Les grèves et manifestations mettent-elles en danger nos petits commerçants ?

  • l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Françoise Degois, Sébastien Ménard, Nicolas El Hakim, restaurateur à Montparnasse et Laurent Tournier, Vice-Président de l’UMIH 33.

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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2023-04-06##
Transcript
00:00 Les vraies voix sud radio, le grand débat du jour.
00:03 Dans le quartier, les récentes manifestations ont laissé des traces.
00:07 Il y a un climat qui n'est pas propice à la consommation.
00:10 On ne va pas attirer la convoitise, on ne va pas attirer les casseurs vers nous.
00:13 On ne fera rien comme on peut.
00:14 Ça ne sert à rien de tenter le diable.
00:17 Rideau fermé, on espère que ça se passe bien après.
00:21 Sur la dernière manif, on a fait quand même trois fois moins de chiffre d'affaires.
00:25 Je pense qu'on a perdu à peu près les deux tiers du chiffre d'affaires.
00:28 Nous, ce que nous demandons, c'est au vu de la baisse d'activité,
00:31 la possibilité d'activer le chômage partiel.
00:33 Tout ce qu'ils souhaitent, c'est qu'on les laisse travailler,
00:36 qu'on les laisse utiliser leurs outils de travail.
00:38 Il ne faut pas lâcher la France qui travaille, la France qui bosse.
00:40 Ça ne veut pas dire qu'on ne veut pas que les gens manifestent,
00:43 mais nous aussi, on a le droit de travailler.
00:45 Effectivement, déjà mis à mal par le Covid et l'inflation,
00:50 nos petits commerçants sont les premiers touchés par les manifestations,
00:52 les vitrines cassées, les façades endommagées.
00:54 Vous l'avez entendu, beaucoup de problèmes financiers.
00:59 À un moment donné, les clients ne venaient pas.
01:02 Ces commerçants sont contraints de fermer pendant certaines mobilisations,
01:05 leurs portes pendant les grèves et un coup dur qui laisse des traces, Philippe.
01:09 Absolument, Cécile. Les pertes sont matérielles, mais aussi économiques.
01:13 Selon l'Alliance du commerce, le chiffre d'affaires des commerçants français
01:15 a baissé de 20 à 30 % lors de la dernière journée de mobilisation.
01:18 Alors, vous êtes commerçant et vous avez des gros soucis de perte financière
01:23 entre le Covid et entre les gilets jaunes et entre les PGE à rembourser.
01:27 Venez témoigner au 0826 300 300.
01:30 - Et nos invités pour en parler, Laurent Tourny est avec nous,
01:32 vice-président de l'UMI33 dans la Gironde.
01:35 Bonsoir, merci d'être avec nous.
01:37 - Oui, bonsoir.
01:38 - Merci d'être avec nous en direct sur Sud Radio.
01:41 Nicolas El Hakim, aussi restaurateur à Montparnasse.
01:44 Bonsoir.
01:45 - Bonsoir.
01:46 - Bienvenue sur Sud Radio.
01:49 Juste avant de revenir vers vous pour vos témoignages,
01:52 Philippe Bilger, forcément, il faut le comprendre,
01:54 les commerçants, même s'ils sont pour ou contre la réforme des retraites,
01:57 aujourd'hui, ils subissent.
01:58 - Bien sûr, Cécile, et je suis navré de proférer des banalités
02:04 à partir de la question que vous ne pouviez pas ne pas poser.
02:07 On comprend bien comment pour ces commerçants,
02:10 ces restaurants ou d'autres encore,
02:13 ces manifestations qui ont le droit d'exister, bien sûr,
02:16 constituent une crainte, une angoisse,
02:18 et de fait, eu un déficit considérable.
02:21 - Françoise de Goy.
02:22 - J'ai le sentiment, peut-être que je me trompe,
02:24 mais nos deux professionnels me répondront,
02:27 j'ai le sentiment quand même que ce n'est pas la même configuration
02:29 que pour les Gilets jaunes, où c'était systématiquement le samedi,
02:34 toujours sur le même parcours, avec des violences terribles.
02:37 Mon sentiment est quand même que c'est un peu différent,
02:39 que justement, les parcours sont changés à Paris,
02:42 comme dans la plupart des grandes villes,
02:43 pour que ça ne soit pas toujours les mêmes, finalement,
02:46 qui subissent le poids de la grève.
02:48 Donc, je comprends très bien.
02:50 Et troisième sentiment, mais ils me diront si j'ai tort ou pas,
02:53 j'ai le sentiment aussi, et j'ai vu dans des parcours,
02:56 des commerçants très allant avec les manifestants,
03:00 en disant "ok, continuez",
03:02 non pas pour qu'on ne casse pas leur vitrine,
03:04 mais par conviction.
03:05 Est-ce que je me trompe sur ces trois points ?
03:06 - Sébastien Ménard.
03:08 - Alors, on peut avoir des convictions pro ou anti.
03:12 La problématique, c'est qu'on se retrouve empêchés de travailler.
03:15 Et est-ce que c'est, aujourd'hui, à des contribuables,
03:21 de quelque part, à la fois de se voir empêchés de travailler,
03:24 et en plus, de devoir assumer les pertes financières ?
03:28 Moi, je ne pense pas.
03:29 Je pense qu'à un moment donné, on a aussi,
03:31 la puissance publique doit aussi écouter
03:33 celles et ceux qui voudraient travailler,
03:35 qu'on soit commerçant-entrepreneur et qu'on fasse grève.
03:39 On le fait et on l'assume.
03:40 - Oui, bien sûr.
03:41 - Et si on le subit, je pense qu'on devrait mettre en place
03:43 des dispositifs qui permettent effectivement
03:46 à celles et ceux qui sont empêchés de travailler,
03:48 de ne pas travailler, mais d'être aidés,
03:51 à minima, pour pouvoir baisser le rideau.
03:54 Parce qu'effectivement, tu as raison, Françoise,
03:56 moi, je vois les tracés qui sont proposés,
04:00 je vois les rubans, etc.
04:02 Oui, mais il y a quand même, aujourd'hui,
04:05 des tas de gens qui ne peuvent pas circuler et travailler.
04:08 Toujours l'éternel débat avec les artisans
04:10 qui rentrent et qui sortent dans Paris.
04:11 Évidemment, les jours de grève, c'est impossible,
04:12 mais il y a celles et ceux aussi qui ne demandent rien à personne,
04:15 qui veulent juste faire fonctionner normalement
04:17 leur établissement et qui ne peuvent pas le faire.
04:19 - Oui.
04:20 - On est à Paris et en province,
04:22 en même temps à Paris et à Bordeaux.
04:23 - Oui. Laurent Tournier, d'abord un petit point de vue,
04:26 déjà sur la Gironde, j'imagine que vous savez aussi
04:29 ce qui se passe un peu partout en France.
04:31 C'est l'accumulation qui fait aujourd'hui le résultat
04:34 un peu lourd, à force peut-être ?
04:38 - Tout à fait. Le problème, il est là,
04:40 c'est que c'est un enchaînement depuis quatre ans maintenant
04:43 entre les gilets jaunes.
04:44 Vous l'avez mentionné tout à l'heure,
04:46 je ne vais pas y revenir, mais toutes les crises,
04:48 plus ou moins graves que nous avons vécues
04:50 pendant ces quatre années, qui font qu'aujourd'hui,
04:53 il y a des points de saturation.
04:54 Alors, si je reprends vos impressions et votre sentiment
04:59 sur le fait que ce soit différent aujourd'hui que hier.
05:02 - Est-ce que vous pensez que c'est vrai, ça, non ?
05:03 - J'étais ce matin dans le centre-ville de Bordeaux.
05:08 L'ensemble des commerçants,
05:09 que j'étais, vous voyez, c'est le coiffeur,
05:11 vous ne vous inquiétez pas, mais vous ne m'avez pas vu hier.
05:12 - C'est magnifique.
05:14 - Mon coiffeur, ce matin, il m'a dit qu'aujourd'hui,
05:17 il n'a rien fait.
05:18 Je fais desjeuner avec ma fille en ville, dans un restaurant,
05:21 la terrasse qui, normalement, est pleine,
05:22 et parce qu'en plus, il fait beau, c'est le printemps carré, etc.
05:25 On était trois tables en terrasse.
05:28 Donc ça, c'est du pratique-au-pratique.
05:30 Et aujourd'hui, la préoccupation des restaurateurs
05:32 et des commerçants, c'est de payer leur salaire à l'attente du mois.
05:35 C'est de payer leur facture d'énergie à l'attente du mois.
05:37 Et c'est de payer leur fournisseur à l'attente du mois.
05:39 Alors, nous, on fait du commerce, ce n'est pas de la politique,
05:42 ce n'est pas la...
05:43 On ne minimise pas la problématique des retraites.
05:46 Mais aujourd'hui, notre urgent,
05:47 et ce pourquoi nous avons des vraies graves préoccupations,
05:51 c'est de savoir comment on tient jusqu'à l'attente du mois.
05:55 Et ça, c'est vraiment du sonnant et de très méchant.
05:57 Donc ça, c'est une vraie première préoccupation.
06:00 Et la deuxième, c'est qu'on a l'impression
06:03 d'être en permanence pris en otage dans ces problématiques.
06:05 Voilà, parce que, comme vous le dites,
06:07 il y a des parcours qui sont pris,
06:08 mais honnêtement, ce matin, personne n'est venu en ville.
06:12 Donc ce n'est pas que le parcours,
06:13 c'est l'ensemble du pays urbain qui est impacté par ça.
06:17 Et puis après, au-delà de ça, il y a l'image.
06:19 L'image de Bordeaux, par exemple,
06:20 la semaine dernière avec la porte de l'Amérique qui brûle,
06:22 elle fait le tour du monde.
06:24 Très honnêtement, le touriste, il est moins en plein Amérique du Sud.
06:27 Donc ça va laisser, si vous voulez, des traces
06:29 et ne sait ce qu'il y en a eu par le passé.
06:31 Donc ça, c'est un vrai problème.
06:33 Nicolas El Hakim, vous êtes restaurateur
06:34 dans le quartier de Montparnasse à Paris.
06:36 Comment ça se passe, les jours de manifestation, comme aujourd'hui ?
06:39 Alors, les jours de manifestation,
06:41 elles commencent déjà par la veille,
06:43 puisque la veille, on commence à avoir une perte de chiffre d'affaires
06:46 et une perte de fréquentation qui est juste exceptionnelle.
06:49 On perd à peu près 80% de notre fréquentation.
06:53 Ça, c'est la veille.
06:54 Et quand c'est le jour J de la manifestation,
06:57 je peux vous dire que nos établissements,
06:59 pour l'avoir en plein, juste sur l'avenue du Maine,
07:03 derrière le boulevard de Montparnasse,
07:05 on perd le 3/4 de nos clients.
07:08 Et je vais vous dire qu'aujourd'hui, j'étais dans ma salle
07:10 en train de faire mon service et que j'avais trois tables.
07:13 Mais je ne comprends pas.
07:14 Pardonnez-moi, vous dites la veille
07:16 parce que vous, vous êtes absolument rive gauche, donc.
07:20 Mais les manifestations, justement, depuis le 19 janvier,
07:23 alternent entre la rive gauche et la rive droite,
07:26 c'est-à-dire entre Bastille...
07:28 - Non, non, mais c'est pour ça, bien sûr, bien sûr.
07:30 - Et heureusement, parce que je vais vous dire quelque chose,
07:33 quatre jours avant que la manifestation,
07:35 quand la date est annoncée,
07:38 on est sur nos téléphones pour savoir exactement
07:40 comment va être le parcours.
07:42 Parce que, excusez-moi, on a été touché par l'inflation,
07:47 comme tout le monde, très bien.
07:49 On a eu la grève des poubelles et l'image de la restauration
07:53 et les problématiques d'hygiène sur Paris ont été catastrophiques,
07:58 avec des vidéos et des interventions d'étrangers
08:02 qui trouvaient ça pas du tout normal
08:05 et qui étaient... ça dégradait l'image de la France.
08:07 Et je vous rappelle que l'année prochaine,
08:09 on a quand même les JO de 2024,
08:11 donc je peux vous dire que ce que l'on véhicule au niveau image,
08:15 c'est dramatique.
08:16 - Est-ce que ça a bougé quelque chose ?
08:18 Excusez-moi, je vous interromps parce que j'entends le propos,
08:22 mais du côté de l'office de tourisme,
08:24 et puis en plus moi je vis dans le cœur de Paris,
08:26 j'ai pas le sentiment que ça fait bouger une oreille
08:27 sur les touristes qui sont venus comme rarement,
08:31 qui sont en masse en fait dans Paris.
08:34 Est-ce que ce que vous dites, c'est "je pense que"
08:37 ou bien est-ce que c'est une réalité de l'office du tourisme ?
08:39 L'office du tourisme de Paris dit absolument pas.
08:42 Les poubelles, ça impacte pas le fait que,
08:45 quoi qu'il advienne, les gens viennent à Paris.
08:46 - Forcément, quand vous avez des restaurants avec des énormes...
08:49 - Non mais je pose la question à lui, qu'est-ce qu'il nous dit ?
08:52 - Nicolas, répondez à la France 1.
08:56 - Est-ce que vraiment vous avez perdu du chiffre d'affaires
08:58 à cause des poubelles ?
09:00 - Tout à fait.
09:01 J'ai perdu à peu près 30% de chiffre d'affaires
09:03 à cause des poubelles.
09:04 À cause d'un amas de poubelles devant mon établissement
09:07 qui n'est pas du tout agréable,
09:10 on n'a pas envie de manger en face de poubelles.
09:11 - Puis ça sent en soyant là, ça sent, il y a une odeur.
09:13 - C'est la réalité.
09:14 Et le jour J, peu importe les parcours,
09:17 c'est vrai que quand on est sur le parcours,
09:19 ça nous impacte et on perd à peu près 70-80% de notre chiffre.
09:23 Quand ce n'est pas sur notre parcours,
09:25 l'essentiel de notre chiffre,
09:27 on va le dépenser à renvoyer nos salariés en taxi chez eux,
09:32 parce qu'ils n'habitent souvent pas dans Paris même,
09:34 et qu'on est obligé d'avoir des taxis à 60-70 euros par salarié,
09:37 pour pouvoir les renvoyer chez eux.
09:40 - Mais en fait, excusez-moi, je voulais parler.
09:43 On parle de 11 journées depuis janvier, quoi.
09:46 - 11 journées depuis janvier,
09:48 11 journées dont la moitié ne se déroule pas dans votre quartier.
09:51 Soyons précis, vous avez perdu tant d'argent.
09:54 - Excusez-moi, oui.
09:56 Tout à fait, parce que les salariés qui viennent travailler
10:00 dans le quartier de Montparnasse,
10:02 où on a un quartier d'affaires, de banques,
10:05 la Tour Montparnasse,
10:06 lorsqu'on a des grèves
10:08 et qu'on a des journées de manifestations sur les transports...
10:11 - Ils partent sans télé-travail.
10:13 - Déjà qu'on avait ce phénomène de télé-travail
10:17 naturellement après le Covid,
10:19 je peux vous dire que les jours de grève,
10:21 quand ils ne peuvent pas se faire garder leurs enfants aussi,
10:24 ils ne viennent pas au travail, ils ne consomment pas.
10:26 - C'est une question pour nos deux invités.
10:29 Est-ce qu'à votre avis, les pouvoirs publics sont très conscients
10:32 de ces extrêmes difficultés que vous évoquez,
10:36 et quel pourrait être le moyen d'y pallier, à votre avis ?
10:40 - Laurent Tournier.
10:42 - Alors, très honnêtement, oui,
10:44 les pouvoirs publics sont très inquiets
10:46 par cette situation économique.
10:48 D'ailleurs, on a été largement aidés pendant le Covid,
10:51 notre secteur d'activité,
10:53 et donc je pense que les pouvoirs publics ont conscience
10:55 que nous représentons une valeur économique,
10:57 une valeur d'emploi.
10:58 On a un million de salariés, 200 000 entreprises.
11:00 Donc on a vraiment...
11:02 On est, en France, le premier secteur d'activité au monde,
11:07 c'est le tourisme français.
11:09 Enfin, on est le numéro un dans le monde.
11:14 Donc il y a peu de secteurs d'activité
11:16 qui peuvent se targuer d'avoir ces niveaux d'activité.
11:21 Maintenant, je veux en revenir.
11:23 Vous voyez ce qui s'est passé cet après-midi,
11:25 la retombe qui brûle,
11:27 et les manifestants qui vont s'en prendre à un restaurateur
11:30 parce que, soi-disant, le président de la République...
11:33 - C'est déjà grave, hein, Iglier, non ?
11:35 - C'est dramatique.
11:37 Et cette image-là, vous allez me dire,
11:39 mais l'image, elle va rester dans la tête des gens.
11:41 Et quand vous dites, madame, qu'il y a eu 19 journées,
11:44 bon, oui, c'est 19 journées.
11:46 - 11, 11, non, il n'y en a pas 19.
11:48 Monsieur, monsieur, il n'y en a pas 19, il y en a 11.
11:51 - François, on parle d'accumulation depuis 4 ans.
11:54 - Bien sûr, bien sûr.
11:55 - Allez, Sébastien Mélenchon.
11:56 - Je réitère la proposition que je mets là sur la table,
12:00 c'est qu'à un moment donné, c'est au pouvoir public,
12:03 à la puissance publique,
12:05 d'amener une réponse à tous ces gens-là.
12:07 Ces gens-là sont des contribuables,
12:08 ces gens-là font partie, comme moi modestement,
12:11 des forces vives économiques de ce pays.
12:13 On ne doit pas nous empêcher de travailler.
12:15 Et surtout, ce n'est pas à nous de financer les mouvements sociaux.
12:19 - Laurent Tournay, une petite question pratique.
12:22 Quand un commerçant est frappé régulièrement
12:26 de violence, de vitrine, de trucs,
12:28 l'assurance, est-ce que systématiquement,
12:30 l'assurance rembourse ?
12:31 Comment ça se passe ?
12:33 - Non, non, non. La première fois, oui.
12:36 Mais après, non.
12:37 C'est-à-dire que d'abord, on finit par...
12:39 Enfin, certains restaurateurs, je pense, voyez,
12:42 la mairie de Bordeaux, qui a été lourdement impactée
12:45 pendant toute la période des Gilets jaunes,
12:47 aujourd'hui, ces restaurateurs ont les pires peines
12:50 pour assurer leur vitrine et leur terrasse.
12:52 L'autre soir, quand la porte de la mairie a brûlé,
12:55 l'ensemble des restaurateurs de la place étaient fermés.
12:58 C'est-à-dire que le personnel,
12:59 comme le disait tout à l'heure quelqu'un très justement,
13:02 on ne peut pas le mettre au chômage partiel, par exemple.
13:04 Cette mesure-là n'est pas enclenchée.
13:06 Bon, alors oui, les pouvoirs publics doivent nous accompagner.
13:09 Si jamais ça devait durer plus longtemps,
13:11 il va falloir trouver des solutions.
13:13 Et l'État est d'autant plus impliqué que,
13:15 je vous rappelle que les PGE, les prêts garantis par l'État,
13:18 que nous avons souscrit, en plus des fonds de solidarité,
13:21 et que nous remboursons au quotidien,
13:23 aujourd'hui, sont garantis par l'État.
13:25 Donc l'État est garanti de ses prêts.
13:27 Donc si l'État veut que nous remboursions ses prêts,
13:30 il va falloir qu'il préserve nos entreprises.
13:33 Et donc, parce que l'État est caution de milliards d'euros.
13:36 Mais Laurent Tournier, est-ce qu'en Gironde, par exemple,
13:39 vous avez des commerçants qui vont jeter l'éponge ?
13:42 Je vous confirme.
13:44 Parce qu'en plus de tout ça,
13:45 si vous voulez, en plus de la problématique actuelle,
13:48 on a d'autres problématiques.
13:50 Pour le lieu, on ne trouve pas de personnel.
13:52 On a l'énergie qui a augmenté, comme pour tout le monde.
13:54 On a l'inflation qui a touché gravement nos approvisionnements.
13:58 Et on a ces fameux PGE que nous devons rembourser.
14:01 Donc tous ces éléments-là font que le télétravail a modifié
14:06 de manière extrêmement forte un certain nombre de restaurateurs,
14:09 surtout de centres-villes, qui avaient l'habitude de travailler à midi.
14:12 La baisse du pouvoir d'achat ?
14:14 La baisse du pouvoir d'achat.
14:15 Je me suis...
14:16 Vous parliez de ma déambulation ce matin dans le centre de Bordeaux.
14:18 J'étais surpris, j'ai passé la midi et demie,
14:20 de voir le nombre de gens qui marchaient leur sandwich en marchant.
14:23 Oui, bien évidemment que nos habitudes ont changé.
14:26 Et la restauration traditionnelle telle que je l'ai vécue moi,
14:30 la restauration traditionnelle à papa, comme on va dire,
14:32 elle est en train de souffrir terriblement.
14:35 Terriblement.
14:36 Et je pense que c'est dommage.
14:37 C'est un métier qui est magnifique et qui fait partie d'une des fiertés de la France.
14:42 Nicolas El Hakim, en une minute à Paris, ça a souffert à Bordeaux.
14:45 Il va y avoir des restaurateurs qui vont mettre la clé sous la porte.
14:47 Même chose à Paris ?
14:48 Oui, à Paris, on a quand même énormément de fermetures ou de cessions.
14:52 Il y a de ventes parce que les restaurateurs n'arrivent plus à payer leurs factures d'énergie,
14:58 l'inflation, tout ce qu'on a pu évoquer.
15:01 Et le fait est que, si vous voulez, on n'arrive plus à joindre les deux bouts.
15:05 Le manque de personnel aussi est là,
15:07 même si des fois on a des reconversions de personnel qui reviennent.
15:11 Mais c'est une situation qui est complètement dramatique.
15:15 Et l'augmentation des matières premières, on n'en parle pas, mais ça aussi c'est pareil.
15:19 Et si vous voulez, nous comme on est un secteur de loisirs,
15:22 c'est le premier poste dans un ménage où on va en faire l'économie.
15:28 C'est quand même très compliqué, les tickets moyens.
15:33 C'est-à-dire que les gens ne consomment plus comme avant.
15:36 Et on le ressent vraiment depuis la crise.
15:39 Sébastien Manard, le point de la fin.
15:42 Pour revenir sur les 11 jours de grève, Françoise,
15:45 11 jours de grève, c'est quasi deux semaines de chiffre d'affaires.
15:48 Pour un commerçant ou un artisan à Paris.
15:50 Si on enlève deux semaines de chiffre d'affaires,
15:52 dans un mois qui fait 4 semaines et demi, voire 5 semaines,
15:55 c'est juste monstrueux. Cauchemardesque.
15:58 - Ok, on entend tout ça. Moi j'entends bien la souffrance.
16:01 Je dis aussi qu'il y a des excès de la part des commerçants.
16:04 Je dis que quand vous payez une entrecôte à 35 euros maintenant
16:07 dans le centre-ville de Paris, ça n'est pas normal.
16:10 - Il ne faut pas aller de Paris, c'est là partout en France, Françoise.
16:13 - Ecoutez, vous avez un exemple de Paris, donc permettez-moi de parler de ça.
16:17 Quand vous payez un pain au chocolat à 1,80 euro dans certaines boulangeries,
16:20 ça n'est pas normal.
16:22 Je comprends bien la détresse des commerçants,
16:25 ça n'est pas le problème, mais il y a aussi eu énormément d'abus,
16:28 y compris dans la façon d'utiliser le prêt-garantie.
16:31 Nos amis professionnels le savent très bien.
16:34 Moi j'ai été frappé de voir le nombre de restaurateurs
16:37 qui ont profité du Covid pour refaire faire avec le prêt-garantie
16:40 l'intérieur de leur restaurant, et maintenant se retrouvent
16:43 fort maris de ne pas pouvoir payer les traites.
16:46 On ne peut pas, ce n'est pas tout blanc et tout noir.
16:49 - Vous ne pouvez pas faire une généralité de ça.
16:52 - C'est ce que je viens de dire, je l'ai précisé,
16:55 ce n'est pas la peine de me faire la morale, je dis juste que c'est très intéressant.
16:58 Non, mais c'est très intéressant d'entendre les problèmes qui sont posés,
17:03 mais posez-les dans la totalité.
17:05 Est-il normal de payer dans un restaurant de gamme normale
17:08 35 euros une entrecôte frite et 7,50 euros un Coca-Cola ?
17:12 La réponse est non, et vous le savez très bien.
17:15 - Excusez-moi, mais ce ne sont pas les prix qui sont pratiqués à Paris.
17:18 - Mais vous plaisantez ou quoi ?
17:20 Mais je vis où ? Je vis dans la jungle ?
17:23 Je ne vais pas dans les mêmes...
17:25 Soyez sérieux, je vais vous envoyer la carte.
17:28 - Mais Françoise, on parle des grands hôtels d'hébergement,
17:31 on ne parle pas des mêmes choses.
17:33 Merci beaucoup Nicolas.
17:36 Françoise, s'il vous plaît.
17:38 Merci beaucoup Nicolas El Hakim, restaurateur à Montparnasse,
17:41 et merci beaucoup Laurent Tournier, vice-président de l'UMI33.
17:44 Merci d'avoir été avec nous.
17:46 Vous restez là, dans un instant, le kick-addie, le quiz de l'actu.

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