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00:00 - Et voilà, c'est au livre du jour Nicolas Caro ce matin, vous nous parlez donc du nouveau roman d'Adeline Diodonné.
00:05 - Oui, Adeline Diodonné, énorme succès avec "La vraie vie" en 2018, Marie Gickel est fan, puis "Kérosène" et voilà, "Reste", c'est le titre, toujours aux éditions de l'Iconoclast, au passage, les éditions de l'Iconoclast...
00:17 - C'est une très jolie couverture.
00:19 - On est en avril 2022 dans cette histoire, c'est une femme qui raconte, et ça va pas, ça commence comme ça.
00:25 "M est là, allongé près de moi, il est mort, il est mort."
00:29 - Mais qui est mort ?
00:30 - Son grand amour, son compagnon, il passait un peu de temps dans un petit chalet, dans un environnement bucolique, avec même un lac devant, on le voit bien depuis la fenêtre de la cuisine, et justement tous les matins, M avait l'habitude de piquer une tête dans l'eau.
00:42 Et un jour, tout à son bonheur, presque en chantonnant, la narratrice regarde discrètement par la fenêtre, juste pour le voir nager, mais elle ne le trouve pas.
00:50 En revanche, elle voit une forme inerte à la surface, nom de nom, elle court, elle plonge, elle le tire sur la berge, bouche à bouche, massage cardiaque, mais il est mort, c'est terminé.
00:59 C'est donc la fin, dès le début, mais ça ne fait que commencer, bien sûr, ce que je ne vous ai pas encore dit, et qui a pourtant son importance, c'est que ce qu'on lit, nous, ce sont des lettres, des lettres envoyées par la narratrice à la femme de M.
01:12 - Ah c'était sa maîtresse en fait !
01:14 - Et il a donc décidé, cette andouille, de mourir lors d'une escapade clandestine, normalement, elle devrait appeler les secours, mais non.
01:20 Quand il était vivant, elle était dans l'ombre, elle décide que c'est elle qui décidera de ses funérailles, elle réussit à le porter jusqu'à sa voiture, et elle part pour un road trip glaçant et beau,
01:30 et elle raconte, elle se souvient de sa vie, elle revient sur son histoire avec M, et elle explique ce qu'elle est en train de faire, et on a peur pour elle, parce que qui dit road trip, dit rencontre,
01:39 et puis, sa fuite dure plusieurs jours, mais elle envoie les lettres au fur et à mesure, va-t-elle se faire arrêter ? Jusqu'où compte-elle aller d'ailleurs ?
01:46 Ça m'a fait penser au film "Trois enterrements" avec Tori Lee Jones, je sais pas si vous vous souvenez, il y a un côté western avec une lonesome girl, co-girl, dans ce roman pourtant très moderne.
01:56 - Voilà, Adeline Diodonné, "Reste", ça s'appelle, et c'est aux éditions, l'iconoclaste.
02:00 - C'est très prenant.
02:01 - Au théâtre cette semaine, Marie Gickel, vous nous recommandez "Coupure", coupure avec un S, donc au pluriel, pièce politique et satirique, c'est l'histoire d'un maire écolo qui va accepter dans son installation, dans sa commune, d'antennes relais, alors évidemment au début il était opposé.
02:16 - Ben oui, c'est une pièce très enlevée, Dimitri, drôle, intelligente, qui raconte donc comment Fred, un agriculteur, lutte au départ contre la mise en place d'antennes relais dans sa commune,
02:25 des antennes hautes de plusieurs mètres et qui gâchent le paysage et troublent le travail de ses collègues agriculteurs, un combat perdu d'avance.
02:33 - Bon, Elias, parle plus fort !
02:34 - On a l'impression qu'on va se battre pour une cause perdue, Fred.
02:36 - Mais Elias, on est écologiste, c'est notre métier de nous battre pour des causes perdues.
02:40 - C'est là, c'est maintenant.
02:42 - Si on se bat pas pour des causes perdues, moi je te l'achète par ma règle de festivité pour ton anniversaire.
02:47 Voilà, ça vous donne un petit extrait du ton, Dimitri. Face aux dettes, face à un dialogue de sourds, Fred, devenu maire, va finalement baisser les bras et donc accueillir ses antennes.
02:57 - Donc, vous comprenez qu'on veut décaler le calendrier ?
02:59 - Oui, voilà ! Le ministre est totalement ouvert au dialogue avec les maires, on peut totalement parler de décaler le calendrier.
03:05 - Ah, très bien !
03:06 - Mais le ministre a été très ferme, on ne va pas décaler le calendrier, mais on peut totalement en parler.
03:11 - C'est marrant, ça rappelle quelque chose, ça.
03:14 - Vous avez sur scène une troupe très énergique qui passe d'une scène à l'autre à une vitesse folle, sans jamais lâcher la main du public, et qui porte solidement ce texte à l'écriture.
03:23 Incisive, un texte signé Paul-Éloi Forget et Samuel Valenci, qui ont en fait été inspirés par le débat ou le non-débat sur la 5G.
03:31 La pièce va jusqu'à briser le quatrième mur, celui qui sépare le public du plateau. On va écouter Samuel Valenci.
03:37 - On cherche un dispositif où d'un côté les spectateurs se sentent impliqués, c'est tous les moments où on est au présent avec eux, où le public devient les citoyens de cette commune.
03:45 Et puis tous les moments où il voit par le trou de la serrure les décisions qui se prennent sans eux.
03:49 - Voilà, un public assez hétérogène dans la salle, multigénérationnel, qui en ressort réjoui, mais il faut le dire Dimitri, un brin d'épité, se demandant si sa voix compte vraiment dans notre démocratie.
03:59 - Voilà, ça s'appelle "Coupure" cette pièce, donc "Coupure" avec un S, c'est à voir en ce moment au Théâtre de l'Oeuvre, à Paris jusqu'au 30 avril.
04:07 Mais ils seront à Avignon cet été, puis en tournée dans toute la France et même en Europe.
04:12 - Ah oui, vous avez vu, porte ce message !
04:15 - Les antennes relais, je crois que ça concerne un peu tout le monde. Merci beaucoup Marie-Juquelle, merci Nicolas, merci Vincent.