Les enjeux de la réindustrialisation : les Français prêts à payer plus cher ? En toute subjectivité

  • l’année dernière
Avec Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite
Transcript
00:00 Guillaume Roquet, bonjour. Bonjour Nicolas Demorand.
00:02 Elon Musk a annoncé hier qu'il envisageait des investissements significatifs pour Tesla en France.
00:10 Guillaume, c'est un signe de plus de la réindustrialisation du pays ?
00:15 En tout cas c'est bien le message qui est envoyé.
00:17 Avec des annonces qui se succèdent à un rythme spectaculaire.
00:20 La semaine dernière, Emmanuel Macron, vous vous en souvenez, annonçait fièrement 13 milliards d'euros d'investissement étrangers pour 8000 emplois nouveaux.
00:28 Bon, pas tous dans l'industrie. Il y a aussi Ikea qui ouvre un centre logistique.
00:33 Mais quand même, l'implantation la plus spectaculaire c'était déjà celle d'un fabricant taïwanais de batteries pour voitures électriques à Dunkerque avec une Gigafactory.
00:42 C'est comme ça qu'on dit désormais pour parler d'une très grande usine qui créera 3000 postes à elle toute seule.
00:48 La bonne nouvelle c'est donc que oui l'industrie recrée des emplois en France, notamment grâce aux investisseurs étrangers.
00:55 Mais il faut quand même dire qu'on part de très très loin.
00:59 Prenons l'exemple de l'automobile. On a fabriqué 1 300 000 voitures en France l'année dernière.
01:04 Alors qu'on en produisait presque 3 fois plus il y a 20 ans.
01:08 Et le secteur a perdu 100 000 emplois rien que ces 5 dernières années.
01:13 Il faudra beaucoup, beaucoup d'usines de batteries pour compenser cette saignée.
01:17 Et vous pensez que c'est mission impossible, Guillaume ?
01:19 Il faut d'abord se poser une question simple. Pourquoi Renault ou Stellantis, anciennement PSA,
01:26 sont-ils partis en Slovaquie, au Maroc, en Turquie ou en Slovénie pour fabriquer une grande partie de leurs véhicules ?
01:33 Eh bien parce que le coût du travail était moins cher qu'en France, évidemment.
01:36 Et c'est toujours le cas. Donc la réindustrialisation ne peut concerner que des productions à haute valeur ajoutée.
01:44 Ou alors il faudrait accepter de payer plus cher des produits made in France.
01:48 Et ça c'est vraiment compliqué à un moment où les gens sont omnubilés par la baisse de leur pouvoir d'achat.
01:54 Vous savez que la Banque de France a calculé qu'un ménage français économisait en moyenne 1000 euros par an
02:00 en achetant des produits bon marché fabriqués à l'étranger.
02:04 En fait le seul moyen de compenser partiellement ce différentiel, ce sont les baisses de charges et les aides publiques.
02:09 Et tant pis si ça fait crier une partie de la gauche qui dénonce les cadeaux que l'État fait au patron.
02:15 Et puis il y a un autre obstacle de taille au retour des usines en France.
02:19 Ce sont les normes.
02:21 Les écologistes se sont étranglés quand ils ont entendu, encore la semaine dernière,
02:25 Emmanuel Macron demander, je cite, "une pause réglementaire européenne sur les normes environnementales".
02:32 Mais le chef de l'État avait raison.
02:34 Nous sommes déjà les plus sévères au monde dans le contrôle des pollutions, ce n'est vraiment pas la peine d'en rajouter.
02:40 Ou alors il ne faudra pas venir pleurer sur la disparition des ouvriers et la désertification des territoires.
02:47 Guillaume Roquet, merci et à mardi prochain.

Recommandée