Bassines, retraites : Comment le militantisme de gauche se pose la question de la violence

  • l’année dernière
Comment les mouvements militants (écologistes ou non) issus de la gauche radicale sont-ils passés d’une culture massivement non-violente à une acceptation partielle de la violence comme moyen d’action. Hadrien Mathoux et Bruno Rieth ont enquêté.

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Transcription
00:00 Avec le Bruno Ritt, on s'est penché sur un sujet brûlant qui est la question de la violence dans
00:09 les mouvements sociaux. Il faut bien reconnaître que ces dernières semaines, autant les mouvements
00:15 contre la réforme des retraites, mais aussi les mouvements écolos, évidemment tout le monde l'a
00:19 en tête, les scènes à Sainte-Soline, ont été marquées par des scènes de violence de la part
00:25 de la police, certes dans le maintien de l'ordre un petit peu musclé, mais aussi de la part de
00:29 certains manifestants, inspiration Black Bloc ou pas toujours, mais qui s'en prennent soit aux
00:34 forces de l'ordre, soit à des infrastructures. Et du coup ça pose une question à la gauche,
00:39 notamment aux élus de gauche, aux élus insoumis, aux élus écolos qui participent à une manifestation
00:43 sans être violents eux-mêmes, évidemment, eux ils sont pacifiques, mais voilà ils sont associés à
00:49 des manifestants qui sont déterminés à utiliser la violence. Il faut savoir que les écolos, il n'y a
00:56 pas de lien entre les Black Bloc et les écolos. Les écolos, historiquement, ils viennent de la
01:01 non-violence, du concept de désobéissance civile qui est né dans les années 60-70. La désobéissance
01:07 civile c'est quoi ? C'est s'opposer pacifiquement, mais illégalement, à quelque chose, une loi,
01:15 une décision de justice qu'on trouve injuste. Et donc voilà Gandhi, Martin Luther King, c'est un
01:21 univers qui a structuré les écolos, les paysans du Larzac par exemple, qui ont utilisé ce moyen-là.
01:26 Mais voilà, les écolos, ils ne sont pas du tout habitués à cette tradition de violence dans les
01:33 manifestations, contrairement à d'autres pensées politiques. Et du coup ils se retrouvent face à un
01:37 dilemme, voilà, que faire ? Comment se comporter ? Alors publiquement, ELV, ils condamnent sans
01:42 aucune ambiguïté les violences, ils accusent même les Black Bloc d'être les alliés objectifs du
01:46 gouvernement, qui peut les instrumentaliser pour décrédibiliser les manifestations. Mais voilà,
01:51 il y a cette question qui se pose, d'autant que contrairement à la partie institutionnelle,
01:57 les militants écolos les plus radicaux, ils sont influencés par des penseurs qui eux,
02:03 promeuvent cette utilisation de la violence. Et là on a un exemple en tête qui est Andreas Malm.
02:10 Andreas Malm, c'est un penseur suédois, un universitaire, qui lui, vient à la base du
02:15 trotskisme, c'est une personnalité d'extrême gauche, qui à l'origine, en fait, c'est quelqu'un,
02:21 c'est surtout un militant de la cause palestinienne. Voilà, il a été en soutien aux palestiniens,
02:25 et il a même écrit des textes qui soutiennent, ou qui montrent en tout cas une admiration envers
02:30 le Hamas. Voilà, quelqu'un d'assez complaisant avec les pires dérives du Hamas. Et lui, il fait
02:35 un parallèle direct entre la manière dont les palestiniens luttent contre Israël, et la manière
02:40 dont les écolos devraient organiser leurs manifestations. Et il a écrit un essai très
02:45 populaire en 2020, qui s'appelle "Comment saboter un pipeline". En gros, ce qu'il explique, c'est
02:50 que le sabotage doit rentrer dans le répertoire d'action des écologistes, et que le succès des
02:56 luttes pour le climat va naître de la conjonction entre une masse pacifique, qui manifeste, et une
03:02 minorité de militants radicaux, qui n'hésitera pas à utiliser la violence pour mettre la pression
03:07 à l'État, pour faire augmenter le degré de conflictualité, et in fine permettre aux écolos
03:12 de remporter des victoires. Et donc toute la question pour les élus écologistes, les représentants
03:18 politiques de l'écologie, ça va être comment gérer cette espèce de tension entre la nécessité
03:24 de lutter pour le climat, mais aussi de convaincre l'opinion, et de condamner la violence.
03:28 !

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