La vice-présidente du parti Reconquête!, Marion Maréchal, était l’invité de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.
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00:00 Laurence, Marion Maréchal est votre invitée ce matin.
00:02 Bonjour Marion Maréchal, bienvenue dans la matinale de CNews.
00:05 On va parler d'abord de l'affaire Pierre Palman.
00:07 L'acteur a échappé temporairement à la prison après l'accident de la route dramatique
00:11 qu'il a provoqué il y a dix jours.
00:13 Une jeune femme est toujours hospitalisée après avoir perdu son bébé,
00:15 un petit garçon et son père sans en être à grave.
00:17 Est-ce qu'il faut punir plus sévèrement ceux qui consomment des stupéfiants au volant ?
00:22 Alors, moi, je suis ouverte à toute forme de réflexion,
00:25 mais je me méfie toujours, si vous voulez, d'un genre de moment,
00:27 et je fais référence aux propos de Gérald Darmanin, aux coups de communication...
00:30 Qui veulent retirer le permis à ceux qui consomment malheureusement.
00:32 Qui suivent les faits divers, parce que c'est quand même une maladie française
00:34 que de vouloir en permanence durcir les différentes sanctions et le code pénal,
00:38 sauf que ce qu'on sait aujourd'hui, c'est que la consommation de stupéfiants
00:41 est déjà punie potentiellement par un an de prison et à peu près 4000 euros d'amende.
00:44 Alors, avant de commencer à durcir les sanctions,
00:47 faisons en sorte que celles qui existent soient déjà correctement appliquées,
00:50 parce que la réalité, c'est que notre appareil judiciaire aujourd'hui est défaillant,
00:54 est laxiste, au point qu'il y a un sentiment d'impunité largement partagé,
00:57 qui se révèle à travers cette affaire.
00:59 Je vous rappelle quand même que parmi les deux passagers de Pierre Palmade,
01:02 il y en a un qui avait été condamné huit jours avant,
01:04 justement pour des affaires liées aux stupéfiants,
01:06 qui n'avaient pas le droit de voir Pierre Palmade et qui pourtant,
01:08 huit jours après, du fait de ce sentiment d'impunité, fait ce qu'on connaît.
01:13 Et en parallèle de ça, j'ajouterais, parce que ça a été assez peu relevé,
01:16 que l'autre passager est un clandestin marocain,
01:19 qui donc s'est enfui et n'a pas assisté les personnes en danger
01:24 à ce moment-là, qui a été entendu et qui n'a pas été expulsé.
01:27 D'ailleurs, personne ne pose la question de son expulsion.
01:28 Son statut et le fait qu'il soit clandestin, c'est un fait.
01:31 Il n'a pas été mis en cause dans cette affaire.
01:33 Visiblement, ils ont attendu l'arrivée des secours avant de prendre la fuite.
01:36 Ils sont sous statut de témoins assistés.
01:37 Ils ne sont pas mis en cause dans l'affaire.
01:39 Ça va être intéressant de voir en effet la suite.
01:41 Mais dans tous les cas, si il est clandestin, il ne devrait pas être sur le territoire.
01:43 Mais bon, maintenant, on ne se pose même plus la question en France sous cet angle-là.
01:46 Mais plus largement au-delà de ce cas particulier.
01:48 On doit condamner plus sévèrement.
01:50 Est-ce qu'on doit réprimer plus sévèrement, multiplier les tests antidrogues ?
01:54 Je trouve qu'au-delà de la question des sanctions dont je vous parlais à l'instant,
01:58 qui, selon moi, ne sont pas suffisamment et correctement appliquées,
02:01 puisque je me doute que dans notre pays, il y a très peu de personnes
02:03 qui font concrètement de la prison et notamment de la prison ferme
02:06 pour consommation de stupéfiants, d'autant plus qu'en dessous,
02:08 vous le savez, de deux ans de condamnation, en réalité, il n'y a pas de prison.
02:12 Il n'y a pas de peine de prison, il y a des peines dans les murs.
02:14 Exactement.
02:15 Mais plus largement, si je devais élargir cette question,
02:17 je trouve qu'on devrait se poser collectivement la question de la place,
02:20 de la banalisation de la consommation de la drogue et du trafic de drogue
02:23 dans le débat et l'espace public.
02:25 Quand on a des députés, je pense notamment à ce venant de la lupesse,
02:28 qui en permanence explique que la consommation de bœufs,
02:32 notamment de chit, comme on dit vulgairement, relève de la drogue douce,
02:36 donc finalement on n'a pas tant d'importance que ça,
02:37 il devrait même être légalisé.
02:39 Quand on a un député, je pense notamment à Lou Bayard,
02:42 qui, par le passé, a expliqué sur une antenne à forte audience
02:45 qu'il a trafiqué de la drogue, qu'il a justifié ça du fait
02:50 que les jeunes avaient des difficultés financières
02:52 et qui, récemment, est apparu dans un clip de rap
02:56 dans lequel le chanteur dit "j'ai dealé de la drogue comme Lou Bayard"
02:59 et que personne n'y trouve rien à redire,
03:02 que l'ARCOM, gendarme de l'audiovisuel qui, vous le savez bien, a CNews,
03:06 va aller chercher des poux à des chaînes privées,
03:09 mais par ailleurs ne s'attarde pas là-dessus.
03:11 Est-ce qu'on ne devrait pas se poser la question, peut-être pour le coup,
03:14 d'une sanction plus dure sur la question de l'incitation à la consommation de la drogue
03:18 et un élargissement de cette qualification ?
03:21 Parce que c'est vrai que je pense que l'arrivée massive de la drogue
03:24 dans notre société à tous les niveaux a été révélée, notamment par cette affaire.
03:28 Ça ne touche pas que les élites, disons-le.
03:30 Absolument, ça ne touche pas que les gens célèbres et qui ont de l'argent.
03:33 La drogue est partout, dans les petites et les moyennes villes,
03:35 les policiers sont débordés.
03:37 Tant il y a d'arrivées de masse de cannabis, de cocaïne et d'héroïne,
03:42 là encore, il s'agit de moyens.
03:43 Il faut donner plus de moyens aux policiers pour aller démonter les trafics ?
03:46 Il faut donner des moyens aux policiers, mais une fois de plus,
03:48 regardons la chaîne dans son ensemble, ça veut dire que vous aurez beau mettre
03:51 des policiers à tous les coins de rue, si je puis dire, bien équipés avec des moyens,
03:55 et ça c'est évidemment la base, si derrière la réponse judiciaire n'est pas à la hauteur,
03:59 si le délai de réponse est trop long, si les condamnations, évidemment,
04:03 sont minimes, que les sorties de prison sont trop rapides,
04:06 une fois de plus, vous n'aurez pas véritablement d'impact
04:09 sur la limitation de la consommation de drogue et du trafic de drogue.
04:13 Il y a la répression, mais aussi la prévention.
04:15 On imagine qu'il faut aussi porter l'effort sur l'éducation nationale,
04:18 prévenir les enfants des dégâts de ce que c'est la drogue.
04:21 Il y a beaucoup de campagnes sur l'alcool au volant,
04:24 assez peu sur l'impact des drogues au volant.
04:26 Ça commence aussi par la responsabilité, une fois de plus, du monde politique,
04:28 j'y reviens, et en particulier venant de la gauche et de l'extrême gauche,
04:32 sur le refus de banaliser dans le discours public la consommation de la drogue,
04:36 et je parle de toutes les drogues, parce qu'on a tendance à faire une différence
04:39 entre drogue dure et drogue douce.
04:41 Je rappelle que la consommation de cannabis au volant est aussi extrêmement dangereuse,
04:45 extrêmement dangereuse pour la santé, extrêmement dangereuse
04:48 pour le développement cérébral des jeunes et des adolescents.
04:50 Donc voilà, moi je pense que ça doit nous interpeller de ce point de vue-là,
04:53 et si je devais voir un durcissement de la sanction,
04:56 je pense que ça devrait être aussi du côté de la lutte
04:59 contre l'incitation à la consommation et au trafic de drogue.
05:01 Les retraites, le débat en première lecture du texte s'est soldé par un fiasco
05:05 la semaine dernière à l'Assemblée nationale.
05:07 Pas de vote, l'article 7 n'a même pas, qui prévoit le report de 62 à 64 ans,
05:11 n'a même pas été étudié.
05:12 Quelle leçon vous en tirez, Marion Maréchal ?
05:15 Ah bah déjà, la leçon que j'en tire, c'est que je suis consternée
05:18 par ce qui se passe aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
05:20 Je crois que la NUPES confond le Parlement avec l'amphi de Nanterre
05:24 et une AG étudiante.
05:27 Le seul mérite qu'on pourrait leur accorder, c'est d'avoir réussi à faire en sorte
05:30 que les LR et les LREM...
05:32 Et le Rassemblement national !
05:33 Et le Rassemblement national chantent ensemble la marseillaise dans l'hémicycle.
05:37 Vous auriez fait pareil ?
05:38 Vous auriez chanté la marseillaise si vous étiez dans l'hémicycle ?
05:40 Je ne sais pas, je ne saurais pas vous dire dans le contexte.
05:43 Vous aussi, vous savez très bien.
05:43 Pourquoi pas, non, mais moi chanter la marseillaise, je le fais avec...
05:45 Je le fais volontiers, mais ce qui est consternant,
05:46 c'est qu'on se retrouve, si vous voulez, à devoir chanter la marseillaise
05:49 parce qu'en face, une fois de plus, ils font les oaves toute la journée.
05:53 Et ce qui est malheureux, au-delà de la question des retraites,
05:55 c'est qu'il y a quand même une occasion manquée,
05:57 c'est-à-dire qu'on a aujourd'hui une majorité relative,
06:00 ce qui pouvait laisser espérer que le débat se joue peut-être aujourd'hui
06:03 davantage à l'Assemblée, que ces débats soient plus riches, plus denses,
06:08 qu'on ait peut-être justement une recherche de consensus plus large,
06:12 ce qui n'a pas été le cas dans nos institutions depuis longtemps.
06:15 Et on voit bien qu'en fait, c'est exactement l'inverse qui se passe,
06:17 c'est-à-dire que l'Assemblée est caricaturale.
06:21 Elle s'est transformée en ZAD, dit Marine Le Pen.
06:25 De fait, c'était même revendiqué par la NUPES,
06:26 donc c'est ce à quoi on assiste et c'est malheureux
06:29 parce que sur la question des retraites,
06:30 il y avait beaucoup de choses à dire,
06:32 on attendait beaucoup du débat parlementaire
06:33 et moi j'aurais aimé qu'on puisse plus largement faire en sorte
06:36 que ce débat des retraites, cette prolongation de la durée de travail
06:39 s'inscrive aussi dans la recherche d'une politique de natalité,
06:42 d'une politique d'emploi, de réindustrialisation,
06:45 dans la recherche aussi d'économie sur le coût de l'immigration
06:48 qui ruine notre état de providence.
06:49 Et tout ça n'a pas pu être abordé vraiment sérieusement
06:51 parce que le débat est gâché.
06:52 Peut-être que les sénateurs s'y pencheront
06:54 puisque le texte arrive fin février devant le Sénat.
06:56 Je l'espère, mais je n'ai pas le sentiment.
06:58 Je n'ai pas le sentiment que les LR
07:00 posent beaucoup de conditions à leur soutien à Emmanuel Macron
07:03 et finalement je les ai assez peu entendus
07:05 sur les sujets dont je vous ai parlé là.
07:06 Et moi ce qui m'inquiète...
07:07 Sur la politique de natalité, si.
07:09 C'est vrai, sur la politique de natalité seulement, j'ai envie de dire.
07:12 Et c'est vrai que ce qui est surprenant d'ailleurs,
07:14 pour rebondir là-dessus, sur la politique de natalité,
07:15 c'est qu'aujourd'hui, on entend des députés
07:17 venant notamment de l'extrême-droite
07:18 expliquer que la politique de natalité serait une politique fasciste.
07:21 Ce qui dit beaucoup de l'état d'esprit
07:24 à un moment donné où on a besoin que la France fasse des enfants.
07:26 Je rappelle la politique de natalité simplement une incitation,
07:28 une aide, un accompagnement à faire des enfants pour ceux qui le souhaitent.
07:31 Donc j'espère qu'on arrivera à combattre fermement
07:33 cette dérive qui fait de la natalité un tabou.
07:36 Marine Le Pen a déposé une motion de censure
07:38 qui n'a recueilli que 89 voix.
07:39 Est-ce que c'était la bonne stratégie à faire pour le RN ?
07:43 J'ai écouté moi, ce que je crois,
07:44 c'est que le RN essaye d'exister dans ce débat.
07:46 Il a du mal indéniablement, en dépit de ses députés nombreux,
07:51 pour une raison qui est liée notamment à l'obstruction parlementaire de la NUPES
07:54 et aussi parce que je crois qu'il a du mal à se faire entendre sur ses propositions.
07:59 Voilà.
08:00 Elles sont inaudibles, les propositions ?
08:03 Elles ne sont pas très claires en tout cas.
08:05 C'est vrai qu'on sent qu'il y a une critique,
08:06 mais on ne voit pas quelle est véritablement la proposition derrière.
08:09 Alors c'est vrai que l'équilibre est difficile.
08:10 Je vous le dis, nous, nous sommes à reconquête
08:12 pour un allongement de la durée de travail.
08:14 Ah vous êtes...
08:15 Votre projet, c'est celui d'Emmanuel Macron.
08:17 C'est ça qui est extraordinaire.
08:18 Pas tout à fait quand même.
08:19 64 ans, c'est bien ça ?
08:21 Oui, tout à fait.
08:21 Et avec 43 ans d'annuité, on est bien d'accord ?
08:24 Alors il y a en effet des propositions qui sont reprises,
08:26 mais comme je vous le disais,
08:27 cette réforme ne fonctionnera, ne sera efficace
08:31 que si elle s'inscrit plus largement dans une politique d'emploi et de natalité.
08:34 Parce que si on n'augmente pas le nombre de cotisants
08:36 et si on ne fait pas en sorte que les gens puissent avoir du boulot,
08:38 il ne faut pas espérer que d'ici quelques années,
08:40 on échappe de nouveau à un allongement.
08:42 C'est ce qui se passe d'ailleurs en Italie,
08:43 parce qu'il n'y a pas de politique cohérente.
08:45 Donc dire que c'est exactement la même chose,
08:47 il y a des mesures en effet qui ont été reprises.
08:49 Eric Zemmour, pendant la campagne 2022,
08:51 met en place un index senior pour encourager les entreprises à embaucher les seniors.
08:53 Tout à fait, nous on part du principe que le régime est en déficit,
08:57 on ne va pas se battre sur les chiffres,
08:58 mais en tout cas déficit dans tous les cas de figure.
08:59 Donc il faut une réforme pour sauver ce système de répartition tout simplement
09:04 et faire en sorte que les pensions ne baissent pas.
09:06 Et c'est vrai que nous on fait un choix,
09:07 celui de ne pas faire en sorte qu'on fasse peser davantage de cotisations sur les actifs
09:11 à un moment donné où les travailleurs ont déjà du mal à avoir
09:14 un pouvoir d'achat respectable et que les charges sur les salaires sont déjà très lourdes.
09:17 Voilà, c'est un choix de société,
09:18 mais une fois de plus, ça implique une vision cohérente
09:21 et la vision cohérente, je ne la vois pas en ce qui concerne l'REM.
09:26 Mais fondamentalement, vous l'auriez voté donc ce texte,
09:28 puisqu'il reprend quasiment trois des quatre points de programme d'Eric Zemmour.
09:32 Pas dans les conditions qui sont celles d'aujourd'hui,
09:34 puisque je vous le redis une fois de plus, les prérequis pour moi n'y sont pas.
09:37 Les prérequis n'y sont pas.
09:38 Parce qu'on a un taux de chômage qui n'a jamais été ôté aussi bas depuis dix ans.
09:41 Oui, à ceci près qu'à côté de ça, nous avons déjà, comment dire,
09:45 un taux de chômage qui baisse, mais qui induit la création d'emplois
09:49 qui sont souvent des emplois précaires.
09:51 Donc ça, c'est quand même une première chose.
09:53 Et la deuxième chose, c'est que moi, je ne vois pas,
09:56 plus largement, quand on a aujourd'hui un cadre qui continue de favoriser
09:59 le dumping social, qui continue de favoriser la concurrence déloyale,
10:03 qui refuse le patriotisme économique et le fait de favoriser les marchés publics
10:08 envers les produits fabriqués en France, qu'on a une fiscalité
10:11 qui est aujourd'hui confiscatoire et donc une compétitivité handicapée.
10:14 Tant que tous ces sujets n'auront pas été remis sur la table,
10:17 pardonnez-moi, je trouve que le rendez-vous n'y est pas.
10:19 Quand on voit qu'aujourd'hui, le gouvernement, par exemple,
10:22 veut lancer des assises des finances publiques très bien
10:24 pour faire des économies dans les ministères, là où ça se justifie,
10:26 on aurait aimé que cette économie générale soit faite
10:31 avant de demander des efforts aux Français.
10:33 Et j'y reviens, puisque personne n'en parle,
10:35 mais je suis convaincue que les Français aussi vivent cette réforme de façon injuste,
10:40 parce qu'à côté de ça, il y a des dépenses qui, pour beaucoup de Français,
10:43 sont considérées comme indues, je pense notamment, une fois de plus,
10:46 aux dépenses liées à l'immigration.
10:48 Il y a beaucoup de choses à dire là-dessus,
10:49 mais quand on voit que rien que l'aide médicale d'État
10:51 va coûter plus d'un milliard encore par an,
10:54 oui, commençons déjà par faire en sorte que notre état-providence
10:57 ne soit pas ruinée et mise à mal par le coût de l'immigration
11:01 et ensuite, éventuellement, demandera des efforts aux Français.
11:03 Donc non, je crois que vraiment là-dessus, il y a un contexte qui manque
11:07 et le résultat, j'en suis absolument convaincue de cette réforme,
11:09 c'est qu'on ne verra pas la productivité augmentée,
11:11 le nombre de travailleurs augmenté,
11:13 parce que tous ces prérequis ne sont pas là.
11:15 Emmanuel Macron n'est pas intervenu pendant tout ce débat.
11:17 Il a laissé sa première ministre en première ligne.
11:19 Il a dénoncé des ministres inaudibles
11:22 et des oppositions qui ont perdu la boussole.
11:25 Vous êtes d'accord avec lui ?
11:26 L'opposition, les oppositions ont perdu leur boussole ?
11:28 Oui, enfin, à ceci près que parler de boussole en ce qui concerne Emmanuel Macron,
11:31 c'est quand même l'hôpital qui se moque de la charité,
11:33 parce que s'il y en a bien un qui manque de boussole et de vision,
11:36 c'est Emmanuel Macron et surtout les sujets.
11:39 On parle des retraites, lui-même a changé quand même radicalement d'avis, indéniablement.
11:43 On pourrait parler de l'énergie.
11:46 On pourrait parler aujourd'hui d'un président qui a contribué jusque récemment
11:51 à faire en sorte de s'aborder notre filière nucléaire.
11:53 On ne va pas y revenir, tout a déjà été très largement dit.
11:55 Il l'a relancé récemment, il est en train de la relancer.
11:57 C'est très intéressant et qui dans le même temps va auprès de l'Union européenne
12:00 plaider activement pour la fin des véhicules à moteur thermique d'ici dix ans.
12:06 Donc moi, on explique aux Français qu'on va les contraindre à acheter des voitures électriques,
12:10 à abandonner leurs vieux véhicules pour électrifier tout le parc,
12:12 à un moment donné où aujourd'hui, on n'est absolument pas certain
12:15 de pouvoir répondre à cette demande électrique.
12:17 On n'est plus indépendant.
12:19 Sachez qu'en 2022, ça n'était pas arrivé depuis 40 ans.
12:22 On importe de l'électricité.
12:23 C'est un portateur net d'électricité.
12:26 Le patron d'EDF lui-même rappelle et tire la sonnette d'alarme en disant
12:29 il y a eu tellement de sous-investissements dans la filière
12:31 qu'il y a aussi un gros trou dans la raquette de la formation.
12:32 Il faudra 20 ans pour réussir à reformer la main d'oeuvre nécessaire
12:36 pour faire en sorte qu'on tienne les objectifs qui soient donnés.
12:39 Donc moi, voilà, cette cohérence, je ne la dois pas.
12:43 Et pour rebondir d'ailleurs sur la question de l'énergie,
12:47 j'aimerais, puisque Emmanuel Macron a des ambitions très lourdes
12:50 en termes d'électrification du parc automobile,
12:52 qu'il se pose la question peut-être de renationaliser EDF
12:56 et de faire en sorte que demain, de nouveau, il y ait un monopole d'État sur l'électricité
12:59 qui n'est pas un bien consommable comme un autre
13:01 et qui devrait justifier qu'on l'extrait des règles de concurrence.
13:05 Ça, ce serait une vraie rupture et qui nous permettrait de renouer
13:08 avec le fleuron industriel qu'a été EDF et qui nous a permis d'être indépendants
13:13 et de faire envie à beaucoup de pays pendant des années.
13:15 Emmanuel Macron se consacre beaucoup aux sujets internationaux,
13:18 notamment au sujet de la guerre en Ukraine.
13:20 Il a affirmé qu'il voulait la défaite de la Russie sans l'écraser.
13:24 Est-ce que là, vous lui dites qu'il est sur la bonne ligne ?
13:26 Et sur la bonne ligne pour arriver un jour peut-être à une solution...
13:31 Plusieurs choses.
13:33 Sur le sujet précis, de fait, il a raison indéniablement,
13:37 puisque écraser la Russie, ça veut dire dans son esprit, j'imagine,
13:40 ne pas risquer de faire tomber Vladimir Poutine.
13:42 Pourquoi ? Parce que si Vladimir Poutine tombe, on n'a absolument aucune garantie.
13:45 Derrière qu'émerge, on va dire, un pouvoir pro-européen, pro-occidental...
13:50 Et démocratique.
13:51 Modéré et démocratique.
13:52 Donc, on ne sait pas ce qui peut émerger du chaos
13:55 et ce qui peut en émerger est probablement pire.
13:57 Le problème, c'est que c'est toujours une question de cohérence.
13:59 Ça veut dire qu'on a ce discours, mais jusqu'alors, Emmanuel Macron n'avait rien fait,
14:03 y compris au moment où on pouvait encore sauver la paix
14:06 pour faire, par exemple, respecter les accords de Minsk,
14:08 puisque je rappelle que cette guerre n'a pas commencé il y a un an,
14:10 elle a commencé en 2014.
14:12 Donc, ça fait longtemps que le processus est en cours et s'aggrave.
14:15 Et en parallèle, je constate que si on tient ce discours d'équilibre,
14:19 la France, non seulement a livré des armes, on le sait avec le canon César,
14:23 envisage de livrer aujourd'hui des chars légers,
14:25 n'exclut pas totalement d'envoyer des avions de combat.
14:28 Donc, j'ai l'impression qu'en parallèle, la France va plutôt contribuer à une escalade
14:33 par la livraison d'armes que véritablement par une recherche d'équilibre.
14:38 La France soutient indéfectiblement l'Ukraine.
14:41 C'est la position d'Emmanuel Macron.
14:42 Il y a beaucoup de manières de soutenir l'Ukraine,
14:44 notamment financièrement, notamment en formant des effectifs.
14:47 Notamment, pourquoi pas, moi, je ne suis pas hostile à cela,
14:49 à ce qu'il puisse y avoir des troupes à la frontière
14:52 pour rassurer notamment nos partenaires européens
14:55 qui pourraient être inquiets, même si moi, là-dessus, j'y crois assez peu,
14:58 mais qui pourraient être inquiets de l'extension du conflit au-delà des frontières de l'Ukraine.
15:01 Pourquoi pas ?
15:02 En revanche, livrer des armes, c'est évidemment un processus extrêmement dangereux.
15:06 Mais c'est parce qu'ils ont besoin de ça, les Ukrainiens.
15:08 Oui, ça commence par des munitions, ça continue avec les Césars, les chars.
15:12 Et puis demain, ce sera quoi ?
15:13 Et à quel moment on s'arrête ?
15:14 À quel moment ça devient illégitime ?
15:16 Parce que finalement, les Ukrainiens, vous venez de le dire à l'instant,
15:18 ont besoin de tout pour se défendre et c'est bien légitime.
15:21 Le problème, c'est qu'on vient d'apprendre, alors reste à savoir si c'est confirmé,
15:25 mais que peut-être la Chine envisagerait, selon les Américains, d'envoyer des armes.
15:29 On voit bien que le processus d'escalade est quand même en cours et que le risque est important.
15:32 Et j'ajouterais sur cette question de la livraison d'armes...
15:34 Donc Emmanuel Macron a une position médiane en disant qu'il ne faut pas écraser la Russie.
15:37 Sauf que, oui, dans les mots.
15:38 Mais concrètement, je ne vois pas cet équilibre-là.
15:41 Et j'ajouterais, pardon, sur la livraison d'armes,
15:43 parce que ça, c'est un problème intérieur qui est très important.
15:46 Il y a eu un rapport parlementaire qui a été rendu il y a quelques jours de cela seulement,
15:49 qui indique, je reprends les mots, que les stocks français,
15:53 notamment de munitions, sont en état critique que nous sommes.
15:56 Ils pointent du doigt cela, dépendant de l'étranger,
15:58 pour un certain nombre de matériels essentiels.
16:01 Et donc, aujourd'hui, dépecer de fait notre armée et notre matériel,
16:06 à un moment donné où nous savons que nous ne sommes plus en mesure de mener
16:09 pour défendre la France une guerre de haute intensité,
16:11 ça me semble extrêmement dangereux.
16:13 Parce que ce qu'il faut expliquer aux Français,
16:15 c'est que quand on livre des armes, on doit aussi livrer des pièces de rechange,
16:19 du carburant, des munitions.
16:21 Et aujourd'hui, même nos propres armées manquent de tout.
16:25 Voilà, donc au-delà des considérations de soutien légitime à l'Ukraine,
16:28 pensons aussi à la protection et à la défense des Français,
16:30 à un moment donné où le monde devient de plus en plus dangereux.
16:32 Marion Maréchal était l'invitée de la matinale de CNews.
16:34 Merci à vous et au roman des armes pour la suite.
16:37 Sous-titrage Société Radio-Canada
16:42 [SILENCE]