Elisabeth Lévy : "McKinsey représente mieux le macronisme qu’un énarque"

  • l’année dernière
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2023-04-05##
Transcript
00:00 Lévy sans interdit chaque matin du lundi au jeudi avec Elisabeth Lévy. Bonjour Elisabeth.
00:04 Bonjour Patrick, bonjour Laurie, bonjour à tous.
00:07 Avec donc ce rebondissement dans l'affaire McKinsey, d'après la cellule d'investigation de Radio France,
00:13 une dizaine de consultants de McKinsey auraient bien participé à la campagne d'Emmanuel Macron en 2017.
00:21 Oui, c'était une bande de jeunes loups façon Wall Street, des têtes rapides et bien faites,
00:26 quoique un peu gâchées par la conviction de tout savoir.
00:29 D'ailleurs à peine débarqués, l'un d'eux, Mathieu Decors, clashe,
00:32 "Nous sommes venus apporter de l'intelligence dans cette campagne, ça c'est du Macron pur jus."
00:37 Entre les consultants d'un côté, les énarques et assimilés de l'autre, du premier cercle,
00:42 et bien ça a été un choc culturel.
00:44 "Eux avaient des power points", dit l'un des énarques, "et nous on rédigait des notes", ces deux cultures.
00:51 Alors, les témoignages qui sont d'ailleurs anonymes et plutôt à charge, qui sont donnés par Radio France,
00:56 donnent de la chair à ce récit, mais les révélations en réalité,
01:00 elles viennent des dossiers d'instruction du parquet national financier sur deux séries de délits.
01:06 L'une de série qui concerne les comptes de campagne et l'autre sur un possible favoritisme.
01:13 Et le 22 mars, il y a eu des perquisitions chez la patronne de McKinsey France
01:17 et chez un ancien collaborateur du président, que d'ailleurs prudemment Radio France ne nomme pas.
01:23 Alors, ces consultants n'ont pas été payés, donc la question des juges, c'est est-ce qu'ils faisaient vraiment du bénévolat ?
01:28 Où étaient-ce sur leur temps de travail ? Auquel cas ils auraient dû être déclarés ?
01:32 Ou alors, ça signifierait que McKinsey a financé la campagne d'Emmanuel Macron.
01:38 Alors, ça pourrait aboutir à une condamnation sur les comptes de campagne, comme pour Donald Trump,
01:43 mais je ne suis pas sûre qu'on aille là-dessus au scandale d'Etat.
01:48 Oui, alors cependant, il y a évidemment toujours la question du renvoi d'ascenseur aussi.
01:54 Oui, alors donc en gros, qu'est-ce que c'est l'idée ?
01:57 L'idée, c'est que Macron aurait donné des contrats à McKinsey pour les remercier de leur aide.
02:02 Eh bien, dans la vraie vie, ça ne se passe pas vraiment comme ça, parce qu'on peut raconter la chose tout à fait autrement.
02:08 Macron voit ces gens à l'oeuvre pendant la campagne, il les trouve bons, performants.
02:12 Il devient peut-être copain avec certains, et finalement, après, c'est logique, il les fait travailler.
02:18 Dans le fond, la nomination de Mathieu Decorte, que j'ai citée tout à l'heure,
02:22 et qui est aujourd'hui délégué interministériel à la jeunesse depuis le 1er janvier, on peut aussi la raconter comme ça.
02:29 Macron repère un Cador, et il en fait ensuite don à la France.
02:34 En réalité, il me semble que le problème n'est pas juridique ou judiciaire.
02:38 Cette affaire McKinsey, c'est plutôt un marqueur culturel.
02:42 Au lieu de s'entourer de briscards qui connaissent bien les tréfonds de la France,
02:46 Macron recrute des gens qui pensent comme lui, parce que finalement, un consultant McKinsey,
02:51 ça représente mieux le macronisme qu'un énarque.
02:53 Et d'ailleurs, on aurait dû deviner qu'ils étaient dans le coup la "start-up nation".
02:58 Il n'y a pas de culture française, même si ce n'est pas eux, c'est beau comme du McKinsey.
03:02 C'est une vision post-nationale, managériale de la politique.
03:06 Alors seulement, il y a un problème tout de même,
03:09 parce que peut-être que ces gens sont très forts pour l'administration des choses.
03:12 Pour le gouvernement des gens, il semble nettement moins doué.
03:16 Emmanuel Macron est en train de l'apprendre à la dure.
03:19 Toute l'intelligence du monde ne peut pas avoir raison contre le réel charnel.
03:24 La France, ça n'est pas une entreprise, heureusement d'ailleurs,
03:27 parce qu'elle aurait disparu depuis longtemps.
03:30 Merci Elisabeth Lévy.

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