"Eric Coquerel (LFI) a donné un coup de poing" à un policier

  • l’année dernière
Parlons Vrai chez Bourdin avec Linda Kebab, policière, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police-Force Ouvrière.

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Transcript
00:00 - Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30. Jean-Jacques Bourdin.
00:05 - Bien, il est 11h02, nous allons ouvrir notre débat autour de l'interdiction de la vente de voiture thermique en 2035.
00:12 Le débat va être animé et j'aimerais beaucoup que vous participiez à ce débat.
00:17 0 800... 0 826 300 300.
00:22 Mais, mais, mais, mais, d'abord je voudrais appeler Linda Kebab,
00:26 qui est policière, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière.
00:33 Je suis très content parce qu'on parle beaucoup de la police, un peu moins des violences policières.
00:38 Ça commence sur les réseaux sociaux. Mais Linda Kebab, bonjour.
00:42 - Bonjour. - Merci d'être avec nous.
00:44 Linda Kebab, un policier a déposé plainte contre le député LFI Eric Coquerel,
00:51 qu'il accuse de l'avoir frappé. Vous confirmez ?
00:56 - Oui, je confirme. J'ai été informée très tôt des faits.
00:59 Durant une opération, j'avais impliqué une grève devant un dépôt de camions de ramassage de déchets.
01:05 Les policiers ont reçu l'ordre de tenter de débloquer la situation.
01:10 Ils y sont allés, je cite, "main ouverte" et devant la détermination des manifestants,
01:14 dont pas insisté, d'ailleurs il y a des images qui circulent.
01:17 Néanmoins, à ce moment-là, il y a un policier qui s'est retrouvé face à M. Coquerel
01:20 et dans une situation de confusion où il n'y avait absolument aucun risque qu'une personne soit déséquilibrée,
01:28 M. Coquerel s'est mis en garde, en position de boxe, et a donné un coup de poing à un collègue à la pommette.
01:33 - Voilà, il a frappé ce policier de 34 ans à la pommette.
01:37 - C'est ça, il a donné un coup à ce policier, et quand ce policier lui a dit "vous venez de me frapper",
01:42 M. Coquerel a dit "non, non, j'ai failli être déséquilibré".
01:45 C'est vrai que quand on manque des déséquilibrés, on n'attrape pas le bras de son voisin, on lui donne un coup de poing.
01:49 C'est bien connu.
01:50 - Oui. Donc, Éric Coquerel dit "c'est faux, je n'ai jamais frappé ce policier".
01:55 - Oui, bien sûr, je l'ai vu, c'est un communiqué de presse d'ailleurs qui est sorti après que les proches du député se soient exprimés,
02:02 parce que vous savez bien qu'ils ont été interrogés par vos confrères de la presse,
02:05 et ils ont dit "je cite que les faits sont exagérés".
02:08 Mais alors du coup, exagérés, qu'est-ce que ça veut dire ?
02:09 Ça veut dire que ce n'est pas vraiment un coup, que c'est peut-être qu'on l'a frappé, mais pas tellement.
02:14 En fait, vous savez à quoi ça me fait penser ?
02:15 Vous savez, ma conjointe qui dépose plainte contre moi, c'est un petit peu exagéré,
02:20 je l'ai un petit peu poussé, mais finalement le coquard à l'œil, c'est le placard qui le lui a fait.
02:25 C'est un petit peu la même chose.
02:26 - Oui, oui, oui. Et le policier a déposé plainte, Linda Kebab ?
02:30 - Oui, il a déposé plainte. Il a été vu par un médecin qui lui a attribué un jour d'ITT.
02:35 Et je peux vous dire une chose, monsieur Bourdin,
02:36 c'est que les policiers, pour avoir des jours d'ITT, en général, il faut bien ramer.
02:40 Donc s'il a eu un jour, c'est que c'était justifié.
02:42 - Bien. Linda Kebab, autre chose.
02:44 Là, les manifestations un peu désordonnées,
02:49 elles ne sont pas des manifestations, des rassemblements spontanés qui ont lieu,
02:55 ou pas trop spontanés d'ailleurs, qui ont lieu dans diverses villes de France,
02:59 ça pose problème aux policiers pour le maintien de l'ordre, j'imagine.
03:03 Difficile en ce moment ?
03:04 - Ça pose problème aux policiers.
03:06 En tout cas, on a des autorités qui estiment que ces manifestations ne doivent pas être maintenues.
03:10 Il y a des interdictions de manifestation qui sont publiées, enfin en tout cas qui sont rédigées.
03:13 Ça, ce n'est pas le fait des policiers. Les policiers ne font que recevoir les ordres,
03:16 à savoir de dispersion de manifestations qui sont dites inégales,
03:19 puisque interdites. Une manifestation n'est illégale que dès lors qu'elle est interdite.
03:22 - Linda Kebab, est-ce que les policiers sont opposés ?
03:26 Vous, vous êtes syndicaliste, est-ce que vous êtes opposé à la réforme des retraites ?
03:31 - Absolument. Absolument.
03:33 On ne peut pas demander à ceux qui sont, vous savez, on parlait des personnels en première ligne
03:39 qui sont sur la voie publique, qui travaillent dans des métiers pénibles ou dangereux,
03:43 comme c'est le cas pour le nôtre, de travailler deux ans de plus.
03:45 En fait, on nous parle à chaque fois de reconnaissance à l'égard du métier,
03:48 et puis on va nous demander à nous de réparer des déficits qui ne sont pas de notre fait,
03:52 en travaillant plus longtemps, alors que même notre santé ne le permet pas.
03:55 Donc, évidemment qu'on est contre la réforme de retraite, et j'irai plus loin encore.
03:59 C'est que dans la police, nous demandons le déplacement de notre bonification un cinquième,
04:03 je vous explique rapidement, c'est que dans la police, on surcotise nos retraites,
04:06 c'est-à-dire qu'on cotise plus que la moyenne des Français,
04:09 et à ce titre, nous partons, nous pouvons partir cinq ans plus tôt.
04:12 Et en moyenne, les policiers partent à 58 ans et demi.
04:14 Donc on est sûr qu'on surcotise toute notre carrière, beaucoup plus que la moyenne des Français,
04:19 mais nous ne partons que cinq ans plus tôt, ce qui ne correspond pas à l'ensemble de nos cotisations.
04:22 Ça, c'est une revendication supplémentaire de notre organisation syndicale Unité SGP,
04:26 mais oui, nous sommes absolument contre cette réforme de retraite que nous estimons injuste et inique.
04:32 — Bien, Linda Kebab, que les choses soient claires, vous ne pouvez pas manifester, évidemment.
04:37 Linda Kebab, mais comment justement soutenir, finalement, ce combat contre la réforme des retraites,
04:45 alors que vous êtes chargée de maintenir l'ordre ?
04:47 — Alors, une petite rectification, nous sommes interdits de grève, ça, depuis 1948.
04:52 Mais nous pouvons manifester, puisque nous-mêmes, à Unité SGP,
04:55 on a formé d'ailleurs le cortège de policiers à chaque manifestation depuis janvier,
04:59 le plus important dans les cortèges syndicaux.
05:01 Et donc on est de toutes les manifestations à Unité SGP, avec des centaines de collègues à nos côtés,
05:06 on brandit des drapeaux, on est en première ligne,
05:08 parfois on participe même aux services d'ordre pour permettre aux cortèges d'être sécurisés.
05:13 Donc évidemment qu'on peut être manifestant et en même temps gérer la foule des manifestants,
05:17 parce que la mission première, M. Bourdin, des unités de force mobile,
05:20 que sont les CRS, les gendarmes mobiles ou les compagnies d'intervention à Paris,
05:24 les compagnies d'intervention de la DOPG,
05:25 c'est d'abord de permettre aux manifestants de s'exprimer en toute sécurité
05:29 et d'éviter que, notamment, des personnes mal intentionnées
05:32 se servent des revendications des travailleurs pour exercer des violences.
05:36 – Alors on a vu des images, évidemment les chaînes de télévision se régalent
05:40 dès qu'il y a juste une poubelle qui brûle,
05:44 il y a 25 caméras qui se précipitent,
05:47 c'est le monde dans lequel nous vivons Linda Kebab,
05:49 mais je regardais aujourd'hui le maintien de l'ordre,
05:53 la manière de maintenir l'ordre semble avoir changé
05:55 avec le nouveau préfet de police à Paris notamment,
05:58 vous le constatez, c'est plus efficace ?
06:01 – Alors en fait, ça a changé parce que,
06:04 premièrement, il a remis au devant les règles élémentaires du maintien de l'ordre,
06:08 c'est-à-dire permettre à des foules de s'exprimer
06:11 en mettant en première ligne des unités de force mobile,
06:14 je vous en ai cité trois tout à l'heure,
06:16 et qui ont l'habitude de gérer de la foule, ça c'est un premier fait.
06:19 Ensuite, il y a la deuxième,
06:20 c'est-à-dire des opérations de filtrage beaucoup plus importantes,
06:23 et des "cassages" des bulles de Black Bloc notamment, très rapidement.
06:28 Vous savez, il y a quelques années,
06:29 ça m'avait eu d'ailleurs des remontrances de la part du ministre de l'époque,
06:31 M. Castaner, j'avais dénoncé le fait
06:34 qu'on mettait trop de temps à intervenir sur les Black Bloc,
06:36 je n'inventais rien, ce sont les collègues sur le terrain qui nous disaient,
06:38 on les voit faire et on ne nous laisse pas intervenir
06:40 alors qu'il n'y a pas de manifestants autour,
06:41 et qu'on pourrait donc intervenir en toute sécurité pour les manifestants,
06:44 il n'y a pas de risque qu'ils soient pris dans la charge.
06:47 Eh bien aujourd'hui, ça a changé en effet.
06:49 Alors évidemment, les journalistes sont assoiffés d'images,
06:52 moi j'ai manifesté il y a quelques temps,
06:54 et j'ai vu qu'une dizaine de fois,
06:55 on continue focalisé sur deux poubelles qui brûlaient
06:58 au détriment du million de personnes qui manifestaient,
07:00 j'entends bien, mais malheureusement, ça arrive.
07:04 – Ça veut dire qu'aujourd'hui,
07:05 la police intervient beaucoup plus rapidement sur les Black Bloc,
07:08 et c'est la raison pour laquelle d'ailleurs on voit moins de casse.
07:12 – Oui, bien sûr, intervenir plus vite pour casser les bulles,
07:15 filtrer bien en amont,
07:17 même si évidemment quand vous avez des manifestations d'un million de personnes,
07:19 c'est très compliqué de filtrer tout le monde,
07:21 mais en tout cas, de toute manière,
07:22 en général les Black Bloc vont se réunir à des points bien précis, etc.
07:25 Mais surtout, c'est toujours très important de casser les bulles très rapidement,
07:28 parce que les Black Bloc, quand on leur l'achetait,
07:30 vont utiliser les manifestants un petit peu comme bouclier humain,
07:32 c'est ce qu'ils avaient fait avec les Gilets jaunes,
07:33 qui n'étaient pas organisés, qui n'avaient pas de carrière d'ordre,
07:36 et donc du coup, à ce moment-là, c'est pour ça qu'il y avait malheureusement
07:38 des blessés parmi les manifestants.
07:40 – Merci Linda Kebab, merci à vous.
07:42 – Merci à vous.
07:42 – Merci, au revoir, il est 11h10.
07:44 Allez, on va faire une toute petite page de pub,
07:46 puis j'accueille nos invités pour parler d'un tout autre sujet,
07:49 la fin de la vente des voitures thermiques, à moteurs thermiques, en 2035.

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