L'invité du 13h - Louis Boyard

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L'Invité du 13h (13h - 9 Mars 2023 - Louis Boyard)
Transcript
00:00 32 ans, élue la France Insoumise. Jusque-là, les lycées et les universités n'ont pas
00:04 énormément participé au mouvement de protestation contre la réforme des retraites. Alors Louis
00:08 Boyard les a appelés dimanche à un « blocus challenge », faire circuler sur les réseaux
00:13 sociaux des photos, des vidéos de blocage de leur établissement. En guise de récompense,
00:17 une équipe de bloqueurs sera tirée au sort et invitée à visiter l'Assemblée nationale.
00:21 L'appel a suscité la controverse. Est-ce cela la nouvelle manière de faire de la politique ?
00:25 On mesurera aujourd'hui la mobilisation de la jeunesse, puisqu'une série d'organisations
00:30 appellent à une journée d'action dans les lycées et les facs, avec manif tout à l'heure,
00:33 dans une demi-heure, départ de la gare Saint-Lazare à Paris.
00:36 0 1 45 24 7000, appelez-nous pour vos questions aux députés de la 3ème circonscription du
00:41 Val-de-Marne. Vous pouvez aussi passer par l'appli France Inter rubrique Réagir.
00:45 Bonjour Louis Boyard.
00:46 Bonjour.
00:47 Question d'abord au Sénat, passage à 64 ans, adopté, votre réaction ?
00:51 Pas étonnant, on voit bien qu'il y a un accord qui est fait entre la Macronie et
00:55 la droite pour des gens qui revendiquent une réforme de gauche. Je ne m'attendais à
00:59 rien, je suis quand même déçu.
01:00 Si ce texte est définitivement adopté, hypothèse la plus probable, à l'Assemblée nationale
01:05 dans les jours à venir, est-ce que vous considérez que le combat est fini ? Quelle sera votre
01:08 attitude ?
01:09 Je pense qu'il faut quand même réfléchir, quelle est la légitimité politique de l'Assemblée
01:13 nationale et du Sénat de voter cette réforme des retraites ? Emmanuel Macron l'a dit
01:16 quand il a gagné…
01:17 Sachant que les deux ont été élus comme vous le savez.
01:19 Oui, mais Emmanuel Macron a été élu en expliquant qu'il a été élu contre Marine
01:22 Le Pen et que le vote des Français l'obligeait.
01:25 Il n'a pas de majorité à l'Assemblée nationale pour faire cette réforme des retraites.
01:28 Je pense que c'est important de le dire.
01:30 On le verra dans les jours à venir.
01:31 Mais ce que je veux dire, c'est que vous avez la majorité du peuple français qui
01:34 est contre cette réforme des retraites.
01:35 Pour paraphraser un petit peu l'acte de Dupont-Moretti, c'est un petit peu trois
01:39 bras d'honneur qui sont faits par Emmanuel Macron.
01:41 Un premier qui est fait à la démocratie en enchaînant le 49-3 sur le budget de l'État.
01:44 Un deuxième qui est fait au monde du travail en proposant cette réforme des retraites
01:48 qui n'est voulue par personne dans ce contexte d'augmentation des prix.
01:50 Et un troisième bras d'honneur qui est fait aux Français qui rejettent massivement tout ça.
01:53 Je veux terminer en disant qu'on parle beaucoup de l'Assemblée nationale, du Sénat.
01:58 Ce n'est pas nous.
01:59 La démocratie, c'est le peuple français qui est au pouvoir.
02:02 Le peuple français ne veut pas de cette réforme.
02:04 Dans une démocratie saine, cette réforme des retraites n'aurait pas lieu.
02:06 Quand même, c'est un point important.
02:07 Vous nous dites que ce soit via le 49-3 ou s'il y a une majorité qui se dégage.
02:11 Si le texte est adopté, vous jugez que ce n'est pas légitime.
02:13 Mais vous savez, lors du contrat premier embauche, cette réforme des retraites n'a pas de légitimité populaire.
02:19 Même si elle est adoptée au Parlement ?
02:20 Si elle est adoptée au Parlement, vous aurez toujours une majorité de Français qui seront contre cette réforme.
02:24 Ça me paraît être un point essentiel.
02:26 Mais c'est important d'entendre vous, le député, dire ça.
02:28 Mais je le dis.
02:29 Je suis député, déjà qui a été élu pour s'opposer à cette réforme des retraites.
02:33 Et je le dis, nous sommes dans une démocratie malade.
02:36 Une démocratie qui pourrit de l'intérieur.
02:38 Regardez, vous avez Elisabeth Borne qui est aussi un populaire que Manuel Valls à l'époque.
02:42 Ça devrait quand même être un symptôme qui nous inquiète.
02:44 D'ailleurs, quand vous avez un tel niveau de tension,
02:47 je me demande pourquoi est-ce qu'on ne ferait pas par exemple un référendum ?
02:49 Ou une dissolution de l'Assemblée Nationale ?
02:51 Mais on ne pourra pas dire que si jamais l'Assemblée Nationale votait cette réforme des retraites,
02:55 ce qui n'est pas encore sûr, on pourra être fiers de la démocratie française.
02:58 Est-ce que ça veut dire que vous, encore une fois député qui avez été élu
03:03 avec une abstention de 58% aux deux tours des législatives dans le Val-de-Marne,
03:07 ni plus ni moins que beaucoup d'autres,
03:09 vous vous dites "je suis pas légitime à cause de ce taux d'abstention,
03:11 je suis pas en lien avec ma population".
03:13 Je pense qu'il ne faut pas regarder les choses à une échelle individuelle,
03:16 mais qu'il faut les regarder à une échelle collective.
03:18 La 5ème République est défaillante.
03:20 Et oui, il faut reconnaître qu'aujourd'hui,
03:22 vous avez beaucoup de Français qui se déconnectent du politique
03:25 justement parce que le système est défaillant.
03:26 C'est pourquoi moi je vous propose une solution.
03:28 Je vous propose de réunir une assemblée de citoyennes et de citoyens
03:30 qui n'ont jamais été élues, qui écrivent une nouvelle constitution
03:33 et qui fassent la 6ème République.
03:35 Parce qu'on ne pourra pas continuer encore des décennies comme ça, c'est certain.
03:37 Alors la mobilisation de la jeunesse.
03:38 Beaucoup de questions au standard pour vous après votre appel
03:41 au blocus challenge dans les facs et dans les lycées.
03:44 Bonjour Alain.
03:45 - Bonjour.
03:46 - Nous vous écoutons. Vous nous appelez de l'ISERF.
03:48 - Oui, c'est assez simple.
03:50 La question que je voulais poser à monsieur le député, la suivante,
03:53 j'ai bien compris qu'il était pour le retrait de la réforme des retraites.
03:57 Est-ce qu'il ne craint pas que ce faisant,
03:59 on aggrave une dette qui est imposée au final sur la jeunesse qui prétend défendre ?
04:04 - Louis Boyard, si jamais on réfléchissait avec une logique libérale,
04:08 oui, mais vous avez un enjeu qui est crucial pour la jeunesse
04:11 qui est la question du réchauffement climatique.
04:13 Dans lequel vous ne pouvez plus réfléchir avec la doctrine de la croissance à tout va.
04:16 La préoccupation de la jeunesse, c'est justement de sortir d'un système qui est productiviste,
04:21 dans lequel on dit avec cette réforme des retraites,
04:23 on pourra continuer de produire plus.
04:24 Oui, mais produire plus pourquoi ?
04:26 Dans un monde où les ressources sont limitées.
04:27 Justement, ce que demande...
04:29 Il y a quand même plus de 40% des jeunes qui disent ne pas avoir foi en l'avenir.
04:32 Il y a la question de la perspective d'avenir.
04:34 Et clairement, dans cette doctrine économique-là,
04:36 la jeunesse n'a pas d'avenir. C'est ça qu'elle revendique.
04:38 Au-delà de la production, Louis Boyard,
04:39 il y a la question du financement des régimes sociaux.
04:41 Le gouvernement fait valoir, évidemment, vous n'êtes pas d'accord,
04:44 que l'enjeu, c'est de sauver ce qui est un trésor commun,
04:47 présenté souvent comme ça,
04:49 qui est notre régime de retraite par répartition.
04:51 Il se trouve qu'on vit de plus en plus longtemps,
04:53 que le rapport entre les actifs et les retraités est de plus en plus déséquilibré,
04:56 que, effectivement, les déficits se creusent,
04:58 que la productivité est en baisse en France.
05:00 Comment est-ce qu'on finance ce régime social ?
05:04 Je vais vous citer, parce qu'on peut chacun donner notre avis,
05:06 mais donnons quelqu'un qui a un avis qui peut faire foi.
05:08 C'est celui du président du Conseil d'Orientation des Retraites,
05:11 qui écrit noir sur blanc qu'il n'y a pas de dynamique non contrôlée
05:14 des dépenses des retraites et que le système reviendra à l'équilibre en 2070.
05:18 Le Corps dit aussi qu'il y a un déficit de 10 milliards à orienter en 10 ans.
05:21 Il explique qu'il pourrait y avoir un déficit en 2030,
05:23 parce que je rappelle qu'il disait qu'on devait être en déficit en 2022
05:26 et que ça ne s'est pas fait malgré la crise du Covid et malgré la crise inflationniste.
05:30 Mais posons-nous même la question.
05:32 Nous, nous contestons le fait qu'il y ait une urgence du déficit.
05:36 Et qu'il n'y ait pas de problème de financement du système de protection sociale.
05:39 Eh bien je vais vous expliquer sur la question du financement.
05:42 Déjà, il n'y a pas de dynamique non contrôlée des dépenses de retraite
05:45 et je cite le rapport du Corps pour le dire.
05:46 Le système reviendra à l'équilibre en 2070.
05:49 Cette réforme n'est pas justifiée.
05:51 Oui, mais à la fin, vous revenez quand même à l'équilibre.
05:53 C'est ça qui paraît important.
05:54 Donc non, ce n'est pas vrai de dire que le système va s'effondrer.
05:57 Mais si jamais on est vraiment inquiet de voir le système s'effondrer,
06:00 il faut réfléchir à qui vide le système.
06:02 Qui fait des exonérations de cotisations sociales
06:04 plutôt que de faire des augmentations de salaires.
06:06 Vous faites des exonérations de cotisations sociales.
06:08 Macron et Le Pen adorent ça.
06:09 Vous videz les caisses de retraite.
06:10 Vous faites des augmentations de salaires.
06:12 Vous remplissez les caisses de retraite.
06:13 C'est pourquoi nous, nous n'arrêtons pas de proposer
06:15 des augmentations des salaires qui soient au même niveau que l'inflation.
06:17 Le gouvernement vous répond à un point d'augmentation des cotisations sociales,
06:22 c'est des milliers de chômeurs en plus.
06:23 Ah ça c'est intéressant.
06:24 Parce que vous trouvez que le gouvernement lutte correctement contre le chômage ?
06:28 Vous avez 6 millions de personnes.
06:29 Fait valoir 1,7 millions d'emplois créés depuis 2017.
06:31 C'était Olivier Dussopt hier chez nous.
06:32 Très bien. Et on sait bien d'avoir un travail, encore faut-il en vivre.
06:35 Or vous avez beaucoup de gens qui n'arrivent pas à vivre de leur travail.
06:37 Parce que ce sont des personnes qui se retrouvent dans des métiers qui sont Uberisés
06:40 ou même ce sont des métiers qui sont du temps partiel.
06:43 Mais vous avez 6 millions de personnes qui sont inscrites à Pôle emploi.
06:45 Il y a un débat sur le chiffre que je vais vous donner.
06:47 Mais on estime qu'il y a entre 400 000 et 800 000 emplois qui sont disponibles.
06:50 Même si vous reconnaissez que le taux de chômage n'a jamais été aussi bas
06:53 depuis quasiment 40 ans en France.
06:54 Mais attendez, à quoi bon avoir un taux de chômage aussi bas
06:56 si jamais vous avez 9 millions de Français qui n'arrivent pas à se nourrir correctement ?
07:00 Moi je m'en fiche que les gens aient un travail si jamais ils ne peuvent pas en vivre.
07:02 C'est ça le véritable sujet.
07:03 Et au-delà de ça, j'aimerais quand même rappeler qu'on est face à l'enjeu du siècle
07:07 qui s'appelle le réchauffement climatique.
07:08 Que vous avez besoin de 300 000 agriculteurs de plus.
07:11 C'est bien de dire qu'il faut créer des emplois, pourtant on manque de professeurs.
07:15 Pourtant on manque de soignants dans les hôpitaux.
07:16 Donc créer de l'emploi, écoutez pourquoi pas ?
07:19 Encore faudrait-il que ce soit des emplois qui permettent à nos services publics
07:22 notamment de pouvoir fonctionner correctement.
07:24 Samuel Austandard, bonjour Samuel.
07:26 - Bonjour.
07:26 - Étudiant à l'université de Manterre, 20 ans, votre fac est bloquée.
07:30 - Oui, alors je fais partie des rares personnes en tout cas qui s'assument,
07:34 qui sont contre les blocages et qui soutiennent la réforme des retraites.
07:40 Écoutez, je pense qu'Emmanuel Macron a été élu démocratiquement.
07:44 Certes il n'a pas la majorité absolue, mais il a quand même la majorité relative à l'Assemblée.
07:50 Jean-Luc Mélenchon aurait très bien pu être qualifié pour le second tour.
07:57 Malheureusement, ça ne s'est pas produit.
08:02 Rien n'empêche un candidat à l'Élysée en 2027 de se représenter,
08:07 de devenir président et de réinstaurer la retraite à 60 ans.
08:12 - Merci.
08:13 - Je voudrais juste terminer.
08:14 - En un mot s'il vous plaît.
08:16 - Vous parlez de l'écologie.
08:18 Moi je fréquente les gens d'extrême gauche de Nanterre.
08:21 Ils n'en ont rien à faire de l'écologie.
08:23 Ils n'arrêtent pas de surconsommer.
08:25 C'est que du blabla.
08:26 En fait c'est "faites ce que je dis, pas ce que je fais".
08:28 Il y a une hypocrisie que je trouve qui me donne envie de vomir.
08:32 - Alors ça on ne peut pas vérifier.
08:35 C'est votre point de vue.
08:36 La question, au fond qu'est-ce que vous dites dans les sites où c'est bloqué
08:40 et ceux qui veulent aller étudier ?
08:41 Qu'est-ce que vous leur dites ?
08:42 - Alors déjà premièrement, si jamais les étudiants de Nanterre
08:45 qui consomment dans une société qu'ils n'ont pas choisie
08:47 nous vous donnent envie de vomir.
08:48 Je n'imagine pas la réaction que peuvent vous donner les Bolloré et les Bernard Arnault
08:52 qui eux entretiennent un système productiviste,
08:54 qui eux sont responsables du réchauffement climatique.
08:56 Ensuite sur la question des mobilisations des jeunes,
08:58 il y a une véritable question.
08:59 Aujourd'hui, quel moyen d'expression démocratique
09:01 les jeunes peuvent-ils avoir pour faire entendre leur voix ?
09:04 Il y a des personnes qui disent aux jeunes "allez en manifestation".
09:06 Les jeunes ont organisé des grèves mondiales pour le climat.
09:09 Des dizaines de millions de jeunes partout à travers le monde.
09:12 Est-ce que vous avez l'impression que la parole des jeunes a été écoutée ?
09:14 Je veux dire, le seul moyen qu'on a de pouvoir faire entendre
09:18 une parole de la jeunesse dans le débat public, c'est par les blocages.
09:20 D'ailleurs, moi je pense que si jamais on veut sortir de ces situations,
09:24 on a besoin peut-être d'avoir un cadre qui permette,
09:27 tout comme les salariés peuvent faire grève dans le monde du travail
09:30 pour pouvoir protester, réfléchir à quel cadre est-ce qu'on peut donner aux jeunes
09:33 pour pouvoir se mobiliser.
09:34 Parce que les jeunes font aussi face à de la répression administrative,
09:37 à de la répression policière.
09:38 Et nous, nous ne souhaitons pas cela.
09:40 C'est pourquoi nous voulons un cadre d'expression des jeunes.
09:42 Est-ce que LFI finance, équipe les organisations de jeunesse
09:45 pour les manifs et les mobilisations ?
09:47 Non.
09:47 En aucun cas ?
09:48 Non.
09:49 Quel rôle vous jouez ?
09:50 Nous, notre rôle, c'est le rôle d'un mouvement politique
09:53 qui est celui de porter une parole politique.
09:54 Particulièrement, moi, mon combat, je me suis fait celui des jeunes.
09:58 Sur les questions climatiques, sur les questions de précarité étudiante,
10:00 sur les questions de moyens dans l'éducation nationale.
10:02 Et d'ailleurs, j'ai été étonné de voir des personnes s'indigner
10:05 lorsque j'ai lancé le Blocus Challenge.
10:06 Alors qu'avant, j'expliquais qu'il fallait bloquer les universités
10:10 lorsqu'ils ont refusé le repas à un euro.
10:11 Je ne les ai pas entendus commenter.
10:13 Pourquoi ? Parce que ces gens, ils s'en fichent que le repas à un euro ne soit pas passé.
10:15 Quand j'ai expliqué qu'il fallait bloquer...
10:16 Ils sont émus parce que, par exemple, bloquer un lycée, c'est illégal.
10:19 Il se trouve que c'est... Voilà.
10:20 Ok, très bien. Donc du coup, les jeunes, ils font quoi ?
10:22 Ils restent chez eux ? Ils attendent le monde s'effondrer sous leurs yeux ?
10:25 Qu'est-ce qu'ils devraient faire ?
10:26 Non, c'est une question que je vous pose.
10:29 Les jeunes font des manifestations mondiales.
10:31 On ne les écoute pas.
10:32 Par contre, les jeunes, ils commencent à bloquer leurs lycées et leurs universités.
10:34 Là, tout de suite, les gens qui dirigent à la place de la volonté des jeunes pour leur avenir,
10:39 ils commencent à s'inquiéter.
10:40 Pourquoi, de votre point de vue, ça ne prend pas plus que cela, dans la jeunesse,
10:43 ce mouvement de mobilisation contre la réforme des retraites jusque-là ?
10:45 Sincèrement, ça ne prend pas beaucoup.
10:47 Autant il y a des manifestations monstres,
10:48 autant, dans la jeunesse, on ne peut pas dire que dans les lycées, dans les universités, ça prenne beaucoup.
10:52 Pourquoi, de votre point de vue...
10:53 Est-ce que vous avez les chiffres des universités et des lycées bloqués ?
10:55 Franchement, on voit bien qu'il n'y a pas énormément de blocage.
10:58 Ça remonte très vite du terrain.
10:59 Vous voyez, si vous descendez en bas de France Inter, peut-être qu'il n'y a pas de lycée,
11:02 mais est-ce que vous avez les chiffres à l'échelle nationale ?
11:04 Alors, il y a un syndicat qui parle d'une trentaine de sites dans les universités,
11:08 ce qui ne fait pas beaucoup.
11:09 Et pardon, je repose ma question.
11:11 Sincèrement, on pourrait imaginer qu'il y ait des mouvements plus importants.
11:15 Pourquoi ce n'est pas plus important de votre point de vue ? C'est une vraie question.
11:17 Vous avez 35 sites aujourd'hui qui sont bloqués,
11:21 en sachant qu'en fait, vous avez une quinzaine, vingtaine de sites qui devraient être mobilisés,
11:24 mais vous avez de la répression administrative.
11:26 C'est-à-dire des cours qui sont passés en distanciel,
11:28 ou même la fac qui se ferme d'elle-même plutôt que d'être bloquée.
11:31 Donc vous trouvez qu'il y a une mobilisation importante pour l'instant ?
11:33 Mais bien sûr, il y a une mobilisation de la jeunesse,
11:35 et on aimerait qu'il y ait tous les jeunes qui soient là.
11:38 Ce ne sera jamais suffisant.
11:39 Mais je n'aime pas cette chose qui dirait "oui, regardez, il n'y a pas assez de jeunes".
11:43 Oui, on est d'accord, on aimerait qu'il y ait plus de jeunes.
11:45 Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas.
11:46 Je ne dis pas "il n'y a pas assez", ma question c'est pourquoi il n'y en a pas davantage ?
11:48 De votre point de vue, pourquoi il n'y en a pas davantage ?
11:50 Ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas.
11:51 Et j'aimerais terminer en disant quelque chose.
11:53 Est-ce que vous pensez que les jeunes sont favorables à la réforme des retraites ?
11:55 Est-ce que vous pensez que les jeunes sont favorables à la politique qui est menée par Emmanuel Macron,
11:59 par rapport au fait qu'on les laisse dans la précarité étudiante,
12:01 par rapport au fait qu'il les sélectionne à la sortie du lycée,
12:04 ou même par rapport au fait que vous ayez 18% de chômage des jeunes ?
12:07 Non, en fait, les jeunes ne sont pas d'accord avec la politique d'Emmanuel Macron.
12:10 Et quand vous en avez qui bloquent leurs universités ou leurs lycées,
12:12 on se retrouve à les insulter en boucle à la radio ou dans l'hémicycle.
12:15 Donc il ne faut pas ensuite s'étonner que vous ayez des jeunes
12:18 qui se sentent déconnectés d'un système médiatique et politique.
12:21 Pour les lycéens, les épreuves de spécialité du bac approchent, c'est autour du 20 mars.
12:25 Le bac ou les manifs ?
12:27 On prépare le bac ou on va en manif ?
12:28 J'ai envie de dire, allez en manifestation et révisez votre bac.
12:33 On peut faire les deux ?
12:33 Moi j'ai fait les deux, personnellement.
12:35 Vous avez fait les deux.
12:36 Mais là, encore une fois, si on repose la même question, du coup, si jamais...
12:39 C'est la question de la responsabilité aussi du député qui appelle à manifester.
12:42 Il y a aussi ça derrière la question.
12:44 Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui auraient intérêt à ce qu'on dise aux jeunes
12:46 "Non, restez chez vous, ne faites rien, vous avez le baccalauréat"
12:49 et qu'en fait on dise aux jeunes "Ne vous exprimez pas du tout".
12:51 Parce qu'au fond, c'est ça qui intéresse Emmanuel Macron,
12:53 c'est que les jeunes ne sortent pas dans la rue.
12:54 Pourquoi ? Parce qu'à partir du moment où les jeunes sortent dans la rue, alors c'est gagné.
12:58 Donc moi je dis aux jeunes, vous êtes légitimes, vous êtes forts, vous êtes puissants, mobilisez-vous.
13:02 Gérard Austandard.
13:03 Oui, bonjour messieurs, bonjour monsieur le député.
13:06 Moi je vous appelle, vous avez parlé de symptômes inquiétants.
13:09 Le symptôme inquiétant n'est-il pas celui du manque de jeunes aux urnes quand il s'agit de voter ?
13:15 Et ne serait-il pas plus intéressant de les inciter à voter plutôt que d'aller faire la révolution dans la rue ?
13:20 J'ajoute ce chiffre, 67% des 18-24 ans, 61% des 25-29 ans
13:25 déclarent avoir participé aux deux tours des élections présidentielles.
13:27 C'est 86% pour les plus âgés.
13:30 Quelle réponse à cette question les voyants ?
13:31 La réponse que je leur donne c'est premièrement la démocratie ne s'arrête pas tous les 5 ans.
13:34 Vous devez aller voter et dans le même temps, mobilisez-vous contre cette réforme des retraites.
13:39 Mais sur la question du rapport entre les jeunes et les institutions politiques, c'est une question qui est intéressante.
13:43 Moi je crois que la jeunesse n'a jamais été aussi politisée.
13:45 Parce qu'elle est très connectée, très informée via les réseaux sociaux.
13:48 Mais il y a une déconnexion entre la jeunesse et les institutions politiques.
13:51 Et c'est ce que j'essaye de faire.
13:52 En utilisant des codes qui sont les miens, qui sont les codes des réseaux sociaux,
13:55 j'ai grandi avec ça et je fais de la politique avec ça.
13:57 Et justement c'est ce que j'essaye de faire.
13:59 De montrer que les institutions politiques, elles peuvent être connectées aux réalités des jeunes
14:03 justement pour les encourager à aller voter.
14:05 C'est le sens de mon combat en tant que député.
14:07 Est-ce que si le débat devait reprendre à l'Assemblée depuis le début,
14:11 LFI se comporterait exactement de la même manière ?
14:13 Je vais jusqu'au bout de ma question.
14:15 Beaucoup disent "avec cette attitude de bordélisation", là c'est l'expression de Gérald Darmanin,
14:20 "on fait monter le Front National, le Rassemblement National, plus qu'autre chose".
14:23 Je crois que ce qui fait monter le Rassemblement National,
14:25 c'est La République En Marche qui fait des lois avec eux.
14:27 Je pense que la loi Asile et Immigration est un bon signal qui est envoyé pour le Rassemblement National.
14:31 Et je pense aussi que c'est notre rôle, nous en tant que députés insoumis,
14:33 qui avons été élus pour empêcher cette réforme des retraites de passer,
14:36 de ne pas donner de légitimité politique à une réforme qui n'est pas voulue par la majorité du peuple français,
14:41 qui est le seul véritable maître dans une démocratie zène.
14:43 Merci Louis Boyard.

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