Face à l'Info du 14/02/2023

  • l’année dernière
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcript
00:00 Ravie de vous retrouver ce soir, c'est la fin Valentin, je vous aime tous autour de
00:05 la table et surtout vous qui nous regardez, mais dites-moi vous aussi.
00:09 Mais nous aussi !
00:10 Nous aussi !
00:11 Nous aussi !
00:12 Bonsoir Christine !
00:13 Bonsoir, moi aussi je vous aime !
00:14 On y est ébahis, on ne peut même plus parler tellement qu'on vous aime !
00:16 Mais non !
00:17 Nous avons le bonheur de vous côtoyer chaque jour !
00:19 Mais moi aussi !
00:20 On nous demande des témoignages, elle est aussi belle en vrai qu'à la télévision
00:23 encore plus mes amis ! Vraiment ?
00:25 Oui je vous le dis !
00:26 On vous embrasse tous aussi !
00:29 On vous aime !
00:30 Déclaration d'amour parce que l'actualité est tellement, tellement difficile !
00:35 Mathieu Devesse !
00:36 La famille des trois personnes grièvement blessées et dans l'accident provoqué par
00:43 Pierre Palmade attend que le comédien soit placé en garde à vue et déféré devant
00:47 un magistrat, c'est ce qu'a déclaré l'avocat des victimes lors d'une conférence de presse
00:51 aujourd'hui à Paris et selon sa sœur, Pierre Palmade demande pardon aux blessés et assumera
00:56 toutes les conséquences de ses actes.
00:58 Les salariés aux carrières longues n'auront pas à cotiser plus de 43 ans pour partir
01:03 à la retraite quand l'âge requis est atteint.
01:04 Elisabeth Born l'a affirmé aujourd'hui lors de la séance des questions au gouvernement.
01:08 On parle là des salariés qui ont commencé à travailler avant 21 ans.
01:13 30% des vols seront annulés jeudi à l'aéroport de Paris-Orly.
01:17 Les contrôleurs aériens se mobilisent contre la réforme des retraites.
01:20 Les aéroports de Toulouse, Marseille, Lyon, Montpellier et Nantes seront également affectés.
01:25 Au sommaire ce soir, place aux victimes de l'accident causé par Pierre Palmade.
01:32 Les seules victimes dans ce dossier sont mes clients, a déclaré l'avocat de la famille.
01:38 L'enfant de 6 ans serait défiguré encore dans le coma.
01:41 Le bébé de 7 mois serait né vivant.
01:43 Que justice soit faite, que la notoriété de Pierre Palmade n'entre pas en cause, a
01:49 déclaré l'avocat.
01:50 Pierre Palmade de son côté dit avoir honte.
01:52 Selon sa sœur, il assumera toutes les conséquences de ses actes.
01:56 De quoi cette tragédie est-elle le nom ? Comment l'addiction rime avec destruction ?
02:02 L'édito de Mathieu Boquecôté.
02:05 Une manifestation pour la paix, étouffée dans les médias.
02:10 Pourquoi ? Aussi minimes soient-elles, ils étaient sans doute au moins milliers.
02:14 Pourquoi ne pas entendre, voir, écouter cette France qui a soif de paix ?
02:17 On ne défile pas que pour les retraites en France en ce moment.
02:21 Une manifestation dont pour la paix, il y a dimanche.
02:23 Pour que les armes se taisent en Ukraine.
02:26 Et contre le risque d'une troisième guerre mondiale, le pacifisme serait-il passé de
02:31 mode ? L'analyse de Dimitri Pavlenko.
02:34 La colère des Français grogne depuis l'accident de Pierre Palmade.
02:38 N'est-ce pas une colère compréhensible ? N'est-on pas dans la culture de l'excuse
02:41 permanente que les Français rejettent ? Pourquoi cette tragédie nous interpelle ? Qu'est-ce
02:47 que ce fait divers révèle de notre société ?
02:49 N'est-ce pas le symbole de nombreuses fractures en France ?
02:53 Fractures de la futilité face à la nécessité.
02:56 Fractures des élites face au peuple.
02:58 Fractures des villes face à la France périphérique.
03:01 Le décryptage de Charlotte d'Ornéans.
03:04 Par rapport à toute cette actualité qui nous bouleverse, la fête de l'amour, sans
03:09 doute puéril pour certains, mais par ses temps sinistres et ombrageux, peut-être
03:13 une parenthèse enchantée.
03:14 Aujourd'hui, la Saint-Valentin, l'occasion de se pencher sur l'histoire de cette fête
03:20 devenue trop commerciale, l'histoire de la Saint-Valentin Marc Menand raconte.
03:24 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos éditorialistes, c'est
03:29 maintenant.
03:30 Hier, Mathieu Bocoté, vous parliez des autres victimes dans l'affaire Pierre Palmade et
03:48 vous déploriez ce terme.
03:50 Ce soir, on a entendu l'avocat de la famille des victimes.
03:54 Est-ce que vous, on peut dire que les victimes reprennent enfin leurs droits ce soir?
04:03 Je n'irai pas jusque-là.
04:04 Je pense que les victimes, en ce moment, avant d'avoir des droits, sont surtout éplorées
04:08 et cherchent à traverser une épreuve.
04:10 Donc, ne sont pas encore dans le moment politique ou le moment social qui viendra.
04:13 Ce qui est certain, cela dit, c'est qu'aujourd'hui, c'est une séquence médiatique très étrange
04:19 qu'on vient de traverser dans le traitement de cette affaire qui, je le redis, aurait
04:24 pu demeurer sous le signe du fait divers tragique.
04:26 Mais c'est son traitement médiatique qui l'a transformé en événement social et,
04:32 par ailleurs, là, ça devient un révélateur de toute une série de problèmes sociaux,
04:36 de pathologies sociales qui étaient incarnées par ce personnage.
04:39 Mais j'y reviens, un traitement assez étrange où les premiers jours, c'était dans la
04:44 victimisation presque intégrale de Pierre Palmade et là, une partie des médias se
04:50 rendent compte que ce discours est en décalage complet, mais complet, avec le sentiment
04:55 populaire.
04:56 Donc, il y a un grand revirement et là, soudainement, ils étaient dans l'excuse intégrale.
05:02 Ils ne sont pas loin de basculer dans le « il doit payer à jamais plus que les autres ».
05:05 C'est très étrange, une forme d'absence de constance dans la ligne du parti médiatique.
05:10 Mais quoi qu'il en soit, il y a cet élément-là.
05:12 La famille dit, je prends la parole aujourd'hui à travers l'avocat, ce qui est frappant,
05:17 c'est qu'on n'est pas du tout dans un ton sentimental, appelons ça, parce que
05:22 c'est l'attente du langage médiatique aujourd'hui, d'autant que les excuses ont
05:26 été envoyées par la sœur.
05:29 Les propos de Palmade, qu'on comprend, il est absolument effondré par ce qu'il a
05:34 provoqué et on n'a pas de raison de douter qu'il soit effondré.
05:37 Il y a quelque chose d'étonnant quand on entend la phrase, je crois qu'il vient
05:40 de la sœur, en disant « il va assumer toutes les conséquences ».
05:42 Oui, en effet, il va assumer toutes les conséquences, il n'y a pas de doute là-dessus, mais
05:45 merci de prendre la peine de le dire.
05:46 Mais donc on n'est pas néanmoins dans un moment sur le mode de la réconciliation
05:50 sentimentale auquel on est habitué aujourd'hui dans les médias.
05:56 C'est-à-dire qu'il y a une victime, il y a un responsable, dans ce cas-là je ne
06:00 dirais pas un coupable, mais un responsable, et là ce qu'on veut médiatiquement, c'est
06:03 provoquer immédiatement la réconciliation.
06:05 C'est une victime, mais elle comprend et elle accepte les excuses et finalement ce
06:10 n'est pas grave, c'est ce qui s'est passé et c'est comme si les excuses effaçaient
06:13 le besoin de justice.
06:14 Or au cœur du propos de l'avocat c'est « non, il faut qu'il y ait justice,
06:18 le moment du pardon viendra peut-être, le moment des excuses viendra peut-être, le
06:22 moment de la main tendue viendra peut-être, mais il n'y aura pas tout ça avant qu'il
06:25 y ait la justice ». Et là ça avait une forme de fermeté dans le propos assez étonnante,
06:31 qui nous sort de la logique du « happy end » médiatique qu'on connaît souvent
06:35 en la matière, où finalement chacun devrait s'entendre.
06:37 On a ici un avocat qui parle et qui dit, soit dit en passant, « le statut particulier de
06:41 Palmade ne doit pas amener à un traitement de faveur, ne doit pas amener à un traitement
06:45 privilégié ». Donc qui dans son discours, dans son propos, marque tout à la fois le
06:50 fait qu'il y a un primat de la justice sur l'exigence de réconciliation morale.
06:53 C'est important ça, je sais que j'ai l'air d'insister, mais c'est important
06:56 parce qu'on est dans une société qui, là je fais une comparaison un peu boiteuse,
07:00 mais je pense que le surlendemain du Bataclan on nous disait des gens qu'il fallait pardonner
07:04 à ceux qui étaient coupables.
07:07 On n'est pas du tout dans le même type d'événements évidemment, mais on est
07:10 toujours dans cette idée qu'il faut abolir le moment de colère, le moment de froid de
07:15 colère ou de fruit, en disant on va s'entendre, on va se réconcilier, on est tous des humains.
07:19 Là manifestement la famille n'est pas du tout dans cet état d'esprit et c'est
07:23 assez intéressant sur le plan de l'analyse et ça nous déstabilise à travers tout ça,
07:28 ce qui ne nous empêche pas de chercher à comprendre, donc au-delà de la conférence
07:31 de presse aujourd'hui, les problèmes sociaux, sociologiques qui sont révélés à travers
07:34 le comportement de Pierre Palmade qui remonte à la surface aujourd'hui.
07:37 On fera un tour de table dans un instant justement sur cette conférence de presse de l'avocat
07:42 de la famille des victimes et aussi sur les propos de la sœur de Pierre Palmade dans
07:48 un instant, mais effectivement cela nous pousse à nous poser plus largement des questions
07:53 sur les addictions et sur les addictions qui seraient un véritable féo dans le monde occidental.
07:59 Qu'est-ce que cela dit de notre pays en tant que sociologue, ces addictions ?
08:03 Je pense que c'est la question qu'on doit se poser effectivement aujourd'hui parce
08:06 qu'on nous fait le portrait d'un homme qui depuis 20 ans, 30 ans serait dans une
08:11 forme de déchéance dont il ne parvient jamais à se remettre.
08:13 Et qu'on s'entende bien, je ne prends pas ici du tout le ton du moralisateur qui dit
08:18 « faites ceci, faites pas ça », on n'est pas là-dedans.
08:21 Et je pense qu'on n'est pas dans une société lisse, une société pleinement réconciliée.
08:25 Dans toutes les sociétés, depuis la nuit des temps jusqu'à la fin des temps, il
08:28 y aura des éclopés, il y aura des âmes brûlées, il y aura des individus qui veulent
08:32 s'autodétruire, il y aura des génies déconstruits, il y aura des génies pétris de contradiction,
08:36 il y aura des individus aussi déloqués, tout ça existe.
08:39 Donc tout ça existe et je ne pense pas qu'une société parfaite sans pathologie ni addiction,
08:43 ce n'est pas possible.
08:44 Mais?
08:45 Sachons-le.
08:46 Mais justement, mais le fait est que depuis une quarantaine d'années, il y a une forme
08:48 de démocratisation dans le mauvais sens du terme, de ces addictions, ces multiplications
08:53 de ces addictions qui sont, je dirais, indétachables de la transformation, je dirais, de l'ensemble
09:00 des institutions, des mœurs, des règles de la vie en société.
09:02 Qu'est-ce qui s'est passé depuis 40 ou 50 ans globalement dans le monde occidental?
09:06 Je veux dire, ce qu'on pourrait appeler une désinstitutionnalisation de nos sociétés.
09:10 Effondrement de la communauté politique dans laquelle on s'inscrivait, le « nous »
09:14 qui structurait l'existence.
09:16 Effondrement de la famille.
09:17 Je veux dire, aujourd'hui, la famille, quoi qu'on en dise, tout le monde a beau dire
09:20 qu'on aime la famille, une famille qui se compose, recompose, recompose, recompose,
09:23 à un moment donné, ça affaiblit, ça effiloche le lien familial.
09:27 L'affondrement de la transmission culturelle.
09:29 Le doute, de tout un doute généralisé.
09:32 On avait une forme de monde de relativisme intégral.
09:35 L'anthéistoté avait cette formule au début du XXe qui était presque prophétique.
09:38 Il disait qu'on va accoucher d'un monde qui va même être capable de douter de la
09:40 table de multiplication.
09:42 Aujourd'hui, on est dans un monde qui doute de l'existence de l'homme et de la femme.
09:45 Donc, tous les repères qui structuraient l'existence et qui permettaient de structurer
09:49 l'individu, de cadrer l'individu, de lui donner un peu de densité, un peu d'ordre
09:55 mental et social et symbolique, se sont globalement effondrés.
09:58 Cet individu effondré, cet individu un peu dispersé, il y a des effets pathologiques,
10:07 des effets de décomposition de l'âme, de la psyché avec tout ça.
10:09 Et là, on pourrait traiter ça, les médecins, on parle beaucoup de santé mentale aujourd'hui.
10:13 La question de la santé mentale est présente dans toutes nos sociétés.
10:15 Donc, on traite ça sur le monde médical.
10:17 Mais il y a quelques bons sociologues, quelques bons philosophes.
10:20 Je pense notamment à l'un d'entre eux qui a fait un travail remarquable là-dessus.
10:22 C'est Joshua Mitchell, qui est un philosophe américain.
10:25 Dans son livre « American Awakening », donc « L'éveil américain ».
10:29 Et qu'est-ce qui est intéressant là-dedans?
10:31 Il s'est dit « Je vais traiter l'addiction, notamment, parce que tout le passage sur les
10:34 addictions, comme un problème politique et sociologique.
10:38 » Qu'est-ce qu'il entend par là?
10:40 Il dit par exemple la bipolarité, la dépression, les troubles identitaires, tout ça aujourd'hui.
10:44 Évidemment, il y a une dimension médicale, il n'y a pas de doute là-dedans.
10:47 Mais il y a aussi une dimension sociologique.
10:51 Il pousse plus loin et il dit qu'il faut penser aussi les effets de la déconstruction de
10:57 la culture et de la société dans cet effondrement de la santé mentale.
11:01 Mais il va plus loin, il dit qu'il y a toute une série d'addictions qu'il nous faut penser
11:05 aujourd'hui qui témoignent de rapports troubles à l'âme et au corps.
11:08 Et j'en donne quelques-unes, ça recoupe notre sujet.
11:11 La crise des opioïdes, partout aujourd'hui.
11:14 En Amérique du Nord, c'est très fort.
11:16 En Europe aussi.
11:17 C'est quoi les opioïdes?
11:18 C'est des drogues particulières qui plongent l'homme dans une catatonie assez effrayante.
11:25 De l'autre côté, la consommation de cocaïne qui est l'envers, ou l'ecstasy, qui promet
11:29 une forme d'extase permanente en toutes circonstances.
11:32 Comme la drogue, comme moyen de fuir un présent qu'on n'est pas capable d'assumer.
11:37 Donc soit par la fuite, on pourrait dire, de halo, un brouillard mental, ou de l'autre
11:43 côté, qui fait fuir le monde réel, ou la survie.
11:47 L'obésité comme phénomène social, c'est intéressant ce qu'il dit là-dessus.
11:51 On ne parle pas ici simplement de l'obésité ordinaire qui existe dans toutes les sociétés.
11:55 On parle ici de phénomène de presque une épidémie.
11:59 Le rapport au corps est troublé à travers ça.
12:01 C'est-à-dire que les gens deviennent étrangers à leur propre corps et ça devient non seulement
12:04 un phénomène de santé publique, mais de perte de maîtrise de soi.
12:07 Un individu qui ne trouve plus de satisfaction dans l'existence autre que dans la perte
12:11 de maîtrise de lui-même, dans ce coiffré intégralement jusqu'à exploser.
12:14 La sexualité compulsive incarnée par la question de la porno aujourd'hui, qui ravage complètement
12:20 l'imaginaire érotique des jeunes générations et qui engendre par ailleurs des phénomènes
12:23 dont on parlait depuis le début des années 2000, le fameux chemsex dont on parle depuis
12:27 hier, que le commune et mortel découvre probablement, ce que j'ai appelé l'orgie chimiquement assistée.
12:32 Là, c'est l'autre giste de ces dépendances.
12:35 La tenderisation de la vie amoureuse, c'est quand même particulier.
12:39 Autrefois, on avait une personne à la rigueur, une autre en cachette, ou pire, une autre
12:43 en cachette, mais on n'avait pas cet espèce de principe de consommation où on faisait
12:46 passer la possibilité d'une relation se dissolver dans la logique marchande.
12:50 Tenderisation pour ceux qui ne comprennent pas.
12:52 Pour Tinder, ce logiciel.
12:53 Oui, mais tout le monde ne connaît pas non plus Tinder.
12:54 Heureusement, mais pour ceux qui ne connaissent pas, c'est une bonne nouvelle pour vous,
12:56 chers amis, ne vous précipitez pas.
12:57 C'est une application qui permet des rencontres.
12:59 Bien sûr.
13:00 Et qui pousse à la consommation.
13:01 Alors, en matière d'addiction, les réseaux sociaux.
13:04 Alors, je voyais ça.
13:05 Les 4 à 18 ans aujourd'hui passent en moyenne deux heures par jour sur TikTok.
13:09 Non, mais je pense qu'à l'échelle de l'histoire, il n'y a jamais eu une perte aussi grande
13:14 de temps.
13:15 C'est effrayant, on se ravage le cervel à regarder les petits...
13:18 Il y a un effet addictif.
13:19 Une petite vidéo, plus une autre petite vidéo, plus une autre petite vidéo.
13:21 Il y a un effet d'influence aussi là-dedans.
13:23 Et ça provoque, soit dit en passant, une existence virtualisée.
13:26 Et ça, je pense que c'est l'autre affaire.
13:27 Évidemment, je parlais du rapport au corps qui est trouble avec l'obésité, avec la
13:33 consommation des drogues.
13:34 Mais aussi le désir d'une existence virtuelle.
13:36 On s'arrache à sa propre vie.
13:37 Et là, on devient pur fantasme.
13:39 On devient son avatar dans les jeux vidéo.
13:41 On passe sa vie sur les réseaux sociaux.
13:43 On devient pure virtualité, détaché de sa vie, détaché de son corps.
13:47 Alors, qu'est-ce qu'on voit dans tout?
13:48 Ça, une existence décorporée, virtualisée.
13:50 Mais c'est toujours la fuite du monde.
13:52 C'est la fuite du corps.
13:53 C'est la fuite de l'âme.
13:54 C'est l'incapacité à affronter l'existence.
13:55 C'est l'incapacité à s'inscrire dans l'existence.
13:58 Et les dépendances multiples, ces addictions...
14:01 Il y a une formule amusante de Joshua Mitchell dont je parlais.
14:04 Il dit qu'est-ce que c'est l'addiction pour lui?
14:06 C'est quand le supplément devient le support central de l'existence.
14:09 Donc, je m'explique.
14:10 Il y a quelques fois des choses pour s'égayer.
14:11 L'excès pour s'égayer devient au centre de notre vie.
14:15 Donc, c'est finalement le petit plaisir de plus devient le coeur de l'existence.
14:21 Et le coeur de l'existence, lui, disparaît.
14:23 Donc, on est plongé dans une forme de monde irréel.
14:25 Et ce monde irréel, on le fuit.
14:27 Et on le fuit d'autant plus qu'on a un malaise existentiel.
14:29 Et ça, le malaise existentiel, ça traverse l'histoire.
14:31 Puis, il y en a jusqu'à la fin des temps.
14:32 Donc, prenez tout ça ensemble.
14:34 Et il y a une sociologie et une philosophie de l'addiction qu'on peut proposer.
14:37 - Vous faites un pas très sombre d'être en présent.
14:41 Est-ce que vous voyez peut-être une solution de sortie, une voie de sortie?
14:45 - Oui et non.
14:46 Plus non que oui.
14:47 Mais je vais expliquer.
14:48 C'est-à-dire qu'il n'y a pas celui qui, demain, dirait j'ai un programme politique
14:52 particulièrement efficace pour lutter contre les addictions et pour réparer le lien social
14:55 et pour faire en sorte que les gens n'aient plus sur Tinder et ne consomment plus de porno.
14:58 Ça ne fonctionne pas comme ça.
14:59 - Et même sans aller jusque-là, pardonnez-moi Mathieu Bocote, ne serait-ce qu'à avoir
15:03 tout le temps son téléphone, d'être tout le temps plongé dessus, sans même aller
15:06 justement sur Tinder ou bien la pornographie, l'avoir en permanence au réveil, devant
15:10 son enfant, le soir, le midi, la journée, sans rien chercher.
15:13 - Vous dites quelque chose d'essentiel.
15:14 Moi, j'appelle ça l'écranisation du monde.
15:16 C'est-à-dire l'écran qui colonise l'existence intégralement.
15:18 Et ça, donc oui, il y a des réponses politiques.
15:20 On peut demander plus de portables à l'école.
15:22 Il n'y a plus un écran à l'école.
15:25 Celui qui fait ça, je vote pour lui, pour la présidence de la République, même s'il
15:27 y a les filles.
15:28 Franchement, formidable.
15:29 - Le monde va s'écrouler.
15:30 - Si, il faut casser tous les écrans.
15:33 Formidable.
15:34 Bon, ensuite, on peut imaginer un travail politique pour lutter contre l'hydro.
15:37 Faites la liste de ces mesures.
15:38 Il y a des mesures qui peuvent nous permettre de reconstruire la base d'une société.
15:42 Mais le travail de reconstruction mentale, psychique, spirituelle, j'oserais même dire,
15:46 dans notre société, parce qu'on touche les abîmes de la modernité en ce moment,
15:49 il va prendre beaucoup de temps, je crois, et je ne suis pas certain qu'il soit commencé.
15:53 - Déjà une prise de conscience.
15:56 Merci beaucoup.
15:57 - Dimitri, on ne défile pas que pour les retraites, je disais, en France en ce moment.
16:02 Une manifestation pour la paix a eu lieu dimanche à Paris pour que les armes se taisent en
16:08 Ukraine, contre le risque d'une troisième guerre mondiale.
16:12 Presque aucun média n'en a parlé.
16:15 Est-ce que le pacifisme, Dimitri, serait passé de mode ?
16:18 - Alors, c'est vrai que la guerre en Ukraine a un peu bouleversé la géographie des opinions
16:22 traditionnelles.
16:23 Vous allez le voir dans le bouger de certains camps politiques, notamment.
16:28 Et c'est vrai que les pacifistes, en ce moment, on les cherche.
16:32 Ceux qui disent la paix pour la paix, en fait.
16:34 Stop à la guerre.
16:35 Il y a très peu de voix qui s'élèvent pour le dire à propos de l'Ukraine, pour diverses
16:39 raisons, on va y venir.
16:41 Mais je dirais qu'on s'arrête quand même un instant sur la manifestation de dimanche.
16:43 On trouve des images de cette manif sur les réseaux sociaux.
16:46 La banderole de tête, vous voyez, il y a bien écrit, en gros, "pour la paix", avec
16:50 un beau liseré bleu blanc rouge.
16:51 Il y a des drapeaux français partout au long du cortège.
16:54 En fait, on comprend assez vite pourquoi les médias de masse n'en ont pas parlé.
16:59 Tout simplement parce que ces pacifistes-là, ils n'avaient pas le bon pédigré.
17:02 Tout simplement, qui étaient les organisateurs de cette manifestation ? Les Patriotes, le
17:07 parti de Florian Philippot, avec le soutien de Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan.
17:11 Donc, il y avait du monde.
17:13 Je ne les ai pas comptés, mais à vue de nez, il y avait plusieurs centaines de personnes.
17:17 Peut-être plusieurs milliers, trois, quatre mille.
17:19 Enfin bon, c'était quand même assez conséquent.
17:21 Direction Place de la Victoire.
17:23 Et il y avait aussi beaucoup de panneaux "sortons de l'OTAN".
17:27 Et dans les discours, une lecture du conflit entre la Russie et l'Ukraine, on va dire,
17:32 minoritaire.
17:33 On vous expliquait en fait que la guerre, elle n'a pas commencé le 24 février 2022,
17:37 mais en mars 2020, donc le Covid, que la guerre sournoise bactériologique a laissé place
17:42 à un conflit conventionnel entre, je cite, "l'Occident dominateur et les tenants d'un
17:47 monde multipolaire".
17:48 Alors là, j'ai trouvé le périphrase sympa pour parler de la Russie et de la Chine.
17:52 Les mêmes vous expliquent qu'en fait, c'est la Russie qui a été provoquée, que l'Ukraine
17:56 en fait est un proxy, un agent de proximité, si vous voulez, utilisé par les États-Unis
18:01 pour livrer une guerre à la Russie par procuration.
18:03 Et dans la bouche de certains orateurs qui prennent la parole dimanche, la Russie est
18:07 clairement présentée comme la puissance agressée en train de mener une guerre de
18:10 libération.
18:11 Donc, c'est une inversion totale, si vous voulez, de la situation ukrainienne.
18:14 Donc, en fait, ces pacifistes-là, ceux qu'on a vu défiler, ont un autre agenda que la
18:20 paix stricto sensu.
18:21 Leur pacifisme est un fauné pour défendre des positions pro-russes et même, on peut
18:26 dire, anti-occidentales.
18:27 Alors, bien sûr, ces manifestants de dimanche ne sont pas tous les pacifistes, mais ils
18:33 phagocytent complètement cette position-là.
18:35 Par exemple, vous avez un appel à marcher qui est lancé pour les 24-25 février, donc
18:40 ça fera pour les un an du début de la guerre.
18:42 Qui est maintenant un collectif qui, lui, défend un pacifisme classique, un type "guerre
18:47 à la guerre", "il faut mettre la guerre hors la loi", etc.
18:50 Bon, ben voilà, en fait, ils sont complètement, ils attirent tous les mêmes qui étaient
18:53 à la manifestation de Florian Philippot hier.
18:55 Donc, très vite, malheureusement, ça disqualifie complètement le discours de ceux qui disent
19:01 "stop" à cette guerre meurtrière aux portes de l'Europe.
19:04 Pourtant, des voix se sont élevées l'an dernier pour dire non à la guerre.
19:07 Oui, alors, beaucoup plus chez nos voisins en Europe que chez nous en France, parce qu'il
19:12 y a une histoire française, il y a une mémoire particulière du pacifisme.
19:15 Le pacifisme en France, en gros, si vous voulez, c'est Aristide Briand, c'est la Société
19:19 des Nations, toute cette construction juridique qui va donner naissance à ce qu'on appelle
19:24 le pacifisme juridique.
19:25 Mais c'est surtout la faute de Munich.
19:28 La faute de Munich, c'est-à-dire que c'est la paix à tout prix signée en 1938, signée
19:32 la tête basse parce que l'armée française aurait été à ce moment-là incapable d'affronter
19:35 l'Allemagne.
19:36 Cette paix signée aussi parce que les Britanniques ne veulent pas s'occuper, affronter Adolf
19:41 Hitler.
19:42 Donc, c'est le lâche soulagement.
19:43 Ça, c'est l'expression de Léon Blum.
19:45 Le pacifisme en France, dans la mémoire, c'est ce qui nous conduit à la guerre de
19:48 1939, alors que chez les Allemands, c'est le bellicisme qui conduit à la guerre.
19:52 Et le pacifisme est la solution trouvée à l'hitlérisme quelque part du côté des
19:56 Allemands.
19:57 Donc, vous voyez, malgré tout, l'an dernier, vous avez des voix.
19:58 Vous avez Jean-Luc Mélenchon, par exemple, au tout début de l'invasion russe, il dit,
20:01 il convoque Jaurès et il appelle à la méfiance envers les Vatanguerres.
20:05 Et qui va le traiter de municois à ce moment-là ? C'est Yannick Jadot.
20:08 C'est un écologiste.
20:09 Les écolos qui sont à l'avant-garde du pacifisme en Europe depuis 50 ans, antinucléaire,
20:15 anti-guerre, etc.
20:16 Ces écologistes-là qui sont aujourd'hui les premiers partout en Europe, dans tous
20:20 les pays d'Europe, à soutenir les livraisons d'armes à l'Ukraine.
20:23 Alors ça, c'est un retournement absolument stupéfiant.
20:25 C'est une des conséquences de cette guerre en Ukraine.
20:28 Conferre ce que je vous disais sur la géographie des opinions qui est complètement bouleversée.
20:31 Aujourd'hui, vous n'avez pratiquement plus personne qu'à soutenir un discours pacifiste,
20:35 à part peut-être le pape, qui parmi les voix qu'il porte dans le monde, est l'un
20:40 des rares à appeler sans ambiguïté à faire taire les armes.
20:43 Mais aussi parce que c'est la tradition chrétienne depuis 2000 ans aussi, de dire,
20:47 il y a la théorie de la guerre juste, Thomas d'Aquin, etc.
20:50 Mais la guerre, elle est condamnée par principe.
20:53 Plus modestement, vous avez aussi des voix isolées.
20:55 Je me rapproche par exemple à Pierre Lelouch, qui dans les colonnes du Figaro jeudi dernier,
21:00 s'inquiétait d'un climat de juillet 14 en Europe.
21:02 Voilà ce qu'il écrivait.
21:03 S'inquiéter du risque d'un engrenage possible qui peut conduire quatre puissances nucléaires
21:09 à se retrouver à un moment face à face.
21:10 La Russie, les États-Unis, mais aussi la France et l'Angleterre.
21:13 S'inquiéter de ça, écrit-il, ça vous rend immédiatement coupable de poutinisme
21:19 et de haute trahison.
21:21 On comprend mieux pourquoi il n'y a pas beaucoup de pacifistes en ce moment dans le débat public.
21:25 Dimitri, il se trouve qu'il y a 20 ans, jour pour jour, le 14 février 2003,
21:31 un ministre français des Affaires étrangères tenait un discours pacifiste
21:35 qui est entré dans l'histoire.
21:37 C'était Dominique de Villepin au Conseil de l'ONU pour exprimer justement l'opposition
21:43 de la France à une intervention militaire en Irak.
21:46 Pourrait-il prononcer ce discours aujourd'hui, selon vous ?
21:49 Vous avez raison, le 14 février 2003.
21:51 Il faut relire un petit peu ce que disait Dominique de Villepin.
21:54 Il disait "Dans ce temple des Nations Unies, nous sommes les gardiens d'un idéal,
21:59 nous sommes les gardiens d'une conscience.
22:01 La lourde responsabilité et l'immense honneur qui sont les nôtres
22:04 doivent nous conduire à donner la priorité au désarmement dans la paix."
22:09 Bon, je le fais moins bien que Dominique de Villepin évidemment,
22:11 mais voilà, c'est important de se remettre les mots dans la tête.
22:14 C'est un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien, l'Europe,
22:18 qui vous le dit aujourd'hui, qui a connu les guerres, l'occupation, la barbarie,
22:23 un païen qui n'oublie pas et qui sait tout ce qu'il doit aux combattants
22:26 de la liberté venue d'Amérique et d'ailleurs,
22:28 et qui pourtant n'a cessé de se tenir debout face à l'histoire et devant les hommes,
22:33 fidèle à ses valeurs, il veut agir résolument avec tous les membres
22:37 de la communauté internationale, il croit en notre capacité
22:39 à construire ensemble un monde meilleur.
22:41 Donc vous voyez, la ligne Villepin en 2003, c'est quoi ?
22:43 C'est de dire "Refus de la guerre, préférence pour les inspections."
22:48 Les inspections, on va rappeler des inspecteurs des Nations Unies
22:51 pour voir s'il y avait vraiment des armes chimiques ou des armes nucléaires en Irak.
22:54 On connaît la suite, les Américains déclenchent le conflit sans l'aval des Nations Unies.
22:58 20 ans plus tard, d'une certaine manière, si les pacifistes se font rare,
23:03 c'est parce qu'en fait, toutes les institutions, tous les mécanismes censés empêcher la guerre,
23:08 tout ce pacifisme juridique dont je vous parlais tout à l'heure,
23:10 Aristide Briand, la Société des Nations, tout ça a complètement échoué.
23:13 Que ce soit la mécanique des sanctions, les Nations Unies, rien n'a empêché la guerre finalement
23:19 et rien ne parvient à y mettre un coup d'arrêt aujourd'hui.
23:24 Donc d'autres en Europe aussi, d'ailleurs, vous voyez que la guerre
23:27 est pour certains l'occasion d'un nouveau saut fédéral.
23:30 Là, je pense à Ursula von der Leyen, je pense à Emmanuel Macron,
23:33 je pense aussi à Kaya Kalas, la première ministre estonienne,
23:36 qui vient de nous dire qu'il faudrait faire des achats groupés d'armes
23:38 comme on l'a fait pour les vaccins.
23:40 Vous voyez ?
23:40 Et s'ajoute aussi, je pense, à un remord, à savoir que vous en avez en Europe
23:44 qui regrettent de ne pas avoir moufté en 2014 au moment de l'annexion de la Crimée.
23:50 C'est très intéressant d'écouter les Verts allemands, parce qu'eux, ils disent
23:53 si à l'époque, en 2014, Berlin ne dit rien à la Russie, c'est à cause de leur néo-mercantilisme.
24:00 Ils ne veulent pas froisser un fournisseur de matières premières,
24:03 ni un client, un grand client, en l'occurrence la Chine.
24:07 Donc si vous voulez, quelque part, quand les Grünen allemands,
24:09 les Verts allemands tordent le bras à Olaf Scholz pour aller livrer
24:12 des chars Léopard à l'Ukraine, en même temps, ils instruisent le procès
24:18 de la complaisance russe des années Merkel.
24:21 Scholz était aussi aux affaires à ce moment-là.
24:23 Donc vous voyez, par une drôle de pirouette intellectuelle,
24:25 les anti-guerrdières sont aujourd'hui les premiers promoteurs
24:28 des livraisons d'armes à l'Ukraine et de la guerre.
24:30 Guerre qui est soi-disant réputée.
24:32 Juste pourquoi ?
24:33 Peut-être tout simplement parce qu'ils ont compris, enfin, enfin,
24:36 c'est ce que disait Éric Zemmour il y a trois ans sur ce plateau,
24:39 que malheureusement, il n'y a pas de droit international dans le monde.
24:42 Il n'y a que la force.
24:43 Et c'est ça, la grande leçon de la guerre en Ukraine aujourd'hui.
24:47 Merci beaucoup, Dimitri, pour votre regard pendant la pause.
24:50 Changez votre siège qui grince un peu, qui crie au nom de la paix.
24:53 Et dans un instant, on fera un tour de table pour évoquer encore
24:58 l'affaire Pierre Palmade avec vous, Charlotte.
25:00 On parlera de la Saint-Valentin avec vous et on fera un tour de table
25:03 sur cette affaire qui nous touche tant.
25:05 On marque une pause à tout de suite.
25:10 Le rappel des titres avec Mathieu Dewez avant de continuer face à l'info.
25:14 A tout de suite.
25:14 D'autres restes de corps humains dont une tête ont été retrouvés
25:20 aujourd'hui dans le parc parisien des Butchomont.
25:22 Hier, des agents municipaux avaient découvert un sac plastique
25:26 contenant le bassin et les cuisses d'une femme.
25:28 Une enquête a été ouverte pour assassinat et les investigations
25:31 ont été confiées à la brigade criminelle.
25:34 Irène Frachon réclame justice au procès en appel du Mediator.
25:37 La médecin du CHU de Brest a révélé l'ampleur du scandale sanitaire.
25:41 Commercialisé pour le traitement du diabète, puis détourné comme coupe-fin,
25:45 le Mediator a entraîné de graves effets secondaires sur des milliers de patients.
25:48 La Cour d'appel de Paris juge les laboratoires serviers,
25:51 notamment pour tromperies aggravées et homicides et blessures involontaires.
25:56 Enfin, la CGT appelle les éboueurs à la grève reconductible à partir du 7 mars.
26:00 Il s'agit d'un mouvement contre le projet de réforme des retraites
26:03 et le report de deux ans de l'âge légal de départ.
26:06 C'est pour l'instant le seul syndicat à lancer cet appel,
26:08 mais la CGT est majoritaire par exemple à Paris,
26:11 que ce soit chez les éboueurs municipaux et ceux du privé.
26:14 Dans un instant, on parlera de la fête de l'amour avec vous, Marc Menand.
26:21 Il est temps !
26:22 Comment ?
26:22 Il est temps !
26:23 Oui, il est temps de parler un peu d'amour.
26:25 D'ailleurs, si vous avez des petits mots à nous donner,
26:27 sur Twitter @christine_dubaquely,
26:30 pas que pour moi, mais pour tout le monde, envoyons-nous des petits mots d'amour.
26:33 Je transmettrai ces promesses.
26:35 Enfin, je garde la moitié pour moi.
26:37 Alors, dans un instant, on fera un tour de table, effectivement,
26:40 pour entendre vos avis sur l'actualité lourde de ce soir.
26:44 Et justement, avant, on va s'arrêter avec vous, Charlotte.
26:47 Le traitement de l'accident causé par Pierre Palmad, on l'a vu,
26:51 il fait beaucoup réagir et nous boulever,
26:53 ainsi provoque aussi la colère de nombreux Français
26:55 qui ne comprennent absolument pas la place accordée,
26:58 à la star, on va dire, au détriment des victimes,
27:00 même si ce soir, on a entendu l'avocat défamé.
27:04 Est-ce que ce n'est pas une colère compréhensible ?
27:06 Évidemment que la colère est compréhensible,
27:07 mais l'opinion s'est très vite retournée.
27:10 C'est-à-dire que, je vais prendre mon cas personnel pour expliquer la chose,
27:14 c'est-à-dire que quand on a appris initialement cet accident à l'origine,
27:18 Pierre Palmad étant la personne connue dans cette histoire,
27:21 c'est lui qui génère l'information.
27:23 C'est-à-dire que des accidents, notamment provoqués par des gens
27:28 sous alcool, sous stupéfiants,
27:29 il y en a des centaines par année.
27:32 700 morts par an.
27:33 C'est ça, 700 morts par an pour les conduites sous stupéfiants.
27:36 Et c'est donc la notoriété de Pierre Palmad
27:39 qui active l'intérêt médiatique sur ce qui s'est passé vendredi.
27:42 Et il se trouve que nous tous, quand on a eu la nouvelle,
27:45 on a vu Pierre Palmad victime dans un accident de voiture
27:49 et on a pensé à l'état de santé de Pierre Palmad,
27:51 tous autant que nous sommes.
27:53 Et dans la nuit ou le lendemain matin,
27:55 nous avons découvert qu'il était positif à la cocaïne.
27:58 C'est là que ça change.
27:59 Et il se trouve qu'en effet, de manière générale,
28:03 on va dire, les Français ont retourné leur opinion
28:08 beaucoup plus rapidement que le monde médiatique.
28:10 C'est ça, la vérité, c'est que instantanément,
28:12 quand vous comprenez que Pierre Palmad est positif à la cocaïne,
28:15 que c'est probablement lui qui est le responsable de l'accident,
28:19 vous changez, vous remettez à jour votre logiciel instantanément
28:22 et la victime devient en l'occurrence le délinquant.
28:25 Et c'est cette remise des choses en place, on va dire,
28:29 qui a mis du temps à être faite.
28:31 On a mis du temps à dire les choses comme elles sont,
28:34 à savoir, nous avons un délinquant chargé de cocaïne
28:37 qui prend le volant et qui provoque un accident.
28:39 Et nous avons de l'autre côté une femme qui a perdu son enfant,
28:44 son beau-frère et son petit-enfant de 6 ans,
28:47 qui sont les véritables victimes de cet accident,
28:51 qui est en effet provoqué par Pierre Palmad.
28:55 Et la perception, on va dire,
28:58 mauvaise de Pierre Palmad dans cette histoire
29:01 est encore aggravée par le fait que la cocaïne soit prise
29:04 dans le cadre de pratiques sexuelles dites festives.
29:09 Alors le mot festif, je l'ai entendu ces jours-ci,
29:11 alors ça n'a de festif que le nom ou dans la tête de certains.
29:14 Ce sont des orgies glauquissimes d'autodestruction généralisée.
29:18 Il faut appeler les choses quand même comme elles sont.
29:20 Et ce renversement, comment dire, nécessaire du discours
29:24 a eu du mal à être opéré.
29:26 Et je vais essayer, franchement, en préparant cette chronique,
29:28 j'ai eu du mal parce que c'est un équilibre compliqué.
29:31 C'est vraiment un équilibre compliqué.
29:33 - Dites ce que vous avez sur le cœur et on est bien pianocale.
29:35 - Mais il se trouve que Pierre Palmad,
29:38 et donc exactement ce que je viens de décrire dans cette histoire,
29:41 un délinquant qui a provoqué un accident atroce
29:44 et fait subir l'horreur à des victimes.
29:47 Il est aussi forcément un homme, un ami, un frère.
29:51 Et comme c'est une personne connue,
29:53 il est tout ça par beaucoup de gens connus,
29:55 par beaucoup de gens dans le monde médiatique.
29:57 Et il se trouve qu'il y a des gens qui ont eu du mal à faire ce renversement.
30:01 Vous allez dans n'importe quel tribunal,
30:03 tout l'entourage des gens qui sont accusés de quoi que ce soit
30:07 ont du mal à faire ce basculement.
30:09 Ce n'est pas du tout une excuse.
30:10 Ce n'est pas du tout...
30:12 C'est simplement, j'essaie de comprendre pourquoi le basculement a été plus lent,
30:15 on va dire, dans le bloc élitaire, comme on dit,
30:19 parmi les décideurs, les autorités médiatiques et culturelles,
30:23 que dans le bloc populaire qui a eu ce déclic beaucoup plus rapidement.
30:28 Et évidemment, ce fossé existe déjà sur tellement de choses
30:32 qu'il a rendu le discours encore plus insupportable.
30:35 C'est ça le fait, en fait.
30:37 Et en effet, vous l'avez dit,
30:39 quand même depuis quelques heures, on voit ce basculement s'opérer enfin
30:42 dans le discours médiatique, de manière claire.
30:46 Et les addictions de Pierre Palmade,
30:49 son comportement de toxicomane, ses pratiques sexuelles,
30:52 dont on parlait à l'instant, occupent une grande part du récit
30:54 sur cet accident des dernières heures.
30:57 Est-ce que ce n'est pas désordonné par rapport à ce qui se passe
31:01 et au calvaire de ces familles qu'on a mis du temps à considérer ?
31:06 Qu'on a considéré finalement que ce soir, lorsqu'on entend l'avocat des familles
31:10 qui dit "les seules victimes dans ce dossier sont mes clients".
31:14 Si, forcément, évidemment.
31:16 Mais de toute façon, dans beaucoup de dossiers, on en parle souvent ici.
31:19 On accorde de manière générale, quand on parle d'une affaire judiciaire,
31:22 infiniment plus de place tout le temps,
31:25 et notamment dans le processus judiciaire, aux délinquants qu'aux victimes.
31:29 C'est vrai dans ce cas-là, pour des raisons qui sont particulières à ce cas-là,
31:33 et c'est vrai de manière générale.
31:34 Pourquoi ?
31:35 Et s'ajoute... Parce que nous avons...
31:37 Parce que, en fait, devant la justice, on examine l'acte
31:40 et la personne qui a posé l'acte délictueux.
31:42 Donc tout le processus judiciaire se fait autour de l'accusé
31:45 et non pas autour de la victime.
31:47 Et il se trouve que, médiatiquement, on suit ce processus-là,
31:51 en ayant les informations par le biais du parquet,
31:53 en ayant les informations par le biais de la police.
31:56 Évidemment, tout tourne autour de l'accusé, ce qui est insupportable.
32:00 D'abord pour les gens qui voient ce qui est en train de se passer,
32:02 parce que, naturellement, on a quand même plus d'empathie pour les victimes.
32:05 Et pour les victimes elles-mêmes, je vous en parle, même pas.
32:08 Et il se trouve qu'en effet,
32:11 on a accordé énormément de place à la souffrance préalable
32:14 à cet accident de Pierre Palmade,
32:17 à ses addictions pendant toute sa vie.
32:21 Et on se penche tardivement sur les victimes.
32:24 Et il y a une chose particulière.
32:25 Alors il y a ce petit garçon qui est probablement défiguré,
32:27 qui est encore dans le coma, son père qui est également dans le coma.
32:31 Cette femme, et là j'ouvre une parenthèse,
32:32 mais il faut quand même se rendre compte qu'en plus du calvaire de l'accident,
32:36 là aujourd'hui, on nous explique que pour savoir s'il y a poursuite ou pas,
32:39 il va falloir autopsier le bébé qu'elle avait dans le ventre.
32:42 La France entière sait qu'elle vient de perdre un bébé,
32:44 qu'elle va avoir une étape de deuil
32:45 et que ce bébé est mort-né ou né et puis mort.
32:49 Et non, il va falloir faire une autopsie pour savoir,
32:52 pour vérifier, parce que évidemment,
32:55 dans le droit en France, le fœtus n'est pas considéré comme un objet
32:59 jusqu'à la naissance.
33:00 Et comme l'a dit un de nos confrères sur une autre chaîne,
33:03 si jamais il y avait des poursuites qui étaient engagées
33:05 alors que le bébé n'est mort,
33:07 eh bien ça ouvrirait une brèche sur d'autres sujets.
33:09 Je referme la parenthèse, mais pour vous dire, c'est horrible.
33:12 Tout le monde sait que cette femme a perdu son bébé, point barre.
33:14 Il n'y a que...
33:15 Bon, bref, je referme la parenthèse,
33:18 mais voilà pour le calvaire que vit à la fois cette femme,
33:21 leur famille, etc.
33:22 Maintenant, il faut comprendre les intentions du récit.
33:25 Je le disais, c'est parce que Pierre Palmade est connu
33:28 que cette histoire occupe autant, on va dire, le récit médiatique.
33:33 Et d'ailleurs, c'est pour ça aussi que nous tous,
33:35 nous nous intéressons à cette histoire.
33:37 Alors, il y a une partie de voyeurisme,
33:39 toujours c'est très compliqué de savoir exactement,
33:41 mais il faut comprendre les intentions dans ce récit.
33:44 Il y a soit la volonté, en effet, de chercher par tous les moyens
33:47 à excuser, ici, Pierre Palmade au moment où il prend la voiture
33:51 chargée de cocaïne et essayer d'expliquer que oui,
33:54 il est responsable, mais en fait, pas vraiment.
33:56 Et alors là, c'est insupportable dans les circonstances.
33:59 Et il y a aussi le fait de profiter, on va dire,
34:02 de la présence de Pierre Palmade dans cet accident
34:05 pour lever le voile sur des pratiques destructrices
34:09 qui, pour celui qui les adopte d'abord, et évidemment,
34:13 pour ceux qui les subissent, en l'occurrence,
34:16 on a parlé de la drogue, on a parlé de la pratique sexuelle,
34:18 du chemsex, contre laquelle il faut mettre en garde
34:22 parce qu'elle se répand, elle se répand réellement.
34:26 Et la conduite en état d'ivresse ou en état sous-stupéfiant,
34:31 évidemment, qui reste un drame, souvent, même quand Pierre Palmade
34:35 n'est pas impliqué dans cette histoire.
34:37 Donc, encore une fois, évidemment que Pierre Palmade est connu.
34:40 C'est pour ça qu'on en parle.
34:41 C'est aussi pour ça que ça fausse le discours habituel,
34:44 on va dire, qu'on aurait sur un accident de la route
34:47 aussi tragique soit-il.
34:49 - On retrouve dans le récit ce qui insupporte de manière générale
34:53 sur la victimisation des délinquants de toutes sortes.
34:56 Quand ce n'est pas la pauvreté, c'est l'enfance difficile
34:59 ou l'abandon de l'État.
35:00 Est-ce qu'on n'est pas devant tout le temps,
35:03 Charlotte Dornelas, la même culture de l'excuse ?
35:06 - C'est la tentation initiale et c'est la première partie,
35:08 on va dire.
35:08 C'est essayer d'excuser la personne qui a posé cet acte-là
35:12 par tous les moyens.
35:13 C'est une victimisation, c'est une culture de l'excuse
35:16 qui est insupportable, un, pour les victimes, évidemment,
35:19 deux, pour tous ceux qui souffrent de la même chose
35:22 et qui ne tombent pas dans les mêmes travers,
35:24 qui ne prennent pas d'abord forcément de la cocaïne,
35:27 qui ne prennent surtout pas le volant quand ils ont pris ça.
35:30 Donc, c'est extrêmement injuste à leur égard également.
35:32 Évidemment, pour la société toute entière,
35:34 nous avons jusqu'à preuve du contraire,
35:36 un homme libre et donc responsable des actes qu'il pose
35:39 au moment où il les pose.
35:41 Maintenant, il y a une autre chose,
35:43 c'est-à-dire qu'on passe beaucoup de temps
35:45 dans les affaires judiciaires à regretter
35:47 d'avoir un délinquant qui arrive en garde à vue,
35:49 qui n'exprime aucun regret, qui n'exprime aucune honte.
35:52 Et au moment où on a un délinquant, en l'occurrence,
35:54 qui exprime sa honte et ses regrets et qui dit
35:58 "je demande pardon du fond du cœur,
35:59 je sais que je ne pourrai jamais réparer",
36:01 on lui tombe aussi dessus en disant "c'est quand même honteux,
36:04 il aurait mieux fait de ne rien dire".
36:06 Mais on ne peut pas demander les deux choses en même temps.
36:08 Et je note quand même que, évidemment,
36:10 alors là, je n'expliquerai pas à la famille
36:12 comment il faut qu'elle réagisse en fonction des excuses, etc.
36:15 L'avocat a expliqué que pour l'instant,
36:18 ce n'était vraiment pas leur préoccupation.
36:19 Et je veux bien croire que dans la situation dans laquelle il est,
36:22 ils se pencheront plus tard.
36:23 Mais dans le discours sur l'affaire tout entière,
36:27 on va dire, il faut noter cette demande de pardon
36:30 qui est très rare dans les tribunaux, très rare en garde à vue
36:34 et qui ajoute quelque chose d'absolument insupportable
36:38 pour les victimes.
36:39 Et à l'inverse, on va dire...
36:41 Paradoxalement.
36:42 Voilà, paradoxalement à cette tentative
36:45 de succomber en permanence à la culture de l'excuse,
36:48 qui est insupportable,
36:49 il y a en réaction quasiment,
36:52 aussi la tentation de répondre par la déshumanisation absolue
36:56 du délinquant, quel qu'il soit.
36:58 Et je note là, en l'occurrence, que puisqu'il est question
37:01 de notoriété dans cette histoire et qu'en effet,
37:03 on a beaucoup plus parlé de Pierre Palmat
37:05 que de ses victimes.
37:06 L'autre côté, c'est que maintenant,
37:08 on parle aussi beaucoup plus de Pierre Palmat délinquant
37:11 que de n'importe quel autre délinquant de la route
37:13 et que c'est évidemment une honte supplémentaire
37:16 à porter pour lui.
37:17 Je ne suis pas en train de le plaindre,
37:18 mais il faut aussi le prendre en compte,
37:20 en l'occurrence, dans notre discours.
37:22 Et il se trouve que notre justice est individualisée.
37:24 C'est une des marques de la civilisation, on va dire,
37:27 parce que les actes s'expliquent, pour une part,
37:30 par la personnalité de celui qui les pose.
37:33 Et il y a deux confusions possibles qui, à mon avis,
37:35 sont néfastes toutes les deux devant les actes de justice
37:37 tels qu'ils sont posés.
37:38 Un, ne juger que la personne.
37:40 Et si on ne juge que la personne en finissant par oublier
37:43 l'acte qu'elle a posé, c'est-à-dire qu'on essaie d'expliquer,
37:45 et c'est la fameuse enfance difficile, etc.,
37:48 dont on entend parler tout le temps,
37:49 alors on en oublie de juger l'acte qui acte,
37:52 qui a pesé sur des victimes.
37:53 Et à l'inverse, si on ne juge que l'acte,
37:55 alors on n'individualise plus.
37:57 Et il se trouve que l'acte ne s'excuse pas
38:01 par la personne ou par la personnalité.
38:03 Parfois, il s'explique et parfois, il nous permet aussi
38:05 d'accorder une peine qui soit juste,
38:08 évidemment, pour les victimes, pour la société
38:10 et pour le délinquant lui-même.
38:12 Et je note par là, en disant qu'il faut prendre en compte
38:15 la demande de pardon, il faut le signifier, etc.,
38:17 que la question, et là, je rejoins absolument Mathieu,
38:19 la question du pardon, de demander pardon
38:22 et d'accorder son pardon, est absolument indépendante
38:25 du fait que la justice doit passer,
38:28 que la sanction doit être prononcée
38:30 et que les actes doivent être jugés.
38:32 Ce sont deux choses absolument différentes
38:36 sur le cas de Pierre Palman,
38:38 mais sur le cas de n'importe qui d'autre,
38:40 puisque dans les tribunaux, souvent,
38:42 on commente les affaires judiciaires de loin.
38:44 Dans les tribunaux, tout est toujours
38:46 "prends au trip", d'un côté comme de l'autre.
38:50 Je sais que Marc a envie de réagir, justement,
38:53 et on fera un tour de table.
38:54 Sur la notion de pardon que vous avez évoquée,
38:57 sur la notion d'élite et le peuple,
38:58 moi, j'ai envie aussi de vous entendre
39:00 faire un tour de table là-dessus.
39:01 Sur la notion de "chemsex", pardon,
39:03 mais j'ai un sentiment, et c'est une question
39:07 que je vais vous poser, de futilité
39:09 par rapport à une France qui a soif de pouvoir d'achat,
39:14 qui a soif de réel.
39:15 J'ai l'impression que c'est la fracture
39:17 entre la futilité et la nécessité,
39:19 et tout cela semble, derrière cette tragédie,
39:22 vous me direz un peu ce que vous pensez
39:24 au regard de la déclaration de l'avocat des familles
39:29 ce soir et de la sœur de Pierre Palmade.
39:32 Par rapport à toute cette actualité
39:34 qui nous bouleverse, la fête de l'amour,
39:36 sans doute puérile pour certains,
39:39 mais par ses temps sinistres et ombrageux,
39:41 on va faire une petite parenthèse enchantée avec vous,
39:44 Marc, ça aussi, c'est l'actualité aujourd'hui,
39:47 la Saint-Valentin, l'occasion de se pencher
39:49 sur cette fête, peut-être devenue trop commerciale,
39:51 mais d'où vient-elle ?
39:53 Au départ, ça vient toujours des païens.
39:56 Avant le christianisme, avant le monothéisme,
39:59 il y avait des dieux à honorer à Rome,
40:03 les Lupercales, vous savez, c'était la grotte Lupercale,
40:07 là où toute la tradition faisait que Rome
40:11 devait être en force pour honorer les dieux créateurs.
40:16 Je ne vais pas vous raconter le départ de Rome.
40:19 Toujours est-il que les prêtres, ce jour-là,
40:23 le 14 février, c'est le moment du printemps,
40:25 c'est le moment où les petits oiseaux gazouillent,
40:27 où on a la renaissance de la vie,
40:30 faisaient en sorte que l'on puisse avoir
40:33 les joies du cœur.
40:35 Alors, on sacrifiait un bouc,
40:38 et puis ensuite, ils partaient dans les rues,
40:41 on avait rendu hommage aux dieux,
40:43 et les jeunes filles qui étaient touchées,
40:45 ça signifiait qu'elles seraient appelées
40:49 par les grands sentiments dans les mois qui venaient.
40:52 Ça s'est transformé au fil du temps
40:55 avec de grands banquets,
40:56 où les jeunes filles déposaient leur nom
41:00 dans une grande urne,
41:01 et là, les garçons se présentaient,
41:04 et c'était une association pour une heure,
41:06 pour deux heures, bref,
41:08 c'était l'opportunité d'organiser des rencontres.
41:11 Alors forcément, ça sent la débauche, tout ça.
41:14 Et le catholicisme qui s'installe,
41:17 voit en 492 Gélas Ier qui dit
41:21 "on ne peut plus tolérer ça".
41:22 Comment étouffer des éléments
41:25 qui mobilisent le peuple ?
41:27 Eh bien, il suffit de mettre une fête
41:28 à la place de celle qui existe,
41:31 et c'est comme ça qu'ils regardent la date,
41:34 on est le 14 février,
41:36 et le 14 février, on a les Valentins,
41:39 il y en a trois,
41:40 et ces Valentins,
41:43 on s'aperçoit que l'un d'entre eux
41:45 était un prêtre qui, à un moment donné,
41:49 a été martyr, pourquoi ?
41:51 Eh bien parce que l'empereur s'était rendu compte
41:53 qu'on n'arrivait plus à trouver de soldats
41:56 pour aller guerroyer, pourquoi ?
41:58 Parce que les soldats, quand ils étaient mariés,
42:00 il n'était pas question de quitter la famille,
42:02 alors il a dit "il n'y a plus de mariage,
42:04 il y aura comme ça des célibataires,
42:06 et j'ai des bataillons fermes,
42:08 des bataillons vigoureux,
42:09 des bataillons courageux,
42:11 qui n'hésiteront plus à faire quoi que ce soit".
42:13 Il se trouve que Valentin, lui,
42:15 eh bien il est pour l'amour,
42:17 et clandestinement, il unit les coeurs.
42:21 Forcément, il est dénoncé,
42:23 et le voilà qui termine avec la flagellation,
42:27 et ensuite la décapitation.
42:29 Bon, ça pourrait s'arrêter là.
42:31 Des années plus tard, bien plus tard,
42:33 en Angleterre, rejaillissent les amours courtois.
42:38 Comment faire en sorte qu'au moment de ce 14 février,
42:41 où les petits oiseaux gazouillent,
42:43 eh bien on puisse échanger quelques billets ?
42:45 Comment pas mêlabel, rien qu'avec des mots ?
42:49 Et ça crée un courant qui émerveille le duc d'Orléans.
42:54 Le duc d'Orléans était l'une des grandes victimes
42:57 de la bataille d'Azyncourt.
43:00 Azyncourt, la déroute française.
43:02 Et le voilà en prison dans la tour de Londres.
43:05 Il y restera 25 ans,
43:07 mais réveillera des talents de poète inouï.
43:10 Et à la Saint-Valentin,
43:12 une troisième fois, il a déjà été marié trois fois,
43:14 il finit par envoyer un petit billet à Marie de Clèves
43:19 pour la séduire à distance.
43:22 Quand il reviendra en France au bout de 25 ans,
43:24 il conviera la jeune fille à s'unir,
43:28 elle l'acceptera et naîtra de ses amours,
43:32 notons-le, le roi Louis XII.
43:34 Comme quoi l'amour, ça peut aboutir.
43:37 Et à la Saint-Valentin, voilà.
43:39 Bon alors, toujours est-il que quand il est en France,
43:44 le roi Charles VI le fou,
43:46 qui adore s'amuser, le roi Charles VI le fou,
43:49 il dit "mais c'est formidable,
43:50 on va créer une cour, une cour des amours".
43:54 Mais alors certains y voient tout de suite le Lupinat,
43:58 on revient, vous voyez, dans la débauche des Romains,
44:01 que nenni, ce sont toujours les mots
44:03 qui théoriquement doivent entourlouper les uns et les autres
44:07 et avec des traditions assez étonnantes.
44:09 Par exemple, si une jeune fille aperçoit un rouge-gorge,
44:12 elle épousera un marin.
44:14 Si un moineau est aperçu par la jante d'âme,
44:20 ce sera un pauvre.
44:21 En revanche, si c'est un chardonnay,
44:24 il lui est promis un riche gentilhomme,
44:27 voilà, qui nous offre un cœur
44:31 ô combien vaillant et accourtisé.
44:34 Dans tout cela, la tradition se poursuit
44:38 et puis elle s'amenuise, elle s'amenuise,
44:41 elle disparaît pratiquement complètement.
44:43 Mais les Américains,
44:44 lorsqu'ils sont dans la puissance industrielle,
44:47 cherchent les moyens de créer du commerce
44:51 et c'est comme ça qu'il faut rejaillir cette tradition
44:55 où là on offre, on n'est plus dans les petits noms,
44:58 on n'est plus dans les petites cartes postales,
45:00 on offre le maximum de cadeaux
45:03 avec le chocolat, les fleurs
45:06 et ça nous reviendra par les Américains en France
45:09 quand après la guerre,
45:11 il y a des camps de l'armée américaine
45:16 sur le territoire et les soldats forcément
45:19 en profitent pour aller courtiser avec des bouquets de fleurs
45:21 les jeunes françaises.
45:23 C'est ainsi que ça repartira et deviendra
45:26 la satanée fête commerciale que l'on connaît aujourd'hui
45:29 mais qui nous fait vibrer quand même
45:31 quand on oublie le commerce.
45:33 Alors, profitons pour lire un petit peu
45:35 les petits messages qui vous sont envoyés.
45:37 Beaucoup pour Charlotte Dornelas,
45:39 encore bravo à Charlotte Dornelas pour ses analyses.
45:42 Moi, j'aime Charlotte.
45:43 Un message pour Guillaume Bigot, je suis amoureux de...
45:46 Chère Christine, petit message pour...
45:47 Il n'est pas là ce soir, Guillaume Bigot.
45:50 C'est mon chouchou, s'il est libre, je suis preneuse.
45:52 Tenez-vous bien.
45:54 Des messages pour Marc Menand, des messages pour Dimitri,
45:57 des messages... Il n'y a pas de messages pour moi.
45:59 - Non, je rigole.
46:01 - En tout cas, merci de nous avoir déclaré
46:04 votre flamme à face à l'info.
46:06 Et on voit cela tous les soirs.
46:09 Revenons à cette actualité.
46:10 J'aimerais vous entendre sur plusieurs sujets
46:12 à propos de Pierre Palmade.
46:14 Est-ce qu'un fœtus est viable
46:16 et considéré comme viable juridiquement ?
46:18 Beaucoup de questions se posent.
46:19 Ça a été un peu glauque, si vous permettez l'expression.
46:22 Charlotte Dornelas, c'est ce que vous disiez tout à l'heure.
46:24 Ce moment où l'avocat des familles des victimes
46:26 déclare que l'enfant serait né viable,
46:29 mais une autopsie doit être engagée
46:31 pour savoir s'il est né viable ou pas,
46:34 pour savoir s'il y a une qualification d'homicide ou pas.
46:38 Cette question, pourquoi faut-il préciser
46:40 que sa notoriété n'entre pas en compte ?
46:42 Pourquoi ce paradoxe entre ce que ressent le Français,
46:46 cette futilité du chemsex,
46:49 et cette réalité du pouvoir d'achat ?
46:51 Mathieu Bocouty, ensuite Dimitri.
46:53 - Je reprends votre dernière question d'abord.
46:55 - J'en ai plein des questions.
46:56 - Combien ? Il y en a plusieurs.
46:57 Mais la dernière, vous parlez de la futilité du chemsex.
47:00 Alors moi, je regarde ça,
47:01 puis j'avouerais une forme un peu ambiante.
47:04 Je me suis toujours interdit de juger
47:06 ce qui se passe dans la vie intime des gens.
47:08 Je pense que la vie intime des gens
47:09 est suffisamment compliquée comme ça.
47:11 Même ceux qui se veulent les plus droits,
47:12 les plus nobles, les plus vertueux,
47:14 ont une part nombreuse, et ainsi de suite.
47:15 Et ça, c'est ma part libérale.
47:18 Je m'interdis de juger ce qui se passe
47:20 dans la vie privée des gens.
47:21 Ce qui ne m'interdit pas de constater
47:24 qu'il existe aujourd'hui des comportements autodestructeurs,
47:27 des comportements autodestructeurs
47:28 qui, eux, peuvent avoir un effet
47:29 sur la société dans son ensemble
47:31 et qui exigent qu'on y réfléchisse.
47:32 Et là, c'est votre question du chemsex.
47:34 En fait, c'est fascinant.
47:35 Depuis...
47:36 On n'a jamais autant prononcé ce mot
47:37 dans l'espace public que depuis 48 heures.
47:39 Et on voit, en fait...
47:41 Comment ne pas y voir, je le redis,
47:42 un comportement autodestructeur,
47:44 autodestructeur qui témoigne d'une société...
47:47 Puis ça fait un peu penser, je le disais,
47:48 à une scène de Welbeck,
47:50 qui témoigne d'une société où le sens est tellement absent
47:53 que la seule vérité,
47:54 c'est dans l'espèce d'exploration radicale des sens,
47:57 en forme dégénérée du marquis de Sade.
47:59 Alors, quand on regarde ça,
48:01 on se dit, oui, il y a le côté des élites dégénérées,
48:03 il y a le côté des élites décadentes, et ainsi de suite,
48:05 mais il y a aussi, je pense,
48:06 une société en quête de sens terriblement
48:09 et avec une tristesse infinie à travers ça.
48:11 - Et Dimitri, je relance encore sur le fait que
48:14 tout le monde est en train de compter son panier alimentaire.
48:18 Est-ce qu'il n'y a pas justement un paradoxe?
48:19 C'est là aussi où ça blesse, ça choque, ça interpelle.
48:22 Non?
48:23 - Oui, moi, c'est sur la justice, en fait,
48:25 que cette affaire m'interpelle,
48:26 parce qu'il y a deux déclarations qui m'ont un peu surpris.
48:30 Surpris. La première, c'est quand Pierre Palmade,
48:33 il entend assumer sa responsabilité.
48:35 Mais tu m'étonnes, tu m'étonnes.
48:37 Évidemment qu'il va l'assumer, il n'aura pas le choix.
48:39 - Il dit qu'il a honte, voilà, qu'il assumera.
48:41 - Je comprends son intention,
48:43 c'est-à-dire qu'il exprime déjà une forme de repentir.
48:45 Mais c'est assez étonnant quand même d'entendre ça
48:48 comme s'il avait la possibilité d'éviter d'assumer.
48:51 Et là, on entre tout de suite dans le fantasme.
48:53 Est-ce qu'il a des passe-droits?
48:55 Alors, c'est plus ou moins fondé, ces discussions-là.
48:58 L'autre déclaration, c'est quand la famille dit
49:00 qu'elle souhaite qu'il aille en prison.
49:01 La famille passe commande de la condamnation judiciaire.
49:05 - L'avocat.
49:06 - Voilà. Et là, en fait, on comprend, la famille,
49:08 elle exprime son intention de ne pas pardonner,
49:11 ce qui est tout à fait compréhensible.
49:12 Mais vous voyez, je disais cet après-midi sur Twitter,
49:14 un procureur qui a un compte Twitter anonyme,
49:17 ce n'est pas son vrai nom,
49:19 il disait, vous savez, ce genre d'histoire, l'affaire Palmade,
49:20 en fait, c'est tout le temps.
49:22 C'est des milliers de procédures chaque année.
49:24 C'est ce qui se passe derrière les chiffres
49:25 de la sécurité routière qu'on commente comme ça,
49:29 sur le chiffre, en commentant la hausse ou la baisse.
49:31 C'est la mort du fils du chef Yannick Alenau
49:33 il y a quelque temps de ça.
49:34 Vous voyez, c'est tous ces drames-là
49:36 de la sécurité routière, en fait.
49:37 Et l'affaire Palmade, en fin de compte, ça n'est que ça.
49:40 On s'y intéresse, on se passionne
49:42 pour les micro détails de cette affaire-là.
49:44 Mais si on prenait le temps de le faire
49:45 pour chacune des affaires,
49:47 des accidents de la route au quotidien,
49:49 on verrait qu'il y a les mêmes misères humaines,
49:52 il y a les mêmes tragédies, etc.
49:54 Et c'est peut-être aussi une soupape de respiration,
49:59 d'espoir aussi pour ces victimes silencieuses
50:02 dont on ne parle pas les autres jours.
50:03 Sur le pardon, je vous redonne la parole
50:05 parce que ça vous a interpellé,
50:06 mais pour vous aussi, Marc Menand,
50:07 est-ce que vous avez la même longueur d'onde que Dimitri
50:09 par rapport à cette notion...
50:10 Non, moi, je n'ai beaucoup plus...
50:12 Je peux terminer juste, mon chéri ?
50:14 Par rapport à cette notion de honte,
50:16 par rapport à cette notion d'excuse
50:18 de la part de Piet Palmade,
50:20 où la famille se dit tout de suite insensible ?
50:22 Non, mais moi, le cas particulier m'intéresse
50:25 parce qu'il doit nous obliger à réfléchir sur notre société,
50:30 qui est une société de la perdition.
50:32 C'est la société de la dévitalisation.
50:35 C'est la société de la perte de soi.
50:38 Perte de soi qui se voit dans la grosseur chez les individus,
50:42 que disait tout à l'heure Mathieu.
50:44 Aujourd'hui, 60% des gamins se retrouvent en surpoids
50:48 et sont menacés de l'obésité.
50:50 Les enfants, on les met sous ritaline très tôt
50:53 parce qu'on estime qu'ils ont des comportements
50:57 qui sont des comportements binaires.
50:59 Alors, il faut les réguler avec des médicaments,
51:02 les médicaments, les médicaments,
51:03 les somnifères, les anxiétidépresseurs.
51:06 Et dans tout cela, où est l'individu ?
51:08 L'individu n'existe plus en tant que tel.
51:11 On veut en faire une sorte de robot infantilisé.
51:14 Et ce robot n'a que quoi pour espoir d'existence,
51:18 pour espoir de vibration ?
51:19 Il n'a que la consommation.
51:22 Il doit simplement se goinfrer, s'il veut,
51:25 ce que l'on appelle les petits plaisirs.
51:27 Mais vous vous rendez compte, où est la notion de...
51:30 Quand on a des enfants qui, dès l'âge de 12 ans,
51:33 prennent du cannabis,
51:35 combien de gens prennent le volant avec,
51:37 après avoir fumé un pet,
51:39 comme on dit, "Oh, c'est pas bien grave."
51:41 Mais en plus du pet, on a pris un petit verre.
51:43 Et puis, en plus du petit verre,
51:45 on oublie que l'on prend des somnifères,
51:47 que l'on prend des médicaments,
51:48 tous les médicaments, il est écrit dessus,
51:50 "Attention pour les états de conduite."
51:53 Qui se pose la question ? Non !
51:55 On vit en insouciance...
51:56 C'est des gens, maintenant,
51:57 qui font des textos à 120 à l'heure,
52:00 sur la file de gauche, sur l'autoroute.
52:02 Ils se posent des questions ? Non !
52:04 On vit complètement abruti,
52:05 complètement dégénéré,
52:07 sans chercher à savoir ce que la vie peut nous apporter.
52:10 La vie, c'est la culture, c'est la langue,
52:13 la vie, c'est le goût de dépassement
52:16 par rapport à soi.
52:17 Dieu m'a donné quelque chose,
52:18 si on doit en Dieu, ou disons,
52:20 j'ai une capacité, comment je la révèle,
52:23 comment je m'exerce
52:24 à être dans l'excellence de moi-même.
52:26 C'est ça, la vie.
52:27 Tout à fait, c'est ça, la vie.
52:28 Et justement, il est question de vie.
52:30 Il est question de vie.
52:30 Je voudrais vous entendre, dans un instant,
52:32 sur la notion de vie
52:34 de cet enfant mort-né ou né-mort.
52:37 On se posera la question.
52:40 Charlotte, je reviens sur vous,
52:41 sur la question du pardon.
52:43 Et puis, je rappelle aussi que le 2 février,
52:45 on l'a appris ce soir, le 2 février dernier,
52:48 le nom de l'acteur apparaissait dans une affaire de drogue
52:50 avec un escort boy,
52:52 jugé devant la 14e chambre correctionnelle
52:55 du tribunal de Paris,
52:55 mais l'humoriste, lui, n'avait pas été poursuivi.
52:58 C'est une information aussi qu'on a appris ce soir.
53:01 La notion de pardon,
53:02 pour rebondir par rapport à Marc et Dimitri ?
53:05 Non, mais la notion de pardon,
53:06 c'est ce que je disais.
53:07 Je ne comprends,
53:08 je comprends assez mal
53:11 le fait de recevoir ça avec agressivité.
53:13 C'est-à-dire que ça ne change absolument rien
53:15 au processus judiciaire.
53:16 Il dit avoir honte et honnêtement,
53:19 il dit vouloir assumer ses actes.
53:21 En effet, je peux vous assurer que,
53:23 en garde à vue et dans les tribunaux,
53:26 c'est rarissime que les délinquants
53:28 reconnaissent avoir honte.
53:30 Et évidemment, là où il n'a pas le choix,
53:31 c'est qu'il a sa tête en une de tous les journaux
53:34 depuis trois jours,
53:35 ce qui n'est pas le cas de tous les délinquants,
53:36 loin s'en faut.
53:38 Mais il se trouve qu'il veut assumer ses actes.
53:41 La culture de l'excuse,
53:42 elle commence par les accusés eux-mêmes
53:43 qui disent en permanence que ce n'est pas de leur faute.
53:45 Là, au moins, il assume.
53:47 En droit pénal, l'homicide involontaire
53:49 ne peut être retenu pour un enfant
53:50 qui n'est pas encore né.
53:53 Il y a eu une jurisprudence en 2014
53:55 avec le tribunal correctionnel de Tarbes,
53:57 où ils avaient jugé un chauffard
53:59 responsable de la mort d'un enfant inutéreau.
54:01 Qui avait ensuite été affirmé en appel.
54:06 Qu'est-ce que ça vous évoque, Charlotte et ensuite Dimitri ?
54:08 On comprend quel est le malaise sur ce sujet en réalité.
54:12 C'est qu'aujourd'hui, dans le droit,
54:13 il n'y a pas de statut juridique pour le fœtus.
54:16 Pour la bonne et simple raison
54:17 que si on reconnaît un statut juridique,
54:18 on est très embêté sur la question de l'avortement
54:20 et notamment des avortements tardifs
54:21 ou des interruptions médicales de grossesse.
54:24 Et donc, on ne veut pas se poser cette question-là.
54:26 On ne veut pas l'établir.
54:28 Et donc là, on nous explique
54:29 qu'il va falloir faire une autopsie.
54:30 Donc évidemment, dans l'histoire,
54:31 tout le monde sait qu'elle a perdu un bébé.
54:32 On dit qu'elle a perdu son bébé.
54:33 En plus, elle était en fin de grossesse.
54:35 Mais dans le détail, il va falloir faire subir
54:37 une autopsie à ce petit bouchot,
54:40 en plus de la douleur déjà de la mère,
54:42 pour savoir s'il est né vivant,
54:45 même pendant un quart de seconde.
54:47 Parce que s'il est mort juste avant de naître,
54:49 eh bien, à circuler, il n'y a rien à voir.
54:50 Dimitri, ensuite, Mathieu, le mot de la fin.
54:53 Ça, c'est vrai que c'est le détail macabre.
54:55 Bominal.
54:57 Moi, je pense que ce n'est pas qu'on ne veut pas choisir.
54:59 Non, il y a un choix de société qui est fait
55:00 de ne pas reconnaître le sang de la personne au fœtus.
55:04 Parce qu'effectivement, comme disait le confrère,
55:07 ça ouvre des portes.
55:08 Est-ce que cette affaire Palma
55:10 est l'occasion de se poser, d'ouvrir ce genre de débat ?
55:12 Je n'en suis pas certain.
55:13 Non.
55:14 Mathieu, bon côté, dernièrement.
55:15 Dernièrement, on fait le contraste entre deux côtés.
55:17 L'innocence absolue que représente cet enfant qui n'est pas né.
55:20 Et de l'autre côté, les comportements autodestructeurs absolus
55:23 qui poussent à la destruction des autres.
55:25 C'est ce que je disais hier de manière un peu triste,
55:26 mais c'est la déchéance qui finit par écraser l'innocence.
55:29 D'un côté, on a quelqu'un qui a donné la mort
55:31 et d'un côté, on a une femme qui voulait donner la vie.
55:35 Merci à tous.
55:35 Excellente suite de programme.
55:36 "À tant que Pierre Palmade soit déferré",
55:46 ce sont les mots de Mourad Batik.
55:48 Il est l'avocat de la famille des victimes de l'accident
55:51 impliquant l'humoriste Vendredi soir.
55:54 Selon lui, la famille est insensible aux excuses présentées.
55:58 Elle espère également que la notoriété de Pierre Palmade
56:00 n'influera pas sur l'enquête.
56:03 Elisabeth Borne fait des concessions sur la réforme des retraites.
56:06 La Première ministre fait un nouveau pas vers les Républicains
56:09 dont elle espère le vote pour l'adoption du projet.
56:12 Elle annonce que les salariés ayant commencé à travailler avant 21 ans
56:17 n'auraient pas à cotiser plus de 43 ans pour partir à la retraite.
56:21 Et puis 30% des vols annulés à Orly ce jeudi.
56:25 Les prix des aéroports en région seront également affectés
56:28 selon l'aviation civile.
56:29 Conséquence de la 5e journée de mobilisation
56:32 contre la réforme des retraites.
56:34 De son côté, la SNCF annonce 4 TGV sur 5
56:37 et 1 TER sur 2 dans les régions.
56:40 ♪ ♪ ♪