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Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste.

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Transcription
00:00Et bienvenue Olivier Faure. Bonjour à vous. Bonjour à vous. Merci d'être là en cette matinée où on est en train de vous moire de mesurer vraiment l'ampleur des dégâts du côté de Mayotte.
00:10Vous avez entendu qu'Emmanuel Macron allait décréter un deuil national. Il se rendra sur place. Est-ce que d'après vous, hier, en prononçant ces mots, il a pris la mesure de ce qui s'est passé ?
00:18Oui, il faut dire les choses telles qu'elles sont. C'est devenu un archipel de la désolation. Les images qui nous arrivent sont terribles.
00:28Et aujourd'hui, on manque de nourriture, on manque d'eau, on manque d'électricité, on manque de tout.
00:33Et dans ce territoire qui est le plus pauvre de notre pays, eh bien, il va falloir non seulement penser à l'aide d'urgence, l'aide humanitaire,
00:41mais aussi penser à la reconstruction parce que je pense aussi à ce qui peut se passer derrière, y compris les mouvements migratoires vers l'île de la Réunion.
00:49Et ça peut avoir des conséquences en chaîne qui peuvent être assez douloureuses.
00:54Et donc, effectivement, il faut remercier toutes celles et ceux qui se mobilisent et notamment ce soir France 2 qui organise une émission spéciale sur le sujet.
01:03Mayotte, c'est la France.
01:05Effectivement, soirée spéciale à 20h50. François Bayrou, hier, il est allé à Pau et il était un peu pour le conseil municipal.
01:11Il était un peu critiqué pour ça parce qu'il y a des voix, notamment à gauche, qui sont élevées pour dire qu'il y a une telle crise à Mayotte qu'il a autre chose à faire que d'aller à Pau.
01:18Est-ce que c'est votre avis ou pas ? Est-ce que ça vous a choqué ?
01:20La place du Premier ministre, effectivement, n'était pas à Pau hier soir. La priorité, c'est Mayotte.
01:26Et j'ai eu du mal à comprendre, y compris la sortie sur le retour du cumul des mandats, qui n'est pas du tout une priorité pour les Françaises et les Français.
01:35Et même si on me parle régulièrement sur les marchés de pouvoir d'achat, de services publics, des retraites, jamais personne ne m'a parlé ni de proportionnel ni de retour du cumul des mandats.
01:47Et donc là, il y a effectivement une forme, je ne sais pas, le Premier ministre s'égare quand il évoque ces sujets qui ne sont prioritaires ni dans la période ni pour les Françaises et les Français.
01:58Et je souhaite qu'il revienne aux considérations qui sont celles qui nous sont rappelées en permanence par nos concitoyens.
02:06Mais vous insinuez qu'il a dit ça pour faire diversion par rapport à un début de polémique sur son déplacement à Pau plutôt que de s'occuper de Mayotte ?
02:12Non, je n'insinue rien. Je dis simplement que cette obsession pour le cumul des mandats ne peut pas être une priorité pour les Françaises et les Français.
02:19Et qu'aujourd'hui, la question, c'est la question du pouvoir d'achat, de l'accès aux soins, de l'hôpital public, de l'école, tous ces sujets qui sont des sujets majeurs et qu'il faut traiter prioritairement.
02:30Et la priorité aujourd'hui, c'est Mayotte parce qu'effectivement, c'est le territoire français qui souffre et dont nous avons besoin de prendre conscience.
02:40Sur le fond, quand même, le débat est relancé sur le non-cumul. Quelle est votre opinion à vous ? Parce que c'est une mesure qui avait été mise en place à l'époque de François Hollande,
02:48que vous aviez évidemment soutenue. Est-ce qu'avec le recul, vous dites peut-être que c'était une bêtise, une erreur pour reprendre l'expression de François Bayraud ?
02:53Non, ça n'était pas une erreur. Et je pense que le cumul des mandats avait surtout provoqué un absentéisme monstrueux à l'Assemblée.
03:02Et si au départ, le général de Gaulle avait imaginé le cumul des mandats, c'était aussi parce qu'il avait en tête le fait que quand on a un député qui est aussi maire,
03:11président de département, président de région, il est d'abord maire, président de département ou président de région et que ça laissait les mains libres aux gouvernants.
03:19Les parlementaires, ils sont là pour légiférer et pour contrôler l'action du gouvernement. Et quand on fait deux boulots, en général, il y en a au moins un des deux qu'on fait mal.
03:28Est-ce que ça n'a pas fait baisser le niveau des parlementaires ? C'est aussi un peu ça qu'il insinuait hier, François Bayraud.
03:33Je ne crois pas que ça ait fait baisser le niveau. On peut considérer qu'il y a eu des députés qui étaient arrivés un peu par hasard avec les vagues qu'on a connues,
03:43notamment en 2017, et que c'était des gens qui n'avaient pas d'ancrage local. Enfin, il y a beaucoup de parlementaires qui le sont devenus à l'issue d'un parcours local.
03:53Il y a toutes celles et ceux qui ont un vrai ancrage local. Je prétends, je ne cumule aucun mandat puisque je ne suis que parlementaire.
03:59Et pour autant, je m'intéresse à ce qui se passe dans ma ville, dans mon agglomération et dans l'ensemble de la circonscription.
04:06Et chacun fait son boulot. Je le fais en bonne intelligence avec les maires avec lesquels je m'entends particulièrement bien.
04:13Alors, on a cru comprendre que ça n'est pas un sujet qui a été évoqué hier lors de votre rencontre avec le Premier ministre.
04:18Vous êtes sorti un peu déçu de cet entretien. Vous dites que vous êtes resté sur votre faim. Vous avez eu l'impression qu'il ne bougeait.
04:23Pour reprendre une expression à la mode, il n'y avait aucun bouger sur les sujets qui vous tiennent à cœur. Les retraites, par exemple, ou l'ISF.
04:29Déçu. Ça fait longtemps que je ne crois plus au Père Noël. Donc, je suis dans le combat, dans le combat pour les Françaises et les Français.
04:36Je suis venu à Matignon avec Boris Vallaud et Patrick Cannaire, président de groupe socialiste à l'Assemblée et au Sénat,
04:44pour défendre des positions et chercher à arracher des victoires pour nos concitoyens.
04:48Sur quel sujet ? Quelle est votre priorité ? Parce qu'on a cru comprendre que vous mettiez sur la table ce qu'on appelle un pacte de non-censure.
04:55Tout le monde connaît cette expression maintenant. Mais en échange de quoi ? Qu'est-ce que vous demandez pour dire d'accord en signe ?
05:01Il y a trois points. Le premier, c'est le changement de cap. Je viens y venir. Le deuxième, c'est évidemment de respecter le front républicain
05:09et donc de ne jamais rentrer sur le terrain des idées de l'extrême droite. Et puis le troisième point, c'est un changement de méthode
05:16et en finir avec le passage en force et permettre de respecter le débat parlementaire. Sur le premier point, le changement de cap,
05:24tout simplement, il y a des sujets qui ont été très contestés par les Françaises et les Français. La réforme des retraites.
05:31Alors, sur ce point, il vous a semblé un petit peu évolué ou pas ? J'ai eu le sentiment qu'il y avait un début d'évolution, mais très flou.
05:40C'est-à-dire ? Dans quel sens ? Il nous a dit qu'il était prêt à reposer la question des retraites. C'est sa phrase. Comment ? À quel rythme ?
05:47Pourquoi faire ? C'était assez filandreux. Donc pour l'instant, on en est là. On verra. Moi, ce que je souhaite, et c'est ce que j'ai dit
05:57avec mes amis socialistes, depuis plusieurs semaines, nous avons fait des gestes d'ouverture, cherché à expliquer que nous étions ouverts au compromis.
06:06Nous aurions souhaité un Premier ministre de gauche. Il est de droite. Très bien. Pas très bien. Non, pas très bien. Mais en l'occurrence...
06:11Il est du centre. Il est du centre droit. Il a appelé à voter pour François Hollande contre Nicolas Sarkozy. Oui. Depuis 7 ans, il est dans les roues
06:18du président de la République. Donc il est ce qu'il est. Peu importe. Qui vient de la gauche aussi. Je dis simplement qu'on a là un choix qui n'est pas le nôtre.
06:26Mais nous en prenons acte et nous cherchons à sortir ce pays de la crise. Parce que nous sommes dans une crise qui est une crise politique, mais qui sera aussi
06:33bientôt une crise économique. Et nous faisons déjà face à des crises. On vient de le voir, une crise écologique à Mayotte. Et puis des crises qui se multiplient,
06:41qui sont sociales, qui pénalisent nos concitoyens. Donc nous sommes prêts à avancer. Si vous dites qu'on gèle la réforme des retraites, on ne parle plus d'abrogation,
06:50manifestement, nous, on ne votera pas la censure. Ce que nous visons, nous, c'est que nous voulons d'abord une suspension de la réforme pour ceux qui doivent partir,
06:58qu'ils puissent le faire dès à présent et ne pas être pénalisés en partant plus tard. Ensuite, avoir une conférence de financement parce qu'on ne peut pas faire comme si
07:07il n'y avait pas de problème de financement. Même si la jointure peut se faire avec ce fameux fonds de réserve des retraites qui avait été mis en place par
07:13Lionel Jospin. Et donc, on a de l'argent pour faire face à l'année qui vient. Mais une conférence de financement pour l'avenir. Et ensuite, à l'issue de cette conférence
07:22de financement, l'abrogation pour pouvoir là mettre fin définitivement à la réforme meuble orale.
07:27Et sur le sujet de l'immigration qui rejoint votre deuxième point, parce qu'on a le sentiment que Bruno Retailleau est plutôt bien parti pour garder son poste et donc
07:33pour continuer à porter cette loi, est-ce que ça vous poserait... Est-ce que si cette loi est portée, vous dites oui, on va censurer ?
07:40Ce que nous disons, il n'y a pas de tabou. Moi, je suis prêt à parler d'immigration. Simplement, je ne veux pas qu'on en parle avec les termes de l'extrême droite,
07:49comme ce qui a été fait l'an dernier avec cette loi d'ailleurs qui avait été censurée très largement par le Conseil constitutionnel. Et ce que dit Bruno Retailleau
07:56aujourd'hui, c'est qu'il veut précisément revenir à l'assaut avec tous les articles qui ont été censurés par le Conseil constitutionnel. Et donc, si c'est pour renouer avec
08:05tous les fantasmes sur l'immigration, c'est non. En revanche, si à un moment, il s'agit de parler d'immigration en objectivant les situations, en faisant en sorte
08:14d'intégrer mieux celles et ceux qui n'ont pas eu la chance de naître sur notre sol et de faire en sorte que nous puissions, par exemple, régulariser celles et ceux
08:23qui travaillent au service du pays mais qui, pour l'instant, sont dans la clandestinité, là, j'y suis ouvert. Encore une fois, je n'ai pas de tabou sur quelque sujet
08:32que ce soit. Simplement, il y a des façons de parler des sujets. Et puis, il y a parfois aussi des gens qui les instrumentalisent au service parfois de pensées
08:41xénophobes. Et évidemment, nous n'en serons pas.
08:44On voit que les choses bougent et qu'on est en pleine négociation entre le PS et le Premier ministre. Merci beaucoup, Olivier Faure.
08:49Merci à vous.

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