• il y a 2 ans
Avec Pierre Juston, administrateur de l’ADMD Délégué pour la Haute-Garonne et le Gers.

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2023-02-23##

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Transcription
00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états, le fait du jour.
00:05 Si on nous demande toujours et philosophiquement depuis le début, depuis que vous êtes adulte,
00:11 depuis qu'on est adulte, de choisir sa vie, ça s'appelle la liberté, peut-on choisir sa mort ?
00:16 Vaste débat qui existe depuis très longtemps et depuis que un certain Henri Caillavé, un sénateur,
00:23 a fondé en France l'association pour le droit à mourir dans la dignité.
00:28 Alors qu'est-ce que ça veut dire ? On va en parler avec Pierre Juston, mais auparavant,
00:33 pourquoi on en parle ? Parce qu'il y a eu une convention citoyenne avec 184 participants,
00:39 convention citoyenne sur la fin de vie, et ces participants se sont prononcés majoritairement
00:45 en faveur d'une évolution de la loi pour une aide active à mourir.
00:49 Alors Pierre Juston, bonjour, vous êtes administrateur de la DMD,
00:53 qu'est-ce que ça veut dire exactement, aide active à mourir ? Qu'est-ce que ça signifie ?
00:57 - Ça signifie simplement une aide active à mourir que la personne, c'est la première condition,
01:03 c'est important, la personne qui a toute sa lucidité, qui est face à une fin de vie difficile,
01:09 avec une maladie incurable, avec des souffrances inapaisables, puisse, lorsqu'elle est confrontée
01:14 à cette situation dramatique, avoir le choix de pouvoir avoir un parcours de soins palliatifs,
01:21 on pourra en parler, mais aussi avoir le choix... - C'est important les soins palliatifs !
01:25 - C'est décisif, c'est très important dans ce débat, et puis par ailleurs qu'elle puisse avoir le choix,
01:29 ce qui n'est pas possible aujourd'hui, si elle le souhaite, de partir en choisissant le moment
01:33 et la manière, dans le cas que j'ai indiqué tout à l'heure, avec les conditions que j'ai indiquées tout à l'heure.
01:37 - Alors justement, on sait que depuis 2016, il y a la loi Claes Leonetti, qui permet d'aller jusqu'ici,
01:42 jusqu'à une sédation profonde et continue de certaines malades, jusqu'à leur mort,
01:46 sans pour autant permettre de provoquer activement leur décès, ou de leur en donner les moyens.
01:51 Ce que vous voulez, c'est de permettre de provoquer activement le décès et d'en donner les moyens.
01:57 - Exactement. Nous ce qu'on veut, c'est la fin d'une forme d'hypocrisie,
02:00 si vous voulez la sédation profonde et continue, peut-être une solution pour un certain nombre de personnes.
02:04 Mais on se rend compte qu'il y a beaucoup de personnes pour qui ça n'est pas une solution,
02:07 et dans beaucoup de cas dans lesquels ça se passe mal.
02:09 Qu'est-ce que c'est la sédation profonde et continue ?
02:11 On vous endort, on vous donne un cocktail pour vous endormir, comme quand vous avez une opération générale,
02:16 et puis on va arrêter de vous hydrater, on va arrêter de vous nourrir,
02:21 et vous allez mourir d'une certaine manière de votre maladie ou d'une insuffisance rénale,
02:25 en principe c'est souvent le cas.
02:27 Et donc, il n'y a pas d'aide active à proprement parler, mais on a bien mis en place un protocole
02:31 pour que la personne meure. Donc il y a une forme d'hypocrisie à ne pas aller juste pour beaucoup de choses.
02:35 - Vous voulez dire que c'est déjà une aide active à la mort ?
02:37 - Bien sûr, bien sûr, sauf que ça n'est pas vraiment actif,
02:40 et on laisse malheureusement des gens dans des situations qui sont parfois cataclysmiques,
02:43 et ce n'est pas la faute des soignants du tout, c'est la faute à cette loi qui est parfaitement incomplète,
02:47 et par ailleurs cette loi est incomplète parce qu'elle ne sait pas accompagner des moyens suffisants
02:51 pour les soins palliatifs. Nous, à l'ADMD, nous sommes pour la légalisation d'une aide active à mourir,
02:56 ou la dépénalisation d'une aide active à mourir, comme c'est le cas dans beaucoup de pays européens aujourd'hui.
03:00 - La Belgique notamment, la Suisse. - La Belgique, récemment l'Espagne,
03:03 vous voyez, il y a un certain nombre de pays, les Pays-Bas, Luxembourg, on pourrait en citer beaucoup,
03:06 et puis au niveau international encore plus.
03:08 Et puis à côté de ça, un vrai financement des soins palliatifs, de manière à ce que la personne,
03:13 elle ait sa liberté de choisir, c'est un concept qui est important.
03:16 - Parce qu'il n'existe pas de vrai financement des soins palliatifs aujourd'hui.
03:18 - Bien sûr que si, mais c'est absolument insuffisant par rapport à d'autres pays.
03:21 Je vous donne un seul exemple, en Autriche, lorsque nous, il y a un an en arrière, un peu plus,
03:25 nous discutions de la proposition de loi d'Olivier Falorni, qui avait courageusement proposé qu'il y ait enfin cette loi-là,
03:30 qui n'a pas été votée parce que c'était dans une niche parlementaire, c'est un peu technique,
03:33 et qu'il fallait jusqu'à minuit, et ça n'a pas été le cas à cause d'une obstruction parlementaire.
03:38 - On a vu ça pour d'autres lois.
03:39 - Exactement, c'est l'actualité, parce qu'il y a une obstruction parlementaire de quelques députés.
03:42 En Autriche, dans le même moment, ils ont légalisé l'aide active à mourir,
03:46 et en même temps, ils ont financé les soins palliatifs.
03:48 Un financement qui était, mais colossal par rapport au financement français, proportionnellement.
03:53 - Donc ça marche sur deux gens pour vous, les soins palliatifs et l'aide active à mourir.
03:56 - Bien sûr, et il ne faut pas opposer les deux.
03:58 Le problème dans ce débat, à mon sens, c'est qu'on oppose artificiellement les soins palliatifs et leur financement.
04:03 Il y a des départements ruraux, moi je viens d'Occitanie, je viens de Toulouse,
04:06 il y a des départements ruraux en Occitanie dans lesquels il n'y a pas d'unité de soins palliatifs.
04:09 Il y a des lits de soins palliatifs, mais il n'y a pas d'unité.
04:11 Donc il faut développer les soins palliatifs pour que tout le monde ait accès aux soins palliatifs.
04:14 C'est dans le droit d'ailleurs, normalement, l'accès universel.
04:16 Donc il faut en faire une réalité, ça veut dire des financements,
04:18 et puis de l'autre côté, une vraie formation aussi, pour qu'il y ait une vraie culture palliative,
04:22 qui est chez les soignants, l'infusion d'une culture palliative.
04:24 Et puis de l'autre côté, l'aide active à mourir.
04:26 Pourquoi opposer ces deux choix-là ?
04:28 Ce sont des choix, moi je ne sais pas, je n'ai pas de certitude en la matière en ce qui me concerne.
04:31 Ce que je sais, c'est que face à la maladie, j'ai envie d'avoir le choix,
04:34 quand malheureusement ce jour-là arrivera.
04:36 - Alors le problème qui est posé, qui est posé depuis longtemps d'ailleurs,
04:39 ce n'est pas nouveau, Pierre Juston, déjà on l'avait posé depuis des décennies et autres,
04:45 oui, on peut se dire, mais il y a des gens qui disent,
04:48 mais comment éviter les dérives, et c'est très important,
04:52 comme vous le savez, c'est-à-dire vous dites,
04:54 la personne qui est effectivement dans sa lucidité, dans sa conscience,
04:59 pour les gens de conscience, choisit effectivement de faire ce qu'il faut faire.
05:03 Encore une fois, moi j'ai eu un exemple familial,
05:05 c'était aux Etats-Unis, en Oregon,
05:07 où la personne, une des proches, une de mes proches,
05:11 a choisi effectivement de partir selon cette méthode.
05:14 En tout cas, selon la loi dans l'état d'Oregon.
05:17 Mais, comment être assuré que cette personne est lucide ?
05:22 Comment ne pas, parce qu'on les pense toujours à certains de la famille,
05:26 qui peut-être sont animés de moins bonnes intentions que d'autres,
05:30 qui disent "Ah écoutez, ça fait des mois quand même", etc.
05:33 Comment faire qu'il n'y ait pas une persuasion plus ou moins,
05:36 je ne dirais pas criminelle, non, mais enfin plus ou moins perverse,
05:39 qui amènerait des gens à dire "Oui, oui, oui, je veux en finir, je veux en finir",
05:42 alors que ce n'est pas vrai du tout.
05:44 - Vous avez entièrement raison, mais deux choses.
05:47 Vous êtes déjà, et vous le dites, vous êtes l'exemple,
05:49 comme beaucoup de Français qui avaient un proche,
05:52 qui malheureusement a été confronté à une situation dramatique
05:56 et a dû faire un choix.
05:57 Et beaucoup de Français s'en rendent compte.
05:59 Beaucoup de Français se rendent compte aussi, depuis des années,
06:01 qu'en France, ce choix-là, il n'existe pas.
06:03 Et donc que des personnes, on décide à leur place
06:05 de la manière dont elles doivent mourir.
06:07 Et ça, c'est absolument indigne.
06:08 Ce qui est indigne, c'est ça.
06:09 Il n'y a pas des morts indignes,
06:10 parce que souvent on nous fait ce procès-là à l'ADMD.
06:12 Nous nous disons que l'indignité,
06:13 c'est de ne pas laisser le choix à la personne.
06:15 - Oui, mais quand elle n'a plus le choix.
06:17 - Et alors, pour répondre à votre question justement,
06:20 bien sûr, les dérives, c'est quelque chose qui est une crainte,
06:23 qui est une crainte légitime,
06:24 et il faut entendre cette crainte.
06:26 Mais je vais vous dire quelque chose,
06:27 les dérives aujourd'hui, elles ont lieu en France.
06:29 Elles n'ont pas lieu en Belgique,
06:30 car légiféré depuis 20 ans,
06:31 et qui a un système qui fonctionne globalement très très bien,
06:34 avec un contrôle a posteriori, un contrôle a priori,
06:36 avec des psychologues, avec des médecins,
06:39 - On contrôle vraiment, on voit la famille, tout le monde.
06:41 - On vérifie qu'il n'y ait pas de pression,
06:42 parce que s'il y a des pressions de la famille,
06:44 pour reprendre votre exemple,
06:45 qui est l'exemple qu'on entend le plus souvent, effectivement,
06:47 et bien, il ne pourra pas y avoir d'aide d'accès à l'aide active à mourir.
06:50 Et c'est ce qui différencie un certain nombre de pays,
06:52 notamment, et de la Belgique.
06:53 La Belgique, il y a un vrai accompagnement des personnes.
06:55 Et que ce soit l'accompagnement à la vie,
06:57 l'accompagnement à la fin de vie,
06:58 encore une fois, ces deux choses ne s'opposent pas.
07:00 Et quand il y a un accompagnement,
07:01 il y a une vérification que la personne,
07:03 elle ne subit pas de pression,
07:04 sa liberté de conscience n'est pas entravée,
07:06 pour X raisons,
07:07 et qu'elle fait bien ce choix en connaissance de cause.
07:09 Puis vous savez, ce n'est pas, je demande le lundi,
07:11 une euthanasie ou un suicide assisté,
07:14 on pourra revenir sur la distinction entre les deux.
07:16 Et le mardi, je bénéficie d'une aide active à mourir.
07:18 Pas du tout.
07:19 Ça prend du temps, il y a un dossier,
07:21 il y a un protocole qui est lourd.
07:22 Évidemment, en France, il faut qu'il y ait un protocole
07:24 qui permette de vérifier toutes ces conditions à l'évidence.
07:26 Et aujourd'hui, les dérives, elles ont lieu en France,
07:28 parce qu'on sait qu'il y a énormément d'euthanasie clandestine,
07:30 et là où il y a une dérive,
07:32 c'est que parmi ces euthanasie clandestine,
07:34 il y a des euthanasie sur des personnes qui ne l'ont pas demandé.
07:36 Et ça, c'est une dérive.
07:37 - Et ça existe.
07:38 - Bien sûr que ça existe.
07:39 - C'est terrible, enfin c'est...
07:41 - Et donc aujourd'hui, les dérives, elles ont lieu en France,
07:42 parce que cette liberté,
07:43 quoiqu'on pense que c'est une liberté fondamentale,
07:45 elle n'est pas encadrée.
07:47 - Alors justement, Pierre Juston, dites-moi,
07:49 comment ça se passe, puisqu'on a l'exemple de la Belgique,
07:51 qui est proche de nous,
07:52 combien de temps, par exemple, à supposer que quelqu'un dise
07:54 "Voilà, moi je veux effectivement que l'on m'aide à mourir,
07:58 de la façon la plus, hélas, la moins terrible possible,
08:02 enfin la moins..."
08:03 Et comment ça sert ?
08:04 Combien de temps ça prend ?
08:05 Entre, par exemple, quelqu'un qui le demande,
08:07 et quand on fait cet acte ?
08:10 - Alors, ça va dépendre des cas.
08:12 Il y a des gens qui sont dans des situations assez extrêmes,
08:15 qui se trouvent dans des fins de vie à très très courte échéance,
08:19 et dans lesquelles, effectivement, même si toutes les vérifications sont faites,
08:23 qui sont accompagnées par les médecins,
08:25 ça peut aller un peu plus vite, parce qu'on considère, évidemment,
08:27 chaque cas est unique, évidemment.
08:29 Et puis il y a des personnes qui, dès lors qu'elles ont une maladie incurable
08:32 qui est déclarée, par exemple une maladie terrible,
08:34 que je connais un petit peu, qui est la maladie de Charcot,
08:36 parce que j'ai accompagné des gens qui avaient malheureusement
08:38 des maladies de Charcot,
08:39 où on leur donne un pronostic,
08:40 on leur dit "Voilà, vous avez entre tant et tant à vivre,
08:43 voilà comment vous allez mourir,
08:45 vous allez progressivement vous enfermer dans votre coeur,
08:47 finalement, à un moment donné, plus parler, plus pouvoir rien faire,
08:49 être enfermé, et vous étouffer, et mourir étouffé."
08:52 Il y a des gens qui disent simplement "Écoutez, moi je veux aller le plus loin possible,
08:55 je vous donne un exemple, ça peut être autre chose,
08:57 je veux aller le plus loin possible, mais à un moment donné,
08:58 quand ça suffit, je veux avoir la possibilité,
09:00 en ayant fait tout le dossier, en ayant eu toutes les vérifications
09:03 et tous les critères qui sont appliqués,
09:05 "appuyer sur le bouton", c'est un propos qu'on entend souvent,
09:09 et pouvoir partir tranquillement.
09:11 Et vous savez, il y a des gens même, je vais vous dire,
09:13 qui changent d'avis au dernier moment.
09:15 C'est ça la liberté de conscience de la personne,
09:17 et qui face à la situation, finalement, se disent "Ah bah non, j'ai réfléchi."
09:21 Et à l'inverse, le premier euthanasie en Belgique,
09:24 c'était un prêtre, vous voyez, qui était plutôt contre,
09:26 et donc, des gens qui changent d'avis à l'inverse,
09:28 et qui disaient "Moi jamais, je ne voudrais bénéficier d'un truc pareil,
09:31 parce que c'est contraire à mes convictions."
09:33 Mais au dernier moment, face à la souffrance atroce,
09:35 et face à un certain nombre de choses que la personne ne pouvait plus supporter,
09:38 elle était contente de pouvoir bénéficier de ce protocole.
09:41 - Donc juste, pour revenir juste sur la question que vous avez répondu en grande partie,
09:46 cette aide active à mourir, cette activité,
09:52 consiste quand même à bien contrôler que le sujet ait toute sa conscience.
09:56 - Ah c'est très important, bien évidemment.
09:58 - Parce que ça reste vraiment la question,
10:00 qui évidemment, elle doit vous être très souvent posée, mais elle est posée.
10:03 - C'est la condition sine qua non.
10:05 - C'est ça, parce que c'est vraiment la liberté de l'individu qui est en question.
10:09 - Et alors effectivement, c'est vrai que quelquefois on voit des gens
10:13 qui sont dans le coma depuis 15 ans, et on se demande,
10:15 dans un coma absolu, enfin c'est...
10:17 Alors, quelle différence, soyons précis Pierre Juston,
10:21 entre euthanasie et suicide assisté ?
10:23 - Alors, si vous voulez, les conditions sont les mêmes.
10:25 Souvent les termes font peur, ces termes là font peur.
10:27 Euthanasie, ça fait peur.
10:29 Je rappelle que euthanasie, la racine grecque, ça veut dire belle mort.
10:33 Donc c'est pas la question d'euthanasier justement quelqu'un contre sa volonté.
10:37 Ce serait un assassinat, un crime, donc c'est pour ça que ça fait peur.
10:40 Mais il s'agit pas de ça bien évidemment.
10:42 Suicide assisté, ça fait peur parce qu'on pense au suicide,
10:44 on pense aux personnes qui sont suicidaires, pour un chagrin d'amour,
10:46 pour quelque chose dans la vie.
10:48 Il s'agit pas de ça, les conditions restent les mêmes.
10:50 Maladie incurable, la liberté de conscience de la personne,
10:52 et des souffrances réfractaires.
10:54 Donc on est dans ce cadre là.
10:55 Après c'est simplement technique entre les deux.
10:57 L'euthanasie, c'est un soignant, c'est un tiers,
10:59 qui va pouvoir faire le geste pour la personne, si elle le souhaite,
11:02 ou si elle n'est plus en capacité matérielle de le faire.
11:06 Donc quand vous vous trouvez enfermé dans votre corps,
11:08 que vous n'êtes plus en capacité de le faire,
11:09 il faut bien qu'il y ait quelqu'un qui puisse le faire pour vous.
11:11 - Oui, parce qu'il peut y être quelqu'un qui ne peut plus parler,
11:13 qui ne peut même plus s'exprimer.
11:14 - Et c'est là que rentrent en compte ce qu'on appelle les directives anticipées,
11:16 qui existent et donc que nous on veut développer.
11:18 C'est l'ADMD qui particulièrement fait la communication.
11:20 - Vous insistez sur les directives anticipées ?
11:22 - Bien sûr, qu'on rédige donc en amont et qu'on dise,
11:25 si je me retrouve dans ce cas là, j'ai pas envie de pouvoir continuer,
11:28 donc si on n'est plus en capacité matérielle de le faire,
11:30 il faut bien qu'il y ait quelqu'un d'autre qui pourra le faire.
11:32 Le suicidacité c'est beaucoup plus simple,
11:34 c'est que vous êtes en capacité matérielle de le faire,
11:36 c'est ce qui existe notamment en Suisse,
11:37 et donc vous avez un mécanisme qui vous permet simplement
11:39 de prendre le produit qui va vous permettre de partir quand vous le souhaitez,
11:42 c'est vous-même qui le faites, simplement vous êtes accompagné
11:44 et c'est quelqu'un qui vous fournit le produit,
11:46 après évidemment vérification, protocole,
11:48 de tous les éléments dont on a parlé tout à l'heure.
11:50 - Non, j'ai eu d'ailleurs, je vais vous dire,
11:52 l'un de mes meilleurs amis, enfin,
11:54 paix à son âme, il est parti après,
11:56 il m'a en partie après, parce qu'il sentait diminuer,
11:58 mais en France c'était pas possible.
12:00 Et je me rappelle qu'il me dit "mais trouve un médecin, trouve un médecin",
12:03 je lui dis "attends, je vais pas me trouver de médecin quoi".
12:06 - Bien sûr, et dans un état laïc dans lequel la personne a son autonomie,
12:09 parce que cette idée de processus de laïcisation
12:11 fait pas forcément le lien entre les deux,
12:13 ce sont deux sujets distincts, la laïcité c'est un sujet,
12:15 le droit de mourir dans l'anité c'est un autre sujet.
12:17 Mais pour moi c'est un combat laïc le droit de mourir dans l'anité,
12:20 Henri Cayavé d'ailleurs l'envisageait comme ça,
12:22 on en a parlé tout à l'heure, pourquoi ?
12:24 - Parce que c'est l'autonomie de l'individu,
12:26 qui ne va pas se faire imposer un dogme,
12:28 mais qui va pouvoir choisir pour lui-même quand c'est possible,
12:30 c'est pas toujours possible, et c'est un point important.
12:32 Et dans la République française, dont on a ce bel idéal
12:34 de liberté, d'égalité, de fraternité,
12:36 aujourd'hui on contredit cet idéal.
12:38 Pas de liberté de choix, pas d'égalité parce que les gens qui ont les moyens,
12:40 les gens qui ont les moyens d'aller à l'étranger,
12:42 les gens qui ont les moyens d'avoir du réseau, d'avoir des médecins,
12:44 et bien ils peuvent bénéficier de ça,
12:46 et puis les gens qui ne l'ont pas, ils ne peuvent pas.
12:48 Absence de fraternité, parce que bien évidemment
12:50 - Après on peut comprendre que des gens qui sont croyants,
12:54 qui se posent des problèmes,
12:56 et c'est tout à fait honorable,
12:58 il ne faut pas non plus rejeter dans les affreux...
13:00 Mais moi il y a quelque chose qui m'a vraiment choqué.
13:02 Alors je peux vous dire par rapport à ça,
13:04 c'est une chose qui m'a choqué,
13:06 le reste ça se discute,
13:08 et comme on dit, alors on dit un tournant a été pris,
13:10 mais lors de la session de dimanche,
13:12 faisait la convention citoyenne,
13:14 les citoyens, on l'engouement les citoyens,
13:16 alors vraiment à discuter des conventions citoyennes,
13:18 parce qu'on en a vu certaines sur le climat et d'autres,
13:20 mais enfin, admettons,
13:22 les citoyens ont longuement débattu de la question des mineurs,
13:24 à 56% ils se sont prononcés pour que l'accès au suicide assisté
13:26 leur soit aussi ouvert.
13:28 Moi j'ai été, je vous avoue,
13:30 personnellement extrêmement choqué par ça.
13:32 Qu'est-ce que vous en pensez vous ?
13:34 - Alors, par principe on peut considérer que justement
13:36 un mineur, par définition, il n'a pas sa liberté de conscience.
13:38 Donc ça on va être d'accord sur le principe,
13:40 parce que par définition,
13:42 l'ADMD vous savez la proposition,
13:44 c'est que le mineur,
13:46 par définition, à partir,
13:48 l'ADMD vous savez la proposition de loi qu'on a faite,
13:50 qui est disponible sur notre site,
13:52 elle ne concernait pas les mineurs, elle concernait les personnes capables.
13:54 Et donc on le disait bien avec cette idée.
13:56 En revanche, il faut le savoir, la sédation profonde et continue
13:58 de la loi Claes-Leunetti,
14:00 et ils s'en sont aperçus à la convention citoyenne,
14:02 elle concernait tout autant les majeurs que les mineurs.
14:04 Donc je pense que cette question des mineurs s'est posée,
14:06 c'est une hypothèse en tous les cas,
14:08 notamment pour cette raison-là.
14:10 Moi, si vous voulez, mon avis personnel,
14:12 c'est qu'il y a une différence entre un mineur de 12 ans
14:14 et un mineur de 17 ans et demi.
14:16 Je pense que...
14:18 - Vous savez qu'il y a eu tentation, souvent, suicidaire,
14:20 chez les mineurs, chez les jeunes.
14:22 Et il faut faire très attention, parce qu'il peut arriver en disant "moi je ne peux plus".
14:24 - Nous sommes entièrement d'accord,
14:26 et nous ne voulons pas ouvrir ce droit pour des personnes...
14:28 - Vous avez vu ce qui s'est passé avec les harcèlements sur le net,
14:30 les compagnies.
14:32 - Nous ne voulons pas que ce droit soit ouvert à des gens qui voudraient simplement suicider,
14:34 pour des raisons de chagrin d'amour,
14:36 comme j'ai dit tout à l'heure, pour faire cet exemple-là.
14:38 - Ou de harcèlement, bien évidemment.
14:40 Ce sera absolument absurde.
14:42 - C'est la condition d'une maladie incurable.
14:44 Et malheureusement, les maladies incurables,
14:46 les mineurs peuvent également avoir des maladies incurables
14:48 et mourir d'un d'âtre souffrance de la même manière que des majeurs
14:50 et des personnes très âgées.
14:52 Donc, moi, mon avis personnel sur la question,
14:54 même si aujourd'hui, on ne débat pas des mineurs,
14:56 on débat d'ouvrir cette aide active à mourir.
14:58 - Je suis étonné, je ne savais pas que la loi Clé-Leoniti
15:00 concernait aussi les mineurs.
15:02 - En tout cas, il n'est pas précisé qu'elle ne concernait que les majeurs.
15:04 - Ça me choque tout autant.
15:06 - Donc évidemment, elle concernait les majeurs et les mineurs.
15:08 - Oui, bien sûr.
15:10 - Et donc, on a une responsabilité pénale en droit des mineurs.
15:12 On fait une distinction entre des mineurs très jeunes,
15:14 des mineurs moyennement jeunes, on va le dire comme ça,
15:16 et des mineurs beaucoup moins jeunes.
15:18 Et donc, évidemment, quelqu'un qui aurait 17 ans et demi,
15:20 qui est atteint d'un cancer terrible,
15:22 en phase terminale,
15:24 et qui souffre frappement.
15:26 Il y a une différence à faire pour une personne qui a 17 ans et demi.
15:28 A mon avis, il faudra des critères, si ça arrive jusqu'à là,
15:30 qui sont très importants,
15:32 notamment l'accord des parents,
15:34 très strict,
15:36 et un mineur de 12 ans qui, à mon avis, n'a pas la faculté,
15:38 en termes de liberté de conscience,
15:40 d'envisager les conséquences que ça induit de faire ce choix-là ou pas.
15:44 Mais qui peut être tout autant touché, malheureusement, par une maladie incurable.
15:46 - Mais je crois pour ça, Pierre Giston,
15:48 c'est que c'est tellement grave,
15:50 et ça touche à l'essentiel, il faut bien dire,
15:52 il faut être extrêmement précautionneux
15:54 dans ce qui va se décider là-dessus.
15:56 - Bien sûr.
15:58 - En tout cas, écoutez, à suivre,
16:00 vous faites, je dirais, un très bon travail,
16:04 à mon avis, dans "Le droit de mourir dans la dignité",
16:06 ce qui est très très très important, encore une fois,
16:08 c'est non seulement la liberté, évidemment,
16:10 mais les capacités de pouvoir l'exprimer,
16:12 et les moyens de pouvoir l'exprimer.
16:14 Et c'est pour ça que la question des mineurs,
16:16 elle est extrêmement grave,
16:18 il faut faire très attention.
16:20 Mais vous, alors, vous allez continuer le projet de loi,
16:22 vous allez continuer à vous battre pour ce projet de loi ?
16:24 - Ah bien sûr, nous nous battons depuis 43 ans,
16:26 vous l'avez dit, c'est Henri Caillavé qui a été initiateur de l'association, notamment.
16:28 On se bat depuis 43 ans, on va continuer,
16:30 et on continue très largement de se battre aujourd'hui,
16:32 pour qu'on ait enfin une loi de liberté dans ce pays.
16:34 Liberté, ça ne veut pas dire libertaire,
16:36 liberté, c'est dans une logique libérale,
16:38 c'est-à-dire une liberté qui est encadrée.
16:40 - Et quelles sont les chances aujourd'hui de voir ce projet de loi aboutir ?
16:42 - Vous savez, lorsqu'il y avait eu la proposition de loi d'Olivier Falorni,
16:44 l'article 1, au moins, avait été voté de cette loi,
16:46 c'était sur l'aide active à mourir et le principe,
16:48 il y avait une immense majorité de députés,
16:50 et ça, c'est un point très important,
16:52 c'est que ça dépasse l'équivage politique.
16:54 C'est une question qui dépasse l'équivage politique,
16:56 et de la France insoumise
16:58 au Rassemblement National,
17:00 en passant par tous les palettes au milieu,
17:02 je vous assure que je pense qu'on trouvera
17:04 beaucoup de députés qui sont en faveur de ça,
17:06 et une immense majorité.
17:08 - Donc écoutez, à suivre, à suivre, vous reviendrez pour en parler
17:10 quand le projet de loi va avancer.
17:12 - Avec grand plaisir. Merci beaucoup de m'avoir reçu.

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