• il y a 2 ans
Transcription
00:00 * Extrait de « Le Bout Club » de France Culture *
00:19 Le Bout Club, le club de lecture de France Culture, poursuit sa mission de vous donner
00:22 tous les jours envie de lire.
00:24 Et ce mardi, nous allons voyager dans le temps et déambuler dans les rues de Paris.
00:29 D'un côté, un récit mathématique, historique et surtout poétique autour d'un boulevard
00:34 qui en a vu passer des colères, des revendications, des révolutions, des résistances et presque
00:38 à chaque fois des répressions.
00:40 Après tout, c'est pour cela qu'il est aussi long, droit et aussi bien rangé.
00:44 Nous marcherons ensemble sur le boulevard Voltaire à Paris.
00:47 De l'autre côté, un Paris un peu plus guindé, celui des beaux quartiers puisque tout commence
00:52 sur les Champs-Elysées.
00:53 Une bague volée, une annonce passée, un pickpocket bien curieux de découvrir son couple de victimes.
00:59 Si pour certains, 1969 était une année érotique, ici, elle semble plus mélancolique, voire
01:05 nostalgique.
01:06 On posera la question et on fera des ponts entre nos deux auteurs que je vous présente
01:11 dans un instant avec la communauté du Book Club.
01:13 J'ai aimé les descriptions dans Paris, des lieux, des cafés, des intérieurs.
01:19 Des personnages qui habitent ce boulevard.
01:21 Le caractère politique est unique du boulevard et son imaginaire social.
01:25 Puis j'ai repensé à la rue du Dragon dans le 18e, le 16e, le 15e pour qu'on ne se perde
01:30 pas dans le quartier, sûrement.
01:31 *Générique*
01:38 Thérésa Maia et Grégory, lecteurs et lectrices du Book Club, qu'on retrouve au fil de notre déambulation.
01:42 Bonjour Michel Audin.
01:43 Bonjour.
01:44 Vous êtes mathématicienne, écrivaine, vous êtes membre de l'Olipo, ouvoir de littérature
01:49 potentielle et vous proposez aujourd'hui votre nouveau roman Paris boulevard Voltaire qui
01:53 paraît dans la collection L'Arbalète des éditions Gallimard.
01:57 Vous nous rappelez peut-être les principes de cette avant-garde qui a, oui ou non, guidé
02:02 l'écriture de votre roman ?
02:03 L'Olipo c'est un groupe d'écrivains et aussi de mathématiciens, de poètes.
02:10 L'idée c'est de faire de la littérature potentielle, c'est-à-dire de trouver des
02:15 formes ou des contraintes pour écrire de façon peut-être un peu différente.
02:19 Votre forme ici c'est de vous enfermer, presque j'ai envie de dire, dans un boulevard et
02:28 vous arrêter à des numéros, à des adresses et de raconter à chaque fois une histoire,
02:33 l'histoire de ce qui s'est passé à cet endroit ?
02:35 Ou une histoire de ce qui s'est passé à cet endroit.
02:37 En fait le boulevard Voltaire c'est trois kilomètres dans Paris, c'est tout droit,
02:41 c'est la plus longue ligne droite de Paris.
02:43 Ça a été construit pour réprimer les insurrections, pour pouvoir réprimer à cheval et tirer au
02:50 canon.
02:51 C'était fait pour ça, donc ça résonne assez bien avec ce qui se passe en ce moment.
02:56 En effet il y a eu pas mal de manifestations et de répression, je pense par exemple au
03:02 métro Charonne.
03:03 Mais il s'est passé pas mal d'autres choses.
03:06 Ça commence en 1862 donc c'est assez court, mais malgré tout il s'est passé pas mal
03:10 de choses.
03:11 Donc j'ai raconté un certain nombre de ces choses en suivant le boulevard.
03:16 En suivant le plan qui est d'ailleurs l'une des pages de votre livre.
03:20 On voit ce boulevard qui relie la place de la République à la place de la Nation et
03:26 tous les arrêts que vous nous proposez dans ce livre.
03:29 Pour réfléchir avec nous sur ce Paris d'hier et sur aussi peut-être le Paris d'aujourd'hui,
03:34 nous avons convié Jean-Hubert Gallo.
03:36 Bonjour.
03:37 Bonjour.
03:38 Vous êtes romancier et éditeur, cofondateur des éditions Tristam.
03:40 Vous publiez aujourd'hui votre septième roman intitulé "Le pickpocket des Champs-Elysées"
03:45 aux éditions de l'Olivier.
03:47 Vous êtes un grand défenseur du roman.
03:51 Vous aviez dit dans la revue littéraire "Inculte naïf" que le roman a toujours été précisément
03:56 pour vous le remède.
03:58 Le remède contre quoi ?
03:59 Le remède contre beaucoup de choses et peut-être également tout le reste.
04:06 Non pas le roman pour l'opposer, comme on le fait si souvent et trop souvent, au réel,
04:15 mais le roman ou la fiction de manière générale pour se doter d'une prise supplémentaire
04:22 sur le réel, sa description et éventuellement la transformation, pas du réel lui-même,
04:30 je n'irai pas jusque-là, mais en tout cas la transformation de la perception qu'on
04:34 peut en faire.
04:35 Les éditions Tristram pour ne pas oublier de R.
04:39 Grégory de la librairie Le Bonheur à Montrouge a lu votre livre Jean-Louis Bergayot "Le
04:44 pickpocket des Champs-Elysées" et voici ce qu'il en a retenu.
04:48 Bonjour, je suis Grégory de la librairie Le Bonheur à Montrouge.
04:52 Je me suis régalé en lisant "Le pickpocket des Champs-Elysées".
04:56 J'ai vraiment apprécié d'abord l'atmosphère du livre, tous les personnages, les histoires
05:01 enchâssées, celle du pickpocket et du coup, mais aussi toute la galaxie de personnages
05:07 qui gravitent autour.
05:08 J'ai aimé les descriptions dans Paris et aussi des lieux, des cafés, des intérieurs.
05:15 J'ai vraiment apprécié toute la scène au cinéma que je trouve excellente.
05:20 L'intrigue, qui est comme ça, qui nous tient, on se demande, et puis le dénouement,
05:25 qui je trouve qui apporte encore un relief supplémentaire au livre.
05:28 J'ai eu plein d'images de films qui me sont venus en lisant le livre et évidemment
05:33 le pickpocket de Robert Bresson, qui est un film que j'adore.
05:36 Je me demandais si pour Jean-Hubert Gayot, quel rapport il entretenait avec ce film
05:41 et avec ce personnage de Robert Bresson et sinon s'il avait des images comme ça de
05:47 pickpocket dans la littérature ou dans le cinéma auquel il avait pensé en écrivant
05:52 ce livre.
05:53 Jean-Hubert Gayot, est-ce qu'il y a donc des pickpockets qui vous ont inspiré ?
05:56 Alors, je connais évidemment le film de Bresson, même si d'ailleurs je ne le connais pas
06:02 depuis si longtemps que cela.
06:04 Ça n'a pas du tout été un élément déclencheur de l'écriture du livre.
06:10 Et pour être totalement franc, j'ai regardé le film de Bresson que je ne connaissais pas
06:15 précisément pour m'assurer qu'il n'y aurait pas de coïncidence involontaire,
06:19 mais peut-être embarrassante.
06:21 Dieu merci, ça n'était pas le cas.
06:24 Et il n'y a pas davantage de personnages de pickpocket dans le cinéma ou la littérature
06:30 qui est documentée ou inspirée.
06:32 Le personnage de Skip, puisque c'est son nom, dans le pickpocket des Champs-Elysées.
06:38 Ensuite, l'importance du cinéma pour faire consister l'arrière-plan du roman puisqu'il
06:45 se déroule en 1969 a été une chose très très importante.
06:51 - Le cinéma est un film en particulier, on va en parler tout à l'heure, mais qui est
06:56 quasiment l'un des personnages de votre roman.
06:58 Mais le premier que l'on rencontre c'est donc Skip, ce pickpocket, qui vole sur les
07:03 Champs-Elysées, l'alliance d'un homme important, puis celle de sa femme.
07:07 Il ne sait pas bien pourquoi, ne me demandez pas pourquoi, il dit pourtant qu'il est fasciné
07:12 par le vol.
07:13 - Oui, c'est-à-dire c'est de dérober quelque chose de l'intimité d'autrui.
07:17 Alors évidemment, il y a une question alimentaire.
07:21 Skip, comme tous les marginaux, comme tous les délinquants, comme tous les voyous, doit
07:26 trouver des solutions en se débrouillant au jour le jour.
07:29 De ce point de vue-là, il y a évidemment l'antithèse absolue, l'envers de ce que représentent
07:34 ces très grands bourgeois que sont les Molineux.
07:37 Ce sont deux mondes qui sont, pour ainsi dire, étanches l'un à l'autre.
07:42 Et lorsque ces deux mondes se croisent, comme lorsque Skip croise Grégoire Molineux sur
07:47 les Champs-Elysées, sa victime ignore avoir croisé un pickpocket et d'ailleurs ne saura
07:54 jamais que son alliance lui a été volée.
07:56 Il pense simplement l'avoir perdue.
07:58 Et étrangement, son épouse qui également se fera voler son alliance 48 heures plus
08:03 tard croira également l'avoir perdue.
08:05 C'est tout à l'honneur de ce pickpocket qui ne laisse aucune trace.
08:10 - Il est habile, il ne vient pas de Paris.
08:14 Est-ce que c'était une évidence pour vous de le faire évoluer dans les rues de la capitale,
08:21 sur les Champs-Elysées ?
08:22 C'est le théâtre l'endroit le plus évident ?
08:25 - Alors, mon projet n'était pas du tout d'écrire un livre sur Paris.
08:32 Simplement, Skip, lorsqu'il est petit garçon, ayant lu ses peu présents dans le livre, mais
08:38 ça a beaucoup d'importance, il vient de Cambrai, une enfance dont moins qu'on puisse
08:42 dire qu'elle était difficile, démunie, et il fallait qu'il s'éjecte de la famille
08:50 dans laquelle il se trouvait, de la région dans laquelle il avait grandi, pour disparaître.
08:55 Et l'endroit où disparaître, c'est la plus grande ville possible à proximité.
09:00 Il aurait peut-être pu partir au nord, à Bruxelles.
09:02 Il est finalement parti au sud, à Paris.
09:04 Et c'est la raison pour laquelle le livre se déroule à Paris.
09:07 Alors évidemment, ça présentait énormément d'avantages, puisque comme tout le monde
09:13 connaît Paris, et y compris Paris dans les années 1960, c'est pas du tout le Paris
09:19 d'aujourd'hui.
09:20 D'une part, à Paris, pour chaque idée, pour chaque situation, pour chaque événement,
09:26 il y a un quartier, une rue, un endroit clé, ultra présent dans notre imaginaire commun,
09:34 qui surgit et qui est un théâtre naturel pour tel type d'action, ce qui épargne aux
09:40 romanciers de devoir décrire les choses, puisque tout le monde peut les visualiser,
09:46 et les visualiser telles qu'elles étaient en 1969.
09:48 - Michel Odin, ça vous fait rire ?
09:49 - Oui, je ne sais pas, je me suis donné… En fait, je ne décris pas tellement les lieux,
09:55 mais c'est pas du tout à ça que je pensais, en fait, quand je ne décrivais pas les lieux.
09:59 Par exemple, les Champs-Elysées, tout le monde visualise, moi j'y vais jamais, mais
10:06 je visualise.
10:07 Boulevard Voltaire, j'y suis tout le temps, personne ne visualise.
10:09 C'est un endroit que les gens ne connaissent pas, pourtant qui a beaucoup changé aussi
10:15 depuis qu'il a été créé, oui.
10:18 - On voit aussi dans ce personnage de Skipp son côté très solitaire, et du coup on est
10:25 perturbé, on est surpris quand il se met à s'intéresser justement à ses victimes,
10:31 donc Grégoire et Catherine Molineux.
10:33 Il se met à suivre cette femme, à l'observer, un peu comme une filature, et c'est là tout
10:40 le moyen que vous avez trouvé aussi pour nous faire déambuler dans les rues de Paris.
10:44 - Oui, du point de vue du scénario, il se passe une chose très simple.
10:49 J'en profite d'ailleurs pour préciser que même s'il y a le mot "Champs-Elysées"
10:54 dans le titre, ce n'est pas du tout un livre qui se déroule exclusivement sur les Champs-Elysées.
10:58 Et heureusement, parce qu'à mon avis c'est quand même l'un des endroits les plus ennuyeux
11:02 et les moins intéressants de Paris, mais je pense que c'est un assez bon titre.
11:07 C'est glamour, les Champs-Elysées.
11:08 - Fin de nanty.
11:09 - Et puis le pickpocket des buts de Chaumont, puisqu'il est aussi question de ce quartier-là,
11:14 ça nous aurait peut-être davantage, un peu trop, rentré à la Nouvelle Vague ou à des
11:19 choses comme ça.
11:20 Mais donc s'il opère sur les Champs-Elysées, dans la période de temps d'ailleurs très
11:26 très brève où se situent les livres, puisque toute l'action se déroule sur trois jours,
11:29 les 16, 17 et 18 juillet 1969, c'est après avoir exercé différentes fonctions illégales,
11:45 comme par exemple vendre de la drogue, de la poudre, d'où son surnom "Skip", qui
11:47 était évidemment une marque de lessive fameuse dans les années 60.
11:52 Il se reconvertit comme pickpocket pour être indépendant, pour ne pas faire partie d'une
11:56 bande et d'un réseau.
11:57 Et comme il est extrêmement doué, au lieu d'être banalement pickpocket à Pigalle,
12:05 où les mecs se marchent sur les pieds, il y a autant de pickpockets au mètre carré
12:08 que de touristes à des valisées, il va sur les Champs-Elysées où on peut faire de meilleures
12:12 prises, mais où c'est également beaucoup plus surveillé.
12:15 C'est un peu l'aristocratie du métier et c'est là qu'il croise sa victime.
12:20 Pour vous répondre, s'il va s'intéresser d'aussi près à cette famille et prendre
12:25 Catherine Molineux en filature, c'est le jour où il croise Grégoire Molineux sur
12:31 les Champs, qui sort d'un déjeuner au drugstore avec une journaliste de Paris Match.
12:36 Il pense qu'il va trouver dans sa poche de veston un portefeuille copieusement garni
12:42 qui pourra lui faire la semaine.
12:43 Pas de portefeuille, pas de montre non plus et c'est finalement par dépit qu'il vole
12:50 à la perfection l'alliance que Catherine Molineux porte au doigt.
12:55 Ça n'a rigoureusement aucune valeur, c'est absurde d'avoir fait ça, c'est même suicidaire.
12:59 Et le lendemain, contre toute attente, c'est un lecteur de François et aux inks du bistrot
13:05 où il a ses habitudes, il y a une annonce qui apparu, alliance perdue sur les Champs-Elysées
13:11 le 1er après-midi, forte récompense, répondre au journal qui transmettra.
13:14 C'est très inhabituel.
13:16 Donc il va chez François, il réussit à récupérer le numéro de téléphone pour
13:20 établir un contact direct avec sa victime et lorsqu'il appelle à son bureau, une secrétaire
13:25 décroche "Bureau de Grégoire Molineux, j'écoute".
13:28 Donc il découvre le nom de sa victime et ce Grégoire Molineux est un type qui est en
13:33 pleine ascension dans le monde des affaires, de la finance, c'est le genre de type dont
13:38 ses amis peuvent dire "un jour il sera ministre et peut-être même président de la République".
13:41 Donc c'est l'étoile montante, il est impliqué dans des tas de trucs, des opérations de
13:45 bourse etc.
13:46 Donc il panique, il raccroche, mais fasciné par cette accroche, il va ensuite vouloir s'intéresser
13:52 à cette famille et tout le reste du livre en découle.
13:54 - On va raconter la suite un tout petit peu dans quelques instants.
13:58 D'abord peut-être cette ambiance que vous avez décrite.
14:00 Vous avez dit le nom du personnage Skip qui fait référence à une lessive, vous avez
14:06 parlé de François à l'époque où ce journal était encore une référence.
14:09 On est dans la France de 1969, Georges Pompidou vient d'être élu, les Français se passionnent
14:15 pour les exploits d'Eddie Merckx autour de France et pour la fusée d'Apollo.
14:18 Il y a une ambiance que vous retranscrivez aussi, une époque, une certaine époque de
14:23 1969.
14:24 Ça me fait penser, Michel Audin, à votre institutrice qui est l'un des arrêts sur
14:30 le boulevard Voltaire qui énumère aussi les choses.
14:32 Vous nous plongez dans cette époque de la fin des années 60.
14:37 - En fait c'est en 1962, ce que j'ai fait, j'ai lu la presse en détail en 1962, plutôt
14:44 en février 1962, plutôt pour m'intéresser à ce qui se passait autour de la manifestation
14:51 de Charolme qui a fait neuf morts, qui a été réprimée.
14:55 Et puis en lisant ces journaux, ces magazines, L'Observateur, Heure claire, etc., je suis
15:02 tombée en arrêt sur les publicités.
15:04 Et donc j'ai fait une liste de tous les produits publicitaires et puis j'ai construit une
15:08 histoire comme ça en utilisant ces choses.
15:11 - Qu'est-ce que ça veut dire de cette époque-là, toute cette ambiance que vous retranscrivez
15:16 ? Vous, c'était une période particulière ?
15:18 - Oui, c'est une période particulière.
15:22 C'est ce qu'on va appeler les trancs glorieuses.
15:24 Il y a beaucoup de choses qui sont dans la publicité, qui sont des objets avec lesquels
15:30 beaucoup de ces marques, la plupart des lecteurs s'en souviennent, d'autres pas.
15:35 Et puis il y a des slogans aujourd'hui incroyables, comme la bouteille d'huile, on n'a qu'à
15:41 la jeter quand c'est fini.
15:42 Voilà, donc oui, c'est une autre époque.
15:46 - Une autre époque, évidemment.
15:48 - Je voulais aussi dire que c'est des choses, et ça fait peut-être référence aussi au
15:55 roman de Perrec qui s'appelle Les choses, qui se passe aussi dans les années 60, c'est
15:58 une histoire des années 60, mais ce sont d'autres choses.
16:01 - Alors si avec Jean-Hubert Gaillot on est dans l'huitième arrondissement, en tout cas
16:05 on débute l'histoire dans l'huitième arrondissement, on se déplace avec vous Michel Audin dans
16:10 le onzième arrondissement de la capitale et il s'en est passé des choses sur ce boulevard.
16:15 Vous l'avez dit, dès octobre 1870, Haussmann construit cette ligne droite, inaugurée même
16:22 plus tôt en 1862 sous le nom Bonapartiste du prince Eugène, et ensuite il est baptisé
16:29 Boulevard Voltaire.
16:30 C'est un boulevard qui certainement vous rappelle des choses que vous connaissez bien.
16:36 Et on va écouter Maya qui a lu votre livre et qui vous pose une question.
16:38 - La lecture de Boulevard Voltaire de Michel Audin a été très singulière puisqu'elle
16:43 était ponctuée de clins d'œil historiques et de liens entre les personnages que l'on
16:47 peut retrouver dans différents récits.
16:49 C'était aussi très agréable de rechercher la trace personnelle de l'autrice et des
16:54 personnages à travers leur point de vue, ainsi que la place et la parole que donne
16:58 Michel Audin aux monuments, dont principalement les sculptures, mais aussi à l'immatérialité
17:03 des noms et des usages d'appellations du boulevard.
17:06 Ce que j'ai beaucoup aimé dans les lectures de Boulevard Voltaire, c'est que c'est
17:10 un texte très engagé qui, sous l'apparence d'un jeu de recherche littéraire, géographique,
17:15 des personnages qui habitent ce boulevard, transmet le caractère politique et unique
17:22 du boulevard et son imaginaire social.
17:24 Et à ce propos, de nombreuses manifestations et de nombreuses révoltes y sont décrites
17:29 et sont toujours d'actualité.
17:30 J'aimerais demander à Michel Audin pourquoi le choix de ce boulevard ? Avez-vous un lien
17:35 qui le relie à votre histoire personnelle ?
17:37 - Ah ! Mon histoire personnelle, c'est que j'habite par là depuis plus de 40 ans,
17:44 donc oui, je passe souvent par là.
17:48 Et puis, bien sûr, il y a beaucoup de choses qui me relient, qui relient à mon histoire
17:52 personnelle.
17:53 La manifestation de Charonne, les rafles, oui, et puis les manifestations.
17:58 Et j'ai vraiment vécu là, je vis là depuis très longtemps.
18:02 Et puis, j'ai une conscience historique assez forte quand je marche dans ces rues.
18:10 Je sais ce qui s'est passé à tel ou tel endroit.
18:13 - Alors justement, c'est assez intéressant.
18:15 C'est peut-être aussi un des points communs entre vos deux livres, c'est ce regard, cette
18:20 position de l'observateur, de celui qui regarde ce qui se passe dans ces rues de Paris.
18:25 Et vous, vous êtes à la fois très historique dans votre démarche, mais aussi très poétique.
18:31 On ouvre quand même votre livre sur un épisode de la Commune, où ce ne sont pas vraiment
18:37 les communards qui s'expriment, mais une statue.
18:39 - À Lyon, oui.
18:41 Il y avait cette très belle fontaine sur la place qui ne s'appelait pas encore Place
18:47 de la République.
18:48 C'est la fontaine pour les Parisiens qui se trouve maintenant sur la place Félix-Eboué
18:51 au métro Doménil.
18:52 Et puis, il y avait ces Lyons qui étaient là pour cracher de l'eau.
18:57 Et puis, ça n'a jamais marché.
19:00 Ils ont été mis là en 1870.
19:03 Ils ont été assez maltraités par les obus versaillais à la fin de la Commune de Paris.
19:11 Ils se sont retrouvés un peu abîmés.
19:15 Et puis aussi, la fontaine était remplie d'étrites humains que je préfère ne pas nommer.
19:20 Et bon, ils ont été déplacés, enlevés, déplacés, nettoyés.
19:23 Et puis, il y a un des Lyons qui raconte ce qu'il a vu pendant le temps qu'il a vécu
19:30 sur cette place.
19:31 Pas très longtemps, mais donc face au boulevard Voltaire.
19:33 Et en effet, il décrit en particulier la grande barricade qu'il y avait à l'entrée du boulevard
19:40 Voltaire et la façon dont les gens étaient massacrés à cet endroit-là en mai 1871.
19:45 - Jean-Hubert Gayot, cette idée d'observer, de scruter, vous, vous vous êtes baladé
19:49 aussi dans les rues de Paris pour écrire votre roman, pour vous inspirer de la ville
19:53 de Paris ?
19:54 - Non, pas du tout.
19:55 Pas du tout.
19:56 Dans mon existence, j'ai très très peu vécu à Paris et à chaque fois sur des durées
20:02 extrêmement brèves.
20:04 Si j'ai choisi le Paris de 1969, c'est pour une raison qui n'a rien à voir avec la géographie,
20:11 mais plutôt avec le temps.
20:13 L'été 69, j'avais 8 ans et il se trouve que c'est à partir de l'été 69 que je peux
20:21 considérer que j'ai une mémoire continue de mon existence.
20:24 Avant 69, ce sont des fragments, des petits bouts de trucs, très disparates, très disjoints
20:30 et que je serais incapable de remettre dans l'ordre.
20:34 A partir du printemps-été 69, je crois que je pourrais raconter en détail, avec peu
20:40 d'erreurs, de manière chronologique, la totalité de mon existence.
20:44 Et à 8 ans, j'étais un petit garçon extrêmement timide, très mal à l'aise avec les adultes,
20:49 avec les autres enfants aussi d'ailleurs.
20:50 Donc je m'étais réfugié dans l'observation.
20:53 C'est le début de ma mémoire, c'est le début de cette technique d'observation qui
20:59 était un petit peu le seul refuge que je pouvais me donner à ce moment-là.
21:04 Mais c'est aussi un moment où ce que j'observais et ce que j'enregistrais comme informations
21:09 dans tous les domaines n'était pas encore pollué ou en tout cas perverti par des jugements
21:15 et des opinions qui évidemment ensuite se sédimentent et qui font que les souvenirs
21:21 que j'ai de ma vie à 13 ou 14 ans sont moins des faits bruts et davantage des choses
21:25 qui sont déjà des interprétations.
21:28 Et le point de départ du livre c'est quelque chose de très simple, de manière fortuite.
21:32 Je me suis souvenu d'une affiche qu'on voyait partout dans les magasins, dans les
21:35 transports en commun "Attention aux pickpockets".
21:37 Et moi qui ne prend jamais de notes, j'ai noté sur un papier, je me suis dit ça ferait
21:42 un très bon titre de livre "Attention aux pickpockets".
21:44 Et donc je l'ai écrit et ensuite je l'ai écrit une seconde fois à côté en enlevant
21:49 le "O" de "Attention" et le "O" de "Pickpocket".
21:51 C'est ça qui m'a donné l'idée du vol des deux alliances.
21:56 Et d'avoir brièvement réfléchi à cette chose sur les pickpockets qui sévissaient
22:03 à l'époque, qui ne sont pas les mêmes qu'aujourd'hui, il y a eu de manière
22:07 très inattendue un formidable afflux de souvenirs, d'images, qui était justement ce stock
22:13 de choses que je ne savais pas avoir en mémoire, très nombreuses.
22:18 Et la fiction a démarré là-dessus.
22:20 J'étais persuadé que j'aurais besoin de beaucoup de documentation et je ne suis
22:24 pas documenté du tout.
22:26 J'ai simplement opéré quelques vérifications et c'est plutôt a posteriori que j'ai
22:31 refait certains parcours de Skip, de Catherine Molineux, de Grégoire Molineux dans Paris
22:36 pour vérifier un peu le temps que ça prenait, pour m'assurer.
22:40 - Pour éviter les erreurs des scénarios.
22:41 - Pour éviter les erreurs de scénario.
22:42 - On passe, on tourne à droite et on se retrouve de l'autre côté de la capitale.
22:47 Alors une mémoire plutôt personnelle en ce qui vous concerne.
22:50 Et vous Michel Audin, on est sur une mémoire collective avec des grands faits historiques
22:55 qui se sont déroulés sur ce boulevard Voltaire.
22:58 - Oui, des grands faits historiques et aussi beaucoup de petites gens.
23:00 Parce qu'en fait le boulevard Voltaire, on peut en parler pour dire c'est un boulevard
23:04 haussmannien qui a été créé pour réprimer les insurrections.
23:08 On peut aussi écrire à la curée comme a écrit Emile Zola, puis parler de tout l'argent
23:12 qui a été gagné, la spéculation, etc.
23:15 Mais en fait on oublie quelque chose, c'est qu'il y avait, au moment où ce boulevard
23:21 a été percé dans les années 1850-60, il y avait quand même tout un habitat populaire
23:27 extrêmement important à ces endroits-là.
23:31 En particulier, ce qui est en ce moment entre Charonne et Nation, il y avait des choses
23:37 qui sont décrites de façon un peu légère, je trouve, dans la curée par Emile Zola.
23:42 Bon, c'était un habitat très pauvre, c'était des tout-dits, d'accord.
23:46 Mais en fait c'était des gens qui avaient vécu là toujours et puis c'était leur
23:52 histoire, il y avait leur histoire là.
23:53 Ça commence avec des grèves en 1789 avant le 14 juillet, ça continue par l'insurrection
24:03 de juin 48, ils sont massacrés là, ils sont massacrés sans arrêt.
24:07 Et en fait ces lieux sont leur histoire et au moment où on les détruit, on repousse
24:13 ces gens, alors bien sûr on peut dire qu'ils vont, comment ça change le parc locatif à
24:20 Paris, comment les loyers, etc.
24:22 Mais aussi, surtout, on détruit des lieux qui sont l'histoire des gens.
24:26 Et donc je voulais parler de ça, c'est pour ça.
24:29 Donc il y a aussi des gens dans cette histoire.
24:31 - Il y a des ateliers aussi qu'on retrouve d'ailleurs aujourd'hui quand on quitte ce
24:34 boulevard Voltaire et qu'on rentre dans les rues derrière, il y a encore des petites
24:38 ruelles avec des ateliers qui existent encore aujourd'hui, notamment autour de la place
24:43 Voltaire, qui sont rares.
24:45 - Non, la plupart des ateliers sont devenus, moi j'ai vu ça depuis, je vis dans ce quartier
24:49 depuis 1980, des bars.
24:52 C'est devenu l'arrondissement des bars, chaque atelier est devenu un bar.
24:57 - Alors vous racontez, vous l'avez dit, la commune, vous racontez aussi l'histoire de
25:01 ce gymnase Japy par exemple qui a joué un rôle dans la déportation des juifs durant
25:07 la seconde guerre mondiale.
25:08 Est-ce qu'on se rend compte quand on se balade dans Paris, est-ce que vous vous rendez compte
25:14 de cette peut-être pesanteur de l'histoire, en tout cas qu'il s'est passé des choses
25:21 dans cette rue ?
25:22 - Ça dépend des quartiers, oui.
25:24 Maintenant je sais tellement de choses sur ce qui s'est passé dans ces quartiers, oui
25:29 là je sais, mais si je vais me promener sur les Champs-Elysées là je pense que j'aurai
25:32 aucune conscience.
25:34 Mais dans ce quartier-là aussi, dans le 10e ou dans le 20e, oui bien sûr.
25:39 - Et comment vous avez travaillé justement pour choisir les récits que vous alliez
25:47 faire, choisir quel passage de l'histoire vous alliez sélectionner, c'est vraiment
25:51 en vous baladant ou vous avez fait presque des recherches d'historienne ?
25:56 - Bon il y a quand même pas mal de recherches documentaires.
26:00 En fait l'histoire est très courte, ça commence en 1862 donc finalement il n'y a pas tellement
26:07 de choses à raconter.
26:08 J'avais écrit un recueil de nouvelles qui s'appelle "Mademoiselle As" et qui se terminait
26:13 donc ça se passait dans les années 30, au début des années 40, et ça se terminait
26:16 sur le boulevard Voltaire précisément pendant la rafle de 1941 et donc c'est pour ça que
26:23 je voulais raconter cette rafle à ce moment-là.
26:26 "Je vois enfin la femme, je la reconnais.
26:30 Je l'avais repérée dans la manif avec sa natte brune et son air sérieux, un peu égaré,
26:36 c'est peut-être pour ça.
26:37 Un filet de sang lui fait comme un serpent le long de la joue.
26:40 Elle a déboutonné l'imperméable, je vois une jupe écossaise.
26:44 Le rouge va bien aux brunes, je lui dis, ou peut-être que j'ai trop mal à la tête
26:49 pour le dire.
26:50 En tout cas c'est vrai, ça lui va bien.
26:52 Et puis ils ont dû rentrer dans l'immeuble et balancer leurs lacrymos dans l'escalier.
26:56 Alors je me mets à chialer et j'en profite pour tomber dans les pommes.
26:59 Fallait bien que ça arrive."
27:01 - Maya Kinoly, un extrait de l'histoire avec Nestor Burma, Carrefour, Charonne, 8 février
27:08 1962, Nestor Burma prend un coup sur la tête.
27:10 Vous nous racontez aussi, Michel Odin, l'église Saint-Ambroise, un jour de manifestation pour
27:15 défendre l'avortement avec les MLF et l'MLAC et vous racontez aussi le cinéma Saint-Ambroise
27:22 que vous avez beaucoup fréquenté, où vous avez vu quelques chefs-d'oeuvre.
27:26 Le cinéma dans Paris c'est aussi évidemment l'un des ponts entre vos deux livres.
27:30 Cette idée de cinéphilie, Jean-Hubert Gayot avec cette bourgeoise, Catherine Bollineux,
27:37 qui va au cinéma et qui va voir un film qu'elle voit même plusieurs fois et qu'elle ne s'en
27:45 lasse pas.
27:46 *Bruit de porte*
27:47 - "C'est quel sujet ?
27:49 - Rassurez-vous, je ne suis pas un représentant, ni un tapeur, ni un quêteur, ni un huissier.
27:54 - Ça me rassure, mais ça ne répond pas à ma question.
27:59 - C'est extrêmement difficile de répondre à votre question.
28:02 Par exemple, si je vous dis qui je suis, vous allez vous tromper sur le sens de ma démarche.
28:05 - Mais dites-le quand même.
28:07 - Je suis le mari d'Hélène."
28:09 Et le film de Claude Chabrol sorti en 1969, La femme infidèle, quel est le rôle de ce
28:16 film dans votre roman ?
28:17 - C'est une sorte d'interface entre deux états de la fiction.
28:27 Skip a appris Catherine Bollineux en filature, il l'a observée en train de lire un livre
28:35 dans un café, il l'a observée en faisant un certain nombre de choses.
28:37 Elle rentre dans un cinéma qui est le Mac Mahon, donc effectivement près de la place
28:42 de l'étoile.
28:43 C'est une séance de début d'après-midi avec très peu de spectateurs.
28:47 Il lui emboîte le pas, il s'assied quelques rangs derrière elle et donc il regarde le
28:55 film.
28:56 On comprend que Catherine Bollineux, elle l'a déjà vu un certain nombre de fois,
28:58 lui il le découvre.
29:00 Et c'est l'occasion de ce très amusant et très divertissant à faire puisque pendant
29:06 une dizaine, une douzaine de pages, le récit qui est le mien dans le roman devient le
29:13 récit du film de Claude Chabrol.
29:16 Avec ce détail, et c'est pour ça que ça joue comme une sorte d'interface, c'est
29:20 qu'une partie importante de l'action du film de Chabrol se déroule dans le quartier
29:26 même où il est projeté avec notamment la fameuse rue Quentin Beauchard qui, dans le
29:31 cadre des opérations de pickpocket de Skip, fait partie un peu des rues de dérivation
29:40 qu'il peut prendre pour faire le tri dans le contenu des portefeuilles, se débarrasser
29:43 dans les poubelles de ce qui ne l'intéresse pas.
29:45 Et lorsqu'il voit cette rue Quentin Beauchard dans le film, ça déclenche une sorte de
29:50 réflexe paranoïaque qui aura énormément de conséquences dans la suite du roman qu'on
29:56 ne racontera pas maintenant parce que c'est comme si Bruce McMahon avait l'impression
29:59 qu'il risque d'être reconnu.
30:00 - Et il y a évidemment, en plus de cette cinéphilie, un rapport au roman.
30:07 C'est une grande lectrice de romans et on se rend compte qu'elle ne lit pas n'importe
30:11 quel roman puisqu'elle lit un roman sulfureux, l'Histoire d'eau de Pauline Réage qui est
30:16 un chef d'oeuvre de la littérature érotique.
30:18 Et là, c'est véritablement à ce moment-là qu'on est un peu, comment dire, qu'on ne
30:23 sait plus très bien si on est dans le film, dans la réalité.
30:25 Il y a aussi des liens, des ponts qui se font entre ces deux histoires.
30:29 - Oui, mais d'ailleurs, c'est également le cas dans le livre de Michel Audin.
30:33 Et c'est l'un des aspects très excitants, je trouve, du livre que vous avez écrit parce
30:38 que c'est tout à fait l'inverse du Pickpocket des Champs-Elysées, puisqu'on croit pendant
30:44 un certain temps qu'on va lire un livre nourri d'événements historiques, documentés, précis,
30:51 pas du tout écrits comme un livre d'histoire.
30:52 Ce sont des actions, on peut aussi le lire comme des fictions, mais on sait qu'elles
30:57 sont réelles.
30:58 Et si on vérifie, on trouve effectivement les sources de tout ça et souvent vous les
31:03 donnez.
31:04 Sauf que par intervalle, on se rend bien compte que vous êtes obligé d'imaginer en très
31:09 grande partie, par exemple, le merveilleux chapitre sur la jeune femme inconnue qui embrasse
31:15 Georges Feldman, le casquettier, pour lui éviter d'être rattrapé par ses poursuivants
31:25 et qui lui sauve probablement pendant la vie.
31:28 Ou l'épisode qui a été lu tout à l'heure avec Nestor Burma où, si j'ai bien compris,
31:31 c'est une aventure qui n'existe pas du tout chez Léo Mallet.
31:35 Donc il y a de la fiction qui est subrepticement insérée dans l'histoire réelle.
31:41 Et en ce qui me concerne, j'ai plutôt fait l'inverse en insérant de petits éléments
31:47 réels dans quelque chose qui, de manière générale, est intégralement de l'ordre
31:50 de la fiction.
31:51 - Avec des personnages qui reviennent aussi dans votre roman, Michèle Audin, cette dame
31:56 avec la jupe écossaise, par exemple, qu'on retrouve dans plusieurs histoires ?
32:00 - Ça doit être la même, peut-être.
32:03 C'est celle qu'on a entendue dans l'histoire, qui est avec Nestor Burma pendant la manifestation.
32:09 Puis après, c'est elle qui a ces choses dont on parlait tout à l'heure, cette bouteille
32:13 d'huile qu'on jette.
32:14 - C'était important aussi de faire des liens dans les personnages, dans le récit que vous
32:21 faites, peut-être en mettant aussi une part de vous, de votre histoire, de ce que vous
32:24 avez pu vivre ?
32:25 - Oui.
32:26 En fait, le point de départ de ce livre, c'était que je voulais écrire un roman sur Charonne.
32:32 Puis je voulais écrire le roman que Léo Mallet n'a pas écrit sur le 11e arrondissement,
32:37 d'où Nestor Burma.
32:38 Et puis j'ai été capable de faire ni l'un ni l'autre, et surtout pas les deux en même
32:41 temps.
32:42 Et donc, il y a ce paragraphe sur Charonne qui est raconté par Nestor Burma.
32:46 Mais oui, en effet, je mets mon expérience dans cette histoire.
32:49 Mais c'est parfaitement juste.
32:52 Je pense que la fiction, elle vient de l'histoire.
32:55 Et ce n'est pas l'inverse, en effet.
32:58 - Est-ce qu'au final, Paris est un personnage facile à mettre en fiction ?
33:04 Pour terminer, est-ce que c'était une évidence ?
33:07 Est-ce que c'était simple pour vous d'utiliser ce décor ?
33:11 - Ah oui, pour moi, ça va de soi, oui.
33:13 Il y a tellement de poètes qui ont écrit des choses sur Paris.
33:16 Il y a tellement d'écrivains qui ont écrit des choses sur Paris.
33:18 Je ne vais pas citer de nom, parce que ce serait immodeste.
33:21 - Et en tout cas, on ne l'a pas dit, au-delà de cette déambulation dans le boulevard Charonne,
33:26 ensuite on se balade sur la Seine avec des poèmes que vous consacrez à quasiment chacun
33:32 des ponts.
33:33 - Tous les ponts.
33:34 - Tous les ponts qui passent au-dessus de la Seine.
33:36 Là, c'était quoi l'idée ?
33:37 C'était vraiment de nous faire découvrir Paris d'une autre manière aussi ?
33:40 - C'est un autre parcours.
33:42 C'est tous les ponts d'amont en aval, commençant par le pont National et en finissant par le
33:49 pont de Garigliano.
33:50 L'idée, c'était d'écrire chaque jour un poème sur un pont.
33:54 Ça a marché plus ou moins, mais enfin, finalement, j'ai tout écrit.
33:57 Ça m'était plus facile à l'est qu'à l'ouest.
34:00 - Un quartier que vous connaissez évidemment mieux.
34:03 Merci beaucoup, Michel Oudin, votre nouveau roman Paris Boulevard Voltaire paraît dans
34:08 la collection L'Arbalète des éditions Gallimard.
34:10 Merci à vous, Jules Bergayot.
34:12 Vous publiez votre septième roman intitulé Le Pickpocket des Champs-Elysées aux éditions
34:15 de l'Olivier et vous retrouverez d'ailleurs notre lectrice Thérésa sur notre page du
34:21 book club sur franceculture.fr qui nous parle, elle, du Paris de Modiano.
34:25 Merci d'être venu dans le book club.

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