Le pianiste Jean-Paul Gasparian joue la Sonate pour piano n°21 en do majeur op. 53b "Waldstein" composée en 1803-1804 par Beethoven.
Lorsque Beethoven quitte Bonn en 1792, le comte Ferdinand Ernst von Waldstein, l’un de ses pro - tecteurs, formule des vœux restés célèbres : « Par une application incessante, recevez des mains de Haydn l’esprit de Mozart. » Douze ans plus tard, il reçoit la dédicace de la Sonate n° 21. Cette partition appartient à la période « héroïque » de Beethoven, dont font également partie la Symphonie n° 3 « Eroica » (composée au même moment), la Sonate pour piano n° 23 « Appas - sionata » (voir le 28 juin à 15h), l’Ouverture de Coriolan, la Symphonie n° 5, la musique de scène d’Egmont, l’opéra Fidelio. D’ailleurs, Wilhelm von Lenz (auteur de Beethoven et ses trois styles en 1852) ne l’appelait-il pas la « symphonie héroïque pour piano » ? Dès les premières mesures s’impose un esprit conquérant. Des accords percutés avec une énergie inflexible se muent plus loin en vibrants trémolos : Beethoven ne cesse d’inventer de nouvelles façons de faire sonner le piano. Dans les mouvements rapides, il déploie une puissance inédite, un éclat qui ne doit plus rien aux formules du style classique.
Mais il n’oublie pas de chanter, comme en témoignent le second thème de l’Allegro con brio, aux allures de choral (une idée initiée dans la Sonate n° 3, voir le e 28 juin à 20h), et le refrain du Ron - do. À l’écoute de la mélodie si limpide et si naturelle de l’Allegretto moderato, comment se douter qu’elle est le fruit d’un long labeur ?
Beethoven s’émancipe toujours plus des conventions. Ainsi, il écrit le second thème du premier mouvement dans la tonalité de mi majeur (et non de sol majeur, comme le voudrait la tradition) : un rapport de tierce avec le ton principal qu’il avait étrenné dans la Sonate n° 16 et qui deviendra de plus en plus fréquent. À l’élégant mais conventionnel Andante initialement composé (connu comme page isolée sous le titre d’Andante favori), il substitue un Adagio concentré, d’une saisissante intensi - té expressive. Interrogatif, ce bref mouvement s’achève sur une suspension résolue par le finale. Le refrain du Rondo ne laisse pas présager l’impétuosité de certains épisodes où tourbillonnent les arpèges, volent les rafales d’octaves et les formules de gammes, tandis que des trilles vibrionnent au centre de la texture. La fin Prestissimo (effet d’accélération de plus en plus fréquent chez Beethoven pour conclure ses sonates) se distingue par de surprenants glissandos d’octaves, un trille qui semble ne jamais devoir se terminer mais qu’interrompt la péroraison solaire et triomphante.
Lorsque Beethoven quitte Bonn en 1792, le comte Ferdinand Ernst von Waldstein, l’un de ses pro - tecteurs, formule des vœux restés célèbres : « Par une application incessante, recevez des mains de Haydn l’esprit de Mozart. » Douze ans plus tard, il reçoit la dédicace de la Sonate n° 21. Cette partition appartient à la période « héroïque » de Beethoven, dont font également partie la Symphonie n° 3 « Eroica » (composée au même moment), la Sonate pour piano n° 23 « Appas - sionata » (voir le 28 juin à 15h), l’Ouverture de Coriolan, la Symphonie n° 5, la musique de scène d’Egmont, l’opéra Fidelio. D’ailleurs, Wilhelm von Lenz (auteur de Beethoven et ses trois styles en 1852) ne l’appelait-il pas la « symphonie héroïque pour piano » ? Dès les premières mesures s’impose un esprit conquérant. Des accords percutés avec une énergie inflexible se muent plus loin en vibrants trémolos : Beethoven ne cesse d’inventer de nouvelles façons de faire sonner le piano. Dans les mouvements rapides, il déploie une puissance inédite, un éclat qui ne doit plus rien aux formules du style classique.
Mais il n’oublie pas de chanter, comme en témoignent le second thème de l’Allegro con brio, aux allures de choral (une idée initiée dans la Sonate n° 3, voir le e 28 juin à 20h), et le refrain du Ron - do. À l’écoute de la mélodie si limpide et si naturelle de l’Allegretto moderato, comment se douter qu’elle est le fruit d’un long labeur ?
Beethoven s’émancipe toujours plus des conventions. Ainsi, il écrit le second thème du premier mouvement dans la tonalité de mi majeur (et non de sol majeur, comme le voudrait la tradition) : un rapport de tierce avec le ton principal qu’il avait étrenné dans la Sonate n° 16 et qui deviendra de plus en plus fréquent. À l’élégant mais conventionnel Andante initialement composé (connu comme page isolée sous le titre d’Andante favori), il substitue un Adagio concentré, d’une saisissante intensi - té expressive. Interrogatif, ce bref mouvement s’achève sur une suspension résolue par le finale. Le refrain du Rondo ne laisse pas présager l’impétuosité de certains épisodes où tourbillonnent les arpèges, volent les rafales d’octaves et les formules de gammes, tandis que des trilles vibrionnent au centre de la texture. La fin Prestissimo (effet d’accélération de plus en plus fréquent chez Beethoven pour conclure ses sonates) se distingue par de surprenants glissandos d’octaves, un trille qui semble ne jamais devoir se terminer mais qu’interrompt la péroraison solaire et triomphante.
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