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Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, était l'invité de France Inter ce mercredi. Il publie "Je reviens te chercher", un livre dans lequel il revient sur son combat face à l'extrême droite, mais aussi dans lequel il dénonce l'attitude de l'ancien Président François Hollande.

Retrouvez « L'invité de 7h50 » de Sonia Devillers sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:00France Inter, le 7-10
00:04Il est 7h48, Sonia De Villers, votre invitée, députée de Seine-et-Marne et premier secrétaire du Parti Socialiste.
00:11A ce poste depuis 7 ans, il est candidat à sa réélection.
00:14Le congrès du PS se déroulera du 13 au 15 juin prochain à Nancy.
00:18D'ici là, il fend l'armure, c'était l'expression de Lionel Jospin.
00:22Bonjour Olivier Faure.
00:23Bonjour Sonia De Villers.
00:24Je reviens te chercher. C'est le livre que vous publiez chez Robert Laffont.
00:30Ce titre, vous l'empruntez à une chanson de Gilbert Bécaud et vous l'adressez à votre père qui est mort il y a très peu de temps.
00:36Vous écrivez dans des pages intimes et sincères que vous connaissez l'extrême droite de l'intérieur.
00:44On va en reparler, évidemment. Vous allez pouvoir répondre à l'édito de Patrick Cohen.
00:49Vous connaissez cette extrême droite de l'intérieur, celle de l'action française à laquelle appartenait votre grand-père, admirateur de Maurras,
00:56celle du journal du Front National que lisaient vos tantes.
01:00Celle qu'a quitté votre père, puis le repli et l'abîme de la vieillesse aidant, celle qu'il a fini par rejoindre à la fin de sa vie.
01:07Revenir chercher votre père, c'est revenir chercher les Françaises et les Français qui ont en général basculé à l'extrême droite.
01:14C'est ce que j'aimerais. Ce livre, c'est l'histoire d'un fil rompu avec un homme, mon père, avec qui j'ai grandi,
01:24qui est d'abord né à l'extrême droite dans une famille maurassienne, dans une famille de la vieille extrême droite française,
01:29et qui ensuite a basculé à gauche après avoir été nommé fonctionnaire à la Réunion,
01:38puis qui a rebasculé dans les dernières années de sa vie à l'extrême droite parce que ce monde allait peut-être trop vite pour lui,
01:45parce qu'il avait été séduit par la thèse du grand remplacement et qu'il pensait que la civilisation dans laquelle il avait appartenu était en danger.
01:53Et donc, cette conversation, j'ai voulu la prolonger post-mortem, difficilement,
02:01parce que c'était un déchirement pour moi de voir ce père que j'ai tellement aimé partir là où il était né.
02:10Mais vous en faites une ambition programmatique, vous en faites un devoir moral, vous en faites une mission politique.
02:16Et ma question, elle est simple, c'est que, est-ce que l'extrême droite de votre famille parternelle,
02:21c'est la même extrême droite de celle de Marine Le Pen et de Jordan Bardella ?
02:25Est-ce que ceux qui ont voté pour les extrêmes droites de l'époque votent pour les mêmes raisons aujourd'hui pour Jordan Bardella ou Marine Le Pen ?
02:34Mais la matrice de Madame Le Pen est la même que celle de mon père.
02:39C'est la même.
02:41Il y a dans ma famille eu aussi un maire qui était encarté au FN à l'époque.
02:46Et la réalité, c'est qu'en fait, ces gens n'ont pas changé.
02:53Ils ont euphémisé leur discours, ils l'ont modifié, ils ont cherché à se rendre acceptable, à se notabiliser.
02:59Mais le fond de sauce, elle, est restée le même.
03:02Et donc, c'est ça que je veux combattre.
03:04Et quand je dis que je connais cet extrême droite de l'intérieur, c'est que oui, je la connais.
03:08Mais en même temps, je sais aussi qu'il est possible de vaincre ces préjugés.
03:12Et l'histoire de ma famille, c'est l'histoire d'abord d'un père et d'une mère qui, en l'occurrence, n'auraient jamais dû se rencontrer.
03:22Votre mère réfugiée vietnamienne ?
03:24Absolument.
03:25Et elle-même issue d'une famille nationaliste vietnamienne.
03:28Mon grand-père a été ministre de mes Vietmines.
03:30Et donc, on était là, vraiment, avec...
03:33Si mes deux grands-pères s'étaient un jour rencontrés, je ne sais pas ce qu'ils se seraient racontés,
03:37tant la vie, leur conscience, leurs préjugés les avaient conduits loin l'un de l'autre.
03:43Et pourtant, mes parents se sont aimés.
03:45Et pourtant, ma mère a été aimée par mon grand-père paternel, par ma grand-mère, par mes oncles et mes tantes.
03:52Et donc, c'est la démonstration que, parfois, grâce à l'amour, on peut modifier beaucoup de choses.
03:58Mais aussi, grâce au combat politique.
03:59Alors, pas seulement grâce au combat politique, et grâce à l'union.
04:02Grâce à l'union, grâce au rassemblement, parce que vous le dites et vous le martelez du début à la fin de ce livre.
04:08Pour vaincre l'extrême droite, vous prenez une gauche unie.
04:13Et vous y consacrez de nombreuses pages.
04:15Mais vous consacrez aussi de nombreuses pages à votre bilan, à la NUPES, au NFP, le nouveau Front populaire.
04:20Vous détaillez aussi, par le menu, les heures, les brouilles, les divergences profondes, les scissions auxquelles ça a finalement abouti.
04:29Trois années de palabres et de tractations à gauche.
04:31Qu'est-ce qu'il reste, Olivier Faure ?
04:34Qu'est-ce qu'il reste ? Mais il reste une espérance, j'espère.
04:37Et ce que je vois, c'est que ce matin, il y a un sondage qui est sorti et qui fait apparaître le fait que la gauche rassemblée, celle que je prône...
04:44Le sondage de la revue Regards ?
04:46Exactement.
04:47Qui, de Ruffin à Glucksmann, est en mesure aujourd'hui d'être au second tour et je l'espère de battre l'extrême droite demain.
04:54Donc la gauche, pour vous, ça va de Ruffin à Glucksmann ?
04:56La gauche est plus large, bien entendu.
04:58Mais celle, le rassemblement que je prône, c'est celui-là.
05:01D'accord. Donc vous excluez les insoumis ?
05:04Je crois qu'ils se sont exclus d'eux-mêmes, oui.
05:06Non, mais vous les excluez ?
05:08Oui, oui, bien sûr.
05:08Donc il n'y aura plus d'accord d'appareil entre les insoumis et cette gauche que vous voulez rassembler, c'est ça que vous dites ?
05:16C'est ce que je dis.
05:17C'est ça.
05:18Par ailleurs, il y a beaucoup de gens qui votent pour les insoumis, pour la France insoumise.
05:23Bien sûr, mais moi je ne rejette pas les électeurs insoumis, qui sont souvent des électrices et des électeurs qui ont voté pour d'autres formations politiques à gauche.
05:30Et qui ne votent plus pour le Parti Socialiste, précisément.
05:33Mais ce que je dis, c'est que nous avons, nous, un travail à faire pour retrouver ces gens-là, de la même façon que nous avons un travail à faire pour retrouver celles et ceux qui ont, pendant très longtemps, accompagné la gauche et qui ont basculé à l'extrême droite.
05:48Malheureusement, nous étions un grand parti qui a été un parti qui a alterné avec la droite au pouvoir.
05:55Et c'est devenu un parti qui a connu, disons, plus qu'un trou d'air, qui a connu en fait une descente aux enfers.
06:02Et donc, évidemment, qu'aujourd'hui cela suppose que nous retrouvions les raisons...
06:07Mais il n'y a pas une forme de contradiction de dire du début à la fin de ce livre qu'il n'y a pas de gauche irréconciliable, que c'est un mythe, qu'on peut concilier les gauches.
06:17Des électeurs de gauche irréconciliables.
06:19Je dis qu'il y a des Françaises et des Français qui ont besoin de la gauche.
06:23C'est-à-dire qu'il n'y a pas de conciliation possible avec Jean-Luc Mélenchon ?
06:27Dans le monde que nous traversons, avec une France qui est inquiète, qui se cherche, avec un monde qui donne le sentiment d'être en pleine bascule.
06:35Et tous les jours, vos chroniques font part de cette bascule de Trump à Poutine, dont pourrait prolonger Xi Jinping, Erdogan et tant d'autres.
06:43Eh bien, si nous voulons à un moment être la réponse, nous devons d'abord être en mesure de rassembler une offre politique commune et puis parler aux Françaises et aux Français de ce qui les touche.
06:53Et ce qui les touche, ce n'est pas en fait les débats que nous avons en permanence à votre micro comme à d'autres, de savoir quelles sont les alliances.
07:00C'est de savoir comment on arrive à fédérer ce qu'on a appelé autrefois le peuple de gauche et plus largement les Françaises et les Français.
07:05Vous y consacrez, Olivier Faure, de très nombreuses pages à ces alliances et aux problèmes qu'elles ont posés.
07:12Parce qu'on sent que vous avez besoin de vous justifier.
07:14On sent que vous avez besoin de vous expliquer.
07:16Non, je n'ai pas besoin de me justifier.
07:16Pas du tout. Je ne me justifie de rien du tout. J'explique simplement quel était ce trajet, quelle était cette trajectoire.
07:22Et si on n'avait pas fait le Front populaire il y a moins d'un an, qui serait au pouvoir aujourd'hui ?
07:30Et puisque le combat que je vous dis vouloir mener c'est celui contre l'extrême droite, je n'ai aucun regret.
07:37Et ce que je dis aussi c'est que le 7 juillet, le 7 juillet que nous avons gagné avec le Front populaire, quand nous sommes arrivés en tête,
07:43il y avait derrière moi toutes celles et ceux qui me contestent.
07:45Et tous voulaient gouverner ce jour-là. Tous espéraient pouvoir gouverner.
07:49Alors c'est trop facile d'être en permanence en train de dire c'est celui-là.
07:52Ceux qui vous contestent à l'intérieur du parti socialiste ?
07:56Il y a toujours des gens qui cherchent à avoir les mains pures, mais enfin ils n'ont pas de main.
08:01Moi ce que je sais c'est que je suis celui qui a mis souvent les mains dans le cambouis, qui a retroussé ses manches,
08:07qui a fait en sorte que ce parti se relève.
08:09Et je suis fier de l'avoir fait avec une génération qui aujourd'hui, de trentenaires, de cadragénaires,
08:14qui aujourd'hui me donne beaucoup de fierté parce que ce qu'ils ont fait avec moi était vraiment méritoire.
08:20Qui pour incarner la gauche ? Vous avez aussi des pages assez dures sur François Hollande.
08:26Vous dites que la ligne est coupée avec l'ancien président de la République.
08:29Vous critiquez publiquement son bilan, il ne le supporte pas, il prépare son retour.
08:33L'animal politique, écrivez-vous, regrette d'avoir jeté les gants trop tôt.
08:36Il veut sa renvanche, il veut sa course à l'Elysée.
08:39Il ne sert qu'un destin personnel, François Hollande ?
08:42Je le crains. Maintenant c'est à lui de le dire.
08:45Je ne suis pas là pour le juger en permanence.
08:47Ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui, il faut peut-être passer à autre chose.
08:51Il aurait pu avoir un rôle de passeur.
08:53Il aurait pu être celui qui, par son expérience indiscutable à la tête de l'État,
08:59il aurait pu être celui qui dit à la nouvelle génération,
09:02« Eh bien écoutez, voilà ce à quoi je me suis heurté,
09:04et voilà les erreurs que j'ai commises et que je veux vous éviter. »
09:07Il aurait pu être celui-là. Il n'a pas été celui-là.
09:09Il est celui qui, au contraire, aujourd'hui dans le Congrès,
09:12est là, en arrière-plan, cherche à alimenter les querelles, les haines,
09:16et les désaccords pour pouvoir mieux revenir.
09:19Raphaël Gluckmann, presque 14% aux Européennes, c'était votre candidat.
09:24La ligne est coupée aussi, manifestement, non ?
09:27Non, pas du tout. Non, au contraire.
09:29Vous dites qu'il pactise et qu'il participe au rassemblement organisé par vos opposants aux cinq partis.
09:36Il y a des moments où, effectivement, ça a été blessant parce que la politique n'exclut pas l'amitié.
09:42Et que donc, parfois, oui, il y a des moments où on peut être blessé par l'attitude de tel ou tel.
09:47Nous nous en sommes expliqués.
09:49Et aujourd'hui, nous sommes à nouveau capables de nous parler et d'avancer ensemble,
09:54parce que j'espère que nous avancerons ensemble.
09:56Est-ce qu'il faut censurer le gouvernement Bayrou ?
09:59Mais ce n'est pas une question de principe.
10:01C'est une question qui se posera, peut-être aujourd'hui, sur l'affaire Béteram,
10:05peut-être demain, sur la question des retraites,
10:07peut-être après-demain, sur la question du budget.
10:09Et nous jugerons à chaque fois en fonction de ce que répond François Bayrou.
10:13Moi, je ne suis pas, en fait, pavlovien.
10:16Je ne suis pas là avec des réflexes conditionnés.
10:19Je dis simplement que ce dont nous avons besoin,
10:21c'est une gauche qui se revendique de gauche,
10:23qui n'est pas là simplement pour...
10:26Puisqu'on parlait de François Hollande,
10:27qui disent, écoutez, jusqu'en 2027,
10:30faites ce que vous voulez, on ne vous censurera pas.
10:32Ce n'est pas mon point de vue.
10:33Mon point de vue, c'est que nous avons à tenir un discours,
10:36qui est celui, un discours offensif,
10:37qui permettra de faire revenir les femmes et les hommes de gauche,
10:40et peut-être plus largement.
10:40Olivier Faure, je reviens te chercher chez Robert Laffont.
10:44Merci.
10:44Merci à vous.

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