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Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 21 février 2023

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Amandine Bégaud vous recevez donc ce matin Philippe Croison.
00:12 Philippe Croison, vous publiez, je le disais, "Tout est possible" aux éditions Artaud, le livre sort demain.
00:17 Pourquoi avoir mis un point d'interrogation à "Tout est possible" ?
00:20 Quand on vous lit, quand on vous voit, on se dit "Tout est possible".
00:23 Parce que je voulais interpeller déjà celui qui va le prendre dans les mains.
00:26 En disant "Tout est possible", point d'interrogation.
00:28 Pourquoi point d'interrogation ?
00:30 J'avais envie qu'il ouvre au moins les premières pages et qu'il commence à lire et qu'il puisse s'arrêter.
00:34 Il me dit "Faut que je sache la suite".
00:37 Ce livre, vous disiez que vous auriez aimé l'appeler, c'est vous qui l'écrivez, "Mais dix commandements et démerdez-vous".
00:43 Oui, parce qu'il y en a 13 après, donc j'aurais battu les dix commandements.
00:46 Donc j'aurais dit les 13 commandements et démerdez-vous.
00:48 Mais bon, la maison d'édition n'était pas trop d'accord.
00:51 Donc on est revenu sur un truc un peu plus gentil, "Tout est possible", à vous de jouer.
00:55 Donc, ouais, c'est que démerdez-vous parce que c'est vraiment ça, c'est arrêter d'attendre.
01:00 Arrêtez d'attendre qu'il se passe des choses pour vous, parce qu'il ne se passera rien.
01:03 Donc c'est à vous de jouer, c'est à vous d'interpeller les gens, c'est à vous de les bousculer,
01:06 d'aller dans leur dernier retranchement et dire "J'ai besoin d'un coup de main".
01:09 "Viens me donner un coup de main". Et c'est ce que j'explique dans le livre.
01:11 Moi à un moment donné, je me suis dit "Mais..."
01:13 Parce que culturellement parlant, demander un coup de main dans notre société, c'est vécu comme un moment de déshonneur.
01:17 Comme un moment d'échec. Parce qu'on a été élevé comme ça. Et moi le coup de main, ben j'ai pas le choix.
01:22 J'ai vu le bras et les pieds de jambes. Donc si je veux donner une aventure, il faut que je demande un coup de main à des gens.
01:25 Et j'ai remarqué qu'il y a des gens qui ont dit "Oui", quoi.
01:27 Et à partir de ce moment-là, l'aventure commence. Et on doit aller au bout.
01:30 Même si 99% des gens me disent "Mais Philippe, c'est pas possible, tu peux pas traverser la Manche, tu peux pas relier les 5 continents,
01:35 tu peux pas être pilote sur le Dakar, ou dernièrement tu peux pas aller dans l'espace".
01:38 Et pourtant, avec les 1% qui restent, on montre à ces 99% de pessimistes que tout est possible.
01:43 Votre vie à vous, Philippe Croizon. Il faut le rappeler, parce que tous les auditeurs qui nous écoutent ne la connaissent pas forcément.
01:50 Elle a basculé le 5 mars 1994. A l'époque, vous avez 26 ans.
01:53 Vous êtes marié. Vous avez un petit garçon qui a 7 ans. Le petit deuxième doit naître 2 mois plus tard.
01:59 Vous devez justement déménager pour accueillir ce bébé. Tout est prêt. Il vous reste plus qu'à décrocher l'antenne de la télé.
02:04 Ouais. Une antenne de télévision. Et je prévoyais toute la sécurité.
02:08 Je me cordais la cheminée. C'est une maison très très haute.
02:10 Avec des toits en ardoise, une maison tout rangelle.
02:13 Et je m'accroche à la cheminée. J'avais bien vu l'énergie électrique derrière, mais je me suis dit "ça passe".
02:17 Et je déboule l'antenne. Et j'étais très très fort avec les mains.
02:19 Et j'ai posé mes deux tibias sur le barreau de la chaîne en aluminium.
02:21 Ce qui va créer un contact avec la Terre. Il va y avoir un arc. Et là, 20 000 volts vont traverser mon corps.
02:25 20 000 volts !
02:26 Ouais. Et à l'ARG Electricity, ils ont cru que c'était une branche qui était tombée sur la ligne.
02:30 Et pour faire sauter la branche, ils ont rallumé 3 fois le courant.
02:33 Donc autant dire que c'est un petit peu tout calciné.
02:36 Et comme j'aime bien le dire aujourd'hui, depuis que j'ai pris 3 décharges de 20 000 volts, je suis devenu distributeur d'énergie positive.
02:40 Donc c'est toujours cool.
02:42 Après le plus dur dans mon accident, c'est surtout quand j'ai reçu la facture EDF.
02:44 Mais bon, ça c'est un bon détail.
02:46 Vous vous réveillerez, il faut le dire, deux mois plus tard.
02:49 Donc avec 4 membres en moins.
02:51 Grégory, votre deuxième petit garçon, lui, est né.
02:54 Alors, le grand public connaît vos exploits.
02:56 Vous parliez de la traversée de la Manche à la Nage, du Paris-Dakar.
02:59 Il y en a plein plein d'autres.
03:01 Mais il y a un chemin derrière tout ça. Il y a un chemin qui est extrêmement long.
03:04 Ça ne s'est pas fait en un claquement de doigts.
03:06 Ça a pris des années.
03:08 Oui, en un claquement de doigts, je n'aurais pas pu non plus.
03:10 Mais ça a pris 10 ans.
03:12 J'étais pendant 10 ans pratiquement dans un canapé.
03:16 J'ai fait qu'une chose, pendant 10 ans, j'ai regardé la télévision.
03:20 Je n'ai rien fait d'autre.
03:22 Parce que le plus dur, quand on a un accident comme celui-ci,
03:25 j'en ai de l'émotion dans la voix, mais
03:27 ce n'est pas l'accident lui-même.
03:29 Ce n'est pas le centre de rééducation.
03:31 Le centre de rééducation, c'est de la franche camaraderie, c'est du retour à la vie,
03:33 c'est du vrai vivre ensemble.
03:35 C'est se battre pour se reconstruire.
03:37 Le plus dur, c'est le retour à la maison.
03:39 Ce que les gens ont vécu pendant les confinements.
03:41 On n'est pas préparé à ça, au retour à la maison.
03:43 Et là, ça devient une catastrophe.
03:45 Et là, je me suis renfermé sur moi-même.
03:47 Je l'explique dans le livre un petit peu.
03:49 Je suis rentré dans ma phase gros con, dans ma phase au tout milieu.
03:51 J'ai regardé la télé. Au bout de 7 ans, mon épouse est partie.
03:53 Elle a tenu le choc 7 ans.
03:55 J'étais vraiment un gros nul.
03:57 J'ai vécu pendant 3 ans tout seul avec mes 2 garçons.
03:59 La maman n'était pas loin. C'est open bar pour les garçons.
04:01 Et puis un jour, je me suis dit que je ne suis pas fait pour vivre tout seul.
04:03 Je me suis dit que c'est à toi d'oser.
04:05 Je me suis inscrit sur Internet, sur un site de rencontre.
04:07 Mythique, pour ne pas le nommer.
04:09 Avec mythique, tu rencontres.
04:11 J'ai rencontré Susanna, ma chérie.
04:15 Qui partage ma vie depuis maintenant 17 ans.
04:17 Et qui m'a donné des palmes pour réaliser mes rêves.
04:21 La traversée de la Manche, les 5 continents, le Dakar.
04:25 Comme on dit très souvent, derrière un homme, il y a une grande femme.
04:27 Et là, c'est vraiment la vérité.
04:29 C'est une magnifique déclaration d'amour.
04:31 Il y a plein d'étapes, Philippe Croizon, avant d'arriver à l'acceptation et justement à ces rêves qu'on veut réaliser.
04:39 La colère, le déni, vous dites "J'ai été un gros con".
04:41 Et ça vaut, et c'est ça qui est intéressant aussi dans votre livre, ça vaut pour toutes les situations de la vie.
04:47 Vous le dites, un licenciement, un chagrin d'amour.
04:49 Il faut passer par ces phases-là.
04:51 Il faut passer par ces 5 phases, les fameuses 5 phases du deuil.
04:53 D'Elisabeth Cuperros, la première phase, la négation.
04:55 On refuse de ce qui nous arrive.
04:57 Vous savez avec les fameux "Pourquoi ? Pourquoi ceci ? Pourquoi cela ?".
04:59 Il n'y a pas de réponse au "Pourquoi ?"
05:01 Et pourquoi ils sont là pour vous harceler, pour vous piquer, pour essayer de vous réveiller.
05:03 Après, il y a la phase de négociation.
05:05 Où il y a une partie de votre cerveau qui dit "Laisse tomber mon gars, c'est fini.
05:07 Tu as 26 ans, tu n'as plus de bras, plus de jambes, ça s'arrête là."
05:09 Et une autre partie qui dit "Hm, attends, peut-être que..."
05:11 Après, vous avez la phase de dépression, la fameuse phase de colère.
05:15 Et enfin, la phase du retour à la vie, l'acceptation.
05:17 Et moi, j'ai réussi à franchir ces 5 phases, pendant toutes ces années, grâce à ma famille et mes amis.
05:21 - A vos enfants.
05:23 - Et à mes enfants, enfin mes deux garçons.
05:25 C'est là où j'ai commencé à décider de vivre, quand je me réveille.
05:27 Deux mois, parce qu'il faut savoir que je me réveille deux mois après mon accident, après deux mois de coma.
05:31 Et mon petit bébé naît en même temps que moi.
05:33 Grégory arrive au monde en même temps que moi.
05:35 Et c'est un oncle de mon ex-femme qui vient me voir, qui me dit...
05:39 Parce que je ne voulais pas vivre, je voulais partir, j'ai un réflexe normal.
05:43 Et il me dit "Tu ne crois pas que ce serait bien que tu sois là pour les guider sur le chemin de la vie, tes deux garçons ?"
05:46 Et c'était un coup de jus pour moi, virtuel cette fois-ci.
05:48 Et à partir de ce moment-là, j'avais décidé de vivre. J'avais décidé de me battre.
05:51 - Vous dites "Grégory vient au monde en même temps que moi".
05:53 - Ouais. On a la même date de naissance.
05:56 Ouais, parce que je me réveille du coma, deux mois après, et mon petit bébé vient de naître.
06:00 Et là on m'amène des photos, on m'amène une coupe de champagne même.
06:03 Et là je me tape un staphylocoque doré, je me dis "Merci Grégory".
06:06 Parce que il rentre avec une coupe, ce n'était pas prévu.
06:08 Et il y a un staphylocoque qui rentre en même temps, parce que je suis dans un milieu hyper stérile.
06:11 Il faut savoir que je suis brûlé de partout.
06:13 Et donc, il y a une infirmière qui rentre, et elle allumite un petit peu mes lèvres de champagne.
06:19 Et on me fait voir les photos sur la vitre stérile de mon petit bébé qui vient de naître.
06:22 Et je me dis "Oh la vache".
06:25 Bon allez, on passe à autre chose.
06:27 - Chacun d'entre nous doit se poser deux questions.
06:32 1. Qu'est-ce que j'aimerais faire ?
06:34 2. Qu'est-ce qui m'en empêche ?
06:36 Et ce que vous dites, c'est souvent ce qui nous en empêche, c'est qu'on a peur.
06:40 Peur de se tromper, peur d'échouer.
06:43 Et vous dites, c'est super intéressant, en France on a un rapport très particulier à l'échec.
06:46 - Oui, l'échec est mal vécu en France.
06:49 Par rapport à d'autres pays, l'échec est mal vécu.
06:51 Si tu as échoué, tu es un loser, tu es un nul, tu es bon à rien.
06:54 Alors que non, pas du tout.
06:56 Moi, je l'explique justement dans le livre.
06:58 C'est qu'à un moment donné, j'ai arrêté d'attendre.
07:01 Et j'ai voulu mener une aventure.
07:03 D'abord la manche, que j'avais vue sur mon lit d'hôpital.
07:05 Je me suis réveillé deux mois après.
07:07 Je me suis dit, je vois mon petit garçon naître.
07:09 Je regarde la télévision et je vois une jeune fille traverser la manche à la nage.
07:12 Et je me dis, pourquoi pas moi un jour ?
07:14 Et ça reste dans ma tête.
07:16 Et on le fait.
07:18 Il y a la peur et le doute.
07:20 Qui sont en général une soeur et un frangin qui ne se quittent pas.
07:23 Et je pense qu'il faut arriver à faire péter cette barrière.
07:26 Mais c'est dans notre éducation.
07:28 Depuis tout petit, on est dit de faire attention.
07:30 À nos enfants, on dit, fais attention, ne cours pas, ne monte pas sur la chaise, fais attention à ceci.
07:34 On arrive à l'école, fais attention.
07:36 Tu vois la conseillère d'attention ?
07:38 Fais attention, tu ne peux pas aller là.
07:40 Oui mais c'est mon rêve.
07:42 Non, non, tu ne peux pas.
07:44 C'est moi qui te dis que tu vas faire ça comme bêtise et pas d'autre chose.
07:46 Tout ça, c'est des carcans qu'on nous impose et qu'il faut arriver à faire sauter.
07:48 Tout est possible.
07:50 Il n'y a pas de rêve impossible.
07:52 Je pense que je l'ai assez prouvé avec l'équipe.
07:54 Moi, j'aime bien dire qu'il n'y a pas de "je".
07:56 "Je" n'existe pas.
07:58 C'est "on avance ensemble" et "on réussit ensemble".
08:00 C'est le collectif qui m'a permis de réaliser mes aventures.
08:02 Jamais vous m'entendez dire "je, je, je, je, je".
08:04 Celui-là qui vous dit "je", je pense qu'il faut le fuir comme la gale.
08:06 Et le livre, c'est ce que j'ai envie de partager justement.
08:11 C'est énergie.
08:13 Je le fais pratiquement tous les jours.
08:15 Là, je vous quitte. Je suis ce soir à Lyon pour une conférence.
08:17 Après, je reviens.
08:19 Après, je repars à Bordeaux.
08:21 Mais vous n'êtes pas là pour donner des leçons, c'est ce que vous dites.
08:23 Non, c'est du partage. C'est juste du partage.
08:25 Ah non, non, je ne suis pas donneur de leçons.
08:27 Dans le livre, il y a mes 13 commandements, je dirais.
08:29 Là, ça fait donneur de leçons.
08:31 C'est du partage. J'explique mon parcours de vie.
08:33 Et j'offre mes clés de réussite.
08:35 Comment on a pu mener des aventures que personne ne croyait réalisables.
08:37 Et chacun est maître de sa vie.
08:39 Merci beaucoup, Philippe Croizon.
08:41 Ça s'appelle "Tout est possible".
08:43 C'est publié aux éditions Artaud.
08:45 Disponible demain. Franchement, lisez-le.
08:47 Vous allez peut-être tout envoyer balader et changer de vie.
08:49 Mais bon...
08:51 Je vous le souhaite.

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