Grand Angle exclusif - Patrick Buisson : Le féminisme, l’idiot utile du capitalisme !

  • l’année dernière
Après "La fin d'un monde", Patrick Buisson publie un nouveau livre coup de poing : "Décadanse". Après avoir accordé une place centrale à la déchristianisation dans le parcours de décivilisation de nos sociétés, Patrick Buisson, décrypteur des passions françaises, met frontalement en cause la libération des mœurs, la désinhibition. Au risque de soulever les polémiques voire les incompréhensions, l’écrivain pointe du doigt toutes les étapes qui ont mené à la prédominance de la société de consommation. De l’homo economicus à l’homo eroticus. Patrick Buisson passe en revue la déchéance du Pater familias, la fausse émancipation de la femme par le travail, la contraception et l’avortement, coupables désignés de l’arrêt de la vitalité démographique française.

L’auteur analyse scrupuleusement la déconstruction de la femme mère, de la femme-épouse et démontre que la sexualisation du corps de la femme n’a pas été une source de libération mais d’emprisonnement. Pour lui, les grandes lois sociales dites émancipatrices n’ont été qu’un marché de dupes marquant la fin du patriarcat qui protégeait les femmes et la victoire brutale de la phallocratie.

A la fin de l’entretien, qui ne manquera pas de faire réagir, Patrick Buisson retrouve ses analyses de conseiller politique pour évoquer 2027 et démontrer les limites du Marinisme, du RN par les chiffres. Une analyse politique qui va être l’objet d’un échange tendu, à retrouver sur TVL.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 [Générique]
00:06 Décadence, l'ouvrage est le deuxième tome d'une oeuvre qui s'annonce à bien des égards magistrales
00:10 après la fin d'un monde chez Albain Michel.
00:12 Patry Buisson publie Décadence chez Albain Michel, toujours et en vente bien évidemment sur le site TVL.fr,
00:18 sur la boutique TVL.fr.
00:20 Patry Buisson, bonjour.
00:21 Bonjour Martial.
00:22 Merci d'être avec nous sur TV Liberté.
00:24 Nous en étions restés aux 15 piteuses de 1960 à 1975 qui ont fabriqué, disiez-vous, dans la fin d'un monde,
00:33 qui a fabriqué l'homme nouveau, l'homo economicus, l'homme réduit au simple rang de consommateur.
00:39 Et on reprend le fil de l'histoire avec Décadence, une référence quand même surprenante à Gainsbourg
00:45 qu'on va retrouver d'ailleurs tout au long du livre.
00:47 Gainsbourg vous inspire.
00:48 Pour le meilleur et pour le pire.
00:49 Pour le pire, ce n'était pas simplement qu'un chanteur, il a incarné une époque.
00:54 De manière, c'était le grand transgresseur, ou le grand transgressif, comme vous voulez.
01:00 Quand on écoute d'ailleurs la chanson qui marque cette époque, Je t'aime moi non plus,
01:05 ce tube qui effectivement était une provocation,
01:09 elle se termine par les paroles inattendues chez Gainsbourg, que personne n'a entendues d'ailleurs,
01:15 l'amour physique est sans issue.
01:17 On vit la révolution sexuelle, la grande libération qui va nous débarrasser de cette oppression extraordinaire
01:23 qui a pesé sur l'homme pendant des siècles.
01:27 Et Gainsbourg qui est la figure de cette libération, dit "ben non, vous faites fausse route".
01:33 C'est à la fois curieux, paradoxal, et en même temps, c'est une introduction au propos de Décadence,
01:41 après le volet du sacré que j'ai essayé d'explorer dans La fin d'un monde.
01:45 Je me suis intéressé à la révolution dans le monde du profane,
01:50 avec un fil conducteur qui me paraît limpide.
01:55 L'anthropofacture, la fabrique d'une nouvelle humanité qui est en cours durant ces années-là,
02:03 a finalement le même objectif, quel que soit l'ordre ou le domaine où elle s'exerce.
02:11 Réduire l'homme, son identité, à ce qu'il a de plus impersonnel.
02:19 La sexualité et la consommation.
02:22 On va consommer de la marchandise, comme on consomme des corps, comme on consomme du sexe.
02:28 Rien n'est plus impersonnel que le sexe.
02:31 69 positions, quelques perversions en plus, mais elles ont été explorées déjà depuis des millénaires.
02:38 Eh bien, c'est le passage de l'homo religiosus, habité par la notion du sacré, à l'homo economicus,
02:45 qui lui-même engendre l'homo eroticus, et l'objet de ce second temps.
02:51 On passe de l'homo economicus à l'homo eroticus,
02:55 de la déchristianisation évoquée dans La fin d'un monde,
02:59 dans le parcours de décivilisation de nos sociétés,
03:02 là vous mettez en cause directement, et au risque quand même d'être totalement incompris,
03:06 pardonnez-moi de le dire, vous mettez en cause la libération des mœurs, la désinhibition.
03:11 Alors, j'ai bien conscience de toucher au nouveau sacré.
03:15 C'est un acquis, pas social, c'est un acquis.
03:17 Ah, c'est un acquis qui commence à être remis en cause sous bien des aspects,
03:21 on en parlera dans un instant.
03:24 L'homme réduit à ce qu'il consomme, le corps ou le sexe.
03:27 Oui, c'est vrai, cette libération sexuelle a été présentée comme l'acte transgressif par excellence,
03:33 l'acte subversif par excellence.
03:35 Alors que ça va devenir rapidement, et pour cause, on en parlait à l'instant,
03:39 le lieu de tous les conformismes finalement.
03:42 Et c'est ce qui caractérise l'époque, au nom de l'individualisation,
03:47 on va assister à une homogénéisation parfaite, je veux dire,
03:51 on met en avance la personnalité et on efface la personne.
03:57 C'est l'enjeu de cette période, c'est-à-dire un phénomène,
04:02 une entreprise d'ingénierie sociale qui consiste, au nom de l'affirmation de la personnalité,
04:09 à faire disparaître la personne dans sa dualité, c'est-à-dire corps et âme.
04:14 Car, je consacre plusieurs chapitres à ce sujet,
04:17 il y a aussi un projet de transformation du corps,
04:21 qui n'est évidemment pas innocent.
04:26 La période se caractérise par l'impensée du corps maternel.
04:30 Vous regardez toute la publicité et la mode,
04:32 ce sont des filles de type androgyne, filiformes,
04:36 Longeline, Françoise Hardy par exemple,
04:39 Jeanne Birkin, Marlène Jobert,
04:43 dont la silhouette s'il entre la gamine et le squelette,
04:48 mais il n'y a plus la figure de la mère.
04:50 La Venus génitrix, la femme des sculpteurs, Mayol, Rodin,
04:57 a totalement disparu.
05:00 Cela coïncide avec la plongée, le collapsus démographique
05:04 auquel on assiste durant cette période.
05:06 On est toujours sur cette période-là,
05:08 et on va y rester dans cet ouvrage,
05:10 parce que c'est une époque charnière pour vous,
05:12 une période charnière.
05:14 Dans les années 60,
05:16 vous pointez du doigt tout d'abord le rôle de la publicité
05:19 et la transformation, et ça c'est quand même essentiel,
05:21 vous dites que c'est même un tournant fatal,
05:23 de la jeunesse en marché et des jeunes en consommateur.
05:28 Et ça c'est vraiment un processus,
05:30 la jeunesse devient à part entière un acteur économique,
05:34 différencié des parents.
05:36 Le capitalisme est une machine qui tourne bien,
05:39 qui pense et qui agit,
05:41 et qui veut élargir le marché.
05:43 Et à la fin des années 50,
05:46 deux catégories de population sont ciblées
05:48 comme des marchés potentiels,
05:50 les femmes et les jeunes.
05:52 Les femmes, le capitalisme, les rêves,
05:55 salariées et acheteuses,
05:57 et ce sont l'intérêt d'augmenter le nombre de consommateurs
06:01 et de consommatrices, et d'ailleurs les enquêtes de Pillon le disent,
06:04 ce sont les deux catégories qui considèrent le moins l'épargne
06:08 et qui consomment le plus, les jeunes et les femmes.
06:11 Les femmes vont faire des salariés,
06:13 et il y a un intérêt convergent évident entre le dessin du capitalisme,
06:18 même de ce qu'on va appeler le féminisme d'État,
06:20 puisque cela va déteindre sur les politiques publiques,
06:25 et le féminisme.
06:27 Le féminisme considère que la maternité
06:29 est la principale source d'inégalité dans le travail,
06:33 dans la mesure où il interrompt des carrières,
06:36 là on parle d'une population qui est plutôt une population bourgeoise,
06:40 mais qui a bien repéré ça,
06:42 et le capitalisme effectivement
06:44 va chercher
06:46 d'armer de réserve
06:48 du côté de cette manœuvre féminine
06:50 dans les années 60 pour en faire des consommatrices.
06:54 D'une certaine manière, le féminisme a été l'idiot utile du capitalisme,
06:58 parce que ce n'est pas…
07:00 on a adapté le corps féminin
07:02 aux exigences du marché.
07:04 La pilule, la contraception, la loi sur l'avortement
07:08 ne naissent pas par hasard.
07:10 Il faut effectivement faire de la femme
07:12 un travailleur comme les autres,
07:14 comme un homme, voilà.
07:16 Et ce qui est d'ailleurs très curieux,
07:18 c'est qu'on propose à la femme,
07:20 on a une libération d'émancipation hypothétique,
07:22 comme modèle, l'excellence masculine.
07:24 D'ailleurs Simone de Beauvoir n'aura que ça durant sa vie.
07:26 Elle critique l'administration masculine,
07:28 mais elle porte sa râteau pinacle
07:30 et sa référence, c'est le comportement des hommes.
07:34 Donc elle veut faire de la femme
07:36 un homme comme un autre, finalement.
07:38 Et le véritable dessein du féminisme,
07:42 ce n'est pas le contrôle des naissances,
07:44 c'est de libérer les femmes
07:46 de leur destin naturel,
07:48 qui était la maternité,
07:50 jusqu'à là, au moins.
07:52 - Ça va être quand même très polémique.
07:54 Je poursuis sur ce que vous dites,
07:56 c'est quand même très polémique,
07:58 parce que vous avez toute une description,
08:00 une évocation de la déchéance du rôle du pater familia,
08:02 c'est-à-dire la déchéance, le meurtre,
08:04 on a assisté au meurtre du père.
08:06 Et ça, là je crois que tout le monde peut vous suivre,
08:08 mais alors quand vous abordez la femme,
08:10 vous semblez remettre en cause
08:12 quand même son émancipation par le travail,
08:14 sa libération par la contraception
08:16 et l'avortement.
08:18 - Les femmes n'ont pas été contraintes.
08:20 Je sais bien que les maîtres de la propagande,
08:22 de la propagande disaient qu'il ne fallait pas contraindre
08:24 pour arriver à imposer son point de vue,
08:26 mais néanmoins,
08:28 cette émancipation, les femmes la recherchaient,
08:30 elles l'ont pas attendue des années 60.
08:32 Les combats commençaient dans les années 20, 10.
08:34 - Vous l'allez réclamer des droits politiques,
08:36 dans les années 1910, 1920,
08:38 contre la République,
08:40 qui refusait de leur accorder le droit de vote,
08:42 alors que toutes les monarchies européennes
08:44 leur avaient accordé.
08:46 - Alors essayons de ne pas mélanger les choses.
08:48 D'abord, je n'ai pas répondu à votre question sur la jeunesse.
08:50 Je vous ai dit, ben oui, il y a deux marchés potentiels
08:52 que le capitalisme a ciblé et qu'il va développer,
08:54 avec d'ailleurs,
08:56 effectivement, ce phénomène extraordinaire
08:58 qui est le rock'n'roll,
09:00 qui est un produit de consommation
09:02 en lui-même, parce qu'il génère
09:04 une attitude, une mode vestimentaire,
09:06 ce que le philosophe
09:08 Marxiste Kouska
09:10 appellera la liberté de l'uniforme.
09:12 Tout le monde va s'habiller de la même manière
09:14 de l'émancipation et la soumission
09:16 à l'ordre économique chez les jeunes
09:18 va être présentée comme une modalité
09:20 de la révolte
09:22 contre le système. Voyez la figure de James Dean,
09:24 même, d'une certaine manière, celle de
09:26 Johnny Holiday, le blouson noir, le rocker,
09:28 c'est une figure, là aussi, de subversion,
09:30 alors que finalement, c'est le support
09:32 et l'homme sandwich
09:34 de la révolution consumériste qui est en train
09:36 de se mettre en place. Le rock va être l'incubateur
09:38 d'une conscience de classe générationnelle,
09:40 le début de la culture monde, si vous voulez.
09:42 Mais cette culture monde, elle a l'objectif
09:44 vendre, vendre de la marchandise,
09:46 si vous voulez, et
09:48 l'homme réduit à ce qu'il consomme,
09:50 une fois de plus.
09:52 Et pour amorcer un début
09:54 de réponse à votre question
09:56 sur ce que vous appelez une remise en cause,
09:58 j'essaye de comprendre. J'apporte des éléments,
10:00 vous me parlez du travail
10:02 féminin. Le travail féminin, il a toujours existé.
10:04 C'est la modalité
10:06 du travail féminin qui change,
10:08 c'est-à-dire l'apparition et le développement du salariat.
10:10 Les femmes travaillent dans
10:12 les exploitations agricoles, les femmes travaillent
10:14 en tant qu'épouse d'artisans ou de commerçants
10:16 et le pourcentage
10:18 de femmes actives est resté à peu près le même,
10:20 autour de 35-36%
10:22 durant
10:24 le XXème siècle. Ce qui est nouveau,
10:26 c'est l'arrivée sur le marché
10:28 à partir de 1970,
10:30 des classes féminines diplômées
10:32 qui ont effectivement
10:34 des objectifs et une logique très différente
10:36 de
10:38 les femmes des milieux populaires.
10:40 Les femmes des milieux populaires,
10:42 lorsqu'elles ont vu la mer trimer à l'usine,
10:44 elles ne veulent pas travailler.
10:46 Il n'y a aucune revendication du travail
10:48 et d'ailleurs, l'honneur ouvrier,
10:50 c'est de faire en sorte que la femme ne travaille pas.
10:52 C'est considéré comme une question
10:54 de standing social, de déchéance.
10:56 La classe ouvrière, il faut bien le voir,
10:58 est le conservatoire
11:00 des mœurs au XXème siècle,
11:02 alors qu'au XIXème siècle,
11:04 elle apparaissait comme transgressive.
11:06 On pratiquait l'union libre dans les milieux ouvriers
11:08 au XXème siècle.
11:10 On est mariés, on ne divorce pas.
11:12 L'avortement, il est beaucoup moins important
11:14 dans les catégories de classe moyenne
11:16 ou la bourgeoisie.
11:18 J'allais devant Vermerch,
11:20 l'épouse de la compagne de Maurice Thorez,
11:22 secrétaire général du Parti communiste,
11:24 décrit l'avortement comme un vice-bourgeois.
11:26 Ça, c'est logiquement, elle a bien repéré
11:28 de qui il était question.
11:30 Et vous le savez, en fait,
11:32 de patriarcat dans les familles ouvrières,
11:34 même si l'homme essaie de maintenir
11:36 une forme d'autorité,
11:38 c'est un matriarcat budgétaire qui prévaut.
11:40 L'homme remet sa paie à la femme.
11:42 On paye encore, d'ailleurs,
11:44 à la fin de la semaine.
11:46 Et ce sont ces mœurs populaires
11:48 qui sont considérées, d'ailleurs,
11:50 par la bourgeoisie,
11:52 comme des archaïsmes.
11:54 Il y a toujours eu, à l'égard
11:56 des classes laborieuses,
11:58 dites classes dangereuses par l'historien
12:00 Michel Vallier, formidable historien,
12:02 un espèce de mépris
12:04 de la part des classes bourgeoises.
12:06 C'est très intéressant parce que
12:08 dans la campagne pour libéraliser
12:10 l'avortement,
12:12 cette même bourgeoisie va mettre en avant
12:14 le fait que
12:16 les femmes
12:18 des milieux défavorisés
12:20 n'ont pas les moyens d'accéder
12:22 à l'avortement en Suisse,
12:24 en Hollande, et finalement,
12:26 les avortements clandestins
12:28 touchent surtout cette catégorie populaire.
12:30 C'est faux.
12:32 Quand on aura les premiers chiffres
12:34 après l'application de la loi Veil,
12:36 en 1976,
12:38 on se rendra compte que
12:40 les mères de familles de nombreux ouvrières
12:42 représentent 8% de la population
12:44 des avortés,
12:46 et les femmes d'ouvriers
12:48 ou des milieux populaires, moins
12:50 de 25%, alors que
12:52 la classe ouvrière,
12:54 à l'époque, représente
12:56 35% de la population.
12:58 Il y a toujours eu,
13:00 à l'égard de la prolificité
13:02 du monde ouvrière, une grande défiance de la bourgeoisie.
13:04 Beaucoup trop d'enfants, ça coûte cher,
13:06 avec ce portrait
13:08 qu'on faisait la littérature du 19ème,
13:10 et notamment Zola dans "La Semoire".
13:12 Ce sont des gens irresponsables.
13:16 Il y a dans la volonté
13:18 d'imposer
13:20 une contraception,
13:22 une nouvelle contraception,
13:24 techniquement très efficace,
13:26 la volonté de mettre fin
13:28 à cette prolificité ouvrière.
13:30 Et d'ailleurs, le Parti Communiste,
13:32 dans les années 45-60, ne cesse de développer
13:34 ce thème, en disant, au fond,
13:36 la force du prolétariat, c'est sa démographie,
13:38 et donc il constitue une menace,
13:40 et il est ressenti comme tel par la bourgeoisie.
13:42 - Démographie, là aussi,
13:44 vous brisez un tabou
13:46 en faisant un lien
13:48 entre contraception, avortement,
13:50 et arrêt de la vitalité démographique
13:52 dans le pays.
13:54 Et un lien, là, vous le faites,
13:56 rarement, il a été fait,
13:58 rarement. - Il a été fait par tous
14:00 les démographes un peu sérieux,
14:02 notamment par celui qui était le président de l'INED à l'époque
14:04 et titulaire de la chaire de démographie au Collège de France,
14:06 je parlais d'Alfred Sauvy.
14:08 Simone Veil, quand elle présente
14:10 Simone Veil, quand elle présente
14:12 sa loi
14:14 régularisant,
14:16 libéralisant,
14:18 l'avortement,
14:20 elle dit "ça n'aura pas d'effet sur la démographie".
14:22 Les avortements
14:24 légaux vont remplacer les avortements
14:26 clandestins. En gros, c'est ce qu'elle explique
14:28 à la trémine de l'Assemblée. C'est faux.
14:30 Elle le sait d'ailleurs. On a
14:32 sous les yeux l'expérience du bloc soviétique
14:34 qui a libéralisé
14:36 l'avortement dans les années 50-60,
14:38 la Roumanie, la Hongrie, la Tchécoslovaquie,
14:40 et où
14:42 la natalité s'est
14:44 effondrée, le taux de fécondité des femmes
14:46 s'est effondré.
14:48 S'apercevant de cela,
14:50 le régime communiste, le bloc de l'Est,
14:52 va revenir en mettant
14:54 à nouveau des lois plus restrictives
14:56 et la démographie va repartir.
14:58 Et les chiffres sont là.
15:00 La conjonction d'une...
15:02 La contrarie a toujours existé en France.
15:04 Nous étions au XIXe siècle, le pays qui avait
15:06 le plus faible taux de natalité.
15:08 L'historien
15:10 Moho, en 1788,
15:12 disait "on trompe la nature dans le
15:14 moindre village". Il y avait déjà
15:16 des préservatifs,
15:18 les droits étaient interrompus, les trintes réservées,
15:20 il y avait déjà une forme de
15:22 multigénisme. Ariès
15:24 s'étonnait du fait qu'on puisse
15:26 raisonner comme si la contraception
15:28 n'existait pas. Elle existait.
15:30 Elle était même relativement efficace
15:32 et elle avait un effet, d'ailleurs,
15:34 c'est que les femmes
15:36 obtenaient le nombre d'enfants désirés.
15:38 2,5 enfants désirés
15:40 par femme, c'est curieux,
15:42 mais c'est des chiffres
15:44 arithmétiques, 2,5
15:46 obtenus. Vous voyez ?
15:48 Et ça ne sera plus le cas après la loi Veil.
15:50 C'est-à-dire qu'il y aura toujours le même
15:52 nombre en ce qui concerne le désir d'enfant,
15:54 les femmes valent entre 2 et 3 enfants,
15:56 pour faire simple, et elles vont en obtenir
15:58 moins de 2.
16:00 À partir du moment où l'arsenal chimique,
16:02 le stérilet,
16:04 entre en vigueur, si vous voulez,
16:06 la conjonction de la loi Veil et
16:08 des lois sur la contraception,
16:10 il y en a deux, celle de Neuviez et celle de Veil,
16:12 va avoir cet effet très particulier.
16:14 Il faut bien comprendre que
16:16 ces lois ont échoué.
16:18 Ces lois sont un fiasco, on regarde
16:20 les objectifs qu'elles affichaient.
16:22 La loi Neuviez et la loi Veil de
16:24 décembre 1974, la deuxième loi sur la contraception,
16:26 disent "il faut la contraception
16:28 comme remède à l'avortement".
16:30 Et bien non seulement, ce n'est pas un remède,
16:32 ce n'est pas donc une alternative,
16:34 mais c'est complémentaire.
16:36 En fait, on va voir que l'avortement est le service
16:38 appréhérente de la contraception.
16:40 Échec des lois sur la contraception.
16:42 La loi Veil a pour objectif de s'adresser
16:44 à quoi ? C'est dans l'article 2
16:46 de la loi Veil, c'est un
16:48 ultime recours pour les
16:50 situations de détresse.
16:52 À l'usage, on comprendra très vite, et Jean Foyer
16:54 à la tribune de l'Assemblée
16:56 dit "non, ce sera l'avortement de convenance".
16:58 Et c'est l'avortement de convenance
17:00 qui s'est imposé. Donc ces lois
17:02 par rapport à leur objectif,
17:04 les politiques publiques, ont échoué.
17:06 Et pourtant, elles sont
17:08 unanimement, et vous le soulignez à l'instant,
17:10 où on... là je touche
17:12 effectivement au nouveau sacré,
17:14 parce que je dis des choses qui sont des réalités,
17:16 mais qu'il ne faut pas dire.
17:18 - Paris, 1823, la gauche refuse de faire
17:20 un lien entre la baisse de la natalité
17:22 en France, une baisse de la politique nataliste,
17:24 avec le fait qu'il y a un problème
17:26 du coût des retraites. - Eh bien, écoutez,
17:28 la gauche refuse ça, mais la réalité,
17:30 regardons les chiffres, mettons les choses à plat,
17:32 1973,
17:34 857 000 naissances.
17:36 Après la 2e loi Veil sur la contraception
17:38 et la loi Veil sur l'avortement,
17:40 1976,
17:42 720 000 naissances.
17:44 Taux de fécondité des femmes,
17:46 73, on est encore à 2,5.
17:48 77, 78,
17:50 on tombe entre un 8
17:52 et un 9. La politique
17:54 familiale, qui était
17:56 le consensus de toute la classe politique
17:58 en 45, du parti communiste
18:00 au RPF, en passant par la démocratie chrétienne,
18:02 ce que j'appelle la Sainte Alliance,
18:04 de la Faussille et du Goupillon, tout le monde était d'accord,
18:06 il y avait encore une culture du bien commun,
18:08 il faut une politique d'Ataliste, car
18:10 selon la formule de Comte,
18:12 la démographie, c'est le destin des peuples.
18:14 Bon, eh bien, tout le monde est d'accord là-dessus.
18:16 Les allocations
18:18 familiales, l'allocation de salaire
18:20 unique, c'est une politique,
18:22 non pas de redistribution,
18:24 d'assistance, mais de rétribution.
18:26 La nation
18:28 rétribue le service rendu
18:30 par les femmes à la collectivité,
18:32 quelle que soit leur situation sociale
18:34 et leur niveau de ressources.
18:36 Il n'y a pas de conditions
18:38 liées aux ressources,
18:40 ou plafonnement lié au niveau de fortune
18:42 des couples. Vous comprenez bien la différence
18:44 entre redistribution et rétribution.
18:46 Cette politique là,
18:48 elle prévaut jusqu'en 1965,
18:50 1970,
18:52 elle a permis l'extraordinaire
18:54 baby-boom qui va de 1942,
18:56 parce qu'elle commence sous l'État français,
18:58 avec l'allocation de salaire unique,
19:00 jusqu'aux années 62, 63,
19:02 65, 65, c'est la césure.
19:04 Bien, alors
19:06 la démographie est la seule
19:08 chance humaine exacte.
19:10 Vous me dites, la gauche peut dire tout ce qu'elle veut,
19:12 la réalité c'est ça, ça ne sert à rien
19:14 de défiler, de manifester,
19:16 de gesticuler dans la rue aujourd'hui
19:18 en pleurant après les années
19:20 de retraite perdues. Les années de retraite
19:22 perdues, ce sont les enfants que l'on n'a
19:24 pas eus. Dans le régime de répartition,
19:26 il y a un enjeu matriciel,
19:28 celui des cotisants
19:30 liés au nombre d'actifs.
19:32 Ça c'est de l'arithmétique, ce n'est pas de l'idéologie
19:34 et ce n'est pas de la politique.
19:36 Donc cette réalité c'est que quand
19:38 Simone Veil monte à la tribune
19:40 au mois de novembre 1974,
19:42 elle dit "Bien sûr, ma loi
19:44 sera accompagnée", parce qu'il faut qu'elle donne des gages
19:46 à la majorité gaulliste, qui est hostile
19:48 à ce projet de loi.
19:50 "Ma loi s'accompagnera d'une grande
19:52 loi d'accompagnement sur la politique familiale."
19:54 Elle n'a jamais
19:56 existé cette loi derrière.
19:58 C'est-à-dire que le revirement
20:00 de la politique familiale à partir des années 1970
20:02 sous Chaban, qui consiste
20:04 à plafonner les allocations
20:06 familiales en fonction du niveau de ressources
20:08 des familles.
20:10 Simone Veil
20:12 promet en fait une politique de soutien
20:14 aux mères en détresse,
20:16 qui est, si j'ose dire,
20:18 la pilule pour faire passer la loi
20:20 sur l'avortement auprès de la majorité de droite
20:22 qui traîne les pieds. Vous le savez,
20:24 les deux tiers de ses députés ne la voteront pas,
20:26 voteront contre la loi
20:28 de Simone Veil. Cette politique
20:30 d'accompagnement, elle n'aura jamais lieu,
20:32 elle ne sera pas mise en place. Et là, c'est
20:34 une rupture qui fait que nous allons
20:36 payer les conséquences de tout ça.
20:38 J'ai été frappé, et je pense que ça
20:40 devrait intéresser vos
20:42 téléspectateurs,
20:44 par les débats
20:46 à l'Assemblée nationale
20:50 au cours de
20:52 la loi Veil.
20:54 Qu'est-ce qui se passe ?
20:56 La plupart des députés gaullistes
20:58 montent à la tribune.
21:00 Michel Debray, Pierre Basse,
21:02 Jean Foyer, pour dire
21:04 tous à peu près la même chose. Le concept
21:06 de grand emplacement n'existe pas,
21:08 Renaud Camus ne l'a pas encore inventé.
21:10 Tous disent "attention madame",
21:12 et notamment ce sont les paroles de Michel Debray.
21:14 Vous faites là une erreur
21:16 historique monumentale.
21:18 Prenez garde madame, des populations
21:20 ont fait le choix de rajeunir,
21:22 d'augmenter,
21:24 de croître aux portes
21:26 de chez nous, sur le bassin
21:28 méditerranéen, alors que nous allons
21:30 faire le choix de diminuer
21:32 et de vieillir. Ce fil rouge,
21:34 on le retrouve dans toutes
21:36 les interventions des députés gaullistes.
21:38 Alors, exprimé de façon plus ou moins
21:40 abrupte, la peur
21:42 effectivement que la dénatalité
21:44 entraîne une subversion
21:46 migratoire. Nous sommes
21:48 là en novembre 1974.
21:50 Un an auparavant est paru
21:52 le livre de Jean Aspaille, le Candescent,
21:54 en 1973,
21:56 qui commence à sensibiliser l'opinion
21:58 à cette perspective.
22:00 C'est toujours très présent, c'est même cause
22:02 substantielle au nationalisme,
22:04 la peur de la dénatalité, c'est la peur finalement
22:06 de perdre de la puissance vis-à-vis
22:08 de l'étranger, pas simplement de la puissance,
22:10 son identité, son histoire,
22:12 ses mœurs, son patrimoine. De voir
22:14 tout cela recouvert.
22:16 Alfred Sauvy lance un avertissement
22:18 qui va pour à la fois le gouvernement
22:20 français et pour le gouvernement allemand qui prend
22:22 le même choix à ce moment-là
22:24 en disant
22:26 "un peuple qui arrête
22:28 la reprogrammation de la vie,
22:30 qui arrête la reproduction de la vie,
22:32 est un peuple qui consent
22:34 à son déclassement, qui consent
22:36 à sortir de l'histoire", dit Sauvy.
22:38 Le mot de remplacement n'est pas là,
22:40 mais c'est exactement la même idée.
22:42 Personne à l'époque n'a eu l'idée
22:44 de traiter Sauvy, de Bray,
22:46 de l'égoliste, de raciste, de xénophobe,
22:48 de complotiste,
22:50 de gens qui sont... Et d'ailleurs
22:52 quand on voit la logique
22:54 des choses, qui aujourd'hui
22:56 s'oppose de la manière
22:58 la plus virulente à une politique familiale ?
23:00 On a vu quelques tentatives
23:02 brûler au taillot au Sénat.
23:04 Quelques députés et reines ont tenté
23:06 d'intrôler les amendements, prenant en compte
23:08 les carrières des mères de famille,
23:10 et réintroduisant
23:12 ce paramètre. Qui est le plus violent
23:14 contre ça ?
23:16 Les écolos et les insoumis.
23:18 Madame Rousseau,
23:20 avec l'élégance
23:22 qui la caractérise,
23:24 lâchez nos utérus.
23:26 Il y a eu
23:28 une grande mutation au cours de cette
23:30 campagne présidentielle qui est finalement
23:32 passée plutôt inaperçue.
23:34 En tout cas, elle a été aperçue par
23:36 quelqu'un qui fait des travaux très intéressants,
23:38 c'est Pierre-Alexandre Taguef, qui a fait un livre sur le grand remplacement.
23:40 Et qui dit que jusqu'à présent,
23:42 à gauche, on était
23:44 promigrants, mais on n'osait pas
23:46 s'afficher comme promigration.
23:48 On y mettait les formes.
23:50 On essayait de fémiser,
23:52 on employait l'élite haute,
23:54 on n'y disait pas les choses crûment.
23:56 Pour la première fois, Jean-Luc Mélenchon
23:58 a mis les cartes sur la table.
24:00 Il a parlé de créolisation.
24:02 L'avenir,
24:04 c'est un peuple entièrement créolisé
24:06 qui remplace le peuple
24:08 historique. Vous voyez, promigrants,
24:10 on est encore dans le compassionnel humanitaire.
24:12 Promigration, on est
24:14 vraiment dans un projet remplaciste.
24:16 Et c'est ceux qui s'opposent
24:18 le plus violemment aux mesures en faveur
24:20 de la famille.
24:22 Comme M. Macron, qui n'a pas rétabli
24:24 le caractère universel des allocations familiales.
24:26 Hollande
24:28 a encore replafonné,
24:30 en mettant une autre couche à ce qui avait été déjà
24:32 détricoté depuis 20 ans ou 30 ans
24:34 en France. Et donc là, nous payons
24:36 les conséquences arithmétiques des choix
24:38 faits par nos politiques
24:40 depuis 40 ans, Martial Bill.
24:42 Il faut bien comprendre qu'on nous dit toujours, citant
24:44 Thiers, "Gouverner, c'est prévoir".
24:46 Aucun n'a prévu.
24:48 Parce qu'on a changé de temporalité
24:50 politique.
24:52 La temporalité qui prévaut, juste un mot,
24:54 c'est celle du temps court
24:56 des individus, qui ont
24:58 une rentabilité électorale immédiate.
25:00 Celle du temps long
25:02 de la communauté, de la nation et de la politique
25:04 démographique.
25:06 On procure des retours sur investissement qu'au bout de 20 ans.
25:08 Lorsqu'arrivent sur le marché du travail
25:10 les jeunes.
25:12 L'investissement en capital
25:14 humain ne donne de retour
25:16 que dans le temps long
25:18 qui est celui de la communauté et de la nation.
25:20 Or les politiques, maintenant, ils pensent à leur réélection,
25:22 leur rentabilité électorale immédiate.
25:24 C'est comme ça qu'on a vu
25:26 pendant 15 ans, 20 ans,
25:28 la caisse des allocations familiales qui était
25:30 excellentaire, dépouillée au profit
25:32 des branches déficitaires, qu'étaient le chômage
25:34 et la malaise. - J'entends, j'entends donc le discours
25:36 la limitation des naissances et sous l'impulsion
25:38 des mouvements féministes. Pas du tout,
25:40 c'était une théorie aussi malthusienne
25:42 qui datait du début du XXe siècle.
25:44 C'était porté par les libertaires, par
25:46 les loges maçonniques.
25:48 Bref, c'était pas grand nouveau.
25:50 Mais alors, s'en prendre aux mouvements féministes, c'est pas seulement
25:52 s'en prendre, c'est le rechercher.
25:54 Parce que dans votre ouvrage, j'ai le sentiment
25:56 que vous le cherchez. Cherchez Noize
25:58 à Rousseau, à Encaux, si j'ose dire.
26:00 Parce que vous leur dites, voilà, il y a
26:02 la disparition, la déconstruction
26:04 de la femme mère, de la femme épouse.
26:06 Et puis vous vous dites,
26:08 mais il y a eu la sexualisation
26:10 du corps des femmes. Je vous cite.
26:12 "Tout est désormais sexe
26:14 dans le beau sexe. Tout fait ventre
26:16 et tout fait vendre."
26:18 C'est-à-dire que
26:20 le corps de la femme n'est pas une source de libération,
26:22 mais si je vous entends bien,
26:24 une source de revenu et donc d'emprisonnement aussi.
26:26 Comment voulez-vous que ça soit entendu aujourd'hui ?
26:28 - Ah ben, ça sera très bien entendu par la première
26:30 génération des féministes, cher Martial Bill.
26:32 Ce que je dis là,
26:34 c'est-à-dire que ces lois
26:36 dites "lois de l'amour", les lois émancipatrices,
26:38 elles réalisent, là je reprends encore
26:40 une formule de Kluska, parce que
26:42 cet homme qui a fait une culture
26:44 et une formation marxiste a bien vu les choses.
26:46 Ces lois, soi-disant émancipatrices,
26:48 elles réalisent le vieux programme
26:50 de la phallocratie.
26:52 L'accouplement sans la mise
26:54 en couple. Le fait de consommer
26:56 un maximum de femmes sans avoir à l'assurer
26:58 de l'entretien sentimental et financier.
27:00 On va assister à une exploitation
27:02 sexuelle massive des femmes
27:04 parce que le marché
27:06 obéit à cette loi très simple avec la pilule.
27:08 Eh bien, on a
27:10 une explosion de l'offre sexuelle
27:12 de la part des femmes et donc une
27:14 diminution du coût social de la relation.
27:16 L'homme payait généralement
27:18 du mariage, l'accès libre
27:20 et constant au corps féminin.
27:22 Il n'aura plus à le payer de ce prix-là.
27:24 Le coût social de la relation
27:26 va s'effondrer.
27:28 Et donc, je disais,
27:30 droit de cuissage permanent voté par une assemblée d'hommes
27:32 qui pour la plupart pratiquaient l'adultère.
27:34 Plus de paternité menaçante,
27:36 plus de fidélité encombrante.
27:38 Le vieil idéal masculin
27:40 de l'accouplement
27:42 sans l'engagement.
27:44 Voilà.
27:46 Et donc, dès le départ,
27:48 c'est d'Amérique que ça vient,
27:50 mais certaines féministes,
27:52 et j'ai lu la production féministe de cette époque
27:54 bien étudiée,
27:56 commencent à dire "attention,
27:58 attention, attention que tout ça n'élargisse pas
28:00 la domination masculine, nous allons être encore plus
28:02 soumis aux impératifs sexuels
28:04 masculins
28:06 parce qu'il n'y aura plus de risque.
28:08 Donc l'exigence à la domination masculine va se faire
28:10 plus forte. Donc, on va remplacer
28:12 une alienation par une autre.
28:14 Et une alienation qui se complique
28:16 d'une réification chimique.
28:18 La dépendance des femmes à une police du corps.
28:20 Dépendance à l'égard des laboratoires pharmaceutiques.
28:22 Du corps médical masculin,
28:24 il y a très peu de gynécologues féminins.
28:26 Donc, une partie des féministes
28:28 est très sensible à tout ça.
28:30 Et voit bien que c'est un marché duple.
28:32 Du... Pardon. Conçu par les hommes
28:34 pour, au fond,
28:36 mieux assouvir une sexualité essentiellement masculine.
28:38 Et la pornographie aussi ?
28:40 Domination masculine ?
28:42 Bien sûr, bien sûr.
28:44 À l'époque ?
28:46 À l'époque, c'est évident, je veux dire.
28:48 Aujourd'hui encore.
28:50 La pornographie s'adresse
28:52 en premier lieu à un public
28:54 des classes populaires.
28:56 Un public ouvrier.
28:58 Quand on regarde les chiffres de fréquentation,
29:00 on est frappé par ça. Pourquoi ?
29:02 D'un côté,
29:04 destitution biologique de l'homme avec la pilule.
29:06 C'est lui, il n'a plus la maîtrise de la paternité.
29:08 C'est la femme qui décide.
29:10 Destitution juridique.
29:12 La loi de 72 supprime la notion
29:14 de chèque de famille au profit
29:16 de l'autorité parentale conjointe.
29:18 Dépressation
29:20 de la force physique
29:22 sur le plan économique.
29:24 La force symbolique qui était le prolétaire,
29:26 l'homme qui travaillait avec ses bras,
29:28 avec son corps.
29:30 La valeur marchande de la force physique
29:32 s'effondre. L'ouvrier se sent déjà
29:34 déclassé. D'ailleurs, c'est le début
29:36 de la désindustrialisation.
29:38 Et la pornographie, par ce culte
29:40 phallique du virilisme, va offrir
29:42 une sorte de compensation
29:44 dans ce monde ouvrier, masculin,
29:46 vis-à-vis des femmes, finalement,
29:48 qu'on met toujours en position
29:50 de soumission au désir de l'homme
29:52 adorant
29:54 le dieu phallus.
29:56 C'est extraordinaire de voir ce qui se passe.
29:58 Et je cite toujours parce que
30:00 je ne sais plus qui, je crois que c'est
30:02 Bretagne, elle crôte dans le désordre d'un mot,
30:04 qui dit "Jisca, c'est le régime du proxénète
30:06 et de la putain". Proxénète,
30:08 on libéralise la censure sur la pornographie.
30:10 D'accord. La putain,
30:12 on institue des taxes pour faire contrer le maximum
30:14 d'argent dans la caisse de l'État. Avec ce calcul,
30:16 c'est à rien penser,
30:18 qui était évidemment là,
30:20 c'est qu'on est très peu de temps
30:22 après 68, 5 ans, 6 ans. La bourgeoisie
30:24 redoute de voir revenir un nouveau mai 68,
30:26 Jisca est le premier, il représente
30:28 ses classes dominantes
30:30 favorisées,
30:32 et donc on a les soucis de
30:34 ce que vont faire les classes laborieuses,
30:36 et on conçoit
30:38 la libération de la pornographie
30:40 comme un sédatif,
30:42 comme une sorte de calement,
30:44 avec cette phrase Pretia Poniatowski,
30:46 elle est peut-être trop belle pour être vraie,
30:48 en tout cas elle a été dite à l'époque,
30:50 "Pendant qu'il se branle,
30:52 il nous fout de la paix, pendant qu'il se branle,
30:54 regardons des films porno". Ce cynisme
30:56 d'ailleurs, il vient dans la manière de ce type
30:58 de gouvernant, et il ne faut pas du tout
31:00 exclure du calcul,
31:02 ce calcul,
31:04 de l'esprit des dirigeants
31:06 de l'époque.
31:08 Néanmoins, vous mettez "Libération sexuelle,
31:10 piège à cons", c'est le sous-titre de votre éditeur.
31:12 "Libération" au pluriel,
31:14 c'eût été mieux, mais
31:16 vous auriez pu sous-titrer "Le patriarcat
31:18 protège les femmes".
31:20 Comme ça le livre aurait été brûlé plus rapidement.
31:22 Il aurait été brûlé plus rapidement,
31:24 mais il est fait pour être brûlé, d'ailleurs,
31:26 ils adorent les autodidactes,
31:28 et qu'ils le fassent.
31:30 Oui, le patriarcat
31:32 protéger les femmes,
31:34 on vient de donner un exemple.
31:36 Longtemps,
31:38 jusqu'en 1975,
31:40 le patriarcat
31:42 a protégé les femmes
31:44 d'une fantasmatique masculine
31:46 envahissante.
31:48 L'appendographie, ça existait,
31:50 mais sous le manteau.
31:52 C'était dans les arrières-boutiques
31:54 des commerces à Pigalle,
31:56
31:58 elle s'est donnée libre-cours avec la libération sexuelle.
32:00 C'est-à-dire cette image dégradée
32:02 de la femme
32:04 qui a envahi les écrans,
32:06 c'est-à-dire que c'est la fête
32:08 des corps sans tête, l'appendographie,
32:10 puisqu'on ne voit que les organes,
32:12 réduits à leur expression mécanique,
32:14 le corps devient un corps parcellaire,
32:16 un corps éclaté,
32:18 l'être n'existe plus
32:20 en tant qu'être humain,
32:22 mais en tant que pièce détachée,
32:24 on va dire ça comme ça,
32:26 pièce détachée jouissive,
32:28 ce corps diminué
32:30 coïncide avec la période,
32:32 la femme diminuée coïncide avec la période
32:34 et la femme augmentée. Qu'est-ce que j'appelle la femme augmentée ?
32:36 Je pense que les techniques modernes de contraception
32:38 sont le début du transhumanisme.
32:40 On explique aux femmes, à cocotte,
32:42 la nature s'est faite incomplète
32:44 puisque tu es incapable de maîtriser
32:46 ta fécondité.
32:48 Donc nous, on va t'augmenter,
32:50 on va te compléter à l'aide d'une prothèse,
32:52 soit chimique, la pilule,
32:54 ou mécanique, le stérilet,
32:56 et comme ça, tu seras doté
32:58 d'une puissance théorique considérable.
33:00 Donc c'est la femme augmentée
33:02 et ce qui est très intéressant
33:04 de voir, c'est que si
33:06 la pilule est adoptée par les milieux
33:08 encore urbains, diplômés,
33:10 il y a une résistance colossale
33:12 des milieux populaires qui va durer 10 ans,
33:14 15 ans, malgré une propagande d'État
33:16 extraordinaire, malgré la loi Fontanet
33:18 qui en 1962 a trouvé une éducation
33:20 sexuelle, à l'époque,
33:22 c'est pour permettre au planning familial de dire
33:24 aux petites filles, regarde, après être étangé
33:26 aux 15 ans, il y a un objet
33:28 fabuleux d'émancipation qui existe,
33:30 c'est la pilule. Cette propagande d'État
33:32 s'heure à une résistance
33:34 des femmes des milieux populaires qui va durer 10 ans,
33:36 15 ans, la progression de la pilule sera
33:38 très lente, avec des mensonges d'État
33:40 sur les dangers liés à la pilule.
33:42 On nous a expliqué benoîtement
33:44 pendant l'affaire du Covid
33:46 que l'AstraZeneca sur laquelle pesaient
33:48 certaines suspicions comportait
33:50 56 fois moins de risques
33:52 que les pilules
33:54 maxi-dosées
33:56 des années 70, on l'a dit comme ça,
33:58 alors qu'à l'époque, évidemment, on ne le disait pas.
34:00 On cachait ce qui aujourd'hui fait l'objet
34:02 de multiples procès. Je parle pour
34:04 les États-Unis où les classes actions contre Bayer et
34:06 les laboratoires pharmaceutiques se comptent par milliers,
34:08 ou en France où la Cour d'appel de Paris
34:10 a reconnu l'imputabilité
34:12 d'accidents vasculaires à
34:14 la prise de pilules d'œstrogène.
34:16 Bon, mensonges d'État,
34:18 tout ça a été caché au départ, il fallait
34:20 absolument arriver au résultat de
34:22 l'ingénierie sociale qui se mettait
34:24 en route, c'est-à-dire, effectivement,
34:26 de désirer la femme pour qu'elle puisse travailler
34:28 sur le marché du travail
34:30 l'équivalent de l'homme.
34:32 Donc, la femme
34:34 diminuée de la pornographie
34:36 est allée de pair avec la femme
34:38 augmentée par les techniques de contraception
34:40 modernes qui ont eu pour effet,
34:42 comme je vous disais tout à l'heure, en citant les chiffres,
34:44 de détruire cette partie
34:46 d'enfants dits non-désirés,
34:48 qui ne sont pas les enfants de l'amour, qui sont les enfants
34:50 accidents, qui faisaient
34:52 la vitalité lémographique de la France
34:54 depuis 30 ans.
34:56 Il y a tout au long de l'ouvrage un constat qui se veut amer,
34:58 bien sûr, l'effondrement des valeurs
35:00 au long de la modernité a été loué
35:02 et éventé par des intellectuels, par des écrivains,
35:04 par des chanteurs, mais avant tout par aussi
35:06 les politiques. Or,
35:08 et là c'est dans la période que vous
35:10 regardez
35:12 Soudegau, le Pompidou et Giscard, vous l'écrivez
35:14 parfaitement, jamais la droite,
35:16 on pourrait dire une droite de conviction,
35:18 celle que vous avez jamais
35:20 cessé de conseiller finalement, jamais cette droite
35:22 de conviction n'a su résister.
35:24 Elle a pu au mieux accompagner
35:26 en douceur les phénomènes brutaux que vous dénoncez.
35:28 Elle a eu,
35:30 il y avait l'éthier de résistance.
35:32 Oui, elle les a eus.
35:34 Ça me fait une belle jambe, permettez-moi l'expression.
35:36 Je suis bien d'accord, mais écoutez,
35:38 je ne suis pas tendre à l'égard de cette droite-là,
35:40 et je situe bien ses responsabilités.
35:42 C'est qu'un spiteux, c'est
35:44 correspondre à 15 années de gouvernement de droite,
35:46 Marcel Budet, ce que je le cache.
35:48 Au contraire, j'explique
35:50 pourquoi et comment ça s'est fait.
35:52 Mais voyez par exemple, si tu ouvrais
35:54 la loi de la pilule en 67,
35:56 qu'est-ce qu'il se passe ? Il y a 68.
35:58 Et puis à la Chambre introuvable, élu en juin
36:00 en 68 avec trois quarts de députés
36:02 gaullistes. Ils sont pris
36:04 de mauvaise conscience, ils se disent "on a fait une connerie".
36:06 Et il va falloir
36:08 4 ans pour que les décrets d'application
36:10 de la pilule
36:12 soient promulgués. 4 ans !
36:14 C'est-à-dire qu'il y a cette espèce de remords,
36:16 de mauvaise conscience qui les habite.
36:18 En se disant "on a trop lâché à la gauche
36:20 idéologiquement, on ne sait pas
36:22 tout ce que ça va donner".
36:24 Marcelin était à l'époque
36:26 ministre de la Santé. Il a les rapports
36:28 des autorités sanitaires qui disent "attention pour la pilule,
36:30 risque circulatoire
36:32 de thrombose, d'accidents
36:34 cérébraux, risque de cancer et gène, il faut
36:36 être prudent, on est d'accord pour
36:38 faire une expérience sur 2 ans".
36:40 Et Marcelin lit ça et
36:42 au Conseil des ministres dit "écoutez, nous
36:44 prenons un risque et malgré ça, ce risque
36:46 effectivement sera pris
36:48 parce que, eh bien
36:50 les choix qui ont été faits, même Pompidou
36:52 qui est aujourd'hui représenté comme
36:54 une sorte de
36:56 parangon
36:58 d'homme de droite,
37:00 eh bien l'homme chabant.
37:02 Et chabant c'est un cabinet composé
37:04 de Lohr, de Jean de Gauche,
37:06 de Nora, qui ont tous
37:08 ce projet d'anthropofacture, c'est-à-dire
37:10 on va changer l'homme, on va changer
37:12 la femme, ce n'est pas dans le sens du
37:14 progrès en lui donnant des libertés
37:16 nouvelles. Il faut bien
37:18 comprendre que ces lois dites émancipatrices,
37:20 ce sont elles
37:22 qui fondent une rupture, pas
37:24 simplement anthropologique,
37:26 mais une rupture dans l'histoire
37:28 du droit. Jusque là,
37:30 le droit,
37:32 l'usage du droit
37:34 c'était pour défendre la société contre
37:36 les empiétements des individus.
37:38 Voilà. Et là,
37:40 avec les lois sur la contraception
37:42 et l'avortement, eh bien
37:44 on change
37:46 le rapport hiérarchique,
37:48 les droits de l'individu surplombent
37:50 les droits de la collectivité
37:52 et de la société. On va
37:54 même lui accorder de nouveaux droits, c'est ce qu'on va
37:56 appeler l'état de droit,
37:58 qui sont pourtant de liberté
38:00 sique, nouvelles, accordées aux individus
38:02 au détriment
38:04 de la collectivité. On assiste à une
38:06 privatisation de la procréation.
38:08 C'est-à-dire que
38:10 la procréation n'a plus de dimension sociale.
38:12 Et c'est très paradoxal et très intéressant
38:14 de voir que dans le même moment
38:16 où on n'accouche plus
38:18 à domicile mais à l'hôpital,
38:20 médicalisation de l'accouchement, de l'acte,
38:22 l'État donc
38:24 s'introduit dans cette
38:26 procédure qu'était la naissance
38:28 où il était absent, ça se passait à domicile,
38:30 et en même temps il intéresse l'enjeu,
38:32 c'est-à-dire la démographie,
38:34 qui est l'enjeu politique par excellence. Mais en revanche,
38:36 il vient contrôler l'acte lui-même.
38:38 Voyez-vous, il y a une appropriation
38:40 du droit par le
38:42 "moi", c'est-à-dire qu'on apporte
38:44 des sécurités, des conforts aux
38:46 individus, quel que soit
38:48 l'intérêt supérieur,
38:50 l'intérêt général, le bien commun
38:52 qui devient, qui passe
38:54 au second plan.
38:56 Si je vous écoute,
38:58 il y a encore des grandes lois émancipatrices
39:00 qui sont venues après les années 70.
39:02 La dernière c'était la loi concernant
39:04 le mariage homosexuel, la prochaine c'est l'euthanasie pour tous,
39:06 présentée comme une loi émancipatrice
39:08 puisqu'elle permettra de mourir enfin dans la dignité.
39:10 C'est perdu d'avance.
39:12 Ou c'est gagné d'avance, selon.
39:14 - Ah ben, étant qu'effectivement
39:16 cette mentalité progressiste
39:18 prévaut,
39:20 mais ça ne veut pas dire
39:22 qu'il ne faut pas combattre, ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas
39:24 être là pour témoigner et dire les choses.
39:26 Moi, ce qui me frappe, voyez, c'est que
39:28 le débat sur l'euthanasie a été relancé
39:30 en plein Covid.
39:32 C'est-à-dire que, c'est toujours l'esprit
39:34 progressiste, prométhéen.
39:36 Oui, c'est ça,
39:38 à la fois narcisse et prométhée,
39:40 les deux vont ensemble, je le dis
39:42 dans mon livre, c'est les noces de Narcisse et de Prométhée.
39:44 Affirmer la puissance théorique
39:48 de l'homme sur la mort, c'est ça l'euthanasie.
39:50 Je décide de l'heure où je vais mourir,
39:52 le suicide a existé.
39:54 Au moment où le Covid nous ramenait
39:58 la réalité, c'est que précisément l'homme devant
40:00 la mort se trouvait faible,
40:02 désemparé.
40:04 Il n'y a qu'à voir l'état de panique
40:06 général qui s'est emparé, pas simplement de l'État,
40:08 mais aussi de la
40:10 communauté nationale.
40:12 Donc, l'homme cherche à réaffirmer une puissance
40:14 théorique sur des événements
40:16 qui sont liés à la nature et qu'il ne
40:18 maîtrise pas. Et c'est pas un hasard
40:20 si cela vient en sortie
40:22 de cette crise du Covid.
40:24 Et on fera toujours le choix
40:26 qui est en fait, indépendamment des considérations
40:28 philosophiques, il y aura effectivement des gens
40:30 qui vous expliqueront qu'il faut
40:32 donner le droit de mourir dans la
40:34 dignité, en fait qu'on va donner le droit
40:36 à des tiers de juger
40:38 ceux qui sont dignes ou pas dignes
40:40 de vivre, en fonction toujours du même critère
40:42 finalement. Comme si Manveille
40:44 annonce la grande loi d'accompagnement
40:46 familial pour aider les femmes
40:48 en détresse, et qu'elle ne la fait pas.
40:50 Elle ne la fait pas pour de multiples raisons.
40:52 D'abord parce que ça coûte cher.
40:54 Hein ?
40:56 Malgré tout, c'est la même chose. Seule la mort
40:58 est économique. On voit que ce sont
41:00 les mutuelles qui sont derrière ce projet.
41:02 On voit quel est l'enjeu finalement
41:04 avec ma génération des boomers. 17 millions
41:06 de retraités, c'est eux qui font l'élection.
41:08 On le sait bien. Ils constituent
41:10 45% des votants.
41:12 Parce qu'ils sont civiques, ils vont voter, les boomers.
41:14 Ils sont là encore pour quelques
41:16 années. Bien.
41:18 Puisque finalement c'est la classe d'âge
41:20 qui va jusqu'en 1965.
41:22 Donc ils auront 60 ans en 2025.
41:24 Et il y a une loi
41:26 effectivement qui fait que
41:28 qui est bien écrite par Balzac,
41:30 celle de la rente, c'est que
41:32 plus on vieillit, plus on est solidaires du système
41:34 économique et financier qui garantit votre pension.
41:36 Qui garantit votre sécurité
41:38 financière.
41:40 Donc quand on est jeune, on vote à gauche.
41:42 Et puis en vieillissant,
41:44 on vote plutôt à droite. En tout cas, on vote
41:46 pour la conservation du système en place.
41:48 On ne se pas qualifier de droite
41:50 le régime que
41:52 préside aujourd'hui
41:54 Emmanuel Macron.
41:56 Vous dites, ce sont des combats
41:58 perdus d'avance. Est-ce que
42:00 pour autant il faut renoncer à la monnaie ?
42:02 Bien sûr que non. Il faut essayer d'expliquer.
42:04 Il faut essayer de témoigner.
42:06 Moi ce que j'essaye de faire avec ce travail de fond,
42:08 c'est de voir comment
42:10 s'est opérée cette déconstruction
42:12 qui est
42:14 un monde
42:16 qui est employé maintenant
42:18 dans ces milieux de droite
42:20 avec un certain fatalisme.
42:22 Qu'est-ce qui s'est passé ?
42:24 Comment ça s'est passé ?
42:26 Quels
42:28 arguments ont été
42:30 utilisés pour arriver à ce résultat ?
42:32 Je trouve par exemple
42:34 un lien évident
42:36 dans toutes les initiatives qui ont
42:38 concouru à mettre en place un marché
42:40 dominateur et ce phénomène
42:42 de l'appropriation du droit
42:44 par le monde. C'est l'anti-catholicisme
42:46 virulent de tous ces
42:48 promoteurs. Voilà. Mais
42:50 aussi bien dans les milieux politiques
42:52 que dans les milieux d'influence
42:54 comme Pierre Simon, la tête de la Grande Loge de France
42:56 qui est l'homme de la loi de Wirth et d'une certaine
42:58 manière l'homme de la loi Veil. D'ailleurs il s'en vante.
43:00 Le texte a été écrit
43:02 en loge pour la loi de Wirth
43:04 qui est, dit-il, un franc-maçon
43:06 sans tablier
43:08 jusqu'à
43:10 Daniel Filippati qui est le
43:12 connaissant de Lustiger, je ne sais plus en quel
43:14 collège parisien, collège catholique
43:16 et qui professe une détestation,
43:18 une haine du catholicisme
43:20 qu'il exprime d'ailleurs et
43:22 qui va
43:24 faire que ça va être l'homme par exemple
43:26 du Porno Business en France avec lui,
43:28 avec l'édition française de Playboy
43:30 et d'autres publications de ce type
43:32 Union, le magazine des sexualités.
43:34 Mélie Grégoire,
43:36 formidable Mélie Grégoire.
43:38 Son émission RTL, 2 millions de ménagères
43:40 à 14h tous les jours.
43:42 Mélie Grégoire,
43:44 elle a conçu une haine du catholicisme,
43:46 elle le raconte d'ailleurs,
43:48 elle était devant un milieu hyper catholique, son frère
43:50 est devenu l'abbé Laurentin, il a été
43:52 expert au Concile, il a été chroniqueur
43:54 au Figaro, et une fois que son père est mort
43:56 elle est rentrée en psychanalyse
43:58 ça a duré 15 ans, c'est un des
44:00 psychanalystes les plus chers, les plus courts de Paris
44:02 et elle exprime tout ça,
44:04 le rejet de
44:06 ce qu'étaient ces mœurs, cette
44:08 civilisation a été ce qui
44:10 chez elle a été le plus fort, elle a fait son engagé
44:12 pour la contraception, pour l'avortement,
44:14 elle a fait le chroniqueur aux ménagères qu'il fallait qu'elles aient
44:16 3 orgasmes par jour sinon elles étaient pas dignes d'être femmes,
44:18 cette
44:20 anti, je parle pas d'anti-clericalisme,
44:22 je parle d'anti de haine du catholicisme,
44:24 de la religion catholique comme système de
44:26 contrats, d'oppression
44:28 dont il fallait absolument
44:30 se libérer, et vraiment
44:32 le fil d'Ariane de tous ceux
44:34 qui ont été dans tous les domaines,
44:36 culture, cinéma, chansons,
44:38 politique, philosophie,
44:40 à l'origine de cette grande rupture,
44:42 ce grand basculement
44:44 anthropologique. – Et vous citez par exemple Tony Duvers,
44:46 écrivain, qui écrit
44:48 cette phrase que vous citez, et je trouve qu'elle est intéressante,
44:50 "à 6 ans le fruit me paraît mûr,
44:52 c'est un homme et il n'y manque rien, cela devrait
44:54 être l'âge de la majorité
44:56 civile", c'est dans cet esprit-là
44:58 que ces années se débrouillent. – C'est bien connu,
45:00 que toute la gauche,
45:02 ou une grande partie de la gauche intellectuelle
45:04 s'est engagée par pétition en faveur
45:06 de la pédophilie dans les années 74,
45:08 75, à la suite des écrits de Tony Duvers.
45:10 – Dans tout cela,
45:12 il n'y a pas une certaine
45:14 contradiction à rechercher des forces,
45:16 des responsables politiques capables de résister
45:18 à ces formes d'aliénation,
45:20 et puis de vous en prendre, dans les entretiens
45:22 que vous donnez à travers la présentation
45:24 de votre ouvrage "Des cadences", à la femme politique
45:26 que les Français ont choisie pour
45:28 stopper au mieux le processus
45:30 de déclin de la nation,
45:32 de cet effondrement. – Alors, moi je réponds…
45:34 – Je saisis pas qu'il ait l'intérêt de s'en prendre
45:36 à Marine Le Pen, parlons clair. – Moi je ne m'en prends pas
45:38 à Marine Le Pen, j'ai aucune animosité
45:40 à l'égard de Marine Le Pen.
45:42 La presse écrite m'interroge sur ce sujet
45:44 parce qu'il m'accorde une certaine expertise.
45:46 C'est leur problème,
45:48 c'est pas moi qui vais les chercher,
45:50 ou les draguer, si vous voulez.
45:52 Et ils me demandent mon avis,
45:54 je le donne, voilà.
45:56 Autant en 2007,
45:58 en 2017,
46:00 en 2017,
46:02 après son débat calamitueux face à Macron,
46:04 je dis attention, Marine Le Pen est loin
46:06 d'arrêter de l'espace politique,
46:08 autant je trouve aujourd'hui
46:10 le triomphalisme dont fait,
46:12 montre, dont font montre
46:14 les élus du Ration national,
46:16 d'irraisonnable, d'irraisonnable. – Pourquoi ?
46:18 Vous êtes appuyé sur les sondages, vous avez fait faire des sondages,
46:20 les sondages donne 55% pour Marine Le Pen.
46:22 – Les sondages sont les outils de manipulation
46:24 et de communication, vous voulez que je vous le dite ?
46:26 C'est moi qui vous le dit, bien sûr. – C'est bon à savoir.
46:28 – Mais bien sûr, bien sûr.
46:30 Il reflète une situation
46:32 donnée,
46:34 mais le fait de les publier, c'est de la communication.
46:36 Je ne dis pas que les sondages sont truqués,
46:38 je dis que les sondages sont les outils de communication.
46:40 Marine Le Pen était donnée à 53%
46:42 contre Hollande en 2015, Hollande n'a pas
46:44 été coordonnée, Marine Le Pen a fait 34%,
46:46 en 2017, d'accord ?
46:48 Bon, Marine Le Pen est déjà donnée à 31%,
46:50 les sondages donnaient Marine Le Pen
46:52 entre 45 et 49%
46:54 durant les deux années qui ont précédé
46:56 la présidentielle, elle termine
46:58 à 41, c'est-à-dire au niveau
47:00 le plus bas dont aucun sondage
47:02 ne l'avait crédité, il y a même un sondage
47:04 à l'Institut qui la donne à 49%
47:06 le soir du premier tour, vous voyez ?
47:08 Donc, la seule réalité,
47:10 c'est la réalité électorale, il y a eu deux partiels
47:12 depuis que le mouvement est engagé,
47:14 la première partielle, depuis les sortants,
47:16 F1 est balayée, la deuxième,
47:18 ils n'accèdent pas au deuxième tour, on a un deuxième tour gauche-gauche.
47:20 Je crois que cette séquence
47:22 favorise la gauche,
47:24 qui n'a qu'une idée en tête, c'est
47:26 conserver Marine Le Pen, parce que
47:28 ils se mettent, c'est leur
47:30 fantasme, dans l'idée
47:32 que la seule chance pour eux d'être élus,
47:34 c'est d'affronter Marine Le Pen au deuxième tour.
47:36 Mélenchon l'a dit, il dit "même une chèvre
47:38 serait élue contre Marine Le Pen, c'est pas moi qui l'ai dit".
47:40 Donc, la réalité politique
47:42 est tout à fait différente,
47:44 je crois que Marine Le Pen a fait des choix
47:46 qui ne peuvent mener qu'à l'impasse,
47:48 et je vais vous dire pourquoi très brièvement,
47:50 et c'est la raison pour laquelle
47:52 je mets en garde contre
47:54 la situation actuelle. Marine Le Pen,
47:56 comme le Ressauvation, a besoin d'alliés,
47:58 elle ne peut pas accéder au pouvoir,
48:00 sur la seule base de la France périphérique,
48:02 qui d'ailleurs ne vote pour elle qu'un électeur
48:04 sur trois des catégories populaires,
48:06 nous dit la grande enquête,
48:08 la grande étude du CEPIPOF,
48:10 il lui faut donc
48:12 des alliés. Il y a deux options,
48:14 soit on va les chercher à gauche,
48:16 soit on va les chercher à droite.
48:18 Par deux fois elle a tendu la main
48:20 aux électeurs des Insoumis,
48:22 en 2017 et en 2022, l'échec était
48:24 cinglant, 34 et 41%,
48:26 elle a obtenu environ 15 à 17%
48:28 de voix chez les mélenchonistes
48:30 du premier tour, d'accord ?
48:32 Ça c'est une stratégie curieuse d'ailleurs
48:34 qui consiste à vouloir additionner les extrêmes,
48:36 comme si,
48:38 avec le souci de la dédiabolisation,
48:40 le Rassemblement National ne cristallisait
48:42 pas certaines peurs, il fallait en ajouter
48:44 d'autres, en réactivant
48:46 les vieux mythes
48:48 ou les vieux fétiches comme celui de la lutte des classes,
48:50 c'est-à-dire ajouter la perspective d'une guerre sociale
48:52 à une guerre civile
48:54 qui pourrait engendrer une élection
48:56 d'un candidat du Rassemblement National.
48:58 L'autre alternative, c'est chercher
49:00 des alliés à droite.
49:02 Jamais, puisqu'elle m'avait sollicité, conseillé
49:04 à Marine Le Pen d'aller dans cette direction-là
49:06 pour deux raisons, parce que
49:08 le rapport de force était inversé en sa faveur,
49:10 du temps de Sarkozy, la droite
49:12 pesait 3 quand Jean-Marie Le Pen
49:14 pesait 1,
49:16 là, maintenant, quand vous voyez
49:18 le rapport de force, il est de 2 contre 1
49:20 en faveur du Rassemblement National.
49:22 La deuxième raison, c'est que Marine Le Pen
49:24 croit que la radicalité est un obstacle
49:26 pour avoir
49:28 attiré cet électorat. Pas du tout !
49:30 On a vu que Zemmour attirait
49:32 le vote des quartiers bourgeois,
49:34 les plus bourgeois d'ailleurs.
49:36 - Ça donne 7% en total, donc les limites du marinisme sont dans les chiffres,
49:38 les limites du marinisme ne sont pas dans les chiffres.
49:40 Zemmour 7%, la présidentielle, Marine Le Pen
49:42 89 députés, deux parcelles ratées,
49:44 89 circonscriptions acquises.
49:46 - Essayons d'avoir un raisonnement cohérent.
49:48 Marine Le Pen
49:50 est candidate au deuxième tour face à
49:52 Emmanuel Macron, président
49:54 impopulaire, aussi impopulaire que Sarkozy,
49:56 d'accord, qui va
49:58 s'embattre par Hollande, mais aussi impopulaire,
50:00 voilà, elle fait 41%.
50:02 D'accord,
50:04 et les enquêtes de paysans nous disent
50:06 "Ah, les français ont voté Macron, mais ils sont pas contents
50:08 d'avoir allé Macron".
50:10 Effectivement, élection
50:12 législative deux mois après,
50:14 où là, plus de question de fonds républicains,
50:16 Macron change d'ennemi, il désigne
50:18 Mélenchon, et il s'agit
50:20 de battre les candidats insoumis,
50:22 qui deviennent
50:24 la cible prioritaire.
50:26 Marine Le Pen n'a plus le monopole de l'opposition
50:28 au macronisme,
50:30 et l'anti-macronisme
50:32 devient majoritaire. Ce que Marine Le Pen
50:34 ne peut pas faire, d'autres formes
50:36 d'opposition plurielle arrivent à le faire.
50:38 Qu'est-ce qu'il vous faut comme démonstration
50:40 supplémentaire de limite
50:42 du plafond qui est aujourd'hui
50:44 celui du marinisme,
50:46 comme vous dites, dans la mesure où
50:48 effectivement, on avait un président impopulaire
50:50 qui a dû être battu, qui est réélu très largement
50:52 avec 6 millions de voix, et évidemment
50:54 législative, quand on a le choix
50:56 de plusieurs formes d'opposition à Macron,
50:58 et bien le macronisme
51:00 est balayé. Donc ça c'est une réalité.
51:02 Et quant à
51:04 l'enjeu de 2027, c'est quoi ?
51:06 L'enjeu de 2027, c'est les 10 millions d'électeurs
51:08 de Macron, qui vont se trouver orphelins,
51:10 libérés, voilà.
51:12 Donc, c'est ceux-là en fait
51:14 qui vont désigner quel sera
51:16 l'adversaire de Marine Le Pen, ou du candidat
51:18 du Rassemblement National
51:20 en 2027.
51:22 Sachant que les chances
51:24 des Insoumis et de Mélenchon, tant qu'ils auront
51:26 la main sur la gauche, sont relativement
51:28 faibles. Donc on essaie de nous enfermer
51:30 toujours dans la même alternative,
51:32 dont le système sait que c'est
51:34 sa rente viagère,
51:36 c'est son assurance-vie,
51:38 quelle que soit la configuration.
51:40 Donc, je dis, essayons de réfléchir
51:42 et surtout, prenons
51:44 les bonnes options. Il y avait une option
51:46 qui était effectivement de chercher une alliance à droite,
51:48 d'autant plus importante que là où Marine Le Pen
51:50 se trompe, elle pense qu'elle est diabolisée
51:52 à cause de ses idées, enfin de ce qui étaient
51:54 ses idées, ou celle du Front National,
51:56 à voix du Rassemblement National.
51:58 Elle se trompe. Le rejet
52:00 massif des Français vient du fait
52:02 que le RN n'est pas
52:04 crédible politiquement, qu'il n'a pas
52:06 d'équipe pour gouverner, qu'il n'a pas de
52:08 culture de gouvernement, qu'il n'a pas
52:10 l'aptitude à gouverner, ce que la droite ou l'alliance
52:12 avec la droite pourrait lui apporter
52:14 précisément, et dans une position et un
52:16 rapport de force qui permettrait
52:18 au RN d'être l'élément
52:20 dominant dans cette alliance. Encore
52:22 faudrait-il effectivement que
52:24 la droite soit d'accord, mais même
52:26 si elle n'est pas d'accord, les électeurs, eux,
52:28 peuvent faire mouvement
52:30 et constituer cette force d'appoint.
52:32 Marine Le Pen a fait le choix d'aller chercher cette force
52:34 d'appoint à gauche, où elle n'existe pas.
52:36 Je ne pense pas que les banlieues,
52:38 la population maghrébine et musulmane,
52:40 soient prêtes à voter pour
52:42 Marine Le Pen, qui constitue les gros bataillons,
52:44 une partie des gros bataillons
52:46 du vote insoumis, de même
52:48 que la bourgeoisie bobo des centres-villes
52:50 qui vote pour Mélenchon. Les réserves
52:52 ne sont pas là. Elle a fait un choix
52:54 stratégique qui est le mauvais choix.
52:56 Bon, devant ce mauvais choix,
52:58 je dis les réalités qui sont les réalités
53:00 de rapport de force en thème de sociologie
53:02 électorale. Je ne prononce
53:04 pas de condamnation d'ordre moral,
53:06 idéologique ou politique.
53:08 D'ailleurs, je me garderais bien
53:10 de le faire.
53:12 Je fais un constat.
53:14 Autant le fait de dire
53:16 "Marine Le Pen est finie en 2017" me paraissait
53:18 stupide et excessif,
53:20 autant le fait de croire
53:22 que cette gauche et Macron
53:24 qui cherchent à gonfler Marine Le Pen
53:26 à l'hélium parce qu'ils la veulent absolument
53:28 au second tour, constituent
53:30 la perspective politique d'un pouvoir
53:32 qui suffirait de cueillir, est aussi absurde,
53:34 incohérent et nuisible
53:36 finalement que d'avoir cru que le Rassemblement
53:38 national était mort en 2017.
53:40 - Alors, d'où nous viendra la Renaissance ? Il nous reste une minute.
53:42 "D'où nous viendra la Renaissance ?" c'était une phrase
53:44 de Simone Veil. Oui, en une minute, c'était ça
53:46 qui était amusant.
53:48 Simone Veil, la grande qui dit "D'où nous viendra
53:50 la Renaissance ?" C'est à nous qui avons souillé
53:52 et vidé tout le globe terrestre. Et vous dites
53:54 du passé, c'est elle ? - Seul du passé,
53:56 non pas par... - Vision patientiste ?
53:58 - Par goût, mais non. Par goût
54:00 de la réaction. Je suis
54:02 réactionnaire, je l'assume d'ailleurs. Je suis tellement
54:04 réactionnaire, comme disait Léon Daudet, que parfois
54:06 j'en perds le souffle. Je n'arrive pas à me suivre
54:08 moi-même.
54:10 Du passé,
54:12 non. Comme accumulation d'énergie,
54:14 comme ressources, comme patrimoine.
54:16 Je veux dire,
54:18 une politique, ou la politique,
54:20 c'est un grand projet.
54:22 C'est une forme de messianisme.
54:24 La défense du pouvoir d'achat, ça relève de la gouvernance.
54:26 C'est pas une forme de messianisme.
54:28 On s'engage en politique, même d'ailleurs le Parti communiste
54:30 qui promettait,
54:32 dès le lendemain qu'il chantait à la classe ouvrière,
54:34 d'accompagner la distriction de la proletariat.
54:36 C'est-à-dire un projet de civilisation, finalement.
54:38 Un grand projet politique.
54:40 On ne peut pas faire de la politique, si vous voulez,
54:42 en ayant un projet qui réduit à la gouvernance,
54:44 c'est-à-dire à la satisfaction des seuls
54:46 besoins consumé. Ce qui sont
54:48 tout à fait importants. Ce n'est pas le problème.
54:50 Cela relève de la gouvernance.
54:52 Le choix politique, c'est un choix, au fond,
54:54 civilisationnel.
54:56 - L'insurrection de l'éternel contre le présent.
54:58 C'est des cadences, référence à Gainsbourg,
55:00 mais pas que. On vient de s'en apercevoir
55:02 au bout d'une heure de discussion et d'entretien.
55:04 Merci, Patrick Buisson. - Merci à vous.
55:06 ...
55:08 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
55:11 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

Recommandée