Un ex-commando marine analyse des scènes de films !

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Transcript
00:00 [Musique]
00:03 [Bruit de tir]
00:04 Des billes qui tirent ou quoi ?
00:05 Un silencieux au bout d'une arme ne fait pas le bruit qu'on peut voir dans de nombreux films.
00:11 Bonjour, moi c'est Chris Hare, je suis ancien commando marine, ancien opérationnel du GIGN
00:16 et j'ai fini ma carrière comme instructeur de tir.
00:18 [Musique]
00:28 L'arme, quand elle est fabriquée, ça ne se voit pas à l'oeil nu,
00:30 mais elle est faite légèrement avec le canon qui est en hauteur,
00:33 de manière à permettre à la munition d'avoir une trajectoire qui atteigne la cible.
00:38 Si notre canon était droit, notre munition tomberait.
00:41 C'est la gravité, c'est comme ça.
00:42 Si vous mettez sur le côté votre canon, votre munition va partir là-bas.
00:47 À la limite, les voyous tirent presque mieux que le policier.
00:52 [Bruit de tir]
00:57 Dans les unités que j'ai faites, quand on tire comme ça, c'est pour vérifier que ça ne marche pas.
01:02 Voilà.
01:03 Tout le monde essaye au moins un jour pour confirmer que oui, c'est de la merde.
01:07 En tir, ce qui est déterminant, c'est l'œil.
01:09 Celui qui a son œil directeur à gauche, par exemple, passera son arme à gauche.
01:13 Ça ne sert à rien d'avoir deux armes.
01:14 Il y en a une des deux, les munitions sont gaspillées,
01:16 et puis tu vas te concentrer sur l'une, puis sur l'autre,
01:19 et puis en fait ton tir est forcément mauvais.
01:21 [Bruit de tir]
01:25 Parce que c'est Denzel et que j'aime bien du 20% réalité et du 80% fiction.
01:30 [Bruit de tir]
01:40 Donc là, on voit Schwarzy avec son M60.
01:43 Ça va être une arme d'appui qu'on va pouvoir utiliser, poser sur bipied.
01:47 Elle fait à peu près 12 kilos.
01:49 Schwarzy avec ses bras de 40 kilos, il arrive quand même à porter.
01:52 [Bruit de tir]
01:57 Il arrive quand même à faire des tirs précis avec, alors qu'il est au jugé.
02:00 À un moment donné, tirer plusieurs cartouches d'affilée,
02:03 on a forcément une modification de la trajectoire.
02:05 Donc on ne peut pas obtenir les tirs qu'il obtient, ce n'est pas possible.
02:08 [Bruit de tir]
02:09 Avec des armes de ce style-là, tu peux effectivement avoir des problèmes de surchauffe.
02:13 C'est-à-dire que le canon va surchauffer et peut aller jusqu'à la cassure.
02:17 Aller au bout de 1000 coups, il faut faire une pause.
02:20 Allez, on va donner du 30% réalité, je suis gentil, et 70% fiction.
02:26 Mais c'est bien parce que c'est Schwarzy.
02:28 [Musique]
02:38 Un réducteur de son, appelé vulgairement silencieux,
02:40 va réduire le son de la détonation d'environ 30%.
02:44 [Bruit de tir]
02:47 Avec une arme de poing, on va être aux alentours des 100-120 décibels,
02:52 et on va descendre à peut-être en dessous de 100, mais pas plus.
02:55 [Bruit de tir]
02:59 Un réducteur de son, c'est une chambre de dépression.
03:01 Les gaz qui sont initiés par la combustion de la munition vont être extraits,
03:06 faire une flamme, et le silencieux limite cet effet.
03:09 Mais il faut que les gaz sortent malgré tout, sinon l'arme explose.
03:13 [Bruit de tir]
03:17 Avec cette fiche à petits gaz, il y a forcément une sonorité,
03:21 la sonorité de la détonation.
03:22 Un silencieux, c'est comme un instrument à vent.
03:24 Avec une flûte, tu vas avoir un son aigu, avec un trombone, tu vas avoir un son grave.
03:29 Là, c'est pareil.
03:30 Si on avait un réducteur de son gros comme ça,
03:32 on aurait un son un peu comme dans les tom-tom-flingueurs.
03:35 [Bruit de tir]
03:39 L'utilisation d'un réducteur de son en mode neutralisation de sentinelle
03:44 va être intéressante avec un calibre qu'on appelle subsonique,
03:48 c'est-à-dire un calibre dont la vitesse va passer en dessous des 300 m/s,
03:51 qui est la vitesse à peu près du son.
03:53 Mais le problème, c'est qu'avec ces calibres-là, on va perdre beaucoup en qualité de tir.
03:56 Je crois que je vais être tranchant, je vais mettre 0% de réalité et 100% de fiction.
04:02 [Bruit de tir]
04:20 Le tir à longue distance, ça s'approche des mathématiques
04:23 parce qu'on va prendre en compte les spécificités de notre munition,
04:26 on va prendre en compte des éléments extérieurs qu'on va mettre sous forme de facteurs.
04:30 Donc ça va être la température extérieure, le taux d'humidité,
04:33 et tout ça on va le compulser, et souvent le tireur, seul derrière son fusil,
04:38 ou avec un spotter à côté, va rapidement faire tous ces calculs-là
04:42 et va placer son réticule de tir au bon endroit,
04:46 ou faire les corrections sur ses lunettes nécessaires à faire le bon tir.
04:50 Si je peux te faire plaisir, j'étais aussi nul en maths,
04:53 je m'en suis sorti en tant que formateur,
04:55 donc il suffit simplement de connaître ces tables de multiplication,
04:58 et après il s'agit de faire des calculs en croix, et c'est tout.
05:01 Je vais quand même marquer le coup pour l'effort qui a été fait,
05:05 pour une fois, de voir un peu tous ces petits calculs,
05:07 en plus c'est assez drôle de les voir comme ça,
05:09 donc je dirais, allez, 80% de réalité et 20% de fiction.
05:13 [Bruit de tir]
05:26 Ce qu'il fait là, avec le fait de dégoupiller,
05:29 c'est un geste qu'on voit souvent dans les films américains.
05:31 Potentiellement, c'est possible de le faire avec une grenade américaine,
05:34 c'est-à-dire que ce qu'on appelle la goupille,
05:36 est faite avec seulement deux brins d'aluminium,
05:38 et donc facilement retirable.
05:40 Tu ne le fais pas avec une grenade française,
05:42 parce que là, tu y laisses une molère,
05:44 parce que le système est fait en sorte d'avoir une sécurité
05:46 que tu dois tourner d'abord, c'est-à-dire ôter, et ensuite tirer.
05:50 Cet effet boule de feu, là, des grenades qu'on voit dans les films,
05:53 c'est surexagéré, parce qu'en fait,
05:55 c'est l'explosif qui est contenu dans les grenades,
05:57 et donc ça va générer une déflagration avec projection de la coque de la grenade,
06:01 mais ça ne va pas générer cette espèce de boule de feu, là,
06:03 qu'on voit à chaque fois dans les films.
06:05 Sur cet extrait spécifique, 10% réalité et 90% fiction.
06:09 [Bruit de tir]
06:13 [Bruit de tir]
06:25 Il parle de balle explosive,
06:27 donc là, on imagine le projectile qui serait énorme,
06:29 et il tire ça d'une arme avec un modérateur de taille normale.
06:32 [Bruit de tir]
06:33 Donc c'est complètement irréel, quoi.
06:35 Ce qu'on appelle une balle explosive, en réalité,
06:37 ça va être une balle qui, une fois qu'elle va toucher son objectif,
06:40 va se fendre et va, en fait, créer une fracturation du corps qu'elle va toucher.
06:45 Concernant les munitions, donc il y a effectivement différents calibres
06:48 selon les armes qu'on utilise,
06:50 mais dans un même calibre, il peut y avoir différents projectiles,
06:53 des balles incendiaires, des balles perforantes.
06:55 Ce qui détermine le choix de la munition,
06:58 ça va être bien sûr la mission,
07:00 mais également l'ennemi que tu vas avoir en face de toi.
07:03 Je crois qu'on va être sur du 0% de réalité et puis du 100% de fiction.
07:09 En plus, là, je n'ai pas commenté le tir, mais bon...
07:11 [Rires]
07:12 [Bruit de tir]
07:21 Il y a quand même une position qui est assez compacte
07:24 et donc ça permet, dans un espace restreint,
07:27 où l'arme est proche du corps,
07:29 elle permet un tir à distance courte.
07:31 Cela dit, on voit beaucoup de gestes parasites.
07:34 [Bruit de tir]
07:41 Le contrôle de l'introduction de la munition dans la chambre
07:45 se fait uniquement au rechargement.
07:47 Il n'y a pas besoin de faire cette espèce de cimagrée après.
07:51 C'est de l'esbrouf, c'est du cinéma.
07:53 Le rechargement, effectivement, c'est un moment critique.
07:56 Il faut qu'il soit effectué le plus vite possible.
07:59 C'est pour ça qu'aux opérateurs, Forces Spéciales ou autres unités d'ailleurs,
08:03 on apprend à avoir les chargeurs à portée de main rapide
08:06 et à avoir une connaissance parfaite de son matériel,
08:08 de l'emplacement de son matériel.
08:10 C'est quelque chose qui se travaille énormément.
08:12 On va récompenser le travail technique et la gestuelle.
08:15 Donc on va dire, allez, 60 % de fiction et 40 % de réalité.
08:20 [Bruit de tir]
08:29 Ce type de problème d'arme enrayée, ça peut tout à fait arriver.
08:32 C'est soit un souci d'entretien de l'arme,
08:35 c'est-à-dire que les résidus de munition des tirs précédents
08:38 ont séché à l'intérieur de l'arme et viennent causer problème
08:41 pour la cinétique, finalement, du bon fonctionnement de l'arme.
08:44 Si on est sur le terrain, qu'on est amené à rester longtemps sur le terrain,
08:47 qu'on a tiré, on prendra un temps pour nettoyer son arme ou du moins pour la huiler.
08:52 Quand j'étais dans les commandos marines,
08:54 pour avoir une parfaite connaissance des armes,
08:56 on nous faisait faire ce qu'on appelait une salade d'armes,
08:58 un mélange de plusieurs armes, démontées forcément,
09:00 dans le noir et avec un brodeau sur les yeux.
09:02 Il suffisait simplement de remonter chaque arme.
09:05 C'était pas mauvais.
09:06 [Bruit de tir]
09:08 Allez, on est pas mal, parce que c'est un jeu vidéo,
09:10 80% de réalité et 20% de fiction.
09:13 [Musique]
09:32 Comme on dit, toute protection, à un moment donné, est percée.
09:35 Un gilet, c'est pas fait en métal.
09:36 C'est du kevlar, c'est une matière qui est tissée, un peu comme une toile d'araignée.
09:40 Un gilet ne sera efficace que s'il est adapté à la munition qu'on va tirer dessus.
09:45 Vu le gilet, ça a pas l'air d'être de la super qualité quand même.
09:48 On est sur du classe 3 et avec de la munition type Kalashnikov,
09:52 donc 7.62x39, on a de l'efficacité qu'avec des gilets de type classe 4.
09:57 Donc là, il aurait dû ramasser aussi.
09:59 [Musique]
10:01 Normalement, il serait KO, parce qu'il y aurait une grosse traumatologie,
10:04 finalement, due à l'impact des balles.
10:06 Même si la balle est arrêtée, on a quand même une certaine puissance de feu.
10:09 La partie arrière, finalement, qui est contre le corps du gilet va être déformée
10:13 et ça va créer un gros coup de pouce, en fait.
10:16 Quelques côtes cassées avec des gros hématomes.
10:18 Je dirais 10% réalité et 90% fiction.
10:22 [Musique]
10:33 Sur certains lances-roquettes, les gaz qui permettent la projection de la roquette
10:37 sont évacuées par l'arrière du tube.
10:39 On a toute une zone, finalement, à éviter.
10:41 Ça va presque jusqu'à 100 m à l'arrière.
10:43 Donc si vous vous trouvez à l'arrière du tube, vous allez prendre plein cher.
10:47 Certains lances-roquettes, tu ne peux pas les utiliser dans des locaux.
10:50 Si tu es dans un petit local, tu vas avoir des retours
10:52 et forcément, tu vas être victime de ton propre tir.
10:54 Alors, ça dépend du modèle, parce que tu prends des modèles RPG-7, par exemple,
10:57 où tu as peu de projection à l'arrière, d'où l'efficacité de ces tubes-là.
11:01 Les deux dernières décennies, on est parti sur des modèles à usage unique,
11:06 c'est-à-dire que tu as ta roquette dans ton tube,
11:08 tu mets en place le dispositif de visée, tu l'utilises et puis tu peux jeter ton tube.
11:13 Je dirais 40 % réalité pour l'aspect, on va dire, éducatif,
11:19 et je dirais 60 % fiction, parce que là, on serait sur quelque chose,
11:23 contrairement aux grenades, on serait sur quelque chose de plus impressionnant.
11:27 Et le chauffeur aussi, il y passerait, je pense.
11:29 Le fait de présenter les armes comme un objet cool,
11:32 déjà, ça les démocratise et ce n'est pas forcément bon pour l'apologie de l'armement, finalement.
11:38 Et puis, ça en fait des choses accessibles à tous,
11:40 alors que finalement, on ne devrait les utiliser que ceux qui sont réellement formés à ça, tout simplement.
11:45 [Musique]

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