Réforme des retraites : quel est l’état d’esprit de la police ?

  • l’année dernière
Parlons Vrai chez Bourdin avec Linda Kebbab, policière, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police-Force Ouvrière.

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Transcription
00:00 - Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30, Jean-Jacques Bourdin.
00:06 - 0826 300 300, ce que vous entendez vous fait réagir, évidemment, l'actualité vous fait réagir.
00:12 Je vous invite à venir nous en parler en appelant le 0826 300 300.
00:17 Tiens, je vais prendre Jean-François dans un instant, qui est à la retraite, qui est dans les Pyrénées-Atlantiques et qui veut nous parler.
00:23 Mais je voudrais que nous appelions Linda Kebab, qui est là.
00:26 Linda Kebab, qui est policière, vous le savez, qui est déléguée nationale du syndicat Unité GP Police Force Ouvrière.
00:33 Linda Kebab, bonjour. - Bonjour.
00:36 - Merci d'être avec nous. De plusieurs choses. Sur la réforme des retraites,
00:40 je rappelle que le débat reprend à l'Assemblée Nationale jusqu'à vendredi soir, minuit.
00:44 Sur la réforme des retraites, les policiers comme les pompiers, les surveillants pénitentiaires, les militaires, les douaniers, les contrôleurs aériens
00:51 conservent leurs régimes spéciaux, mais devront partir à 54 ou 59 ans, deux ans plus tard. C'est cela, hein, Linda Kebab ?
01:00 - Alors en fait, on conserve des régimes qu'on ne peut pas spécifiquement dire spéciaux, mais qui sont propres aux catégories...
01:06 - Particuliers, je dirais. Particuliers.
01:08 - Qui ne sont pas du tout un cadeau, je rappelle juste pour ceux qui nous écoutent, que c'est la contrepartie de la pénibilité, de la dangerosité
01:15 et de métiers dans lesquels, et notamment le nôtre, la grève est interdite, mais surtout, et c'est important de le préciser,
01:21 ce que rarement fait le gouvernement, c'est que nos heures supplémentaires, nos jours fériés, nos dimanches et nos nuits ne sont pas payées en majoration
01:27 comme dans le privé. Et donc du coup, c'est un ensemble de compensations. Et, dernière chose, nous surcotisons au titre de la retraite
01:35 pour pouvoir bénéficier de cette bonification. Donc du coup, en réalité, ce n'est absolument pas un cadeau.
01:40 Ensuite, en effet, ça va évidemment nous pousser à devoir partir deux ans plus tard, ce qui est difficilement entendable
01:46 lorsqu'on sait qu'on a quand même un métier qui nous casse physiquement et moralement. Et je ne comprends pas comment est-ce qu'on envisage
01:52 que des personnes âgées de 59 ou 60 ans puissent arrêter des bandits de 20 ou 25 ans en bonne et due forme et de manière efficace.
02:00 Ça n'a juste pas de sens. Et dernier point, on n'en parle pas beaucoup, c'est l'accélération de la réforme tourenne.
02:07 Il faut savoir qu'aujourd'hui, les policiers, contrairement à ce qui se dit, et malgré le fait que la bonification, en théorie,
02:12 nous permettrait de partir à 57 ans, en moyenne partent à 58 ans et demi, puisqu'en réalité, entre les accidents de la vie,
02:19 l'entrée de plus en plus tard dans la vie active, etc., et le fait qu'il faut un certain nombre d'années de cotisations
02:25 pour partir sans décote, fait que de toute manière, aujourd'hui, les policiers ne partent pas à 57 ans, mais bien plus tard déjà.
02:30 — Mais bien plus tard déjà. Bien. Donc vous êtes contre cette réforme des retraites. — Tristement.
02:36 — On l'a bien compris. Linda Kebab, à propos de la réforme des retraites, vous avez épinglé sur Twitter le député LFI Louis Boyard,
02:45 qui, rappelons-le, affirmait que la police tue et qu'il fallait dissoudre la BAC. Or, depuis trois jours, il bénéficie de la protection de la BAC à son domicile.
02:55 Linda ? — Oui, c'est ça. Et alors j'ai commencé le tweet avec le mot "tant que mon", parce que ce qui est très drôle,
03:01 c'est que plusieurs sources concordantes nous disent que les policiers ont interdiction strictement de prendre contact avec lui.
03:07 En gros, il aurait demandé à ce que les policiers ne parlent pas avec lui et se contentent juste de surveiller son domicile suite aux menaces qu'il a reçues.
03:13 Alors que l'on surveille le domicile d'une personne qui a reçu des menaces, c'est tout à fait normal.
03:17 C'est juste évidemment inacceptable que qui que ce soit reçoive des menaces de mort.
03:21 Mais venant d'une personne qui tout le temps – et d'ailleurs fait son beurre politique sur l'incitation à la haine contre notre profession,
03:28 qui n'a absolument aucune nuance, aucun équilibre, qui est radicale et qui appelle à la violence contre nous –
03:33 c'est assez quand même folklore de voir que ceux dont il appelle à la dissolution sont exactement ceux qui aujourd'hui le protègent.
03:40 — Oui, c'est assez étonnant. Bien, CRS agressé à Rennes. C'était samedi. Le parquet a ouvert une enquête pour tentative d'homicide.
03:48 Que s'est-il passé ? Eh bien, un CRS a été blessé par un cocktail Molotov lors d'heures dans la capitale bretonne
03:55 en marge de la mobilisation contre la réforme des retraites. Une enquête criminelle a été ouverte, confiée à l'assuranté départementale
04:03 pour tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique.
04:08 Je vous dis ça parce qu'Horizon, le parti d'Édouard Philippe, a déposé une proposition de loi instaurant des peines minimales
04:14 en cas de récidive de violence contre policiers, gendarmes et travailleurs d'utilité publique. Vous le demandiez ?
04:20 Oui, en fait, ça répond à notre revendication à l'unité SGP, puisque ça fait plusieurs années que l'on dit, qu'on appelle à des peines minimales
04:27 contre les agresseurs et les forces de l'ordre, de la même manière que le code pénal prévoit des peines maximales à l'appréciation des magistrats.
04:33 Il n'y a pas de raison qu'on n'impose pas des peines minimales, surtout quand on porte attente à l'intégrité physique de ceux chargés de sécuriser et de garantir l'application des lois.
04:42 Donc oui, c'est une de nos revendications. C'est un bon début. Évidemment, cette proposition s'inscrit dans une proposition de loi plus globale sur la récidive,
04:51 puisqu'il s'agit de la proposition de loi de lutte contre la récidive légale. Et donc, du coup, évidemment qu'il y a le mot "récidive" dans cet article
04:58 qui appelle à des peines minimales contre les agresseurs de force de l'ordre. C'est un bon premier pas qui vient répondre à notre revendication.
05:03 Ça fait longtemps qu'on sollicitait les parlementaires là-dessus. On commence à être entendus. C'est important aussi d'intégrer le principe même de peines minimales
05:09 dans le débat parlementaire, parce qu'il faut aussi faire entendre l'idée qu'il n'est pas normal que des personnes soient connues pour des violences,
05:17 pour des atteintes aux fonctionnaires de police, mais à toutes les personnes chargées d'une mission de service public, eh bien, soient libres.
05:23 On enchaîne en ce moment et depuis plusieurs années des affaires de personnes qui portent gravement atteinte à des policiers, des policiers qui sont mutilés,
05:31 j'utilise ce mot parce que c'est le cas, et des personnes qui ne font pas un seul jour de prison. C'est dangereux pour la société, c'est indigne d'une justice
05:38 dans un état de droit, et c'est vraiment, comment dire, c'est profondément injuste pour aussi les victimes que sont les policiers, qui tous les jours garantissent la sécurité des autres,
05:47 sans avoir la possibilité dans leur propre pays de pouvoir avoir une justice à la hauteur.
05:52 - Pascal, vous êtes à Clermont-Ferrand, bonjour. - Oui, bonjour. Bonjour Madame Kebab.
05:57 - Alors, proposition de loi instaurant une peine minimale en cas de récidive de violence contre policiers et gendarmes, vous en pensez quoi, Pascal ?
06:04 - Pour moi c'est essentiel, il devrait y avoir zéro tolérance, pour ça, ça c'est clair. Zéro tolérance. Pour moi, la police devrait être... Mais attention, attention.
06:17 Ce que je veux dire, c'est qu'en contrepartie, la police devrait être irréprochable. Vous comprenez ? L'un ne peut pas aller sans l'autre.
06:24 - Vous pensez qu'elle n'est pas irréprochable, Pascal ? - Je pense qu'elle n'est pas irréprochable, non. Et c'est pas un problème de la police en général, c'est un problème d'individus dans la police.
06:33 - De formation d'individus dans la police ? - Je pense que c'est des gens dans la police qui sont comme ça, et quand on leur donne l'autorité, ils ont le droit d'utiliser la violence.
06:45 C'est les seuls qui ont le droit d'utiliser la violence dans la société. Et il devrait... Peut-être que la sélection, peut-être parfois, se fait...
06:54 - Linda Kebab, que dites-vous à Pascal ? - J'entends tout à fait ce que dit monsieur. Je veux juste rappeler un chiffre, soyons factuels. 4 millions d'interventions de police par an.
07:03 1400 saisies d'IGPN sans que ces 1400 ne donnent suite, finalement, à la révélation de faits qui soient réelles.
07:09 Ça veut dire 99,96 des interventions de police qui se passent très bien et qui sont accomplies avec de l'ontologie, avec force, et qui ont vocation à protéger nos concitoyens.
07:19 Ce que je veux dire par là, c'est que toute organisation humaine a ses brebis, toute organisation humaine est imparfaite, puisque l'humain est imparfait,
07:26 et des personnes qui bafouent leur déontologie, il y en a chez les médecins, il y en a chez les journalistes, il y en a dans les professions aussi chargées de protéger les personnes.
07:34 Je parle là, à l'instant, des médecins, mais également chez les magistrats. Et pourtant, la police a quelque chose de bien particulier, c'est qu'elle bénéficie tout le temps, dans le débat public,
07:44 de l'idée qu'elle serait moins irréprochable que les autres. Or, on sait qu'il y a d'autres professions aussi qui ont, au sein d'elles, des brebis galeuses,
07:51 mais il y a quand même quelque chose de particulier pour les policiers, c'est ce traitement différencié médiatiquement et dans l'opinion,
07:56 alors qu'en réalité, comme l'a dit si bien ce monsieur il y a quelques instants, c'est une question d'individus.
08:01 Dernière chose, on est une administration française, et quand on dit "administration française", c'est toujours très compliqué, il y a beaucoup d'inertie, etc.
08:11 Mais ce qui est dommage aujourd'hui, c'est que des discours qui disent que la police ou les policiers ne seraient pas irréprochables, je trouve ça assez dangereux,
08:18 parce qu'aujourd'hui, on a quand même, dans nos discours, l'idée très acabiste que les policiers seraient violents, fondamentalement, racistes, etc.
08:26 Alors qu'en réalité, c'est toujours une question d'individus.
08:28 J'ai bien d'accord, et je comprends ce que vous dites, madame, et je vous respecte, et je respecte ce que vous représentez, bien sûr.
08:34 Moi, je suis un citoyen lambda, moi, je suis poli avec eux, je respecte leur travail.
08:41 Mais si vous voulez, moi, quand je suis devant mon poste de télé, et que je vois qu'il y a un monsieur qui s'appelle Cédric Choubia,
08:46 qui s'est fait interpeller violemment au point qu'il en est mort, à quelqu'un qui était un père de famille, qui avait un travail,
08:53 et qu'à côté de ça, on laisse des gens galoper dans la nature, qui sont dangereux, moi, si vous voulez, je me pose quand même des questions.
08:59 Et en plus de ça, dans les manifestations des Gilets jaunes, où on a tiré intentionnellement dans les yeux des gens,
09:05 mais comment voulez-vous qu'on accepte ça ? C'est pas possible.
09:08 - Intentionnellement, Pascal ?
09:10 - Oui, intentionnellement.
09:12 Si, si, monsieur Tourban, c'est intentionnel.
09:14 Il y a des gens, des familles, des pères de famille, des mères de famille, des gens âgés,
09:18 qui ont pris des projectiles, des LBD, dans les yeux.
09:23 Et même si on a un ordre, on peut tirer un peu plus bas.
09:26 Enfin, quel être humain est capable d'être tiré dans les yeux de quelqu'un ?
09:29 J'ai vu cette pauvre gamine qui avait 20 ans, qui avait un oeil crevé.
09:31 Comment voulez-vous qu'on se prenne en tête de ça ? C'est pas possible.
09:33 Et tout ça, ça retombe sur l'image qu'on a de la police.
09:36 - Linda Kebab, vous répondez, parce qu'il est 57. Allez-y.
09:40 - Oui, très rapidement.
09:41 En fait, intentionnellement, en réalité, je pense qu'il faut vraiment n'avoir jamais encadré de manifestations violentes ou débordantes,
09:46 pour pouvoir dire intentionnellement, lorsqu'on sait qu'il y a un...
09:49 Et d'ailleurs, nous, on a été les premiers à le dénoncer,
09:51 le fait qu'il y a des Black Blocs qui s'étaient servis des gilets jaunes comme boucliers humains.
09:56 La deuxième, un matériel qui n'était pas forcément adapté,
09:59 et notamment des cartouches qui ont été adaptées avec une visée qui était moins performante.
10:03 Et dernière chose, le premier mutilé, le premier rébornié,
10:07 le premier à avoir perdu une oeil dans l'histoire des gilets jaunes, c'est un policier.
10:10 C'est le 24 novembre 2018, et lui, il est passé à la trappe et aux oubliettes.
10:14 Il a été victime d'une bombe artisanale, avec des clous qui lui ont transpercé les yeux,
10:17 et on n'en a jamais entendu parler.
10:19 - Bien, merci Pascal, merci Linda Kebab d'avoir été avec nous.
10:23 Malheureusement, je n'ai pas eu le temps de prendre Jean-François,
10:26 j'en suis absolument, absolument désolé, Jean-François,
10:30 mais la prochaine fois, je suis désolé, parce que c'est comme ça,
10:35 c'est le débat, c'est le temps, il est 10h58, il faut que je me presse d'ailleurs, 10h58.

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