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Mercredi 19 avril 2023, SMART PATRIMOINE reçoit Joseph Choueifaty (Cofondateur, Goodvest)

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00:00 Comment utiliser son épargne afin d'investir pour le climat ? Voilà la question que se pose de plus en plus d'investisseurs ou d'épargnants.
00:12 Et pour y répondre, nous avons le plaisir de recevoir dans Investir Responsable, Joseph Chouefati. Bonjour Joseph Chouefati.
00:18 Bonjour Nicolas.
00:19 Bienvenue sur le plateau de Smart Patrimoine. Vous êtes cofondateur de Goodvest.
00:23 Donc une plateforme en ligne qui propose de souscrire un contrat d'assurance vie pour le moment, peut-être que ça évoluera, mais pour l'instant un contrat d'assurance vie,
00:30 qui ensuite permet de réaliser des investissements en ligne avec les accords de Paris. C'est bien ça ?
00:35 Exactement. L'objectif en fait, c'est de proposer une vraie démarche à la fois scientifique et transparence qui respecte l'accord de Paris,
00:41 qui va aller plus loin que les labels pour être certain qu'il n'y a pas de greenwashing et avoir une démarche engagée pour l'environnement à travers son épargne.
00:48 Alors Goodvest, c'était 7 thématiques d'investissement, c'est maintenant 8 thématiques d'investissement avec la thématique solution climatique.
00:55 On va en parler mais dans un deuxième temps. Mais de manière plus générale, Joseph Chouefati, selon vous, avec votre expertise, comment fait-on pour investir pour le climat en France aujourd'hui ?
01:04 Alors il faut prendre sa loupe.
01:05 D'accord. Ce n'est pas aussi simple que ça, ce n'est pas fléché ?
01:08 Effectivement. Aujourd'hui, c'est un petit peu la jungle, on peut le dire. Des labels, ça bouge beaucoup d'ailleurs, on va pouvoir en parler.
01:14 Tout le monde fait du vert et de l'investissement responsable et donc il faut sortir sa loupe. La première étape, c'est de ne pas s'arrêter aux labels.
01:21 Petit rappel sur le principal label en France, c'est le label ISR qui d'ailleurs commence un peu à veillir et qui va être réorganisé.
01:28 Aujourd'hui, on a plus de 80% des fonds labellisés ISR qui investissent encore dans des entreprises qui sont impliquées dans les énergies fossiles.
01:35 Bien sûr. Alors le label ancienne version puisqu'il y a un travail actuel pour une refonte du label ISR mais en l'état actuel, c'est effectivement ce que vous dites.
01:42 Toujours 80%, donc c'est beaucoup et ça ne permet pas de garantir l'orientation durable d'un fonds. D'ailleurs, c'est beaucoup remis en cause par les épargnants et aussi par des études.
01:51 Il y a une étude qui a été publiée par la Banque de France il y a maintenant quelques semaines qui a analysé des fonds labellisés ISR et qui les a comparés à des fonds non labellisés ISR.
01:59 Ils les ont analysés en fait sur les deux premiers scopes d'émissions de CO2, donc sur les émissions directes, pas sur les émissions indirectes parce que c'est une donnée qui n'est pas forcément simple d'accès.
02:07 Quand on parle d'émissions indirectes, c'est notamment quand on fait appel à des fournisseurs ou alors le client, le consommateur final.
02:14 Si on prend l'exemple assez simple d'une voiture, ça va être lorsqu'on conduit. En fait, c'est le scope 3, donc les émissions indirectes du constructeur automobile.
02:24 Donc je suis constructeur automobile, je vous livre une voiture qui pollue énormément. Si on ne m'analyse pas sur le scope 3, mais seulement sur 1 et 2, globalement, on ne prend pas en compte ces émissions-là.
02:32 C'est encore plus parlant pour les énergies fossiles. Si on ne regarde que le scope 1 et 2 des géants des énergies fossiles, ils ont un bilan carbone qui est assez bon.
02:40 Et en fait, il faut regarder le scope 3 qui est très révélateur et qui représente l'immense majorité de leurs émissions de CO2.
02:45 Et donc cette étude, elle a souligné que dans 47% des cas, quasiment 1 cas sur 2, les fonds labellisés ISR vont faire moins bien en bilan carbone que les fonds labellisés ISR.
02:57 Non labellisés ISR, d'accord. Donc une fois sur deux, effectivement, la promesse ne marche pas forcément, c'est ce que vous nous dites.
03:02 Exactement. Et ça prouve bien, même si elle ne s'arrête qu'au scope 1 et 2, qu'il y a un vrai enjeu d'aller plus loin que les labels.
03:09 Pour aller plus loin, une étape, ça va être l'exclusion complète des énergies fossiles. D'ailleurs, on en parle, on ne sait pas encore exactement quelle va être la ligne du nouveau label ISR.
03:21 Est-ce que ça va être uniquement les énergies fossiles non conventionnelles ? Est-ce que ça va aller plus loin ? Est-ce que ça va être toutes les énergies fossiles dès le premier pourcentage ?
03:27 Nous, le choix qu'on a fait chez Goodwest, c'est que dès le premier pourcent d'implication dans les énergies fossiles, que ce soit charbon, pétrole ou gaz, extraction ou production, on exclut le fonds.
03:36 Et c'est une démarche qui est très stricte. Donc on n'investit jamais dans les énergies fossiles chez Goodwest ? Exactement. Il n'y a aucune implication dès le premier pourcent.
03:44 En fait, on va aller regarder à quoi ça correspond. Est-ce qu'il y a un plan de sortie dans les 3 ans ? Et s'il n'y a pas de plan de sortie complet dans les 3 ans et qu'on arrivera à 0% dans les 3 ans, on exclut immédiatement le fonds.
03:54 Ça veut dire que, alors Goodwest est encore jeune, mais ça veut dire que globalement, on peut voir des fonds référencés une année qui ne le seront pas l'année suivante parce qu'ils n'ont pas suivi le plan de sortie, par exemple, des énergies fossiles ?
04:04 Effectivement, c'est une possibilité. Grosso modo, quand on accepte d'avoir un fonds, on est certain qu'il y a une fermeture et une vente qui est programmée, qui est signée à 2 ou à 3 ans. Donc ça n'arrive pas dans ce cas-là, mais théoriquement, c'est ce qui pourrait arriver.
04:16 Retour sur les critiques que vous émettiez sur notamment le label ISR, mais sur les labels de manière générale. En fait, derrière ça, il y a ce côté très généraliste de l'ISR, l'investissement socialement responsable, basé sur des critères ESG, environnement social et gouvernance,
04:30 là où certains épargnants peuvent être un peu perdus lorsqu'ils veulent investir et pour eux, investir via des valeurs et aller essentiellement sur le climat. Ils ne s'y retrouvent pas, finalement, c'est ça ?
04:40 Effectivement. Le problème qu'on a avec l'ESG, c'est que c'est très généraliste. Et en fait, si on est bon sur une des 3 lettres ou assez bon sur une des 3 lettres ESG, donc pour environnement social et bonne gouvernance,
04:52 on peut se revendiquer comme durable et ce n'est pas forcément ce qu'attendent les épargnants qui, par exemple, vont attendre un engagement en particulier sur le climat et un respect, par exemple, de l'accord de Paris sur les 3 scopes d'émissions de CO2.
05:04 Donc on prend ça à l'aube, vous nous l'avez dit tout à l'heure, mais qu'est-ce qu'on regarde alors ? Les labels ?
05:08 Les labels, d'abord. C'est un indicateur, SFDR 8 ou 9. C'est un indicateur, ça nous met la puce à l'oreille. Mais ensuite, on va regarder, est-ce qu'il y a des exclusions sectorielles sur l'énergie fossile ?
05:18 Il y a d'autres exclusions sectorielles également, notamment par exemple le respect du pacte de Nations Unies si on veut être plutôt sur le respect des droits de l'homme.
05:25 Ensuite, on va regarder, est-ce qu'on a accès aux émissions de CO2 du fond sur les émissions directes et sur les émissions indirectes ?
05:32 D'accord, ce fameux scope 3 dont on parlait tout à l'heure.
05:34 Exactement. Et ça nous permet aussi de déterminer s'il y a une trajectoire d'enrichissement climatique qui va respecter l'accord de Paris.
05:39 D'accord.
05:40 Aujourd'hui, il y a un autre chiffre, c'est qu'il y a seulement 0,2% des actifs globaux qui respectent l'accord de Paris sur les trois scopes.
05:47 4,19,8% des actifs globaux, si on fait une extrapolation des fonds d'investissement, ne respectent pas l'accord de Paris.
05:53 Donc pas forcément les fonds verts en question, l'intégralité des actifs investis, mais on est sur une minorité minorité qui sont en ligne avec les accords de Paris.
06:02 Ça veut dire qu'on peut investir pour le climat, entre guillemets, sans pour autant réaliser des investissements en ligne avec les accords de Paris ?
06:08 Non, justement, c'est bien ça le problème. C'est que pour nous, en tout cas c'est notre politique, il faut respecter l'accord de Paris si on dit qu'on investit pour le climat.
06:16 D'accord.
06:17 D'ailleurs, pour donner un autre chiffre, chez GoodWest, on a analysé un peu plus d'un millier de fonds durables.
06:21 Et en plaçant ces trois filtres, exclusion sectorielle, le deuxième filtre qui va être le respect de l'accord de Paris, le troisième filtre qui est la politique de vote,
06:28 bien sûr,
06:29 c'est un point qui est super important, on a seulement 5% des fonds durables qui passent nos critères.
06:32 Politique de vote, pour ceux qui nous écoutent rapidement, qu'est-ce que ça veut dire ?
06:35 C'est important de sélectionner les titres les plus durables, mais ce qui est, j'ai envie de dire presque aussi voire plus important, ça va être d'être accompagné des élèves qui sont encore moyens sur certains sujets.
06:44 D'accord. Donc ne pas faire que de l'exclusion, mais quand même accompagner la transition aussi d'entreprises qui ont montré qu'elles étaient réellement dans une démarche de transition.
06:51 C'est ça, exactement. Et c'est par exemple des entreprises qui vont être sur une trajectoire à 2°C, aller chercher à se rapprocher vers une trajectoire plutôt à 1,5°C de réchauffement climatique.
06:58 Et donc ça, ça va se faire en vérifiant que les sociétés de gestion ont une politique de vote active, ou ça semble le général les actionnaires, donc elles se présentent et elles votent.
07:05 Et elles n'hésitent pas aussi à s'opposer parfois à des mesures qui sont contre des décisions qui vont nous permettre de respecter les coeurs de Paris.
07:13 Et alors là, à ce moment-là, si l'opposition aux mesures ne suffit pas, il faut sortir effectivement de l'investissement en question ?
07:19 Voilà, c'est globalement ce qu'on voit assez souvent.
07:22 Bon, donc si je comprends bien, investir pour le climat au sens où Goudeveste l'entend ou en tout cas au sens où en ligne avec l'accord de Paris, ça nécessite un travail de fond, un travail de fourmi quand on est épargnant ?
07:33 Ça nécessite un travail de fourmi. Les données ne sont pas forcément accessibles. Les émissions Scope 3 sont très rarement indiquées. Il y a peu de sociétés de gestion qui communiquent dessus.
07:40 Et donc effectivement, ça nécessite vraiment d'avoir sa loupe.
07:44 Et en fait, il faut que le conseiller ou la solution d'épargne donne de la transparence, fournisse ses données facilement à l'épargnant et lui explique en fait.
07:52 Alors pour le coup, vous lancez cette thématique d'investissement, solution climatique, qui existe depuis quelques semaines maintenant sur le site de Goudeveste.
07:59 On trouve des fonds en lien avec ce niveau d'exigence que vous nous avez décrit sur cette thématique climat ?
08:06 Oui, heureusement. Cette thématique qu'on a lancée, elle investit sur un fonds qui est un fonds vraiment qui investit sur les pure players de la transition écologique.
08:14 Donc des entreprises qui sont dans la réduction de l'impact du transport, par exemple dans le ferroviaire, dans les énergies renouvelables, dans la préservation du capital terrestre.
08:23 Donc c'est vraiment sur des pure players. Et d'ailleurs, ça se voit parce que le fonds est triplement labellisé.
08:28 YSR, Greenfin, Towers of Stability. Et donc c'est un fonds qui est très exigeant. Il va tellement loin qu'il n'utilise même pas la poche de diversification du label Greenfin.
08:38 Rapide explication. Sur les fonds labellisés Greenfin, il y a une poche de diversification qui est autorisée où on peut aller financer des entreprises qui vont être un petit peu moins engagées sur l'environnement tout en respectant des critères d'exclusion du label Greenfin.
08:51 En espérant y trouver un petit peu plus de performance peut-être, c'est ça ?
08:54 Ou de diversification.
08:55 Ou de diversification, d'accord.
08:56 Et de diminution du risque.
08:57 Et alors justement, ça m'amène à cette question. Est-ce que quand on investit pour le climat au sens stricto sensus, justement, qu'on se met toutes ces barrières ou en tout cas toutes ces exigences ?
09:08 Est-ce qu'on arrive à sortir de la performance à la fin ?
09:10 Alors ce fonds en question, c'est un fonds, mon pensier, il a fait des performances exceptionnelles les dernières années. C'est un fonds très pure player, donc qui est très volatile.
09:18 Et il se trouve que ces dernières années, les acteurs qui étaient très engagés pour la transition écologique, qui étaient des pure player, ont plutôt très bien performé.
09:26 On peut penser aux énergies renouvelables, mais c'est aussi le cas du transport ou de la préservation du capital terrestre.
09:30 Donc oui, en revanche, nous ce qu'on fait, c'est que ce fonds-là qui est très volatile, on ne le propose qu'aux profils 4 ou 5, donc en profil plutôt audacieux et ambitieux.
09:40 Sinon pour les autres profils, on va plutôt être sur des green bonds, short durations, donc vraiment des obligations à durations courtes, qui vont avoir une volatilité plus faible et qui vont permettre aux épargnants qui souhaitent prendre moins de risques d'investir.
09:52 Ou alors diversifier justement avec différentes propositions d'investissement. Très rapidement, si on revient sur Goodvest, alors je lisais qu'en début d'année, vous étiez à 20 millions dans le cours sous gestion. C'est plus aujourd'hui, c'est ça ?
10:04 Effectivement, donc là on est à 30 millions dans le cours sous gestion. On continue notre meilleur démarrage pour un contrat d'assurance vie distribué sur Internet. On est très fiers de ça.
10:11 Et on a désormais séduit quasiment 3 500 épargnants, alors qu'on en avait 2 000 au début de l'année.
10:16 Toujours sur un contrat d'assurance vie ou d'autres projets sont en cours au sein de Goodvest ?
10:20 Toujours sur un contrat d'assurance vie. Alors on a lancé Goodvest Kids récemment, pour les parents d'investir pour leurs enfants. Et là, on travaille sur un nouveau projet.
10:27 On va lancer les préinscriptions dans les prochains jours. C'est le plan d'épargne retraite. Donc il y a un plan d'épargne qui permet d'avoir une retraite complémentaire, tout en finançant les entreprises qui sont engagées pour la transition écologique.
10:36 Merci beaucoup Joseph Shofati d'être venu sur le plateau de Smart Patrimoine. Je rappelle que vous êtes cofondateur de Goodvest. Merci beaucoup.
10:42 Merci.
10:43 Merci à vous également de nous avoir suivi et on se retrouve tout de suite dans Enjeu Patrimoine.

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