Pourquoi l'armée chinoise a crée ces traces ?

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00:00 Ces traces blanches en zigzag ressemblent à des routes.
00:03 Mais aucune voiture à l'horizon sur ces traces de 20 mètres de large qui s'étalent sur quasiment 2 km².
00:09 Et ces routes ne mènent nulle part.
00:10 Normal, on est au beau milieu du désert de Gobi, en Chine.
00:14 Et 30 km plus loin, on retrouve ces mêmes traces blanches, toujours aussi imposantes.
00:19 Le gouvernement chinois n'a jamais communiqué sur la nature de ces traces.
00:23 Est-ce un QR code pour extraterrestre ? Une oeuvre d'art gigantesque ?
00:26 Pas vraiment. En observant la zone, on peut dénicher quelques indices.
00:30 Juste à côté, on constate la présence de pistes d'atterrissage qui ont l'air d'être laissées à l'abandon.
00:36 Sur l'une d'elles, on aperçoit la silhouette d'un avion radar, un appareil militaire.
00:41 Ou ce cercle qui ressemble à une cible composée de murets avec, au centre, trois carcasses de vieux avions de chasse.
00:47 Bon, on est clairement dans une zone militaire de l'armée chinoise.
00:51 Mais alors, à quoi servent ces mystérieuses traces ?
00:54 On a posé la question à un expert, le chercheur néerlandais Marco Langbroek.
00:58 Eh oui, un peu comme un appareil photo, les satellites optiques ont besoin de faire le point.
01:13 Explication du général Stenninger, conseiller militaire au Centre national d'études spatiales, le CNES.
01:19 Il faut bien comprendre que ces satellites prennent des photos qui ne sont pas parfaites,
01:24 et donc il faut les corriger.
01:25 Et pour les corriger, il faut avoir des éléments de référence.
01:29 Et c'est à ça que servent ces sites d'étalonnage.
01:32 Ça sert à régler le focus, la qualité de l'image sur un repère que l'on connaît parfaitement au sol.
01:39 Et il faut régulièrement recaler les appareils qui sont embarqués à bord des satellites.
01:43 Une fois correctement calibrés, les satellites chinois continuent leur trajectoire en orbite
01:48 pour accomplir leur mission, espionner les pays étrangers.
01:52 Selon un rapport américain déclassifié de la Defense Intelligence Agency,
01:56 la Chine a doublé son nombre de satellites entre 2019 et 2021.
02:01 Actuellement, c'est le pays qui envoie le plus de satellites dans l'espace.
02:04 Officiellement, ils servent à faire des recherches scientifiques sur le climat
02:07 ou à observer les cultures agricoles.
02:09 Mais quand on sait que tous ces satellites sont sous le contrôle du ministère de la Défense chinoise,
02:14 on a quelques doutes.
02:15 Évidemment, la Chine n'est pas la seule à espionner depuis l'espace.
02:19 Des satellites militaires, il y en a beaucoup autour de notre planète.
02:22 C'est un chiffre qui évolue très très vite.
02:25 Il y a au moins un lancement par semaine en ce moment.
02:27 Il y a environ 5000 satellites actifs opérationnels qui tournent autour de la Terre.
02:31 Et là-dessus, il faut considérer qu'il y en a à peu près 10% qui sont des satellites militaires,
02:35 donc à peu près 500.
02:36 Et les pays évidemment leaders, sans surprise, sont d'abord les Etats-Unis,
02:41 derrière la Chine et la Russie, les trois premiers.
02:44 Pékin a bien rattrapé son retard, car pendant des décennies,
02:47 les leaders incontestés étaient les Russes et les Américains.
02:50 En 1957, l'URSS lance Sputnik 1, le premier satellite artificiel de l'histoire.
02:56 Un cauchemar pour les militaires américains,
02:58 car une fusée soviétique peut très vite se transformer en missile intercontinental.
03:03 Il crée alors le programme spatial top secret Corona,
03:06 pour photographier les bases militaires soviétiques depuis l'espace.
03:10 Une fois en orbite, les satellites devaient calibrer leurs appareils photos embarqués.
03:14 Selon la plupart des médias, c'était à ça que servaient ces croix,
03:17 construites à Casagrande, dans l'Arizona.
03:19 En 1967, l'armée américaine a construit plus de 270 croix
03:24 dans un gigantesque carré de 26 km sur 26.
03:27 Et selon cet historien américain, interrogé par Foxten,
03:30 ce site n'a pas été choisi par hasard.
03:32 Sauf que ça semble un peu bizarre que l'armée américaine
03:45 prenne le risque de construire des centaines de croix pour un programme top secret,
03:49 en plein milieu d'une zone civile, parfois à côté d'autoroutes,
03:52 empruntées chaque jour par des milliers de personnes,
03:54 ou juste en face d'habitation.
03:56 En plus, lorsque la CIA déclassifie le programme Corona en 1995,
04:00 les croix de Casagrande ne sont jamais mentionnées.
04:03 Et c'est normal, ces croix étaient trop petites
04:06 pour calibrer les satellites espions des années 60.
04:08 Elles servaient en fait à calibrer les appareils photos embarqués sur des avions,
04:12 qu'ils soient militaires ou civils.
04:14 Par exemple, pour cartographier le pays.
04:16 Voici plutôt le genre de marquage
04:18 qui aurait permis de calibrer les premiers satellites espions américains.
04:21 Les banques blanches sur fond noir offraient un bon contraste pour les appareils photos.
04:25 Et une fois calibrés, le satellite espion partait accomplir sa mission,
04:28 et c'est là que le plus dur commençait.
04:30 Il n'y avait pas encore la photo numérique,
04:32 donc c'était la photo argentique.
04:34 Le satellite prenait sa photo,
04:36 et ensuite il fallait récupérer la pellicule pour avoir l'image.
04:39 Quand le film était plein,
04:40 il s'étendait dans une capsule,
04:42 il passait par l'atmosphère,
04:44 il descendait sur un parachute,
04:45 et à proximité de Hawaii, il y avait une spéciale équipe d'avions
04:48 qui les prenait en vol en l'air,
04:51 et les capturaient.
04:53 Ça n'a pas toujours fonctionné bien,
04:55 mais les Russes, par exemple, ont utilisé ces satellites espions
04:59 jusqu'à 10 ans plus tôt.
05:00 En 1960, les premiers satellites espions américains
05:03 n'arrivaient pas à distinguer les objets qui faisaient moins de 12 mètres.
05:07 Aujourd'hui, les satellites les plus performants
05:09 seraient capables de distinguer des objets de 10 cm.
05:12 Et désormais, ils se calibrent sur des sites
05:14 dont on connaît les moindres recoins,
05:16 comme ce désert bolivien,
05:17 ou les rues parfaitement rectilignes de Washington.
05:20 Les marquages au sol, eux,
05:21 sont majoritairement devenus des vestiges d'un passé
05:24 où l'on espionnait pour la première fois ses voisins depuis l'espace.
05:28 Sous-titrage Société Radio-Canada
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