Retraites : "On nous a dit que cette réforme allait rapporter 17 milliards. En comptant les amortisseurs, on est en train de brutaliser la société française pour un gain de 2 ou 3 milliards. Cette majorité est totalement irresponsable" selon Sébastien Chenu, vice-président de l’Assemblée nationale, député (RN) du Nord
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00:00 – Et notre invité politique ce matin c'est Sébastien Chenu, bonjour.
00:03 – Bonjour.
00:03 – Merci beaucoup d'être avec vous.
00:04 – C'est moi qui vous remercie.
00:05 – Député du Nord, vice-président du Rassemblement National,
00:07 vice-président de l'Assemblée Nationale, on est ensemble pendant 20 minutes
00:10 pour une interview en partenariat avec la presse régionale
00:12 représentée par Christelle Bertrand du groupe LADPH.
00:14 Bonjour Christelle.
00:15 – Bonjour Auriane, bonjour Sébastien Chenu.
00:16 – Bonjour Madame.
00:17 – On va évidemment parler de la réforme de la traite.
00:19 Sébastien Chenu, les députés qui ont donc rejeté cette nuit
00:21 l'instauration d'un index senior, premier revers pour le gouvernement,
00:25 vous y êtes opposé comme la gauche une quarantaine de députés LR, que dites-vous de ce vote ?
00:30 – Je dis deux choses, d'abord cet index nous ne l'avons pas voté,
00:33 le Rassemblement National a refusé de le voter parce que c'était une sorte de gadget,
00:38 ça n'avait pas beaucoup d'intérêt, ce n'est pas un index qui fait une politique
00:42 en faveur des seniors, en faveur de l'emploi des seniors,
00:44 et donc ça alourdissait de façon totalement inutile les marges de manœuvre des entreprises
00:51 sans produire de résultats.
00:52 – Vous voulez dire que ce n'était pas suffisamment coercitif, c'est ça ?
00:55 – Non, je pense que ce n'est pas le bon outil, tout simplement parce qu'il y a des index
00:58 qui existent sur l'emploi des femmes, sur l'emploi des travailleurs handicapés, etc.
01:01 ça ne produit pas de résultats, en fait c'est une contrainte, souvent supplémentaire,
01:06 une contrainte administrative mais qui ne produit pas de résultats,
01:09 donc ce n'est pas une réponse à la politique des seniors, on peut ouvrir d'ailleurs,
01:12 et nous c'est ce que Marine Le Pen a demandé, ouvrir un débat sur l'employabilité des seniors,
01:17 c'est même une nécessité, vous savez que 42% des seniors arrivent à l'âge de la retraite
01:22 sans être dans le monde de l'emploi, c'est-à-dire ils sont ou au chômage,
01:26 ou sans emploi, ou au RSA, donc là il y a un vrai sujet,
01:29 et puis la deuxième chose hier de ce rejet, donc ça c'est sur le fond,
01:32 ce n'était pas une bonne proposition,
01:35 c'est que ça dit que l'obstruction n'est pas une fin en soi,
01:40 lorsqu'on vote on peut mettre le gouvernement en minorité,
01:44 on peut s'opposer à la réforme des retraites à travers le vote
01:47 et pas à travers l'obstruction, et donc ça veut dire que ce que nous défendons,
01:50 nous les députés du Rassemblement National, si on n'avait pas été là hier soir,
01:54 ça passait à l'index, et bien ce que nous défendons, c'est-à-dire le vote, le débat,
01:58 puis le vote et non pas l'obstruction comme d'autres ont tenté de le faire,
02:01 ça a du sens parce qu'on arrive à s'opposer, à mettre le gouvernement en minorité.
02:04 – C'est un message à la France Insoumise ?
02:06 – C'est un message à tous les parlementaires, on n'est pas là uniquement pour faire du blabla,
02:10 on est là pour voter et quand on vote on peut mettre le gouvernement en minorité.
02:13 – Avant d'en venir à l'obstruction, juste un mot sur le fond de cet amendement
02:18 sur l'index senior, ça veut dire qu'on en parle quand de l'employabilité des seniors,
02:22 si on n'en parle pas maintenant ?
02:23 – Vous avez raison, c'est une proposition qu'a fait d'ailleurs Marine Le Pen,
02:26 c'était immédiatement de travailler ensemble sur une grande loi des seniors
02:30 qui pourrait comporter plusieurs volets.
02:31 – Donc ça pourrait être la loi travail qui arrive au printemps par exemple ?
02:33 – Ça pourrait être cette loi travail évidemment, elle pourrait en faire partie,
02:36 par exemple le fait de faire en sorte que les seniors soient des travailleurs protégés,
02:40 ce qui permettrait de les licencier très difficilement à la fin de leur parcours,
02:46 le fait d'avoir un seuil minimum d'employés du secteur privé
02:51 qui au-delà de 45 ans pourraient être employés dans la fonction publique,
02:54 ce qui leur garantirait un emploi jusqu'à la retraite.
02:57 Il y a plusieurs propositions et là-dessus il faut être assez ouvert.
03:00 – Donc vous êtes à temps pour ne pas en parler maintenant en tous les cas,
03:02 et l'exclure du débat sur le financement.
03:04 – Non, on pense que c'est un vrai projet de société que celui de l'employabilité des seniors,
03:08 il faut en parler, on a des propositions à faire, on en a fait,
03:11 j'ajoute aussi que l'index, pour rester sur le fond,
03:15 était un outil qui était, c'est ce qu'a dit Laurent Fabius,
03:18 le président du Conseil constitutionnel,
03:20 qui n'aurait pas passé la rampe du Conseil constitutionnel.
03:23 Donc en plus, sincèrement, tout ça était totalement bidon,
03:26 et c'est ce qu'on a dénoncé depuis le passage en commission.
03:28 – Mais on a vu les députés se lever après le vote de cette réforme,
03:32 est-ce que vous le voyez comme un revers pour le gouvernement
03:35 ou c'est un vote normal à la Sénat ?
03:36 – C'est un revers pour le gouvernement à partir du moment
03:38 où le gouvernement présentait cet index et qu'il en faisait un peu l'un de ses étendards,
03:45 il nous expliquait que grâce à cet index,
03:47 on allait solutionner l'emploi des séances,
03:48 c'est totalement à côté de la plaque.
03:51 Donc oui, c'est une première gifle pour le gouvernement,
03:54 et ça montre bien que le travail parlementaire peut avoir cette utilité.
03:58 – Ça présage pour vous du vote de l'article 7 ou de la globalité du projet de loi ?
04:02 – Ça présage encore rien, mais ça envoie un signe, ça montre que c'est possible,
04:09 et puis je pense que ça permet de mettre chacun devant ses responsabilités.
04:13 Les députés LR, hier, ils ont voté contre l'index,
04:16 avec nous les députés du Rassemblement National, avec les députés de la gauche,
04:19 donc les députés LR doivent prendre leurs responsabilités sur l'ensemble de ce texte.
04:24 Or on sait qu'il y a un débat chez LR,
04:26 il y a une pression qui est mise sur les députés LR pour voter la réforme des retraites.
04:30 – Pression de qui ?
04:31 – La pression de la direction de LR, d'Éric Ciotti,
04:33 qui ont passé un accord avec le gouvernement, alors même que beaucoup de députés…
04:38 – Pourquoi vous dites qu'il y a un accord ?
04:39 Eux, ils ne disent pas qu'il y a un accord,
04:40 ils disent que le texte qui est présenté par Elisabeth Borne
04:43 reprend ce qui est voté par le Sénat depuis 4 ans et ce qui est dit par les Républicains.
04:46 – Non, il y a un deal, rappelez-vous, le fameux accord sur les 1200 euros,
04:49 c'était le deal des Républicains, d'ailleurs ils ont même dit
04:52 "grâce à nous tout le monde aura une retraite de 1200 euros par mois",
04:55 en fait on est en train de s'apercevoir que ce deal est un deal pourri,
04:58 il n'y a pas de Français qui vont avoir une…
04:59 tous les Français ont entendu, tous les retraités auront 1200 euros net par mois.
05:03 – Avec une carrière complète au SMIC.
05:04 – On s'aperçoit que ce sera brut, qu'il faut avoir fait toute une carrière au SMIC,
05:08 que les carrières achetées notamment des femmes…
05:09 – Et hop ça va être du compte.
05:10 – Bien sûr, que les carrières achetées notamment des femmes ne seront pas prises en compte,
05:12 bref, en fait il y aura 60 000 personnes je crois,
05:15 qui chaque année pourront avoir les 1900 euros.
05:16 – Je sens l'internité du SOPS.
05:18 – Oui, enfin sur les chiffres on n'est absolument pas d'accord,
05:20 en tout cas ce sera très faible par rapport au nombre de personnes concernées
05:24 et cet accord qu'il y avait revendiqué à l'air en disant "on a obtenu ça",
05:29 eh bien tombe par terre.
05:31 – Mais Bruno Le Maire dit que plus d'un million,
05:33 quasiment 2 millions de Français verront leur retraite augmentée de 57 euros en moyenne.
05:37 – Non mais ça c'est… les chiffres de Bruno Le Maire,
05:39 ce n'est pas du tout grâce à l'alignement des 1200 euros, ce n'est pas ça.
05:42 Les 1200 euros, nous on leur demande,
05:44 et d'ailleurs le gouvernement n'a pas été capable de nous le dire,
05:46 combien de personnes seront concernées par les 1200 euros nets,
05:50 de toute façon ce n'est pas 1200 euros nets,
05:52 c'est 1200 euros bruts dans la bouche du gouvernement,
05:54 donc on voit bien que ce qu'ils appelaient le sucré,
05:57 pour faire passer le salé de la réforme, c'est-à-dire leur port de l'âge,
06:00 en réalité, eh bien est tombé à l'eau, donc je reboucle la boucle.
06:04 Les LR ayant raté ce deal avec le gouvernement,
06:07 vont-ils accepter une réforme si injuste ?
06:10 – Vous vous discutez régulièrement avec eux, vous sentez le groupe divisé ?
06:13 – Ah ben il y a autant de positions qu'il y a d'individus, si vous voulez…
06:16 – Un parti du groupe incapable de voter contre l'ensemble du texte ?
06:19 – Ah ben il y a des députés LR, j'en suis persuadé, qui sont capables de le faire,
06:22 moi je vois des textes, sur des textes, vous avez 3 députés LR,
06:26 l'un vote pour, l'un vote contre et l'autre s'abstient,
06:28 donc il n'y a plus aucune ligne directrice chez LR, c'est un cadavre sans tête,
06:32 mais je pense qu'il y a du bon sens chez certains députés LR,
06:35 qui ont compris sur le terrain que les Français ne veulent pas de cette réforme,
06:38 je vous rappelle que 94% des actifs la refusent,
06:42 et donc je pense que s'ils sont logiques, ils n'imposeront pas,
06:45 ils ne contribueront pas à imposer une réforme dont les Français ne veulent pas,
06:49 et ils voteront contre en faisant fi, puisqu'ils se sont fait élire,
06:52 bien souvent comme ils le disent, sur leur nom eux-mêmes,
06:55 et pas sur leur étiquette qui avait effectivement été plutôt
06:58 étiquette catastrophique au moment des élections présidentielles,
07:01 et bien en étant des gens libres, en faisant preuve de cette liberté intérieure
07:05 et de ce courage que nous leur demandons, et bien ils pourront voter contre, oui bien sûr.
07:08 – Elisabeth Borne a fait un nouveau pas hier sur la question des carrières longues,
07:11 le gouvernement a donc déposé un amendement pour les 20-21 ans,
07:14 je cite qui pose le principe que dès lors qu'est atteint l'âge de départ anticipé,
07:18 la réforme ne prévoit pas pour les carrières longues
07:19 de durée de cotisation supérieure à 43 ans.
07:22 Les gens qui ont commencé à travailler à 17 ans seront aussi concernés,
07:25 est-ce que vous saluez cette avancée ?
07:27 – Non mais c'est cosmétique, d'abord c'est totalement flou,
07:29 on ne sait pas si cet amendement, si ça passera par décret,
07:32 le gouvernement n'a pas été capable de le dire hier,
07:34 et les gens qui ont commencé à 16 ans, puisqu'il y a des gens qui ont commencé à 16 ans,
07:38 il y a encore une génération dont certains ont commencé à 14 ou 15 ans,
07:42 pour eux il n'y a rien du tout, donc on voit bien que c'est un bric…
07:44 – Vous lui demandez d'aller plus loin ? Pour les 14 ans, les 16 ans, les 18 ans
07:47 qui doivent encore cotiser 44 ans, mais là-dessus ?
07:49 – Non mais ce n'est pas ça, parce que quand on est dans cette logique-là,
07:53 qui est celle d'une espèce de bricolage, mais qui est celle de,
07:57 aujourd'hui, de revenir sur ces carrières longues,
08:00 on sait très bien que ce gouvernement reste dans la même logique,
08:03 et que donc dans deux ans, il repropose une loi pour aller à 64 ans puis à 65 ans,
08:09 c'est-à-dire qu'ils sont dans la même logique, c'est un bricolage simplement utile
08:13 pour essayer d'obtenir les voix des républicains.
08:15 – Pour vous c'est un bricolage ?
08:16 Parce qu'il y a des Français aujourd'hui qui doivent cotiser 45 ans des carrières longues,
08:20 ils n'auront plus à le faire à l'avenir.
08:21 – C'est un bricolage parce que dans deux ans ça sera remis en cause,
08:24 et puis l'impact financier n'a même pas été calculé ni présenté au Parlement,
08:29 ce qui vous indique que ça n'a pas été très réfléchi,
08:32 et que c'est un peu un sauf-qui-peut de dernière minute,
08:34 vous savez c'est une réforme, on nous a dit cette réforme,
08:36 elle va rapporter 17 milliards dans les caisses de l'État,
08:39 mais quand vous regardez ce que l'ensemble des amortisseurs coûtent,
08:42 les 1200 euros bruts, ils avaient annoncé au Front de l'Agence,
08:46 que ce serait net, aujourd'hui ils nous disent brut, etc.
08:48 À la fin, en fait ça fait déjà 16 milliards.
08:50 – Vous l'avez calculé ?
08:51 – Oui, on l'a déjà calculé, ça fait déjà 16 milliards,
08:53 donc on est en train de brutaliser la société française
08:56 pour un gain de 2 ou 3 milliards,
08:58 sans compter ce qu'annonçait hier Elisabeth Borne,
09:00 ces gens-là, cette majorité est totalement irresponsable.
09:04 – Vous n'allez pas passer de 17 à 2 ?
09:05 – Si, vous avez 11 milliards sur les amortisseurs,
09:07 et 5 milliards sur les 1200 euros.
09:11 – Alors aujourd'hui vous demandez à la NUP de retirer tous ces amendements
09:13 pour arriver très rapidement à la discussion sur l'article 7,
09:16 eux disent, si on suit la logique du Rassemblement National,
09:19 le texte serait déjà voté,
09:21 et on n'aurait pas pu laisser à la rue le temps de s'exprimer,
09:24 ils ne sont pas tout à fait tords là-dessus ?
09:25 – Si, ils sont totalement tords,
09:26 parce qu'ils sont dans une logique d'obstruction pour deux raisons.
09:29 La première, contrairement à nous qui demandons qu'on vote,
09:34 qu'on débatte puis qu'on vote,
09:36 on a vu que ça pouvait marcher, on l'a vu hier,
09:38 la NUP redoutait ce vote,
09:41 redoutait qu'une majorité se constitue pour soutenir cette réforme.
09:45 Et nous c'était l'inverse, nous on pensait que par le débat,
09:48 on allait démontrer avec nos arguments, avec le jeu parlementaire,
09:51 on allait démontrer à nos collègues des Républicains,
09:53 on l'a vu hier, qu'il était possible qu'il n'y ait pas de majorité
09:56 qui se construise pour ce vote.
09:56 Et puis la deuxième chose, la technique de l'obstruction
10:00 et la violence de la NUP, en particulier de la France insoumise,
10:04 que les Français découvrent, les insultes, la brutalité des propos,
10:09 révèlent quelque chose, ce n'est pas uniquement des gens mal élevés,
10:12 ce sont des gens qui ont intellectualisé la conflictualité des rapports politiques,
10:18 c'est-à-dire que tout doit être un conflit,
10:19 c'est-à-dire qu'ils le disent, ils ne s'en cachent pas,
10:22 ils veulent déconstruire les institutions de la République,
10:24 l'Assemblée nationale, le Sénat, la police, la justice,
10:27 pour repartir sur autre chose, des assemblées populaires,
10:29 que celles qui se prennent pour des révolutionnaires de 1789.
10:32 Donc ça veut dire que ce sont des gens qui ont un projet de société
10:35 qui repose d'abord sur une certaine forme de brutalité,
10:37 qui s'éloignent beaucoup des institutions de la Vème République,
10:41 et sincèrement, s'ils étaient au pouvoir,
10:43 enfin vous voyez ce que ça voudrait dire,
10:44 quand on voit Aurélien Saint-Aul qui insulte un ministre d'Assassin,
10:48 un autre avec un ballon de foot,
10:50 les provocations permanentes des députés de la France insoumise,
10:53 sincèrement on se dit que pour préserver le pays,
10:55 il ne faut pas que ces gens un jour arrivent au pouvoir.
10:57 – Alors vous, vous avez fait le choix de déposer assez peu d'amendements,
11:00 vous intervenez assez peu dans l'hémicycle,
11:01 on a du mal à comprendre les positions du Rassemblement national,
11:05 pourquoi le choix de cette stratégie ?
11:07 Finalement le flou ça vous arrange ?
11:09 – Non pas du tout, d'abord on intervient autant que possible
11:12 par rapport aux règles du jeu parlementaire,
11:15 il y a une espèce d'illusion artificielle sur les interventions,
11:19 puisque la NUPES a déposé 15 000 amendements ou 20 000 amendements,
11:24 mais qui sont des amendements répétitifs,
11:25 c'est-à-dire on change une virgule, on change un pourcentage,
11:28 on change une date, et comme ça on intervient à chaque fois,
11:30 et ça c'est de l'obstruction,
11:31 nous on a déposé des amendements de fond,
11:33 et on a vu que lorsqu'on parle du fond,
11:35 parce qu'on pense que les Français veulent parler du fond,
11:37 eh bien on va au débat, et on va au vote,
11:40 c'est exactement ce qui s'est passé,
11:41 la NUPES, on leur a demandé de retirer leurs amendements bidon,
11:44 ils ont retiré, donc on a pu parler de l'article 2,
11:46 et on a pu le voter et mettre en minorité le gouvernement,
11:49 c'est-à-dire que ce qu'on propose comme approche du débat,
11:52 elle est efficace, ce n'est pas de l'obstruction, c'est efficace.
11:55 – Mais par exemple, on a du mal à comprendre votre position
11:57 sur l'article 1er, vous avez voté contre la suppression des régimes spéciaux,
12:00 dans ces régimes spéciaux il y a les employés du CESE,
12:03 de la Banque de France, les clercs de notaire,
12:05 pourquoi voter contre la suppression de ces régimes ?
12:06 – Alors vous n'avez pas bien suivi les débats,
12:08 parce que nous on considère qu'il y a des régimes spéciaux
12:10 qui peuvent être maintenus, qui doivent être maintenus,
12:12 parce que oui, être chauffeur d'un bus, RATP, chauffeur d'un train,
12:17 ce sont des horaires contraignants, ça a des contraintes,
12:19 et un régime spécial, ça correspond à des contraintes.
12:23 En revanche, nous avons indiqué que pour la Banque de France ou le CESE,
12:26 il était possible de revenir sur ces régimes spéciaux,
12:28 il faut les prendre un par un, il faut les serrer,
12:30 regarder ce qui mérite un régime spécial,
12:33 il y a des professions qui le méritent,
12:35 et il n'y a pas de raison de les laisser tomber,
12:36 les pompiers aussi, les agents des forces de l'ordre,
12:40 et puis il y a des gens dont l'évolution des carrières,
12:42 ou dont le métier aujourd'hui n'a pas de contraintes si particulières
12:46 qu'elles nécessitent un régime spécial.
12:48 – Sur la suite, parce que ça fait 10 jours
12:50 que vous avez commencé l'examen de ce texte,
12:52 vous en êtes à peine à l'article 2 qui a été voté cette nuit,
12:54 il reste 2 jours et demi, vous pensez vraiment pouvoir arriver à un vote ?
12:57 – Eh bien nous redisons la même chose à la gauche,
13:00 retirez vos amendements bidons.
13:02 Si vous retirez 15 000 amendements qui sont artificiels,
13:06 qui ne nourrissent pas le débat,
13:08 on va arriver à l'article 7 qui est l'article symbolique,
13:10 je le rappelle c'est celui qui décale l'âge de départ en retraite à 64 ans,
13:14 on va pouvoir le voter et mettre en minorité ce gouvernement,
13:17 et aussi faire en sorte que chacun prenne ses responsabilités.
13:21 Il faut aller à cet article 7 pour ça,
13:23 il faut que les députés de la NUPES, de la France Insoumise,
13:26 retirent tout ce folklore d'amendements
13:28 qui embouteillent les débats et qui n'apportent strictement rien.
13:33 – Leur argument c'est dire "cet article sera voté,
13:36 on n'aura pas la majorité et du coup la contestation dans la rue
13:39 est complètement étouffée si l'article 7 passe".
13:41 Est-ce que ce risque n'est pas réel ?
13:43 – Non mais c'était déjà leur argument
13:45 pour déposer des amendements et faire de l'obstruction,
13:48 ils avaient peur qu'effectivement il n'y ait pas de majorité.
13:51 Ils ne veulent pas aller au vote,
13:52 nous on pense d'abord que dans une démocratie,
13:54 le vote c'est la meilleure réponse, le vote et le référendum,
13:57 je vous rappelle qu'on a aussi proposé que les Français puissent
14:00 obtenir un référendum, sauf qu'ils ne l'ont pas voté,
14:03 il n'y a aucune voix de la NUPES pour voter la proposition de référendum.
14:06 Donc on a toujours l'impression que la NUPES,
14:08 pour mettre des gens des têtes au bout d'une pique,
14:10 des têtes sur des ballons de foot, pour hurler, pour brailler,
14:12 pour faire de l'obstruction, pour tout casser, ils sont là.
14:15 Mais lorsqu'il s'agit de prendre ses responsabilités,
14:17 voter, aller au référendum, débattre du fond,
14:20 je rappelle qu'on a plein d'amendements dont on veut débattre,
14:23 ben là il n'y a plus personne.
14:24 – Mais avec le vote sur l'article 7 et sur l'ensemble du texte,
14:26 vous pensez vraiment pouvoir mettre en échec le gouvernement ?
14:29 – Je pense qu'aujourd'hui le gouvernement, et d'ailleurs ils le disent eux-mêmes,
14:33 n'est pas sûr d'avoir une majorité pour faire passer ce texte,
14:36 qui je le rappelle, est rejeté par les Français.
14:38 Comment peut-on imposer aux Français un texte
14:42 qui est à ce point rejeté par le peuple français ?
14:45 – Alors justement, vous parlez de ce texte qui est rejeté par le peuple français,
14:49 demain la journée de grève ne s'annonce pas très suivie,
14:52 est-ce que pour vous c'est le début de la fin de la contestation ?
14:54 – Non, non, je crois pas, sincèrement il y a eu des journées de grève
14:57 qui ont été beaucoup plus fortes,
14:58 on l'a vu samedi, des journées de mobilisation beaucoup plus fortes,
15:01 on voit que dans le pays il y a une mobilisation importante,
15:04 alors ça peut être un peu plus haut, un peu plus bas selon les journées,
15:07 mais sur le fond, les Français sont hostiles à cette réforme des retraites.
15:12 – Le 7 mars vous appelez à des blocages un peu partout,
15:15 par exemple à une France morte qu'appellent les syndicats.
15:18 – Le blocage c'est pas une fin en soi, ce qui est intéressant c'est pas le blocage,
15:22 c'est ce que le gouvernement tire comme conclusion de tout ça.
15:24 – Non mais est-ce que vous êtes d'accord avec la stratégie des syndicats
15:26 qui veulent mettre la France à l'arrêt ?
15:27 Est-ce que pour vous il faut mettre la France à l'arrêt ?
15:29 – Je laisse les syndicats prendre leurs responsabilités,
15:31 et évidemment lorsque les Français veulent exprimer un mécontentement,
15:34 ils ont ce moyen qui est la grève et qui effectivement a des conséquences,
15:38 qui est d'empêcher le pays de se protéger.
15:39 – Mais pour vous c'est bien ou c'est pas bien ?
15:40 Dans la majorité on entend des voix dire "c'est pas acceptable, c'est irresponsable",
15:43 est-ce que c'est bien ou c'est pas bien ?
15:45 – Il n'y a aucun problème, est-ce qu'il y a des grèves ?
15:46 Et ce que c'est grève évidemment est des conséquences
15:48 qui soient plus difficiles de circuler, plus difficiles de travailler.
15:51 Ce jour-là c'est le principe même de la grève, elle est gênante.
15:54 Mais pour sortir du blocage, il y avait le référendum.
15:57 C'est-à-dire que s'il y avait eu un référendum, les Français débattent,
16:00 les Français votent et il n'y a pas besoin de faire des grèves, des manifs.
16:02 – Mais il fallait l'accord du Président de la République de toute manière.
16:04 – Oui d'accord mais enfin ce serait pas à l'Assemblée Nationale,
16:07 c'était quand même une sacrée pression sur le Président de la République.
16:11 Encore une fois, la gauche n'a jamais été au rendez-vous
16:14 lorsqu'il a fallu se saisir des opportunités qu'il y avait
16:18 pour empêcher cette réforme des retraites.
16:20 On leur dit, nous on leur dit encore, il y a des possibilités encore légales
16:24 qui ne mettent pas le pays à feu et à sang, retirez vos amendements bidons.
16:29 – Mais alors vous dites, les manifestations, les blocages
16:32 peuvent mettre une certaine pression sur les épaules du gouvernement
16:34 mais vous n'appelez pas à manifester, vous n'appelez pas à bloquer,
16:36 est-ce que vous ne déléguez pas un petit peu le travail aux autres ?
16:38 – Non mais on n'a jamais fait ça, on n'est pas une centrale syndicale,
16:41 ce n'est pas notre boulot, nos militants, nos adhérents
16:46 sont bien souvent dans les manifestations, moi je le vois.
16:49 Donc on ne l'a jamais fait mais sur aucun sujet,
16:51 que ce soit de la manif pour tous il y a 15 ans
16:54 où Marine Le Pen n'a pas défilé jusqu'à aujourd'hui,
16:57 ce n'est pas notre rôle, en revanche on l'a chacun fait.
16:59 – Vous pourriez aller défiler, vous pourriez retourner le 7 mars.
17:03 – Contre la réforme de la CSG, oui le truc qui me gêne,
17:06 c'est bras-dessus-bras-dessous avec des gens qui ont fait élire Emmanuel Macron
17:10 comme Martinez et Berger, c'est quand même totalement hypocrite,
17:12 parce que c'est un peu quand même les pompiers pyromanes,
17:14 ils ont fait élire Emmanuel Macron pour ne pas,
17:16 où ils ont fait battre Marine Le Pen, chacun le voit comme il veut,
17:19 en tous les cas ça a abouti à l'élection d'Emmanuel Macron
17:22 qui avait dit qu'il ferait cette réforme des retraites
17:24 et maintenant ils urnent parce qu'il y a cette réforme des retraites sur le tapis.
17:27 Il ne fallait pas faire élire Emmanuel Macron,
17:28 il fallait faire élire la candidate qui a un projet
17:31 qui était 40 annuités, départ à 60 ans.
17:33 – Mais est-ce qu'aujourd'hui alors que le Parlement est contraint
17:35 par les articles 47.1, 49.3, la pression de la rue
17:38 n'est pas la seule solution pour faire retirer ce texte ?
17:40 – Non, il y a trois outils dans une démocratie,
17:42 il y a trois outils j'allais dire,
17:43 il y a l'outil de la pression populaire, de la rue à l'extérieur,
17:47 il y a l'outil du débat au Parlement et on a vu que ça marchait bien.
17:50 Quand on utilise cet outil, ça veut dire que nos institutions,
17:53 elles ont du sens… – Et le gouvernement déclenchera le 49.3 de toute manière ?
17:56 – Eh bien, écoutez, on verra parce que si son but c'est de faire passer
18:00 cette réforme qui est un véritable choix de société à coup de 49.3,
18:03 ça fera naître du ressentiment dans la société française
18:06 et peut-être même au-delà, je leur dis d'être très précautionneux,
18:09 de faire très attention à la brutalité avec laquelle
18:12 ils pourraient faire voter cette réforme de la retraite.
18:14 Et puis, il y a le débat dans la société auquel vous concourez les médias
18:18 en faisant, en invitant des gens qui sont favorables, défavorables
18:21 à cette réforme de la retraite, ce qui permet de faire aussi
18:23 évoluer l'opinion publique.
18:25 – Est-ce que vous comprenez la prise de recul d'Emmanuel Macron,
18:28 du Président de la République sur ce sujet qu'il a pourtant
18:31 fortement porté pendant la campagne électorale ?
18:34 – Je crois que le Président de la République est perdu,
18:36 mais ça fait longtemps je crois qu'il est perdu, depuis les législatives,
18:39 il n'a pas compris, il pensait que les Français allaient lui donner
18:42 une majorité, il n'a pas compris que les Français majoritairement
18:47 ne l'avaient pas réélu pour lui, pour son programme,
18:49 que c'est plus complexe que ça probablement,
18:51 et donc je crois que c'est un Président qui est perdu,
18:53 qui ne comprend pas les Français, totalement hors-sol.
18:57 D'ailleurs, il suffirait pour lui de regarder ce qui se passe dans le pays
19:01 pour comprendre que les Français n'adhèrent pas à sa politique,
19:04 pour comprendre qu'il y a une brutalité dans sa politique
19:07 et pour comprendre que l'uberisation de notre société,
19:10 du monde du travail n'est pas une réponse en soi.
19:14 Les Français veulent trouver un monde du travail industriel,
19:16 avec des emplois de qualité, le Président de la République a une vision…
19:19 – C'est parce qu'il est perdu qu'il s'efface un peu selon vous ?
19:22 – Je crois qu'il n'a pas grand chose à dire aux Français aujourd'hui.
19:23 – Il doit s'exprimer pour vous sur ce sujet ?
19:25 – Je pense que le Président de la République devrait effectivement
19:29 s'exprimer mais devrait retirer cette réforme, vous savez,
19:31 on peut se tromper dans la vie ou on peut tout simplement
19:35 proposer quelque chose qui ne recueille pas l'assentiment des Français
19:38 et à ce moment-là c'est une grandeur, c'est faire œuvre de grandeur
19:41 que de le retirer et de dire on convoquera par exemple
19:43 une grande conférence sur l'emploi des seniors,
19:45 une grande conférence sur les salaires, là encore,
19:47 nous on a proposé que les salaires augmentent de 10%
19:50 jusqu'à 3 fois le SMIC en échange d'un gel des cotisations patronales,
19:54 là encore la gauche, absent, pas là, totalement irresponsable,
19:58 mais on dit à Emmanuel Macron, il y a des grands projets de société
20:01 dont on veut débattre, l'emploi des seniors, la hausse des salaires,
20:04 le coût de la vie, le pouvoir d'achat, enfin vous vous rendez compte,
20:08 l'inflation au mois de mars sur l'alimentaire, ce que ça va donner,
20:10 il y a des grands rendez-vous qu'il pourrait prendre avec les Français.
20:14 Malheureusement il choisit de brutaliser pour des raisons idéologiques
20:18 parce qu'il veut dire à la fin "j'ai réussi à faire passer quelque chose"
20:21 mais quand on réussit à faire passer quelque chose,
20:23 il ne faut pas le faire contre les Français.
20:25 – Merci Sébastien Chenu, merci beaucoup d'avoir été notre invité ce matin.
20:28 Assemblée, on se calme, c'est à la une de la Dépêche,
20:31 aujourd'hui c'est la une de votre journal Christelle.
20:34 – Merci beaucoup, on passe au Club des territoires.
20:36 Ciao !
20:37 *bruit de démarrage*