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Avec Philippe Camus, ex-président exécutif d'EADS (Ex-Airbus) et pésident d'honneur du Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales

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##LA_VERITE_EN_FACE-2025-05-06##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, la vérité en face, Patrick Roger.
00:04Où s'en vont les avions quand ils s'en vont ?
00:09Parfois je crois qu'ils vont chez moi.
00:15Où s'en vont les avions quand ils s'en vont ?
00:20Ils s'en vont effectivement au-delà, les avions, mais ils reviennent aussi.
00:24Philippe Camus, bonjour.
00:25Bonjour.
00:25Vous êtes l'ancien grand patron d'Airbus, bien sûr.
00:30C'était déjà, rappelez-nous en fait, de quelle époque à quelle époque ?
00:33C'est de 2000 à 2005.
00:35J'ai participé, j'ai même été très actif sur la création du groupe intégré qui s'appelle Airbus maintenant,
00:43mais qu'on appelait à l'époque EADS.
00:45Et c'était une négociation intéressante avec nos amis allemands, italiens, espagnols et anglais.
00:52Et donc on a réussi à faire cette société intégrée qui est un grand succès, je crois.
00:57Oui, il y avait une grande volonté justement européenne de cette industrie.
01:02Est-ce qu'aujourd'hui, elle existe encore, cette volonté selon vous, de l'industrie aéronautique et de l'industrie aussi,
01:11qui est très importante en fait dans l'aéronautique, de la défense ?
01:13Parce qu'on a remis ces questions à l'ordre du jour ces dernières semaines.
01:17Et on se demande s'il y a vraiment une unité, une union européenne autour de ça.
01:24Alors moi je crois qu'en 2000, quand on crée cette société Airbus intégrée,
01:30alors Airbus existait déjà bien entendu, mais c'était en pièces détachées,
01:32les avions étaient faits en pièces détachées un peu partout en Europe,
01:36mais on a créé cette société totalement intégrée, grand succès,
01:40dans un climat politique européen qui était très favorable.
01:43Souvenez-vous, l'euro venait d'être lancée, c'était l'extension de l'Union européenne,
01:49il y avait de grands projets, il y avait une volonté politique commune aux principaux pays européens
01:54de poursuivre dans l'intégration européenne à tout point de vue,
01:57pas seulement dans l'industrie, à tout point de vue.
02:01On a passé une vingtaine d'années, je crois, moins favorables sur le plan politique.
02:06On a vu qu'il y avait des tensions entre les différents pays,
02:09l'intégration des nouveaux pays, notamment à l'Europe.
02:11C'était un peu compliqué, mais là, je pense que, parfois, à malheur,
02:20on peut avoir un petit peu de chance, la guerre en Ukraine fait que les Européens
02:26doivent se poser la question de savoir ce qu'ils veulent faire,
02:29à la fois sur le plan général, l'Europe, est-ce qu'on s'intègre plus,
02:32est-ce qu'on continue, est-ce qu'on va vers une Europe un peu plus fédérale,
02:35un peu moins étalation, et puis en matière de défense,
02:38est-ce qu'il ne faut pas construire une défense européenne autonome,
02:41parce que c'est ça le vrai sujet.
02:43C'est-à-dire être indépendant dans ses décisions.
02:46Indépendant des Américains, de l'OTAN.
02:50Indépendant en termes géostratégiques, c'est un point important.
02:54Quelle stratégie on veut pour l'Europe en matière de défense ?
02:58Et puis, effectivement, la place de l'Europe dans l'OTAN.
03:02Je ne pense pas qu'on veuille quitter l'OTAN,
03:05mais quelle est la place de l'Europe dans l'OTAN ?
03:08Et puis l'indépendance technologique.
03:09Parce que si on dépend à la fois des Américains,
03:12ou des Chinois, ou d'autres pays en matière de technologie,
03:16on n'aura pas l'indépendance et la facilité d'utiliser nos moyens de défense.
03:20Oui. Nous étions leaders dans le monde, quasiment,
03:25avec les Américains sur ces questions de défense,
03:31sur les questions d'aviation.
03:32Est-ce qu'aujourd'hui, vous avez peur qu'on parlait de déclassement tout à l'heure,
03:36qu'il y ait une forme de déclassement aussi aujourd'hui ?
03:39En tout cas, qui menace ?
03:40Alors, ce qu'on peut voir depuis quelques années,
03:43c'est d'abord sur le plan croissance économique,
03:45l'Europe patine un peu.
03:47Quand on compare les chiffres par rapport, par exemple, aux Etats-Unis,
03:50ou à d'autres zones, ou à la Chine,
03:52l'Inde, l'Europe a pris du retard, en tout cas relativement.
03:56On est toujours un ensemble de pays tout à fait riches et confortables,
04:02je dirais, si on se compare à l'ensemble du monde.
04:04Mais on a perdu un peu des positions.
04:08Donc, je crois qu'il faut effectivement avoir une idée claire
04:13sur ce qu'on veut faire en matière industrielle,
04:15notamment en matière de R&D, en matière d'indépendance technologique,
04:19et notamment dans les domaines de la haute technologie.
04:24On voit bien que les Américains, par exemple,
04:26les Etats-Unis dépensent beaucoup plus que nous.
04:29On est budget de R&D, pas seulement dans la défense.
04:32Dans la défense, c'est trois ou quatre fois plus.
04:35Mais dans tous les domaines.
04:37On l'a vu avec l'intelligence artificielle,
04:39on l'avait vu avant avec Internet, avec tout ce qui était numérique.
04:42Donc là, il faut que l'Europe se prenne en main
04:45et décide d'aller en avant.
04:47Alors, est-ce qu'il y a une volonté politique ?
04:49Parce que c'était ça, la question.
04:51Aujourd'hui, je pense que la guerre en Ukraine
04:54a un peu réveillé les esprits.
04:56On était dans un monde...
04:57La guerre en Ukraine et puis les déclarations de Trump.
04:59La guerre commerciale qui est déclarée à la Chine par Trump.
05:03Elle était déjà un peu avec Biden, mais elle a été renforcée.
05:06On ne va pas se réjouir d'une guerre ou de difficultés.
05:08Non, mais parfois, ça réveille.
05:10Mais ça réveille.
05:10Je crois que le réveil est là.
05:12D'ailleurs, on le constate dans les opinions publiques européennes.
05:16Il y a eu des fonds d'opinions, je crois, des effets,
05:18sur est-ce que vous voulez une défense européenne indépendante ?
05:21Réponse, 70% des Européens répondent oui.
05:24Est-ce que vous êtes prêts à dépenser plus d'argent passé à 3-4% du PNB européen
05:30en matière de défense ?
05:32La réponse est oui, majoritairement.
05:34Alors, il y a certains pays un peu moins,
05:35mais globalement, on est aux alentours de 50% et plus d'Européens
05:40qui sont prêts à dépenser plus en matière de défense européenne.
05:43Je crois que ceci doit aussi s'appliquer à tous les domaines,
05:46pas seulement la défense, mais tout ce qui est technologique.
05:49Parce qu'on voit bien que le monde futur reposera sur le progrès scientifique,
05:55la technologie, qui permettront de résoudre toute une série de problèmes
05:59qui vont du climat à la santé et aussi à la défense.
06:03Oui, c'est ça.
06:04C'est quand même difficile de s'entendre.
06:06J'ai vu que la Belgique avait choisi des F-35 américains dernièrement.
06:10Alors ça, c'est un grand problème.
06:12C'est-à-dire qu'on veut une stratégie européenne
06:16et défendre nos constructeurs.
06:17Et puis, parfois, on va passer des commandes ailleurs.
06:20Ce n'est pas que dans l'industrie aéronautique.
06:23Je pourrais vous citer des tonnes d'exemples.
06:25Et puis, ce n'est pas nouveau.
06:28Aujourd'hui, il y a à peu près 70% des approvisionnements,
06:32des achats de matériel européen qui sont réalisés en dehors d'Europe.
06:36Ça, je crois qu'on devrait pouvoir faire mieux.
06:38Je ne dis pas que l'Europe peut tout fournir.
06:40En fait, l'industrie européenne peut tout fournir.
06:42Mais elle devrait fournir tout au moins ce qui est essentiel.
06:45Et puis, comme font les États-Unis.
06:47Aux États-Unis, les achats se font dans les entreprises américaines,
06:51implantées sur le sol américain.
06:53On devrait avoir un peu la même approche.
06:55Ce qui me paraît pas du tout agressif,
06:58mais une démarche tout à fait de bon sens.
07:01Oui, oui.
07:02Est-ce que Airbus est menacé, en fait, aujourd'hui ?
07:05Menacé avec, par exemple, les droits de douane imposés par Donald Trump,
07:09donc les Américains.
07:11Et puis, de l'autre côté, avec la Chine qui a développé le Comac,
07:14c'est ça, pour concurrencer Airbus et Boeing.
07:17Parce que, grosso modo, on est allé emmener la technologie aux Chinois.
07:20On les a aidés.
07:21On a travaillé avec eux.
07:22Et puis, aujourd'hui, ils travaillent avec cette technologie.
07:27et ils vont très vite, quoi.
07:29Oui, bien sûr.
07:29Les Chinois, toujours, vont très, très vite
07:31quand ils se concentrent sur un sujet.
07:34Alors, est-ce que Airbus est menacé ?
07:36Je crois pas.
07:37Airbus est une société très solide.
07:38Vous savez, quand on crée cette société intégrée en 2000,
07:42en fait, notre objectif est d'être le Boeing européen.
07:48Mais à l'époque, on est à peu près entre la moitié et le tiers de Boeing,
07:52à tout point de vue, comprenant les chiffres d'affaires,
07:54le nombre d'avions vendus, la capitalisation boursière, etc.
07:57Aujourd'hui, Airbus est devant Boeing.
08:00Largement en termes de livraison d'avions.
08:02On livre à peu près deux à trois fois plus d'avions commerciaux.
08:06En termes de chiffre d'affaires, on est à peu près au même niveau,
08:08voire légèrement au-dessus.
08:10Et surtout, on a aujourd'hui des effectifs mondiaux.
08:13C'est important.
08:13On a créé des emplois.
08:15Non seulement en Europe, mais dans le monde entier,
08:17qui dépassent ce Boeing.
08:18Donc, belle réussite, solide,
08:20avec toute une histoire très solide en matière de management,
08:27en matière d'organisation,
08:28appuyer sur une industrie européenne,
08:30parce qu'il n'y a pas que Airbus.
08:32Il y a tous les PME, les sous-traitants.
08:36Et ça, c'est un des grands sujets.
08:39Le fait que l'industrie aéronautique est tout à fait spéciale,
08:42c'est qu'on est très bien organisé en matière de chaînes d'approvisionnement.
08:45Alors, parfois, il y a des difficultés, comme toujours.
08:49Mais un avion, il ne vole que si le dernier boulon est bien fait.
08:54Non, non, mais c'est vrai.
08:55Et donc, ça, ça induit le sentiment et la nécessité
08:59d'avoir une filière industrielle bien intégrée.
09:01Ça serait bien que ce soit la même chose dans d'autres filières industrielles.
09:04Je trouve qu'il y a des exemples,
09:07il y a eu des essais de faire des Airbus de l'industrie des batteries.
09:14Bon, Airbus est un modèle.
09:15En plus, c'est devenu un modèle d'intégration,
09:19de réussite industrielle au niveau européen.
09:20Et qui n'est pas menacé, selon vous, aujourd'hui ?
09:23On n'est jamais au repos quand on a une entreprise.
09:27Ce n'est jamais terminé.
09:28C'est comme le vélo, il faut toujours appuyer sur les pédales.
09:31Non, mais je dis ça parce qu'évidemment,
09:33avec le protectionnisme américain,
09:35America Force, il le déclame, Donald Trump.
09:39Et les Chinois, encore une fois, j'insiste,
09:41mais qui vont vite, on le voit dans le secteur de la voiture,
09:43mais dans le secteur aussi de l'aéronautique,
09:45on a l'impression que ça accélère également.
09:47Problème des droits de douane américains,
09:51l'Europe réplique par des droits de douane aussi,
09:54avec une montée, puis tout le monde redescend.
09:57Ce n'est pas terminé, manifestement.
09:59Les ajustements sont encore à faire,
10:00il y a des négociations en cours.
10:02Le problème de l'industrie aéronautique,
10:03c'est qu'aujourd'hui, Boeing fabrique une partie de ses avions en Europe,
10:06ou au Japon.
10:08Airbus, pareil, fabrique une partie des avions.
10:13Par exemple, il y a des usines d'assemblage aux Etats-Unis.
10:15Il y a des sous-traitants aux Etats-Unis.
10:17Oui, on a la Bama, par exemple.
10:18Une partie des moteurs viennent des Etats-Unis.
10:21Il y a même une usine d'assemblage en Chine, pour Airbus.
10:24Donc, cette industrie, elle est très intriguée au niveau mondial.
10:28Et le fait de mettre des droits de douane, dans un sens,
10:31n'est pas forcément favorable à Boeing ou Airbus.
10:35Donc, tout ceci est en train d'être, je crois,
10:37d'après ce que je sais, être analysé.
10:38Je pense que ça sera limité et revenu à un niveau acceptable pour tout le monde.
10:47Oui, et je reviens aussi...
10:48Et alors, les Chinois, pardon, j'ai pas répondu à votre question chinoise.
10:51Les Chinois arrivent, bien entendu.
10:53Pour ça, c'est déprévu.
10:54On savait très bien que les Chinois finiraient par venir sur ce marché.
11:00Sur l'intention, ça prend du temps.
11:01Et puis, c'est un problème de compétition.
11:03Je pense que l'Europe, les Etats-Unis et la Chine
11:07ont des niveaux de technologie de meilleur niveau.
11:10Bon, il y aura une bataille commerciale,
11:12mais c'est la vie de toutes les entreprises.
11:14Oui, et sur la défense,
11:16et là, il y a 800 milliards pour la défense européenne
11:19qui sont mises sur la table.
11:21Sur plusieurs années.
11:22Oui, bien sûr, sur plusieurs années.
11:25Non, mais est-ce qu'on a une doctrine militaire partagée en Europe ?
11:31Est-ce qu'on a une ambition politique aussi partagée ?
11:33C'est pour pouvoir travailler en fait ensemble.
11:36C'est pas le tout de mettre de l'argent sur la table.
11:38D'abord, il faut avoir l'argent.
11:41Mais enfin bon, et on ne l'a pas tout à fait.
11:42Alors oui, ça c'est vrai.
11:43Mais ça, c'est un autre sujet.
11:44Mais pour avoir une défense européenne qui marche,
11:48c'est-à-dire indépendante,
11:49il y a plusieurs conditions.
11:50Il faut d'abord avoir une stratégie commune.
11:52Il faut avoir une gouvernance commune.
11:54Et aujourd'hui, on a fait des progrès depuis le traité de Lisbonne,
11:57notamment en 2009.
11:59Mais ce n'est pas encore terminé.
12:00Ce n'est pas intégré.
12:01On regarde l'organisation de la défense,
12:04enfin de la gouvernance de la défense en Europe.
12:07Il y a toute une série d'organismes.
12:09Il y a en théorie un conseil de l'Union européenne
12:11qui devrait pouvoir contrôler tout.
12:14Mais ce n'est pas encore le cas.
12:14Il faut des moyens communs, des programmes communs très importants.
12:18Les programmes fédèrent l'industrie.
12:21Et notamment en se mettant d'accord sur des programmes,
12:23par exemple, d'avions de combat,
12:25des programmes de chars communs,
12:27des programmes de drones communs,
12:28des programmes de satellites communs.
12:30On pourra avoir une industrie européenne intégrée
12:33et surtout une armée européenne, entre guillemets,
12:37qui sera capable d'opérer de façon homogène et efficace.
12:41Vous êtes optimiste pour ça ?
12:44Je pense qu'en fait, le réveil, comme on le disait tout à l'heure,
12:47il est assez brutal.
12:49Et je pense que l'Europe, si on raisonne à très long terme,
12:53l'Europe doit s'intégrer en matière de défense.
12:56Ça me paraît évident,
12:57parce que ce n'est pas parce que les États-Unis,
13:00aujourd'hui, hésitent un peu sur la conduite à tenir,
13:02mais ça peut revenir dans 5 ans, dans 10 ans, ou dans 20 ans.
13:06Donc il faut se prendre en main sur ce point-là.
13:10L'Europe est un ensemble de nations puissantes économiquement...
13:15Mais c'est compliqué, l'Europe, bien sûr.
13:18Je ne vais pas rappeler l'anecdote du téléphone.
13:20Oui, c'est pareil, tu es le chef en matière de...
13:24Mais d'ailleurs, si vous étiez aujourd'hui à la tête, par exemple, d'Airbus,
13:28quelle serait votre crainte principale ?
13:30Est-ce que ce serait Trump, Pékin, Bruxelles ?
13:34Bruxelles pour les complexités ?
13:38Écoutez, Bruxelles pour les complexités, peut-être, oui.
13:41Non, je pense que la crainte principale,
13:44moi, c'était quand j'étais à la tête ADS et Airbus,
13:48c'était ma crainte principale,
13:50et d'ailleurs dans toute ma carrière professionnelle,
13:52c'est le déclassement technologique.
13:54C'est-à-dire que vous pouvez perdre complètement votre métier.
13:57Regardez ce qui s'est passé, par exemple,
13:58pour une entreprise comme Kodak, dans la photographie.
14:00La photo digitale a complètement changé le business model.
14:06C'est ça le problème, c'est le déclassement technologique.
14:09Donc il faut investir dans la technologie,
14:11il faut être au meilleur niveau,
14:13et c'est, à mon avis, ça le principal risque pour l'entreprise.
14:16Des avions, par exemple, qui consomment moins,
14:18ou d'autres, des nouvelles énergies,
14:21comme on dit en Chine, justement.
14:23Des nouvelles énergies, des technologies hybrides,
14:26dans le domaine spatial, être au meilleur niveau,
14:29en matière d'observation, en matière de télécommunication,
14:32en matière de propulsion.
14:34Il y a même un débat,
14:35puisqu'on est en fait sur les nouvelles énergies
14:37et sur l'environnement,
14:38il y a même un débat de certains qui disent
14:39qu'il faudrait limiter le nombre de vols
14:43par personne dans une vie.
14:46Ça c'est Jean-Marc Jancovici qui le dit.
14:50Oui, il y a même d'ailleurs...
14:52Vous, Philippe Camus, ancien patron d'Airbus.
14:56Il y a même une femme politique,
14:57je ne citerai pas, il y a même dit
14:59que les emplois dans l'aéronautique,
15:01en la défense, sont des mauvais emplois.
15:02Je pense que pour ceux qui travaillent
15:04dans l'aéronautique et la défense...
15:05Tous ceux qui nous écoutent actuellement,
15:07dans la région toulousaine notamment...
15:08Ils ont une prendre ça assez mal, oui.
15:09Non, en fait, malgré les exhortations
15:13des uns et des autres
15:16sur les dangers de l'aéronautique,
15:19d'abord, premièrement,
15:20il y a une demande qui existe.
15:22L'homme a toujours eu envie,
15:24l'homme ou la femme a toujours eu envie
15:25de voyager, de se déplacer.
15:27C'est un besoin.
15:29Et d'ailleurs, c'est un facteur de paix.
15:30Quand on visite d'autres pays,
15:32on comprend mieux ce qui se passe.
15:34Et donc, pour moi,
15:36c'est un élément de stabilité dans le monde,
15:38le fait de pouvoir...
15:39Il y en a qui voyagent pour déstabiliser aussi,
15:40vous diront certains.
15:42Oui, je pense qu'il y en a plus
15:42qui voyagent pour se former.
15:45Philippe Camus,
15:46nous continuons jusqu'à 10h dans la vérité en face
15:48et j'aimerais vous entendre
15:49parce que je sais que vous êtes un passionné,
15:50vous l'avez dit,
15:51de technologie et de l'intelligence artificielle.
15:54Comment elle peut changer les choses demain en France,
15:57partout dans les territoires ?
15:58Parce qu'il va y avoir des implications
15:59et quand on croise des gens
16:02qui travaillent dans l'intelligence artificielle,
16:04ils nous disent,
16:05c'est vertigineux.
16:06Ce qui se profile en fait devant nous,
16:08à tous les niveaux.
16:09Nous l'évoquons dans la vérité en face
16:11sur Sud Radio jusqu'à 10h.
16:13Sud Radio,
16:14la vérité en face,
16:16Patrick Roger.
16:17Ça plane pour moi.
16:20Ça plane pour moi.
16:22Ça plane pour moi.
16:24Moi, moi, moi, moi.
16:25Bah oui, Jamel est inspiré évidemment
16:27parce qu'on parle beaucoup d'industrie aéronautique
16:30avec Philippe Camus,
16:31l'ancien grand patron de ADS et d'Airbus
16:34et qui travaille aujourd'hui,
16:36si je puis dire,
16:36à titre bénévole,
16:38sur le développement de la technologie
16:40et de l'intelligence artificielle
16:44et qui va tout changer,
16:46tout révolutionner.
16:47C'est ce que disent les spécialistes
16:48et ça effraie beaucoup.
16:50Donc, vous avez organisé un colloque
16:54il n'y a pas longtemps,
16:55une réunion à l'île-sur-la-Sorgue,
16:57dans le Vaucluse.
16:58Vous allez en faire d'autres
16:58avec votre association Objectif Science.
17:01C'est vrai que quand on parle
17:02de l'intelligence artificielle
17:03et de tout ce qui sera possible
17:06en fait avec cette IA,
17:08ces IA,
17:09on se dit que c'est vertigineux.
17:13Ça fait un petit peu peur.
17:14On se demande si beaucoup de postes,
17:15beaucoup d'emplois
17:16vont être supprimés
17:17comme au temps de la révolution
17:19industrielle par exemple
17:21et de l'arrivée de la robotique.
17:22Oui, alors effectivement,
17:23l'intelligence artificielle
17:25telle qu'on la conçoit aujourd'hui
17:26fait un petit peu peur.
17:29Mais d'une façon générale,
17:31la démarche scientifique
17:32fait un peu peur
17:34avec toutes ces nouvelles technologies.
17:38C'est vrai dans toute une série de domaines.
17:39Du progrès et on se dit jusqu'où ?
17:40Voilà, jusqu'où.
17:41Et puis on ne comprend pas très bien.
17:42Et puis l'information qu'on peut avoir
17:44parfois est polluée
17:46parce qu'on a toute une série
17:47d'informations latérales,
17:48je dirais,
17:49par des circuits d'informations
17:50aux réseaux sociaux et tout
17:51qui se racontent parfois
17:53des choses très très bien.
17:55Mais souvent,
17:55il y a de l'information
17:56totalement déformée.
17:59Donc on s'est dit effectivement
18:00qu'il fallait trouver
18:01des circuits courts
18:02en matière de diffusion
18:03d'une bonne information scientifique.
18:05D'où notre idée d'organiser
18:06à l'Île-sur-la-Sorge
18:08parce que finalement
18:09c'est une région
18:09entre Marseille,
18:11Avignon,
18:12Aix-en-Provence,
18:13Lyon qui n'est pas très loin.
18:15C'est assez bien situé.
18:17C'est une jolie ville.
18:19Et donc,
18:20on s'est dit
18:21qu'organiser
18:22avec une famille,
18:24mon épouse et
18:26un certain nombre d'amis,
18:27on s'est dit
18:27qu'organiser à l'Île-sur-la-Sorge
18:29des rencontres scientifiques
18:30qui permettraient
18:31en gros de démystifier.
18:34Et de s'adresser au grand public.
18:35Et de s'adresser au grand public,
18:37de démystifier
18:37en donnant la parole
18:39à des responsables
18:40de haut niveau,
18:41des experts du domaine,
18:43de pouvoir présenter
18:44les choses
18:44de façon simple,
18:45directe
18:46et très concrète.
18:47Voilà ce qu'ils ont fait.
18:48Très concrète quoi ?
18:48Sur les applications,
18:51les outils.
18:52Les avantages,
18:53les inconvénients,
18:53les risques,
18:54etc.
18:55Et donc,
18:55la première séance
18:56a eu lieu le 4 avril
18:57sur l'intelligence artificielle,
19:01sujet évidemment
19:02très d'actualité.
19:04On a eu une dizaine,
19:06une quinzaine
19:07de professeurs,
19:08d'experts,
19:08de chefs d'entreprise,
19:09soit locaux,
19:10soit venant de Paris,
19:12qui ont été expliqués
19:13comment ils voyaient
19:13les choses
19:14en matière d'intelligence artificielle.
19:16Et ce qui est intéressant,
19:16c'est qu'on a eu
19:17environ 350 auditeurs
19:19en public.
19:21C'était gratuit,
19:23ouvert à tout le monde.
19:24et l'ambiance générale,
19:28avant,
19:28c'était,
19:29oui,
19:29tout ça fait un petit peu peur.
19:31Est-ce qu'on ne va pas
19:32perdre notre emploi ?
19:33Est-ce que mon entreprise
19:34va pouvoir m'adapter ?
19:36Est-ce que je ne vais pas être...
19:37Ma liberté d'expression
19:39ne va pas être réduite ?
19:40Est-ce que les robots
19:41ne vont pas me remplacer ?
19:42Etc.
19:42Et après 4 heures
19:45d'explications
19:45de bon niveau,
19:47on a eu le sentiment
19:48que les gens
19:49avaient compris les choses,
19:51avaient bien compris
19:52que l'intelligence artificielle,
19:54c'est un outil formidable,
19:56mais c'est un outil
19:57au service de l'homme.
19:58Il faut le considérer
19:59comme ça.
20:00Il y a eu des démonstrations
20:01faites par un professeur,
20:02par exemple,
20:03qui venait
20:04d'un pays de Galles,
20:05un français,
20:07qui a expliqué
20:09quelles étaient
20:11les limites
20:12de l'intelligence artificielle.
20:13Il ne fallait pas craindre.
20:15Dans quel domaine ?
20:16Dans le domaine scientifique ?
20:18Dans le domaine médical ?
20:19Non, tout simplement...
20:19Parce que dans le domaine médical,
20:20ça permet quand même
20:21de sacrés progrès.
20:22En fait, aujourd'hui,
20:23vous passez une radio
20:24et derrière,
20:25comme c'est comparé
20:26avec des milliers
20:27de clichés,
20:28vous découvrez la maladie
20:29ou le problème
20:30de façon beaucoup plus rapide.
20:33Oui, en tout cas,
20:33on peut brasser beaucoup.
20:34L'intelligence artificielle
20:35brasse beaucoup de données.
20:36Oui, c'est ça qui est impressionnant.
20:37On peut brasser
20:37beaucoup plus de données
20:38et donc tout domaine
20:40où il faut pouvoir
20:41rassembler des données,
20:43les comparer,
20:44déstinguer la bonne donnée
20:46et la mauvaise.
20:47Ça, l'intelligence artificielle,
20:48les outils actuels
20:48sont formidables.
20:49Oui, ça c'est vrai.
20:50Alors, à propos de brasser,
20:51est-ce que nous,
20:52en Europe et en France,
20:53on brasse de l'air
20:54sur l'intelligence artificielle
20:55ou est-ce qu'on avance quand même ?
20:58Parce que c'est vrai
20:59que les Américains
21:00ont été très en avance
21:01avec OpenEI
21:04et d'autres
21:05qui se développent.
21:06Les Chinois
21:06vont à une vitesse phénoménale.
21:08Les Indiens sont très forts
21:09et redoutables
21:10en informatique.
21:11Et nous ?
21:12Alors, nous,
21:13je pense que le sujet,
21:14d'abord,
21:14tout le monde a compris
21:15que c'était important.
21:15Ça, c'est un point
21:16tout à fait essentiel.
21:18Il y a une volonté politique
21:20qui existe,
21:21que ce soit en France,
21:23bien entendu,
21:23mais également dans le reste de l'Europe
21:25avec des moyens
21:26mis en œuvre importants.
21:29Je pense qu'on a besoin
21:32d'investir encore plus
21:33dans la R&D.
21:36Il y a un problème
21:37de réglementation aussi
21:38qui fait que
21:39toutes les structures européennes
21:41sont un peu lourdes.
21:42Donc, tout ça,
21:43il faut simplifier.
21:45Garder des pare-feux,
21:47enfin, garder des limites,
21:49des barrières
21:50pour éviter
21:50que l'intelligence artificielle
21:52nous échappe.
21:52mais il y a un problème
21:54au niveau de simplification
21:56à faire
21:57au niveau de la réglementation européenne,
21:59ça, je crois.
21:59Pourquoi ?
21:59Pour aider les chercheurs ?
22:00Pour aider les chercheurs, oui.
22:02Et puis aussi,
22:02il faut être le dire,
22:03comme c'est en cours,
22:04les chercheurs
22:04qui viennent du monde entier,
22:06leur facilitent leur vie.
22:07Sur les chercheurs américains,
22:09notamment, c'est ça.
22:10Oui, mais il y en a
22:12qui peuvent venir d'Inde
22:13ou de Chine.
22:14Oui, oui, oui.
22:15Parce qu'ils vont,
22:15c'est vrai qu'ils vont
22:17beaucoup aux Etats-Unis.
22:18Ils vont beaucoup aux Etats-Unis,
22:19donc soyons attractifs.
22:19Ou alors, du côté aujourd'hui,
22:22de la Chine, quoi, aussi,
22:23qui est toujours attractif.
22:25Créons des zones
22:26où on peut accueillir
22:26les gens facilement,
22:28des maisons d'accueil
22:30pour les chercheurs
22:32ou pour les start-up.
22:34Tout ça, je crois que la volonté...
22:35Certains chercheurs français disent,
22:37aidons-nous aussi, quoi.
22:38Oui, voilà.
22:38Souvent, on ne nous aide pas
22:40à ces liens
22:40si on veut accueillir,
22:41mais ça va coûter très cher.
22:42Et nous-mêmes,
22:44on ne nous aide pas.
22:44Oui, alors il y a en France
22:45des pépites qui existent déjà.
22:47Par exemple,
22:48Pascal est une pépite.
22:52Par exemple,
22:53il y a vraiment déjà
22:55des entreprises
22:56qui réussissent
22:58dans les domaines
22:58de haute technologie.
22:59Il y a un domaine
23:00sur lequel je voudrais
23:01attirer votre attention,
23:02c'est aussi tout ce qui est
23:02ordinateur quantique.
23:04car le fait
23:06de brasser des données
23:07nécessite des capacités
23:09de calcul
23:10et de stockage important.
23:12On sait très bien
23:12qu'aujourd'hui,
23:14si on continue
23:14avec les mêmes technologies
23:15d'informatique,
23:17on aura un problème
23:17de ressources en énergie.
23:19L'énergie consommée
23:20par le développement
23:22sera telle
23:23que ça va
23:24produire du CO2
23:27bien largement
23:28supérieur à l'aviation
23:29pour revenir
23:30à notre premier sujet.
23:31Donc, il faut trouver
23:32des moyens
23:32de réduire
23:33cette consommation
23:34d'énergie
23:35et ça,
23:36c'est les ordinateurs
23:37quantiques
23:37qui permettront
23:38de le faire.
23:39On n'en est pas loin,
23:40il y a encore
23:40beaucoup de travaux
23:42à faire,
23:42mais là aussi,
23:43l'Europe a des champions.
23:44Oui, absolument,
23:45et c'est la clé probablement.
23:47C'est tout ce qui concerne
23:48l'énergie
23:48d'une façon générale
23:49d'ailleurs aussi.
23:51Merci Philippe Camus,
23:52ancien président exécutif
23:53d'Airbus,
23:54d'être venu ce matin
23:55au micro de Sud Radio
23:56dans La Vérité en Face
23:57pour nous parler
23:58de cette vérité
23:59de l'industrie aéronautique,
24:01de la défense européenne
24:02et de l'intelligence artificielle.
24:05Bref,
24:05c'est notre présent
24:05et ce sera aussi
24:06notre futur
24:07et des futures générations.
24:08Dans un instant,
24:09le futur est tout proche
24:10avec Valérie Expert,
24:13Gilles Ganzman,
24:14des débats et la partie médias.
24:15Sous-titrage Société Radio-Canada

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