Regardez Le débat avec Yves Calvi et Amandine Bégot du 07 février 2023
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00:02 Le débat d'RTL matin
00:05 C'est en effet une proposition de loi déposée par une quinzaine de sénateurs les Républicains qui va nous faire débattre ce matin.
00:11 Faut-il interdire les grèves pendant les jours fériés et autres vacances scolaires ? Une évolution législative
00:16 pour réglementer en fait l'exercice de droit de grève. Bonjour Sarah Legrain.
00:19 Bonjour. Vous êtes députée NUPES de la France Insoumise de Paris. Face à vous, Othmane Nassrou. Bonjour monsieur Nassrou.
00:25 Vice-président Les Républicains de la région Ile-de-France. Sarah Legrain, interdire de faire grève pendant les vacances ou les jours fériés,
00:30 est-ce que c'est une loi que vous pourriez voter ?
00:34 Alors d'abord je voudrais profiter d'être à l'antenne ce matin pour saluer
00:38 chaleureusement toutes les personnes qui aujourd'hui ont décidé de se mettre en grève, leur dire qu'elles sont soutenues, leur dire que 60% des Français
00:46 considèrent que s'il faut en venir au blocage,
00:50 ils le comprennent et 64% même considèrent que c'est le gouvernement qui serait responsable
00:55 de ce blocage. Et ce que je suis venue dire ce matin c'est que le droit de grève ce n'est pas
01:00 une petite fioriture constitutionnelle.
01:03 C'est la possibilité pour le peuple de s'exprimer. Le peuple ne s'exprime pas une fois tous les cinq ans pour donner les pleins pouvoirs à
01:09 un président.
01:10 Le peuple doit pouvoir s'exprimer y compris par le droit de grève et
01:14 toutes ces personnes qui aujourd'hui perdent leur journée de salaire, ce n'est pas un congé sans solde qu'elles prennent.
01:20 Voilà, elle aussi c'est une galère pour elles de faire grève et si elles le font c'est pour établir un rapport de force
01:25 avec un gouvernement autocratique qui a décidé de n'écouter
01:28 aucun des Français et de passer une réforme dont personne ne veut.
01:31 - Et que dites-vous à ceux qui veulent aller travailler pour toutes sortes de raisons d'ailleurs ?
01:34 - Je leur dis d'être patient, je leur dis
01:37 que je comprends bien ces galères là. Moi d'ailleurs je suis jeune maman, je sais ce que c'est par exemple quand un
01:42 service public de petite enfance est fermé.
01:44 - Merci de le dire.
01:45 - Voilà, je sais que c'est aussi des galères pour
01:47 à la fois pour ceux qui perdent leur journée de salaire et puis pour ceux qui vont avoir des difficultés à cause de ces
01:51 grèves. Mais je leur dis quelques jours de galère par rapport à des années de misère,
01:56 ça vaut la peine. Et d'ailleurs je crois qu'ils le savent parce qu'encore une fois tous les sondages montrent qu'aujourd'hui les Français comprennent
02:02 cette grève et la soutiennent.
02:04 - Alors, Otman Nasrou, la France est championne du monde de la grève, 114 jours en moyenne par an.
02:08 Vous dites stop à la prise d'otages, c'est ça ?
02:10 - Mais je dis stop au fait de bloquer le pays parce que faire grève, oui c'est un droit constitutionnel,
02:15 mais faire grève ce n'est pas bloquer le pays. Et quand j'entends certains mélanger le droit de grève
02:19 avec le droit de blocage du pays, bloquer toute l'activité économique, empêcher ceux qui veulent travailler d'aller travailler,
02:24 empêcher ceux qui veulent déposer leurs enfants à l'école de le faire, et bien je crois que ça n'est pas responsable.
02:29 Une grève, ça s'organise et il peut y avoir des modalités
02:31 d'encadrement du droit de grève comme il en existe dans d'autres pays, comme il en existe dans notre pays déjà.
02:36 Et à chaque fois qu'on a ce débat, on vous explique que c'est s'attaquer au droit de grève, c'est faux, il faut penser à tous ceux
02:40 qui n'ont pas d'autre choix comme vous et moi,
02:42 justement, que d'aller travailler parce que tout le monde n'a pas le luxe d'être patient.
02:45 - Alors justement, avant de redonner la parole à Sarah Legrin, les sénateurs républicains s'appuient sur une loi en application en Italie depuis les années 90
02:51 pour faire simple interdiction de faire grève la veille, le jour ou le lendemain des dates de vacances scolaires
02:56 et des jours fériés, que ce soit dans le transport public ou dans le transport privé.
02:59 C'est un cadre législatif qui vous paraît raisonnable ?
03:01 - Oui, je pense que beaucoup de français ne veulent pas être
03:04 bloqués au moment où ils doivent partir en vacances, les jours de grand départ.
03:08 On peut aussi imaginer que les heures de pointe, aussi, il y a un service qui soit garanti parce que c'est un problème aux heures de pointe.
03:13 On peut imaginer que le préavis aussi de dépôt des grèves, qui aujourd'hui de 48 heures dans les transports, puisse être amené à 72 heures.
03:19 Proposition d'ailleurs qui avait été rejetée par Clément Beaune, parce que j'entends aujourd'hui la majorité
03:23 d'Emmanuel Macron aller sur ce terrain là, mais jusque là, ils y étaient très opposés.
03:26 On peut trouver des modalités d'encadrer le droit de grève pour que ce soit moins pénible pour les français, parce qu'encore une fois, il y a
03:32 des français qui n'ont pas le choix et pour qui faire trois ou quatre heures de transport pour aller travailler, eh bien,
03:37 ils n'ont pas le luxe d'être patients. C'est la moindre des choses aussi qu'on leur doit, cette continuité du service public qui est aussi un
03:43 principe important.
03:43 Que vous inspire, Sarah Laugrin, l'exemple italien et cette notion de calendrier sacralisé, on va dire ?
03:49 Non mais moi je voudrais répondre aux républicains, parce que je pense qu'ils se trompent là en ce moment. Je pense que vous vous trompez
03:54 de croire que les français attendent de vous aujourd'hui, que vous fassiez ce genre de proposition.
04:00 Parce que ce qu'attendent les français aujourd'hui, une immense majorité de français, 80% et même 90%, 93% des actifs.
04:07 C'est que vous participez au blocage de cette réforme dont personne ne veut. Et les français aspirent à ce que,
04:13 justement, y compris les républicains, y compris ceux qui ont reçu mandat du peuple et qui sont à l'Assemblée nationale,
04:19 ne fassent pas passer cette réforme. Et ils les attendent au tournant, à l'Assemblée nationale, au Sénat et
04:25 dans leurs expressions publiques. Et si ce que aujourd'hui les républicains ont à dire c'est "ben écoutez, pendant les congés payés,
04:31 on va limiter le droit de grève", ils sont à côté de la plaque. Maintenant j'aimerais dire quelque chose sur les congés payés.
04:37 Alors déjà, aujourd'hui, ça vaut le coup quand même de se rappeler qu'au mois des vacances de février, c'est pas les vacances que tout le monde
04:42 prend. Mais bon, aussi, les gens parfois doivent prendre le train pour aller déposer les petits aux grands-parents.
04:46 Bon, comment on a eu... - Pardonnez-moi, vous venez de dire quoi là ? Ce sont des bourgeois qui partent à la montagne ?
04:50 - Je suis en train de vous dire que... - Si c'est ce que vous pensez, il faut l'exprimer. - Alors attendez, celui-là, vous êtes en train de caricaturer
04:55 mon propos. Mais par contre, regardez les chiffres. Je vous demande de regarder les chiffres. Parce qu'il y a peu de gens qui partent pendant ces
04:59 vacances-là. Il y a peu de gens qui partent. Mais il y a des gens aussi qui doivent partir pour déposer, ce que je dis, leurs enfants
05:04 aux grands-parents, parce que c'est les vacances scolaires. Donc ce que je dis, c'est que ces congés
05:08 payés, on les a obtenus comment ? On les a obtenus par des grèves et par des blocages du pays.
05:13 C'est des conquêtes sociales qu'on a obtenues ainsi, par ce moyen-là, par cet outil-là. Et deuxièmement,
05:19 et bien justement, si vous voulez du temps libéré, si vous voulez du temps où vos enfants pourront voir vos parents,
05:25 et bien vous avez aussi besoin que les gens puissent partir à la retraite en bonne santé. Et on sait qu'en donnant deux enfermes de
05:31 plus à tout le monde dans le pays aujourd'hui, ce que l'on fait, c'est qu'on
05:34 empêche
05:35 plein de gens de partir à la retraite en bonne santé. Et on fait en sorte que le moment où ils seront à la retraite,
05:39 c'est le début des galères de santé pour eux. Et c'est le début du moment où ils ne pourront même pas
05:43 profiter de leurs petits-enfants et avoir toutes les activités qu'on connaît aux retraités aujourd'hui.
05:47 - M. Nassrou.
05:48 - D'abord, je suis heureux de vous entendre utiliser ce mot de blocage. Et vraiment, moi j'ai une différence.
05:52 Effectivement, nous les Républicains, contrairement à vous, à la France Insoumise, nous ne sommes pas là pour bloquer le pays.
05:55 Le spectacle que vous avez... Je ne vous ai pas interrompu, madame.
05:58 Le spectacle que vous avez donné hier à la Somme des Nationales, qui est aussi un spectacle de blocage, un spectacle d'obstruction,
06:03 un spectacle de conflit en permanence. Et bien moi, ce n'est pas la France que je veux. Je vous laisse
06:07 le monopole de ce blocage à la France Insoumise que vous organisez, avec cette culture du conflit social,
06:12 de la lutte des classes, finalement, dont on devrait sortir dans notre pays. Parce qu'il y a bien d'autres pays où le dialogue social est
06:17 beaucoup plus utile, y compris pour les salariés, et où on ne commence pas une grève avant même d'avoir commencé les négociations.
06:22 Et c'est ça, aujourd'hui, le message que je veux faire passer.
06:25 - De quelle négociation ?
06:26 - Et je veux le dire encore une fois...
06:27 - Rien n'est négociable, Elisabeth Born l'a dit.
06:30 - Vous parlez de la réforme des retraites. Ce n'est pas la première grève. Il n'y a pas que la réforme des retraites.
06:34 On est en train de parler de la grève dans l'absolu.
06:36 Il y a à peine deux mois, il y a eu des blocages de raffinerie, de dépôt de carburant.
06:42 D'ailleurs, ce n'est pas simplement du droit de grève. Il y a des salariés qui empêchent leurs collègues qui veulent travailler de travailler.
06:48 Qui bloquent l'accès à des dépôts de carburant parce que vous, à la France Insoumise, vous nourrissez un dévoiement du droit de grève
06:54 parce que vous voulez le grand soir dont vous rêvez encore et que vous n'aurez jamais.
06:57 Et donc, moi, ce que je dis simplement, c'est qu'il faut comprendre que les Français n'en peuvent plus d'être pris en otage.
07:01 Oui, j'assume le terme. À chaque fois qu'il y a des revendications, et ça n'est pas simplement là sur la réforme des retraites,
07:06 il y a peu de grèves qui sont soutenues dans notre pays par les Français. Il faut laisser les Français tranquilles de temps en temps aussi.
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