• il y a 5 ans
Sous la direction d'Emmanuel Krivine, l'Orchestre national de France joue Siegfried-Idyll, de Richard Wagner. Extrait du concert donné le 23 mai 2019 à la Maison de la radio.
Tristan et Isolde, drame de l’amour et de la mort, était indissolublement lié à la passion unissant Wagner et Mathilde Wesendonck. Siegfried-Idyll, « hommage symphonique d’anniversaire » composé en secret, présente un caractère tout différent : c’est un cadeau musical que Wagner a offert à sa seconde épouse, Cosima, le 25 décembre 1870, pour son trente-troisième anniversaire. Wagner avait rencontré en 1857 la fille de Liszt qui, dans sa vingtième année, venait de célébrer ses noces avec le chef Hans von Bülow. Ce n’est qu’en 1864 que débute leur liaison. Cosima se sépare de Bülow en 1867 et devient l’épouse de Wagner le 25 août 1870, alors qu’elle lui a déjà donné trois enfants, Isolde (1865), Eva (1867) et Siegfried (1869). Entrelaçant les fils de son existence et de la création musicale, Wagner compose une pièce intimiste pour célébrer l’anniversaire de la mère du petit « Fidi » (le surnom affectueux de son fils) le jour de Noël. Cette idylle est inspirée en partie par un quatuor en mi majeur, commencé en 1864 et rapidement abandonné, qui a fourni la tonalité principale de l’œuvre. Wagner reprend aussi une berceuse écrite en 1868, « Dors, petit enfant, dors », qu’il confie au hautbois. Mais Siegfried-Idyll fait surtout écho au troisième acte de Siegfried, que le compositeur a repris et achevé en 1869 après avoir interrompu son travail sur L’Anneau du Nibelung en 1857. On reconnaît plusieurs motifs qui apparaissent à la fin du drame : le Sommeil de Brunnhilde, le chant de l’Oiseau, le thème de Siegfried, la Paix du monde. Parmi tous ces motifs, c’est celui de Siegfried qui, symboliquement, prend peu à peu de l’ampleur jusqu’à la conclusion de l’œuvre.

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