Sara Giraudeau : "Le théâtre, c'est un peu l'état adulte de l'acteur"

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Beaucoup l’ont découverte espionne, dans la série “Le Bureau des Légendes”. Mais Sara Giraudeau revient là où elle a commencé, c’est-à-dire au théâtre, comme interprète et co-metteuse en scène avec Renaud Meyer, dans "Le syndrome de l’oiseau". C'est au théâtre du Rond Point, jusqu'au 12 février.
Totémic du 27/01/2023
Transcript
00:00 * Extrait de "La Porte du Monde" de Sarah Giraudot *
00:03 Sarah Giraudot au micro et en coulisses avant d'entrer dans le studio, bonjour !
00:07 Bonjour !
00:08 Quel est votre dernier geste juste avant d'entrer sur scène Sarah Giraudot ?
00:13 Mon dernier geste juste avant d'entrer sur scène, alors c'est jamais le même, c'est corporellement.
00:17 Je me désarticule de partout pour être sûre que tous mes membres soient fluides.
00:24 Alors là on va se contracter pour pousser la très lourde porte du studio.
00:30 Allez c'est parti !
00:32 Bonjour !
00:36 * Applaudissements *
00:45 Ça fait près de 20 ans que vous exercez le métier de comédienne Sarah Giraudot au théâtre d'abord,
00:51 qui vous a tout de suite accepté pour jouer Shakespeare ou Anouilh au cinéma ensuite
00:56 et plus encore après cette série créée par Éric Rochon, "Le Bureau des Légendes"
01:00 avec votre rôle de Marina l'oiseau.
01:03 Aujourd'hui vous revenez à la maison d'une certaine façon, au théâtre donc,
01:07 et vous prenez les rênes.
01:08 Ça s'appelle mettre en scène.
01:10 Vous jouez et commettez en scène le syndrome de l'oiseau.
01:13 Curieux quand même que cette figure de l'oiseau vous poursuive depuis vos débuts.
01:17 Sur une scène ou sur un plateau, vous avez été espionne, amnésique, amante, Jeanne d'Arc, mère, petite fille
01:25 et pour les semaines qui viennent, vous vous prénommez Eve.
01:29 Bonjour, bienvenue, c'est Totemic en public !
01:33 On va commencer en musique avec une chanson que vous aimez et qui vous raconte peut-être Sarah Giraudot.
01:44 Vous avez choisi de nous faire écouter la voix de Barbara et un texte en particulier, c'est "Mon enfance".
01:50 J'ai eu tort, je suis revenue dans cette ville au loin perdue, j'avais passé mon enfance.
01:55 J'ai eu tort, j'ai voulu revoir le coteau glisser le soir, bleu et gris, ombre de silence.
02:00 Et j'ai retrouvé comme avant, longtemps après, le coteau là où je me restais.
02:05 Qu'est-ce que vous dites ?
02:07 L'enfance !
02:09 Je me rends compte que j'ai fait toute l'émission là-dessus.
02:11 Absolument, l'enfance. Et pourquoi alors ?
02:18 Parce que je pense que je suis très attachée, et je suis très attachée quand je rencontre les gens aussi.
02:24 J'essaie de toujours voir l'enfant qui a eu en eux aussi.
02:29 Je ne le cherche pas forcément, il y en a qui ressortent très clairement,
02:33 puis d'autres où on a l'impression qu'ils sont très très loin.
02:37 Et je trouve ça toujours fascinant, l'enfant qu'on garde en nous jusqu'au bout.
02:42 Vous le chérissez, l'enfant que vous êtes, que vous avez été ?
02:45 Oui, je le chéris beaucoup parce que je trouve que dans l'enfance, on a aussi une grande solitude.
02:52 Et c'est là aussi où on construit vraiment notre être.
02:56 Et je trouve qu'après, on garde des traces toute notre vie de cette enfance.
03:01 Alors, quelles traces vous avez gardées ?
03:03 Ou quelles sensations ou quelles images vous avez gardées de votre enfance ?
03:06 Eh bien, j'ai une sensation très chaleureuse et en même temps, beaucoup de peur.
03:14 Beaucoup de peur par rapport au monde extérieur.
03:17 Je pense que l'enfant, il se protège énormément du monde extérieur.
03:21 Donc, c'est là où on construit aussi notre jardin secret.
03:24 Et il est très très précieux ce jardin secret.
03:27 Donc, j'ai un souvenir aussi de...
03:29 Quand je dis solitude, ce n'est pas foncièrement négatif,
03:32 mais c'est plus cette construction d'un jardin secret pour vivre avec le monde extérieur.
03:38 Et votre enfance, elle est présente dans votre voix ?
03:41 Eh oui.
03:42 Est-ce que ça, c'est l'inconscient qui fait que je veux garder mon enfance à tout prix ?
03:46 Je ne sais plus. Il y a une prof de chant qui m'avait dit ça.
03:49 Mais c'est vrai que peut-être que dans la voix, inconsciemment, je ne veux pas trop quitter mon enfance.
03:56 Vous avez pris des cours de chant ?
03:58 J'ai pris une période de cours de chant parce que je jouais au théâtre.
04:02 Et une prof de chant de la comédie française était venue me voir.
04:06 Et c'était très mignon. En sortant, elle m'a dit "Génial ! Mais alors là, par contre, la voix, il faut travailler ça."
04:12 Et je lui ai fait confiance. J'ai été prendre quelques cours avec elle.
04:15 Et on a parlé. Elle m'a fait beaucoup travailler sur cette voix très enfantine,
04:20 mais qui était reliée aussi à une timidité, à un manque de confiance, à un manque d'affirmation.
04:25 Et c'est vrai qu'au théâtre, du coup, je me la cassais souvent la voix.
04:29 Parce qu'on m'entendait, mais il faut nous entendre très loin.
04:33 Et donc je forçais plus dessus que de vraiment trouver le bon souffle pour la faire exister.
04:39 Donc elle m'a aidée à respirer autrement et à m'affirmer autrement.
04:44 Dans quelle mesure cette voix qui a détonné tout de suite, dans quelle mesure elle est devenue une force aujourd'hui ?
04:50 Eh bien, ça a commencé déjà avec mon prof de théâtre Jean Périmoni, qui était un homme merveilleux,
04:55 qui essayait de nous faire prendre conscience de notre corps et que ce qu'on considérait comme un complexe,
05:02 on allait très vite comprendre qu'il fallait le transformer en qualité et s'en servir.
05:07 Et c'est vrai que ce qu'on pensait être des défauts chez nous...
05:11 Parce que vous pensiez que c'était un défaut ?
05:13 J'avais du mal à l'accepter, oui, parce que souvent il y avait soit des moqueries,
05:16 soit tout d'un coup quand c'est une particularité physique un peu particulière,
05:20 c'est une particularité physique, on vous y ramène souvent.
05:24 Et c'est vrai que soit on vous imite avec la petite voix,
05:27 soit on vous détermine comme quelqu'un de fragile, puisque c'est une apparence extérieure.
05:34 Donc il y avait quelque chose qui était vite complexant, surtout quand on veut faire du théâtre,
05:41 on trouve justement une voix qui porte à quelque chose d'emblée de plus impressionnant et de plus vivant.
05:48 Et il m'a aidée à la faire vivre comme il faut, j'espère.
05:53 Alors il y a la voix, mais est-ce que par ailleurs vous avez aussi lutté contre cette fragilité apparente au départ ?
06:00 Je n'ai pas essayé de lutter, par contre on m'y ramenait tout le temps.
06:05 Et c'est vrai qu'au théâtre, c'est ça qui est merveilleux aussi,
06:08 c'est qu'il y a quelque chose qui se fait dans le rapport avec les metteurs en scène ou dans le rapport avec la scène,
06:14 qui fait que cette fragilité s'en va.
06:16 C'est vite une apparence, mais après, dans les rôles comme Shakespeare ou Jean Hanoui,
06:21 c'est des rôles vraiment de femmes, de femmes fortes.
06:25 Et donc je pouvais mêler cette force et cette fragilité,
06:29 et ça faisait un duo assez intéressant à développer.
06:34 À l'image, c'est différent, parce que l'image, c'est ce que vous dégagez au départ.
06:39 Et donc je dégageais beaucoup de fragilité pour les autres,
06:43 et donc j'avais du mal à exprimer ma personnalité à l'image au départ.
06:48 C'est donc au théâtre que vous avez pris vos appuis de comédienne ?
06:51 Complètement, je pense que c'est vrai que le théâtre, c'est un peu l'état adulte de l'acteur,
06:58 parce qu'on est maître de tout, on répète,
07:02 et puis après, pendant deux heures, on est sur scène,
07:04 et on n'a pas d'action, on n'a pas de coupé, on est maître.
07:09 Et vous aimez répéter ?
07:11 J'aime beaucoup, mais ce n'est pas forcément une période facile,
07:15 parce que c'est une période de recherche,
07:17 donc c'est là où tous les doutes se mettent en naisse,
07:21 et puis perdurent, et puis il y en a certains qui s'en vont,
07:25 et après c'est devant le public que les doutes peuvent bouger,
07:29 mais au moins on souffle un peu.
07:33 Alors là, vous êtes sur scène avec le syndrome de l'oiseau,
07:36 qui, on pourrait le dire, corrigez-moi si je me trompe,
07:39 est inspiré de l'histoire de Natacha Kampusch,
07:42 c'est-à-dire que c'est l'histoire d'une séquestration.
07:44 Une jeune fille qui a été enlevée par un homme,
07:47 et séquestrée et violentée pendant 18 ans,
07:50 et on assiste à la dernière heure de sa séquestration.
07:54 Qu'est-ce qui vous a attirée dans ce texte ?
08:00 - Eh bien, je me suis dit ça pendant longtemps,
08:03 exactement comme vous m'avez posé la question.
08:06 Je me l'ai posé en moi-même en me disant
08:08 "Mais qu'est-ce que tu as fait ? Pourquoi tu t'accroches à ce texte ?"
08:12 Parce que dès qu'on me l'a fait lire, le thème m'a épouvantée,
08:17 et au départ j'ai dit "Non, je ne vais pas aller jouer ça tous les soirs,
08:21 je ne suis pas attirée vers l'horreur, le glauque,
08:24 ce n'est pas quelque chose qui me fait rêver,
08:27 qui m'attire en tout cas dans l'art pour pouvoir un peu exprimer des émotions."
08:33 Et après avoir lu le texte, j'ai pensé tout le contraire,
08:37 parce qu'il était extrêmement bien écrit,
08:40 et puis il y avait une montée dramatique,
08:43 c'est-à-dire que la manière dont le texte était écrit en façon thriller
08:47 donnait quelque chose d'incroyable,
08:49 parce qu'au théâtre, rares sont les montées dramatiques comme ça,
08:52 c'est-à-dire que là c'est la dernière heure,
08:54 donc se déroule sous nos yeux la libération sous une certaine forme,
09:00 mais en tout cas ça c'était extrêmement intéressant,
09:03 et dans ce rapport, dans cette situation horrible,
09:08 il y avait énormément de poésie et d'humour aussi je trouve,
09:13 parce que dans l'horreur parfois il y a un pathétique
09:15 où la normalité de ces deux personnes, qui est totalement anormale pour nous...
09:20 - D'ailleurs la salerie à certains moments.
09:22 - Oui, la salarie à certains moments, et ça me fait plaisir aussi,
09:26 parce que ça veut dire qu'ils sont vraiment dedans, j'espère,
09:29 mais il y avait plein de belles choses à raconter,
09:34 et après je pense qu'aussi l'inconscient fait son affaire,
09:38 ça m'a beaucoup attirée parce qu'il y a aussi cet enfant à qui on a coupé les ailes,
09:43 et quelles sont les armes qu'il développe pour survivre,
09:48 et ça, ça m'a beaucoup intéressée.
09:50 - Mais c'est le thème de l'enfermement, qu'est-ce qui vous intéresse dans ce thème-là ?
09:54 Parce que c'est une jeune fille qui n'a même pas de fenêtre,
10:00 enfin c'est des barreaux...
10:02 - Elle a une petite fenêtre avec des barreaux, mais sinon...
10:04 Oui, en fait le thème de l'enfermement est peut-être quelque chose qui est très inconscient aussi,
10:11 je sais pas...
10:13 - Ça avait quel écho chez vous, vous savez ?
10:15 - Peut-être que ça a écho avec l'école...
10:19 C'est bizarre, mais j'ai eu une phobie scolaire pendant des années...
10:23 - Je sais pas si dans le public il y a des membres de l'éducation aussi...
10:26 - Non, non, mais j'ai appris très très tard que j'avais eu une phobie scolaire,
10:30 et c'est vrai qu'à l'école j'ai ressenti beaucoup de sensations d'emprisonnement
10:38 et d'enfermement physiquement et intérieurement aussi.
10:42 J'avais vraiment énormément de mal à vivre dans cet univers sans me sentir oppressée.
10:49 Et donc peut-être que, bon, ça n'a peut-être rien à voir,
10:52 mais c'est des sensations extrêmement fortes qui peut-être reviennent dessous comme ça.
10:59 - Alors si je puis me permettre, cette idée de l'enfermement aussi,
11:03 je me disais que c'était aussi un écho avec l'histoire de votre mère, Annie Dupéret,
11:10 qui a écrit l'un de ses livres dédié à son histoire d'orpheline,
11:17 de parents qui ont été asphyxiés quand elle avait 8 ans et qu'elle découvre
11:21 qu'elle et sa soeur y ont échappé. Vous avez aussi pensé à ça ou pas ?
11:26 - Beaucoup. Beaucoup parce qu'au départ justement je m'étais dit
11:29 pourquoi tu vas vers cette pièce ? Parce que même si elle est bien écrite,
11:32 même si elle est poétique, il y a quelque chose qui me relie à cette pièce
11:36 de manière assez anormale. Et j'avais vraiment un besoin de la jouer,
11:40 un besoin de la mettre en scène aussi. Et c'est au bout de quelques temps
11:45 où je me suis rendue compte aussi que je pense que ce qu'on trimballe,
11:49 quand je dis "trimballe", mais de génération en génération,
11:52 les gros traumatismes que peuvent vivre même des générations avant nous,
11:59 comment les générations après les récupèrent. Et c'est vrai que cette asphyxie
12:03 de mes deux grands-parents quand ma mère avait 8 ans et qu'elle a retrouvé
12:06 ses parents morts, cette image de l'oiseau à qui on coupe les ailes
12:13 et qui va quand même survivre, ça fait certainement écho.
12:19 Peut-être que c'est une histoire qui me hante parce que c'est la mienne
12:22 et que par la fiction ou par l'art, j'essaie de l'aborder comme je peux.
12:27 Alors là, vous jouez et vous êtes metteuse en scène.
12:30 Ça veut dire tout contrôler. Ça vous a plu ?
12:34 Ça m'a beaucoup plu. Ça m'a beaucoup plu de pouvoir dessiner tout le tableau,
12:40 peindre tout le tableau. Parce que c'est vrai que quand on est comédien,
12:45 les frustrations qu'on peut avoir, c'est qu'on apporte notre couleur,
12:49 mais ce n'est pas nous qui sommes le peintre.
12:53 Et c'est vrai qu'à un moment donné, on ne sait pas si ce rouge va être associé
12:57 avec quelle autre couleur, comment. Et là, comme les deux rôles,
13:03 c'est-à-dire le rôle de Franck et le rôle d'Eve, sont vraiment un duo
13:06 qui construisent la pièce. J'avais besoin que l'univers soit choisi par moi.
13:16 Alors vous parliez de couleur et de peinture.
13:18 C'est comme ça que vous voyez le métier de metteuse en scène ?
13:21 Eh bien, je le vois comme quand je parle des couleurs,
13:24 c'est un peu l'image de toutes les émotions qu'on aura envie de mettre
13:29 et qu'en fonction de comment on les articule ensemble,
13:31 comment on les associe, les émotions bougent. Dans cette pièce-là,
13:37 j'aurais pu me concentrer beaucoup plus sur l'horreur,
13:41 sur le réalisme de l'horreur et rester dans quelque chose de très...
13:44 Et moi, j'ai voulu avec Renaud Omeyer, d'ailleurs mon comédeur en scène,
13:47 on a voulu plus le rapprocher du conte parce qu'il y a énormément de poésie.
13:52 Cette enfance chez elle est encore très présente.
13:55 Elle s'est beaucoup raccrochée à son enfance pour aussi survivre.
13:58 Elle est devenue aussi maman, donc il y a de la maternité.
14:01 Et puis, il y a une idée dans l'horreur...
14:04 Les contes pour enfants sont souvent horribles.
14:10 Donc, il y avait quelque chose pour que la poésie soit présente,
14:14 il fallait mettre aussi de l'imaginaire.
14:17 Et c'était un dur chemin, un dur travail pour rester toujours
14:23 à mi-chemin entre le réalisme et l'imaginaire.
14:26 Le réalisme pour que ce soit crédible et pour qu'on s'attache aussi
14:29 à ces personnages et à cette situation, qu'on y croit.
14:32 Et en même temps, ils mettent de l'imaginaire pour pouvoir s'évader.
14:37 - Il est question de rêve, d'ailleurs, à un moment de la pièce,
14:41 dans l'une de vos répliques. - Oui.
14:43 - Est-ce que vous, vous rêvez, vous pouvez rêver du rôle,
14:45 vous pouvez rêver des décors ?
14:47 Est-ce que ça va jusque dans vos nuits, Sarah Giraudoux ?
14:49 - Oui. Oui, parce que je suis très visuelle.
14:53 Quand je dis que je suis très visuelle, c'est-à-dire quand je lis un texte,
14:57 même un film, j'ai des images tout de suite qui m'arrivent dans la tête.
15:03 Alors après, je pense que ça dépend des comédiens,
15:05 mais c'est dans ce sens-là aussi où réaliser et mettre en scène
15:08 est quelque chose que j'aime énormément parce que j'ai des visions
15:13 très claires, souvent, quand je lis des textes.
15:17 - Alors, avoir des visions, c'est une chose,
15:20 mais après, il faut les transmettre quand on est metteur en scène.
15:23 - Oui. - Et ça, c'est pas forcément de la tarte,
15:25 si je puis dire. - Non, c'est difficile,
15:27 mais c'est très agréable. C'est très agréable de savoir
15:30 comment transmettre en mots ce qu'on a dans la tête.
15:34 La musique et le son, je pense que c'est le plus compliqué à retranscrire.
15:40 Pour les décors, par exemple, c'était moins compliqué et assez agréable
15:45 parce que là, on parle vraiment d'une situation,
15:47 les choses sont plus concrètes. En musique et en son,
15:53 les choses seront toujours impalpables. On parlera toujours de sensations,
15:58 donc on pourra donner des influences, mais pareil, le créateur son,
16:03 en face, il aura aussi ses sensations musicales,
16:06 et les sensations musicales sont toujours très personnelles.
16:09 Donc c'est là où ça a été un long chemin avec Bernard Valéry
16:12 et qui a été aussi très agréable, mais j'ai remarqué que c'est plus long
16:16 en musique. - Alors vous avez dit quoi pour l'univers sonore ?
16:19 Vous avez utilisé quel mot ? Que le public et les gens qui écoutent
16:24 se fassent un film en vous écoutant et le son dans l'oreille ?
16:28 - Alors là, c'est difficile. J'avais envie qu'on se voit accompagnés
16:34 au son un peu tout du long. J'aime beaucoup les sons qu'on entend
16:37 sans entendre, c'est-à-dire qu'on accompagne une émotion,
16:40 mais sans qu'elle soit paraphrasée ou sans qu'elle soit appuyée.
16:45 C'est juste pour guider. J'ai essayé que le son guide l'émotion,
16:50 mais en mettant aussi des moments assez poétiques en rentrant
16:58 dans l'imaginaire de Ève. Et ça, je l'ai beaucoup fait en entrant
17:02 dans la pièce et en sortant de la pièce, parce qu'on entre avec Ève
17:07 et on ressort avec elle, ou du moins on essaie un petit peu
17:10 d'être dans sa tête. Et c'est là où on a été dans quelque chose
17:19 de plus musical et de plus... je ne sais pas comment expliquer.
17:25 Dès qu'on parle de son, c'est compliqué. C'est pour ça que j'aime bien
17:30 donner certaines influences à Bernard Valéry. Je lui avais fait écouter
17:34 des nappes, parce qu'il y a des nappes qui sont très angoissantes,
17:39 d'autres qui ont quelque chose de plus mélancolique.
17:42 Mais là, dans le drame, je voulais y mettre de la mélancolie
17:46 et je voulais y mettre de l'enfance. Donc voilà, on a discuté de tout ça.
17:51 Et puis le créateur son, il reste longtemps en répétition,
17:55 beaucoup plus longtemps que la lumière et le décor.
17:58 C'est quelqu'un qui accompagne parce qu'il va travailler
18:01 en fonction aussi des voix, puisque les voix sont déjà une musique.
18:05 Donc comment jouent les acteurs et le rythme et tout ça,
18:09 ça se fait aussi pendant les répétitions.
18:12 - Vous avez évoqué votre co-mettant en scène Renaud Meyère.
18:16 Alors, on va dire qu'il y aurait l'eau et le feu.
18:19 Qui est l'eau ? Qui est le feu dans votre duo ?
18:22 - On va dire que je suis le feu. - Ah ouais ?
18:24 - Et que Renaud est l'eau. Oui, c'est à peu près ça.
18:28 - Dans quelle notion vous êtes le feu alors ?
18:30 - Je suis le feu parce que je pense que je suis très...
18:34 Ça foisonne, ça foisonne dans ma tête.
18:37 J'ai énormément d'envie, j'ai des visions très claires
18:40 et parfois je suis peut-être moins patiente
18:44 parce que je vois les choses et que je veux les tester
18:48 et puis je voudrais que ce soit ça et puis en même temps...
18:51 Donc ça a un peu comme été mon père.
18:53 Je sens qu'il y a quelque chose aussi qui...
18:56 Ça fuse beaucoup dans ma tête.
18:57 Donc ça quand je dis le feu, c'est parce que le feu il crépite tout le temps
19:00 et il y a peu de moments de pause.
19:03 L'eau c'est quelque chose... Renaud il a quelque chose de plus coulant
19:07 et puis très à l'écoute aussi de mon univers
19:11 parce que c'est moi qui lui ai proposé de m'accompagner
19:14 donc il savait aussi un peu que j'allais être la locomotive
19:18 et qu'il fallait à des moments un peu freiner cette locomotive
19:21 et puis amener aussi un peu d'eau au feu pour que ça fasse un beau mélange.
19:30 - Vous ne lâchez rien ?
19:31 - Ah je lâche rien.
19:33 Ah mais non, je suis très cool.
19:37 Quand je dis je ne lâche rien,
19:39 parce que parfois on imagine les tyranniques sur scène ou sur un tournage.
19:43 Non, je ne suis pas du tout tyrannique, par contre je ne lâche rien.
19:46 Ah non, je m'auto-fatigue parfois.
19:52 Mais bon, après quand on voit le résultat à des moments,
19:56 je dis à Renaud tu vois que j'ai bien fait de t'embêter là-dessus
20:00 ou de m'embêter moins là-dessus
20:02 parce qu'au final je pense que c'est important qu'il y ait ça et ça.
20:05 Donc oui on peut se tromper, mais c'est vrai que je suis à fond.
20:09 - Une autre femme qui est à fond, qui ne lâche rien et qui est le feu, c'est Yoa.
20:14 - Oui, donc Yoa c'est son nom, Y-O-A, on l'écoute.
20:17 Tu sais que tu me manques, tard le soir
20:24 Et qu'il n'y a que tes bras qui peuvent effacer mon cafard
20:31 Je ne peux plus dormir quand tu n'es pas là
20:38 Je pourrais te cacher mais je n'y arrive pas
20:45 A l'autre bout du téléphone j'écris chansons sur toi
20:48 Pour ne pas passer pour une conne je ne te les enverrai pas
20:52 Dis-moi s'il te plaît si tu voulais, est-ce que tu pourrais
20:55 J'ose pas demander peut-être que je devrais le dire en anglais
20:59 Won't you let me know, won't you let me go, just let me go
21:05 Don't you know, won't you let it show, let me go
21:08 Please don't overshare, tell me if you care baby
21:11 Let me go
21:13 Let me go
21:20 De mon côté du téléphone je te maudis déjà
21:31 Pas de quoi passer pour une folle psychophobie
21:33 Très peu pour moi, j'ai beau m'arrêter sur les erreurs sur le passé
21:37 C'est toi que je veux et que j'attends pour me baiser
21:41 Je ne voudrais pas me transformer en sorcière
21:45 Quand tu me fleurais t'habites à un hangout à mer
21:48 J'ai voulu jouer au rêve et maintenant j'y vois plus clair
21:51 Claire quel enfer, les sentiments sont pénétrants
21:54 Tu sais que tu me manques quand j'en ai envie, tard le soir
21:58 Et qu'il n'y a que tes bras qui peuvent effacer mon cafard
22:01 Quand tu n'es pas là, mon chéri, je ne dors plus
22:05 Et tu sais que je ne me souviens jamais de ta petite tête
22:09 Why don't you let me go
22:36 *Musique*
22:43 Je redis son nom, Yoa, Booty Call, c'est le titre
22:46 Pour Totemic en public avec Sarah Giraudeau
22:49 Encore une voix de femme et on s'en réjouit
22:57 C'est celle de Marguerite Duras que vous avez choisie, Sarah Giraudeau
23:00 Et vous avez, il y en a plein des archives avec Marguerite Duras
23:03 Mais celle que vous avez choisie est précise
23:06 Vous vouliez une archive de 1985
23:09 Où Marguerite Duras parle des années 2000
23:12 Et la voici
23:14 Je crois que l'homme sera littéralement noyé
23:18 Dans l'information
23:21 Sur son corps, sur sa santé, sur sa vie familiale
23:26 Sur son salaire, sur son loisir
23:29 C'est pas loin du cauchemar
23:32 Il verra de la télévision
23:35 On en a des postes partout
23:37 Dans la cuisine, dans les water closets
23:40 Dans le bureau, dans les rues
23:43 On ne voyagera plus, ça ne sera plus la peine de voyager
23:46 Quand on peut faire le tour du monde en 8 jours ou 14 jours
23:50 Pourquoi le faire ? Dans le voyage et le temps du voyage
23:54 C'est pas voir vite, c'est voir et vivre en même temps
23:58 Il restera la mer quand même, les océans
24:01 Et puis la lecture
24:03 Un homme un jour lira
24:05 Et puis tout recommencera
24:07 Le micro est à vous Sarah Giraudeau
24:10 Et puis tout recommencera, j'espère
24:13 C'est peut-être un petit peu pessimiste
24:16 Mais je trouve ça...
24:18 Je ressens tellement ce qu'elle dit
24:20 C'est-à-dire qu'effectivement
24:23 Je vis dans une époque où il me semble que l'homme est noyé
24:28 Il se noie dans une dose d'information
24:33 Une affluence d'information qui le parasite énormément
24:37 Et pour beaucoup ils ne se rendent même pas compte qu'ils sont parasités
24:41 Ils ont l'impression que parfois
24:44 Quand on parle de notre identité la plus intime
24:47 Ils ont l'impression que ce monde parfois
24:50 Fait des gribouillis sur cette identité
24:53 Et que beaucoup de gens nagent
24:56 Mais se sentent quand même étouffées
25:00 - Alors elle parlait de télévision dans les cuisines, les bureaux et les water closets
25:04 On pourrait penser aujourd'hui que ce sont tout simplement des écrans
25:08 Vous, vous n'êtes absolument pas présente sur les réseaux sociaux par exemple
25:12 - Je peux pas à cause de ça en fait
25:15 J'évite la noyade
25:18 Si je vais sur des réseaux sociaux
25:21 Je vais me noyer complètement, devenir dépressive
25:25 Vis-à-vis du monde qui m'entoure en fait
25:28 Donc je me protège comme je peux
25:31 Après c'est vrai que quand on est actrice
25:34 C'est un peu triste de ne pas avoir de réseaux sociaux
25:37 C'est même parfois un petit peu...
25:40 - Un petit peu quoi ?
25:42 - Un petit peu frustrant
25:45 J'avais réalisé un documentaire qui était passé sur Arte
25:48 Si j'avais pu communiquer sur les réseaux sociaux
25:51 Peut-être qu'aussi il y aurait eu plus de public
25:54 Plus de gens pour le voir, je n'en sais rien
25:57 Mais c'est vrai que même là, quand on fait un film
26:00 Ou quand on fait une pièce
26:03 Sur les réseaux sociaux, tout d'un coup
26:06 Il y a des centaines, des milliers de gens qui le voient
26:09 Je vis plus caché du coup
26:12 Mais je crois en tout cas en cette vie plus préservée
26:15 - C'est une forme aussi qui est
26:18 Pourtant c'est une forme très contemporaine
26:21 Et qui vous a fait connaître d'un public plus large
26:24 C'est une série, c'est le bureau des légendes
26:27 D'Éric Rochon, et quand vous avez reçu votre César
26:30 De la meilleure actrice dans un second rôle
26:33 Pour un film qui s'intitule Petit Paysan
26:36 A la fin de vos remerciements, vous avez cité Rochon
26:39 Et vous l'avez même cité comme étant votre bienfaiteur
26:42 - Mon bienfaiteur parce que c'était une rencontre magnifique
26:45 Pour un rôle en particulier
26:48 Et aussi qui était...
26:51 Rares sont ces rôles où on peut mélanger
26:54 Une fragilité et une force
26:57 Et c'est vrai que je pense, sans avoir foncièrement conscience
27:00 De ma force avant
27:03 Je pense qu'il y avait une contradiction
27:06 Entre l'extérieur et l'intérieur chez moi
27:09 Et c'est des personnalités qui sont peut-être plus difficiles
27:12 Au cinéma en tout cas à décrypter
27:15 Et du coup les réalisateurs ou en casting
27:18 Voyaient mon apparence et donc tout de suite
27:21 J'étais la jeune fille fragile, le petit oiseau
27:24 Où on soufflait dessus et il allait tomber
27:27 Alors qu'intérieurement je ne me sentais pas du tout comme ça
27:30 Mais là la rencontre avec Éric a été déterminante
27:33 Parce qu'il a permis aux gens et à moi aussi
27:36 De travailler ça et de le mettre dans un rôle
27:39 Et ça du coup c'est là où c'est mon bienfaiteur
27:42 C'est qu'il a ouvert des portes
27:45 Qui étaient fermées pour beaucoup de gens
27:48 C'est un travail très particulier
27:51 D'être dans une série comme ça au long cours
27:54 S'est retrouver un personnage régulièrement
27:57 C'est aussi ne laisser aucune place à l'impro
28:00 Est-ce qu'on se sent pas corsetée par moments avec ça ?
28:03 On peut se sentir corsetée
28:06 Parce que c'est une manière de travailler où le texte
28:09 Est extrêmement important, alors vous en rajoutez pas un
28:12 Vous en enlevez pas un ou alors il faut en discuter avant
28:15 Mais ce qui est intéressant aussi c'est que j'ai appris
28:18 Qu'une manière de travailler comme ça sur une série
28:21 C'est très important
28:24 Éric Rochand ça a été quand même un des premiers showrunners
28:27 En France et showrunner c'est vrai que vous dirigez tout
28:30 Vous êtes à l'écriture, vous êtes au tournage, vous êtes au montage
28:33 Et c'est un boulot tel que c'est vrai que de remettre
28:36 Beaucoup de scénarios, vous souhaitez 10 scénarios par saison
28:39 A des réalisateurs différents
28:42 Avec plein de comédiens différents
28:45 Si tout le monde commence à y mettre de son grain de sel
28:48 Au dernier moment ou à faire un peu comme il veut
28:51 Vous pouvez pas avoir la main sur la personnalité finale de la série
28:54 Et c'est vrai que d'avoir cette main de fer
28:57 Sur la...
29:00 Sur la... j'ai pas le mot mais sur la...
29:03 Sur la fidélité qu'il faut avoir
29:06 Au texte, vis-à-vis du texte
29:09 Je pense que c'est important
29:12 L'une de vos partenaires qui s'appelle Florence Loirecaille
29:15 Qui interprète Marie-Jeanne, donc elle c'est la chef
29:18 Des services secrets français
29:21 Elle dit que dans sa vie personnelle parfois
29:24 Elle pense à Marie-Jeanne en disant "alors attends qu'est-ce qu'elle ferait ?"
29:27 Elle vit des situations extrêmes
29:30 Qu'est-ce que ferait Marie-Jeanne ? Est-ce que vous, vous pouvez aussi avoir un rapport
29:33 Comme ça avec votre personnage de Marina l'oiseau
29:36 Qui peut entrer dans votre vie comme une petite voix ou comme un petit conseil ?
29:39 Non, non, non
29:42 Marina elle me manque mais il y avait beaucoup de choses
29:45 Chez Marina où je me posais des questions de "pourquoi ?"
29:48 C'est quand même incroyable d'être comme ça
29:51 C'est pas possible, c'est un bon soldat
29:54 Très bon soldat comme ça, toujours à jamais faire une erreur
29:57 Je me posais beaucoup de questions sur sa vie privée
30:00 C'est un personnage que je trouvais extrêmement seul
30:03 Et j'étais amoureuse de la solitude de Marina
30:06 Je la trouvais très belle
30:09 Je la trouvais magnifique
30:12 Je trouvais justement que c'est par cette solitude
30:15 Qu'elle faisait certainement ce métier
30:18 Et qu'elle se sentait utile
30:21 Et donc elle avait d'autant plus le besoin de le faire bien
30:24 C'est vrai qu'avec Eric à un moment donné je me suis dit
30:27 Elle est obligée comme ça de toujours réussir à faire bien les choses
30:30 Il y a des moments dans la vie
30:33 On fait tous un pas de travers, ça arrive
30:36 Non Marina c'est un bon soldat, elle y arrive
30:39 Et ça j'ai trouvé ça très agréable
30:42 De rentrer dans la personnalité de quelqu'un
30:45 Qui s'oblige à faire tout bien
30:48 À essayer au moins d'être la plus droite, la plus loyale possible
30:51 Dans la vie non, elle revient pas
30:54 Elle est avec moi mais
30:57 Je lui pose pas souvent des questions
31:00 Vous disiez que vous compreniez peut-être
31:03 Qu'elle faisait ce métier pour la solitude
31:06 Vous après 20 ans de carrière vous savez pourquoi vous êtes comédienne ?
31:09 Vous savez pourquoi vous faites ce métier ou pas ?
31:12 Je pense que
31:18 C'est pas foncièrement être actrice
31:21 Je pense que c'est être artiste
31:24 C'est pour ça que je parle aussi que ce soit des musiciens, des auteurs
31:27 Je pense que
31:30 Oui être actrice c'était le biais
31:33 On va dire le plus
31:36 Le plus aspirant et inspirant pour moi
31:39 Pour véhiculer des émotions
31:42 Mais je pense qu'aussi être artiste c'est une manière de
31:45 D'essayer de
31:48 De penser le monde
31:51 De penser l'humain et de
31:54 Pour se protéger d'un monde qui nous agresse
31:57 En général les artistes sont un peu écorchés vifs
32:00 J'ai dit pas ça de tous mais c'est vrai que
32:03 Il y a beaucoup d'angoisse, il y a beaucoup de questionnements
32:06 Sur le monde chez les artistes
32:09 C'est vrai que acteur après
32:12 C'est quelque chose où on a besoin d'utiliser notre
32:15 Notre corps
32:18 C'est notre principal outil pour essayer
32:21 De rentrer dans des vies et essayer de
32:24 De raconter des choses, de dire des choses
32:27 C'est une manière aussi un petit peu de
32:30 De penser le monde
32:33 De quelles héroïnes vous rêveriez aujourd'hui Sarah Giraudoux ?
32:36 J'ai adoré jouer Joan Dark au cinéma
32:39 C'est vrai que ça me plaît
32:42 Au théâtre pardon, dans La Louette de Jean Hanoui
32:45 C'était un personnage que j'avais beaucoup aimé
32:48 Mais après j'aime peut-être des personnages androgynes
32:51 J'aime beaucoup le mélange de masculinité
32:54 Et de féminité dans les personnages
32:57 C'est toujours quelque chose qui m'intéresse
33:00 Parce que j'aime bien le travesti, j'aime bien
33:03 J'aime bien le mystère
33:06 Et voilà
33:09 C'est des rôles que je pourrais trouver intéressants
33:12 Et après
33:15 Après voilà, il y a plein de choses qui pourraient nous intéresser
33:18 Plein de rôles qui pourraient nous intéresser
33:21 Alors vous allez nous dire un texte
33:24 Que vous avez choisi pour ce matin
33:27 Et ce texte c'est un moment de radio
33:30 Puisque c'est issu d'un podcast d'une émission de radio
33:33 Qui est diffusé le dimanche à 15h
33:36 Qui s'intitule "L'inconscient" du Dr Naziou
33:39 Quelle est la place de la radio dans votre vie ?
33:42 Je l'écoute dès que je peux, j'ai pas beaucoup de temps avec trois enfants
33:45 Ils nous prennent beaucoup de temps
33:48 Mais j'adore la radio
33:51 Parce que je me fais souvent bercer par les émissions
33:54 Ou par des podcasts
33:57 Il y a très peu de temps que je me suis mise à écouter
34:00 Des podcasts
34:03 Et étant assez passionnée
34:06 Par la psychanalyse
34:09 J'ai découvert ce podcast de Naziou
34:12 Et je suis tombée assez amoureuse
34:15 De beaucoup de choses qu'il nous raconte
34:18 Alors je vous laisse lire un extrait de ce moment de radio
34:21 J'aimerais rendre hommage aux adolescents d'aujourd'hui
34:24 Et au-delà à l'adolescent de toujours
34:27 L'adolescent perd son enfance
34:30 Son corps d'enfant et l'univers familial dans lequel il a grandi
34:33 Mais il garde en lui un trésor
34:36 Son identité la plus intime, ce qu'il est
34:39 Et il gagne enfin la maturité
34:42 Mais notre identité, c'est-à-dire le sentiment d'être nous-mêmes
34:45 Prend toujours le visage souriant d'un enfant
34:48 De l'enfant innocent que nous avons été
34:51 Je pense ici aux mots du poète
34:54 Georges Bernanos
34:57 Qui a chanté merveilleusement la présence vivante
35:00 De l'enfant au cœur de l'adulte
35:03 Certes, ma vie est déjà pleine de morts
35:06 Mais le plus mort des morts est le petit garçon que je fus
35:09 Et pourtant, une fois l'heure venue
35:12 C'est lui qui retrouvera sa place à la tête de ma vie
35:15 Rassemblera mes pauvres années jusqu'à la dernière
35:18 Et entrera le premier dans la lumière sacrée
35:21 Je laisse maintenant ici les mots du poète
35:24 Je vous dis ce que je me dis à moi-même
35:27 Quand quelqu'un meurt, à l'instant même de la mort
35:30 C'est toujours un enfant qui meurt
35:33 Un enfant innocent qui a peur
35:36 - A l'issue de 20 ans de carrière
35:39 Si vous deviez vous adresser à la débutante que vous fûtes
35:42 Vous lui diriez quoi, Sarah Giraudoux ?
35:45 A cette débutante, à cette jeune fille
35:48 Vous lui diriez quoi, Sarah Giraudoux ?
35:51 A cette débutante, quasiment adolescente
35:54 - Moi, je...
35:57 Je lui dirais que je suis...
36:00 Assez fière...
36:03 D'elle, parce qu'elle avait très peur
36:06 Qu'elle était remplie de...
36:09 De doutes et de manques de confiance
36:12 Et qu'en même temps, elle était très impatiente
36:15 Et donc, la patience
36:18 C'est quelque chose qui s'apprend
36:21 Et oui, je lui dirais que je suis assez fière d'elle
36:24 Et oui, je lui dirais que je suis assez fière d'elle
36:27 Ça veut pas dire qu'on s'aime forcément quand on dit ça
36:30 Mais je pense que c'est important d'être aussi fière de l'enfant
36:33 Mais je pense que c'est important d'être aussi fière de l'enfant
36:36 Qui a grandi
36:39 - A partir de maintenant, ça n'est plus moi qui vais poser les questions
36:42 *Musique*
36:45 *Musique*
36:48 - Ça n'est plus moi, donc, des membres du public
36:51 Qui vont se saisir du micro pour poser une question à Sarah Giraudeau
36:54 On vous écoute
36:57 - Eh, vous m'avez promis, hein !
37:00 *Rires*
37:03 *Rires*
37:06 - Bonjour - Bonjour
37:09 - Je voulais vous interpeller juste pour vous répondre
37:12 Oui, je fais partie de l'éducation nationale, j'étais professeure
37:15 Et je crois que j'ai...
37:18 Effectivement, quand vous parliez de l'enfermement
37:21 Moi aussi, en tant que professeure, parfois, j'aimais pas y aller
37:24 Et c'est vrai que j'ai toujours cette envie de sortir, en fait
37:27 Les élèves, de les emmener en Italie
37:30 J'étais professeure d'italien
37:33 Et j'avoue que vos rôles, moi, je vous ai découvert
37:36 Comme acteur, je vous ai découvert avec le bureau des légendes
37:39 Et j'étais fascinée, en fait, effectivement
37:42 Par cette fragilité que vous dégagez
37:45 Mais en même temps, ce personnage de Marina Loiseau
37:48 Qui était vraiment droite dans ses bottes
37:51 Et on voudrait être comme elle, parce que toutes les situations
37:54 Et depuis le bureau des légendes, je vous ai pas lâchée
37:57 - C'est gentil, merci - C'était pas une question, c'était un témoignage
38:00 - Et ma question, en fait, après, il y a cette pièce au rond-point
38:03 Que vous faites, est-ce que vous serez un petit peu présente au cinéma aussi ?
38:08 - Eh bien, on vient de tourner une série
38:12 Avec Éric Rochand, qui est producteur
38:15 Et qui a tourné les deux premiers épisodes
38:18 Une série de Camille de Castelnau
38:21 Qui était une des scénaristes du bureau des légendes
38:24 Qui a écrit une magnifique histoire
38:27 Qui a été l'histoire de sa nièce
38:30 Alors bien sûr, elle l'a un peu fictionnée
38:33 Mais c'est sa nièce qui a eu une leucémie
38:36 Qui a failli mourir et qui en est revenue
38:39 Assez miraculée, quand même, il faut le dire
38:42 Et c'est sur l'histoire de cette famille
38:45 Moi, je joue la maman de la petite fille, qui s'appelle Rose
38:48 Et c'est sur les dommages collatéraux
38:51 Que crée la maladie d'un enfant dans une famille
38:54 Et donc c'est très humain
38:57 C'est incroyable de les retrouver
39:00 Pour une histoire qui n'avait aucun rapport avec le bureau des légendes
39:03 Et on vient de terminer là
39:06 Donc ça va s'appeler "Tout va bien"
39:09 Pour Disney+
39:12 Et sinon, un film qui va s'appeler "Bernadette"
39:15 Sur les Chirac, sur le couple Chirac
39:18 Avec Catherine Deneuve
39:21 Et je joue la fille de Bernadette, Claude
39:24 En espérant que ce soit un film vraiment amusant
39:30 Parce que c'est un très joli film à faire aussi
39:34 - Merci, c'est un plaisir de le savoir
39:37 Une autre question ?
39:40 - Bonjour, je ne suis pas très familière
39:47 De la personne qui a inspiré la pièce "Le syndrome de l'oiseau"
39:50 Donc je ne sais pas si elle est encore vivante, quel âge elle a, etc
39:53 Je ne sais pas de quelle époque ça date
39:56 Mais si elle est toujours vivante, est-ce que vous avez eu l'occasion de la rencontrer ?
39:59 Ou est-ce qu'elle a pu voir la pièce ou lire le texte ?
40:03 - Alors pas du tout
40:06 Parce que déjà c'est inspiré
40:09 C'est-à-dire que Natacha Campuche a été séquestrée à l'âge de 10 ans
40:12 Donc il s'est inspiré de cet enfant
40:15 Après ce qui s'y passe dans la pièce
40:18 Ce n'est absolument pas ce qui s'est passé pour Natacha
40:21 Et puis après je pense que non
40:24 C'était trop compliqué de se rapprocher d'elle
40:29 Pour parler de quelque chose en plus
40:32 Où tout allait être fictionné dans la pièce
40:35 Donc non, c'est moi qui ai beaucoup regardé des documentaires
40:39 Ou écouté en tout cas aussi des gens
40:42 Qui ont eu des enfermements très longs et assez inhumains
40:45 Pour essayer de comprendre comment l'humain survit
40:50 Et le cerveau humain est incroyable
40:53 Et par la pensée et par l'art
40:56 Ces gens-là survivent
40:59 Et donc du coup c'était très beau aussi dans la mise en scène
41:02 De pouvoir le faire
41:05 - Une dernière question ?
41:08 - Oui, merci beaucoup pour cette émission
41:11 Vous parlez de la place de l'imagination et du rêve
41:15 Dans votre travail de metteuse en scène
41:18 Et plus généralement dans votre métier
41:21 Est-ce que vous accordez une place importante à la fantaisie ?
41:24 - Oh oui ! Oh que oui !
41:27 Je pense qu'elle a sa place partout la fantaisie
41:31 Parce que c'est de la spontanéité
41:35 Dans l'humain c'est pareil, on a plein d'émotions différentes
41:39 Et même là dans le syndrome de l'oiseau qui est un drame
41:43 Il y a la place pour la fantaisie
41:46 Et c'est vrai qu'il faut que la fantaisie ait sa place un peu partout
41:50 Je trouve que dans le drame s'il n'y a pas de l'humour
41:54 Ou s'il n'y a pas du rêve
41:57 Ou que pareil dans la comédie s'il n'y a pas un fond dramatique
42:00 Tout est bon dans la contradiction
42:03 Et la fantaisie c'est très important, même dans les drames
42:06 - Merci à toutes et tous d'être venus pour ce Totemic en public
42:10 Et merci à vous Sarah Giraudot de vous être installée dans ce fauteuil rouge
42:14 Vous jouez le syndrome de l'oiseau de Pierre Préhardi avec Patrick D'Assum Sao
42:19 Et vous signez aussi la mise en scène avec Renaud Meyer
42:22 Donc la pièce se joue à Paris au Théâtre du Rond-Point jusqu'au 31 janvier
42:25 Ensuite elle sera à Versailles au Théâtre Montancier du 4 au 6 février
42:29 Et à Aix-en-Provence au Théâtre du Jeu de Paume du 9 au 13 février
42:42 Lola Constantini réalise Totemic et c'était avec Gilles Gaillard et Alexandre Chenet ce matin
42:47 Périne Malinje programme l'émission, Eileen Canne et Goulesko assurent la préparation
42:51 Avec Marius Series et JB Odibert choisit notre BO chaque jour
42:56 A lundi mais d'ici là souriez, c'est vendredi
42:59 - C'est pas vrai ! - Non !

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