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Gaël Sliman, président de l'institut de sondage Odoxa, était l’invité de BFMTV ce mercredi pour réagir à la visite chahutée d'Emmanuel Macron à Sélestat, dans le Bas-Rhin. Le président de la République dit vouloir continuer "à aller au contact" de la population et explique “qu’il est normal que cette colère s’exprime”.

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Transcription
00:00 Elle est très profonde, cette impopularité.
00:01 Vous avez une impopularité qu'on peut qualifier de façon quantitative.
00:04 Vous avez en gros 70 % des Français qui ne l'aiment pas ou même
00:08 de plus en plus le détestent, qui sont en rupture avec lui.
00:11 Pardonnez-moi, ça veut dire qu'il reste 30 % de Français qui lui sont favorable ?
00:13 Ça veut dire qu'il reste un sol de 30 % de Français
00:17 qui ont une bonne opinion d'Emmanuel Macron,
00:19 qui pensent qu'il est un bon président de la République.
00:21 Beaucoup de présidents de la République auraient bien aimé avoir ce score, non ?
00:24 On a bien compris qu'il aurait été très dur.
00:27 Vous avez en benchmark, en comparaison,
00:29 vous avez un élément plus bas,
00:33 clairement, c'est François Hollande,
00:34 qui a réussi la performance d'être à 20 %, en gros.
00:37 Mais sinon, quand on commence à tomber à 30 % ou en dessous des 30 %,
00:41 c'est préoccupant.
00:42 Mais c'est pour ça que je vous disais, il y a deux éléments.
00:43 Il y a le côté quantitatif, où en est-on ?
00:46 Et puis, il y a le côté qualitatif.
00:48 Et sur l'aspect plus qualitatif, ce que dit ce monsieur
00:51 n'est peut-être pas représentatif de ce que pensent tous les Français,
00:53 mais il y a une colère très profonde qui est montée, qui progresse,
00:58 qui fait que les Français ont le sentiment...
01:00 Alors, ils étaient contre la réforme, mais même ceux qui n'étaient pas contre,
01:03 notamment les sympathisants LR, nous disent "mais cette réforme,
01:05 moi, j'étais plutôt pour", mais le sentiment de déni de démocratie.
01:09 Tout le monde ne pense pas qu'on ne vit plus en démocratie
01:11 parce qu'Emmanuel Macron est passé outre à utiliser le 49-3.
01:14 Mais le sentiment que, en l'espèce, dans ce cas-là,
01:19 eh bien, on n'a pas écouté le peuple.
01:21 Et l'article 2 de la Constitution prévoit quand même
01:24 que c'est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple.
01:26 Et donc, on ne l'a pas écouté en sachant pertinemment que le peuple,
01:29 au sens large, pas que les sondages, mais aussi la mobilisation citoyenne,
01:33 les partenaires sociaux, ne voulaient pas de cette réforme
01:37 et qu'en plus, on ne les a pas écoutés et que tout ça s'est terminé
01:40 après le 47-1 par un 49-3.
01:42 Donc, au-delà de son impopularité...
01:45 Autrement dit, avec un texte qui n'a pas été voté, je le rappelle toujours.
01:47 C'est-à-dire que même le Parlement n'a pas pu finalement voter ce texte.
01:51 Donc, la conjonction de tous ces éléments fait qu'il y a une colère.
01:55 Alors, il y a une stratégie d'Emmanuel Macron, et je rejoins ce que disait
01:57 Benjamin il y a un instant, qui consiste à se dire "je sens qu'il y a de la colère
02:01 et donc je vais aller purger ça, je vais aller au contact des gens
02:04 et apporter d'engueulades".
02:05 À mon avis, il commet une erreur, comme son intervention télévisée
02:09 de l'autre jour, parce que nous ne sommes pas dans ce moment-là.
02:12 Les Français ne sont pas prêts.
02:14 Vous savez, quand vous avez eu un deuil, quand il s'est passé quelque chose
02:17 de dramatique, vous avez besoin d'un petit moment de latence.
02:19 Le texte a été voté.
02:21 On verra ce que dit le Conseil constitutionnel sur les ultimes recours.
02:24 Mais je crois que les Français sont dans un moment où ils ne peuvent pas le voir,
02:28 presque au sens figuré, mais au sens propre.
02:31 Il y avait un moment de parenthèse à laisser
02:33 et le fait de se mettre au contact des gens réactif de la colère.
02:37 Et là, je pense que c'est une erreur.

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