L'édito de Gauthier Le Bret : «Médiation : le très bon coup de Laurent Berger»

  • l’année dernière
Dans son édito du 29/03/2023, Gauthier Le Bret revient sur la médiation sur la réforme des retraites proposée par Laurent Berger, le patron de la CFDT.
Transcript
00:00 L'idée de cette médiation, c'est de mettre la proposition des 64 ans sur pause
00:04 et de renégocier, de se remettre autour de la table.
00:06 Et Laurent Berger dit à l'exécutif,
00:09 "Démontrez-nous qu'il n'y a pas d'autres solutions pour faire les mêmes économies.
00:12 Et si vous avez raison, vous gardez les 64 ans."
00:16 Alors Philippe Martinez est allé dans le même sens sur cette idée de la médiation
00:20 hier que Laurent Berger depuis que l'Hermont Ferrand ou la CGT
00:24 est en congrès pour trouver justement un successeur à Philippe Martinez.
00:27 Mais à peine Laurent Berger avait-il fait cette proposition,
00:30 qu'Olivier Véran, porte-parole du gouvernement après le Conseil des ministres,
00:34 a déclaré "on n'a pas besoin de médiation".
00:36 Donc il coupe court.
00:37 Mais quelques heures plus tard, quelques heures plus tard,
00:39 Elisabeth Borne envoie une lettre à l'intersyndicale
00:42 où elle propose une rencontre en début de semaine prochaine.
00:45 C'est Laurent Berger lui-même qui a fait cette annonce hier soir.
00:49 Et il déclare "Nous irons".
00:50 Alors parle-t-il seulement au nom de la CFDT ou au nom de l'entièreté de l'intersyndicale ?
00:55 Ça, les prochaines heures le diront parce que Force Ouvrière, par exemple,
00:58 n'était pas enclin à cette idée de médiation.
01:01 Alors il est certain, Laurent Berger,
01:03 que le sujet des retraites sera l'un des sujets de la réunion.
01:06 Je vous rappelle tout de même qu'Elisabeth Borne et Emmanuel Macron
01:09 ont ouvert leurs portes la semaine dernière à l'intersyndicale.
01:11 Mais pour parler de tout, sauf des retraites,
01:14 alors c'est un très bon coup pour le patron de la CFDT,
01:17 il doit être très content.
01:18 Car quand Emmanuel Macron a dit qu'il ne croyait pas
01:21 en la victoire de l'irresponsabilité
01:23 comme si ce qui était contre cette réforme des retraites était irresponsable,
01:26 quand il disait que cette réforme était du bon sens
01:28 comme si ce qui était contre cette réforme en manquait,
01:31 aujourd'hui la responsabilité et le bon sens, c'est de négocier avec Laurent Berger.
01:35 Bon, la proposition de médiation de Laurent Berger divise la majorité.
01:38 Ah oui, parce que Jean-Paul Matéi, président du MoDem,
01:41 a dit que c'était une bonne idée, donc, cette proposition de Laurent Berger
01:44 contre l'avis d'Olivier Véran, porte-parole du gouvernement.
01:47 Il a même dit qu'il fallait mettre, Jean-Paul Matéi, le patron du MoDem,
01:50 cette réforme sur pause.
01:52 Je vous rappelle que la majorité a été réunie le week-end dernier
01:54 autour d'Edouard Philippe pour le congrès d'horizon
01:57 et a lancé un appel à l'unité.
01:59 Bon, ben, ça a tenu trois jours.
02:00 Alors, vous nous dites ce matin, Gauthier, que l'erreur du gouvernement,
02:02 c'est d'avoir négocié plutôt avec les Républicains qu'avec la CFDT.
02:06 Oui, le compromis politique avec les LR a échoué.
02:09 Donc, la proposition de Laurent Berger, c'est de trouver un compromis social.
02:12 Et effectivement, le vrai tort de l'exécutif a été de négocier avec les Républicains,
02:17 très peu fiable, plutôt qu'avec la CFDT.
02:20 Quand on connaît la fin de l'histoire, c'est d'ailleurs aussi l'avis de Jean-François Copé
02:23 qui l'a dit lors du bureau exécutif des Républicains
02:26 après le rejet des motions de censure.
02:28 Alors, autre erreur d'Emmanuel Macron,
02:29 avoir pris pour cible Laurent Berger dans son interview.
02:32 Oui, la semaine dernière, complètement, c'était inutile, faux et contre-productif.
02:36 Emmanuel Macron a dit que la CFDT n'avait pas fait de vraies propositions.
02:40 Déni et mensonge, avait répondu la semaine dernière Laurent Berger.
02:44 Il était, par exemple, pour la réforme à points sous le gouvernement d'Edouard Philippe.
02:47 Alors, Emmanuel Macron ne va très certainement pas accéder à la requête de Laurent Berger.
02:51 D'ailleurs, sinon, ça serait lui qui l'aurait reçu et pas Elisabeth Borne,
02:55 surtout après l'essoufflement de la mobilisation d'hier,
02:57 qui doit être pris comme une bonne nouvelle du côté de l'Elysée.
03:01 Mais avec son coup hier matin, le patron de la CFDT a tendu un joli piège à l'exécutif,
03:06 les mettant dos au mur.
03:08 Une belle revanche après l'interview d'Emmanuel Macron.
03:12 Et puis, il y a également cette interview d'Emmanuel Macron ce matin.
03:15 Alors, la dépêche est assez surprenante.
03:17 C'est Emmanuel Macron dans PIF.
03:19 - PIF Gadget. - C'est une blague, longtemps, on n'est pas le 1er avril.
03:22 Voilà, PIF Gadget.
03:24 Il est interrogé par des jeunes.
03:26 C'est toujours amusant.
03:27 "Si tu quittes le pouvoir, c'est qu'il peut y avoir une énorme crise et que tu es empêché",
03:33 répond Emmanuel Macron à Mélina, élève de quatrième.
03:36 Il dit "Vous pouvez quitter votre poste en plein mandat.
03:39 Et comment ça se passerait si vous le quittiez ?"
03:42 C'est toujours savoureux.
03:44 Oui, évidemment, ça prend une connotation toute particulière
03:47 avec le contexte qu'on traverse actuellement.
03:49 Alors, cette interview a été réalisée il y a un mois.
03:51 Elle est publiée aujourd'hui, donc elle a été réalisée avant l'utilisation du 49.3
03:55 et l'accélération de la crise politique qu'on connaît aujourd'hui.
03:59 Et bien, en cas d'énorme crise, dit Emmanuel Macron,
04:01 le président peut s'en remettre aux électeurs.
04:04 Ça peut être une sortie de crise à travers un référendum.
04:07 Pourquoi pas une démission ? C'est la question qu'on lui pose.
04:10 Évidemment, tout ça est à prendre avec des pincettes pour le moment.
04:12 Hors de question pour Emmanuel Macron d'organiser un référendum.
04:15 Il y sera peut-être contraint avec le référendum d'initiative partagée.
04:18 Et encore plus pour Emmanuel Macron, hors de question de démissionner,
04:22 malgré la question de cette jeune lectrice.
04:25 Sous-titrage Société Radio-Canada
04:28 [SILENCE]

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