Mikko Franck dirige l'Orchestre philharmonique de Radio France dans le Cantus Arcticus composé par Einojuhani Rautavaara. Extrait du concert donné le 26 avril 2019 à la Philharmonie de Paris.
Si Cantus Arcticus n’est pas l’œuvre la plus audacieuse de Rautavaara, elle reste très séduisante et demeure aujourd’hui sa plus populaire. Fort différent des fresques d’oiseaux d’un Messiaen, Cantus Arcticus met au même niveau sonore l’orchestre et la bande magnétique dans un dialogue constant : « Le côté impressionnant et la magie de l’œuvre naissent du fait que la partie orchestrale, simple en elle-même, a été conçue comme contrepoint pour le chant des oiseaux nordiques enregistrés de telle façon que l’orchestre symphonique et les oiseaux sont dans une interaction continue entre eux. »
En 1916, Ottorino Respighi avait déjà utilisé des chants d’oiseaux enregistrés dans Les Pins du Janicule, mais de manière beaucoup plus ponctuelle et décorative.
« Pensez à l’automne et à Tchaïkovski », demande Rautavaara aux deux flûtes qui ouvrent le premier mouvement, « La tourbière » (Suo). Plus loin les clarinettes reprennent en écho une figure d’ornement des flûtes évoquant le chant des oiseaux, tandis que l’entrée du trombone en sourdine doit « essayer d’imiter le staccato de la grue entendue plus tard sur la bande ». Pour le compositeur, ici marqué par la modalité de Debussy*, « les cordes entrent finalement sur une ample mélodie qui est comme la voix intérieure d’une personne marchant en terre sauvage ». En finnois, le mot « Finlande » se dit Suomi qui signifierait « le pays des tourbières (ou des marécages). » Le titre Suo de ce premier mouvement n’est donc pas anodin, d’autant que cette partition fut dédiée au Président de la République finlandaise d’alors, Urho Kekkonen, qui félicitera le musicien dans un chaleureux courrier. « L’honneur fut surtout pour Kekkonen », écrira malicieusement le compositeur Aulis Salinen à Rautavaara…
« L’orchestre s’arrête, donnant assez de temps au public pour comprendre que les oiseaux des canaux 1 et 2 s’imitent l’un l’autre ». Ainsi les interprètes sont-ils mis en garde juste avant le court mouvement central, « Melankolia », où prédominent les cordes qui évoquent le chant de l’alouette hausse-col, mais plus lentement et une octave plus bas.
Pour le final, « La Migration des cygnes » (Joutsenet muuttavat), Rautavaara divise l’orchestre en quatre groupes « dans une synchronisation mutuelle sommaire », même si « chacun dans son groupe joue comme il est écrit ». Il précise enfin : « On a créé un grand crescendo sur la bande en multipliant avec des enregistrements superposés les voix des cygnes sauvages, ce qui donne l’impression que le nombre des cygnes augmente sans cesse jusqu’à ce qu’ils disparaissent au loin ». On peut alors songer au Cygne de Tuonela de Sibelius et à son envoûtant cor anglais ondulant sur les flots noirs du royaume des morts. Si Rautavaraa ne fait pas ici allusion au Kalevala qui avait nourri l’imagination de Sibelius, il s’inscrit dans une même tradition symphonique, digne de ses études à la Sibelius-Akatemia d’Helsinki où il était devenu professeur, et du parrainage qu’il avait reçu de son illustre aîné.
Si Cantus Arcticus n’est pas l’œuvre la plus audacieuse de Rautavaara, elle reste très séduisante et demeure aujourd’hui sa plus populaire. Fort différent des fresques d’oiseaux d’un Messiaen, Cantus Arcticus met au même niveau sonore l’orchestre et la bande magnétique dans un dialogue constant : « Le côté impressionnant et la magie de l’œuvre naissent du fait que la partie orchestrale, simple en elle-même, a été conçue comme contrepoint pour le chant des oiseaux nordiques enregistrés de telle façon que l’orchestre symphonique et les oiseaux sont dans une interaction continue entre eux. »
En 1916, Ottorino Respighi avait déjà utilisé des chants d’oiseaux enregistrés dans Les Pins du Janicule, mais de manière beaucoup plus ponctuelle et décorative.
« Pensez à l’automne et à Tchaïkovski », demande Rautavaara aux deux flûtes qui ouvrent le premier mouvement, « La tourbière » (Suo). Plus loin les clarinettes reprennent en écho une figure d’ornement des flûtes évoquant le chant des oiseaux, tandis que l’entrée du trombone en sourdine doit « essayer d’imiter le staccato de la grue entendue plus tard sur la bande ». Pour le compositeur, ici marqué par la modalité de Debussy*, « les cordes entrent finalement sur une ample mélodie qui est comme la voix intérieure d’une personne marchant en terre sauvage ». En finnois, le mot « Finlande » se dit Suomi qui signifierait « le pays des tourbières (ou des marécages). » Le titre Suo de ce premier mouvement n’est donc pas anodin, d’autant que cette partition fut dédiée au Président de la République finlandaise d’alors, Urho Kekkonen, qui félicitera le musicien dans un chaleureux courrier. « L’honneur fut surtout pour Kekkonen », écrira malicieusement le compositeur Aulis Salinen à Rautavaara…
« L’orchestre s’arrête, donnant assez de temps au public pour comprendre que les oiseaux des canaux 1 et 2 s’imitent l’un l’autre ». Ainsi les interprètes sont-ils mis en garde juste avant le court mouvement central, « Melankolia », où prédominent les cordes qui évoquent le chant de l’alouette hausse-col, mais plus lentement et une octave plus bas.
Pour le final, « La Migration des cygnes » (Joutsenet muuttavat), Rautavaara divise l’orchestre en quatre groupes « dans une synchronisation mutuelle sommaire », même si « chacun dans son groupe joue comme il est écrit ». Il précise enfin : « On a créé un grand crescendo sur la bande en multipliant avec des enregistrements superposés les voix des cygnes sauvages, ce qui donne l’impression que le nombre des cygnes augmente sans cesse jusqu’à ce qu’ils disparaissent au loin ». On peut alors songer au Cygne de Tuonela de Sibelius et à son envoûtant cor anglais ondulant sur les flots noirs du royaume des morts. Si Rautavaraa ne fait pas ici allusion au Kalevala qui avait nourri l’imagination de Sibelius, il s’inscrit dans une même tradition symphonique, digne de ses études à la Sibelius-Akatemia d’Helsinki où il était devenu professeur, et du parrainage qu’il avait reçu de son illustre aîné.
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