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Comédienne, metteuse en scène, Clémentine publie le livre "Ce feu qui me brûle (Le Cherche Midi, 7 mai).

Retrouvez « L'interview de 9h20 par Léa Salamé » L'interview de 9h20 avec Léa Salamé sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20

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Transcription
00:00Et Léa, ce matin, vous recevez une comédienne.
00:03Bonjour Clémentine Sélarié.
00:05Bonjour.
00:05Je suis heureuse de vous recevoir ce matin.
00:07Merci.
00:08Si vous étiez, c'est mes questions rituelles,
00:10si vous étiez un écrivain, une chanson d'amour et un défaut,
00:13vous seriez qui ? Vous seriez quoi ? Un écrivain d'abord.
00:16Un mot passant.
00:16J'étais sûre.
00:17Obligée.
00:18C'est comme un frère, c'est comme quelqu'un qui m'apaise le soir
00:22quand j'ai des inquiétudes ou des angoisses.
00:25Je pense, surtout que j'écoute, j'enregistre des nouvelles
00:30parce que je vous conseille de lire des nouvelles de Mopassant.
00:33Il y a une telle humanité, une telle poésie.
00:37C'est comme une petite voix qui vous dit, qui vous apaise.
00:42C'est très beau, c'est la beauté aussi.
00:44Mopassant, une chanson d'amour.
00:45Une chanson d'amour, Bill Withers, Lovely Day.
00:49A lovely day.
00:51Il connaît Nicolas.
00:52Ça fait du bien.
00:53On l'a peut-être ?
00:54Est-ce qu'on l'a ?
00:55Ça fait du bien, ça.
01:01Ça fait du bien.
01:02C'est la plus belle.
01:03C'est la plus belle du monde.
01:06C'est vrai qu'elle met en joie immédiatement.
01:08Mais oui, c'est...
01:09Quand tu es là, en fait...
01:12Et on va appeler Laurence, donc, Bloch, pour aller danser au palace.
01:17Alors...
01:17Laurence Bloch, c'est votre copine, l'ancienne patronne d'Inter.
01:23Vous dansiez avec elle au palace.
01:25Ah oui, oui, puis elle était toujours là pour...
01:27Alors Laurence, on y va, tac, à minuit.
01:29Vous voyez le truc, la copine de terrain, quoi.
01:31Je veux dire, on n'attend pas trois heures.
01:33On ne l'a pas connue comme ça, du tout, du tout.
01:36Et si vous étiez aux défauts ?
01:38Alors, il y en a beaucoup.
01:41J'ai hésité entre l'impatience et la jalousie.
01:44Mais voilà, la jalousie...
01:47La jalousie, vous êtes une jalouse.
01:50Ah oui, c'est horrible.
01:51Mais c'est dans les rapports amoureux, je veux dire.
01:54Et même dans l'amitié, c'est débile, c'est affreux.
01:57Je crois qu'il faut que j'aille consulter.
01:58Parce que ça devient un peu...
02:00Ça pourrit la vie d'être jaloux, non ?
02:03Ça pourrit la vie.
02:04Je ne sais pas, c'est une forme de sentir qu'on a des rapports,
02:09quelquefois, avec certaines personnes qui sont uniques.
02:11Vous voyez ce que je veux dire ?
02:12Qui n'ont pas avec d'autres.
02:14Vous voyez le côté unique.
02:15Vous voulez être la seule, la plus, la numéro un.
02:19Non, mais c'est un truc d'exclusif, de choses.
02:24C'est beau d'avoir des rapports particuliers avec quelqu'un.
02:27Mais c'est ce qu'on ressent en fait en lisant votre livre.
02:29En lisant votre livre, ce feu qui me brûle,
02:31qui sort aux éditions du Cherche-Midi,
02:32on sent que vous êtes excessive, passionnée, entière.
02:36Il y a tout ça dans ce livre où vous racontez votre passion pour le théâtre
02:40qui vous a sauvée, mais aussi la solitude, les amours compliqués,
02:43votre combat contre le cancer.
02:46Bref, une vie, comme dirait votre ami Maupassant,
02:49que vous avez voulu incandescente et qui fut et qui est tout sauf tiède.
02:53Parce que la tièdeur, vous n'aimez pas, mais alors pas du tout.
02:57Sauf l'eau tiède, c'est bon pour le corps.
03:00Mais non, non, j'aime pas du tout la tièdeur.
03:02C'est le milieu, c'est la chose qui ne bouge pas,
03:09qui ne danse pas, qui ne remue pas, qui ne boue pas.
03:11C'est quand même chouette que les choses frémissent,
03:14qu'elles soient toujours vivantes.
03:16Et ça, c'est grâce...
03:17Pour ça, quand je parle du cancer, c'est pas pour reparler.
03:20Mais on ne parlera jamais assez du cancer,
03:22parce qu'il faut libérer la parole, il faut le renverser.
03:26C'est-à-dire qu'un cancer guéri, c'est un cadeau, un cadeau absolu.
03:30Parce que vous avez plus tout le temps le sens de la...
03:34Cette espèce de conscience de vie et de chance.
03:38Donc on vit encore plus.
03:41Oui, il y a une liberté, il y a quelque chose de...
03:44On vit encore plus, oui, exactement.
03:45Vous avez eu un cancer du côlon,
03:47puisque vous en parlez, je pense qu'il y a un pareil plus tard,
03:49mais vous en parlez dans le livre,
03:51vous avez eu un cancer du côlon il y a cinq ans.
03:53Et aujourd'hui, ça fait cinq ans.
03:56Donc on dit en rémission, mais vous n'aimez pas en rémission.
03:59Vous dites en guérison.
04:00Rémission, pour moi, ça fait permission, vous savez, de service militaire.
04:03Non, non, qui n'existe plus.
04:04Mais non, non, c'est pour moi, on est guéri.
04:07C'est-à-dire que même si le mot...
04:09Mais on ne vous dit jamais que vous êtes guéri.
04:11Ça, c'est vraiment...
04:12Oui, les médecins ne vont pas dire ça.
04:13Non, mais bon, alors que si, on a le droit.
04:15Alors qu'on se dit, psychologiquement,
04:17c'est important que vous soyez combattis.
04:21Alors, on a le droit de...
04:22Et puis, au bout de cinq ans, surtout,
04:24quand on va voir le médecin pour la visite,
04:25maintenant, moi, j'ai le droit de ne plus dire.
04:27Même pour les banques, vous savez, pour acheter des...
04:29Ah oui, pour les prêts et tout ça.
04:30Un bateau, enfin, je ne sais pas n'importe quoi.
04:32Oui, le bateau que vous avez votre dernier yacht.
04:34Vous n'avez plus besoin de le dire à la banque.
04:36Je vous racontais, Clémentine Sellerier,
04:38le choc que vous avez eu la première fois que vous êtes entrée au théâtre.
04:41Parce que ce feu-là, ce feu qui vous brûle,
04:43c'est votre feu, votre incandescence pour le théâtre.
04:47Vous avez 16 ans.
04:48Votre mère vous emmène à Lille voir les contes de la Bécasse,
04:51dit par Gérard Guilloma.
04:53Et ce fut un choc.
04:54Ce fut une détonation dans votre vie.
04:56Vraiment.
04:56Oui, parce qu'à 16 ans, on est dans une adolescence,
05:01comme ça, un moment de vie où on...
05:02Moi, je me souviens que je sentais qu'il fallait que je devienne grande.
05:06Un peu adulte, vous voyez ce truc, ce mot.
05:09Comme si être adulte, c'était quitter son enfance.
05:12Mais en fait, là, j'étais dans un espèce d'endroit,
05:15comme un trésor,
05:18où je découvrais qu'il y avait un autre monde qui était possible.
05:22C'est l'autre monde.
05:23C'est perpétuer les contes d'enfance.
05:26Et c'est garder l'enfance.
05:28Parce qu'au théâtre aujourd'hui,
05:30moi, quand je joue au théâtre aujourd'hui,
05:32les gens qui viennent, le public,
05:35ils deviennent des enfants.
05:37Les gens qui vont au théâtre, au cinéma,
05:39on est tous quand même collés à notre enfance.
05:42Mais on l'oublie.
05:44L'enfance, c'est un truc extraordinaire.
05:46Moi, j'adore me raconter.
05:48J'ai des petites filles, des petites filles,
05:50des petites filles, des grands-mères.
05:51Vous avez trois fils et deux petites filles.
05:53Et trois petits-enfants.
05:54Et j'adore leur raconter.
05:56Mais je pourrais rester des heures à raconter.
05:59Et raconter, c'est merveilleux.
06:01Voilà un truc, on est dans l'écho, le truc bio.
06:05Mais ça, c'est très bio.
06:08Le rapport, c'est qu'il n'y a rien d'autre que la voix,
06:12que l'humanité.
06:13Parce que notre humanité, elle est importante.
06:15Elle est à transmettre.
06:17C'est-à-dire que, quand on raconte quelque chose,
06:19il y a juste un livre,
06:21et puis la voix,
06:21et puis la transmission de la beauté.
06:23Il y a un miracle, en fait, il y a un miracle.
06:25Il y a un miracle, absolument.
06:25Il y a un miracle au théâtre,
06:27dont parle Florian Zeller,
06:29qui était à ce micro il y a quelques jours,
06:31il y a quelques semaines.
06:32Ah oui.
06:32Et il parle du miracle, du mystère.
06:34Quoi, oui ?
06:34Non, mais parce qu'il est génial.
06:36Ah ben, c'est le plus joué dans le monde
06:38avec Yaskina Reza, Florian Zeller.
06:39Et il parle de ce miracle,
06:41à chaque fois qu'on rentre au théâtre,
06:42et plus encore qu'au cinéma,
06:44de ce qui se passe.
06:44Il y a un mystère qui ne cesse de m'éblouir.
06:47Je ne sais pas bien comment le définir,
06:49mais c'est comme,
06:49vous savez, quand on va dans une salle de théâtre,
06:51on sait qu'on est dans une salle de théâtre.
06:53On se souvient qu'on est dans une salle noire,
06:55on ne peut pas l'oublier.
06:55Pourtant, quand on assiste, par exemple,
06:57à un drame,
06:58et qu'on voit un personnage s'effondrer devant nous,
07:00on est saisi d'une émotion réelle.
07:03Ce qui me touche, moi,
07:04c'est que l'artifice par lequel on arrive
07:06à cette vérité est plus évident.
07:08C'est-à-dire que c'est peu de choses, le théâtre.
07:09C'est un décor, une corde, une présence.
07:11Et on sait que c'est faux.
07:13Mais quelque part, le cerveau accepte
07:16d'adhérer à cette illusion-là.
07:18Et cette acceptation-là,
07:19étrange quand on y pense,
07:22je trouve qu'elle est poétique,
07:23qu'elle est enfantine,
07:24et qu'elle nous emmène sur des territoires
07:25très profonds, en réalité.
07:28Vous voyez, il parle comme vous,
07:29Clémentine Sellarée.
07:30C'est génial.
07:31Il est tellement chouette.
07:32Il est extraordinaire.
07:33Mais c'est exactement ça.
07:36C'est-à-dire que,
07:37quelquefois, je me dis,
07:37mais comment est-ce que les gens acceptent
07:41de croire en quelque chose dont ils...
07:44Ils savent que c'est faux.
07:45Mais ils y croient.
07:46C'est vrai qu'ils y croient.
07:47Vous racontez votre lien amoureux,
07:49même charnel, avec le public.
07:50Vous le tutoyez dans le livre public
07:52quand vous écrivez.
07:53Quand on se check avec mon régisseur Raphaël
07:55ou ma régisseuse Joanne
07:56pour la tournée de
07:57Je suis la maman du bourreau, par exemple,
07:59on se serre dans les bras
08:00et je leur dis, en parlant de toi, public,
08:01on leur fait l'amour
08:02et il faut qu'ils jouissent.
08:05Ça, je me disais,
08:06cette phrase, elle va...
08:08Je ne l'ai vu qu'elle.
08:11C'est sincère.
08:12C'est-à-dire faire l'amour
08:13dans le sens le plus extraordinaire
08:16du terme.
08:19C'est-à-dire aller donner le maximum.
08:22Le truc au théâtre,
08:23c'est qu'on peut donner
08:24jusqu'au bout...
08:26Il y a l'infini.
08:27Il n'y a pas de mesure.
08:28En fait, c'est ça.
08:29Moi, je n'aime pas la mesure
08:30et au théâtre,
08:32plus vous donner...
08:33Alors, il y a des gens,
08:33quelquefois, qui disent
08:34mais on n'aime pas vous voir pleurer.
08:35Je dis, mais ce n'est pas moi
08:36qui pleure quand c'est des personnages.
08:37Oui, c'est le personnage.
08:38C'est le personnage.
08:38Oui, mais quand même.
08:39Bref, mais donc...
08:41Ce feu que vous avez
08:42toujours recherché,
08:43le théâtre vous a sauvé,
08:44vous écrivez cette phrase,
08:46il faut aller dans la case adulte,
08:47je n'irai pas.
08:48Et à 16 ans,
08:48vous décidez que vous n'y serez pas adulte
08:50et vous n'y êtes toujours pas.
08:52À 60 combien ?
08:5367.
08:5467, vous n'êtes toujours pas adulte.
08:56Ce feu a un prix,
08:58c'est la solitude.
08:59Notre grand tourment
09:00dans l'existence
09:01vient de ce que nous sommes
09:02éternellement seuls
09:03et tous nos efforts,
09:04tous nos actes
09:05ne tendent qu'à fuir
09:06cette solitude.
09:06C'est encore votre ami
09:07Maupassant qui écrit ça.
09:08La solitude est une compagnonne
09:10de votre vie.
09:11Vous dites qu'il y a trois solitudes.
09:12Il y a la passagère,
09:13la merveilleuse
09:14et la mauvaise.
09:15C'est celle-là
09:16qu'il faut combattre.
09:16C'est quoi la mauvaise ?
09:17La mauvaise,
09:18c'est celle qu'on subit.
09:19C'est-à-dire que,
09:20par exemple,
09:20moi je sais que quand j'ai joué
09:21la maman du bourreau
09:23à la pépinière
09:24il y a un an,
09:25les gens ont eu du mal
09:27à venir au début.
09:28Vous vous sentez
09:28pas comprise.
09:30Les gens ont peur du spectacle
09:31parce qu'ils croient
09:36être trahis.
09:37Vous voyez ce que je veux dire ?
09:39Mais moi,
09:39ça parlait du sacré,
09:40ça parle de la foi
09:42et moi j'ai envie
09:42de parler de ça
09:43parce que je trouve
09:43que c'est très important
09:44la foi et le sacré
09:46et quelle que soit
09:48la religion, évidemment.
09:51Et donc voilà.
09:52Là, c'est la solitude.
09:54Vous savez,
09:55il n'y a pas beaucoup de monde.
09:57Il n'y a pas le monde
09:57que vous souhaiteriez
09:58qui est bon.
09:59Après,
10:00je me suis réconcilie
10:02avec le monde
10:02parce que j'étais en tournée.
10:04Là, j'ai presque fini.
10:04Je n'ai plus que trois dates
10:06et j'ai fait 80 dates
10:07et en France
10:08et en Belgique,
10:10c'était extraordinaire.
10:11C'était incroyable.
10:11C'était rempli, plein.
10:12Vous avez eu des critiques
10:13dithérambiques
10:14sur cette pièce-là
10:14qui est une pièce dure.
10:16Vous jouez la mère
10:17d'un bourreau.
10:18Une pièce
10:18où vous espériez,
10:20Clémentine Sellerier,
10:21avoir au moins
10:22une nomination.
10:23Ah oui, oui.
10:24C'est ça qui est bien
10:25avec vous,
10:25c'est que vous dites les choses.
10:26Oui, vous n'êtes pas faux cul.
10:29Et vous écrivez
10:29dans le livre,
10:30je me suis sentie
10:32ce matin,
10:34le 3 avril 2024,
10:35le jour des nominations
10:36l'année dernière
10:37pour les Molières.
10:38Les Molières,
10:38j'ai appris que je n'étais pas
10:39nominée aux Bolières
10:40pour Je suis la maman du bourreau.
10:42J'ai reçu ça
10:42comme une bombe
10:43qui a longtemps continué
10:44d'exploser dans mon ventre.
10:46Je suis absolument démunie.
10:48Je me sens abandonnée,
10:49rejetée, punie.
10:51Je pensais vraiment
10:52que mon métier
10:52qui ne m'a pas toujours reconnu
10:54ni encouragée
10:54me tendrait la main cette fois.
10:56Ça n'a pas été le cas.
10:57Non, alors c'était à l'époque.
10:58Il y a un an.
11:01Mais depuis,
11:02en fait,
11:02le truc,
11:03c'est que le public
11:04vous tend les bras.
11:05Donc après,
11:06les projets aussi
11:08de séries,
11:09vous voyez ce que je veux dire,
11:10vous tendez les bras.
11:11Depuis le cancer,
11:11je n'ai jamais autant bossé.
11:13Ce qui est dingue.
11:13Vous voyez ce que je veux dire.
11:14Il y a eu un lien
11:15comme ça de,
11:17je ne sais pas,
11:17je ne sais pas de quoi d'ailleurs,
11:18mais un truc magique.
11:19Donc en fait,
11:20ça c'était il y a un an.
11:22Mais c'est vrai
11:22que je voulais l'écrire
11:23parce que nous sommes
11:24quelquefois
11:25fragilisés
11:27et quelquefois
11:29nous sommes
11:29nous sentons seuls
11:31et abandonnés.
11:33C'est vrai que moi,
11:33les Molières,
11:34je me disais
11:35oui, tiens,
11:36parce qu'après une vie
11:37où j'avais eu ce cancer,
11:38ça avait été interrompu.
11:40Expliquez,
11:40c'est que vous avez joué
11:41une vie il y a 5 ans,
11:42une vie de mon plaçant,
11:43vous l'avez interrompu
11:44à cause du cancer,
11:46vous avez dû arrêter
11:46les représentations
11:47et vous pensiez
11:48que 5 ans après,
11:49au fond,
11:50le métier allait dire
11:51bon,
11:51elle revient
11:52après sa guérison
11:53avec un truc
11:55encore plus dur
11:55et non.
11:57Mais maintenant,
11:58en plus,
11:59Jean-Marc Dumonté
12:00qui est absolument
12:01adorable avec moi
12:02qui a toujours été
12:02très classe
12:03qui produit les Molières
12:04m'a dit
12:05voilà,
12:05venez donner un Molière
12:07avec Alex Luce
12:08que j'adore
12:08avec qui j'ai tourné
12:09aussi,
12:09qui est merveilleux.
12:10Mais bon,
12:11je voulais juste
12:12livrer une fragilité
12:14qu'on a
12:15quelquefois
12:16que moi j'ai.
12:16Mais vous vous êtes senti
12:17parfois méprisé
12:18entre guillemets
12:19par le métier ?
12:20Pas méprisé
12:20mais un peu,
12:21bon,
12:21mais vous savez,
12:22il faut du temps.
12:23C'est l'actrice populaire quoi ?
12:24Oui,
12:25mais pour moi populaire
12:26c'est chouette,
12:27enfin je ne sais pas,
12:28mais après,
12:30ça vous forge.
12:31La solitude
12:31quand elle est comme ça
12:33un peu subie,
12:34un peu machin,
12:34ça vous forge
12:35et ça c'est sûr
12:36et il faut passer le truc
12:38en fait,
12:39c'est toujours la même chose
12:39et puis ce n'est pas très grave
12:40en son...
12:41Et puis vous ne rentriez pas
12:42parfaitement
12:43dans les critères
12:45de l'actrice.
12:46ça vous avez mis du temps
12:48parce que vous parlez trop,
12:49vous êtes excessif,
12:50vous dites ce que vous pensez,
12:51vous êtes libre
12:51et donc vous êtes l'anti-actrice.
12:53Je parle trop.
12:54Non mais moi je le dis
12:57avec tendresse
12:58et vous aviez écrit
12:59dans un livre précédent
13:02cette phrase
13:02que j'adore.
13:04Une actrice ne doit pas
13:05parler sans filtre,
13:06elle ne doit pas trop parler,
13:07elle ne doit pas dire
13:08de gros mots,
13:09elle doit aussi terminer
13:10ses phrases
13:10et ne doit pas dire son âge.
13:11Une actrice a sa maquilleuse,
13:13son styliste,
13:14son coiffeur
13:15et toute une cour autour d'elle.
13:16Une actrice coûte très très cher.
13:18Plus elle coûte cher,
13:19plus on la respecte.
13:20Une actrice se fait lifter,
13:21une actrice fait la diaphane névrosée.
13:24Je ne correspond
13:24à aucun de ses critères,
13:26je ne suis donc pas
13:27une actrice.
13:29Voilà, donc...
13:31L'anti-actrice,
13:31ça j'avais l'air placé,
13:32ça c'est pas mal du tout.
13:33Merci Léa.
13:34Vous êtes l'anti-actrice,
13:35mais comme vous dites,
13:37depuis votre cancer
13:38et là depuis la soixantaine,
13:39vous avez la soixantaine,
13:40vous n'avez jamais été aussi appelée
13:41dans des séries qui marchent,
13:43dans des pièces qui marchent.
13:44Oui, comme quoi,
13:44il faut créer des trucs aussi.
13:45Je suis d'accord
13:47avec ces femmes
13:47qui se battent
13:48pour qu'on travaille,
13:49même quand on aura 80 ans,
13:51je veux dire.
13:52Justement,
13:52la dictature du reste est jeune,
13:54vous en parlez dans le livre aussi,
13:55en saluant le film
13:56de Coralie Forja,
13:57The Substance,
13:58avec Demi Moore
13:59qui a tout cartonné
14:00l'année dernière.
14:01Coralie Forja,
14:01on va l'écouter,
14:03elle était à ce micro
14:04il y a quelques mois
14:05et elle parle justement
14:06de ses canons de beauté
14:07et de s'être sentie
14:08un temps un monstre
14:09parce qu'elle ne correspondait pas à ça.
14:10J'ai vraiment puisé
14:12dans ma propre expérience
14:14pour incarner et sortir
14:17cette histoire de moi
14:19qui est quelque chose
14:19que j'ai vécu au quotidien,
14:21je pense que depuis
14:21que je suis petite fille,
14:23sur à quel point
14:24les regards,
14:25les normes,
14:26les représentations
14:27qui sont celles
14:28qui nous disent
14:29vous êtes une bonne femme
14:30si vous ressemblez à ça
14:32ou si vous vous comportez
14:33comme ça,
14:35qui est quelque chose
14:35dans lequel je ne me suis jamais
14:36sentie correspondre.
14:39m'a fait me sentir
14:41comme un monstre
14:42très souvent
14:43et m'a fait développer
14:44à plein de moments
14:45une violence face à moi-même.
14:49Le monstre,
14:51le mot,
14:51je retiens ça.
14:52En fait,
14:53c'est vrai qu'il y a
14:54une tenue,
14:55un conformisme
14:57a priori
14:57de la femme
14:59souvent,
15:00une espèce d'attitude,
15:01elle a raison,
15:02qui,
15:03moi je sais que j'ai vécu
15:04beaucoup ça,
15:05j'ai fait plein de conneries
15:06moi en tant que comédienne,
15:08plein,
15:08plein,
15:08plein de faire des...
15:10Parce que je trouve
15:10que le mour...
15:11De faire des quoi ?
15:11Quel connerie ?
15:12Par exemple,
15:12non mais ça me rappelait
15:13un jour au Victoire de la Musique,
15:15je me suis habillée,
15:16j'avais 20 kilos de plus,
15:1815,
15:19et je me suis habillée
15:20avec une robe de Barbara,
15:22mais je ne me suis pas rendue compte,
15:23c'était pas de la provoque,
15:25je n'ai jamais fait de provoque,
15:26en fait,
15:26c'est-à-dire qu'on fait des trucs
15:27quelques fois,
15:27mais on ne...
15:28c'est pas assez normé,
15:29la norme c'est quand même
15:30un truc qui est très emmerdant quoi,
15:32c'est pour ça que j'ai adoré.
15:33C'est pas en train de changer ?
15:34Comment ?
15:34C'est pas en train de changer ?
15:35Si, si, si,
15:36heureusement,
15:36quand on voit des filles rondes,
15:38j'ai vu une pub là,
15:39enfin,
15:39pour un des trucs de sous-vêtements,
15:41je me dis,
15:41waouh,
15:42enfin,
15:42si, si,
15:43et puis ça nous libère,
15:44ça fait du bien,
15:45merci les filles,
15:45et merci les jeunes femmes.
15:46Vous n'êtes plus en régime perpétuel,
15:48vous disiez,
15:48je suis en régime perpétuel ?
15:50Si,
15:50je suis un peu...
15:58Vous continuez à danser aujourd'hui ?
16:00Ah oui,
16:00vous avez vu une belle phrase
16:01que vous m'avez dite de Nietzsche.
16:03Ah oui,
16:03je vous avais dit
16:03que la phrase de Nietzsche,
16:05je ne croirais en Dieu
16:05que s'il danse,
16:06elle est belle cette phrase,
16:07elle m'a fait penser à ça,
16:08votre livre m'a fait penser à ça,
16:10je ne croirais en Dieu
16:12que s'il danse.
16:13Moi je crois,
16:14je crois en Dieu,
16:15en tout,
16:16je crois,
16:17et je pense que Dieu danse,
16:18et d'ailleurs c'est ce qu'on voit
16:19dans la lumière qu'on voit
16:21chez les êtres,
16:21c'est ça,
16:22je pense que c'est le...
16:23Les impromptus,
16:23on y va rapidement,
16:25on vous parle toujours
16:26du baiser que vous avez donné
16:27à un malade du sida
16:28lors du premier sida action
16:29en 1994.
16:30L'invité de Nicolas
16:32du débat en sortant,
16:33l'avocat là,
16:34qui était pendant le débat,
16:35il est venu vous voir
16:36dans le couloir
16:36en vous disant merci
16:37parce que mon frère
16:39était malade du sida
16:40et quand il vous a vu
16:41embrasser un malade,
16:42ça m'a bouleversée.
16:43Il vous a dit ça
16:43dans le couloir.
16:44Oui,
16:44mais tant mieux,
16:45mais je pensais
16:46que tout le monde
16:46allait s'embrasser
16:47et puis voilà,
16:49et Patrice Jagnot,
16:50il est toujours en vie,
16:52surtout,
16:52ce monsieur
16:53qui m'a embrassée aussi
16:54parce qu'on s'est embrassée
16:55et donc vive les baisers.
16:58Dakar ou Paris ?
17:00Dakar ou Paris ?
17:01Dakar ou Paris ?
17:01Dakar ?
17:02Quartier préféré à Paris ?
17:04Montmartre,
17:06c'est quand même pas mal.
17:07L'argent fait-il le bonheur ?
17:08Il aide à faire
17:11des grosses fêtes
17:12pour mes enfants hier soir
17:13par exemple,
17:14pour leur anniversaire.
17:15Vous aimez la fête,
17:16vous aimez danser
17:17et vous aimez les micro-siestes.
17:18Vous dites,
17:18c'est mon secret.
17:19C'est essentiel,
17:20les micro-siestes comme ça.
17:21Combien de temps ?
17:22Un minimum,
17:23cinq minutes même,
17:24assise maintenant.
17:25Les bénéfices de la maturité,
17:27c'est que vous arrivez
17:27à dormir assis.
17:29Il y a des gens...
17:30J'ai vu Charles Berling,
17:31je voudrais parler de ça.
17:32J'ai tourné avec lui,
17:33c'est un acteur génial.
17:34Lui, il dort debout.
17:35C'est ce que fait Nicolas Demorand.
17:38Là, il dormait.
17:40Les yeux ouverts.
17:41Ça, je ne sens pas encore arriver.
17:42La chirurgie esthétique,
17:44vous êtes pour,
17:45vous êtes contre,
17:45ne se prononce pas ?
17:46Chacun, non.
17:47Oui, chacun fait ce qu'il veut.
17:50Vous votez ?
17:51Oui, ça dépend.
17:53Et Dieu dans tout ça,
17:54vous m'avez répondu,
17:55vous y croyez.
17:56Il danse.
17:57Il danse.
17:58Ce feu qui me brûle.
18:00Autobiographie,
18:01ou chose vue,
18:02de Clémentine Sellerier.
18:03Merci d'avoir été là.
18:05Merci à vous.
18:06C'est au Cherche Midi
18:07et très belle journée.

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