L’appel du 18 juin du Général de Gaulle marque l’entrée en résistance des cinq héroïnes. Dans une France occupée par les Nazis, à Londres ou de l’autre côté de la Méditerranée, elles vont chacune combattre avec leurs armes et honorer le célèbre slogan de la Résistance : “Obéir, c’est trahir ; désobéir, c’est servir”.
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00:00...
00:00Vous déposez vous-même les peintres plastiques.
00:13Avec des détonateurs que j'avais fabriqués moi-même parce qu'on en manquait.
00:18Pour que la résistance s'installe, il fallait qu'il y ait une espèce de trame sur laquelle on puisse construire.
00:25Et les femmes ont été en grande partie cette trame.
00:30L'honneur, le bon sens, l'intérêt supérieur de la patrie commandent à tous les français libres de continuer le combat, là où ils seront et comme ils pourront.
00:52Avec l'appel du 18 juin, qui marque la naissance de la résistance dans la légende gaulliste,
01:03le général encourage les françaises et les français à continuer la lutte contre l'ennemi.
01:09Alors que de son côté, Pétain, lui, obtient les pleins pouvoirs et instaure la collaboration avec l'occupant nazi.
01:16A l'été 1940, nos cinq héroïnes, quel que soit leur ressort personnel, font immédiatement le choix de s'opposer à l'ennemi.
01:28Un choix qui se traduit par des actes d'insoumission précoces, avant d'entrer plus tard dans la résistance.
01:35Comme l'écrasante majorité des français, Geneviève de Gaulle, qui s'est réfugiée en Bretagne avec sa famille, n'a pas entendu le message du 18 juin lancé depuis Londres.
01:56J'étais avec ma grand-mère, la mère du général de Gaulle, et nous avons vu passer dans ce village qui s'appelait Lokminé, les premiers détachements de motocyclistes allemands.
02:09C'était des hommes habillés avec des vestes de cuir noires, des casques de cuir noirs, des grosses motos noires.
02:17Et je me souviens encore, ça me brûle encore aujourd'hui, d'une humiliation terrible.
02:23On ne faisait rien pour les arrêter, ils étaient là.
02:29Un curé est arrivé du fond de la place et nous a raconté l'appel du 18 juin, mais je ne l'ai pas entendu.
02:35Et ma grand-mère tirait la manche du curé et lui a dit, monsieur le curé, mais c'est mon fils.
02:41Monsieur le curé, mais c'est mon fils.
02:44Geneviève de Gaulle, pour la fondation de la résistance, 1980.
02:49L'esprit du 18 juin, c'est d'abord le choix de l'essentiel.
02:54Quels que soient les obstacles et les circonstances, et quoi qu'il puisse en coûter,
02:59l'esprit du 18 juin ne sera jamais celui des gens moyens.
03:03C'est le refus de la médiocrité pour la France.
03:05Ce 18 juin 1940, Simone Mathieu, la championne de tennis de 32 ans, au caractère bien trempé,
03:18devenue auxiliaire de l'armée anglaise, est en mission au pays de Galles.
03:23Elle apprend le 19 juin 1940 qu'un général français a prononcé un discours pour appeler à la résistance.
03:29Et elle revient très très vite à Londres, et elle demande immédiatement à rencontrer cet homme-là,
03:35ou son entourage, pour pouvoir faire quelque chose.
03:41Simone Mathieu, dans le magazine France, le 11 décembre 1940.
03:47Je m'honore d'être une des toutes premières parmi les femmes qui ont rallié le drapeau de la France libre.
03:53Un triple idéal a toujours guidé ma vie.
03:56Dieu, ma patrie, ma famille.
03:59Mais ma patrie vient avant ma famille.
04:02Et c'est pourquoi je n'ai pas hésité, le cœur déchiré,
04:05à me séparer de mes deux enfants qui sont restés là-bas.
04:08À ne plus les revoir, jusqu'au jour où les forces françaises libres,
04:13dont je suis fière de porter l'uniforme, auront libéré la France,
04:16avec le concours des armées alliées.
04:21L'amiral Muselier, qui est le premier officier général à rallier le général de Gaulle,
04:25voit que là, il a une recrue extraordinaire,
04:28et surtout qu'il y a encore trop peu d'hommes à s'engager dans la France libre.
04:32Donc, il va falloir faire l'appoint avec des femmes.
04:36Elle est certainement la première.
04:38Elle ne vient pas là en tant que sportive.
04:41D'ailleurs, la France libre ne fait que peu de cas du sport.
04:43On n'engage pas quelqu'un parce qu'il est sportif, on l'engage parce qu'il est patriote.
04:48Et c'est une patriote.
04:53Passons maintenant de Londres au Caire,
04:56où la chanteuse Renée Daveli, 38 ans, entame une tournée des cabarets
05:00pour tenter de lancer sa carrière.
05:03C'est alors qu'elle entend l'appel du général de Gaulle.
05:05Renée Daveli répond quasi immédiatement.
05:10On est en juin-juillet 1940.
05:14Elle va être la 171e parmi les Français libres à s'inscrire
05:17et elle serait la première femme en Égypte à s'engager parmi la France libre.
05:22Je pense que son premier épisode en Amérique du Sud,
05:28où elle incarne la France,
05:30a compté dans la conscience qu'elle avait d'elle-même
05:33d'être une partie chantante, culturelle de la France,
05:39particulièrement au 14 juillet.
05:40Donc il y a chez elle une conscience d'être une patriote.
05:47Une patriote exilée dans un pays lointain et complexe.
05:52En juin 1940, l'Égypte rompt immédiatement ses relations
05:57avec l'Allemagne et l'Italie.
06:00Sous forte influence anglaise,
06:02le pays s'engage très vite face aux armées de Mussolini,
06:06dont l'offensive par la Libye s'étend jusque sur le territoire égyptien.
06:13Au sein des notables Français du Caire,
06:15que Renée Daveli fréquente dans les soirées mondaines,
06:18l'heure est au ralliement à la France libre.
06:22Le moment était grave.
06:25Le sort du monde démocratique
06:27était étroitement lié à celui de la France.
06:30Dans ces circonstances pénibles,
06:33je me posais cette question.
06:35Que puis-je faire pour la France ?
06:37Certes, la guerre a toujours ses héros anonymes,
06:41mais une femme,
06:43que pouvait-elle faire ?
06:44Revenons en France,
06:51où l'armistice, signé avec l'Allemagne le 22 juin,
06:54soulage une grande majorité de Français.
06:57Mais certains refusent la défaite.
07:01Alors qu'aucune institution n'appelle à la réaction,
07:04ce sont des individus jaillis du néant,
07:07des hommes et des femmes suffisamment lucides et courageux,
07:10qui décident de créer un embryon de résistance.
07:15Et au registre de cette proto-résistance,
07:19Geneviève de Gaulle s'inscrit avec un geste symbolique.
07:23Pour Geneviève, qui on l'a vu,
07:24est quelqu'un de très éveillé au danger du nazisme,
07:28de très patriotique,
07:29donc exaspéré par l'occupation du pays
07:31et par la faiblesse de Pétain,
07:34ce qui va l'énerver,
07:35c'est sur le pont de Rennes,
07:37un drapeau, un fagnon à croix gammée.
07:42Ça m'énervait de voir cette croix gammée,
07:45là, à chaque fois que j'empruntais ce pont,
07:48et bien un jour, j'ai décidé de l'arracher.
07:52On est donc dans vraiment ce qu'on pourrait appeler
07:54la proto-résistance,
07:56c'est-à-dire une résistance extrêmement individuelle,
07:59quelque chose qui est plus fort que soi,
08:01mais qui va permettre ensuite de passer
08:02à un stade différent.
08:04Et c'est cette résistance des petits gestes
08:07qu'on retrouve chez un grand nombre de femmes
08:09et qui va ensuite permettre l'accès
08:11à un degré plus construit de la résistance.
08:18Quand on s'intéresse à l'histoire
08:21de la résistance aux féminins,
08:23on s'aperçoit que l'engagement des femmes
08:24se caractérise par sa précocité.
08:29Environ la moitié des femmes
08:31étaient au foyer à l'époque.
08:32Ce qui veut dire que la moitié des femmes
08:34avaient une culture politique spécifique,
08:37celle qu'on peut se créer
08:38quand on passe sa journée
08:40à s'occuper des enfants et du ménage
08:42et autres tâches matérielles.
08:45Par conséquent, on a un rapport
08:46aux faits politiques assez simple.
08:50C'est conforme à ma morale ou ça ne l'est pas.
08:53Et de ce fait,
08:54si ce n'est pas conforme à ma morale
08:55que mon village soit occupé par les Allemands
08:58et que les récoltes de mon mari doivent partir
09:01pour moitié ou plus dans les wagons allemands,
09:05je vais dire non très vite
09:06et sans me préoccuper de mes réseaux professionnels
09:11comme le fera un homme qui est dans un métier
09:13qui se dit « mon Dieu, est-ce que je vais garder mon emploi ? »
09:16« Que va penser mon patron ? » etc.
09:18Donc il y a une espèce de liberté de la femme au foyer.
09:22Bien sûr, il y a eu beaucoup de femmes résistantes,
09:24mais il y avait quelque chose qui faisait
09:25que les femmes entraient plus profondément
09:28dans la réalité sociale.
09:29C'est que les hommes n'étaient pas là.
09:31Il y avait un million de bonhommes prisonniers de guerre.
09:34Et un million de bonhommes prisonniers de guerre,
09:35ça fait beaucoup de femmes
09:36qui deviennent chefs d'entreprise,
09:38chefs de famille,
09:39chefs de milieu agricole,
09:41obligées de se débrouiller,
09:42donc de prendre des responsabilités
09:44et qui donc se sont trouvées confrontées,
09:47puisqu'elles avaient une responsabilité dans la société,
09:51qui se sont confrontées aux mêmes problèmes que les hommes,
09:53c'est-à-dire aux problèmes de ravitaillement,
09:55aux problèmes de liberté de pensée,
09:56aux problèmes de circulation, voyez-vous.
10:01Et alors en plus,
10:02pour certaines activités de résistance,
10:05les femmes sont en première ligne,
10:06notamment quand il s'agit d'aider à l'évasion.
10:10Le fugitif, quel qu'il soit,
10:12qu'est-ce qu'il cherche ?
10:13Il cherche de quoi manger,
10:15de quoi boire
10:15et de quoi être abrité la nuit.
10:18Donc il frappe aux portes.
10:19Et qui est à la maison ?
10:21C'est la femme au foyer.
10:22Et dans la campagne,
10:23c'est la femme du fermier.
10:25Et donc elles sont les premières
10:27à prendre une décision qui est décisive.
10:29Parce que si elles ouvrent la porte,
10:31elles se trouvent enfreintes
10:33une ordonnance de l'occupant qui est radicale.
10:35C'est la peine de mort
10:36pour abriter des soldats ennemis.
10:38Et donc l'engrenage commence là.
10:43Dans toute leur spontanéité,
10:46ces femmes deviennent résistances
10:47parce qu'elles ont ouvert la porte.
10:52Cette histoire concerne la France entière.
10:56Dans les premiers noyaux de résistance,
10:58les femmes sont plus nombreuses que les hommes.
11:00Et pourtant,
11:02c'est à peine mentionné dans les manuels
11:04et ne fait pas partie du roman national.
11:09À Strasbourg,
11:11Lucie Aubrac,
11:12jeune mariée de 27 ans
11:13et professeure au lycée de jeunes filles,
11:16apprend l'arrestation de son époux Raymond,
11:18désormais prisonnier de guerre,
11:20comme 1 800 000 autres soldats
11:22et officiers français.
11:23Il est à Sarbourg
11:26et elle ne peut pas envisager
11:28un instant
11:28qu'il demeure prisonnier de guerre,
11:31lui non plus d'ailleurs.
11:32Donc elle se rend à Sarbourg,
11:34elle distrait la sentinelle
11:36et elle réussit à le faire évader.
11:38Alors ce n'est pas du tout une évasion
11:39comme celles qui auront lieu ultérieurement.
11:42Mais en fait,
11:43ça montre tout de même
11:44la détermination à la fois de Lucie
11:45et de Raymond Samuel.
11:48J'ai réussi
11:49à faire passer à la caserne
11:51un médicament
11:51qui lui a donné une fièvre énorme.
11:54De là, il est parti à l'hôpital.
11:56Et de l'hôpital,
11:57je me suis débrouillée
11:58pour le voir.
12:00Je lui ai passé le costume civil.
12:03Et la nuit même,
12:04il a fait le mur,
12:05habillé en mécanicien
12:06des chemins de fer.
12:07Et le lendemain,
12:08nous avons regagné Paris.
12:13Mais sous la férule des Allemands,
12:15Paris est devenu irrespirable
12:17pour le couple Samuel.
12:19Et particulièrement pour Raymond,
12:20de confession juive.
12:23Le couple passe alors
12:26la ligne de démarcation
12:27en fraude
12:28et s'installe en zone sud,
12:30à Lyon.
12:30A Lyon,
12:34il s'installe
12:35dans une existence
12:36d'apparence bourgeoise.
12:38C'est-à-dire que lui,
12:39il est ingénieur.
12:40Dans un premier cabinet,
12:41mais il est licencié
12:42parce qu'il est juif.
12:44Et puis ensuite,
12:44il va travailler
12:45sur l'aérodrome de Bron.
12:47Donc, il a un travail
12:48très régulier.
12:48Quant à elle,
12:49elle est professeure agrégée.
12:51Et à partir de la rentrée
12:53de 1941,
12:54elle sera au lycée
12:54de jeunes filles de Lyon.
12:56Donc, leur vie,
12:57en apparence,
12:58c'est une vie parfaitement,
12:59j'allais dire,
13:00ordinaire et normale.
13:03Durant cet automne 1940,
13:05Lucie Samuel
13:06va croiser
13:07un ancien collègue
13:08de Strasbourg
13:09qui s'appelle
13:09Jean Cavayès.
13:11Une rencontre
13:12déterminante.
13:13La rencontre
13:14entre Lucie Samuel
13:16Jean Cavayès
13:16mais aussi
13:17Emmanuel d'Assier
13:18de la Vigerie.
13:19Cette rencontre,
13:20elle est décisive
13:21parce que Lucie,
13:23dès cette époque-là,
13:24veut,
13:25comme on dit à l'époque,
13:26faire quelque chose.
13:28Elle rencontre
13:28des gens
13:29qui, avec elle,
13:30vont former
13:30un premier noyau
13:32et ils vont essayer
13:33de contrebattre
13:34la propagande
13:35du gouvernement
13:36installé à Vichy.
13:37Et pour ça,
13:38ils vont d'abord
13:38faire des inscriptions
13:39à la craie
13:40sur les murs,
13:41puis imprimer
13:43de petits papillons,
13:44c'est de tout petits
13:44bouts de papier
13:45sur lesquels
13:45il y a un slogan
13:47très très court
13:48qu'on colle la nuit
13:49en essayant
13:50de ne pas se faire
13:51prendre par la police.
13:52Puis,
13:52ils vont faire des tracts
13:53mais ils se rendent compte
13:54que tout ça
13:55est insuffisant,
13:56c'est éphémère,
13:57ça ne laisse pas
13:58vraiment de traces
13:59et donc,
13:59ils vont penser
14:00très vite
14:00à créer une feuille clandestine,
14:02un journal clandestin
14:03et ça sera
14:04le journal Libération
14:05de Zone Sud
14:06dont le premier numéro
14:07paraîtra en juillet 1941.
14:09La première façon
14:13de s'exprimer
14:14en tant que résistant,
14:16c'est l'information.
14:17Une information
14:18qui est difficile
14:19puisqu'il y a des censures
14:20de partout,
14:21qu'il n'y a pas
14:21de radio Libre,
14:22qu'il n'y a pas
14:23de journaux Libres,
14:24qu'il n'y a pas
14:24de moyens
14:24de se retrouver
14:25dans des réunions publiques,
14:27donc il faut produire
14:28clandestinement
14:29des petites feuilles
14:30et ça,
14:31c'est dans la tradition française.
14:32A l'automne 1940,
14:36Lucie Aubrac
14:37pose donc
14:37les premières pierres
14:38de son engagement.
14:42Et dans le sud-ouest
14:44de la France,
14:45Mila Racine,
14:46la jeune militante juive,
14:48se prépare
14:49elle aussi
14:49à passer à l'action.
14:52Durant l'été,
14:53sa famille a reçu
14:54la visite
14:55de David Knout,
14:56un poète juif
14:57auteur d'un pamphlet
14:58appelant à la résistance.
15:00Il pressent
15:02la menace
15:03qui pèse
15:03sur les juifs.
15:05Mila Racine
15:06n'a que 21 ans,
15:07mais elle comprend
15:08la nécessité
15:09d'agir pour les siens.
15:11En septembre 1940,
15:12Mila et sa soeur
15:13Sacha
15:14vont passer
15:14deux semaines
15:15à Moissac,
15:16à 80 kilomètres
15:17de Toulouse.
15:19La direction nationale
15:20des éclaireurs
15:21israélites de France
15:22y a transféré
15:22son siège
15:23à la suite
15:23de la fuite
15:24de Paris
15:25et y organise
15:26un camp
15:27de formation
15:27intensif
15:28pour les jeunes,
15:29les jeunes juifs.
15:30de deux semaines.
15:33Matins et soir,
15:34les jeunes juifs
15:35vont se réunir
15:36pour chanter
15:37des chants
15:38patriotiques juifs,
15:41faire du sport,
15:44avoir des cours
15:45d'histoire juive,
15:46de littérature yiddiche,
15:48de sionisme,
15:49bien sûr.
15:50Et l'idée
15:51de cette formation,
15:53c'est de dire
15:53qu'il va falloir
15:54faire quelque chose.
15:55On ne sait pas encore quoi,
15:56mais en tout cas,
15:56il faut s'y préparer
15:57physiquement,
15:58mentalement
15:59et aussi spirituellement.
16:02Mila y participe
16:03et on peut estimer
16:04que le mois de septembre
16:05est une sorte
16:06de moment de bascule
16:07et qu'elle semble
16:08avoir perdu
16:09une forme d'innocence,
16:10l'innocence
16:11de la jeune fille
16:11qu'elle était
16:12pour devenir
16:15en fait
16:15une jeune femme
16:16qu'on peut qualifier
16:17de militante.
16:22Son engagement
16:23va être très vite soumis
16:24à une terrible menace.
16:27En octobre 1940,
16:30à peine trois mois
16:31après avoir liquidé
16:32la République,
16:33Philippe Pétain promulgue
16:34un statut des juifs.
16:35stigmatisés,
16:40ils sont désormais
16:41exclus
16:42de certaines professions
16:43dans l'administration,
16:45l'enseignement
16:45ou la justice.
16:51De l'autre côté
16:52de la Manche,
16:53à Londres,
16:54Simone Mathieu
16:54se mobilise.
16:56Elle a obtenu
16:57le droit
16:57auprès de l'amiral Muselier
16:59de créer
17:00un corps militaire
17:01féminin
17:01au sein
17:02de la France libre.
17:03Dans cette armée
17:19de la France libre,
17:20nous avons,
17:21nous,
17:21femmes,
17:22revendiqué
17:22et obtenu
17:23notre place.
17:25Le corps féminin,
17:26que j'ai honneur
17:27de commander,
17:28permettra d'affecter
17:29à des unités
17:29combattantes
17:30de nombreuses femmes
17:31qui sont actuellement
17:32dans les divers services
17:34qui brûlent de combattre.
17:37C'est une unité militaire
17:39qui va regrouper
17:40au tout début
17:41à l'automne 40
17:42une centaine
17:43de femmes
17:44et qui,
17:45sur l'ensemble
17:45de la guerre,
17:46regroupera
17:46environ 600 femmes.
17:48Là,
17:48on a une unité
17:49constituée
17:50purement féminine.
17:52C'est la nouveauté.
17:54La France libre
17:55est trop pauvre en hommes,
17:56donc elle expédie
17:57tout ce qu'elle peut
17:57au combat
17:58et donc les femmes
17:59doivent les remplacer
18:00dans des postes
18:02essentiellement subalternes.
18:05C'est une obturne
18:06parce qu'en fait,
18:07jusqu'à 1940,
18:08il n'y a jamais eu
18:09de femmes militaires.
18:13Face au régime
18:14de Vichy
18:14et à Pétain
18:15qui collabore
18:16avec les nazis,
18:17Simone Mathieu
18:18met sur pied
18:19un bataillon de femmes.
18:20Mais tout reste à créer.
18:24D'abord,
18:25il leur faut trouver
18:25un lieu
18:25et la famille Rothschild
18:27à Londres
18:28leur prête
18:28un immeuble
18:29au 42 Hill Street
18:31qui est un immeuble
18:32très vaste.
18:33Elle transforme
18:34ce lieu
18:35en véritable caserne.
18:38Donc,
18:38Simone Mathieu,
18:39elle fait un peu
18:40gardienne de la caserne.
18:42Elle regarde
18:42si les jeunes femmes
18:44se couchent
18:45à la bonne heure.
18:46Elles ont quelques
18:47autorisations de sortie
18:47mais elles n'acceptent pas
18:49que les officiers hommes
18:51viennent draguer,
18:53on peut dire
18:53les choses crûment,
18:54dans la caserne.
18:57Dans cette caserne
18:58londonienne,
18:59ces femmes françaises
19:00âgées de 24 à 27 ans
19:02sont issues
19:03d'un milieu
19:03très différent.
19:05On va avoir
19:05des femmes issues
19:06de la très grande bourgeoisie.
19:09Les chefs
19:09Simone Mathieu,
19:10Hélène Theret
19:11viennent de la grande bourgeoisie.
19:13Et puis,
19:14on a énormément
19:15de jeunes filles,
19:16parfois très jeunes filles,
19:18qui étaient
19:18jeunes filles au père,
19:19qui étaient
19:20gouvernantes,
19:22qui étaient,
19:23on le dit,
19:23prostituées,
19:24qui étaient...
19:24Enfin,
19:24voilà.
19:30Les femmes
19:31vont avoir
19:31un statut militaire.
19:32En fait,
19:32elles vont signer
19:33exactement le même
19:34engagement
19:35que les hommes
19:36qui rejoignent
19:36la France libre.
19:37Elles vont donc
19:38être payées.
19:38Elles vont avoir
19:39une solde
19:39et elles sont protégées
19:41par un statut,
19:41en clair,
19:42en cas,
19:43par exemple,
19:43de blessure
19:44ou de mort,
19:44puisqu'un certain nombre
19:45d'entre elles
19:45vont décéder
19:46pendant la guerre.
19:47Eh bien,
19:47elles ont le droit
19:48aux indemnités
19:48normales
19:49pour un soldat.
20:02Après Londres,
20:03revenons-en France.
20:04à l'été 1941,
20:07le vieux maréchal
20:08Pétain
20:08revient à la radio.
20:10Français,
20:11j'ai des choses
20:12graves à vous dire.
20:14Et il est en colère.
20:15De plusieurs régions
20:17de France,
20:18je sens se lever
20:18depuis quelques semaines
20:20un vent mauvais.
20:23Le vent mauvais,
20:25c'est l'esprit
20:25de résistance
20:26qui commence
20:27à souffler
20:27contre le régime
20:28de Vichy.
20:28Et parmi les premiers
20:32agitateurs
20:33en zone sud,
20:34Lucie Aubrac
20:35et son mari Raymond,
20:36qui mènent
20:37une double vie.
20:39Le côté face,
20:39c'est qu'ils mènent
20:41une existence normale
20:42de deux personnes
20:43de la bourgeoisie
20:44moyenne supérieure.
20:46Ils donnent naissance
20:47à un enfant,
20:48Jean-Pierre,
20:49alias Bobou,
20:50en mai 1941.
20:51J'étais professeure
20:54dans un lycée
20:55de Lyon.
20:56Nous avions
20:57un appartement.
20:58Ensuite,
20:58quand notre petit garçon
20:59est né,
21:00nous avons eu
21:01une maison
21:01dans Lyon.
21:03Et nous avions
21:04une bonne.
21:05Raymond avait son métier,
21:07moi j'avais le mien.
21:10Ça, c'est le côté face.
21:12Et puis côté pile,
21:13ce sont des gens
21:14qui,
21:15au sein
21:16du mouvement
21:17Libération
21:17qui est en train
21:18de sourdre,
21:19développent
21:20une intense
21:21activité,
21:22de propagande,
21:23discutent beaucoup
21:25avec les autres membres
21:26de la meilleure façon
21:27de s'y prendre.
21:28Et donc,
21:29petit à petit,
21:30ce sont des gens
21:31qui font l'apprentissage
21:32de la clandestinité.
21:35Dans le journal
21:36Libération Sud,
21:37distribué
21:38sous le manteau,
21:39Lucie et Raymond Aubrac
21:40expriment leur insoumission
21:42au régime de Vichy.
21:45Début juillet 1941,
21:48nous avons réalisé
21:49un premier tirage
21:50de journal.
21:51une dizaine
21:52de milliers
21:52d'exemplaires.
21:55Je venais tout juste
21:55d'accoucher
21:56et j'emmenais
21:57le bébé avec moi
21:58dans mes expéditions.
22:01Il s'agissait
22:01d'acheminer le journal
22:03et d'en faire assurer
22:05la distribution.
22:11Son mari et elle
22:13sont parmi les rares
22:14à constituer
22:15un couple
22:15qui a pignon sur rue
22:17et dont beaucoup
22:17des réunions
22:18où on discute
22:19ont lieu
22:19chez les époux
22:20Aubrac
22:20à Lyon.
22:23Notre maison
22:24était une sorte
22:26de maison d'accueil.
22:28Maintenant,
22:28tout le monde
22:29vous dira
22:29ce qu'ils étaient
22:30imprudents.
22:31Mais c'est peut-être
22:31cette imprudence-là
22:32qui donnait suffisamment
22:33de chaleur
22:34à notre atmosphère
22:35de résistance,
22:36à notre atmosphère
22:36de combat
22:37et qui nous a permis
22:38d'exister.
22:39Au sein de ce foyer,
22:43Lucie Aubrac,
22:44résistante,
22:46concerne néanmoins
22:46quelques tâches
22:47assignées aux femmes.
22:52Pour une femme
22:53plus que pour un homme,
22:55à côté de la vie
22:55souterraine
22:56de la résistance
22:57et des actions
22:58plus ou moins
22:59dangereuses,
23:01il y a le quotidien
23:02qu'il faut assumer.
23:03une maison à tenir,
23:07un mari,
23:08un gosse à nourrir,
23:10du linge à laver.
23:13Raymond me regarde
23:14mettre à tremper
23:15dans une bassine
23:16d'eau tiédie au soleil
23:18le linge sale
23:20de cette fin de semaine.
23:26Alors qu'en 1941,
23:28les femmes sont considérées
23:29comme des mineures
23:30civiles et politiques,
23:32sans droit de vote
23:33ni compte en banque,
23:34résister devient
23:35pour celles qui s'engagent
23:36un moyen de transgresser
23:38l'ordre des genres.
23:41Et ces résistantes
23:43sont issues
23:44de toutes les catégories
23:45sociales
23:45et de tous les âges.
23:48À l'opposé
23:49du cliché
23:50de la jeune femme
23:50célibataire résistante.
23:54Alors l'image
23:55de la jeune femme,
23:56forcément à gens de liaison
23:57et forcément à bicyclette,
24:00a été très très longtemps
24:01dominante,
24:03à la fois parce qu'elle
24:04était dominante
24:05dans les représentations
24:06collectives,
24:07mais aussi parce que
24:09les historiens sont parfois
24:11aussi prisonniers
24:12de leurs représentations.
24:15Quand on regarde
24:16la composition
24:16de la population
24:18résistante
24:19que l'on a pu identifier,
24:22les femmes mariées
24:23sont très très très
24:25nombreuses,
24:26les femmes mariées
24:27avec enfants aussi,
24:28et ça n'a absolument pas
24:30été un frein
24:31à l'engagement.
24:32Une femme mariée
24:33avec des enfants,
24:34elle est encore moins
24:35supposément délinquante
24:37aux yeux de l'occupant.
24:39restons en zone sud
24:47où, en 1941,
24:50Vichy ordonne
24:51l'internement administratif
24:52des juifs étrangers,
24:54notamment dans les camps
24:55de Gurs
24:55et de Rivesalte.
24:58C'est au pied
24:59des Pyrénées
25:00que l'on retrouve
25:01Milla Racine.
25:02Souvenez-vous,
25:03la jeune militante
25:04de 22 ans,
25:05portée par des idéaux
25:06sionistes,
25:07subie de plein fouet
25:08la politique des nazis.
25:12Fuyant Paris
25:12désormais occupée,
25:14elle trouve refuge
25:14avec sa famille
25:15à Luchon,
25:16terre d'accueil
25:17pour la communauté
25:18juive à cette époque.
25:21Et à Luchon,
25:22Milla,
25:23elle organise
25:24un programme
25:24de secours
25:25aux internés
25:26des camps
25:27du sud-ouest
25:28de la France.
25:29Ce qu'elle va faire,
25:29c'est connaissant
25:30la situation
25:31difficile
25:33et la vie
25:34des internés
25:34des camps,
25:35elle souhaite
25:36acheminer
25:37de la nourriture
25:38dans les camps.
25:41Alors ma soeur
25:43a commencé
25:43avec ses deux,
25:45trois copains
25:46et avec moi.
25:47On a commencé
25:47à les taper
25:48tous les juifs riches
25:49et on a commencé
25:51à acheter
25:52au marché noir
25:53du sucre,
25:55du riz,
25:56des pâtes.
25:57On ne trouvait plus
25:58de conserve,
25:58il n'y avait plus
25:59une seule boîte
26:00de sardines,
26:01il n'y avait plus rien.
26:01même pas
26:04des haricots blancs
26:06ou des machins
26:06comme ça,
26:07ce qui tient
26:07un peu au corps
26:08qu'on voulait envoyer
26:09à Gurs
26:10et à Rivesalte.
26:12Alors on a commencé
26:12à fabriquer
26:13nos conserves.
26:14Au fer blanc
26:15entier,
26:15on faisait faire
26:16des boîtes.
26:18On remplissait
26:19nos haricots,
26:21on allait
26:21chez le soudeur
26:22faire souder,
26:23on allait
26:24chez quelqu'un
26:24qui avait un truc
26:26pour bouillir le linge,
26:27il fallait bouillir ça
26:28pendant 20 heures.
26:29Et on a fait
26:30comme ça
26:30plein de boîtes
26:31de conserve
26:32et on avait
26:34les adresses
26:35des gens
26:35de Gurs
26:35et de Rivesalte
26:36et on envoyait
26:37tous les jours
26:38on était une dizaine
26:39pour faire des colis
26:40et on envoyait
26:41et on recevait
26:42des lettres.
26:43Les gens
26:43crevaient de faim
26:45à Gurs
26:45et à Rivesalte.
26:48On voit
26:48que chez cette jeune fille
26:50on est dans
26:51cette capacité
26:52à organiser
26:53un programme de secours
26:54alors qu'elle a
26:55une vingtaine d'années,
26:56elle est au début
26:56de sa vingtaine
26:57et une volonté
26:59d'aider
26:59des gens
27:00qui sont dans
27:00une situation
27:01qu'elle estime
27:02pire que la sienne
27:02et qui montrent
27:03son engagement
27:04dès ces années-là
27:06pour les autres
27:07dans une situation
27:08difficile.
27:16Par ailleurs,
27:17à l'automne 1941,
27:19Mila Racine
27:20s'est rapprochée
27:21d'une organisation
27:21clandestine,
27:23l'armée juive.
27:24On sait que Mila
27:27aurait prêté serment
27:28à cette armée juive.
27:30On en sait
27:31en fait assez peu
27:31mais ça témoigne
27:33de son engagement
27:34dans ce mouvement
27:35qui a un caractère
27:36militaire.
27:38La plupart
27:38des organisations
27:39juives
27:39craignant
27:40en fait
27:41des représailles
27:42sur la population
27:43juive
27:43refusent
27:44la lutte armée
27:45et donc
27:46une action
27:47qui finalement
27:48aurait plus
27:49de conséquences
27:49négatives
27:50que positives.
27:51Et donc
27:51pour une grande partie
27:52des organisations
27:53juives clandestines,
27:55l'enjeu doit être
27:56surtout
27:57le sauvetage
27:58des juifs.
27:58Les faux papiers,
28:00le passage
28:00en Espagne,
28:02en Suisse
28:02pour les enfants
28:03mais pas tellement
28:04la lutte armée.
28:06C'est une donnée
28:07importante.
28:09On a trop souvent
28:09eu l'image
28:10d'une population juive
28:12qui subissait son sort
28:13sous l'occupation
28:14sans résister.
28:15Or,
28:16c'est faux.
28:17Il y a eu aussi
28:18parmi les juifs
28:19de France
28:20dès 1941
28:21des mouvements
28:22de résistance.
28:24Ça a une importance
28:24morale
28:25pour les juifs
28:26de France
28:27de savoir
28:28qu'un peuple
28:29qui se considère
28:29comme tel,
28:30particulièrement face
28:31aux persécutions,
28:33ne se laisse pas faire
28:33en tant à agir.
28:36Et dans le cas
28:36de Mila,
28:37il y a une spécificité
28:38dans son engagement,
28:39dans sa trajectoire,
28:41c'est son rapport
28:42aux enfants.
28:43On sait qu'à Toulouse,
28:45au cours de l'été,
28:45elle s'est beaucoup
28:46occupée de ses petites
28:47cousines
28:48qui vivaient
28:48dans la maison à côté,
28:49petites cousines
28:50qui avaient perdu leur père
28:51l'année précédente
28:52de tuberculose.
28:54Et Mila leur apportait
28:55beaucoup de tendresse.
28:57Et ça,
28:57c'est quelque chose
28:58qui est assez récurrent
28:59dans son parcours.
29:01Très régulièrement,
29:02un goût du collectif
29:03et du collectif
29:04avec des enfants.
29:13Quelques mois
29:14après l'entrée
29:15en guerre
29:15des États-Unis,
29:17Pierre Laval,
29:18imposé par les Allemands,
29:19devient chef
29:20du gouvernement
29:20de Vichy
29:21en avril 1942.
29:23Il s'exprime
29:24à la radio
29:25le 22 juin.
29:27Le 20 avril dernier,
29:29je vous ai dit
29:30le but que je poursuivais,
29:32mais je ne vous ai pas caché
29:33que la tâche
29:34à accomplir
29:34serait rude.
29:37Avec sa cravate blanche
29:38et bouffie d'orgueil,
29:40Pierre Laval
29:40se veut sauveur
29:41de la France.
29:42Le gouvernement
29:44devait sans attendre
29:46s'efforcer
29:46de résoudre
29:47des problèmes
29:47intérieurs délicats
29:49comme celui
29:50du ravitaillement.
29:53Le problème
29:54du ravitaillement,
29:55c'est que les Allemands
29:56pillent le pays
29:57depuis deux ans.
29:58C'est une des conséquences
29:59de la politique
30:00de collaboration
30:01engagée par Philippe Pétain.
30:05Et de fait,
30:06la crise alimentaire
30:07sur le territoire national,
30:09aggravée par le marché noir,
30:10devient aiguë.
30:14Les grandes villes
30:15crèvent de faim,
30:17au point qu'à Paris,
30:18par exemple,
30:19certains commencent
30:19à cuisiner les chats.
30:22Et cette crise alimentaire,
30:24aussi bien en zone nord
30:26qu'en zone sud,
30:27impacte les femmes
30:28en premier lieu.
30:34Le 31 mai 1942,
30:38devait avoir lieu
30:40une distribution
30:41du denré
30:43d'une rareté
30:44exceptionnelle
30:45à cette époque,
30:47des boîtes
30:47de sardines
30:48à l'huile.
30:49Nous sommes entrés
30:50dans le magasin.
30:53Les garçons
30:54qui étaient à l'intérieur
30:55ne s'attendaient pas
30:56du tout
30:57à une opération
30:57de ce genre.
30:58Ils nous ont dit
30:59« Où sont vos tickets,
31:00mesdames ? »
31:01Alors j'ai répondu
31:02« Aujourd'hui,
31:03c'est sans ticket »
31:04et tout de suite,
31:06nous avons pris
31:07les boîtes de sardines
31:08et nous les avons lancées
31:09à la volée
31:10par la porte ouverte
31:11aux ménagères
31:12qui attendaient
31:13de part et d'autre
31:14de la queue.
31:16Elles ont aussitôt
31:17ramassé les boîtes
31:20dans leur filet
31:21et elles sont parties
31:22très vite.
31:24Mais nous étions dedans.
31:25Les garçons
31:26nous ont ceinturés
31:28pour essayer
31:28de nous empêcher
31:30de sortir
31:31et nous remettre
31:31à la police.
31:33Ce qui donne
31:34une importance
31:35phénoménale
31:36à la manifestation
31:37de la rue de Bussi,
31:39c'est que Madeleine Marzin
31:40est condamnée à mort.
31:42Il se trouve
31:43que la peine
31:43ne sera pas effective,
31:45que Pétain
31:46va commuer
31:47cette peine
31:48en travaux forcés
31:48à perpétuité.
31:50Il n'empêche que
31:51comme la presse
31:52et la presse
31:53est évidemment
31:54pour l'essentiel
31:55d'entre elles
31:56à la solde de Bichy
31:57relaie l'affaire.
31:59On sait
32:00que des femmes
32:01ont manifesté,
32:03que certaines
32:03ont été jugées.
32:05On sait
32:05que l'on condamne à mort.
32:09Le régime de Bichy
32:10fait donc
32:11la publicité
32:12de la condamnation
32:14à mort
32:14de Madeleine Marzin.
32:15Une manière
32:16de dissuader les femmes
32:17d'expérimenter
32:18la désobéissance civile
32:20à travers
32:20de nouvelles manifestations
32:21dans la rue.
32:25Et pour les ménagères,
32:27désobéir
32:28aux ordres
32:28du régime de Bichy
32:29devient désormais
32:30très compliqué.
32:31C'est pourtant
32:37le mot d'ordre
32:38que décide
32:39de suivre
32:39la résistance.
32:42Obéir,
32:43c'est trahir
32:43et désobéir,
32:45c'est servir.
32:48Les tracts
32:49clandestins
32:50circulent
32:50aux grands dames
32:51de Philippe Pétain
32:52et de Pierre Laval
32:53déterminés
32:54à traquer
32:54tous les résistants
32:55mais aussi
32:56à identifier
32:57tous les juifs.
32:58apportez-moi
33:01les derniers rapports
33:01des préfets
33:02que vous avez reçus.
33:04Le retour
33:05de Pierre Laval
33:05aux affaires
33:06le 18 avril 1942
33:08coïncide
33:09avec l'application
33:10de la 8e ordonnance
33:11allemande
33:12qui prescrit
33:13le port
33:14de l'étoile jaune
33:14pour les juifs
33:15de la zone occupée.
33:18Et c'est le temps
33:19terrible
33:20des rafles.
33:20Cette politique
33:25achève de convaincre
33:27Geneviève de Gaulle
33:28de s'engager pleinement.
33:30On sait que
33:31Geneviève de Gaulle
33:32d'abord
33:33est très au courant
33:34de ce qui se passe
33:35à l'égard
33:36des juifs de France
33:36et elle le sait même
33:37je dirais
33:38avant les autres français
33:39puisqu'elle était en Allemagne
33:41dès 1933.
33:43Son père était en Allemagne
33:44et qu'ils ont assisté
33:46aux sorts réservés
33:47aux juifs
33:48en Allemagne
33:48à cette époque-là.
33:49Et en octobre 1940
33:51elle est témoin
33:52des lois antisémites
33:54de Vichy
33:54notamment de cette ordonnance
33:56du 27 septembre 1940
33:58qui définit
33:59ce que c'est qu'un juif
34:00et qui oblige
34:01tous les juifs
34:02à être recensés.
34:04Et elle trouve cela
34:05ce sont ces mots
34:06très inquiétants
34:07de même que
34:08le port de l'étoile jaune
34:09à partir de mai 1942
34:11qui la choque profondément
34:12de même que
34:13l'interdiction pour les juifs
34:14d'accéder à certains endroits
34:16et pour elle
34:17c'est quelque chose
34:18d'insupportable.
34:19Elle dit
34:19qu'on ne pouvait pas
34:20supporter ce rejet
34:21elle en est extrêmement choquée.
34:24Ce refus
34:25d'accepter l'occupation
34:28cette volonté
34:29rigoureuse
34:30de combattre l'ennemi
34:31se fortifie
34:33jour en jour
34:34et c'est ce qui nous est arrivé
34:35à tous
34:36parce que
34:36nous avons vu
34:37le vrai visage
34:38de l'occupant
34:39quand nous avons vu
34:41par exemple
34:41arrêter
34:42les familles juives
34:43les petits enfants
34:45emmenés au vélodrome
34:47d'hiver
34:47cette détresse affreuse
34:51à laquelle nous avons
34:51assisté impuissant
34:52et bien nous avons
34:54serré les dents
34:54en nous disant
34:55que
34:55nous combattrions
34:57jusqu'à ce que
34:58des familles
35:00puissent ne pas être
35:01ainsi arrachées
35:02à leur patrie
35:03que des enfants
35:05puissent ne pas être
35:06pris dans les bras
35:08de leurs parents.
35:09Dans cette volonté
35:13de combattre l'ennemi
35:14Geneviève de Gaulle
35:15devient à l'été 1942
35:17à seulement 21 ans
35:19agent de liaison
35:20dans la résistance.
35:32De l'autre côté
35:34de la Méditerranée
35:35en Egypte
35:36la guerre fait rage
35:37à l'automne 1942
35:40arrive la bataille
35:41d'Ella Lamein
35:42opposant les troupes
35:44allemandes
35:44du maréchal Rommel
35:45alliées aux troupes
35:46de Mussolini
35:47à l'armée anglaise.
35:56C'est une victoire
35:58pour les alliés
35:58mais les combats
35:59sont acharnés
36:00et les blessés
36:01nombreux
36:02dans les hôpitaux
36:03du Caire
36:03où René Daveli
36:04tient son rang
36:05de vedette aux armées.
36:07notre Légion
36:09pour nous
36:10c'est notre mère
36:11pour la servir
36:13si l'autre
36:14nous mourrons
36:16et d'en mettre
36:18chacun
36:18se sent fier
36:19vive la Légion
36:21la Légion
36:22la Légion
36:23elle est une chanteuse
36:27elle va donc
36:29à la fois prolonger
36:30un type d'engagement
36:31qui date
36:32de la première guerre mondiale
36:33qui est le soutien
36:34culturel aux blessés
36:36et d'ailleurs
36:36elle est qualifiée
36:37dans les papiers
36:38de la France libre
36:39d'assistante sociale
36:40c'est quelqu'un
36:41qui à la fois
36:42récolte des fonds
36:43grâce à une oeuvre
36:44qui s'appelle
36:44le cake du blessé
36:45le cake
36:46c'est le nom
36:47évidemment anglais
36:48c'est pour ça
36:48que ça s'appelle le cake
36:48parce qu'on est en Égypte
36:49en situation anglaise
36:50c'est l'Empire britannique
36:51et du blessé
36:52parce qu'on est
36:53dans cette lignée française
36:54du soutien aux soldats
36:56à la fois par le coeur
36:58du champ
36:58mais aussi par le fait
37:00d'envoyer des colis
37:01donc elle occupe
37:02une fonction sociale
37:03de soutien aux blessés
37:04elle fait la tournée
37:05des hôpitaux
37:06il ne fallait pas hésiter
37:09dès la première heure
37:11je me mis au service
37:13de notre cause sacrée
37:14dans les hôpitaux
37:16les blessés
37:17avaient certainement besoin
37:18du réconfort
37:19d'une voix féminine
37:20ce fut le point de départ
37:23du cake du blessé
37:24car il fallait montrer
37:26aux blessés
37:26qu'on ne les oubliait pas
37:28qu'on pensait à eux
37:29Poney Daveli
37:31est quelqu'un
37:32qui en fait
37:32passe ses semaines
37:33presque 7 jours sur 7
37:35dans cet engagement
37:35elle est constamment
37:37dans des hôpitaux
37:38ou en train
37:39de tenir des galas
37:40ou de recueillir de l'argent
37:41enfin son engagement
37:43est un engagement total
37:44le médecin de la section
37:48des grands brûlés
37:49d'un hôpital en égypte
37:51août 1942
37:52René Daveli
37:55a accompli
37:55de véritables miracles
37:57un de mes hommes
37:58avait un terrible cafard
38:00parce qu'il était
38:01entièrement défiguré
38:02madame Daveli
38:03a chanté pour lui
38:04puis elle lui a planté
38:06un baiser solide
38:07de camarade
38:08sur sa joue brûlée
38:10on a chanté
38:11les chansons
38:12d'amour
38:13amour
38:15toujours
38:16et bien
38:18ce baiser
38:19a agi comme un baume
38:20sur mon malade
38:21il m'a dit
38:22après le départ
38:23de la vedette
38:24je ne dois pas être
38:25aussi répugnant
38:26que je le pensais
38:27puisque
38:28the pretty french girl
38:30m'a embrassé
38:31de si bon cœur
38:32les soldats le disent
38:34ce qui nous plaît
38:36en particulier
38:36c'est qu'on s'est senti
38:38un petit peu en France
38:39avec des chansons
38:40qu'on aimait
38:40qu'on a pu reprendre
38:41en cœur avec vous
38:42c'est maternelle
38:43et c'est aussi
38:44un rôle puissamment
38:45de réarmement affectif
38:47dans tous les sens du temps
38:49à l'automne 1942
39:04le débarquement allié
39:06qui libère l'Afrique du Nord
39:07est baptisé
39:08l'opération Torche
39:09un an après le rentrer
39:11en guerre contre les nazis
39:12nos plus récents alliés
39:14les américains
39:15débarquèrent
39:16en Afrique du Nord
39:16dans un discours
39:18prononcé en français
39:19le 7 novembre 1942
39:21le président Roosevelt
39:23déclara
39:24« Nous arrivons parmi vous
39:27à repousser
39:28les envahisseurs
39:31crueurs
39:31vivent
39:33la France
39:35éternelle »
39:36en reprisaille
39:39au débarquement allié
39:40les allemands
39:41envahissent
39:42la zone sud
39:42de la France
39:43on se dirige
39:46à toute vitesse
39:46vers une guerre totale
39:48et l'étau
39:48se resserre
39:49autour de nos 5 résistantes
39:51plus particulièrement
39:53autour des 3
39:54qui sont restés
39:54en France
39:55Mila Racine
39:56Lucie Aubrac
39:58et Geneviève de Gaulle
39:59Ce que ces hommes
40:01et ces femmes
40:02défendaient
40:04c'était non seulement
40:06leur sol
40:07leur patrie
40:08mais les valeurs humaines
40:10les plus hautes
40:11ces valeurs humaines
40:12qu'ils voyaient
40:14à chaque jour
40:15menacées
40:16attaquées
40:17Nos 5 héroïnes
40:20vont-elles réussir
40:21à échapper
40:22à la mode fasciste
40:23lancée à leur trousse ?
40:24C'est l'horizon
40:25du prochain épisode