• l’année dernière
Regardez Le Mag Pol avec Vincent Parizot du 19 février 2023

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL dimanche soir. Le Magpol. Avec Vincent Parizeau.
00:08 Le Magpol, le magazine politique de la rédaction d'RTL avec ce soir un ancien président, François Hollande, invité du grand jury RTL de Figaro à LCI.
00:16 On va écouter les moments forts de l'émission débriefée avec ses interviewers. La réforme des retraites dans un entre-deux
00:22 après quinze jours de tensions à l'Assemblée et avant le Sénat. Un éclairage sur ces parlementaires
00:27 républicains opposés à ce texte après l'éviction notamment d'Aurélien Pradié de son poste de numéro 2 de LR.
00:33 On sera pour un reportage Magpol avec le député du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont.
00:38 Et puis un an après le début de la guerre en Ukraine au moment où s'achève la conférence de Munich sur la sécurité,
00:43 questions sur la stratégie militaire de la France. Quel budget ? Pour faire quoi ? Quel type de guerre ? Avec quelles ambitions ?
00:51 Sommes-nous vraiment au niveau ? Ces questions sont posées dans une tribune par François Cornu-Genti, membre honoraire du Parlement spécialiste des questions de défense.
00:59 Et il sera l'invité du Magpol.
01:01 Vincent Parizeau, le Magpol sur RTL.
01:05 François Hollande était donc à la mi-journée l'invité du grand jury
01:08 RTL de Figaro à LCI. Deux grands dossiers dans cette émission pour l'ancien chef de l'État.
01:13 L'Ukraine a quelques jours du premier anniversaire de l'invasion russe. On y reviendra dans quelques minutes. Et puis donc autre sujet phare de ce grand jury,
01:19 la réforme des retraites et l'examen du texte à l'Assemblée ces deux dernières semaines.
01:23 C'est la première fois qu'il y a un mouvement social qui est conduit par une organisation réformiste comme la CFDT.
01:29 Donc pour le gouvernement ça aurait dû être
01:31 l'élément principal de la négociation. Plutôt que de négocier avec monsieur Chioti ou avec monsieur Pradié, c'était
01:39 essentiellement vis-à-vis de Laurent Berger et des syndicats réformistes et d'autres syndicats aussi qu'il fallait se tourner.
01:46 Parce qu'il a raison Laurent Berger, il y avait des millions de gens dans la rue qui ont dit ce qu'ils avaient à dire pour
01:51 contester cette réforme, qui s'y sont repris à plusieurs fois, qui ont même fait grève, qui ont perdu de l'argent.
01:56 Et qu'est ce qui se passe à l'Assemblée ? On voit ce spectacle, donc il a raison. D'un côté l'obstination d'un gouvernement et de l'autre
02:03 l'obstruction d'une opposition
02:05 de lfi. Nous avons vécu une quinzaine de dupes puisque chacun des acteurs a été à contre-emploi.
02:12 Le gouvernement d'abord, puisqu'il a pris une procédure exceptionnelle pour faire passer une réforme, celle des retraites,
02:18 comme si c'était un budget de la sécurité sociale. Le deuxième acteur c'est la France Insoumise qui
02:24 n'a même pas entendu ce que lui demandaient les organisations syndicales, celles qui sont supposées conduire le mouvement.
02:30 Troisième acteur, la droite, qui
02:33 jusqu'à présent était connue pour
02:36 faire une surenchère pour avoir une réforme plus dure, et qui là
02:41 apparaissait comme étant ceux qui demandaient un assouplissement, un allègement, une amélioration sociale. Et enfin le dernier acteur,
02:48 le Rassemblement National, qui s'est caché tout au long de la discussion et à la fin a sorti
02:54 une motion de censure. Donc il savait parfaitement, le Rassemblement National, qu'elle ne pourrait pas passer. Donc c'était finalement un
03:02 formidable gâchis. Aucun des acteurs n'en sort
03:06 victorieux, ni le gouvernement, ni l'opposition,
03:08 et surtout pas les français. Est-ce que vous pensez que l'article 7, c'est le passage de l'article 681, aurait été voté par la majorité ?
03:16 On ne peut pas le savoir. Et c'est précisément ce que les organisations syndicales souhaitaient, de pouvoir mettre les uns et les autres
03:23 devant leurs responsabilités. Et peut-être qu'effectivement il y aurait eu, et du côté des LR et du côté de la majorité,
03:30 des faillances, on va dire, en tout cas des votes
03:34 négatifs. Et c'est ce qu'on ne saura jamais. Et c'est pour ça que l'obstruction venue de LFI a été finalement une bouée de sauvetage pour le gouvernement.
03:42 Voilà donc pour l'essentiel des propos tenus par l'ancien président de la République, François Hollande, au grand jury RTL de Figaro et LCI sur ce
03:50 dossier des retraites. On y revient avec
03:53 Olivier Bosse pour RTL. Bonsoir Olivier. Avec Bastien Auger pour TF1-LCI. Bonsoir. Bonsoir. Avec Marion Mourre pour le Figaro.
04:02 Bonsoir. Et également par les interviewers de François Hollande, il y avait Marie-Pierre Haddad pour RTL.fr. Bonsoir Marie-Pierre. Bonsoir.
04:09 On retient quand même
04:12 ce constat, ils disent ce qu'on vient de vivre à l'Assemblée, ça a été un immense gâchis. Oui et
04:18 François Hollande aligne tout le monde au passage. C'est-à-dire que le gouvernement, pour le fait de ne pas avoir discuté avec les syndicats,
04:26 la France insoumise bien entendu pour ce spectacle lamentable,
04:31 les Républicains, parce que maintenant
04:33 ils sont plus mous qu'ils n'étaient avant, et puis ensuite pour le Rassemblement National qui se planquent et qui espèrent bien
04:41 en récupérer les fruits. Et il a cette petite phrase
04:44 "l'obstination de LFI a été la bouée de sauvetage du gouvernement". D'ailleurs Jean-Luc Mélenchon qui avait dit
04:51 à ses troupes "c'est pas la peine de vous presser pour aller voter l'article 7" et il le regrette François Hollande, il dit
04:58 "peut-être qu'il aurait fallu aller jusqu'à l'examen de l'article 7, on ne sait jamais, il aurait pu ne pas être voté".
05:04 Oui et là François Hollande pour le coup rejoint une partie de la NUPES qui est froissée par l'attitude qu'a eue Jean-Luc Mélenchon
05:10 et ses soutiens de la France insoumise à l'Assemblée Nationale, parce que beaucoup, y compris à gauche, et Laurent Berger aussi du côté de la
05:17 CFDT disait "il fallait aller jusqu'à cet article 7". Donc il y a une sorte d'isolement sur la méthode là-dessus de Jean-Luc Mélenchon.
05:23 Voilà donc François Hollande qui parlait d'un grand gâchis au sujet de ces débats, ces un petit peu moins de deux semaines de débats
05:29 à l'Assemblée. On y revient maintenant sur ce grand chahut avec vous, bonsoir Thomas Dépré.
05:34 Bonsoir Vincent, bonsoir à tous. Donc grand gâchis peut-être mais grand chahut c'est certain.
05:38 Oui c'est le moins qu'on puisse dire. Tous les observateurs s'accordent à dire que ces 15 jours dans l'hémicycle ont donné à voir un bien
05:44 triste spectacle, des invectives, des suspensions de séances à l'appel, un broa généralisé et ça a commencé
05:49 dès la première séance. On rembobine, nous sommes le lundi 6 février.
05:53 La parole est à monsieur Olivier Duflop, ministre du travail, du plan d'emploi et de la séance, s'il vous plaît.
05:59 Déjà le ministre peine à se faire entendre.
06:01 Non, il n'y a pas de chahut.
06:03 Des engagements présidentiels.
06:05 On n'est pas dans un amphi, on n'est pas dans une manif, on est dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
06:09 Pas un amphi, pas une manif et pourtant pendant 15 jours, pas une journée, pas une séance ne s'est déroulée dans le calme.
06:16 Vous me faites vomir, vous me faites vomir avec une telle attitude.
06:20 Vous êtes des gros, des hypocrites, c'est ça la vérité.
06:23 Vous faites pitié.
06:25 Des débats pas toujours de haut vol et pour ceux qui espéraient des discussions constructives, il faudra repasser.
06:30 Parce qu'à part quelques avancées sur les carrières longues, les quelques 20 000 amendements déposés
06:34 n'auront pas permis de discuter de la mesure phare, le départ à la retraite à 64 ans, à la place des centaines de rappels au règlement.
06:41 Monsieur Lachaud pour un rappel au règlement.
06:44 Madame la présidente Berger, rappel au règlement de madame Soudet.
06:48 Et un niveau de tension rarissime.
06:50 Qu'est-ce que vous voulez ? Vous voulez quoi ? Vous voulez recommencer ? Vous voulez ma tête comme mon collègue ? C'est ça que vous voulez ?
06:57 Vous avez la responsabilité de ces choix politiques. Vous êtes un imposteur et un assassin.
07:02 Mesdames et messieurs les députés insoumis, vous m'avez insulté 15 jours.
07:07 Vous chantez mais vous m'avez insulté. Personne n'a craqué.
07:11 Personne n'a craqué et nous sommes là devant vous pour la réforme.
07:15 Si vous dites que c'est des attaques, vous l'avez reconnu, le ministre du Travail Olivier Dussopt,
07:21 à qui le député LR Aurélien Pradié a aussi reproché de ne pas être assez concentré pendant les débats.
07:26 Le premier des respects, monsieur le ministre, c'est de ne pas faire des mots croisés
07:30 lorsque la représentation nationale s'exprime aussi pénible que ce soit.
07:35 Mais que ses partisans se rassurent, Olivier Dussopt n'était pas seul.
07:38 Pendant les 15 jours, il a pu compter sur son voisin dans l'hémicycle,
07:41 l'ancien porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, jamais avare d'une pique envers la France insoumise.
07:47 Vous êtes nostalgique de la guillotine mais c'est vous qui avez perdu la tête dans ce débat.
07:51 Chaque fois que vous ouvrez une porte, vous êtes dans un placard.
07:54 Ce n'est plus la France insoumise, c'est la France imprécise.
07:58 Concours de punchline comme disent les jeunes. Allez, Vincent, je vous en rajoute une.
08:02 Les Français ne sont pas dupes. D'ailleurs, l'UPS, c'est l'anagramme de pneus. C'est creux.
08:09 Bon, je vous avais prévenu, il fallait l'inventer.
08:11 Très honnêtement, personne ne sort de ces débats grandi.
08:14 Et pour finir ce fleurilège, je voulais vous faire écouter l'un des ultimes rappels au règlement de ces derniers jours,
08:18 celui du député Corse, Paul-André Colombani. Il résume finalement assez bien la situation.
08:23 Moi, mon sentiment, je vais vous le donner, c'est que c'est l'Assemblée nationale qui sort discrédité.
08:29 Et pire encore, c'est le jeu démocratique qui sort discrédité de ce débat.
08:35 Un discrédit général. L'Assemblée, c'est terminé. Maintenant, place au Sénat.
08:39 Voilà, où ça sera évidemment, logiquement, plus calme.
08:43 Merci Thomas Dépré. Et puis, victime collatérale de cette affaire, le député Aurélien Pradié.
08:48 Vous l'avez entendu d'ailleurs, c'est celui qui reprochait à Olivier Dussopt de faire des mots croisés.
08:52 Il était numéro 2 des Républicains. Il affichait depuis le début son opposition à certains aspects de la loi.
08:57 Il avait obtune d'ailleurs des concessions du gouvernement.
09:00 Mais il prenait sans doute un peu trop la lumière au goût d'Éric Ciotti.
09:03 Résultat, il était limogé hier de son poste de numéro 2.
09:06 Il vient d'ailleurs de réagir. Il juge son éviction contraire à l'exigence du rassemblement
09:10 et au respect de tous les adhérents des Républicains.
09:13 Alors, parmi ses proches, parmi la dizaine de députés républicains à traîner les pieds dans cette affaire,
09:18 il y a le député du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont.
09:21 Et bien, écoutez ce reportage Magpol, à ses côtés, Périne Roguet.
09:24 Nos grands-parents qui se sont battus pour tout, là. On est en train de tout perdre.
09:27 Cécile est une ancienne aide à domicile. Elle est révoltée face au projet de loi de réforme des retraites.
09:32 64 ans, elle ne veut pas en entendre parler.
09:35 Vert à la main, elle n'imagine pas en un instant ses collègues travaillés jusque-là.
09:38 Voyez une dame de 64 ans aller laver une personne, lui faire sa toilette. Dans ces cas-là, elle va y aller avec ses cannes.
09:44 Les gens qui travaillent dans le bâtiment, qui sont dans les lues, c'est pas possible.
09:47 De toute façon, la plupart du temps, la retraite, ils le font même pas. Je suis désolé de le dire, ils sont décédés.
09:51 De table plus loin, Pierre-Henri Dumont est justement venu écouter les doléances des habitants de sa circonscription.
09:57 Pendant un peu plus d'une heure, son bureau était au Canary, un bar calaisien.
10:02 Bonjour ! Bonjour !
10:04 Ici, les termes carrière longue et pénibilité sont dans toutes les bouches. Enfin, entre deux parties de billard.
10:10 Perdu par l'élu, le parti Les Républicains a clarifié sa ligne cette semaine. Un soutien à cette réforme.
10:17 Pourtant, l'élu LR affirme une position inflexible.
10:21 Moi, de toute façon, j'étais très clair, s'il n'y a pas prise en compte de la pénibilité, prise en compte des carrières longues,
10:26 quand ça reviendra à l'Assemblée pour le vote définitif, moi, je suis prêt à voter contre.
10:30 La suite de l'opération "Retour sur le terrain" se fait quelques kilomètres plus loin, au salon de la Mer et de l'Artisanat.
10:36 Pierre-Henri Dumont est là aussi accueilli tout sourire. L'occasion pour lui d'enterriner sa position.
10:42 43 ans de cotisation pour tous et d'expliquer les coulisses de certains conflits dans l'hémicycle.
10:48 Le ministre prend la parole et dit "voilà, on accepte le 43 pour tout le monde". Très bien, super.
10:52 Et en fait, quand on lit, on s'aperçoit qu'il y a toujours 44.
10:54 T'as aujourd'hui, je pense, en tout cas un gouvernement qui ne sent pas le pays. Donc du coup, ils font des conneries.
10:59 Mais les esclandres des derniers jours ne réjouissent pas franchement Sylvie.
11:02 Je suis un peu déçue. Enquiller des clans politiques, des idées politiques différentes, je le conçois.
11:07 Je veux que ça devienne un champ de bataille. Je veux dire, c'est pas ce qu'on veut.
11:12 Et on voudrait que des lois soient prises et qu'elles soient prises dans le bon sens pour tout le monde.
11:16 Farouchement opposée à cette réforme, la canésienne garde un oeil sur l'Assemblée et surtout sur son député.
11:22 Qu'il ne se trompe pas de côté. Parce que je pense que les canésiens lui en voudraient beaucoup.
11:26 En tout cas, au Canary, la mission est accomplie pour l'élu. Il repart même avec son souvenir, la photo avec le patron du bar.
11:33 Merci, merci de la quête. Et quand vous voulez. A bientôt.
11:38 Voilà, reportage Mac Paul signé Périne Roguet. Allez, on a une courte pause dans un instant.
11:43 La suite du Mac Paul, un an de guerre en Ukraine, le grand jury de François Hollande.
11:47 Et puis des interrogations sur la stratégie de l'armée française et la manière éventuellement de poser le débat.
11:55 On sera avec François Cornu-Gentil qui est membre honoraire du Parlement et spécialiste de ces questions de défense.
12:00 A tout de suite.
12:03 RTL dimanche soir. Le Mac Paul avec Vincent Parizeau.
12:09 François Hollande était donc invité du grand jury RTL de Figaro LCI. On l'a entendu il y a quelques minutes sur le retraite.
12:14 Mais l'ancien chef de l'État a surtout parlé de la guerre en Ukraine presque un an après son déclenchement avec l'offensive russe.
12:20 La guerre va durer. Elle va durer longtemps. Elle va durer tant qu'il n'y a pas eu un rapport de force militaire qui aura été créé dans un sens ou dans un autre.
12:29 Pour qu'elle ne dure pas longtemps, il faut aider massivement l'Ukraine.
12:33 Car sinon, il va y avoir ce que l'on appelle un conflit gelé, c'est-à-dire qu'il va y avoir une situation où il n'y aura ni vainqueur ni vaincu,
12:41 où les forces vont se stabiliser comme dans d'autres époques avec des tranchées.
12:47 Et au bout d'un certain moment, il y aura l'acceptation de l'amputation du territoire ukrainien.
12:52 Les seules garanties de sécurité qu'il faut donner, c'est à l'Ukraine.
12:56 Ensuite, il y a sûrement vis-à-vis de la Russie, ce qui a toujours été la position de la France avant même ce conflit,
13:04 c'est que l'Ukraine ne doit pas rentrer dans l'OTAN.
13:07 Car ça, ce serait pour les Russes, la partie russe, le fait majeur qui justifierait précisément leur intervention.
13:15 Voilà donc pour les propos de François Hollande un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
13:22 On y revient avec ses interviewers Olivier Bos pour RTL, Marie-Pierre Haddad pour RTL.fr,
13:27 Bastien Auger pour TF1 et LCI et Marion Mourgues pour Le Figaro.
13:32 On retient tout d'abord cette quasi-certitude affichée d'entrée par François Hollande,
13:37 la guerre va durer longtemps, très longtemps, dit-il.
13:40 Oui, François Hollande partage la plupart des constats qui ont été établis par Emmanuel Macron.
13:46 Très clairement, la guerre va durer et surtout, il va falloir s'engager beaucoup plus dans cette guerre,
13:50 il va falloir mettre beaucoup plus de moyens, ça, ça vaut pour tout le monde et pour les Européens.
13:55 Là-dessus, François Hollande est sur la ligne d'Emmanuel Macron, il ne se montre pas critique.
14:01 En revanche, il note quand même le changement de ton, c'est-à-dire que finalement,
14:06 quelque part Emmanuel Macron s'est rendu à l'évidence, on ne peut pas discuter avec Vladimir Poutine,
14:11 il faut d'abord gagner la guerre.
14:13 Il dit quand même "on est trop lent pour aider l'Ukraine".
14:16 Est-ce qu'il parle de la France ou est-ce qu'il parle plus généralement des Occidentaux, des Européens ?
14:23 Marion Mourgue ?
14:24 Il y a les deux. Il y a l'idée qu'Emmanuel Macron, alors qu'on savait comment fonctionnait Vladimir Poutine,
14:30 a pris du temps pour comprendre.
14:32 Et il y a l'idée aussi que les Européens, au départ, ne se sont pas organisés en force collective
14:36 et qu'ils ont négocié, il évoque le cas des chars, en fait, pays par pays,
14:41 et il dit "comment on fait la guerre si on a quatre chars français et d'autres allemands ?"
14:45 Et qu'il a question, on va se poser, pour les avions.
14:47 Il insiste quand même beaucoup sur l'Europe de la défense, c'est-à-dire que pour lui,
14:50 toutes ces questions doivent être prises au plan européen, et c'est juste là où il y a un petit décalage
14:55 entre l'idée qu'il faut aider l'Ukraine vite et fort, et ensuite, la réponse de l'Union Européenne
15:02 ou l'Europe de la défense, on sait que ça va prendre un temps monstrueux.
15:04 Marie-Pierre Haddad ?
15:05 Et il y a un point précis sur lequel François Hollande a évolué, c'est sur la menace nucléaire.
15:10 Là, il n'a pas souhaité rentrer dans le rapport de force et dans le fait de jouer un peu la provocation
15:15 et la menace là-dessus, alors qu'au début de la guerre en Ukraine, il disait "bah non,
15:20 Vladimir Poutine brandit la menace nucléaire, mais je n'y crois pas".
15:24 Il parlait même de bluff, donc il avait eu des mots très tranchés à l'époque,
15:27 et là, il a pris énormément de recul par rapport à ça.
15:29 Marie-Pierre Haddad, Marion Mourgues, Bastien Auger, Olivier Bost, merci,
15:33 mais évidemment, on continue à évoquer ce dossier de la guerre en Ukraine, avec l'invité du Magpol.
15:40 Et l'invité du Magpol est avec nous, François Cornu-Gentil, ancien député, ancien maire de Saint-Dizier,
15:46 aujourd'hui membre honoraire du Parlement, et surtout, et c'est pourquoi vous êtes avec nous ce soir,
15:50 spécialiste des questions de défense, bonsoir.
15:52 Avant de parler de nos armées quand même, un mot, puisque vous êtes membre honoraire du Parlement,
15:56 ancien député de longue date, qu'est-ce que vous avez pensé de ce grand bazar parlementaire
16:03 pendant ces 15 jours de débat ?
16:05 - Je pense qu'on est bien conscient, malheureusement, que le navire prend l'eau depuis un moment,
16:10 et j'ai le sentiment que l'instant du naufrage s'approche.
16:14 On a l'impression d'une mécanique qui dépasse les autres.
16:16 Le pire, c'est qu'il y a à l'Assemblée des gens très bien.
16:19 Comment se fait-il que des gens très bien en arrivent là ?
16:22 Je pense que c'est un désastre collectif, et qu'il est urgent de se reprendre,
16:27 parce qu'on a effectivement un monde qui est dangereux,
16:30 des questions de défense très importantes à régler, des sujets sur l'immigration,
16:33 sur le réchauffement climatique, on ne peut pas les traiter de cette façon-là.
16:36 - Alors, la défense, justement, après un an quasiment de guerre en Ukraine,
16:39 vous signez une tribune, dans la tribune d'ailleurs, intitulée "Osons un débat politique sur notre défense",
16:45 et vous imaginez, vous rêvez d'un gouvernement qui accepte d'être questionné de manière non complaisante,
16:51 d'un Parlement, justement, on y vient, qui s'extrait à un instant de ces disputes,
16:55 et vous dites "Ce sont les conditions requises pour une véritable stratégie pour notre défense".
17:00 Ça veut dire que vous pensez que la France n'a pas de stratégie ?
17:04 - Non, on a des mots, aujourd'hui, le débat sur la défense, qui devrait intéresser tous les Français,
17:09 il est en réalité monopolisé, il se passe à guichet fermé,
17:14 entre les militaires, les industriels, qui veulent de l'argent, et puis Bercy, qui n'en veut pas.
17:20 Quand ça dégénère un peu trop, on demande au Président de la République "Où est-ce que vous mettez le curseur ?"
17:24 - C'est ce qu'il a fait d'ailleurs récemment avec cette augmentation, 100 milliards d'euros, c'est pas rien !
17:29 Mais si l'on regarde l'état du monde, les dangers qui pèsent sur l'Europe, qui pèsent sur nous,
17:36 si on regarde aussi ce que font nos voisins, les Allemands et les Anglais,
17:40 il faut comprendre que c'est à la fois beaucoup, et sans doute pas du tout à la hauteur de la situation.
17:46 C'est ce paradoxe, donc le gouvernement a absolument raison de dire qu'il fait un effort important,
17:51 en revanche, si on regarde ce qui se passe dans le monde, ce qui se passe chez nos voisins,
17:55 cet effort est insuffisant.
17:57 - Je voulais souligner que les décisions sont prises sans débat.
18:00 - Elles sont prises entre les personnes très respectables que j'ai notées,
18:04 les militaires, les industriels qui veulent des matériels, puis Bercy qui sert un peu la vis.
18:08 On n'a pas une vision de quelles sont vraiment les menaces.
18:12 Nous, la France, où est-ce qu'on risque de prendre des mauvais coups ?
18:16 Est-ce qu'il y a des gens qui préparent des mauvaises choses pour nous ?
18:18 Regardez comment on s'est fait surprendre au Mali,
18:20 on est une puissance mondiale et on voit bien qu'on a des grands points de faiblesse.
18:25 Alors on a fait ce qu'on appelle une revue stratégique,
18:28 mais le paradoxe c'est qu'elle n'a de stratégique que le nom.
18:33 On ne défend pas, on ne dit jamais à aucun moment où sont nos intérêts,
18:38 comment on va les défendre, on est très vague.
18:40 Un exemple qui est très français, on a toute une grande stratégie mondiale dans le Pacifique,
18:47 certes on a des intérêts, Nouvelle-Calédonie, un certain nombre de choses,
18:51 et je pense qu'il faut faire des choses,
18:52 mais on met beaucoup de lyrisme là-dessus et on ne dit pas grand chose sur la Méditerranée.
18:58 On voit bien qu'y compris avec les questions migratoires et autres,
19:01 l'enjeu méditerranéen est capital pour la France et dans un très court avenir,
19:06 on est un peu sec là-dessus.
19:08 - La question principale, au-delà de la stratégie et de la diplomatie auxquelles vous venez de faire allusion,
19:15 c'est quand même le volume du financement.
19:18 Quelle est la part de notre richesse nationale qu'on est disposé à consacrer à la défense ?
19:24 - Aujourd'hui, le Président de la République a fixé un objectif de 2% en 2025,
19:30 on va y arriver, c'est 50% c'est pas mal.
19:32 - Mais c'est quand même beaucoup moins que dans les années 60.
19:34 - C'est beaucoup moins, effectivement.
19:36 Je pense que si on voulait être à la hauteur des enjeux d'aujourd'hui,
19:39 il faudrait revenir non pas à 2%, mais à 2,7%,
19:44 s'approcher de 3% pour être capable d'affronter les risques qui sont devant nous.
19:50 Alors je crois que ce débat est absolument nécessaire, y compris, je vais le relier à ce que vous disiez tout à l'heure,
19:55 il faut parler de ces dangers, parce qu'ils existent,
19:58 regardez les Allemands qui ont cru qu'ils auraient effectivement le gaz en bus sans problème,
20:01 ils ont basé toute leur prospérité sur les risques, pour qui vous les voir,
20:05 il y avait quand même un certain nombre de gens.
20:07 Il faut parler de ces risques qui concernent la France, parce qu'ils sont réels,
20:11 je dirais qu'ils ont aussi un autre intérêt,
20:13 c'est qu'en parlant des risques collectifs qu'on a,
20:16 c'est de retrouver le cœur de la politique, qu'est-ce qui nous rassemble,
20:19 et non pas qu'est-ce qui nous divise, comme on a vu cette semaine à l'Assemblée.
20:21 Un dernier mot sur la question des munitions,
20:24 parce que depuis 2011, 6 dépôts de munitions sur 20 ont été fermés en France,
20:29 et visiblement aujourd'hui, ça pose un vrai problème,
20:32 à tel point qu'on dit que la France ne pourrait pas tenir plus que quelques jours
20:35 dans un conflit à haute intensité.
20:38 - D'ailleurs, les Européens réfléchissent aujourd'hui à une proposition d'un achat commun de munitions.
20:44 On manque de munitions, d'obus, de choses comme ça ?
20:47 - Au niveau européen et au niveau français encore plus, c'est un manque criant.
20:51 Il y a un rapport parlementaire qui vient de sortir sur le sujet.
20:54 Le gouvernement se bat avec une idée d'économie de guerre,
20:57 pour essayer de remonter en puissance, mais vous voyez bien qu'il y a une difficulté.
21:01 Les industriels sont prêts à investir, mais à condition d'avoir des commandes.
21:04 Donc là, on est un petit peu dans les palabres.
21:06 - Sur ce point, il y a urgence sur les munitions ?
21:08 - Sur ce point, il y a urgence absolument, on est très en retard.
21:10 - Merci beaucoup d'être venu ce soir dans le Mac Paul.
21:13 En tout cas, votre tribune est à retrouver, parce qu'il y a beaucoup de choses à dire,
21:17 dans la tribune et sur le site internet.
21:20 Merci beaucoup d'être venu ce soir sur RTL.
21:23 François Cornu, gentil. Une courte pause, et puis dans un instant, évidemment,
21:27 Alain Bougrain-Dubourg refait la planète.
21:29 [Musique]
21:32 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

Recommandations