Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis et président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale.
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00:00Bonjour Éric Coquerel, il n'y a pas de jour chômé pour les députés, ils sont sur le pont 7 jours sur 7, c'est normal.
00:07Dites-nous d'abord, est-ce que vous avez acheté du pain ce matin, du pain frais évidemment ?
00:09Non, pas encore, non.
00:10Vous allez en acheter en sortant si vous trouvez une boulangerie ouverte ?
00:13Oui, possible, mais j'ai pris une précaution, j'en ai acheté hier soir.
00:15D'accord, d'accord. C'est une façon de vous demander évidemment si vous soutenez la proposition de loi pour l'ouverture des boulangeries le 1er mai,
00:23pour permettre au patron de faire travailler les salariés sur un modèle choisi, sur la base du bénévolat.
00:29Voilà, c'est quand même le propre de cette période où il y a pas le vent un peu réactionnaire qui souffre, notamment à la tête de l'État,
00:36où on parle du 1er mai aujourd'hui en ce moment, qui est la journée internationale des travailleurs.
00:40Je vous le rappelle, ce n'est pas la fête du travail, contrairement à ce que disait M. Retailleau il y a deux jours,
00:45reprenant les propos du maréchal Pétain, c'est la fête des travailleurs, des droits des travailleurs.
00:50Et là, on va parler de restriction de leurs droits en lieu de parler de leurs revendications.
00:54Le 1er mai, c'est sacré. On nous a fait le coup déjà sur le dimanche, pour faire en sorte que les commerces ouvrent le dimanche,
01:02et donc que les salariés puissent travailler. Nous, nous souhaitons une société dans laquelle, à un certain moment,
01:07les travailleurs, qui l'ont gagné par leur conquête sociale, puissent arrêter de travailler.
01:12C'était vrai des dimanches, c'était vrai des samedis, tous ensemble.
01:15Si c'est sur la base du volontariat…
01:16Non, non, mais attendez, je continue. Et le 1er mai, il est évident que là-dedans, c'est la journée pour les travailleurs,
01:23qui est sacrée de sacrée. On n'y touche pas. Alors, on nous fait le coup du…
01:28Vous voyez bien que dans le rapport entre déjà des patrons et des salariés,
01:31la question du volontariat se pose difficilement.
01:40Parce que, qu'est-ce que vous allez faire à un patron qui vous dit, écoutez, j'ai besoin de toi,
01:44il faut que tu travailles, etc., dans le rapport que vous avez inévitablement avec lui.
01:49Donc, tout ça ne marche pas. En plus, ça donne une société, ça laisse penser à une société très consumériste,
01:54dans laquelle, en réalité, nous serions tous appelés, à un moment donné, à toujours travailler, à toujours produire.
02:03Voilà. Donc, le 1er mai, c'est la fête des travailleurs.
02:05On met sur pause.
02:06C'est sacré.
02:07Pour qu'ils ne se mobilisent ou qu'ils ne se mobilisent pas, c'est leur choix.
02:09Et c'est sacré. On fait sur pause. On aurait dû le faire aussi pour le dimanche.
02:13Alors, il y a de nombreux Français qui prennent le train pour ce 1er mai, pour rejoindre leurs proches, pour aller je ne sais où.
02:18Et ils aimeraient bien le faire aussi la semaine prochaine, sauf qu'il y a une grève qui se profile.
02:20Et le PDG de la SNCF, il a écrit au cheminot une longue lettre que vous avez peut-être lue.
02:24Il dit notamment, l'insatisfaction des Français, voire leur colère, vont être grandes.
02:29Nous perdrons leur confiance. Et qui pourrait aujourd'hui reprocher à nos clients, voyageurs, de choisir une prochaine fois une autre solution de transport ?
02:35Vous lui répondez quoi ? Vous qui soutenez, évidemment, la grève.
02:37Le deuxième thème encore, cette fois-ci, on met en question le droit de grève. Le 1er mai.
02:42Il ne remet pas en question le droit de grève.
02:43Si, c'est un grand classique. Moi, ça fait longtemps que je connais des mobilisations à la SNCF.
02:49On nous fait toujours le coup. Attention, c'est les vacances. Attention, là, maintenant, c'est le pont.
02:53Ce n'est plus les vacances. Parce que les cheminots, en l'occurrence, avaient décidé justement de faire un préhabit de grève
03:00un mois et demi avant pour laisser passer le temps des négociations et de ne pas faire grève pendant les vacances de février.
03:05Alors maintenant, on nous dit que c'est le pont. Je vous rappelle que le pont de mai, il y a 12% des Français qui le prennent
03:11et que les jours de l'école seront ouvertes le 9 mai.
03:14D'accord. Donc, en fait, en réalité, ce qu'on veut, c'est une société dans laquelle les gens ne font plus grève.
03:20Les gens, on y est déjà arrivé très largement dans le privé. Il y a une telle pression qu'il y a beaucoup moins de jours de grève dans le privé.
03:26Et maintenant, on voudrait que ça soit dans le cas, dans les endroits où les gens peuvent encore se mobiliser.
03:31Vous savez, il y a des pays dans lesquels il n'y a pas de droit de grève. C'est des dictatures. D'accord ?
03:35Nous les dénonçons en général. Donc, le droit de grève aussi, quelque part, il est sacré.
03:39Et évidemment, le droit de grève, il s'utilise, il est utilisé pour faire pression, pour gagner.
03:44Et c'est fait pour gêner. Parce que si ça ne gêne pas, le droit de grève ne fonctionnera pas.
03:49Donc là, M. Ferrandour, il devrait plutôt réfléchir aux revendications.
03:52Alors justement, lui, il dit que les salaires à la CNCF, ils ont augmenté plus que l'inflation.
03:55Alors, il n'y a pas que les salaires qui sont exigés. Parce que, figurez-vous, les contrôleurs et les conducteurs de train,
04:00peut-être que les gens ne le savent pas, mais c'est un débitier très exigeant.
04:04Il y a une nuit sur deux, voire une nuit sur trois, vous n'êtes pas chez vous.
04:09Et là, il y a un nouveau logiciel depuis quelque temps qui fait qu'on peut changer vos horaires quasiment 24 heures avant,
04:15en vous empêchant quelque part d'avoir une vie de famille.
04:16Alors lui, il dit qu'il y aura une visibilité sur six mois.
04:18Oui, c'est ça. Mais ce n'est pas ce qui se passe. Donc, c'est ce qu'il conteste par rapport à des conditions de travail très dures.
04:22Et il y a aussi, effectivement, une demande de prime. Pourquoi une demande de prime ?
04:25Parce que la SNCF a fait, j'ai regardé mes chiffres, 1,6 milliard de bénéfices en 2024.
04:31Il y en a eu cinq qui ont été faits sur les quatre dernières années.
04:34Donc, c'est normal que les salariés profitent aussi du fruit de leur travail, parce que c'est avant tout leur fruit de leur travail.
04:40Donc, M. Farrandou, on n'a qu'à accepter la négociation et il n'y aura pas de grève.
04:46C'est sa responsabilité.
04:47Alors, puisque vous êtes le nez dans les chiffres, c'est vrai que vous y passez beaucoup de temps en tant que président de la commission des finances de l'Assemblée.
04:52Vous avez écouté la ministre des Comptes publics qui était à votre place hier. Vous avez d'ailleurs tweeté sur cette intervention.
04:58Alors, si vous l'avez bien écouté, visiblement, les pistes d'une contribution locale ainsi que de la fin de l'abattement pour les retraités,
05:03elles sont encore un petit peu sur la table quand même. Je ne sais pas si c'est ce que vous avez compris, vous.
05:07Mais en tout cas, nous, ici, c'est ce qu'on a compris. Ce n'est pas totalement balayé pour l'instant.
05:10Non, non, ce n'est pas totalement balayé. Mais ce qui n'est pas balayé, c'est que déjà, on nous annonce un budget super austéritaire.
05:1640 milliards de baisse de dépenses publiques, alors que c'est un des tweets que j'ai fait.
05:20Le problème dans ce pays depuis 2017, c'est qu'il y a moins de recettes.
05:23C'est-à-dire que ce n'est pas que les dépenses publiques augmentent plus. Elles ont plutôt baissé par rapport au PIB.
05:27Oui, mais à un moment, il faut que les recettes et les dépenses correspondent.
05:31Il n'y a pas de souci, mais il y a moins de recettes parce qu'on a fait des cadeaux fiscaux aux plus riches et que ça nous coûte 60 milliards d'euros par an.
05:38Donc, il y a deux façons de faire. Soit vous revenez là-dessus, c'est-à-dire que vous faites contribuer ceux qui ont largement profité de tout ça.
05:46Et nous, on a plusieurs mesures qui sont mises sur la table, qui touchent quasiment pas les Français de manière globale,
05:52mais qui touchent les plus riches et ça rapporte 50 à 60 milliards.
05:55Ou il y a ce que ça prête à faire, madame Monchalin, c'est-à-dire baisser les dépenses publiques.
05:59Alors, non seulement c'est stupide parce que c'est les besoins des Français qu'on va toucher,
06:03mais en plus, il y aurait-vous que dans un moment de reflux de l'activité économique, c'est un effet récessif.
06:07C'est-à-dire que les dépenses publiques, vous les baissez et ça joue sur la croissance.
06:10Mais sur la contribution, dont il y a moins de recettes, donc c'est une politique stupide.
06:13Sur la contribution, dont parle M. Rebzamen, est-ce que ce n'est pas un peu normal de dire que si vous habitez dans une commune,
06:17vous participez aux frais publics ? Là, il n'y a plus que la taxe foncière, il n'y a plus que les propriétaires qui payent.
06:22Je vous réponds vite sur l'abattement parce que vous m'avez posé la question.
06:25Ce n'est pas les retraités qui doivent payer justement ces efforts.
06:28D'abord parce que cet abattement de 10%, il est fait pour les gens,
06:32parce qu'on considère que quand vous partez à la retraite, vous avez moins de revenus que quand vous êtes salarié.
06:36Donc, vous avez un abattement.
06:37En plus, on ne peut pas vraiment dire que les retraités salariés de ce pays soient les gens qui soient les privilégiés.
06:44Et en plus, il y a un plafond.
06:45Donc, pas touche aux retraites, voilà ce que nous disons.
06:47En plus, c'est mauvais pour la consommation populaire.
06:49Ce que propose M. Repsan, c'est autre chose.
06:52Nous, on n'était pas favorables à la fin de la taxe d'habitation
06:54parce qu'il faut bien une fiscalité pour les collectivités,
06:57d'autant plus qu'elle est compensée par la TVA,
06:59qui est l'impôt le plus injuste pour les Français.
07:01Donc, vous dites pourquoi pas la contribution ?
07:03Non, je serais plutôt favorable à regarder un rétablissement de la taxe d'habitation,
07:07surtout que la suppression va profiter surtout aux 20% les Français les plus riches.
07:11Voilà, c'est ça l'erreur qui a été faite, surtout qu'on ne l'a pas compensée.
07:14Une contribution générale qui va toucher absolument tous les Français,
07:18et en plus, je l'ai bien compris, ils voudraient le faire de manière non proportionnelle.
07:22Là, je ne suis pas d'accord.
07:24L'union de la gauche, c'est évidemment un sujet dont on parle d'ores et déjà
07:29parce que la présidentielle, même si c'est en 2027,
07:30tout le monde a les yeux rêvés dessus.
07:32Et il y a un sondage qui a été publié hier, vous l'avez forcément vu,
07:34sondage Tolunda-Haris Interactive pour la revue Regards,
07:37qui dit qu'un candidat de la gauche unie se qualifierait pour le second tour,
07:41avec un joli score, on est à 26%.
07:42Est-ce que c'est un, vous, vous le voyez comme un argument pour l'ensemble de la gauche,
07:46de se rallier derrière, évidemment, la bannière de Jean-Luc Mélenchon,
07:49ou est-ce que vous dites, effectivement, il faut qu'on se trouve un candidat commun,
07:51quel qu'il soit ?
07:52Il vaudrait mieux être uni, ça c'est clair.
07:54Bon, la dernière fois, Jean-Luc Mélenchon ne va pas au deuxième tour
07:57parce qu'il y a le maintien de la candidature de Fabien Roussel,
08:00qui était le Parti communiste étant avec nous les années précédentes.
08:03Et, on va dire, sur des thèmes de campagne qu'on aurait très bien pu faire un seul candidat.
08:07C'est les voix qui nous manquent.
08:08Donc, on ne va pas dire l'inverse.
08:10Mais l'unité ne suffit pas, il faut que ce soit l'unité sur un programme de rupture.
08:13Parce que je ne crois pas qu'on pourra arriver au deuxième tour,
08:16qu'on pourra un accord à l'Assemblée nationale
08:18ou les extrêmes libéraux de M. Macron, celui qui succédera,
08:22sur un programme mou, qui ne change rien,
08:24qui n'est pas compris par les Français comme étant la solution.
08:27Donc, c'est sur un programme de rupture.
08:28Donc, pas les socialistes.
08:29– Mais ce n'est pas nous qui disons ça.
08:31C'est les socialistes, de toute façon, qui ne veulent plus.
08:34J'ai vu que leur congrès, le mot d'ordre commun de tous,
08:36c'est « plus rien avec LFI ».
08:37Pourquoi « plus rien avec LFI », vous venez de le dire,
08:41parce qu'eux-mêmes, en réalité, ont mis de côté le programme qu'on avait fait ensemble,
08:45ce programme du NFP, de rupture.
08:47Ils l'ont mis de côté parce qu'ils reviennent un peu aux années Hollande.
08:50C'est leur responsabilité, je pense que ça ne fonctionnera pas.
08:53Mais nous, on est prêts à partir, avec tous ceux qui sont d'accord,
08:56pour maintenir le souffle du NFP,
08:57c'est-à-dire un programme de rupture avec le système qui est en train de s'écrouler devant nos yeux.
09:02– Dernière chose d'un mot, votre collègue du groupe LFI, Andy Kerbra,
09:06est convoqué, on vient de l'apprendre, par le bureau de l'Assemblée nationale
09:08pour détournement de son enveloppe parlementaire,
09:10en lien avec l'affaire de stupéfiants qui le vise.
09:12Est-ce que vous dites qu'il doit partir ?
09:14Est-ce qu'il doit démissionner, vu les conditions de ce qui est en train de se passer ?
09:17– Non, il doit répondre à ce qui a été fait.
09:20Il avait assuré qu'il n'avait absolument pas utilisé son AFM
09:23pour les problèmes d'addiction pour lesquels il a été soigné,
09:26il est parti soigner.
09:28Donc on va peut-être attendre la conclusion.
09:29Juste un petit mot, le premier mai, c'est les revendications,
09:33il y en a une importante.
09:34À Dunkerque tout à l'heure, il va y avoir un premier mai
09:36en faveur des salariés d'Arcelor.
09:39Arcelor, il ne doit pas y avoir de suppression de l'emploi.
09:41Cette entreprise fait des dividendes.
09:43Et si jamais, à un moment donné, il y a quelque chose qui se passe
09:46qui fait que l'entreprise menace de fermer, il faut nationaliser.
09:49Il faut arrêter de dilapider notre secteur industriel
09:53et notre secteur sidérurgique et chimique.
09:55– Il y aura de nombreux élus présents à ce défilé à Dunkerque.
09:57Merci beaucoup Éric Coquerel.