Stéphane Degout interprète, avec l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Barbara Hannigan, Dauphin, extrait du Bestiaire ou le Cortège d'Orphée, composé par Francis Poulenc.
Les Biches se sont depuis longtemps cachées dans les bois quand, le 8 août 1942, un nouveau ballet animalier enchante le public de l’Opéra Garnier, sur un argument inspiré par les vers de La Fontaine et la peinture de Le Nain. La France est alors plongée dans l’obscurité de l’Occupation, et un « Lion amoureux » reprend discrètement un fragment de chanson : « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine et malgré vous nous resterons français… » Faut-il alors penser que les animaux du Bestiaire de Poulenc, des années plus tôt, jouaient déjà le rôle de ces Animaux modèles ? « Les animaux dans ce ballet ne jouant qu’un rôle symbolique, rien dans leurs costumes ne devra rappeler de près ou de loin les animaux qu’ils ont pour modèles », indiquait Poulenc en préface du ballet. L’homme est convié sur scène, amoureux « passionnément animé » mais trop vulgaire, jouant le mauvais garçon, prêt à se lancer dans un combat de coqs aussi virtuose que grotesque, comme si la réalité s’était invitée dans la cour d’une ferme bourguignonne du XVIIe siècle.
De Poulenc, souvenons-nous alors du Bestiaire ou Cortège d’Orphée ; un cycle de mélodies aux invités insolites, dromadaire et chèvre du Tibet, carpe silencieuse et stridulante sauterelle, partition réjouissante chantée à la sortie de la Guerre par Suzanne Peignot, surnommée « la Reine des mouettes ». Ravel a découvert Renard illustré par Bonnard, Poulenc lit Apollinaire illustré par Dufy. Et lui non plus ne cherche pas vraiment à faire rire : « Ce qui m’a toujours frappé, chez lui [Apollinaire], c’est la mélancolie de son sourire. C’est pourquoi ma musique sur sa poésie, même dans la gaieté, conserve toujours un attendrissement mélancolique. » Du bestiaire, il pénètre alors les mystères aquatiques, l’errance modale et l’avancée à reculons – en ligne descendante – de l’écrevisse, la grâce du dauphin, le temps qui s’arrête pour une carpe tournant en rond sur un bref ostinato.
Les Biches se sont depuis longtemps cachées dans les bois quand, le 8 août 1942, un nouveau ballet animalier enchante le public de l’Opéra Garnier, sur un argument inspiré par les vers de La Fontaine et la peinture de Le Nain. La France est alors plongée dans l’obscurité de l’Occupation, et un « Lion amoureux » reprend discrètement un fragment de chanson : « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine et malgré vous nous resterons français… » Faut-il alors penser que les animaux du Bestiaire de Poulenc, des années plus tôt, jouaient déjà le rôle de ces Animaux modèles ? « Les animaux dans ce ballet ne jouant qu’un rôle symbolique, rien dans leurs costumes ne devra rappeler de près ou de loin les animaux qu’ils ont pour modèles », indiquait Poulenc en préface du ballet. L’homme est convié sur scène, amoureux « passionnément animé » mais trop vulgaire, jouant le mauvais garçon, prêt à se lancer dans un combat de coqs aussi virtuose que grotesque, comme si la réalité s’était invitée dans la cour d’une ferme bourguignonne du XVIIe siècle.
De Poulenc, souvenons-nous alors du Bestiaire ou Cortège d’Orphée ; un cycle de mélodies aux invités insolites, dromadaire et chèvre du Tibet, carpe silencieuse et stridulante sauterelle, partition réjouissante chantée à la sortie de la Guerre par Suzanne Peignot, surnommée « la Reine des mouettes ». Ravel a découvert Renard illustré par Bonnard, Poulenc lit Apollinaire illustré par Dufy. Et lui non plus ne cherche pas vraiment à faire rire : « Ce qui m’a toujours frappé, chez lui [Apollinaire], c’est la mélancolie de son sourire. C’est pourquoi ma musique sur sa poésie, même dans la gaieté, conserve toujours un attendrissement mélancolique. » Du bestiaire, il pénètre alors les mystères aquatiques, l’errance modale et l’avancée à reculons – en ligne descendante – de l’écrevisse, la grâce du dauphin, le temps qui s’arrête pour une carpe tournant en rond sur un bref ostinato.
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