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Chaque matin, Vincent Hervouët nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce vendredi 16 février, il revient sur la situation difficile sur le front ukrainien.
Retrouvez "L'édito international" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international
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NewsTranscription
00:00 Mais d'abord, comme tous les vendredis, sur Europe 1 à 7h40, la chronique de l'étranger en Ukraine ce matin.
00:05 Le président Zelensky se rend à Paris. Aujourd'hui, il doit signer avec Emmanuel Macron un accord bilatéral de sécurité France-Ukraine,
00:13 dont on ignore pour l'heure le contenu, alors que la guerre s'apprête à entrer dans sa troisième année.
00:18 Kiev semble en grande souffrance face à la Russie de Vladimir Poutine. Bonjour Nicolas Tonev.
00:23 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:26 Nicolas, vous êtes à Kiev pour Europe 1. Tout d'abord, pour commencer, quelle est la situation sur le front actuellement, sur le plan militaire ?
00:33 Si nous nous plaçons du point de vue ukrainien, hormis sur la mer Noire où la marine russe a pu être repoussée assez loin des côtes du pays
00:41 pour permettre la reprise des exportations de céréales, sur l'interminable front terrestre, long de plus de 1000 km,
00:47 la situation est très difficile pour les troupes de Kiev actuellement.
00:51 Il y a Avdiivka, cette ville symbole des combats depuis des mois qui est en train de tomber lentement aux mains de Moscou.
00:57 Ces dernières semaines, les bombardements sur l'ensemble du pays ont augmenté de plus de 20%.
01:03 Et pour vous donner une idée de l'état des troupes, je vous propose d'écouter cet officier en plein désarroi,
01:08 jouant au téléphone sans autorisation de sa hiérarchie.
01:18 6 secondes en russe pour dire que rien ne se passe comme prévu, avec littéralement, excusez-moi, il faut bien traduire,
01:24 à la fin de ses propos, il finit en disant "une terrible merde".
01:28 Nicolas, quand cet officier dit que rien ne va, concrètement, à quoi pense-t-il ?
01:33 Alors la relève inexistante, tout d'abord, cet officier sur le front est souvent sur ce qu'il s'appelle le point zéro,
01:39 donc dans la zone de combat depuis 8 mois, c'est absolument inhumain.
01:43 Dans sa compagnie, il y a eu récemment un déserteur, un autre soldat, en plein syndrome post-traumatique,
01:48 à menacer ses camarades avec une grenade.
01:51 Les hommes sont donc épuisés physiquement et mentalement.
01:54 À cela s'ajoute le manque dramatique d'armement et de munitions.
01:58 Pour vous donner une idée, quand les russes tirent 10 obus, les ukrainiens ne peuvent en tirer qu'un seul.
02:03 Ils essaient donc de privilégier les attaques par drone.
02:06 Mais un drone et sa grenade de quelques centaines de grammes ne peuvent bien sûr pas remplacer un obus de gros calibre,
02:12 de plus de 50 kilos.
02:14 Et puis il y a la nomination du général Sirsky, à la place du très populaire Zaloujny.
02:19 Sirsky, un pédigré qui inquiète, c'est un ancien proche du président prorusse Yanukovitch.
02:24 Et certains pensent ici qu'il serait prêt à céder plus facilement aux attentes du Kremlin
02:29 et que sa nomination est donc un mauvais signe envoyé aux troupes et aux ukrainiens par la présidence.
02:34 Nicolas, deux ans de guerre, des doutes sur sa conduite.
02:37 Tout cela crée des dissensions dans la population.
02:40 Oui, parce que clairement maintenant il y a ceux majoritaires qui sont prêts à continuer à se battre
02:44 pour une cause qui paraît perdue, à savoir récupérer le Donbass et l'Akrime.
02:48 Et puis une minorité grandissante qui pense qu'il n'y a plus rien à faire
02:52 et qu'il ne sert à rien d'aller mourir pour ces terres.
02:55 Et cette incompréhension entre les deux parties est encore plus importante
02:58 quand les personnes ont déjà perdu un proche au front, comme Valodia,
03:02 dont un cousin a été tué près de Donetsk récemment.
03:05 Ceux qui restent à l'arrière sont des trouillards.
03:10 Il faut qu'ils aillent au front, défendre le pays.
03:14 S'il y a la conscription, tout le monde doit y aller.
03:19 Les pauvres et les riches, alors ça marchera.
03:23 Sinon il n'y aura jamais 500 000 personnes.
03:27 Et là Valodia met le doigt également sur une autre fracture sociétale
03:31 qui monte, l'argent et la corruption qui permettent au plus favorisé
03:35 moyennant plusieurs milliers d'euros d'échapper à l'enrôlement.
03:39 Le tarif d'une vie tranquille commencerait à 5000 euros environ.
03:43 Le récit depuis Kiev de l'envoyé spécial d'Europe 1 en Ukraine,
03:46 Nicolas Tonev, qu'on va retrouver toute la semaine prochaine dans Europe 1 Matin
03:51 à l'approche de ce second anniversaire de l'invasion russe en Ukraine.
03:55 Merci beaucoup Nicolas.
03:57 On a vu qu'aux Etats-Unis, la commission du renseignement de la Chambre des représentants
04:01 a de manière très inhabituelle hier communiqué publiquement sur une découverte préoccupante.
04:06 La Russie aurait l'intention de placer dans l'espace une arme nucléaire anti-satellite.
04:11 Moscou dément cette information.