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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce mercredi, il s'intéresse à l'arrestation de Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste tunisien, ce lundi.
Retrouvez "L'édito international" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international
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NewsTranscription
00:00 - Vous revenez, mon cher Vincent, bonjour, c'est l'édito international sur Europe.
00:03 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04 - Vous revenez sur l'arrestation en Tunisie hier de Rachid Ranouchi, le chef du parti islamiste Enarda.
00:10 - Oui, c'est le politicien le plus connu de Tunisie, bien plus que Caïs Saïed, le président qu'il a fait enfermer.
00:15 Ghanchi, 81 ans, il est l'inamovible patron des islamistes tunisiens.
00:20 La guerre des six jours a fait de lui un frère musulman, l'antisémitisme, puissant ressort de l'islamisme.
00:27 Il vomissait Bourguiba, qu'il achetait en prison, et tout autant Ben Ali, qu'il a libéré.
00:32 La révolution du jasmin l'a ramené d'exil et depuis dix ans, il est le maître des intrigues, le génie du chaos, l'œil micro, micro.
00:41 Et l'air matois, il a régné tant que le pays s'enfonçait.
00:45 Ses amis ont vidé les caisses de l'État, lui-même est soupçonné d'avoir accumulé une fortune dans des comptes offshore, ce qui reste à prouver.
00:52 En tout cas, il n'a rien fait pour dissuader les djihadistes pressés d'aller au diable en Syrie et en Irak.
00:58 On l'a vu banqueter à Tripoli avec Belhaj, l'ancien chef de l'Al-Qaïda en Irak.
01:03 On l'a entendu expliquer, pour ne pas dire excuser, Daesh qui représente selon lui l'islam en colère.
01:10 Il faut oser dire ça dans un pays qui est miné par le terrorisme.
01:13 Rashid Ghanshi a été soupçonné dans l'assassinat des deux leaders de la gauche tunisienne,
01:17 et ses amis ont saboté l'enquête sur l'attentat du Bardo. Tout ça n'a pas empêché le très cher frère de se hisser à la présidence de l'Assemblée.
01:26 Il en a été chassé par le coup de force de Qaïd Saïd, qui a suspendu toutes les institutions il y a presque deux ans maintenant.
01:33 - Et depuis, on attendait, Vincent, le coup de grâce.
01:36 - Oui, le week-end dernier, Rashid Ghanshi a affirmé que la Tunisie serait menacée de guerre civile si l'islam politique ou la gauche était interdit.
01:44 Ça peut passer pour une menace, et dans sa bouche elle est crédible.
01:48 La réplique a été instantanée, la police l'a arrêtée sans prendre de gants pendant le dîner de rupture du jeûne,
01:55 en pleine nuit du destin, la plus sacrée du calendrier musulman.
01:58 Et dans la foulée, tous les bureaux au Denarda ont été fermés, Qaïd Saïd vient de décapiter le mouvement islamiste,
02:04 sans verser une goutte de sang, 24 heures après, la guerre civile n'a pas éclaté en Tunisie.
02:09 - Alors, ça suscite beaucoup de réactions. La France se dit préoccupée,
02:12 la Commission européenne manifeste une grande inquiétude, et elle rappelle que
02:15 le pluralisme politique constitue la base du partenariat avec la Tunisie.
02:20 - Alors franchement, ces inquiétudes, c'est un peu comme des leçons de savoir-vivre données à un mourant.
02:26 L'Europe ne comprend décidément rien à ce qui se joue en Tunisie.
02:29 L'arrestation de Ghanshi, après celle d'une vingtaine d'opposants de premier plan, c'est évidemment un raidissement autoritaire.
02:36 Mais la Tunisie n'est pas la Suisse, c'est une économie au bord de la faillite,
02:40 un Etat près de s'effondrer, et c'est juste de l'autre côté de la Méditerranée.
02:44 Le régime est implacable avec la corruption et avec le terrorisme.
02:49 Ça fait deux bonnes raisons pour l'aider, et il y en a une troisième, encore meilleure,
02:53 pour l'aider toutes nos forces, éviter le raz-de-marée migratoire.
02:56 - Signature Europe 1, Vincent Herouette. Merci beaucoup Vincent. 7h46.
03:01 [Générique de fin]