• l’année dernière
Les manifestations seront donc interdites devant le Conseil Constitutionnel à quelques heures de la décision sur la réforme des retraites et le RIP… De quoi s’interroger sur le choix de Macron de faire peser sur les épaules de tout le monde le poids d’un problème politique qu’il a refusé de résoudre.

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Transcription
00:00 Une manifestation prévue devant le Conseil constitutionnel a été interdite par la préfecture
00:07 de police.
00:08 Et là on se dit qu'il se passe quelque chose.
00:10 Quand les citoyens en sont à manifester devant le Conseil constitutionnel, qui semblait
00:14 jusqu'à présent une espèce de réunion de vieux sages que certains pouvaient considérer
00:20 comme poussiéreux, c'est que le désaveu des citoyens envers les institutions devient
00:27 profondément inquiétant.
00:28 Et là on dit "bravo Emmanuel Macron".
00:31 Oui parce qu'en fait le principe c'est que Emmanuel Macron a reporté sur le Conseil
00:38 constitutionnel la crise démocratique et la décision qui devait être prise autour
00:43 de la réforme des retraites.
00:45 Il fait peser sur cette institution dont le rôle est purement juridique un problème
00:50 politique qu'il n'a pas voulu résoudre.
00:53 Et la situation est profondément dangereuse dans la mesure où, ce faisant, les citoyens
00:58 qui rejetaient l'ensemble des institutions se mettent à tourner leur haine et leur violence
01:06 pour ceux qui se laissent aller à sépultion contre les membres du Conseil constitutionnel.
01:10 Il suffit de regarder les réseaux sociaux.
01:12 Depuis deux semaines, ce sont les membres du Conseil qui sont visés nommément et menacés
01:20 de violences physiques.
01:21 Comment on en arrive à cette situation effarante ?
01:23 Tout simplement parce que, ne voulant pas répondre politiquement à ce qui est une
01:29 crise politique, Emmanuel Macron laisse croire que le Conseil constitutionnel va résoudre
01:37 la crise et qu'il a donc sur ses épaules le poids d'une décision, celle de valider
01:44 ou non le texte concernant la réforme des retraites, et que du coup cette décision
01:51 serait en elle-même politique, ce qu'elle n'est pas de la part du Conseil constitutionnel.
01:56 Alors, on ne va pas être naïf, le rôle du Conseil constitutionnel est certes totalement
02:01 juridique, mais l'interprétation des textes juridiques relève du politique au sens large,
02:09 bien entendu.
02:10 Et le Conseil constitutionnel est composé de membres qui sont des politiques et justement
02:16 pas des juristes, même si évidemment ils sont entourés, appuyés par des juristes.
02:22 Il suffit de rappeler que c'est par exemple Alain Juppé, Premier ministre, qui en 1996
02:29 a fait modifier la Constitution pour y introduire le fameux article 47.1, qui a été utilisé
02:35 par Emmanuel Macron pour obliger l'Assemblée à analyser rapidement et à discuter rapidement
02:44 la réforme des retraites, pour comprendre qu'il y a un imbroglio qui est éminemment
02:49 problématique, d'autant qu'en 1996, celui qui était monté au créneau contre cette
02:54 réforme constitutionnelle, c'était Laurent Fabius.
02:57 Passons sur le fait que des gens comme Jacques Mézard ou Jacqueline Gourault ont été ministres
03:03 d'Emmanuel Macron.
03:05 Donc, on ne croira pas évidemment qu'il n'y a pas une part, disons, de vision politique
03:12 dans la décision des juges.
03:14 Pour autant, elle se fait en droit.
03:17 Mais le problème n'est pas là.
03:20 Qu'ils interprètent l'usage du 47.1 comme abusif ou non ne changera rien au fait
03:27 que Emmanuel Macron a choisi de faire passer un texte en s'appuyant sur la dimension,
03:36 disons, autoritaire de la Ve République, contre la volonté d'une majorité de citoyens.
03:43 Et qu'il y a là donc un déni de démocratie que peut-être le Conseil constitutionnel
03:50 viendra valider juridiquement, mais qui jamais ne sera légitime politiquement.

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