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À partir de l’instauration de la loi martiale en Pologne en 1981, retour sur l’affrontement entre Lech Walesa et le général Jaruzelski, dont l’issue fut un des symboles de la chute du bloc soviétique.

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Diversão
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00:00Varsovie, 1982.
00:13Des miliciens s'attaquent à des manifestants dans l'arrêt,
00:17parce qu'ils ont osé protester contre l'hégémonie du Parti Ouvrier Unifié au Pouvoir,
00:21dirigé par le général Jaruzelski.
00:24Il y avait d'un côté Jaruzelski avec l'armée,
00:27de l'autre le peuple avec Solidarnosc.
00:31Le général Wojciech Jaruzelski a eu une carrière militaire fulgurante
00:36avant d'accéder au poste de chef du gouvernement polonais.
00:40C'est un soldat du Parti convaincu.
00:44Quant à l'électricien Lech Walesa,
00:46il a mobilisé des millions de gens avec son syndicat indépendant Solidarnosc
00:50et ébranlé les fondements du système communiste.
00:53Qui étaient ces deux hommes qui se sont affrontés pendant des années ?
01:02Quelles étaient leurs motivations ?
01:04Et comment l'histoire les a-t-elle amenés à se rencontrer ?
01:07La seule différence entre moi et Jaruzelski,
01:23c'était qu'ils ne croyaient pas qu'on puisse redevenir libres.
01:26Et moi, j'y croyais.
01:27J'opie unseren, c'était un dégué d'accéder.
01:29...
01:35...
01:55No ano 80, na costa polona de a mer Baltica, o cantier naval Lenin, a Gdansk, vai marcar a história do XXe século.
02:18Le 14 août 1980, plusieurs milliers d'ouvriers se rassemblent devant la porte numéro 2 du chantier naval et déclenchent une grève pour protester contre le licenciement d'une ouvrière en fin de carrière.
02:31Totalement solidaires, les grévistes exigent que celles-ci soient réembauchées sur le champ et en profitent pour réclamer des augmentations de salaires et des droits sociaux.
02:41Ils bloquent tous les accès, occupent le chantier et se préparent mentalement à de longues négociations avec la direction.
02:48L'atmosphère est tendue.
02:54Dès le début, c'était bien plus qu'une simple grève. Un vrai soulèvement de la société, de la nation entière. Tous se sentaient unis dans ce désir de liberté.
03:05Les ouvriers du chantier naval ont une réputation d'éternel rebelle.
03:12Au cours des dernières années, ils ont déjà cessé le travail à plusieurs reprises pour protester contre la situation économique et sociale.
03:19Parmi les grévistes de ce mois d'août se trouve l'électricien Lech Valesa.
03:27Il fait partie de ceux qui subissent depuis des années des conditions de travail de plus en plus indignes.
03:32Pourtant, ils pensent qu'améliorer la situation des ouvriers ne suffira pas et qu'il faut viser plus haut.
03:37Dix ans plus tôt, en décembre 1970, Lech Valesa était déjà descendu dans la rue.
03:45À Gdansk et dans d'autres villes de la côte baltique, des affrontements avaient éclaté suite à l'inflation des prix des denrées alimentaires de base, qui avaient durement frappé les ouvriers.
03:55Lech Valesa était présent quand des grévistes ont mis le feu aux locaux du parti, pris d'assaut les prisons et paralysé la circulation.
04:02Les autorités répondent par de violentes représailles.
04:07En 1970, nous n'étions pas prêts. Nous ne savions pas comment mener la lutte. On ne se connaissait pas.
04:17À la tête du mouvement, cette année-là, j'ignorais qui étaient les gars assis à côté de moi. Je ne savais pas comment me battre.
04:25Lech Valesa se fait arrêter et incarcérer. Cette expérience lui servira de leçon. La prochaine fois, il faudra mieux se préparer.
04:37À cette époque, Wojciech Jaruzelski est ministre de la Défense et donc responsable des forces militaires du pays.
04:51Lorsque les plus hautes instances politiques donnent l'ordre de tirer sur la foule, il obéit sans sourciller.
04:56Lui, qui a été le plus jeune général de l'armée polonaise et en deviendra bientôt sa plus célèbre incarnation, se montre déjà très prudent sur les questions politiques et cherche toujours à être du bon côté de la barrière.
05:10J'ai souvent dit que le général avait adopté l'attitude d'un chat qui, avant de poser sa patte, vérifie si c'est possible.
05:20Et c'est ainsi qu'il agissait dans la vie politique.
05:27Le fils d'une famille de la toute petite noblesse polonaise, mais quand même de la noblesse polonaise.
05:32Et au moment du partage de la Pologne entre Staline et Hitler, cette famille se retrouve dans la partie soviétique.
05:44Wojciech Jaruzelski naît en 1923 dans le sud-est de la Pologne.
05:48Il déclarera plus tard avoir eu une enfance sans histoire.
05:53Il passe son baccalauréat en 1939.
05:57Puis, lors de la Seconde Guerre mondiale, sa famille est déportée en Sibérie.
06:01Le futur général survit en travaillant comme ducheron et comme manutentionnaire.
06:06Et il contracte la cécité des neiges.
06:09A 20 ans à peine, il s'engage dans l'armée polonaise, qui se bat aux côtés de l'Union soviétique contre la Wehrmacht d'Hitler.
06:16Sur le front, il est d'abord officier de reconnaissance, avant d'être promu commandant de régiment.
06:23Échappant de peu à la mort et contraint de tuer lui-même d'autres hommes,
06:27il est un témoin direct des souffrances de la guerre et de la destruction que les occupants allemands sèment dans toute la Pologne.
06:33Avec l'armée rouge, il contribue à la libération de son pays.
06:41Tout comme des généraux soviétiques qui se trouvent sur l'autre rive de la Vistule,
06:45il est témoin de l'ampleur de la dévastation de Varsovie opérée par les Allemands avant leur retrait.
06:50Ses expériences le marqueront à tout jamais.
06:56Après la guerre, il se demande où aller et quoi faire de sa vie.
07:00Il se décide finalement pour une carrière dans l'armée, qui deviendra alors sa seconde famille.
07:05Et il devient un bureaucrate communiste, qui fait carrière, mais il restera dans toute sa vie le bureaucrate communiste.
07:23Il a commencé sa carrière dans l'armée, à l'adolescence, et en a rapidement gravi les échelons.
07:29En 1968, il était à la tête de l'intervention polonaise en Tchécoslovaquie.
07:37Et cela était déshonorant aux yeux des Polonais.
07:43En août 1980, les grues portuaires des chantiers navals de la Baltique sont à l'arrêt.
07:49Pour Lesch Walesa et ses collègues, le souvenir des grèves d'il y a dix ans et de leur répression sanglante est encore bien vivace.
07:56Mais cette fois, à la différence de 1970, ils ont une stratégie.
08:07J'ai rassemblé tous ces jeunes ouvriers dans la cour et fait appeler aussi Lesch Walesa.
08:15J'ai déclaré que nous allions démarrer une grève et qu'il était capital qu'il y participe.
08:22Je l'ai fait de cette manière car je savais que Walesa était très ambitieux.
08:25C'est un homme, c'était un homme et c'est toujours un homme qui n'a pas de culture politique particulière, mais c'est le moins qu'on puisse dire,
08:35mais qui a un instinct et une finesse et une justesse politique très très grande.
08:46Lesch Walesa sait trouver les mots pour parler aux ouvriers parce qu'il fait partie des leurs.
08:51Il les tient informés de l'avancée des négociations entre le comité de grève et la direction du chantier naval.
08:58Et il leur fait la promesse que la grève durera tant que toutes les revendications n'auront pas été satisfaites.
09:05Où qu'il soit sur le site, la foule se rassemble autour de lui pour l'écouter.
09:09Lesch Walesa, qui par la suite, à l'époque de Solidarnosc, allait devenir son porte-drapeau et un symbole pour tous, était déjà extrêmement important.
09:23Lesch Walesa naît en 1943 dans le petit village de Popovo.
09:28Son père meurt quand il a un an.
09:31L'enfant grandit entouré de six frères et sœurs.
09:35À l'adolescence, il s'oppose souvent à son beau-père et protège ses trois jeunes demi-frères.
09:39Il travaille comme électricien.
09:42Walesa expliquera plus tard que ce sont ses camarades qui ont fait de lui un meneur,
09:46alors que lui se voyait plutôt comme une sorte de touche-à-tout.
09:49À 20 ans, il effectue le service militaire obligatoire de deux ans et atteint le grade de caporal.
10:03Il commande une petite unité avec un humour et une bonne humeur qui s'avère souvent plus efficace que l'écrit.
10:11À Gdansk, il fait la connaissance de sa future épouse, Danuta.
10:15Tous les deux sont de fervents catholiques et la famille ne tarde pas à s'agrandir.
10:21Le jeune Walesa décroche également un travail au chantier naval Lénine.
10:25Et pour se reposer, il part quelquefois en excursion avec femmes et enfants au bord de la mer Baltique.
10:31Malgré des conditions de vie modestes, c'est une famille heureuse.
10:36Ce qui frappait chez lui, c'est principalement son don de la répartie,
10:41sa vivacité d'esprit et son sens de l'humour.
10:45Même si à l'époque, il donnait surtout l'impression de quelqu'un de très jeune.
10:51Lech Walesa trouve souvent le mot juste.
10:55Sa parole a du poids.
10:56Et ses collègues l'écoutent toujours avec attention.
10:59Il est donc logiquement élu à la tête du comité de grève qui négocie avec la direction du chantier naval.
11:05Là, il peut mettre à profit ce qu'il a appris à faire chez lui dès son plus jeune âge.
11:10Discuter et argumenter.
11:12Très vite, sa verve finit par séduire le pays tout entier.
11:16D'une force absolument incroyable de ce mouvement.
11:19Et effectivement, toutes les cinq minutes, on apprenait qu'il y avait une nouvelle usine en grève.
11:24Et quand ce n'était pas une nouvelle usine, c'était une nouvelle ville.
11:27Et quand ce n'était pas une nouvelle ville, c'était une nouvelle région.
11:29L'une après l'autre, les usines cessaient le travail, se joignaient à la grève et intégraient le comité inter-entreprise du chantier naval.
11:38Un nom a émergé, celui de Lech Walesa, un ouvrier inconnu devenu célèbre du jour au lendemain.
11:44Et avec lui, a émergé l'espoir.
11:49Au bout du dixième jour de grève, le gouvernement envoie une délégation sur place.
11:54Les grévistes formulent 21 revendications, à commencer par le droit de créer des syndicats libres et indépendants.
12:01Lech Walesa précise même que cela n'est pas négociable.
12:04Pour les dirigeants du gouvernement et du parti, ces exigences sont d'une extrême prétention.
12:10Mais le représentant des ouvriers se révèle aussi fin stratège que redoutable négociateur.
12:15Et contre son charisme, les politiciens ne peuvent pas lutter.
12:20Il était capable de plaisanter, de ne pas se prendre au sérieux, de montrer qu'il n'avait pas peur, quoi qu'il arrivait.
12:28Par la suite, il dira souvent, on peut me tuer, mais pas me battre.
12:37Pendant ce temps fidèle à lui-même, le ministre de la Défense, Wojciech Jaruzelski,
12:43observe à distance raisonnable ce qui se passe sur la côte baltique.
12:48Et comment les décideurs politiques réagissent aux revendications des grévistes.
12:52Au bureau politique du parti ouvrier unifié polonais,
12:55les plus radicaux préconisent une réponse militaire musclée,
12:59mais le ministre s'y refuse.
13:04Les négociations sont dans l'impasse.
13:07A l'extérieur du chantier naval,
13:09des dirigeants de Solidarnosc se font arrêter.
13:12Mais sous la pression de l'Echevaléza,
13:15ils sont aussitôt relâchés.
13:16Finalement, après 17 jours de grève et d'interminables pourparlers,
13:22les grévistes remportent le bras de fer.
13:25Le gouvernement accepte les 21 revendications.
13:28Le 31 août 1980, l'accord de Glansk est signé.
13:33C'est un succès sans précédent.
13:34Jamais des dirigeants communistes n'avaient entériné
13:45des revendications sociales et politiques aussi importantes.
13:49L'Echevaléza devient partout la figure incarnée du mouvement.
13:52Imaginez la pression pour ce simple ouvrier
14:02qui, en l'espace des deux semaines de cette grève de 1980,
14:06passe de l'anonymat à la notoriété internationale,
14:10se retrouvant à la tête de 10 millions de grévistes,
14:14voire de la nation entière.
14:17C'était une pile électrique, cet homme.
14:19La manière dont il avait grimpé sur les grilles du chantier,
14:24c'était stupéfiant, enfin.
14:26On aurait dit un athlète, alors qu'il n'avait rien d'un athlète.
14:31Mais il y avait une telle énergie en lui,
14:34une telle certitude que le moment était venu.
14:39L'Echevaléza a réussi son pari.
14:43Solidarnosc est le premier syndicat libre
14:45jamais créé dans un pays socialiste.
14:47Les demandes d'adhésion affluent de partout.
14:51Le 10 novembre 1980, c'est le jour décisif.
14:56Solidarnosc est reconnu comme syndicat indépendant
14:58par la Cour suprême de Varsovie.
15:01Un pas de géant pour l'Echevaléza.
15:02Aux gens devant le chantier, je dis
15:11« Vous êtes heureux, c'est formidable. »
15:14Moi, je m'inquiète.
15:15Les ennuis ne font que commencer.
15:18En effet, il plane sur ces événements
15:20l'ombre de l'homme au verre fumé.
15:22En février 1981,
15:24Wojciech Jaruzelski devient chef du gouvernement.
15:26Et en octobre de la même année,
15:28il est élu premier secrétaire du Parti Ouvrier Unifié
15:31par le Comité Central,
15:33ce qui fait de lui l'homme le plus puissant du pays.
15:36La faiblesse du parti,
15:37dont témoignent les concessions octroyées à Solidarnosc,
15:40renforce encore plus son pouvoir.
15:42Pour le jeune syndicat,
15:44ce n'est que le début des épreuves.
15:46En Russie,
15:46les velléités d'indépendance de la Pologne
15:48sont vues d'un mauvais oeil.
15:49Le général Jaruzelski a beau se montrer obéissant,
15:53discipliné et fidèle à l'alliance du pacte de Varsovie,
15:56il est vite convoqué à Moscou
15:57pour se faire rappeler à l'ordre
15:59par le secrétaire général du Parti Communiste
16:01de l'Union Soviétique,
16:02Leonid Brezhnev.
16:04Telle une épée de Damoclès,
16:06l'armée rouge pourrait à tout moment envahir la Pologne.
16:09Cette menace conforte Wojciech Jaruzelski
16:11dans les convictions qu'il s'est forgées durant la guerre.
16:14Si les Polonais ne s'entraident pas,
16:16personne ne le fera pour eux.
16:17Ou pire encore, en cas de doute,
16:20leurs soi-disant compagnons d'armes
16:21n'hésiteront pas à prendre des mesures contre eux.
16:29C'était un homme très fidèle
16:30aux principes de sa mission communiste.
16:36Totalement dépourvu d'ambiguïté dans ses propos.
16:39Au même moment que Jaruzelski,
16:46ses collègues généraux et officiers supérieurs
16:48sont arrivés au pouvoir.
16:52Ils préparaient la loi martiale
16:55et ne remettaient aucunement en cause
16:57l'alliance avec l'URSS
16:58ni le système qu'ils incarnaient.
17:00A son retour de Moscou,
17:06le général Jaruzelski
17:07rencontre enfin l'ancien caporal Valesa
17:09à Varsovie.
17:11L'ambiance de la réunion est cordiale
17:12et les deux hommes n'éprouvent pas
17:14d'antipathie particulière l'un pour l'autre.
17:17Mais ils ne trouvent pas pour autant
17:18de terrain d'entente.
17:19Je m'enviens, panie przewodniczący,
17:23jesteśmy observowani
17:24i że musimy się liczyć
17:26z sytuacją zewnętrzną.
17:29I ta rozmowa
17:30pozostawiła we mnie przekonanie,
17:34taki był finał zresztą tej rozmowy,
17:37że musimy razem, wspólnie
17:39zrobić wszystko,
17:41ażeby z jednej strony
17:43zmieniać Polskę, reformować,
17:45ale z drugiej strony
17:46nie dopuścić do sytuacji skrajnej
17:50która mogła by się skonczyć
17:52katastrofą.
17:55J'ai essayé de rallier
17:57Jaruzelski à la cause.
17:59Je me doutais bien
18:00que les soviétiques
18:01nous avaient mis sur écoute.
18:04Je l'encourageais
18:05à comprendre notre objectif
18:07et à y voir une chance.
18:11Autant les deux hommes s'apprécient,
18:13autant leurs tempéraments
18:15sont diamétralement opposés.
18:17Wojciech Jaruzelski
18:18jest ktoś dśietant
18:19i de circonspekt.
18:21Il pèse bien
18:22le pour et le contre
18:23avant de prendre
18:23une décision.
18:25Lech Walesa,
18:26lui,
18:26jest aussi fougueux
18:27qu'intrépide.
18:29Il n'y va
18:29jamais par quatre chemins.
18:32En Pologne,
18:33la situation économique
18:34ne s'arrange pas.
18:35Pour celles
18:36et ceux
18:36qui espéraient
18:36voir leurs conditions
18:37de vie
18:37et de travail
18:38s'améliorer
18:39suite à la création
18:40de Solidarnosc,
18:41la déception
18:41est immense.
18:43Le pays
18:44connaît même
18:44une pénurie
18:45de nourriture.
18:46Le général Jaruzelski
18:48et son commandement militaire
18:49manquent clairement
18:50de compétences
18:50en matière
18:51de politique économique.
18:52Lorsque le chef
19:01du gouvernement
19:02se rend
19:02dans des usines
19:03et des magasins
19:04pour se faire
19:04une idée
19:05de la situation
19:05du pays,
19:07son caractère
19:07renfermé
19:08et inaccessible
19:09est flagrant.
19:11Il comprend
19:11les soucis
19:12et la détresse
19:13du peuple
19:13mais il est incapable
19:15de le montrer.
19:16Un peu comme
19:17s'il gardait
19:17à ses distances
19:18avec lui-même.
19:19Comme un acteur
19:23jouant en permanence
19:24le mauvais rôle
19:25qu'il s'était inventé.
19:30Celui d'un général
19:31guindé,
19:33raide comme un piquet,
19:35revêche
19:36et très officiel
19:38en toutes circonstances.
19:43Tandis que les syndicalistes
19:44se demandent
19:45s'il faut poursuivre
19:46le bras de fer
19:46avec le gouvernement polonais,
19:48l'Eschwalesa
19:49tempère les ardeurs
19:50et cherche à éviter
19:51de nouvelles grèves.
19:55En septembre 1981,
19:57au tout premier congrès
19:57des délégués régionaux
19:59de Solidarnosc,
20:00il rencontre
20:01une forte résistance.
20:04Il doit se battre
20:05pour imposer
20:06son autorité.
20:08Mais au bout du compte,
20:09il est maintenu
20:10à la tête du syndicat.
20:11Il fallait comprendre
20:16les communistes polonais.
20:19Eux aussi,
20:21ils voulaient
20:21une Pologne libre.
20:24Mais mieux informés,
20:26ils doutaient fort
20:27que les soviets
20:28autorisent cette libération.
20:32Ils attendaient
20:34un meilleur moment
20:34pour livrer le combat.
20:35Les soviétiques
20:43ne laissent aucun répit
20:44à Wojciech Jaruzelski.
20:46Depuis le début
20:47de l'année 1981,
20:49la frontière polonaise
20:50est le théâtre
20:51d'incessants mouvements
20:52de troupes
20:52et de manœuvres
20:53de l'armée rouge.
20:55Le général est obligé
20:56de sortir
20:57de son attentisme habituel
20:58et de prendre
20:59une décision.
21:00Depuis un mois et demi,
21:02la tension
21:03avec les autorités polonaises
21:06montait,
21:07mais d'heure en heure.
21:09Et ça a devenu
21:10de plus en plus inquiétant.
21:11Les rumeurs
21:13sur une imminente invasion
21:16de la Pologne
21:16par les troupes
21:17du pacte de Varsovie.
21:24Pendant ce temps,
21:25la population continue
21:26de lutter
21:27contre les difficultés
21:28du quotidien.
21:30Elle n'a plus du tout
21:30confiance
21:31dans la capacité
21:32du gouvernement
21:33à résoudre
21:33les problèmes économiques.
21:36En outre,
21:38elle redoute
21:38une invasion
21:39des soldats
21:39du pacte de Varsovie
21:40qui risquerait
21:42de s'achever
21:42dans un bain de sang
21:43comme à Budapest
21:44en 1956
21:45ou à Prague
21:46en 1968.
21:50Le général Jaruzelski
21:51subit de toutes parts
21:52une pression
21:53dont il ne sait plus
21:54comment sortir.
21:56Avec son gouvernement
21:57de militaire,
21:58il élabore
21:59dans le plus grand secret
22:00des scénarios
22:00visant à stopper
22:02l'anticommunisme rampant
22:03de Solidarnosc.
22:05Pour sauver la nation,
22:07le général convoque
22:08un conseil militaire
22:09dont il assure la présidence.
22:11« Quelques jours plus tôt,
22:18en entrant dans le bureau
22:20du premier ministre Jaruzelski,
22:23j'ai vu plusieurs généraux
22:25des plus hauts rangs
22:27et des cendriers entiers
22:30débordants de mégots.
22:33Quelque chose se tramait.
22:34Et puis, à un moment donné,
22:39on a appris
22:40que l'électricité
22:41par ici
22:42était coupée,
22:44que le téléphone
22:45là-bas
22:45était coupé,
22:47que Gdansk
22:47était coupé
22:48du reste de la Pologne
22:49et du monde.
22:50La tension
22:51montait, montait.
22:52Le 12 décembre 1981,
22:58l'Eschvaléza se trouve
22:59avec la commission régionale
23:00de Solidarnosc
23:01sur le chantier naval Lénine
23:03à Gdansk
23:04lorsque les lignes
23:05de communication
23:06sont coupées.
23:07Les délégués
23:08interrompent aussitôt
23:09la réunion.
23:10Le leader syndical
23:11ignore encore
23:12que cette nuit
23:13sera sa dernière
23:13en liberté
23:14avant un long moment.
23:15Dès le matin
23:25du 13 décembre,
23:26des chars envahissent
23:27les rues de Varsovie
23:28et d'autres grandes villes
23:29de Pologne.
23:31Des chars polonais.
23:42Les habitants
23:43découvrent les décisions
23:44du conseil militaire
23:45sur les colonnes
23:45d'affichage publicitaire.
24:09La constitution
24:10se trouvait aujourd'hui
24:12en 8h,
24:13un certain moment
24:14na área de todo o país.
24:18O general Jaruzelski preparou a operação
24:21desde um momento já.
24:23Como antigo oficial de reconhecimento,
24:25ele aprendeu a fazer as actions estratégicas.
24:28E seu atentismo constituiu também uma manoeuvre de diversão.
24:32Muito rápido, a armada se empare de posições
24:35altamente estratégicas e instalou os postos de controle
24:37um pouco em todo.
24:38O final do dia, apenas se orientou.
24:41O dia do dia, apenas se orientou.
24:42O dia do dia, apenas se orientou.
24:43O dia do dia, apenas se orientou.
24:45O dia do dia, apenas se orientou.
24:48O estado de guerra.
24:51Um choc, forçado.
24:56O general retrouve a verdadeira nature de soldado
24:59adepte de l'ordre e de l'obéissance.
25:02E, como todo bom soldado,
25:04ele mete em obra as medidas que ele parecem absolutamente impérativas.
25:08O país é en guerra
25:09e l'heure n'est plus à la discussion
25:11mas à l'intervention militaire.
25:13Avant mesmo que o jour se lève,
25:15ele faz arrêter bom número
25:16dos soutenidos e dos partisans de Solidarnosc.
25:19Sous os olhos de Leonid Brezhnev,
25:22o general polonais
25:23devient o maillon fort de a chaîne de commandement.
25:26Hoje em vez,
25:27a estratégia se lève de nombreuses questões.
25:31A-t-il proclamado
25:31a lei marcial de seu próprio chefe
25:33para contrar a menace de uma invasão?
25:35Ou bien a-t-il utilisé
25:38ce faux prétexte
25:39para agir como ele l'entendia?
25:40A-t-il proclamado,
25:43il a voulu evitar cela
25:45à son país.
25:46Il n'y avait plus le choix
25:47parce que la pression de Moscou
25:48montait.
25:50Et puis deuxième version
25:51à laquelle moi j'adhère,
25:53mais je ne peux pas dire
25:55qu'elle est prouvée.
25:58J'adhère parce que
25:59à l'estomac,
26:01ben non,
26:01pas seulement à l'estomac,
26:03en vertu aussi
26:03d'un raisonnement politique,
26:05d'un raisonnement stratégique.
26:06L'Union soviétique
26:08ne pouvait pas entrer en Pologne
26:10et ne l'aurait pas fait.
26:15Il m'a dit
26:15qu'ils étaient sur le point
26:17d'entrer en Pologne,
26:18mobilisés à 100%,
26:20en train de guetter
26:22l'ordre de Moscou.
26:27Qui n'est pas arrivé.
26:29Car nous avons instauré
26:31la loi martiale nous-mêmes.
26:34À vrai dire,
26:37lorsqu'on évoque
26:38une éventuelle intervention
26:39soviétique en Pologne
26:41en décembre 1981
26:43ou juste avant,
26:48d'après les documents
26:49historiques disponibles,
26:51il aurait lui-même
26:52sollicité une telle intervention
26:54que les Russes
26:59auraient refusé.
27:00Plus tard,
27:01dans des entretiens,
27:02Wojciech Jaruzelski
27:03fournira une autre explication.
27:05S'il n'avait pas
27:06proclamé la loi martiale,
27:07tout ravitaillement
27:08aurait été bloqué.
27:09Alors que l'hiver 1981
27:11était particulièrement rude.
27:13Il affirme en effet
27:14que l'Union soviétique
27:15avait menacé de suspendre
27:17la livraison des matières premières.
27:19Le plus étrange
27:21était le concept même
27:22de la loi de l'état de guerre.
27:24Une guerre contre qui ?
27:26Très vite,
27:27on s'est mis à parler
27:27d'une guerre polono-jaruzelskienne.
27:31Celle du général
27:32contre la nation.
27:34Jaruzelski avec l'armée
27:35d'un côté,
27:36le peuple avec Solidarnosc
27:37de l'autre.
27:41Solidarnosc ne s'était pas préparé
27:43à ce coup militaire.
27:44Des militants récupèrent
27:46in extremis les photocopieuses,
27:48les téléscripteurs
27:49et autres appareils techniques
27:50à la centrale de Varsovie
27:51pour les mettre en lieu sûr.
27:53Puis, après avoir sauvé
27:54ceux qui pouvaient encore l'être,
27:56ils entrent dans la clandestinité.
27:59À toutes celles et ceux
28:00qui espéraient une amélioration
28:02de la situation,
28:04il ne reste plus que la foi.
28:05Même l'Echevaléza est arrêté.
28:10Quand la loi martiale
28:12a été proclamée
28:13et qu'ils sont venus me chercher,
28:15je leur ai dit droit dans les yeux
28:17« C'est moi qui ai gagné.
28:19Un jour, vous demanderez mon aide
28:21pour tout arranger. »
28:23J'ai peut-être un peu exagéré.
28:24J'ai dit « Vous reviendrez
28:26me voir à genoux. »
28:27C'était trop.
28:28N'empêche, c'est ce qui s'est passé.
28:29Après de nombreux interrogatoires,
28:36l'Echevaléza est interné
28:37dans ce que le gouvernement
28:38appelle un centre de repos,
28:41Arlamov,
28:42dans une région montagneuse
28:43totalement isolée
28:44au sud-est de la Pologne.
28:47Contrairement aux autres membres
28:48de Solidarnosc
28:49qui ont été mis en prison,
28:51le leader syndical
28:52bénéficie d'un traitement privilégié.
28:55Le général Jaruzelski
28:57espère ainsi l'amadouer
28:58et le réduire au silence.
29:00Mais l'Echevaléza ne cède
29:02à aucune des tentations
29:03qui lui sont offertes.
29:04Il se montre au contraire
29:06plus déterminé
29:07et combatif que jamais.
29:09Il n'avait pas de conseiller.
29:13Il était seul
29:14et imaginait une Pologne idéalisée.
29:21Comment y arriver ?
29:22Eh bien, il n'en avait pas la recette,
29:25mais recherchait
29:26une solution constructive.
29:31En règle générale,
29:32il aspirait à un compromis.
29:35Ni lui, ni ses collègues
29:36n'avaient poussé
29:37à un affrontement sanglant.
29:41En affichant cette volonté
29:43de poursuivre la lutte
29:44coûte que coûte,
29:45l'Echevaléza inspire également
29:47les militants réfugiés
29:48dans la clandestinité.
29:50Leurs activités secrètes
29:51ne faiblissent pas
29:52et leurs envies de grève
29:54restent intactes.
29:57Solidarnosc a beau
29:58avoir été interdit,
30:00la presse clandestine
30:01continue de fonctionner.
30:03Elle confronte
30:04les points de vue
30:04les plus divers
30:05et s'interroge
30:06sur les stratégies
30:07à adopter pour l'avenir.
30:09Plusieurs fois,
30:13sous la loi martiale,
30:16des jeunes sont venus
30:17me voir pour me dire
30:18qu'on doit utiliser
30:20des armes.
30:22Un ou deux communistes
30:24doivent mourir
30:25pour qu'ils commencent
30:26enfin à avoir peur.
30:31Je leur répondais
30:32« Non, vous n'avez pas le droit ».
30:36Au sein de Solidarnosc,
30:41les forces pacifiques
30:43l'emportent sur celles
30:44qui prônent l'usage
30:44de la violence.
30:46Et même si leur leader
30:47est enfermé,
30:48comme bon nombre
30:49de ses camarades,
30:50la majorité des partisans
30:51respectent son appel
30:52à la non-violence.
30:55Cette réaction
30:56plonge le général
30:57dans un abîme
30:58de perplexité.
31:00Malgré la brutalité
31:01des militaires
31:02et leurs exactions
31:02permanentes,
31:04la foule continue
31:04de descendre dans la rue.
31:06Jaruzelski
31:07incarnait
31:10la loi martiale,
31:11le communisme,
31:12la violence
31:13et tout ce qui n'allait pas.
31:15Bien sûr,
31:16les émotions
31:16qu'il nous inspirait
31:17étaient la haine,
31:18le rejet
31:19et le mépris.
31:20Il était celui
31:21qui avait trahi
31:22son propre peuple
31:23et qui voulait
31:23le détruire.
31:25Les pires sentiments.
31:27C'était le diable
31:28personnifié.
31:30D'abord à cause
31:30des lunettes noires
31:31qui évoquaient
31:32Pinochet,
31:33évidemment.
31:33Et ça,
31:35c'était très injuste
31:36parce qu'il souffrait
31:37d'une maladie des yeux
31:38et il devait porter
31:39des lunettes noires.
31:40C'était tout.
31:43En 1982,
31:45au défilé
31:45du 1er mai,
31:46la fête
31:47du Parti Ouvrier
31:48Unifié,
31:49le général apparaît
31:50extrêmement isolé.
31:52Seuls
31:52quelques invités
31:53triés sur le volet
31:54sont autorisés
31:55à participer.
31:55Toutes les personnes
31:58présentes
31:58aux abords
31:59de la cérémonie
31:59se font rigoureusement
32:00contrôler.
32:02Mais c'est peine perdue.
32:04Les autorités
32:04ne parviennent pas
32:05à contenir le mouvement.
32:07Jaruzelski
32:08n'a plus d'autre choix
32:09que de recourir
32:09une nouvelle fois
32:10à la violence.
32:12C'est la redoutable
32:13ZOMO,
32:14l'unité spéciale
32:15paramilitaire
32:16qui est chargée
32:17de réprimer
32:18la manifestation
32:19des 10 000 citoyens
32:20qui protestent
32:21contre la junte
32:22militaire
32:22du général Jaruzelski.
32:23On entendait
32:30un boum-boum
32:31régulier.
32:32Ils étaient
32:33comme des automates
32:34cachés derrière
32:34leur bouclier.
32:36Et ils ont chargé.
32:49Nous n'avions
32:50ni tank
32:51ni fusil d'assaut.
32:52Cela ne servait
32:55à rien
32:55de défier
32:56le pouvoir
32:56sur ce terrain-là.
32:57Ils étaient
32:58plus forts.
33:02Des milliers
33:03de partisans
33:03du syndicat
33:04interdit
33:05se retrouvent
33:06derrière les barreaux.
33:07Malgré
33:07certaines peines
33:08d'emprisonnement
33:09très lourdes,
33:10la résistance
33:10ne faiblit pas.
33:12Au contraire,
33:13c'est comme
33:13si les internets
33:14politiques rendaient
33:15les hommes
33:15de pouvoir impuissants
33:16et parallèlement
33:17les gens
33:18sans pouvoir
33:19puissants.
33:19Au bout
33:21de 11 mois,
33:22Jaruzelski
33:23comprend qu'il ne pourra
33:24pas neutraliser
33:24complètement
33:25Valéza.
33:26Et il décide
33:27de mettre fin
33:27à son internement.
33:29À une condition.
33:30Le public
33:31doit avoir l'impression
33:31que le leader
33:32syndical s'est
33:33rétracté
33:33et qu'il accepte
33:35dorénavant
33:35de coopérer
33:36avec le régime.
33:37Très marqué
33:38par sa captivité,
33:39Leshvaléza
33:40peut compter
33:41sur le soutien
33:41indéfectible
33:42d'une foule
33:43immense
33:43venue l'acclamer
33:44sous les fenêtres
33:44de son appartement
33:45à Gdansk.
33:47Malgré
33:47tous les efforts
33:48de Jaruzelski
33:49pour donner
33:49de son adversaire
33:50l'image
33:51d'un homme
33:51corrompu,
33:52les partisans
33:53de Solidarnosc
33:54restent profondément
33:55soudés.
34:01Il avait changé
34:06physiquement.
34:09On voyait bien
34:10que l'internement
34:11avait détérioré
34:12sa santé.
34:16Ce n'était plus
34:17le même jeune homme
34:17énergique
34:18mais un homme
34:21posé et calme
34:22dont la forme
34:25avait décliné
34:26pendant le séjour
34:27en isolement.
34:36À son retour
34:37de détention,
34:38Leshvaléza
34:39souhaitent reprendre
34:40son ancien poste
34:41d'électricien
34:41au chantier
34:42naval Lénine.
34:43Mais les employeurs
34:44s'y refusent.
34:46Ils craignent
34:46que le syndicaliste
34:47ne provoque
34:48de nouvelles émeutes.
34:50Celui-ci devra
34:51les menacer
34:51de poursuites judiciaires
34:52pour qu'il consente
34:53enfin à le réembaucher.
34:55Une chose est sûre,
34:57sa détermination
34:58est demeurée intacte.
35:00Au milieu de la foule,
35:02il est dans son élément.
35:04Les gens continuent
35:05de placer en lui
35:05tous leurs espoirs
35:06de changement
35:07sociaux et politiques.
35:08Il a désormais
35:09le statut
35:10d'une idole,
35:12si ce n'est celui
35:12d'un sauveur.
35:16Jaruzelski,
35:16en revanche,
35:17doit se battre
35:18pour appliquer
35:18son programme politique.
35:21Certes,
35:21depuis sa prise de pouvoir
35:22et l'instauration
35:23de la loi martiale,
35:24les militaires ont étendu
35:25leur influence
35:26au sein de l'État.
35:27Mais en même temps,
35:29le parti et le gouvernement
35:30ont perdu de leur importance.
35:31Seuls les cadres
35:33du parti
35:34les plus loyaux
35:34lui restent fidèles.
35:36Son monde
35:37est en train
35:37de vaciller.
35:39Il s'efforce
35:40de resserrer
35:40les rangs
35:40autour de lui,
35:42mais le fossé
35:42ne cesse
35:42de se creuser.
35:47Il y a eu
35:47un troisième acteur
35:48dans cette crise polonaise.
35:50C'était Jean-Paul II.
35:52Évidemment.
35:57En juin 1983,
36:00le pape polonais
36:01Jean-Paul II
36:01se rend dans sa patrie
36:02d'origine
36:03et tous les regards
36:04se tournent vers lui.
36:06Ses messages
36:07ont une véritable
36:08portée politique
36:09et des millions
36:10d'hommes et de femmes
36:11sont prêts
36:11à les écouter.
36:17Les défilés
36:18de pèlerins
36:19se transforment
36:20en impressionnantes
36:21démonstrations
36:22de pouvoir
36:22en faveur
36:23de Solidarnosc
36:24et contre le régime.
36:27En tant que croyant,
36:28je vous dirais
36:29que l'Église
36:29est dirigée
36:30par le Saint-Esprit
36:31qui choisit
36:32le bon pape
36:33pour la bonne époque.
36:38Fervent catholique,
36:39Lech Walesa
36:40admire profondément
36:41Jean-Paul II.
36:42Il tient absolument
36:43à le voir
36:44pendant ce déplacement
36:44papal
36:45sur les terres
36:45de Pologne.
36:47Mais les autorités
36:48administratives
36:49trouvent toujours
36:49un prétexte
36:50pour empêcher
36:51la rencontre.
36:51C'est presque
36:53comme si Jaruzelski
36:54n'avait plus
36:54que cet artifice
36:55pour combattre
36:56le pouvoir
36:56de la foi,
36:58lui qui a perdu
36:58la sienne
36:59face aux horreurs
36:59de la Seconde Guerre mondiale.
37:07Après plusieurs jours
37:09de tergiversation,
37:10le gouvernement
37:11finit par céder
37:12et autorise
37:13l'électricien
37:14de danse
37:14qu'à s'entretenir
37:15en privé
37:15avec le Saint-Père.
37:18Ce dernier
37:19avait d'ailleurs
37:19déclaré
37:20qu'il se rendrait
37:20en Pologne
37:21à condition
37:22de pouvoir
37:22parler à Lech Walesa.
37:25Leur rencontre
37:26au sommet
37:26ravive dans la population
37:28l'espoir
37:28d'un avenir
37:29plus radieux.
37:37L'adhésion
37:38inconditionnelle
37:39des masses
37:39montre bien
37:40de quel côté
37:41penche le cœur
37:41de la Pologne.
37:42Une fois encore,
37:45Jaruzelski
37:46semble plus
37:46spectateur
37:47qu'acteur.
37:49Le pape
37:50nous a aidés
37:50à nous unir
37:51et à croire
37:51que nous pouvions
37:52y arriver.
37:53Il a apporté
37:53la parole
37:54et nous,
37:54l'opposition,
37:55nous l'avons
37:56faite chère.
38:02Le général Jaruzelski
38:03et sa jeinte militaire
38:05doivent admettre
38:06qu'ils sont impressionnés
38:07par la visite
38:07du pape
38:08et les millions
38:08de personnes
38:09qui ont afflué
38:09dans les rues
38:10en l'espace
38:11de quelques jours.
38:12Lors de son entrevue
38:15avec le Saint-Père,
38:17le chef du gouvernement
38:17tente malgré tout
38:18de justifier
38:19son application
38:20de la loi martiale.
38:22Mais à peine
38:23quatre semaines plus tard,
38:24en juillet 1983,
38:27il décide
38:27d'y mettre
38:28un terme.
38:31Jaruzelski
38:32s'est rendu
38:32à l'évidence.
38:34La loi martiale
38:35n'a entraîné
38:35aucune amélioration
38:36économique notable
38:37dans le pays
38:38et les clivages politiques
38:40n'ont fait que se renforcer.
38:45Il était évident
38:47qu'un jour,
38:48la loi martiale
38:49allait prendre fin.
38:53On ne gouverne pas
38:55un pays
38:55la baïonnette
38:56au fusil.
38:57Pour Lech Walesa,
39:00la levée
39:01de la loi martiale
39:02n'est qu'une maigre
39:03consolation.
39:04Car en parallèle,
39:06plusieurs figures
39:06de prou
39:07de Solidarnosc
39:08continuent
39:08de se faire harceler
39:09et arrêter.
39:12En outre,
39:13Jaruzelski
39:13tient encore
39:14d'une main
39:14de fer
39:14le pouvoir
39:15politique et militaire.
39:16La situation
39:20économique
39:20en Pologne
39:21est catastrophique.
39:23Il est devenu
39:23impossible
39:24de dissimuler
39:25plus longtemps
39:25les problèmes
39:26du vrai socialisme,
39:28comme certains
39:28aiment à le qualifier.
39:30De toute évidence,
39:31dans l'affrontement
39:32idéologique
39:33qui oppose
39:33socialisme
39:34et capitalisme,
39:36les États
39:36du bloc de l'Est
39:37ont désespérément
39:38perdu la bataille.
39:40Leurs habitants
39:40en font
39:41l'amère expérience
39:41au quotidien.
39:43Le général
39:44et ses ministres
39:45sont instamment
39:45priés de réformer
39:46la politique
39:47économique du pays.
39:52Jaruzelski
39:53avait beaucoup
39:56de lacunes
39:56et son entourage
39:58en était conscient.
40:01Il a appliqué
40:02l'esprit militaire
40:03à la gouvernance
40:04du pays.
40:06En revanche,
40:07il ne comprenait
40:08rien aux mécanismes
40:09économiques.
40:12Le chef
40:13du gouvernement
40:14préfère discuter
40:15d'armement,
40:15plutôt que d'économie.
40:17Mais sa vision
40:18du monde
40:18qui repose
40:20sur la force militaire
40:21est en train
40:21de se fissurer.
40:23Pourtant,
40:24même ses compagnons
40:25de route
40:25les plus proches
40:26ignorent ce qu'il
40:27ressent vraiment.
40:28Le général
40:29n'est pas du genre
40:29à exprimer
40:30ses sentiments.
40:30« Je faisais partie
40:33de son entourage
40:34tout en restant
40:36un étranger.
40:40Ce n'était pas
40:41quelqu'un
40:41qui échangeait
40:42beaucoup.
40:44Il était très
40:45renfermé. »
40:46Le 5 octobre 1983,
40:49lors d'une excursion
40:50à la campagne,
40:51Lesch Walesa
40:51est assailli
40:52par des caméras
40:53de journalistes.
40:54Ils viennent
40:55d'apprendre
40:55que le comité
40:56Nobel norvégien
40:57a décidé
40:57d'attribuer
40:58le prix Nobel
40:58de la paix
40:59au syndicaliste
41:00polové.
41:16L'information
41:21se répand
41:22comme une traînée
41:23de poudre.
41:24Lorsque Lesch Walesa
41:25rentre à Gdansk,
41:26des milliers
41:27de gens
41:27se sont dérouillés
41:27déjà rassemblés
41:28en bas de chez lui
41:29pour l'ovationner.
41:31Solidarnosc
41:31et son leader
41:32ne pouvaient pas rêver
41:33d'un plus grand triomphe.
41:35Le choix
41:35de la résistance
41:36non-violente
41:37est enfin apprécié
41:38à sa juste valeur.
41:38« Solidarnosc !
41:40Solidarnosc !
41:43Solidarnosc !
41:45Solidarnosc !
41:47Solidarnosc ! »
41:49« Nous voulons
41:49de nouveaux jours
41:50que nous connaissons
41:52les gens
41:52qui ont une meilleure
41:54et qui ont une meilleure
41:55et qui ont un peu
41:56de nous.
41:57C'était
42:06l'ère
42:07roi de Pologne
42:08ou c'était plutôt
42:09d'ailleurs
42:10l'ère premier
42:10roi de Pologne
42:11et il se sentait
42:14tout à fait
42:15parce qu'il avait
42:16la certitude
42:17de gagner
42:17et d'être
42:19le libérateur
42:20de son pays
42:22et d'être
42:23le premier
42:23souverain
42:24d'une nouvelle
42:24dynastie.
42:26Alors quand je dis ça,
42:27c'est dans un clin d'œil.
42:28Il ne voulait pas
42:29instaurer la monarchie.
42:30Pas du tout.
42:33Jaruzelski
42:33ne fait aucun commentaire
42:34sur l'attribution
42:35du prix Nobel
42:36de la paix
42:36à son adversaire.
42:37Mais pour lui,
42:39c'est un nouveau coup dur.
42:41Il se fait aussitôt sanctionner
42:43et Valéza devient désormais
42:45intouchable.
42:45Le jour du départ
42:52à Oslo
42:52où siège
42:53le comité
42:54du prix Nobel,
42:55l'aéroport de Varsovie
42:56se transforme
42:57en quartier
42:57de haute sécurité.
42:59Mais Lesch Valéza
43:00renonce
43:01à se rendre
43:01en Norvège
43:02et préfère envoyer
43:03sa femme
43:03Danuta
43:04pour le représenter.
43:05Il craint
43:06qu'à son retour,
43:07les autorités polonaises
43:08refusent
43:09de le laisser
43:09entrer dans le pays.
43:15C'est donc Danuta
43:18Valéza
43:19qui prononce
43:20le discours
43:20de remerciement.
43:22Et c'est elle également,
43:23accompagnée
43:23de son fils aîné
43:24Bogdan,
43:25qui récupère
43:26la médaille
43:26et le document
43:27officiel
43:28à la place
43:28de son mari.
43:33Pendant ce temps,
43:34Lesch Valéza
43:35écoute de chez lui,
43:36à Gdansk,
43:37la cérémonie
43:38retransmise
43:38en direct
43:39à la radio.
43:41Il n'y a pas eu
43:41de star
43:42plus grande
43:43que lui
43:43dans la deuxième
43:45moitié
43:45du 20e
43:45siècle.
43:46Évidemment,
43:47ça bouscule
43:48un homme,
43:49ça c'est certain.
43:51Le catholique
43:52fervent
43:52Kevaléza
43:53répète
43:54que c'est sa foi
43:55qui lui a donné
43:55la force
43:56et le courage
43:57de défendre
43:57ses idéaux
43:58pour un monde
43:58plus juste
43:59et plus pacifique.
44:02Il l'a dit,
44:03je suis chrétien
44:04et l'évangile
44:06m'ordonne
44:06de combattre
44:07le mal.
44:10Peu importe
44:10les circonstances,
44:13j'engage
44:14ce combat.
44:14Le chvaléza
44:19s'est toujours
44:20réclamé
44:20de l'église.
44:22Selon lui,
44:22c'est même
44:23pour cette raison
44:23que des millions
44:24de personnes
44:24auraient soutenu
44:25son mouvement
44:25et lui auraient
44:26emboîté le pas.
44:31Certains l'ont payé
44:32de leur vie,
44:33comme le prêtre
44:34de Solidarnosc,
44:35Jerzy Popielusko,
44:37qui s'est fait torturer
44:38et assassiné
44:38par les services secrets
44:39polonais.
44:39Son enterrement
44:41en novembre 1984
44:43se transforme
44:44en manifestation politique
44:46contre le régime
44:46tyrannique.
44:48Le chvaléza
44:49est accablé
44:49de chagrin.
44:51Comme lui,
44:52beaucoup de gens
44:52se demandent
44:53ce que l'avenir
44:53leur réserve.
44:54Depuis le milieu
44:59des années 80,
45:01Mikhail Gorbachev
45:02met en place
45:02une nouvelle politique
45:03de réforme à Moscou.
45:05Comme souvent
45:06par le passé,
45:07Wojciech Jaruzelski
45:08s'empresse
45:09d'adopter ces changements.
45:11Ou plutôt,
45:12il obéit servilement
45:13au grand secrétaire général
45:14qui souhaite davantage
45:15de transparence
45:16envers la population
45:17et fait véritablement
45:19volte-face.
45:21Ces détracteurs
45:22le comparent souvent
45:23à un fœtu de paille
45:25dans un cours d'eau,
45:29avançant
45:30sans résister.
45:32Mais s'il a suivi
45:34le courant,
45:35c'est qu'il estimait
45:36que ce courant
45:37allait dans la bonne direction.
45:45En février 1989,
45:48après de nombreuses
45:49discussions préliminaires
45:51entre représentants
45:51du parti,
45:52opposants,
45:53églises
45:54et autres institutions,
45:56une table ronde
45:56est organisée
45:57à Varsovie.
45:59L'ordre du jour
45:59n'est rien de moins
46:00que l'avenir
46:01de la Pologne.
46:03Jaruzelski va jusqu'à
46:04menacer son parti
46:05de démissionner
46:06si les négociations
46:08n'ont pas lieu.
46:09Pourtant,
46:10il n'y participe
46:11pas lui-même.
46:12Il a pesé de toute son autorité
46:15et de sa position
46:16pour faire accepter
46:17l'idée de la table ronde.
46:20Personne ne pouvait
46:21deviner son issue,
46:22c'est une autre affaire.
46:23En tout cas,
46:24quand la machine
46:25s'est mise en route,
46:26Jaruzelski s'est montré
46:27à la hauteur.
46:31Les pourparlers
46:32de la table ronde
46:33durent deux mois.
46:35Il se conclut
46:36par un nouveau succès
46:37politique pour
46:38Lech Walesa,
46:39grâce notamment
46:40à ses talents
46:41de négociateur.
46:45Apparaît soudain
46:46la probabilité,
46:47théorique mais plausible,
46:49qu'on puisse influer
46:50sur le destin
46:51de la Pologne,
46:52qu'il nous soit autorisé
46:54de transformer le pays.
46:57On savait qu'en URSS,
46:59les choses commençaient
46:59à bouger,
47:01qu'il y avait
47:01une ouverture.
47:04La situation en Pologne
47:05m'a donné l'espoir
47:07qu'on pouvait
47:07tout à fait éviter
47:08une révolution sanglante
47:09et réussir à briser
47:11progressivement
47:12le monopole du pouvoir
47:14détenu par le Parti communiste.
47:18Aux élections législatives
47:19de juin 1989,
47:22le parti de Jaruzelski
47:23subit une cuisante défaite.
47:26Même si le général
47:27hérite pour une courte période
47:28du tout nouveau titre
47:29de président de la République,
47:31les candidats de Valaisa
47:32l'emportent haut la main
47:33dans tout le pays.
47:37Sans Solidarnosc,
47:40il n'y aurait peut-être
47:41pas eu de révolution pacifique
47:42en RDA,
47:43ni de réunification
47:45de l'Allemagne.
47:46Le mur de Berlin
47:46est tombé à Varsovie,
47:49six mois plus tôt,
47:51autour de la table ronde
47:52polonaise.
47:55À peine quelques mois plus tard,
47:58le 9 novembre 1989,
48:00les gardes frontières
48:01de la RDA
48:01laissent les habitants
48:02passer à l'ouest.
48:03En 1990,
48:08à l'issue
48:09des premières élections
48:10libres de Pologne,
48:11Lesch Walesa
48:12remplace
48:12Wojciech Jaruzelski
48:14au poste
48:14de président
48:15de la République
48:15après avoir obtenu
48:17presque 75%
48:18des voix
48:19au second tour.
48:21Je n'avais aucune envie
48:22d'être président,
48:23mais j'ai bien vu
48:24autour de moi.
48:26Entre l'Union soviétique
48:27d'un côté
48:27et une politique
48:29de l'autre
48:29qui ne bougeait pas,
48:30il fallait agir,
48:31devenir président,
48:32pour achever
48:33le communisme.
48:34En 2006,
48:36le général Jaruzelski
48:37est inculpé
48:38de crimes communistes.
48:40Il présente
48:41plusieurs fois
48:41ses excuses
48:42au tribunal
48:42pour l'instauration
48:43de la loi martiale,
48:44mais se justifie
48:45en la qualifiant
48:46de moindre mal
48:47face à la menace
48:48d'invasion
48:49des troupes soviétiques.
48:51Des raisons de santé
48:51l'empêchent de comparaître
48:52plus longuement
48:53et aucun jugement
48:54ne sera rendu.
48:56Il meurt
48:56le 25 mai 2014.
48:59Sur sa pierre tombale
49:00est simplement inscrit
49:01« Soldat ».
49:02Interrogé sur le périmètre
49:06de ses responsabilités,
49:08il répondait
49:08« Tout était sous mon autorité,
49:11j'en assume
49:12l'entière responsabilité. »
49:16Mais quand les questions
49:17se faisaient plus précises
49:18comme « Assumez-vous
49:19l'ordre d'ouvrir le feu
49:20le 16 décembre
49:21à Gdansk
49:22où un jeune homme
49:23a été tué ? »
49:25« Non, je l'ignorais. »
49:29« Avez-vous donné l'ordre
49:32de tirer sur les mineurs
49:33en grève ? »
49:34« Non, je ne l'ai pas fait. »
49:38« Alors qu'est-ce qui relevait
49:40de votre responsabilité
49:41puisque vous dites
49:42« L'assumer pleinement » ? »
49:45« Je le dis
49:47et je le répète
49:48il aurait dû être jugé
49:49par l'histoire
49:50et non lors de ce procès
49:52qui était devenu
49:53un prétexte
49:53pour le persécuter
49:54et l'humilier.
49:56Plusieurs fois
49:57il avait présenté
49:58ses excuses
49:58pour la loi martiale
49:59et s'en était expliqué.
50:01Il ne méritait pas
50:02ce traitement. »
50:05Après des années
50:06d'affrontements,
50:07Lech Walesa
50:07et Wojciech Jaruzelski
50:08se sont finalement retrouvés.
50:11L'histoire
50:11a réuni une dernière fois
50:12le général et le syndicaliste.
50:15Était-ce le hasard
50:16ou la nécessité ?
50:18En tout cas,
50:18malgré tous leurs différents
50:19politiques et idéologiques,
50:21malgré toutes les infractions
50:22et tous les outrages
50:23commis par le passé,
50:24les deux adversaires
50:25ont fini par se réconcilier.
50:28L'hymne national polonais
50:30commence par ce vers solennel.
50:31La Pologne
50:32n'a pas encore disparu.
50:34Wojciech Jaruzelski
50:35en a été intimement
50:36convaincu toute sa vie.
50:39Quant à Lech Walesa,
50:40il a contribué
50:41à ce que cette Pologne
50:42devienne un pays libre.
50:44Il y avait une telle énergie
50:46en lui,
50:47une telle certitude
50:48que le moment
50:49était venu.
50:51Et une flamme rebelle,
50:54révolutionnaire,
50:55d'un homme public,
50:57d'un meneur.
51:00Je ne suis pas
51:02un homme politique classique.
51:04Je ne l'ai pas cherché.
51:05Je l'ai accompli.
51:07On m'a éduqué comme ça,
51:09accomplir de son mieux
51:10ce qu'on a accepté.
51:11Ce qu'on a accepté.
51:11Obrigado.
51:41Obrigado.
51:43Obrigado.

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