Bertrand Chamayou joue le 5e concerto pour piano "L'Empereur" de Ludwig van Beethoven avec l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mikko Franck. Extrait du concert enregistré samedi 3 février en direct de l'Auditorium de la Maison de la Radio (Paris).
D’origine inconnue, le surnom « L’Empereur » qui désigne depuis plus d’un siècle le Cinquième Concerto de Beethoven, doit à quelque mystérieuse sympathie de s’être imposé ainsi. Inutile cependant de chercher à savoir de quel empereur il s’agit : quoiqu’on ait voulu voir dans ce concerto l’écho des campagnes contre Napoléon qui, après Wagram, allait venir bombarder et assiéger Vienne, l’allusion au vainqueur provisoire comme à son adversaire, l’empereur d’Autriche François II, semble hors de propos. Mais le fait est que la partition autographe porte des indications troublantes : Auf die Schlacht Jubelgesang (« chant d’allégresse pour la victoire »), Angriff (« à l’assaut »), Sieg (« victoire »). Ne suffirait-il pas de les interpréter en termes de stratégie musicale ?
Peut-être, cependant, le climat conflictuel que les guerres napoléoniennes faisaient régner en Europe, a pu avoir des répercussions sur ces résonateurs que sont les œuvres musicales. Que l’on songe au retentissement de la Seconde Guerre mondiale sur les mouvements d’avant-garde. Jamais comme dans cette œuvre, en effet, le piano et l’orchestre n’avaient été placés dans ce rapport de force qui deviendra le principe même du concerto romantique : seul contre tous… La solitude du virtuose face aux musiciens du rang assimilée à celle du général commandant ses troupes. Tantôt il les entraîne, les stimule par son exemple – ainsi, dès l’introduction où le piano semble haranguer l’orchestre –, tantôt il s’affronte à la résistance de leur masse, usant de la force ou de la persuasion, tantôt même il sait les élever jusqu’à lui, les mettre en avant. N’est-ce pas précisément ce qui se passe à la fin du mouvement lent où le piano se confine dans les plus humbles formules d’accompagnement tandis que les instruments reprennent la mélodie initiale ?
D’origine inconnue, le surnom « L’Empereur » qui désigne depuis plus d’un siècle le Cinquième Concerto de Beethoven, doit à quelque mystérieuse sympathie de s’être imposé ainsi. Inutile cependant de chercher à savoir de quel empereur il s’agit : quoiqu’on ait voulu voir dans ce concerto l’écho des campagnes contre Napoléon qui, après Wagram, allait venir bombarder et assiéger Vienne, l’allusion au vainqueur provisoire comme à son adversaire, l’empereur d’Autriche François II, semble hors de propos. Mais le fait est que la partition autographe porte des indications troublantes : Auf die Schlacht Jubelgesang (« chant d’allégresse pour la victoire »), Angriff (« à l’assaut »), Sieg (« victoire »). Ne suffirait-il pas de les interpréter en termes de stratégie musicale ?
Peut-être, cependant, le climat conflictuel que les guerres napoléoniennes faisaient régner en Europe, a pu avoir des répercussions sur ces résonateurs que sont les œuvres musicales. Que l’on songe au retentissement de la Seconde Guerre mondiale sur les mouvements d’avant-garde. Jamais comme dans cette œuvre, en effet, le piano et l’orchestre n’avaient été placés dans ce rapport de force qui deviendra le principe même du concerto romantique : seul contre tous… La solitude du virtuose face aux musiciens du rang assimilée à celle du général commandant ses troupes. Tantôt il les entraîne, les stimule par son exemple – ainsi, dès l’introduction où le piano semble haranguer l’orchestre –, tantôt il s’affronte à la résistance de leur masse, usant de la force ou de la persuasion, tantôt même il sait les élever jusqu’à lui, les mettre en avant. N’est-ce pas précisément ce qui se passe à la fin du mouvement lent où le piano se confine dans les plus humbles formules d’accompagnement tandis que les instruments reprennent la mélodie initiale ?
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