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Nazis, les visages du mal S01E10 Benito Mussolini

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00:00 Benito Mussolini, un dictateur féroce dont la conquête brutale du pouvoir a servi de modèle à l'ascension de l'Allemagne nazie.
00:09 Pour Hitler, Mussolini était comme une idole.
00:14 Il a non seulement contribué à forger une alliance funeste qui a semé la mort et la destruction à travers l'Europe, mais aussi trahi son propre peuple.
00:22 Il pleuvait du sang et ils se sont mis à tirer dans tous les sens.
00:27 Comment Benito Mussolini, un extrémiste fasciste, est-il devenu un des artisans de la terreur mondiale ?
00:36 Les gens de ma génération n'arrivent pas à comprendre comment un petit groupe de nazis a déclenché une guerre qui a coûté la vie à 60 millions de personnes.
00:45 Je veux essayer de comprendre. Pour cela, je vais m'aider de ce jeu de cartes.
00:50 De nos jours, l'armée et la police s'en servent pour identifier leurs cibles.
00:55 Mais personne n'a jamais assemblé un jeu de cartes qui inclut les membres de la plus grande bande de meurtriers de l'histoire.
01:01 Accompagné d'experts, je veux comprendre où se situaient tous ces personnages dans la hiérarchie du mal.
01:07 Je m'appelle James Ellis.
01:09 Hitler est resté dans l'ombre de Mussolini pendant 11 ans. Dans quelle mesure s'est-il inspiré de son parcours pour s'emparer du pouvoir ?
01:22 Hitler aurait accédé au pouvoir avec ou sans Mussolini.
01:25 Mais Mussolini a montré ce qu'était le fascisme et comment un mouvement comme celui de Hitler pouvait prendre le pouvoir.
01:31 C'était un vrai dictateur fasciste, très brutal, et il a commis de nombreuses exactions.
01:36 Oui, c'est très important. Ce n'était pas un nazi, mais c'était un fasciste.
01:41 Guy, qu'est-ce qui pousse deux dictateurs à s'unir et à se comporter presque en amis ?
01:47 La réponse est simple. C'est de la réelle politique.
01:50 Ils avaient besoin l'un de l'autre pour construire ce qui allait devenir l'axe.
01:54 Ils voulaient ériger une sorte de rempart contre ce qu'ils considéraient comme les nations décadentes, les démocraties.
02:01 La rencontre de deux mâles dominants, même au sein d'un partenariat, génère inévitablement des conflits.
02:06 La question est de savoir qui tirait les ficelles.
02:09 Mais étant donné qu'il n'était pas nazi, comment évaluer son rôle dans cette période de l'Histoire ?
02:15 Pour ça, il faut aller en Italie.
02:17 Mon voyage commence à Predapio, le petit village du centre de l'Italie qui a vu naître Benito Mussolini.
02:29 Voici la maison où il a grandi.
02:32 Depuis sa mort, il y a plus de 70 ans, cette bâtisse est devenue une sorte de monument à sa mémoire.
02:38 Bonjour.
02:50 Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que vous faisiez le salut fasciste là-bas.
02:58 On n'est pas des fascistes.
03:02 Que pensez-vous de Mussolini ?
03:05 On en pense du bien, tout le bien possible.
03:09 Pourquoi ?
03:14 Pourquoi est-ce que vous, vous ne l'aimez pas ? Expliquez-moi ça.
03:19 Il demande pourquoi vous n'aimez pas Mussolini.
03:23 Parce que c'est un dictateur fasciste qui a entraîné ce pays dans la Seconde Guerre mondiale.
03:27 On en était obligés, dans un sens.
03:30 D'après vous, on l'a obligé à s'allier avec Hitler ?
03:33 Non, le rapport de force s'est inversé.
03:36 Ils étaient égaux et puis Hitler a dit "c'est moi qui commande".
03:39 Si tu t'y opposes, tu subiras le même sort que la Pologne.
03:43 J'ai du mal à comprendre ce qui vient de se passer.
03:48 On est devant la maison où est né Mussolini, et je viens de voir trois types faire ouvertement le salut fasciste.
03:55 Et quand je les ai interrogés sur le sujet, ils ont exprimé de l'admiration pour Mussolini.
04:02 Au lieu de le renier, la ville natale de Mussolini s'est transformée en mausolée à ciel ouvert.
04:09 Les gens voient souvent les souvenirs comme une sorte de retransmission fidèle et circonstanciée des événements passés.
04:15 Mais ce n'est pas comme ça que ça marche.
04:19 On a tendance à tronquer ces souvenirs pour les adapter à l'histoire qu'on veut raconter.
04:27 Certains ici tirent même profit de ce souvenir tronqué de Mussolini.
04:34 Vous avez des clients pour ce genre d'objet ?
04:38 Vous en avez beaucoup ?
04:40 Et ce sont plutôt des gens qui visitent la région ou des partisans de Mussolini ?
04:45 Elle ne répond pas à nos questions.
04:48 Ok, merci quand même.
04:52 J'ai pris quelques trucs.
04:55 Pour commencer, j'ai un t-shirt à l'effigie de Mussolini.
04:59 Ensuite, j'ai des pattes en forme de tête de Mussolini.
05:05 Et enfin, j'ai réussi à acheter ça, un brassard avec une croix gammée.
05:10 Il y a une petite part de moi qui comprend pourquoi un tel magasin existe,
05:14 mais c'est quand même très perturbant qu'on puisse vendre toute la panoplie nazie.
05:21 C'est une situation déconcertante.
05:24 Pour savoir comment on en est arrivé là, il faut revenir à la fin de la Première Guerre mondiale.
05:31 Bien qu'elles fassent partie les vainqueurs,
05:34 l'Italie s'estime lésée par les clauses territoriales du Traité de Versailles.
05:38 Beaucoup d'Italiens se sentent trahis et sont en colère.
05:42 Leur amertume est de se faire envoyer en France,
05:45 et leur réaction est de se faire envoyer en Italie.
05:48 Beaucoup d'Italiens se sentent trahis et sont en colère.
05:52 Leur amertume est renforcée par la crise économique,
05:55 le taux de chômage galopant et les grèves incessantes.
05:59 C'est alors qu'entre en scène Benito Mussolini.
06:02 Cet ancien combattant séduit ses premiers partisans par sa conviction
06:06 que la force brute est le seul moyen de restaurer la grandeur passée de l'Italie.
06:11 Il a déclaré que l'Italie était comme une forme de gouvernement dégénéré et voué à l'échec,
06:16 qu'il fallait remplacer par une idéologie basée sur l'action,
06:20 avec un dirigeant fort qui se charge de mettre le pays sur la bonne voie.
06:25 En mars 1919, il forme les Fasci Italiani di Combattimento,
06:30 un groupe paramilitaire qui embrasse l'idéologie fasciste.
06:35 Un fasciste, c'est quelqu'un qui croit en la suprématie de l'État
06:39 et qui s'inscrit dans le racisme largement au-dessus des droits individuels.
06:43 Le nouveau mouvement attire beaucoup d'anciens combattants au chômage.
06:47 Mussolini les organise en escouades armées, les chemises noires qu'il lâche sur Rome.
06:53 Les chemises noires se mêlent à terreur dans les rues.
06:56 Ils s'en prenaient aux propriétés et aux journaux des socialistes et d'autres opposants politiques.
07:01 Très vite, les chemises noires comptent plus de 150 000 miliciens dans leur rang.
07:07 En 1921, le roi Victor Emmanuel III dissout le Parlement
07:11 alors même que le pays s'enfonce dans la violence et le chaos.
07:15 Avec la liste de coalition des blocs nationaux antisocialistes,
07:19 les faisceaux de combat remportent 35 sièges aux élections suivantes,
07:22 ouvrant la voie à un changement de pouvoir.
07:26 En 1922, Mussolini prend la tête de la fameuse marche sur Rome
07:33 pour essayer de renverser le régime.
07:35 - C'est pas pratique, marchons plutôt sur Rome et finissons-en.
07:39 Lorsque les fascistes descendent sur Rome, le roi d'Italie,
07:42 cherchant à maintenir l'ordre et à éviter d'instaurer la loi martiale,
07:46 dissout le gouvernement et demande à Mussolini d'en former un nouveau.
07:50 Il lui permet ainsi de s'emparer du pouvoir.
07:54 - Il y a quelqu'un qui voit tout ça comme un modèle à suivre
07:58 pour conquérir à son tour le pouvoir.
08:01 C'est Adolf Hitler, bien sûr.
08:04 Hitler est profondément impressionné par l'idée que Mussolini a créé une nouvelle Rome,
08:08 qu'il a créé quelque chose de nouveau à partir d'un ordre démocratique
08:12 qu'il considère lui aussi comme dégénéré et décadent.
08:16 - Aller va t'aider, Virgilio et Augusto !
08:20 Quand Hitler se rend à Rome en mai 1938,
08:26 Mussolini lui réserve un accueil spectaculaire.
08:29 - Christian, vous m'emmenez à la gare de Rome-Austrianien.
08:33 La gare de Rome-Austrianien est un monument très important
08:37 dans l'histoire de la relation entre Mussolini et Hitler.
08:41 - D'accord.
08:43 L'historien et écrivain Christian Göschel
08:46 est un spécialiste de l'alliance entre Mussolini et Hitler.
08:49 - C'est un monument immense. - Regardez ça !
08:52 - Le bâtiment a été érigé à l'occasion de la venue du Führer en mai 1938,
08:56 lors de son unique visite officielle en Italie.
09:00 L'idée était de se livrer à une vaste démonstration de force et de pouvoir
09:04 pour montrer à Hitler et aux nazis que l'Italie fasciste
09:08 était le meilleur allié possible pour eux.
09:11 - Allons voir ça de plus près.
09:14 - Regardez au sol. - Oui.
09:17 - Cette mosaïque fait directement référence à l'Empire romain.
09:21 C'est un thème qui est revenu de façon récurrente
09:24 pendant toute la visite du chancelier allemand en mai 1938.
09:28 Et le chancelier allemand en a été profondément marqué.
09:32 L'idée que l'Italie fasciste allait devenir aussi puissante que la Rome antique
09:36 a convaincu les nazis que l'Allemagne devait absolument s'allier aux Italiens.
09:42 C'est une alliance très logique au regard des objectifs de Hitler
09:47 et de Mussolini en tant que chef d'État
09:49 et aussi pour le fascisme et le nazisme en tant que mouvement.
09:53 Mussolini avait besoin de Hitler parce que l'Italie fasciste
09:56 est devenue isolée sur le plan international.
09:59 Et pour Hitler, il n'y avait pas d'alliance militaire évidente
10:02 au sein des puissances européennes.
10:05 - Allons à l'intérieur. - Allez-y.
10:08 - Quelle impression Mussolini a-t-il fait à Hitler lors de cette visite ?
10:15 - Extrêmement favorable.
10:17 Parce que Hitler avait une admiration sans borne pour Mussolini.
10:21 C'était son idole.
10:24 Il était convaincu que Mussolini,
10:26 qui était le premier dictateur fasciste d'Europe,
10:29 avait accédé au pouvoir grâce à une stratégie en deux parties.
10:33 D'un côté, sa stratégie consistait à employer la violence
10:37 contre les adversaires politiques,
10:39 en les passant à tabac, en les torturant ou en les assassinant.
10:43 D'un autre côté, il s'efforçait de respecter
10:46 les règles de la politique parlementaire.
10:50 - Comme si Mussolini avait créé une sorte de mode d'emploi
10:53 pour s'emparer du pouvoir.
10:56 On recourt à la violence politique si nécessaire,
10:59 mais on joue aussi selon les règles.
11:02 - Les nazis se sont largement inspirés du modèle fasciste italien
11:05 pour organiser et faciliter leur propre marche vers le pouvoir.
11:10 - L'alliance entre Mussolini et Hitler
11:15 aura des conséquences catastrophiques pour le reste du monde.
11:20 Elle changera le visage de l'Italie pour toujours.
11:24 Je me suis fixé pour mission de découvrir la place de Benito Mussolini
11:31 dans la hiérarchie nazie.
11:33 Me voici à Rome pour en apprendre davantage
11:35 sur les grands projets du Duce pour l'Italie.
11:37 Je suis en compagnie de l'écrivain et historien Christian Götzschel.
11:41 Où allons-nous, Christian ?
11:43 - Nous allons visiter le palais de la civilisation italienne.
11:46 Ce bâtiment est un monument emblématique
11:49 de l'architecture fasciste italienne.
11:52 - Il est très imposant.
11:54 Quand je regarde ça, j'ai l'impression de voir
11:57 une version carrée du Colisée.
12:00 - Cet édifice a été bâti pour un grand projet de construction
12:03 d'un nouveau quartier baptisé Eur,
12:05 pour Exposition universelle de Rome.
12:07 En effet, il était prévu que l'Italie accueille l'exposition universelle.
12:11 Le but étant, une fois encore,
12:13 de démontrer la puissance de l'Italie fasciste.
12:18 - Plus on s'en approche,
12:20 et plus on est écrasé par ses proportions monumentales.
12:23 Il est conçu pour qu'on se sente insignifiant en tant qu'individu.
12:27 - Ce qui est intéressant dans l'architecture de ce bâtiment,
12:30 c'est qu'on a 9 colonnes, comme les 9 lettres de Mussolini.
12:35 Et il y a 6 niveaux, comme les 6 lettres de Benito.
12:39 - Ils ont subtilement intégré son nom dans l'édifice.
12:43 - C'est peut-être un mythe,
12:45 mais plusieurs spécialistes l'ont remarqué.
12:47 - Et que signifie l'inscription au fronton ?
12:50 - C'est une citation de Mussolini,
12:52 célébrant l'Italie comme un peuple de poètes, d'artistes et de héros.
12:56 Non seulement une grande puissance militaire,
12:58 mais aussi une grande puissance artistique, culturelle et intellectuelle.
13:03 Ce palais avait pour objectif de renforcer l'idée
13:06 que l'Italie fasciste marchait dans les pas de la Rome antique.
13:10 - Mussolini et Hitler se réclamaient tous les deux
13:15 d'une idée historique ou mythique,
13:17 une période marquée par une civilisation exceptionnelle.
13:21 Pour Hitler, c'est un passé germanique mythique
13:24 et l'idée d'une civilisation arienne supérieure à toutes les autres.
13:29 Pour Mussolini, c'est très clairement l'Empire romain.
13:34 - Mussolini se réclame de la grandeur de la Rome antique
13:39 pour nourrir un culte de la personnalité
13:41 qui rayonne à travers toute l'Italie.
13:45 - On parle de culte de la personnalité
13:48 quand un pays utilise les médias de masse,
13:50 la propagande, les manifestations et la publicité
13:53 pour conférer au chef de l'Etat une dimension omnipotente et presque divine.
13:58 - Je veux en apprendre plus sur l'obsession de Mussolini pour la Rome antique.
14:06 Où m'emmenez-vous ?
14:07 - Je vous emmène voir ce qui s'appelle désormais le Stade Olympique.
14:11 Pour cela, je fais appel à l'historien Richard Bowen.
14:15 - Ce complexe a été bâti dans les années 1930.
14:18 Là, on a un obélisque.
14:21 - Il y a encore son nom dessus.
14:23 - Oui.
14:24 - Je trouve ça très bizarre de voir son nom exposé aussi ouvertement
14:28 sur cet obélisque de nos jours à Rome.
14:32 - Oui, c'est un peu étrange, mais c'est comme ça.
14:35 Ça fait partie de l'histoire de cette ville, à tort ou à raison.
14:39 Et c'est toujours visible aujourd'hui.
14:41 - C'est quoi exactement ce site ?
14:43 Dans quel but Mussolini l'a-t-il fait construire ?
14:46 - Mussolini a choisi ce site pour bâtir un gigantesque complexe sportif
14:50 destiné à servir de vitrine à la fois à la puissance du régime
14:54 et aux grands travaux qu'ils avaient en tête pour Rome.
14:58 Ils voulaient percer des grandes artères
15:00 et mettre en oeuvre des projets d'architecture
15:03 qui rappellent d'une façon ou d'une autre la Rome antique,
15:06 tout en gardant une certaine modernité d'aspect.
15:10 - Je remarque qu'ici, on a des symboles fascistes au sol.
15:13 - Il y a beaucoup de faisceaux de licteurs,
15:16 entrelacés avec le M de Mussolini, juste là.
15:19 Il y a aussi une carte de Rome.
15:21 Ce sont autant de références à la Rome antique
15:24 que l'Italie contemporaine entend évoquer.
15:27 Et encore l'aigle fasciste, là.
15:29 Les fascistes ont exhumé beaucoup de symboles
15:31 qui dataient de la Rome antique.
15:34 Les faisceaux eux-mêmes ont été empruntés à la période romaine.
15:38 - "Fasces" signifie littéralement "fagot".
15:41 L'idée, c'est que le fascisme est une sorte de guilde
15:44 de gens oeuvrant de concert.
15:46 - Que cherchait à obtenir Mussolini
15:53 avec toute cette symbolique fasciste?
15:56 - Un sentiment d'unité accrue et l'idée d'un État-nation.
15:59 Vous savez, Mussolini a hérité d'un pays très riche
16:02 et très régional dans son organisation.
16:05 Je dirais même qu'aujourd'hui encore,
16:07 certaines parties de l'Italie restent plus régionalistes
16:10 que nationalistes.
16:12 Si bien que pour parvenir à créer cet État-nation,
16:15 il a eu recours à cette symbolique antique.
16:18 - Il a donc utilisé le lointain passé de l'Italie
16:21 comme une sorte de ciment unificateur?
16:23 - Absolument.
16:25 - Je trouve ça incroyable de penser aux milliers de spectateurs
16:28 qui viennent ici pour voir un match de foot
16:30 ou un autre événement sportif
16:32 et qui marchent sur toute cette imagerie fasciste
16:35 placée au sol par Mussolini.
16:37 Avec ce projet extraordinairement ambitieux
16:41 d'un nouvel Empire romain,
16:43 le Duce plonge bientôt son pays dans le chaos.
16:46 Ma quête pour découvrir la place de Benito Mussolini
16:58 au sein de la hiérarchie hitlérienne
17:00 m'a conduit jusqu'à la villa de Mussolini à Rome.
17:03 - On quitte le rez-de-chaussée et on descend sous la maison?
17:10 - Oui, on descend au sous-sol.
17:13 - Cet abri a été construit pour Mussolini?
17:19 Francesca Paino est une des guides de l'association Rome Souterraine.
17:25 - En fait, il s'agit d'un abri anti-aérien
17:28 qui a été aménagé en 1941.
17:31 Nous nous trouvons actuellement sous la salle de balle du bâtiment principal.
17:37 - Pourquoi a-t-il fait aménager ce bunker?
17:39 - Parce que Mussolini et sa famille vivaient ici, à la villa Torlonia.
17:43 Ils occupaient le bâtiment principal, le casino nobilé.
17:47 Cet abri souterrain doit permettre au Duce de continuer à gouverner depuis Rome
17:52 alors que la guerre éclate en Europe.
17:55 En septembre 1939, l'invasion de la Pologne par l'Allemagne
17:59 marque le début de la Seconde Guerre mondiale.
18:02 Quelques mois plus tôt, Hitler et Mussolini ont signé le Pacte d'Acier,
18:07 un accord de soutien mutuel en cas de conflit.
18:10 - C'est la guerre.
18:13 Qui est censé suivre le mouvement d'après le Pacte d'Acier?
18:16 Mussolini. Et que fait-il?
18:18 - Rien.
18:19 Hitler est furieux.
18:21 Pourtant, le Duce a ses raisons.
18:24 - Son armée est désespérément sous-équipée.
18:27 Elle manque d'effectifs, d'armes et de matériel.
18:30 Il est suffisamment réaliste et intelligent
18:32 pour savoir que même s'il entre en guerre, il ne pourra pas faire grand-chose.
18:36 Mais dans l'année qui suit, les troupes allemandes déferlent sur toute l'Europe.
18:41 Mussolini décide de reconsidérer sa position.
18:45 En mai 1940, Hitler triomphe.
18:48 Il s'est emparé des Pays-Bas et marche désormais sur la France.
18:51 Mussolini se dit "Mais moi aussi je veux une part du gâteau.
18:54 Si je m'associe à Hitler, je pourrais récupérer une partie du sud de la France
18:58 et qui sait quoi encore?"
19:00 Cependant, l'alliance avec l'Italie s'avère très vite décevante.
19:12 Les troupes de Mussolini échouent lamentablement en Afrique du Nord,
19:16 en Afrique de l'Est et en Grèce.
19:19 Les troupes allemandes doivent à maintes reprises secourir une armée italienne en déroute.
19:24 Que pouvez-vous me dire d'autre sur cet abri? Comment est-il équipé?
19:35 Tout d'abord, il y a les portes anti-gaz.
19:38 On a une première porte anti-gaz ici.
19:42 Généralement, elles allaient par deux.
19:46 Il y a une deuxième porte de l'autre côté.
19:49 Et elles s'ouvraient dans les deux sens.
19:52 C'était le meilleur moyen pour empêcher le gaz d'entrer dans la pièce.
19:56 Ensuite, on a un système de filtrage de l'air,
20:00 au cas où le gaz parviendrait quand même à rentrer dans la pièce.
20:04 Je vois qu'il y a aussi un bureau.
20:06 Oui, sans doute parce que Mussolini travaillait, quand il attendait ici,
20:10 dans l'abri anti-aérien.
20:12 D'accord, pourquoi?
20:14 Pour continuer à travailler.
20:16 S'il était en train de faire quelque chose à l'étage,
20:19 il emportait ses papiers avec lui en bas.
20:21 Et il a utilisé ce bunker?
20:24 Ce bunker a été construit en 1941
20:28 et Rome a été bombardée pour la première fois en 1943.
20:32 Il faut donc préciser qu'il ne l'a pas utilisé pendant les raids aériens,
20:37 mais plutôt en cas d'alerte,
20:40 même si ces alertes n'ont pas été suivies de bombardements.
20:45 Quand il y avait une alerte,
20:47 il devait donc descendre depuis la maison pour venir s'abriter ici,
20:51 en anticipation, au cas où des avions alliés survoleraient tout à coup Rome
20:55 pour lâcher des bombes.
20:57 L'heure qu'indique cet horloge a-t-elle une signification particulière?
21:01 Elle est réglée sur 11h13, l'heure exacte à laquelle la ville de Rome
21:05 a été bombardée pour la première fois.
21:08 Le 19 juillet 1943.
21:11 C'est une façon de commémorer cet événement
21:14 qui a été un moment très difficile pour la ville.
21:17 Une pluie de bombes alliées se déverse sur la capitale
21:21 et Mussolini peine à conserver le pouvoir.
21:24 Mussolini a beaucoup plus de difficultés que Hitler
21:28 à contrôler son propre territoire.
21:30 Pourquoi?
21:31 Parce que l'Italie a toujours été un pays morcelé.
21:34 Pendant longtemps, ce n'était même pas vraiment un pays.
21:37 Et aujourd'hui encore, il y a une différence marquée
21:40 entre le nord et le sud qui se considère presque
21:43 comme deux nations distinctes.
21:45 Maintenir l'unité du pays tout en poursuivant le combat
21:48 en Afrique et dans les Balkans
21:50 était une entreprise extrêmement difficile pour Mussolini.
21:54 A partir de 1943, les puissances de l'Axe perdent le contrôle de la guerre.
22:00 En Afrique du Nord, les victoires alliées s'enchaînent.
22:03 Les Italiens et les Allemands battent en retraite
22:06 et les Alliés s'apprêtent aussi à débarquer en Sicile.
22:09 Tout à coup, les Alliés sont sur le territoire de l'Italie et de l'Axe.
22:27 C'est un tournant décisif dans le conflit.
22:35 Alors que les Alliés approchent,
22:37 la construction du bunker de Mussolini se poursuit sous terre.
22:40 Où va-t-on maintenant ?
22:43 On va rentrer dans le bunker.
22:46 C'est un tunnel qui a été construit en 1942.
22:51 Il doit être beaucoup plus profond.
22:53 Oui. Ici, on est à environ 6 mètres sous le plancher de la maison.
22:59 6 mètres sous terre.
23:01 Oui.
23:02 Le bunker a été aménagé dans ce tunnel.
23:05 Vous remarquerez qu'il manque quelque chose.
23:08 Il n'y a plus de porte ni de système de filtrage de l'air ici.
23:13 Et ces deux pièces de part et d'autre, on ne sait pas à quoi elles servaient.
23:18 Parce que le bunker n'est pas terminé.
23:21 Il n'a jamais été achevé.
23:23 L'aménagement de l'abri du Duce s'interrompt en juillet 1943.
23:29 Car les Italiens ne voient plus qu'un seul moyen d'extraire leur pays de la guerre
23:33 et d'éviter l'escalade de la crise.
23:35 En 1943, le roi d'Italie destitue Mussolini.
23:42 La royauté a encore des freins et des contrepoids face à ses pouvoirs dictatoriaux.
23:46 Il n'en va pas de même pour l'Allemagne.
23:48 Et c'est bien sûr une des raisons pour lesquelles Hitler est resté à la tête de l'État jusqu'à sa mort.
23:53 Et donc, en 1943, alors qu'il est au pouvoir depuis environ 20 ans,
23:58 le roi lui dit "ça suffit, le peuple en a assez, du balai".
24:02 Là encore, c'est Hitler qui lui sauve la mise.
24:06 Même s'il le considère presque comme une sorte de bouffon,
24:11 Hitler ressent encore une certaine loyauté vis-à-vis de son ancien comparse fasciste.
24:16 Mussolini est emprisonné dans un hôtel en haut d'une montagne.
24:21 Les SS mettent alors au point une opération audacieuse
24:24 pour venir le chercher sur la montagne à bord d'un tout petit avion.
24:28 C'est un véritable coup de maître.
24:38 Les Allemands ont réussi à récupérer Mussolini au nez et à la barbe des Italiens.
24:43 Hitler jubile et tout le monde est stupéfait.
24:46 Mais ça ne change rien.
24:49 Il était rumouré que Mussolini était mort.
24:51 Mais ces images lui montrent qu'il est encore bien trop vivant.
24:55 Mussolini est alors installé dans le nord de l'Italie, sous domination allemande.
24:59 C'est désormais une sorte de dictateur fantoche,
25:03 un des nombreux dirigeants fascistes satellites sans véritable pouvoir personnel.
25:07 L'opération de sauvetage du Duce plonge le pays dans le chaos.
25:15 Le roi et les chefs d'état-major gagnent le sud,
25:18 laissant l'armée allemande s'emparer de Rome.
25:20 L'Italie se retrouve sous la botte nazie.
25:24 Mon périple pour découvrir la place de Benito Mussolini dans la hiérarchie du mal
25:33 m'a conduit dans cette étroite ruelle de Rome.
25:36 J'y retrouve Mino Carboni, un spécialiste de l'histoire de la résistance italienne.
25:43 En septembre 1943, Rome est soumise à la domination nazie.
25:48 L'occupation nazie a été dure, très très dure.
25:54 Il y avait un couvre-feu et on ne pouvait se procurer de nourriture qu'au marché noir.
25:58 Une motte de beurre coûtait 10 000 fois plus cher.
26:01 C'était terrible. C'était une situation effroyable.
26:04 Les nazis étaient horribles.
26:06 Beaucoup d'italiens ne tenaient pas particulièrement à voir les allemands
26:09 marcher au pas de loi dans les rues de Rome et d'Italie.
26:12 Le 23 mars 1944, les italiens ripostent.
26:16 Qu'est-ce qui s'est passé ici ?
26:20 Ils voulaient donner un coup de semonce aux romains.
26:23 Réveillez-vous ! On peut aider les alliés ! On peut se débarrasser des nazis !
26:27 Un groupe d'étudiants a alors décidé d'attaquer un régiment de 156 soldats.
26:33 Ils ont fabriqué une bombe extraordinairement puissante.
26:38 Il y avait environ 18 kilos de TNT.
26:41 Imaginez ces 156 soldats en train de marcher. Ils remontaient la rue.
26:47 Au moment où ils sont arrivés au palazzo Titani, ça a explosé.
26:52 Une déflagration absolument énorme. Les murs ont tremblé.
26:56 Ça a tremblé partout. Les premières lignes ont été complètement décimées.
27:00 C'était inimaginable. Il pleuvait du sang.
27:03 Et les hommes qui étaient derrière, qui n'avaient rien,
27:06 se sont mis à tirer dans tous les sens parce qu'ils croyaient que les bombes arrivaient d'en haut.
27:12 Personne ne comprenait. Vous voyez tous ces impacts de balles là-haut ?
27:16 Personne ne comprenait d'où venait l'explosion.
27:19 32 d'entre eux sont morts sur le coup.
27:22 Quand Hitler a appris la nouvelle, il est devenu complètement fou.
27:29 Il n'y a pas d'autre mot.
27:31 Pour chaque soldat allemand tué, le Führer a exigé qu'on exécute 50 Italiens.
27:37 C'était énorme. 50 ! 5 fois 10 ! Pour chaque Allemand, 50 Italiens.
27:42 Hitler revoit finalement ce chiffre à la baisse, pour des raisons purement pratiques.
27:47 La Gestapo locale est chargée de faire le tour des prisons de Rome
27:51 pour trouver des otages à exécuter en guise de représailles.
27:54 Le ratio est désormais fixé à 10 pour 1.
28:00 Dans les prisons, ils ramassent beaucoup d'hommes jeunes,
28:03 dont certains condamnés pour des délits mineurs, vols à l'étalage ou cambriolages.
28:07 Et ils les conduisent aux Fossardeatine.
28:10 Je me rends aux Fossardeatine, en périphérie de la ville, pour découvrir la suite de l'histoire.
28:25 Lieutenant-Colonel ?
28:27 James.
28:28 Enchanté.
28:29 Le lieutenant-colonel Francesco Sardone est le directeur de ce mémorial.
28:33 Je sais qu'il y a eu un terrible massacre ici. Que s'est-il passé exactement ?
28:39 Les otages arrivaient par groupes de 5.
28:49 Ils étaient encadrés par 5 SS, qui les amenaient jusqu'ici et les forçaient à entrer dans la grotte.
28:57 Ils les faisaient ensuite mettre à genoux,
29:00 et chaque Allemand tirait à deux reprises sur le condamné le plus proche de lui.
29:05 Une balle dans la nuque et une autre dans la figure pour l'achever.
29:10 Ils laissaient les corps sur place.
29:13 Les conditions étaient telles qu'en arrivant,
29:19 les suivants découvraient une pile de cadavres entassés les uns sur les autres.
29:24 Ils étaient obligés d'escalader le tas et de s'agenouiller sur les corps de leurs compagnons.
29:29 Ça devait être très dur psychologiquement.
29:32 Comment a-t-on découvert ce qui s'était passé ici ?
29:47 Les Allemands ne voulaient surtout pas qu'on puisse trouver ces corps.
29:51 Alors ils ont fait exploser toute la partie qu'on vient de parcourir à la dynamite.
29:57 Ils savaient qu'il serait ainsi très difficile de localiser le charnier.
30:04 Sauf qu'ils n'ont pas pensé aux nombreux bergers qui faisaient pêtre leurs troupeaux aux alentours,
30:10 ni aux moines du monastère voisin,
30:13 qui ont été alertés par tous ces cris, tous ces coups de feu et toute cette agitation.
30:21 Et en juillet 1944, quand la ville de Rome et les Américains ont commencé à chercher où avait eu lieu le massacre,
30:29 ils ont aidé l'armée américaine à retrouver l'emplacement exact.
30:34 Comment les gens ont-ils réagi ?
30:44 L'indignation a été très vive quand on a découvert l'existence d'un tel massacre et les raisons qui l'avaient motivé.
30:52 Les Italiens, et plus particulièrement les familles des victimes,
30:57 voulaient absolument que cet endroit, où avaient été tués 335 personnes,
31:03 devienne un mémorial en souvenir de ce qui s'était passé.
31:10 Les habitants de Rome le considèrent comme le symbole de leur résistance contre l'occupant et de leur désir de liberté.
31:17 La libération ne se fait pas attendre très longtemps.
31:30 En juin 1944, trois mois après le massacre, les forces alliées entrent dans la capitale italienne.
31:37 Avec les Allemands en rétreat, les guerriers de l'armée 5ème entrent Rome en triomphe.
31:42 Les libérateurs ont été accueillis avec fervure. Rome est la première grande capitale à être libérée de l'ennemi.
31:51 En avril 1945, la victoire alliée ne fait plus aucun doute. Mussolini décide de prendre la fuite.
32:00 Mussolini, accompagné de sa maîtresse, Clara Petacci, tente de gagner la Suisse pour y trouver refuge.
32:06 Mais à son arrivée dans le village de Dongo, près du lac de Combe, il est capturé par des partisans italiens.
32:12 Les choses ne se terminent pas bien pour le Duce et Clara Petacci. Ils sont tous les deux fusillés.
32:26 Son cadavre et celui de Clara Petacci sont ensuite emportés à Milan et suspendus par les pieds à une station service.
32:32 Deux jours après la mort de Mussolini, Hitler se suicide. La semaine suivante, l'Allemagne capitule.
32:46 C'est la fin de l'alliance fasciste entre l'Allemagne et l'Italie.
32:55 Mais l'histoire de Mussolini n'est pas encore terminée.
32:58 Pour être sûr de comprendre toute l'histoire du Duce, je retourne à Préda Pio, son village natal.
33:13 Voici la crypte de la famille Mussolini où est enterré Benito.
33:24 Comme tant d'autres endroits de cette ville, c'est devenu un site de pèlerinage.
33:28 Ce caveau est considéré comme un lieu saint.
33:43 [Musique]
33:53 C'est très curieux parce qu'en Italie, Mussolini fait l'objet d'un véritable culte, ce qui n'est pas du tout le cas de Hitler en Allemagne.
34:00 Comment expliquer ça ?
34:01 Je ne crois pas que ce soit parce que l'héritage de Mussolini est quoi que ce soit de bénéfique.
34:07 C'est plutôt que l'Italie n'a jamais eu besoin de faire son examen de conscience, ni de reconnaître les excès et la brutalité du fascisme comme a dû le faire l'Allemagne.
34:16 L'adhésion générale de la société allemande au nazisme et la rédition inconditionnelle qui s'en est suivie a obligé les gens à prendre leurs responsabilités pour ce qui s'était passé.
34:31 Il n'y a rien eu de tel en Italie.
34:35 Oh putain ! C'est vraiment flippant.
34:39 Mais tout le monde ici n'est pas du côté de Mussolini.
35:03 Certains se battent pour changer l'image que les Italiens ont de lui.
35:07 Il vous a décerné ce prix pour votre activité antifasciste.
35:12 Oui.
35:14 C'est le cas de Giorgio Frassinetti, le maire.
35:16 Cette petite plaque est très importante parce qu'elle représente les contradictions de Prédapio.
35:23 C'est dans cette pièce que vivait Mussolini, le chef d'un groupe de militants.
35:31 C'est dans cette pièce que vivait Mussolini, le chef du fascisme.
35:33 Et aujourd'hui, qui habite ici ?
35:36 Le maire italien de Prédapio, qui a reçu le prix de l'antifasciste de l'année en 2016.
35:43 Nous sommes contre le fascisme. Nous sommes contre le totalitarisme.
35:49 Et nous ne voulons pas que ça recommence.
35:52 Si ce message vient de l'endroit où le jeune Mussolini vivait et dormait, ça lui donne encore plus de force et de valeur.
36:01 Je remarque que vous avez l'emblème fasciste sur votre bureau.
36:04 Oui.
36:05 Ça vous dérange ?
36:06 Ça ne me fait pas peur. Je ne m'y intéresse pas vraiment.
36:11 Ça fait partie de l'histoire.
36:14 C'est quelque chose qui n'a rien à voir avec l'avenir, ça appartient au passé.
36:19 Ça représente un épisode de notre histoire particulièrement inconfortable et difficile à affronter.
36:26 Mais c'est du passé.
36:28 Cette salle est importante pour Prédapio.
36:33 C'est la salle du conseil municipal.
36:36 Comme vous le voyez, les symboles fascistes ont été grattés sur les sièges.
36:41 Cette chaise raconte deux histoires.
36:46 D'abord, celle des gens qui ont fait graver dessus les faisceaux de l'Icter, le symbole du fascisme.
36:52 Et ensuite, celle des gens qui les ont effacés.
36:54 Pourquoi est-il tellement important de comprendre ce qui s'est passé ici, dans cette ville ?
36:58 Nous ne pouvons pas permettre au totalitarisme, au fascisme, au nationalisme de revenir.
37:05 Ce voyage à travers l'Italie m'a ouvert les yeux sur l'héritage de Mussolini.
37:15 Le moment est maintenant venu de lui attribuer une place dans la hiérarchie.
37:20 Suite à mon voyage en Italie, je vois l'alliance fasciste entre Hitler et Mussolini sous un nouveau jour.
37:26 J'ai découvert avec quel enthousiasme le Duce s'est associé à Hitler pour faire la guerre et semer la destruction en Europe.
37:33 A l'aide de notre système unique de cartes, je veux maintenant déterminer quelle place occupe Benito Mussolini parmi les adjoints de Hitler.
37:41 Franchement, je ne suis pas sûr de savoir.
37:47 Je ne sais pas si je suis encore dans le même endroit, mais je pense que je suis dans le même pays.
37:51 Je ne sais pas si je suis dans le même pays, mais je pense que je suis dans le même pays.
37:55 Je ne sais pas si je suis dans le même pays, mais je pense que je suis dans le même pays.
37:59 Je ne sais pas si je suis dans le même pays, mais je pense que je suis dans le même pays.
38:04 Je ne sais pas si je suis dans le même pays, mais je pense que je suis dans le même pays.
38:08 Je ne sais pas si je suis dans le même pays, mais je pense que je suis dans le même pays.
38:12 Je ne sais pas si je suis dans le même pays, mais je pense que je suis dans le même pays.
38:16 Il y a encore des gens en Italie qui affirment que Mussolini a éradiqué la mafia dans certaines régions,
38:21 ou qu'avec lui, les trains arrivaient à l'heure.
38:24 Et ce brouillard de nostalgie a tendance à faire oublier les réalités brutales d'une dictature fasciste.
38:30 Je suis d'accord avec toi, Anthony.
38:32 Franchement, ça me perturbe beaucoup de voir qu'en Italie, on voue encore un culte à Mussolini.
38:37 Je pense que ça en dit beaucoup sur la fragmentation de la politique italienne, et même de la société en général.
38:44 On voit l'Italie comme une grande botte, mais en réalité, le Nord et le Sud sont presque deux pays distincts.
38:49 Je pense que pour beaucoup d'Italiens, Mussolini représente un moment d'union dans une histoire très troublée.
38:55 Il a attrapé le pays par la peau du cou, et il a longtemps empêché de se morceler.
39:00 J'ajouterais à ça qu'il me semble intéressant que la dépouille de Mussolini soit dans une tombe, dans une grande crypte familiale,
39:07 alors que celle d'Hitler a été brûlée sans cérémonie.
39:11 Mussolini a peut-être bénéficié en partie de sa position dans l'ombre de Hitler et de ses atrocités.
39:15 Par rapport aux choses terribles commises par Hitler, il apparaît sans doute comme un moindre mâle.
39:21 Et je me demande si Mussolini ferait l'objet d'un tel culte si Hitler n'avait pas existé.
39:26 Tu as tout à fait raison. Les adeptes du culte de Mussolini se cachent derrière les atrocités de Hitler.
39:31 Il a porté le fascisme jusqu'au sommet en Europe à l'aide d'un régime brutal et meurtrier.
39:38 Si l'on ajoute à cela son alliance avec Hitler, Mussolini se place en bonne position dans la hiérarchie du mal.
39:44 J'aimerais maintenant connaître vos conclusions sur la place de Mussolini dans la hiérarchie nazie,
39:51 si on peut dire qu'il en fait partie puisqu'il n'était pas lui-même nazi.
39:54 Guy ?
39:57 Bien sûr, il n'est pas officiellement nazi et ne devrait donc pas forcément figurer dans le jeu de cartes.
40:02 Mais bon, regardons la vérité en face.
40:06 C'est un des principaux dirigeants fascistes.
40:08 Il a commis de terribles exactions, il a assassiné ses opposants politiques, il a utilisé des gaz toxiques,
40:13 il a massacré des villages entiers pour promouvoir une idéologie raciale tordue.
40:18 Ça fait beaucoup. Je vais le mettre en cinquième position.
40:21 Anthony ?
40:23 Guy, je suis d'accord avec ton raisonnement mais pas avec ta conclusion.
40:26 Mussolini joue un rôle central dans l'histoire du fascisme.
40:29 Mais en termes d'influence sur le régime nazi, Hitler aurait accédé au pouvoir et la Shoah aurait eu lieu avec ou sans lui.
40:35 Ce n'était pas attendu pour déclencher la seconde guerre mondiale.
40:37 Pourtant, Mussolini a fourni un modèle pour la conquête fasciste du pouvoir.
40:40 Et l'alliance mondiale fasciste a eu un impact important dans l'histoire.
40:44 Je le classe en 29ème.
40:46 Matt ?
40:48 Je pense que mon tenu. S'il s'agissait de le situer dans la hiérarchie du mal en général, je le mettrais très haut.
40:52 Peut-être si haut que Guy.
40:54 Mais en ce qui concerne sa place dans la hiérarchie hitlérienne, je ne le considère pas comme une figure centrale du régime.
41:00 Je vais lui donner le numéro 30.
41:03 Voilà ce qui est intéressant. Vous êtes à peu près du même avis tous les deux.
41:06 Mais toi, Guy, tu vois les choses très différemment.
41:08 Pour ma part, je crois qu'il faut se souvenir de lui pour ce qu'il était.
41:12 Un dictateur fasciste brutal et l'un des principaux moteurs de Hitler.
41:15 Alors je vais lui donner le numéro 15.
41:17 Le valet de carreau.
41:19 Benito Mussolini apparaît à mes yeux comme quelqu'un qui a clairement servi de modèle et d'inspiration à Hitler.
41:29 Il a conclu avec lui une alliance qui a entraîné son pays dans la seconde guerre mondiale et fait souffrir le peuple italien.
41:35 Même si ce n'était pas un nazi, il mérite une place dans la hiérarchie du mal.
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