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Chaque vendredi à 8h34, Eugénie Bastié propose sa revue des hebdos et des idées.
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Transcription
00:00 Eugénie Bastier.
00:02 Ah, je l'aime bien votre petit jingle !
00:06 Ce matin, Eugénie, vous souhaitez revenir
00:08 pour votre revue de précepto
00:10 des idées sur une grande enquête parue dans le
00:12 journal Le Monde il y a quelques jours sur les
00:14 étudiants en école d'art qui déboulonnent les
00:16 icônes du cinéma et du théâtre jugés
00:18 offensants. - Oui, c'est une enquête absolument
00:20 dingue qui est parue la semaine dernière, mais je n'étais pas là pour vous en parler
00:22 donc je vous en parle aujourd'hui.
00:24 À lire sous la plume de Laurent Carpentier et Auréliano
00:26 Tonnet, il faut absolument la lire.
00:28 On y apprend des choses assez ahurissantes.
00:30 Par exemple, qu'à la FEMIS, vous savez,
00:32 la grande école parisienne du cinéma,
00:34 une séance du film "Sombre" de
00:36 Philippe Gendrieux a été interrompue
00:38 par des étudiantes sous prétexte qu'il
00:40 montrerait un féminicide.
00:42 Au Beaux Arts de Marseille, les étudiantes
00:44 ont débranché le projecteur qui diffusait
00:46 le mépris de Godard accusé de
00:48 trop sexualiser Brigitte Bardot. Brigitte Bardot
00:50 évidemment à qui on n'a pas demandé son avis.
00:52 À Paris 8, c'est le film de
00:54 Polanski sur l'affaire Dreyfus qui a été
00:56 censurée parce que Polanski a été accusé de viol.
00:58 Alors les exemples de ce
01:00 qu'on appelle désormais la "cancel culture",
01:02 vous savez, cette culture de l'annulation,
01:04 sont très nombreux dans cet article. Finalement,
01:06 on comprend que les milieux de l'art
01:08 et du cinéma sont, avec l'université,
01:10 l'un des domaines où le
01:12 wokisme sévit le plus. - Bon, on en parle beaucoup,
01:14 mais malgré tout, Eugénie, est-ce qu'il ne s'agit pas d'une
01:16 petite minorité de militants ?
01:18 - Oui, c'est une petite minorité, une minorité
01:20 militante et active. Il n'y a
01:22 qu'à voir le soutien qu'a reçu par exemple
01:24 l'actrice Adèle Haenel, après sa sortie
01:26 à l'université Paris VIII, là encore, devant
01:28 un parterre d'étudiants grévistes, où elle a
01:30 déclaré, je cite, "ce gouvernement
01:32 est en soi composé de violeurs".
01:34 On dirait même que c'est un critère de sélection.
01:36 Cette sortie hallucinante lui a valu
01:38 un torrent de critiques, mais 200 personnalités,
01:40 parmi lesquelles la prix Nobel de
01:42 littérature Annie Ernaud, mais aussi la militante
01:44 Assa Traoré, l'actrice Camille Cotin,
01:46 la réalisatrice Céline Schiama,
01:48 ont signé une pétition dans
01:50 le JDD pour la défendre contre une supposée
01:52 "fachosphère" qui la harcèlerait.
01:54 Bon, heureusement,
01:56 il y a quand même des pôles de résistance dans le cinéma
01:58 à cette "wow culture".
02:00 Citons par exemple le cinéaste Ruben
02:02 Hochlund, qui a gagné deux fois la
02:04 Palme d'Or à Cannes avec "The Square"
02:06 et "Sans filtre", deux films absolument exceptionnels
02:08 et très antipolitiquement corrects.
02:10 On peut citer aussi la série "The White Lotus",
02:12 une série américaine, qui est une satire
02:14 très très drôle, du militantisme
02:16 victimaire, qui cartonne aux Etats-Unis
02:18 et en Europe. - Alors il y a donc des motifs d'espoir aux génies ?
02:20 - Oui, je crois que quand même
02:22 le cinéma "Bon enfant" a encore la côte.
02:24 Parlons par exemple d'Alibi 2,
02:26 vous savez, la comédie populaire, très
02:28 éloignée de la pesanteur des donneurs de leçons
02:30 et des déconstructeurs, qui cartonne
02:32 en salles actuellement. Si vous voulez
02:34 d'ailleurs prendre un bol d'air frais, un vrai,
02:36 il faut lire aussi l'entretien croisé
02:38 entre Jean Dujardin et Sylvain Tesson
02:40 dans le Figaro magazine. L'acteur
02:42 d'OSS 117 joue le rôle de
02:44 l'écrivain dans le film "Les chemins noirs".
02:46 C'est une adaptation du récit de Sylvain Tesson
02:48 où il racontait, vous savez, son lent
02:50 recouvrement sur les routes de France
02:52 après le terrible accident qui lui a
02:54 brisé tous les os.
02:56 Le dialogue entre Dujardin et Tesson est drôle,
02:58 sans prétention. Les deux mâles blancs
03:00 de tout juste 50 ans, bien
03:02 dans leurs biceps, n'ont pas la complainte
03:04 victimaire ou la révolution à la bouche.
03:06 Ils ambitionnent simplement de partager leur goût
03:08 de la liberté. - Bon, Dujardin, Tesson,
03:10 antidote au woukisme donc ? - Oui, bah écoutez,
03:12 moi c'est vrai que je préfère Jean Dujardin qui dit,
03:14 je le cite, "Je suis plus heureux devant des
03:16 rognons dans une auberge que face à un quinoa
03:18 dans un restaurant urbain."
03:20 Qu'Adèle Haenel qui proclame à Paris 8,
03:22 "On a plein d'idées sur ce que devrait être un monde
03:24 post-capitaliste, c'est-à-dire communiste."
03:26 Osons le mot. Dujardin,
03:28 c'est la virilité teintée d'ironie.
03:30 Tesson, c'est la liberté mariée à la
03:32 profondeur. Le duo Dujardin-Tesson,
03:34 c'est l'esprit français contre
03:36 l'esprit de sérieux, le panache
03:38 contre la morale, le plaisir de vivre
03:40 contre la neurasthénie militante.
03:42 Bref, c'est le cinéma et la littérature
03:44 dans ce qu'ils font de meilleurs.
03:46 - Tiens, le papier du monde, qu'on accuse parfois
03:48 de verser dans la dérive woke, mais qui
03:50 parfois regarde dans les yeux les excès de la génération
03:52 hypersensible, son titre c'est
03:54 "Quand les étudiants déballant Godard coltaient sous Tchekhov"
03:56 si vous voulez le lire. - Et ça montre
03:58 que les choses peut-être bougent puisque le monde s'y met.

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