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Regardez Le débat avec Yves Calvi et Amandine Bégot du 15 février 2023

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00:02 Le débat d'RTL matin
00:05 L'Union européenne a donc mis un coup d'arrêt à la production de moteurs thermiques à l'horizon
00:10 2035. Seules les voitures électriques et à hydrogène seront autorisées à la vente. Alors la France est-elle prête à cette révolution ?
00:16 C'est l'une des questions de notre débat. Bonjour Alexandra Le Gendre. Bonjour. Vous êtes porte-parole de la ligue de défense des conducteurs et nous
00:22 sommes en liaison avec Carima Dely. Bonjour Carima Dely. Bonjour Yves Kelvy. Eurodéputée écologiste, présidente de la commission transport et tourisme
00:29 Dans 12 ans donc, toutes les voitures vendues en France et en Europe devront être électriques.
00:34 Alexandra Le Gendre, pour présenter les conducteurs, la France est-elle prête à cette bascule ?
00:38 La France, oui, contrainte par l'Union européenne. Les français, j'en suis moins convaincue
00:42 puisqu'on le voit bien, malgré toutes les subventions aujourd'hui, ce marché a du mal à dépasser les 12-13%
00:47 malgré encore une fois tous les encouragements. Et quand l'année dernière encore, vous aviez le diesel Oni aujourd'hui qui est à 16% de part de
00:54 marché des ventes de voitures neuves.
00:56 Accessoirement aussi, 6 voitures sur 10 aujourd'hui circulent au diesel et l'électrique coûte plus cher. Donc voilà, il va falloir aussi encore plus
01:03 accompagner les français pour devenir dépendant d'une seule technologie, ce qui est mal, on le sait aussi.
01:09 Voilà, ça fait beaucoup de défis et franchement les français, en tout cas la ligue de défense des conducteurs, on le voit bien avec
01:15 notre million de sympathisants, ça passe moyen.
01:17 Vous nous dites "c'est pas possible" si je dois résumer en une phrase.
01:20 Je dis, voilà, en gros c'est ça.
01:22 Carima Dely, qu'est-ce que vous en pensez ?
01:24 Alors tout d'abord, il faut prendre, vous prenez l'exemple de l'électrique. L'électrique aujourd'hui c'est 10% des ventes neuves en Europe.
01:31 Mais vous verrez que dans l'avenir, justement, le prix va baisser. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui la voiture électrique,
01:37 on la paie plus cher qu'une essence.
01:40 Mais c'est parce qu'elle vient d'arriver. Et si on encourageait, comme on a encouragé le diesel et
01:46 l'essence, notamment sur des subventions, on aurait la même dynamique.
01:50 La première chose c'est qu'il faut le dire, tout le monde le dit très très bien, mais
01:55 demain une voiture électrique n'aura plus besoin, notamment,
01:59 même UFC que choisir le dit bien, la maintenance comptera moins cher et le coût des assurances, sûrement.
02:05 Moi je crois qu'aujourd'hui il faut dire aux français que le véhicule électrique c'est pas la seule mission miracle à la mobilité.
02:13 Il faudra continuer les transports en commun, la réouverture des petites lignes, etc.
02:18 Mais la véritable question c'est quels vont être les dispositifs pour pouvoir justement faire en sorte que la voiture,
02:25 aujourd'hui, vous l'avez dit, soit moins chère. Aujourd'hui on sait très bien que les voitures
02:30 neuves sont achetées notamment par les entreprises plus que par les particuliers.
02:35 Donc il va falloir mettre un coup d'accélérateur, notamment sur le marché de l'occasion.
02:40 - Karima Delipak, sur le marché, excusez-moi je vous interromps,
02:43 on en est au tout début de cette transition, le territoire manque totalement de bornes de stationnement et de recharge,
02:49 alors qu'on devrait pouvoir les absorber puisqu'on en est au tout début. Ça vous a pas échappé j'imagine ?
02:55 - Oui c'est pour ça que parallèlement, monsieur Ilkavi, on fait pas juste des normes sur le CO2 au niveau européen.
03:01 Actuellement on est en train de négocier ce qu'on appelle la directive AFIR. AFIR c'est la directive qui viendra mettre en place notamment l'ensemble des bornes
03:10 d'infrastructures. Pour l'instant on est en négociation pour dire tous les 60 km. - Ça sera déployé quand Karima Delipak ?
03:15 - Là on est en train de voir le calendrier mais aussi il faut voir la question des financements.
03:19 Vous voyez, il n'y a pas de voiture électrique sans infrastructure électrique. Donc c'est un
03:25 packaging global et surtout dans cette filière automobile, je le rappelle, qui représente 13 millions de salariés au niveau
03:32 européen, c'est là où on va mettre le paquet parce qu'il faut accompagner la transformation de cette filière afin de préserver ses emplois
03:39 mais aussi de rendre accessible, comme disait tout à l'heure madame, cette voiture.
03:43 Elle doit être accessible. Une voiture accessible électrique demain,
03:47 c'est pas le gros SUV qui coûte plus de 40 000 euros sur nos routes, ce n'est pas ça. Demain on travaillera aussi sur le poids
03:55 notamment
03:56 les normes pour régler cette voiture parce qu'elle doit être
04:00 accessible. Accessible ça veut dire également qu'elle ne prenne pas la place qu'elle devrait prendre aujourd'hui dans les villes. - Vous êtes rassuré
04:08 Alexandra Le Gendre en écoutant Carima Deli? - Bien sûr, je suis tout à fait rassurée surtout quand on sait par exemple l'année dernière il y a eu
04:15 1,5 million de voitures neuves vendues en France et 1,4 million de voitures de plus de 15 ans
04:20 vendues. Donc quasiment la même chose. Donc il y a un total déconnexion me semble-t-il entre la vraie vie,
04:25 c'est-à-dire les gens qui achètent, qui ont les moyens d'avoir des voitures neuves
04:28 et puis ceux qui achètent des voitures de plus de 15 ans.
04:31 Et c'est à ces gens là qu'on parle et en plus avec toutes les subventions qu'on peut offrir sur une voiture électrique,
04:36 on est quand même sur un prix minime de 6 000 euros,
04:39 mais vous avez un quart de la population qui n'a pas le début d'un euro pour acheter une voiture.
04:42 Donc encore une fois là il faudrait un petit peu se reconnecter sur la vraie vie
04:47 et puis un dernier petit chiffre on a 40 millions à peu près de voitures particulières en France,
04:51 on a 0,8% de voitures électriques. Donc il faudra aussi traiter le problème du parc circulant
04:56 parce qu'il va pas disparaître comme ça par magie sous prétexte qu'on vend des voitures neuves. - Votre réaction Carima Deli?
05:02 - Moi je suis dans la vraie vie, moi je suis une parlementaire qui dit qu'on a 13 ans pour s'organiser.
05:07 Vous voyez, on va pas sortir, il faut bien dire à vos auditeurs ce matin,
05:12 ce n'est pas vrai, même après 2035 il y aura encore des voitures thermiques ou hybrides,
05:18 tout le monde ne sera pas sur l'électrique, ce n'est pas vrai.
05:20 Donc moi je suis dans la vraie vie, contrairement à ce que vous dites madame,
05:24 on a 13 ans pour s'organiser, 13 ans c'est pour éviter la caisse sociale qui va sévir.
05:29 Donc c'est maintenant qu'il faut qu'on ne reste pas les bras croisés comme on l'a fait pendant 10 ans.
05:34 Je rappelle que j'étais à l'origine du dieselgate, et puis pendant 10 ans qu'est-ce qu'on a fait?
05:39 On a encouragé le diesel, l'essence, etc. sans mettre en place les alternatives,
05:42 sauf que les marchés face à nous, notamment le marché chinois, il ne va pas nous attendre lui.
05:47 Donc là la véritable question c'est comment on s'organise.
05:51 Pendant, je rappelle, les 10 dernières années, la France, rien que dans le secteur automobile, nous avons perdu 100 000 emplois.
05:58 Non pas parce qu'il y a la transition écologique, non pas parce qu'on dit il faut passer à l'électrique,
06:03 non, on a perdu 100 000 emplois parce que ce sont des choix industriels, et c'est la délocalisation.
06:08 Donc moi ce que je dis c'est que demain le véhicule électrique ou hydrogène doit absolument se faire made in Europe.
06:15 Donc on relocalise et on booste nos filières, parce que sinon on ne sera pas compétitif,
06:20 et là les drames humains seront vraiment très forts.
06:23 - On les trouve où les métaux?
06:27 - Là il y a véritablement des questions.
06:29 La question des métaux, on voit aujourd'hui, on regarde un peu en Europe, il y a toute une filière de lithium, etc.
06:38 Moi la vraie question c'est la volonté de mettre en place tout de suite une filière d'économie circulaire.
06:45 On ne peut pas faire de politique industrielle si on ne pose pas le après.
06:48 Tout doit être recyclé demain.
06:50 Donc c'est là aussi où la filière va recycler ses métaux, mais encore faut-il qu'elle existe.
06:56 C'est la raison pour laquelle la transition écologique de demain doit absolument mettre en place les outils
07:04 qui permettront à cette filière de vraiment faire émerger aussi ses métiers d'économie circulaire.
07:10 - Et Alexandra Lejean vous répond avant de nous séparer.
07:12 - Eh bien moi je me retrouve ici dans la politique du Yaka Faucon.
07:15 On oublie le temps industriel, le temps qui prend plusieurs années pour ce changement, cette transition.
07:22 Et accessoirement on met à nouveau des Français de côté parce que tout le monde ne va pas pouvoir participer à la transition.
07:27 L'électrique est trop cher aujourd'hui et non on ne va pas tout de suite être à des prix équivalents,
07:31 sachant que les voitures thermiques aussi augmentent.
07:34 Je pense vraiment que la casse sociale dans la filière va exister.
07:38 C'est Jim Farley, le patron de Ford, qui expliquait que pour fabriquer une voiture électrique,
07:42 il faut 40% de main d'oeuvre par rapport à une voiture thermique.
07:45 Donc de toute façon, effectivement il y a beaucoup de choses à mettre en place,
07:48 mais je crois que 12 ans finalement c'est très court.
07:50 - Le débat ne fait que commencer.
07:52 Merci.
07:53 [SILENCE]

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