Bakhmout, le Fort Alamo ukrainien
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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce mardi, il s'intéresse à l'évolution de la guerre en Ukraine et notamment à Bakhmout, où l'armée ukrainienne se bat plus que jamais.
Retrouvez "L'édito international" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international
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Transcript
00:00 l'édito international sur Europe 1. Bonjour Vincent Herouet.
00:02 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 - Dans le Donbass, la bataille de Barmoutes redouble ces derniers jours.
00:09 Les défenseurs ukrainiens n'ont pas reçu l'ordre de se replier.
00:12 Au contraire, le président Zelensky demande à l'armée de, je le cite,
00:16 "trouver les forces pour défendre la ville".
00:18 - Oui, à la veille du week-end, les ukrainiens ont fait sauter les ponts,
00:20 ils ont abandonné la partie est de la ville.
00:23 Les derniers défenseurs se sont retranchés à l'ouest dans les ruines pour retarder l'avancée des russes.
00:28 Les rues, les rues, les routes étant sous le feu ennemi,
00:33 l'ensaclement presque total, une issue de secours a été taillée à travers champs
00:37 pour des transports de troupes.
00:38 La bataille était jouée, c'était une question d'heures en sachant que
00:43 chaque heure sous les bombardements, ça dure un siècle,
00:46 et que les positions ukrainiennes ont subi hier par exemple 130 pilonnages d'artillerie.
00:51 Et puis coup de théâtre, l'ordre qui tombe hier soir de tenir la ville,
00:55 de résister encore, ce choix stratégique a été fait à Kiev par les commandants ukrainiens.
01:00 Volodymyr Zelensky le présente ainsi, il n'est pas forcément d'accord,
01:04 l'état-major a renforcé les positions à Barkhmout et engagé de nouveaux effectifs.
01:09 - Alors, il faut qu'on essaie de décoder, est-ce que les ukrainiens espèrent reprendre le dessus,
01:13 puisque Prigojin, le chef de Wagner, se plaint amèrement depuis plusieurs jours
01:17 de ne pas recevoir les munitions dont ces hommes ont besoin.
01:20 Les images capturées par les drones montrent des cadavres entassés en piles côté russe,
01:25 le carnage est épouvantable, des centaines de morts par jour,
01:29 Prigojin a fait plusieurs fois la tournée des bivouacs, il se montre en chef de guerre,
01:34 les mains sales et les pieds sur terre, ses protestations sont véhémentes
01:38 contre les chefs de l'armée régulière, et personne ne comprend vraiment
01:42 que le Kremlin laisse dire et laisse faire.
01:45 Mais une chose est sûre, il a de bonnes raisons de se plaindre,
01:48 ces hommes se préparaient à offrir une victoire à Vladimir Poutine,
01:51 une victoire enfin ! Mais ils doivent remonter à l'assaut,
01:55 le hachoir humain tourne à plein régime, et selon les calculs de l'OTAN,
01:59 cinq russes sont blessés ou tués pour un ukrainien.
02:03 Alors cette arithmétique infernale explique sans doute la décision de Kiev,
02:07 plus le combat dure, plus ils usent l'ennemi, et au printemps dernier,
02:11 les russes ont mis des semaines à conquérir Sévéro-Donesque,
02:14 ensuite ils ont mis des mois à s'en remettre, ce qu'on appelle une victoire à l'apyrus.
02:18 - Alors au bout du compte, les ukrainiens, Vincent, devront sûrement lâcher prise,
02:22 mais pourquoi ne pas le faire tout de suite, économiser leurs forces,
02:25 en vue de la grande contre-offensive que tout le monde sait qu'ils préparent ?
02:29 - Elle sera pas lancée avant deux mois, le temps que les blindés offerts
02:32 par les occidentaux soient opérationnels, les ukrainiens se préparent
02:35 à cette bataille décisive dans l'ombre, ils y réservent leurs meilleures unités,
02:39 leurs canons, leurs obus, alors qu'à Barkhmout, ils n'envoient aucun speed
02:43 des bidasses, des soldats à peine formés avec de l'infanterie légère,
02:48 c'est un sacrifice humain, c'est le fort à la mot de la nouvelle Ukraine,
02:52 nous français on aime à célébrer ce genre de défaite d'Alesia à Dien Bien Phu,
02:57 sans oublier Cameroun, c'est un moment d'héroïsme pour une ville
03:01 sans aucun intérêt stratégique, c'est inhumain, c'est Barkhmout, capitale de la douleur.
03:06 - Signature Europ1, Vincent Herouet, merci beaucoup Vincent.