoir faire ces petits croquis, qui sont souvent savoureux.
07:29Peut-être que ça vient du même endroit, en effet, le plaisir que j'ai à faire du journalisme culturel
07:36et à parler des livres qui me plaisent, des films qui me plaisent.
07:40Et cet exercice-là d'écriture, il y a peut-être un radar à histoire.
07:46Je crois que j'aime beaucoup déceler les...
07:49C'est une formule très grandiloquente, pardon, mais un petit peu l'extraordinaire dans l'ordinaire.
07:53Et dans mon métier, ça passe par essayer de mettre en avant tout ce que la culture apporte,
08:00d'essayer de faire des parallèles, de raconter les belles histoires derrière les œuvres.
08:05Et effectivement, ça part d'un petit muscle d'observation que je pense beaucoup d'anciens enfants un peu solitaires,
08:13grands lecteurs, grands rêveurs ont.
08:15Peut-être que tu peux...
08:16David, il va nous en parler parce qu'il a eu cette occasion-là d'être solitaire et d'observer à ce moment-là le monde.
08:21Mais il y a l'humour en plus, Ambro Chalumeau et ça.
08:24Alors on ne peut pas ne pas rappeler qu'il y a vos parents qui sont là aussi, bien sûr.
08:30Lauren Chalumeau, votre mère aussi qui travaillait sur Canal.
08:33Enfin, il y a cet esprit-là qui régnait dans la famille parce qu'on imagine que cet humour se transmet,
08:37que cette façon de décaler, de tourner un peu en dérision même la douleur et la souffrance,
08:44c'était peut-être familial.
08:45Oui, évidemment. Après, j'essaye de me rassurer en me disant que j'ai forgé mon humour à moi et mes blagues à moi,
08:53mais évidemment que ça aide de grandir dans un foyer cultivé et hilarant.
08:58Et c'est vrai, des parents qui ont le réflexe de potentiellement changer chaque occasion,
09:04chaque anecdote banale en récit, une fois bien raconté.
09:08Mon père, que vous citez, est écrivain, il a une langue bien à lui.
09:13Donc c'est vrai qu'il pouvait rentrer de la boulangerie.
09:15Plutôt que de dire que le caissier avait mis une heure, il pouvait dire
09:18j'ai interagi avec un comit de boulangerie au rythme challengé
09:23et toujours trouver une manière d'enjoliver les choses.
09:26Et clairement, ça a dû me façonner.
09:27Il a ramené du pain finalement ou pas ?
09:29Jamais.
09:30Il a dû m'apprendre un baguette à 25 ans.
09:31C'est pas très concret.
09:32Mais ça, c'est ce qu'on retrouve vraiment, c'est savoureux dans le livre.
09:35Ce qui est aussi très beau, c'est le portrait en creux que vous faites de Simon
09:40parce qu'au fond, il est dans le coma.
09:42On ne va pas dire la fin, mais on va le découvrir.
09:44Et notamment, son homosexualité.
09:48Et lui aussi, vous le décrivez.
09:50Lui aussi, on le connaît.
09:52On le rencontre.
09:54Exactement, on le rencontre.
09:55Et en réalité, je trouve que c'est un absent très présent.
09:59Oui.
10:00Et un inerte très vivant.
10:02C'est ça aussi le titre du livre, cette frontière brouillée
10:05entre quelqu'un qui n'est pas là
10:07et qui pourtant vit très fort dans les récits des autres autour de lui.
10:12C'est comme une pièce de théâtre dont le seul personnage
10:15qui ne serait pas sur scène, c'est celui dont on parle sans cesse.
10:17Et il y a son portrait robot qui se dessine petit à petit.
10:20Et même, effectivement, ses proches apprennent à le connaître
10:23encore plus que lorsqu'il était en phase 2.
10:25Et son absence leur rappelle aussi l'urgence de le connaître.
10:30Leur font remarquer toutes ces questions qu'ils n'ont pas posées,
10:33qu'ils auraient peut-être dû, tous ces moments de partage
10:35qu'ils auraient dû insister pour avoir et qu'ils ont oublié d'avoir.
10:39Une vie qui se met sur pause, ça tend un miroir au nôtre.
10:42Ça nous rappelle l'urgence de vivre les nôtres.
10:44Ça nous force à nous poser la question de comment on vit les nôtres.
10:46Et j'aimais bien cette idée d'un absent présent.
10:51Moi, je crois que je pense les gens que j'aime comme ça.
10:53Même quand on ne sont pas dans la pièce avec nous,
10:55c'est des présences actives et même alliées et aidantes
10:57dans les quêtes qui sont les nôtres.
10:59C'est là qu'on comprend le titre du livre.
11:02À la fin, un absent peut être très vivant
11:05et les vivants peuvent s'absenter.
11:06C'est un peu la conclusion du livre et on comprend.
11:09Alors tout ça se situe, je le disais, dans un milieu,
11:11votre milieu d'ailleurs, cette génération que vous dépeignez parfaitement
11:14de cette jeunesse qui est la vôtre,
11:17dans un milieu social bourgeois, pourquoi ne pas le dire.
11:20Mais il y a quelque chose aussi d'intemporel,
11:21d'une certaine façon, à décrire ce passage à l'âge adulte,
11:24cette épreuve collective.
11:27Ce n'est pas que, j'allais dire,
11:29avec l'habitus bourdieusien de votre classe sociale,
11:33mais ça peut aussi, au fond, s'adapter à énormément de catégories sociales.
11:39C'est ce que j'espère.
11:40C'est vrai qu'évidemment, comme le point de départ de ce livre
11:43est un épisode de ma vraie vie, j'ai raconté ce que je connaissais.
11:47Donc là, j'ai raconté comme cadre temporel et géographique
11:50l'année de mes 17 ans qui s'est déroulée à Paris,
11:52qui s'est déroulée en prépa littéraire,
11:53dans un milieu, comme vous le dites, privilégié.
11:55Donc j'ai raconté ça.
11:57Tout le monde n'a pas eu cette adolescence-là,
11:59donc ce cadre-là ne parlera peut-être pas à tout le monde.
12:00Mais en revanche, j'espère qu'à avoir une galerie de personnages
12:04quand même assez variée en âge, en personnalité,
12:06c'est autant de portes d'entrée potentielles
12:08et que même hors de ce cadre précis,
12:11les thèmes, eux, sont, vous le dites, intemporels.
12:14Comment, à toutes les générations,
12:16le bordel du passage à l'âge adulte,
12:18la tristesse de l'injustice, la découverte...
12:22Un ami malade, les questions sur la sexualité,
12:25la jalousie entre vos soeurs, les parents, l'usure du couple...
12:28Enfin, pour moi, ce n'est pas du tout lié à un cadre social.
12:31Ça, c'est universel.
12:34Alors vous, David Fouanquinos, je le disais,
12:35vous publiez votre 20e roman, vous êtes aussi réalisateur,
12:38vous avez reçu le prix Renaudot et le gros cours des lycées
12:40en 2014 pour Charlotte, Charlotte Salomon...
12:43L'année des 17 ans, donc...
12:44L'année, voilà, vous avez eu beaucoup de succès.
12:47Il y a eu la délicatesse, notamment, ça a été adapté au cinéma.
12:49Voici donc, donc, j'allais dire, une carrière déjà très remplie.
12:54Et voici donc, tout le monde aimait Clara.
12:57Alors Clara, c'est la fille de Marie et Alexis.
13:01Elle est tombée dans le coma après un accident de la route.
13:03et c'est très long, bien sûr, mais elle va se réveiller
13:06avec des pouvoirs un peu particuliers,
13:09une sorte de préscience, de vision plus nette de l'avenir des autres,
13:14tout simplement de ceux qui l'entourent.
13:16Alors on va tout de suite préciser,
13:17et puisqu'Ambre y a fait allusion,
13:19eh bien vous aussi, il y a aussi eu une expérience similaire
13:22dans votre vie, puisque à l'âge de 15 ans,
13:24vous avez une grande maladie
13:26et vous êtes hospitalisée très longtemps.
13:28Et là, vous vous transformez de la même façon.
13:31– Oui, clairement, c'est toujours assez étonnant,
13:33parce que ça paraît peu crédible si je dis
13:36à quel point je n'ai pas mesuré l'aspect autobiographique de ce livre.
13:41C'est-à-dire que je raconte l'histoire d'une adolescente.
13:42– Mais peut-être que vous vous en êtes rendue compte après.
13:44– Exactement.
13:46Mais c'est d'ailleurs, pour moi, c'est un des sujets du livre,
13:48ça parle aussi de l'écriture
13:49et de la part de déraisons qu'on doit aller chercher
13:52ou de la part d'inconscience.
13:53Et c'est vrai que je crie le livre sur cette adolescente
13:56qui passe des mois à l'hôpital
13:57et qui va revenir à la vie d'une manière totalement différente
14:00et qui va bouleverser la vie des gens autour d'elle.
14:02Tout comme moi, après une opération du cœur
14:05et de nombreux mois à l'hôpital,
14:07je me suis réveillé totalement différent.
14:09C'est-à-dire que je suis revenu à la vie…
14:10– Et moi, la lecture, la guitare…
14:11– Exactement.
14:11– Alors que je n'étais pas issu d'un milieu culturel,
14:15c'est vrai que ma seule aspiration,
14:17ça a été d'aller vers la beauté
14:18ou en tout cas d'être traversé par la sensibilité.
14:21Je me suis mis à lire, à écrire,
14:23à avoir de l'imagination.
14:24Et c'est vrai que c'est ce qui m'intéressait aussi,
14:26c'est ce thème de la voyance que je développe dans mes livres-là
14:30parce que pour moi, il y a un lien entre l'écriture et la voyance.
14:33– Avouons, David Fouenquino,
14:34parce que c'est très nouveau dans votre œuvre,
14:36ça c'est même assez rare dans les lignes de romans d'aujourd'hui,
14:38j'ai envie de dire, on ne parle pas tellement de l'occultisme,
14:41de la voyance, enfin de l'ésotérisme.
14:44C'est quoi ? C'est personnel ?
14:45– Non, alors je vais vous faire une confidence,
14:47j'avais peur que ça soit un peu ringard de ce thème-là.
14:50Et c'est-à-dire que moi, je n'avais pas envie d'aborder ça.
14:53– Mais il ne faut pas le caricaturer,
14:54parce qu'on s'attache au personnage de Clara.
14:57– Non mais bien sûr, mais je crois que j'ai mis du temps…
14:57– Il se trouve qu'elle a ces pouvoirs-là, mais…
15:00– J'ai mis du temps, en fait, à aborder ce sujet aussi frontalement,
15:02qui est très important dans ma vie.
15:04Alors pas la voyance, mais tous les signes de la vie, la mysticité.
15:08– C'est devenu important pour vous, ça ?
15:09– Moi, c'est primordial, c'est-à-dire que quand on a une expérience de mort,
15:13moi j'ai passé 15 jours entre les vivants et les morts,
15:16et c'est vrai que je sens que je suis revenu avec des ombres chargées,
15:20en fait, comme ça, d'une lecture obsédante des signes de la vie.
15:25Et c'est vrai que la première fois que j'en avais un peu parlé,
15:27c'était quand j'ai écrit Charlotte, justement.
15:28– Oui.
15:29– Puisque j'étais attiré par l'Allemagne, j'étais attiré par Berlin,
15:32je errais dans le quartier de Charlotte Salomon sans savoir qu'elle avait vécu là.
15:36Et quand j'ai découvert son œuf, au moins, j'ai eu le sentiment qu'elle m'attendait.
15:39J'ai eu le sentiment qu'il y a certaines rencontres…
15:41– Vous devait savoir lui.
15:42– Qui existent déjà en nous, d'une certaine manière.
15:44– Si je peux me permettre, je m'indigne de t'entendre parler de ringardise
15:48à propos de ton livre, parce qu'il faut vraiment dire
15:50que la voyance que tu racontes, c'est une voyance si délicate
15:53et qui ne met pas tant l'accent sur des forces occultes et un peu folkloriques,
15:58vraiment sur un truc de sensibilité exacerbée.
16:00Et ça, je trouve que c'est profondément moderne pour la génération qui est la mienne.
16:04– Merci beaucoup.
16:05Ce que je voulais dire, c'était parfois, il y a des sujets qui nous font un petit peu peur,
16:08dont ils peuvent véhiculer.
16:09Et c'est vrai que j'ai mis du temps à vouloir, moi j'assume totalement,
16:13et je suis très heureux de faire ce coming-out ésotérique, d'une certaine manière.
16:16– Oui, on ne le savait pas.
16:17– D'ailleurs, c'est la première fois que j'ai écrit sur le deuil dans la délicatesse,
16:21sur une agression sexuelle envers la beauté,
16:23mais je n'avais jamais, y compris sur le coma, dans ce livre-là,
16:26ça nous fait ce point commun,
16:28je n'avais jamais enquêté, je ne me sens pas du tout journaliste,
16:31je trouve que l'écriture, c'est vraiment soumis à l'intuition, à l'empathie,
16:34mais pour la première fois, j'ai vu des voyants et des voyantes pour écrire ce livre,
16:38et ça, ça a été passionnant.
16:40Alors, pas pour prédire mon avenir,
16:42mais pour comprendre la naissance du don,
16:44à quel moment ça arrive dans une vie.
16:45– Oui, parce que c'est un don, finalement.
16:46– Oui, si on y croit, c'est extraordinaire, c'est vrai que…
16:50Donc, certaines personnes m'ont raconté que c'était lié à un accident,
16:53parfois lié à l'hérédité familiale,
16:56parfois c'est lié à la mort d'un proche,
16:58c'est vrai qu'il y a une femme qui m'a raconté
17:00qu'à la mort de sa grand-mère,
17:01elle avait le sentiment de pouvoir continuer à parler avec elle,
17:04tout le monde la prenait pour une dingue dans la famille,
17:06mais toutes ces rencontres, on nourrit finalement le personnage de Clara
17:10qui va devenir…
17:12qui va avoir un don exceptionnel et qui va changer la vie des gens.
17:15– Et qui a sa complexité, et ce que dit Ombre est très juste,
17:17c'est que c'est à elle qu'on s'attache,
17:18ce n'est pas tellement à ses pouvoirs surnaturels,
17:20enfin, on la voit arriver très finement dans cette interrogation,
17:25en fait, elle se demande si ça va faire du bien aux autres,
17:28qui elle est vraiment, elle est pleine de doutes,
17:30et c'est ça qui nous la rend attachante,
17:31c'est ça qui nous intéresse d'ailleurs plus.
17:33– C'est autant un coming-out empathique qu'ésotérique, en fait.
17:36– Oui, exactement, c'est vrai.
17:38– C'est quand même une bonne expression.
17:39– C'est pas mal, c'est pas mal.
17:40– Voilà, parce qu'elle a un peu peur finalement,
17:43et les autres peuvent avoir peur d'elle.
17:46– Ça c'est intéressant, c'est vrai que quelqu'un qui a ce pouvoir-là,
17:49ça attire forcément, voilà, parfois de la malveillance, de l'intérêt,
17:54c'est quand même quelque chose qui fait que, voilà,
17:56c'est à la fois extrêmement… ça peut être très positif,
17:58ça peut aider d'une certaine manière,
17:59et elle va aider notamment l'autre personnage principal,
18:01qui est un écrivain qui n'a pas écrit depuis 40 ans,
18:05qui a publié un roman un peu, voilà, passé inaperçu en 1982
18:08aux éditions de Minuit, et finalement…
18:11Enfin, j'aime bien les romans, moi, qui sont assez romanesques,
18:14où finalement on a deux personnages qui paraissent très éloignés,
18:17puis on se demande à quel moment ils vont se rencontrer,
18:19est-ce qu'ils vont se rencontrer ?
18:20– Et ce qui m'intéressait, j'ai lu pas mal de commentaires sur le livre,
18:24les gens se demandent un petit peu où je vais dans la première partie,
18:26et que finalement, à la fin, tout fait sens.
18:29Et que c'est vrai que c'est un livre qui raconte aussi l'idée
18:31que chaque chose que l'on peut vivre a une signification.
18:34– Et que les choses importantes, ce sont elles qui remontent à la surface,
18:37finalement, notamment grâce à cette Clara,
18:40mais ce qui va émerger grâce à elle, à son aide, à son écoute,
18:45c'est des choses profondes, c'est la capacité d'écriture,
18:50même les relations entre les gens,
18:51et c'est exactement ce qui se passe aussi dans le livre d'Ambro Chalumeau.
18:56Cette épreuve-là révèle…
18:59– Oui, il va permettre à chacun…
19:00Il y a plein de situations romanesques.
19:02Moi, j'en raconte une, par exemple, qui m'intéressait,
19:05c'était ses parents qui se sont séparés depuis plusieurs années,
19:08qui ne se parlent plus et qui, forcément, dans un cadre aussi douloureux…
19:12Alors, dans ton livre, finalement, c'est un peu l'opposé.
19:15Les parents ont ce besoin de respiration, d'une certaine manière,
19:19alors que là, il renoue, il renoue, je trouve ça très romanesque,
19:24finalement, d'éprouver presque du bonheur ou une forme de plaisir
19:28dans un cadre de chagrin et un cadre de douleur.
19:32– Alors, comme pour Ambre, on comprend quand même, à la fin du livre,
19:35pourquoi tout le monde aime Clara, parce que finalement, elle fait du bien,
19:38finalement, après ses doutes, après ses peurs aussi qu'elle a pu susciter,
19:43non, on se rend compte que c'est bienfaisant.
19:44– Oui, puis elle va comprendre aussi certaines choses.
19:48Moi, j'avais été à peu près, au sortir de l'adolescence,
19:52à 17, 18 ans, quand il était en quête, j'ai beaucoup lu Modiano,
19:55et il m'avait beaucoup marqué, parce que j'étais quand même
19:57emprunt de beaucoup de mysticisme, et dans Livret de famille,
20:00il cite cette phrase, mais c'est vraiment très, très beau.
20:03Dans Livret de famille, il dit,
20:04« J'avais 20 ans, mais ma mémoire précédait ma naissance. »
20:07Et c'est vrai que son œuvre est hantée par la Seconde Guerre mondiale,
20:10alors qu'il est né en 1945.
20:12Et donc, ce livre porte aussi les intuitions du passé,
20:15c'est-à-dire l'idée qu'on doit aussi comprendre certaines choses
20:18qui peuvent être liées comme ça aux échos du passé,
20:23ou à la mémoire des murs,
20:25et finalement, il y a un lien pour Clara
20:27avec une sculpture, moi, qui me fascine,
20:30et que j'ai mise dans le livre,
20:31qui est une sculpture qu'on trouve à Rome,
20:33au cimetière non catholique de Rome,
20:34qui s'appelle « L'ange du chagrin ».
20:36– C'est très beau ce que tu écris sur le rapport à l'art
20:38que développe aussi cette jeune fille au sortir de sa maladie,
20:40parce qu'elle a cette sensibilité très exacerbée,
20:43et j'ai l'impression que, quelque part,
20:44elle reconnaît dans les grands artistes, les grands écrivains,
20:47en fait, tout autant de gens qui étaient aussi encombrés
20:49de leur sensibilité,
20:50qui ont dû trouver un moyen de la mettre, quelque part,
20:51et ça l'a fait rentrer comme ça dans une confrérie de sensibles,
20:56sensibles à la beauté, sensibles aux autres.
20:57– Oui, de plus sensibles, même.
20:59– Moi, j'ai le sentiment que ce sont les artistes
21:01qui m'ont consolée,
21:03qui m'ont propulsée vers la vie que je devais avoir.
21:06– Et vous l'avez aimée, Clara, finalement, votre Clara.
21:09– Oui, je l'ai aimée, Clara,
21:12mais je pense que, je crois que quand on écrit,
21:15et toi, il y a tellement de personnages,
21:16il y a une galerie de personnages,
21:17et quand tu disais tout à l'heure,
21:18oui, c'est à hauteur de la narratrice,
21:21c'est mon double, elle a 17 ans,
21:23mais je trouve qu'il y a une justesse aussi
21:24sur ce que c'est d'être en couple depuis 30 ans,
21:26et finalement, quand on est un écrivain,
21:29on est très proche de tous les personnages.
21:32Moi, je me souviens, quand j'avais écrit La Delicatesse,
21:33tout le monde me disait,
21:34mais comment vous faites pour vous mettre dans la peau d'une femme,
21:37qui a perdu son mari, et je me dis,
21:39mais je me mets aussi dans la peau du suédois dépressif.
21:41J'ai le sentiment d'être conné dans tous les personnages,
21:43d'une certaine manière.
21:44– C'est des talents de voyance, justement.
21:45– En tout cas, il y a un lien, il y a un lien.
21:47Tu sais, forcément, quand on écrit,
21:50moi, je vois, il y a tellement de formules,
21:51on a envie de souligner tellement de phrases dans ton livre.
21:55– Mais qui ne sont pas des formules,
21:57on va le préciser quand même,
21:59c'est pas du marketing, c'est pas des formules gadgets.
22:00– Ah non, c'est très littéraire,
22:01mais moi, les livres que j'aime,
22:03c'est évidemment qu'ils racontent une histoire,
22:05et moi, j'ai un grand souci de l'histoire,
22:08mais ce qui nous obsède quand on écrit
22:10et quand on est lecteur, c'est la langue.
22:12Et c'est vrai que ça,
22:14il y a tellement de formules dans ton livre
22:15qu'on imagine qu'elles viennent aussi assez spontanées,
22:19de manière spontanée.
22:20Donc ça, c'est comme des flashs, d'une certaine manière.
22:24– Il y a peut-être eu des lectures de l'enfance
22:25ou de l'adolescence qui vous ont quand même inspiré.
22:28Il y a des auteurs qui sont particulièrement proches
22:31de cette écriture-là.
22:32J'allumeau, pour vous.
22:33– Il y avait les parents, ça, oui, le père, mais…
22:36– Évidemment que, je crois que j'étais un peu
22:40une lectrice éponge, une enfant éponge,
22:42et je pense que j'ai été influencée
22:43par beaucoup d'auteurs et autrices que j'aime beaucoup.
22:45Il n'y en a pas nécessairement certains
22:47que j'ai cherchés sciemment à imiter
22:49ou auxquels j'aurais voulu rendre hommage,
22:51mais je pense que tout vient du fait de lire énormément,
22:54et peut-être que toi aussi, tu peux le relier à ça.
22:56– Oui, mais quand on te lit, je ne me dis pas,
22:57tiens, elle est influencée par…
22:58Je suis incapable de savoir qui tu aimes.
23:00– Moi aussi, voilà, j'aurais du mal à dire,
23:02c'est Marguerite Duras, non, c'est…
23:05– Tout le monde aime Clara, moi, on aime tout le monde,
23:07j'aime beaucoup de gens.
23:08– Non, mais c'est d'ailleurs, quand on publie un premier roman,
23:10moi je me souviens, mon premier roman,
23:12chez Gallimard, il m'avait dit,
23:13oh là là, on sent tellement l'influence de Robert Walzer
23:15dans votre livre, tu dis, ah oui, oui, bien sûr,
23:17je ne savais pas du tout ce que c'était, évidemment.
23:19Donc souvent, les gens trouvent des influences
23:21qui ne sont pas du tout les nôtres.
23:22– Tout à fait, mais peut-être pour n'en citer qu'une,
23:24je parle dans ce livre de mon expérience en prépa,
23:26que je raconte, non sans beaucoup de mauvaise foi aussi de ma part.
23:30– Comme ça, vous décrivez les préparations littéraires,
23:32enfin, c'est à la fois formidable, parce qu'on apprend beaucoup,
23:34puis c'est, elle décrit un parcours épuisant.
23:37– Parce que je n'avais pas le niveau.
23:38Moi, j'ai vécu ça comme un full metal jacket,
23:40comme si j'étais un soldat maigrichon
23:41qui n'arrivait pas à faire les pompes,
23:42pas à faire son lit, je l'ai un peu mal vécu,
23:44mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que,
23:47par exemple, je me souviens que quand j'ai lu
23:49Bonjour Tristesse pour la première fois,
23:50j'étais une jeune adolescence,
23:51c'est peut-être un moment où on m'expliquait en cours
23:54que les grands romans étaient forcément très vieux,
23:57forcément très longs, forcément très durs,
23:59exactement, forcément écrits par des vieux messieurs imposants,
24:02la claque tellement réjouissante de voir que non,
24:05on peut être une jeune fille de 17 ans
24:07qui écrit un livre court, à taille humaine,
24:09avec une langue sublime, mais si accessible,
24:11et surtout sur des thèmes de l'ordinaire,
24:13sur l'adolescence, dans sa noirceur, dans ses éclats.
24:17Ça, c'est quelque chose qui autorise beaucoup.
24:19Peut-être que j'ai lu comme ça des auteurs à la fois immenses,
24:22mais aussi des auteurs qui autorisent.
24:23Je pense que, toi aussi, le plaisir d'écriture évident,
24:27l'accessibilité de tes œuvres,
24:29sans rien sacrifier en exigence de clé de lecture du monde
24:33et de beauté du style,
24:34je pense que ça autorise énormément de gens aussi, peut-être.
24:36Oui, ça peut intimider, mais bien sûr,
24:38on peut être écrasé, comme d'ailleurs votre héros,
24:40le deuxième, enfin...
24:41Oui, l'autre écrivain.
24:42L'autre écrivain.
24:43C'est vrai qu'il est traversé par une grande histoire d'amour,
24:46il l'écrit, mais au même moment que Marguerite Duras.
24:48Oui, c'est ça.
24:49Qui publie l'amant chez le même éditeur.
24:51Et lui, c'est l'amant, et là, il est écrasé.
24:53Là, il ne peut plus...
24:54Mais est-ce qu'on fait un deuxième livre ?
24:55Alors, moi, je ne sais pas.
24:56Est-ce qu'on n'est pas...
24:57Parce que celui-là, encore une fois, je le répète,
24:59nous paraît bien vraiment réussi.
25:01Enfin, je pense que David est d'accord.
25:03Mais je ne poserai même pas la question, c'est évident.
25:05Oui.
25:05Qu'il y a un nouveau livre.
25:07Oui, moi aussi, mais parfois, on est intimidé.
25:09Oui, bien sûr, on ne sait rien du tout.
25:11Le syndrome du deuxième album est un peu intimidant, effectivement.
25:13Je pense, oui.
25:14Mais c'est sûr que tu vas continuer avec la question.
25:18Écoutez, on s'en reparlera.
25:21Pour l'instant, rien n'est dans les tuyaux.
25:22Ce livre-là, il n'a pas du tout été écrit par projet.
25:26Il a été écrit que par plaisir, et par élan, et par inspiration.
25:29Donc, je me dis que si jamais j'en faisais un deuxième,
25:31il faudrait que ce soit exactement comme ça aussi.
25:33Vraiment par plaisir d'écrire.
25:34Donc, j'espère que peut-être j'aurai une idée qui m'inspirera à mort,
25:38comme toi, tu en trouves.
25:39Pour l'instant, rien n'est dans les tuyaux,
25:41mais c'est très gentil de le souhaiter, en tout cas.
25:42– Ben oui, on le souhaite, on le souhaite.
25:45– Merci.
25:45– Et en tout cas, le plaisir, il a été partagé aussi, je crois, par le lecteur.
25:50C'est d'ailleurs ça qui est le plus essentiel, finalement.
25:52C'est qu'on sente ce plaisir et qu'on le partage.
25:55Merci beaucoup à tous les deux d'être venus.
25:57– Merci.
25:58– Ambro Chalumeau, ça s'appelle Les vivants, c'est chez Stock.
26:00Et David Fuentino, bien sûr, chez Gallimard, toujours.
26:03Tout le monde aime Clara.
26:04Alors, quelques coups de cœur pour terminer cette émission.
26:08Encore aussi un premier livre.
26:10Elle s'appelle Rose Vidal.
26:11Elle est très jeune.
26:13Elle a été pensionnaire de la Villa Médicis, d'ailleurs, à Rome.
26:16Et ce livre est publié dans une nouvelle collection
26:19dirigée par Yannick Henel, qu'on aime beaucoup chez Gallimard.
26:22Une nouvelle collection qui s'appelle Aventure au pluriel.
26:25Il s'appelle Dramadol, le livre.
26:27C'est une sorte d'ovni littéraire, mais très contemporain
26:30et qui mérite aussi d'être découvert.
26:32Et puis, puisque nous avons parlé de la jeunesse,
26:34de l'adolescence, on a Colette.
26:36On parlait de François Sagan, mais il y a aussi le style de Colette, ô combien.
26:40Et là, il y a une initiative des éditions, Rivage, qui republie en poche,
26:45notamment, mais il y a d'autres titres aussi,
26:46La naissance du jour, préfacée par l'académicienne Chantal Thomas.
26:51Bien sûr qu'on aime beaucoup.
26:52Et puis, pour ma part, alors peut-être de façon plus mondaine,
26:55mais encore, ce n'est pas vrai parce que je trouve que c'est un peu péjoratif
26:59et je ne veux pas du tout le dire.
27:02Je me retournerai souvent.
27:03Ça, c'est le livre de Jean-Paul Antoven,
27:05qui publie, bien sûr, chez Grasset.
27:09Alors, lui, il a fait plusieurs romans, plusieurs essais.
27:11Il a eu le prix féminin, d'ailleurs, de l'essai en 2019
27:13pour son dictionnaire amoureux de Marcel Proust.
27:16Et là, c'est tout simplement,
27:18il revisite les auteurs qu'il a aimés, qu'il a rencontrés.
27:21Alors, bien sûr, Romain Garé, Romain Barth, Camus,
27:24et étonnamment, Émile Cioran,
27:26qui, alors, se pessimise, discute avec cet amoureux
27:30du pareil mondain de Saint-Germain.
27:31C'est très curieux et c'est très savoureux.
27:34Voilà, je me retournerai souvent, Jean-Paul Antoven.
27:36Merci beaucoup à tous les deux.
27:38Merci à vous de nous avoir suivis.
27:39Vous pouvez regarder, bien sûr, cette émission
27:41sur le site de Bonheur des Liés,
27:43le site de Public Sénat.
27:45Je vous retrouve très vite pour un nouveau numéro
27:47de notre émission littéraire.
27:49À vite.
27:49– Sous-titrage Société Radio-Canada
27:56C'était Au Bonheur des Livres
28:07avec le Centre National du Livre.
28:09– Sous-titrage Société Radio-Canada