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Jeudi 7 décembre 2017

Depuis le xıxe siècle où la discipline de l’intervention sur les monuments anciens cherche à se constituer en science, quelques grandes figures émergent de la bibliographie relative à la restauration des monuments. Souvent érigées en totems, ces figures un peu vagues semblent autoriser les positions caricaturales de leurs panégérystes. Les avancées de la recherche sur l’histoire des monuments permettent d’esquisser une généalogie des idées et de la manière
dont se sont constituées les méthodes et doctrines, autour des figures d’Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), de John Ruskin (1819-1900), Camillo Boito (1836-1914) et Aloïs Riegl (1858-1905), Cesare Brandi (1906-1988) et Françoise Choay (1925). En plongeant dans l’histoire longue des monuments les mieux documentés de l’antiquité, des cathédrales ou des grands châteaux, il est possible de dégager, à chaque époque, le rapport des commanditaires et de leurs architectes à l’oeuvre d’art et au passé, donc aux prémices de la question du « restaurer ». Au xıxe siècle, du fait d’un rapport nouveau et très instrumentalisé
à l’Histoire, la question de la restauration peut être étudiée pour elle-même, en particulier à partir des publications. Les guerres du xxe siècle auraient pu la faire voler en éclat : il n’en a rien été, pas plus, étrangement, que l’évolution constante des conditions de production de la restauration n’a induit de glissement
dans de nouvelles modalités de la mise en oeuvre. Peut-on pour autant penser, à la suite de l’élaboration et de la publication des conventions internationales, qu’une manière de consensus a pu apparaître ? N’a-t-on pas plutôt assisté à un durcissement et à une polarisation de conceptions antérieures, un «local» jusqu’au-boutiste prenant le pas sur un « global » plus attentiste? Plutôt qu’aux questions de doctrine stricto sensu, ce cours public s’intéressera, à partir d’exemples très documentés, à la cuisine de la restauration, progressant de la connaissance initiale à la dynamique du projet, dans le cadre d’une commande opérée par le savoir technique du restaurateur. Dans des conditions différentes selon l’époque, chacune des figures tutélaires évoquées nous y aidera.

Patrick Ponsot, architecte en chef des Monuments historiques

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