Chico : le King des Gypsies - L'invité de Sonia Devillers

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Chico & the Gypsies fêtent leurs 30 ans ! Le membre fondateur du groupe camarguais qui a fait le tour du monde est l'invité de 9H10.

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Transcription
00:00 Sonia De Villers, votre invitée ce matin est l'un des gypsies les plus célèbres au monde,
00:04 alors même qu'il n'est pas gitan.
00:05 Et c'est ça qui est très beau dans cette histoire.
00:08 Bonjour Tchico.
00:09 Bonjour.
00:10 Soyez le bienvenu sur France Inter quand François Hollande vous a remis la Légion d'honneur
00:14 à l'Elysée, il proclame Monsieur Tchico Bouddhiqui.
00:18 Est-ce que quelqu'un vous appelle encore Djaloul ?
00:21 Oui, bien sûr.
00:23 Ma famille m'appelle encore comme ça.
00:25 Je suis ravi, vous parlez de cette nomination, vous imaginez le bonheur et la fierté.
00:29 C'est pour moi, mais c'est surtout ça, la valeur d'exemple.
00:32 Ça peut montrer que justement on peut être fils d'émigrés, on peut venir de très loin,
00:36 on peut avoir des débuts un peu compliqués, mais ce qui est important c'est l'arrivée.
00:40 C'est ça, c'est l'arrivée comme vous dites.
00:42 C'est pas d'où on part, c'est où on arrive.
00:46 J'ai tout le temps dit que le bonheur c'est pas le bout du chemin, c'est le chemin.
00:49 C'est ça.
00:50 Et donc un père marocain, une mère algérienne.
00:53 En fait, c'est parce que dès l'enfance, vous grandissez tout près d'une famille
00:58 gitane.
00:59 Oui, la famille Reyes.
01:00 La famille Reyes, que vous rencontrez la musique gitane, que vous devenez leurs amis, que vous
01:07 devenez l'un des leurs.
01:09 Et c'est le mélange de ces deux cultures, la vôtre qui est une culture d'enfants de
01:15 Maghrébin et de la culture gitane qui va faire votre histoire.
01:18 En fait, c'est mon destin qui s'est construit à ce moment-là.
01:23 Cette rencontre avec cette famille Reyes incroyable qui était d'une gentillesse.
01:29 Ils m'ont amené chez eux, je me suis retrouvé chez eux comme chez moi.
01:31 Et tous les enfants jouaient, chantaient.
01:34 Le papa était José Reyes, le chanteur de Manitas, un artiste, un prince.
01:38 Et je me suis trouvé tellement chez moi que je suis resté avec eux pour le restant de
01:43 ma vie.
01:44 Alors le chanteur de Manitas, on va expliquer, c'est aussi son cousin parce que c'est la
01:46 même famille.
01:47 C'est le guitariste aux mains d'argent.
01:53 C'est une star planétaire.
01:56 On l'écoute en interview, il revient de New York, il revient du Carnegie Hall.
02:01 Ce n'est pas rien, parce que ce n'est pas rien qu'un gitan soit parti au Carnegie
02:06 Hall chanter à New York.
02:07 Vous savez que les Américains vous appellent le plus grand guitariste flamenco du monde.
02:11 Oui mademoiselle.
02:12 Ça vous fait un peu peur non ?
02:13 Très peur non.
02:14 Jouer tout seul au Carnegie Hall.
02:16 Dites-moi votre guitare, elle est très belle, elle a beaucoup de valeur.
02:21 Elle comporte des signatures.
02:22 Oui, Jean-Louis Barraud, Madeleine Renaud, le peintre Sartout, François Périer, Picasso.
02:29 Picasso, grand amateur de taureau, de guitare et de flamenco comme chacun sait.
02:35 En fait, on a cherché des interviews de Manitas de Plata, Tchico, et on en a trouvé beaucoup.
02:41 Et ce qui nous a frappé, c'est que les journalistes français lui parlent comme à un enfant,
02:47 comme à quelqu'un qui ne comprendrait pas très bien le français.
02:49 Et qu'on sent une forme de condescendance dans ces interviews.
02:53 On parle d'un homme qui au final aura vendu presque 80 millions d'albums dans le monde.
02:58 Et pourtant il aurait mérité beaucoup plus de respect parce que vous savez, c'est quand
03:01 même un des artistes français avant nous d'avoir parcouru le monde, d'avoir quelque
03:08 part amené cette image de la France à travers sa guitare.
03:10 Moi, c'est lui qui m'a fait faire ma première télé, mon premier concert à Paris.
03:15 Pour ses dix ans de carrière au Théâtre des Champs-Elysées, vous imaginez, c'était
03:19 un rêve.
03:20 Parce que pour nous, il était un peu un exemple.
03:22 Et plus tard, j'ai eu la chance de l'inviter avec moi justement quand lui jouait moins
03:29 à parcourir le monde avec moi.
03:30 Saskia de Ville : Sauf que ça dit aussi tous les préjugés qui ont collé longtemps à
03:34 la peau des gitans.
03:35 Oui, ça a été très compliqué.
03:36 Mais en même temps, le succès qu'on a eu, lui et nous, ça a contribué à avoir un
03:40 regard différent.
03:41 Et pour moi, ça c'est une récompense.
03:43 Saskia de Ville : C'est plus qu'une récompense parce que ça veut dire que vous avez soulevé
03:46 des montagnes aussi.
03:47 Oui, mais on n'a pas forcé comme Hercule.
03:50 Je veux dire, on l'a fait avec notre cœur, on l'a fait avec notre passion, avec notre
03:55 émotion et nos cordes de guitare.
03:57 Et vous avez vu le résultat, c'est extraordinaire.
03:59 Saskia de Ville : Dans ses premières notes de musique que le monde entier connaît, évidemment,
04:10 quand on arrive chez les Reyes, qu'est-ce qu'il fait ? Et vous, vous en avez vu beaucoup
04:16 d'autres depuis vous, gamins, et depuis les cousins Reyes.
04:21 Comment reconnaît-on quelqu'un qui a de l'or dans les doigts ? Comment reconnaît-on
04:25 quelqu'un qui va y arriver ?
04:26 C'est parce que d'abord, sa façon de jouer ou de chanter vous touche le cœur.
04:31 Je crois qu'il y a une vraie émotion, il y a une vraie transmission.
04:35 Saskia de Ville : Avant la technique ? Avant l'agilité des doigts ?
04:39 Oui, avant l'agilité, parce que ce n'est pas la rapidité qui va vous amener peut-être
04:43 une émotion.
04:44 Ça contribue évidemment, mais je ne sais pas, il peut y avoir dix guitaristes et puis
04:49 dans les dix, il y en a un qui est touché par la grâce.
04:52 Et c'est celui-là qui nous emporte dans les rêves.
04:55 C'est ce que nous avons nous dans notre groupe.
04:57 On a un petit guitariste qui a 29 ans aujourd'hui et c'est un artiste incroyable.
05:01 Saskia de Ville : Allez, le groupe, Otro Camino.
05:05 * Extrait de Otro Camino de José Luis Fonsi *
05:33 Voilà, extrait de votre nouvel album, de Chico and the Gypsy.
05:38 Et voilà, extrait de Otro Camino, la chanson s'appelle Lucia.
05:42 C'est dédié à une dame qui s'appelle Lucia et à travers elle, c'est à toutes
05:47 les femmes que cette chanson est partagée.
05:51 Mais ce qui est incroyable, c'est de retrouver justement ces voix.
05:54 Vous voyez ce chanteur, Mounin, comme on vient de l'entendre, lui, il a ce qu'avait José
05:58 Reyes, cette espèce de voix.
06:00 Et quand il chantait, on avait l'impression que ça le dépassait.
06:03 La culture derrière, c'était le peuple derrière qui chantait.
06:06 Et c'est cette force que Chico and the Gypsy nous a aujourd'hui, ces trois voix incroyables,
06:11 des personnalités incroyables.
06:13 Et moi, je suis ravi parce que depuis 45 ans, je vis un bonheur extraordinaire.
06:18 Alors, le groupe, il a 30 ans, il a pile 30 ans.
06:21 C'est pour ça qu'on vous invite aujourd'hui, c'est que c'est un anniversaire.
06:24 Mais c'est l'histoire d'un type, vous, qui tout petit découvre les Reyes, qui se
06:31 met à jouer avec eux, qui se met à chanter avec eux.
06:34 Avec les Reyes, vous allez monter un groupe qui est mythique aujourd'hui, c'est les
06:38 Gypsy Kings, évidemment.
06:39 Et puis, vous allez vous séparer.
06:41 Vous allez vous séparer, pourquoi ?
06:43 Parce qu'un jour, j'ai osé demander des comptes à notre producteur.
06:46 Et en fait, les comptes qu'on avait ne correspondaient pas à la réalité du succès qu'on avait
06:50 dans le monde entier.
06:51 Et ça a valu de me faire jeter du groupe.
06:55 En fait, le producteur a divisé pour mieux régner.
06:57 Et malheureusement…
06:58 Et c'est l'histoire de toute une génération aussi.
07:01 C'est l'histoire de toute une génération.
07:02 Et en fait, alors que les comptes, je les demandais pour le groupe en même temps, mais
07:06 ils ont été manipulés.
07:07 C'était compliqué parce qu'on vivait une époque très rapide.
07:12 Le succès était incroyable.
07:13 Foudroyant.
07:14 Foudroyant.
07:15 C'était joué dans le monde entier.
07:17 Et on n'avait pas le temps de poser les valises.
07:20 Et moi, je posais peut-être des questions qu'il ne fallait pas, mais en même temps,
07:23 c'était mon rôle.
07:24 Je veux dire, moi, j'étais un peu le protecteur du groupe.
07:26 J'étais celui qui rassemblait tout ça et je voulais surtout les protéger de tout
07:31 ce qui allait arriver.
07:32 Vous étiez le protecteur, vous étiez aussi devenu son visage médiatique.
07:36 Et ça, c'est pas rien.
07:37 Ce qui fait que les Gypsy Kings se séparent, que Chico recrée un groupe avec les Gypsies
07:44 et qu'au fond, comme pour le public, rien n'avait changé ?
07:47 En fait, ce qui s'est passé, c'est que oui, après la séparation, eux, on gardait
07:51 l'Odon.
07:52 Moi, j'ai gardé l'âme.
07:53 Et avec tout ça, on a reconstruit.
07:56 Et puis, ce qui est important, c'est qu'une porte se ferme, une autre s'ouvre.
08:00 Et ce destin incroyable que je vis depuis toujours a continué.
08:04 Il m'a amené à l'Unesco, il m'a amené à faire des rencontres extraordinaires.
08:07 Il m'a amené jusqu'à aujourd'hui où je suis avec vous.
08:09 Vous imaginez quel bonheur !
08:11 - Madame Brigitte Bardot.
08:14 Madame Brigitte Bardot.
08:15 - Je les ai trouvées formidables.
08:18 Je ne les ai plus lâchées d'une semelle.
08:20 J'ai essayé de jouer de la guitare avec eux, j'ai essayé de danser avec eux.
08:25 On ne peut pas s'empêcher de ni danser, ni de chanter, ni de taper dans les mains.
08:30 - Parce que Manitas de Plata, c'est l'histoire d'un guitariste qui rencontre Jean-Louis
08:38 Barraud, Jeanne Moreau, qui rencontre Picasso.
08:41 On l'a entendu dans l'archive.
08:42 - La planète la plus grande.
08:43 Il va jouer devant la Reine d'Angleterre.
08:45 Picasso lui dessinera sa guitare.
08:48 Dali aussi, Bernard Buffet aussi.
08:51 C'était une façon de lui rendre hommage au succès qu'il avait et puis au bonheur
08:56 qu'il donnait, qu'il partageait.
08:57 - Votre histoire à vous, Chico, aussi, elle est faite de rencontres avec les grands noms
09:03 du musical, avec les grands noms du cinéma français.
09:06 Elle est faite de rencontres avec Bardot à Saint-Tropez.
09:08 Sans Bardot, il n'y aurait pas eu...
09:10 - C'est pour ça que je vous disais 45 ans, parce que c'était l'époque où j'ai connu
09:13 Brigitte Bardot.
09:15 J'ai été invité pour jouer dans un de ses anniversaires, par hasard.
09:19 Et là, je passe une soirée de rêve.
09:23 Elle me dit à la fin de la soirée, c'est le plus bel anniversaire de ma vie.
09:27 Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? Déjà, elle me dit, comment je vous dois ? Je lui
09:30 dis, mais vous plaisantez, c'est moi, comment je vous dois ? Et du coup, le lendemain, elle
09:34 nous invite à la madrague.
09:35 Et une amitié est née jusqu'à aujourd'hui.
09:37 Et d'ailleurs, j'en profite pour lui rendre un hommage parce que c'est vrai qu'il y a
09:39 eu un avant et un après Bardot.
09:41 Et vous imaginez qu'à l'époque de Los Reyes, on n'était pas connus.
09:44 Elle venait avec nous dans les soirées privées, elle mettait une jupe et une perruque et elle
09:48 se mettait à danser.
09:49 Et les gens disaient, mais c'est incognito.
09:50 Les gens disaient, mais c'est bizarre, la danseuse, elle ressemble à Brigitte Bardot.
09:54 Et c'est l'époque où elle, elle avait arrêté le cinéma.
09:56 Elle avait arrêté.
09:57 Elle aussi, elle était devenue une étoile et elle se cachait.
09:59 Mais elle se cachait.
10:00 Mais là, elle était, elle ne se cachait plus.
10:03 Elle était heureuse de le vivre.
10:04 Vous imaginez, après, elle venait en Camargue pour mes anniversaires et puis elle ne s'est
10:08 plus quittée.
10:09 C'est vraiment une vraie amitié fidèle.
10:10 Rencontre avec Aznavour aussi.
10:12 Rencontre avec Enrico Macias.
10:14 Aznavour ?
10:15 Aznavour, c'était mon grand ami.
10:17 Pendant 30 ans, on ne s'est pas quitté non plus.
10:19 Puis on habitait à 20 kilomètres, à Arles, lui à Mauriez et moi à Arles.
10:23 Et on se voyait toutes les semaines.
10:24 On a fait un duo, on a voyagé ensemble, on a partagé des scènes.
10:29 Et pourquoi ne pas avoir chanté avec Bardot ?
10:31 On a chanté avec elle, mais en privé.
10:34 Elle n'a jamais voulu enregistrer quelque chose avec vous ?
10:38 Malheureusement, dommage.
10:39 Mais la vérité, on ne lui a jamais posé la question.
10:41 La vérité, il serait peut-être temps d'y penser, non ?
10:44 Non, mais vous savez quoi ?
10:45 C'est parce qu'on vivait tellement des moments de bonheur qu'on n'y pensait pas.
10:48 Parce qu'on ne pensait pas enregistrer.
10:50 Parce que le chanter, le danser avec nous, le jouer du maracas, le jouer de la guitare,
10:55 pour nous c'était ça.
10:56 C'était de vivre ce présent à fond.
10:58 À fond.
10:59 Et Macias alors ?
11:00 Comment il est rentré dans votre vie ?
11:01 Et Macias, vous imaginez ?
11:02 A Saint-Tropez, il adorait ce qu'on faisait parce qu'on jouait sur la plage à Montréal.
11:07 Il prenait la guitare, il faisait la fête avec nous.
11:10 On faisait un peu le bœuf.
11:11 Et puis un jour, on était sur la plage, il me dit, il est petit, il nous appelle, il
11:14 me dit "ça vous dirait de venir à l'Olympia avec moi ?"
11:16 Mais vous imaginez cette invitation de la plage à l'Olympia pendant trois semaines.
11:20 Pendant trois semaines, le public se levait parce qu'on était dans son spectacle et
11:26 on entendait une autre, une autre.
11:27 Et puis c'est à ce moment-là que j'ai eu le déclic et je me suis dit "mais c'est
11:30 ça qu'il faut qu'on fasse.
11:31 Il faut qu'on joue devant un public qui vienne nous voir."
11:34 Et ça m'a donné l'occasion d'avoir cette vision, de prendre un chemin que je n'ai
11:39 jamais quitté avec des hauts et des bas.
11:40 Évidemment, on est retourné à la plage après, mais quand même.
11:43 - Mais Enrico, il vous appelle les petits.
11:45 Tchikko, c'est le petit.
11:46 - Ouais, c'est ça.
11:47 - Tchikko, c'est le petit.
11:48 - J'en étais petit à l'époque, il y avait 45 ans.
11:51 - C'est ça.
11:52 Mais les Reyes, ils vous appellent Tchikko.
11:54 Ils vous donnent ce surnom qui va...
11:56 - Non, je l'avais avant eux.
11:57 - Avant eux ?
11:58 - Ouais, ouais.
11:59 C'est des copains espagnols parce que dans mon quartier, il y avait plein d'Espagnols.
12:01 Et moi, j'étais petit au milieu des grands, j'étais toujours avec des grands.
12:04 Et puis, ils me cherchaient toujours.
12:09 Ils me disaient "mais il est où le Tchikko ?" parce que ça veut dire "le petit garçon".
12:11 "Il est où le Tchikko ? Il est où le Tchikko ?" Et le Tchikko, ça m'est resté comme un tatouage.
12:14 - Donc, vous avez grandi dans un quartier où les communautés se mélangeaient de manière
12:20 complètement pacifique, c'est-à-dire que les Arabes, les Gitans, les Espagnols, tout
12:24 ça se mélangeait.
12:25 - Exactement.
12:26 En Arles, c'était une ville justement de métissés, de mélanges.
12:28 C'était que du bonheur.
12:30 Tout ce qu'on a découvert après, moi, ça n'existait pas.
12:34 Jamais de ma vie.
12:35 - C'est-à-dire le racisme, la xénophobie, les guerres entre communautés.
12:39 - Oui, mais alors par contre, quand on a commencé à avoir du succès, on a commencé à gommer
12:41 tout ça.
12:42 On a commencé à mettre des passerelles entre les uns et les autres, en dehors d'Arles
12:46 justement.
12:47 Et ça a fonctionné, mais ça a fonctionné partout dans le monde entier.
12:49 - 9h20, France Inter, Tchikko !
12:52 - Que du bonheur !
12:53 - Exactement !
12:54 - C'est un peu comme un film, un peu comme un film.
13:22 - C'est un peu comme un film.
13:49 - C'est un peu comme un film.
14:17 - C'est un peu comme un film.
14:19 - C'est un peu comme un film.
14:20 - C'est un peu comme un film.
14:21 - C'est un peu comme un film.
14:22 - C'est un peu comme un film.
14:23 - C'est un peu comme un film.
14:24 - C'est un peu comme un film.
14:25 - C'est un peu comme un film.
14:26 - C'est un peu comme un film.
14:27 - C'est un peu comme un film.
14:28 - C'est un peu comme un film.
14:29 - C'est un peu comme un film.
14:30 - C'est un peu comme un film.
14:31 - C'est un peu comme un film.
14:32 - C'est un peu comme un film.
14:33 - C'est un peu comme un film.
14:34 - C'est un peu comme un film.
14:35 - C'est un peu comme un film.
14:36 - C'est un peu comme un film.
14:37 - C'est un peu comme un film.
15:05 - Voilà, une chanson italienne du début des années 50 qui avait été en lice pour
15:29 le concours de l'Eurovision en 58 qui est devenu un tube mondial.
15:33 Et vous Tchico, vous la reprenez en 89.
15:36 - En 89, c'est ce qui est incroyable aujourd'hui dans le monde.
15:38 Elle a eu un succès phénoménal.
15:40 - Vous continuez de la jouer sur scène ?
15:41 - Évidemment, et non seulement ça, mais le public dans le monde entier croit que c'est
15:45 nous qui l'avons écrite tellement qu'on se l'est appropriée.
15:48 - Alors, le king de la musique chez nous Tchico s'appelle Jean-Baptiste Odibert.
15:53 Notre réalisatrice s'appelle Lucie Lemarchand, c'est peut-être pour elle et pour les autres
15:57 Lucie que vous avez écrits Lucia.
15:58 Grégoire Nicolet, Redouane Tella, Elisabeth Rouvé m'aident à programmer et à préparer
16:02 l'émission.
16:03 Et puis, vous êtes de plus en plus nombreux à venir nous écouter et à chanter.
16:07 Voilà, cette interview de 9h10 a gagné 200 000 auditeurs et nous sommes très reconnaissants
16:14 de votre joie et de votre confiance.
16:16 Parce que votre histoire, Tchico, a commencé par une histoire familiale, celle des Reyes,
16:30 et une histoire où on se transmettait la musique et le chant de génération en génération.
16:35 Quid de la vôtre aujourd'hui ? Vous avez 5 enfants ?
16:39 - 5 enfants, 11 petits-enfants et 2 arrière-petites-filles.
16:42 Et d'ailleurs, il y en a une grande majorité que je vais inviter au Casino de Paris le
16:46 11 décembre à venir faire la fête avec nous sur scène.
16:49 Mais il faut voir, j'ai des petits garçons de 11 ans, 13 ans, qui sont des futurs solistes.
16:54 - Vraiment ? - Ah non, mais extraordinaires ! Ils sont doués.
16:57 - Vos enfants jouent et chantent ? Vos petits-enfants jouent et chantent ?
17:02 - Oui, c'est ça.
17:03 Et bien il faut voir de quelle manière.
17:04 J'ai un petit-fils qui a 5 ans, il a chanté un petit cantique il y a quelques jours, son
17:07 père l'a mis sur Internet, en 4 jours il a fait 1 600 000 vues.
17:10 C'est fabuleux.
17:11 C'est des moments comme ça que je voudrais partager, des moments de bonheur qui sont
17:15 très simples et à la portée de tous.
17:17 C'est pour ça que je donne ce rendez-vous qui est important pour moi et surtout pour
17:21 ma famille et pour le public parisien qui, quand même, c'est le public parisien qui
17:24 nous a sortis en 87.
17:27 - C'est ça.
17:28 Donc, avec les Gypsies, il y a "Otro Camino" qui est ce nouvel album qui vient de paraître,
17:33 qui est votre 16e album avec les Gypsies, dont on a écouté l'extrait "Lucia" tout
17:38 à l'heure, que vous allez partir en tournée dans toute la France à partir du mois de
17:41 mai et le Casino de Paris, vous l'avez dit, c'est le 11 décembre.
17:45 Parlons famille, parlons d'un drame qui a beaucoup marqué votre famille, qui vous a
17:49 marqué vous.
17:50 C'est la mort de votre frère aîné qui a été assassiné sans qu'au départ, on comprenne
17:58 comment et pourquoi.
17:59 - Ça a été une tragédie incroyable.
18:01 C'est une bavure des services secrets israéliens, le Mossad.
18:06 Ils l'ont confondu avec un des chefs du commando qui avait, vous vous rappelez, des attentats
18:14 de Munich de 72.
18:15 - De septembre noir.
18:16 - Malheureusement, ils lui ont trouvé une vague ressemblance.
18:20 Moi, je ne trouve pas, mais ça suffit pour qu'il assassine.
18:25 Et ça a été une tragédie jusqu'à aujourd'hui.
18:28 Mais par rapport aux morts de douleur, de chagrin, jusqu'à aujourd'hui, c'était
18:33 très compliqué.
18:34 - Très compliqué.
18:35 Et vous, et c'est là où votre histoire est très belle et très surprenante et très
18:42 hors du commun.
18:43 Vous allez devenir, quelques années plus tard, ambassadeur pour l'UNESCO, ambassadeur
18:49 pour la paix, ambassadeur pour la paix au Moyen-Orient.
18:53 - Ce qui est incroyable, c'est que ce destin me rattrape 23 ans après cet assassinat.
18:58 Et je suis appelé par l'UNESCO pour remplacer mes anciens copains, dont les gypsy kings
19:03 qui ont fait défaut, ne sont pas levés le matin, ne sont pas partis à Oslo pour jouer
19:07 pour le premier anniversaire du traité de paix entre Chimonde Pérez et Arafat.
19:11 Et je me retrouve sur scène avec mon groupe.
19:14 C'était d'abord compliqué pour y aller parce qu'on m'appelle à 11h pour y être,
19:18 pour jouer sur scène à 17h.
19:19 Et je vais jouer à Oslo, dans le pays où mon frère a été assassiné.
19:26 C'est mon frère qui m'a offert ma première guitare.
19:28 Et en même temps, je trouvais que c'était un signe incroyable.
19:31 Et j'emmène avec nous, dans le groupe, un de mes frères aussi qui est photographe et
19:37 qui fera une photo où Chimonde Pérez et Arafat montent sur scène, me serrent la main.
19:42 Mais ils ne savent pas qui je suis.
19:43 Ils croyaient que tout le monde croit que je suis Chico des gypsy kings.
19:46 Et en fait, je suis le frère de celui qui a été assassiné et qui serre la main à
19:53 deux personnes qui, de par leur fonction, représentent ce pourquoi il a été assassiné.
19:57 Chimonde Pérez, Israël et Arafat, la Palestine.
20:00 Et cette photo, si vous voulez, pour moi, ça a été une belle image de pardon qui a été
20:04 présentée un an après au directeur général de l'UNESCO, Federico Maillol, et qui a été
20:10 touché par cette histoire et qui a dit "si Chico accepte, ce sera mon premier envoyé
20:14 spécial de l'UNESCO pour la paix".
20:16 Et il y avait le commandant Cousteau qui était dans son bureau à ce moment-là et il a dit
20:20 "s'il accepte, je le parrainerai".
20:21 Et ça s'est passé comme ça.
20:22 Il ne m'a pas aidé.
20:23 Et je suis devenu...
20:24 Et vous avez accepté.
20:25 Et j'ai accepté.
20:26 Beaucoup n'auraient jamais accepté au nom de cette blessure, justement, au nom de cette
20:31 bavure commise par un État.
20:36 Beaucoup n'auraient pas accepté.
20:38 Oui, mais en même temps, moi, j'ai trouvé ça le signe du destin, franchement.
20:41 Et je crois que peut-être mon frère, quelque part, il me guidait.
20:44 Et je suis très heureux parce que cette nomination n'a fait que confirmer mes convictions de
20:48 paix et de tolérance que j'ai ensuite parcouru dans le monde entier avec mon bâton de pèlerin
20:55 en forme de guitare.
20:56 Et ça m'a permis de rencontrer, de partager des moments incroyables et puis d'aider les
21:01 autres.
21:02 Concrètement, ça m'a permis d'aller en Israël, d'aller en Palestine, d'aller en Algérie
21:06 dans les années compliquées, de me retrouver un mois après la fin de la guerre à Yougoslavie.
21:11 Dans des endroits vraiment très compliqués, mais toujours avec ce bonheur et puis cette
21:18 satisfaction de dire je vis pour quelque chose.
21:21 Chico, âme de Gypsy, l'album s'appelle "Otro Camino".
21:24 J'imagine que ça veut dire "Un autre chemin".
21:26 Un autre chemin, mais c'est toujours le chemin de l'amour.
21:28 C'est ça.
21:29 Merci beaucoup, Chico.

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