Les Vraies Voix Responsables : émission spéciale ruralité

  • l’année dernière
Les Vraies Voix responsables avec Pierre Claret, conseiller de Jean Lassalle, Eddie Puyjalon Président du Mouvement de la Ruralité, Nadine, factrice dans le Caroux, Théo, chef cuisinier au 711 à Ganges.
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##LES_VRAIES_VOIX_RESPONSABLES-2023-04-19##
Transcript
00:00 - Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France, 19h20, les vraies voies responsables.
00:05 - Merci de nous rejoindre et bienvenue dans les voies responsables. Ce soir, vous le savez, cette semaine était consacrée et toujours d'ailleurs consacrée à la ruralité
00:13 sur Sud Radio. Patrick Roger est parti à Bédarieux pour la matinale lundi. Jean-Jacques Bourdin était à Quisac ce matin et ce sera
00:21 à Gange demain, pendant la visite d'ailleurs du président de la République au collège de la ville.
00:26 Une ruralité qu'on aime particulièrement ici sur Sud Radio et dont on va tracer les contours entre arrivée des rurbains qui bénéficient du télétravail,
00:34 des fermetures, du service public et besoins vitaux en aménagement du territoire.
00:39 - Et pour en débattre ce soir avec nous, Pierre Claret, conseiller de Jean Lassalle, bonsoir. - Bonsoir et vive la ruralité.
00:45 - Et Dippuy Jallon qui va être d'accord, président du mouvement de la ruralité, bonsoir.
00:52 - Oui bonsoir à vous, président d'honneur, président fondateur, président
00:56 de ma simple vie de rural, attaché à la ruralité évidemment.
01:00 - Vous cumulez les présidents. Et un maire, Max Braille, maire de Las Tours dans l'Aude, bonsoir Max Braille.
01:05 - Bonsoir à tous et vive la ruralité également.
01:09 - Et Nadine, factrice également dans le carreau qui viendra nous voir à 19h30 effectivement, ainsi que Théo,
01:17 chef cuisinier à Gange. - Oui ce sera pour parler de la visite du président de la République, ce sera à 19h45.
01:22 On va vous poser une question à vous trois, comment définiriez-vous la ruralité ?
01:27 Tiens, on commence avec vous Pierre Claret. - La ruralité c'est la liberté.
01:31 C'est-à-dire qu'au fond, plus on aura de l'espace visuel, et plus derrière votre cerveau peut imaginer des choses.
01:40 Si on se retrouve enfermé dans des bâtiments entre quatre murs en béton, je peux vous dire que
01:46 intellectuellement ça n'aide pas.
01:49 - Votre avis sur la ruralité d'Huy-Puy-Jalon, vous la définiriez comment ?
01:52 - Un modèle sociétal
01:55 exceptionnel à conserver et à travailler. - Qui serait en danger selon vous ?
02:01 - À tous les étages, malheureusement.
02:04 Même au niveau sociétal, alors je parle d'éducation, je parle de travail, et je parle de tout ce qui est autour, environnement.
02:12 Les ruraux ont toujours aimé gérer leur environnement et trouver un équilibre de vie entre travail,
02:19 loisirs et gastronomie.
02:21 Aujourd'hui, tout cependant, sont mis à mal, notamment par une forme d'écologie radicale qui nous exclue de nos territoires.
02:28 - Max Brahe, vous quête-mère d'une petite commune dans le Cabardès, c'est bien ça, à la Stour, c'est dans le Cabardès ?
02:34 Votre conception de la ruralité, c'est quoi votre définition ?
02:38 - La ruralité, le ballon d'oxygène quand il y a des problèmes.
02:43 On l'a vu avec le Covid, où se sont réfugiés les gens dès qu'ils ont pu quitter
02:50 ces lieux qui sont ignobles.
02:55 Moi, dernièrement, j'ai dû défendre un dossier à Paris pour l'UNESCO dans lequel nous sommes en lice aujourd'hui.
03:02 Je me suis retrouvé au quartier de la Defense et je me dis quelle tristesse de faire vivre les gens là.
03:08 Et donc, je suis revenu chez moi et quand je suis arrivé sur mon balcon, j'ai vu la plaine carcassonnaise, les Pyrénées en face.
03:18 C'était du bonheur, je m'étais ressourcé. C'est ça la ruralité.
03:22 - Et rien que votre accent donne envie.
03:24 - Et on est en train de le détruire parce qu'on veut mettre la ruralité comme ces grandes villes.
03:30 Il n'y a rien de comparable.
03:32 Et on veut nous assimiler à tout ça.
03:34 On veut faire un monde unique alors qu'il faut qu'on nous laisse, nous, vivre la ruralité, la développer, la partager.
03:41 Et la faire partager à tous ceux qui veulent y venir et non nous imposer toutes ces règles qui nous affaiblissent tous les jours.
03:47 - Max Braille, quand vous dites "on", vous pensez à qui précisément ?
03:51 - Tous ceux qui sont attachés, qui vivons dans la ruralité parce que nous sommes les mieux placés pour réagir.
03:59 Vous savez, je vous ai rencontré, en fait, je rencontrais vos équipes à Gracasson après les inondations de 2018.
04:05 - Absolument, on s'était rencontré là-bas avec vous, Max.
04:09 - Tout à fait. Quand il y a eu ces inondations, moi dans le village de Lastour, il y a eu 4 mètres d'eau en 4 heures de temps.
04:15 Mais ce n'est pas les bureaucrates de Paris qui sont venus nous dépatouiller.
04:19 C'est nous qui nous sommes débrouillés.
04:21 C'est nous qui avons réagi. C'est nous qui savions où il y avait les gens à aller se courir.
04:25 C'est nous les plus proches du contact.
04:28 Il n'y a pas que des règles. On nous fait des grandes règles, on nous fait des grands tableaux.
04:34 Mais c'est figé, ça ne veut rien dire.
04:37 La ruralité, c'est la vie des uns des autres, l'échange.
04:41 Tout ce qu'on est en train, malheureusement, comme l'a dit mon prédécesseur, de perdre.
04:45 Parce qu'avec ce système que l'on met en place, qui est déshumanisé, on perd l'essentiel de ce qu'est la ruralité.
04:52 C'est se rendre service, s'aider les uns les autres, sans jamais avoir d'arrière pensée.
04:59 - Edipie Jallion, vous parliez justement de ces Parisiens pendant le Covid qui étaient beaucoup venus dans les campagnes.
05:06 Est-ce que pour certains ils sont restés ou vous avez assisté à un grand départ finalement après cette période ?
05:13 - Je pense que j'avais des donnes de voyances quand on m'interviewait sur le fait, comme on me disait,
05:18 qu'il y a un grand changement sur la consommation. Les Français, notamment des villes, vont se tourner définitivement vers le consommation local, vers les paysans, etc.
05:29 J'avais dit, vous savez, par habitude j'ai bien l'impression que dès qu'on va revenir à quelque chose d'à peu près normal,
05:34 on va revenir à acheter pas cher et à revenir vers les grandes surfaces et à oublier ceux qui travaillent dur,
05:40 tout en reprenant le territoire rural. Je vois que c'est ça.
05:43 Maintenant, l'exode des villes vers la campagne existe toujours. Maintenant, il y a des régions qui sont plus adaptées que d'autres
05:50 ou du moins qui ont les critères qui vont bien pour les urbains qui veulent aller du côté du Pays Basque ou sur les côtes
05:56 et un peu moins sur certains territoires ruraux. C'est bien dommage.
06:00 C'est pour ça que nous, on plaidait pour développer les villes moyennes, arrêter de développer les grandes métropoles
06:05 et puis mettre en place quelque chose qui fonctionne pour cette ruralité.
06:09 Si j'avais un exemple type, par exemple, c'est les fonds verts que vient allouer l'État pour les métropoles,
06:15 c'est-à-dire qu'à Bordeaux, M. Hermic peut toucher des sous pour planter deux arbres ridicules au milieu d'une place.
06:21 Par contre, un maire rural de 2 000 habitants qui voudrait planter des espaces verts, on va lui dire qu'il n'a pas le droit au fond
06:27 parce que c'est suffisamment vert et donc il n'en a pas besoin.
06:30 Mais par contre, on lui interdit de pouvoir construire parce qu'il faut arrêter l'artificiation des sols.
06:35 Et lui, il demande juste un petit peu de développement pour garder son école et avoir un développement économique raisonnable.
06:41 Justement, Pierre Claret, dans le prolongement de ce que nous dit Edipugellon, 90% des Parisiens qui quittent la capitale
06:48 s'installent dans une commune urbaine, souvent d'ailleurs en Ile-de-France, selon des chiffres de l'INSEE.
06:54 Comment vous l'expliquez ?
06:56 Alors bien sûr, ça s'explique déjà avec le Covid, mais je crois surtout que depuis...
07:01 Oui, mais pas dans les campagnes, c'est ce que je veux dire.
07:04 Mais ils restent dans les villes quand même, autour de Paris ou dans les grandes villes ailleurs, en province.
07:09 Vous ne pouvez pas changer un ADN une fois que vous êtes habitué à une certaine façon de faire.
07:14 Évidemment, vous acceptez la campagne, mais sous une certaine limite, dans une certaine limite.
07:18 Je crois surtout que depuis 1960, à peu près, on a voulu concentrer les populations dans les villes
07:24 parce que l'État, malheureusement, est devenu aussi capitaliste que le plus grand capitaliste des banquiers.
07:30 Pourquoi ? Parce qu'au fond, plus vous concentrez une population, plus elle peut rapporter de l'argent,
07:36 mais sans pour autant en dépenser.
07:38 C'est-à-dire que lorsque vous êtes en campagne, vous avez des routes à faire,
07:41 qui sont des routes bien sûr goudronnées, vous avez des tuyaux à tirer, ça coûte une fortune.
07:46 Et lorsque vous avez, dans un village de 150 habitants, des lignes à recréer, à reconstruire,
07:53 évidemment ça coûte beaucoup plus cher que si vous avez une copropriété de 50 logements,
07:59 où vous avez au fond des taxes d'habitation et des taxes soincières aujourd'hui qui vont rentrer,
08:04 la taxe d'habitation a bien sûr été supprimée, mais bien sûr ça ne coûte rien en termes de frais de gestion.
08:12 Et malheureusement, les États aujourd'hui se mettent à réfléchir capitalisme,
08:18 alors qu'au fond, ils devraient réfléchir aussi qualité de vie.
08:21 Max Braille, depuis des années, on a parlé de la fermeture des services publics dans les zones rurales.
08:26 Vous êtes dans une toute petite commune qui a un très joli château, vous pouvez nous la décrire en quelques secondes.
08:32 Est-ce que le début de l'hémorragie a commencé ?
08:37 Alors, la fin de l'hémorragie a commencé parce que les communes prennent en charge ce que l'État nous supprime.
08:44 Donc exemple, pour garder une agence postale, c'est nous qui avons acheté le bâtiment,
08:51 et c'est nous qui avons fait des travaux, et c'est nous qui payons le personnel.
08:56 Alors certes, il y a une compétition avec la poste, mais la compétition sera renouvelée ou pas.
09:02 Elle ne couvre pas intégralement tout, et surtout nous rendons un service et un lien qui est nécessaire.
09:09 Les mairies que nous gardons, avec les personnels que nous avons, qui sont multitâches,
09:14 tout ça, l'État ne se rend pas compte de ce formidable tissu qui existe et qui fonctionne.
09:22 C'est les perceptions qu'on a centralisées. Alors bien entendu, la dématérialisation va tout sauver.
09:28 Effectivement, c'est un sacré pataquès derrière. C'est le gros bordel qui se développe.
09:32 Mais ça, les grands intelligents qui l'ont pondu, ils ne sont pas là pour le gérer derrière.
09:37 Donc c'est tout ça qui est incompréhensible. C'est là-dessus qu'on ne nous entend pas, c'est là-dessus qu'on ne nous écoute pas.
09:44 Et quand je vois que nos politiques ont lieu, et que le président en place actuellement dit qu'on ne l'écoute pas et qu'on ne l'entend pas,
09:54 il ferait bien quand même de se remettre en question de ce qu'il écoute les gens qui font vivre ce pays,
09:59 parce qu'il y a quand même un bon nombre de communes rurales. Je ne veux pas dire de chiffres pour ne pas être inexact,
10:06 mais s'il n'y avait pas ce monde rural, ce tissu de mer engagé, quasi bénévole, parce que là, on ne parlera pas d'indemnité,
10:15 on ne parlera pas de tout ça. Moi, je vais vous dire, aujourd'hui, mon indemnité, elle est de 840 euros par mois.
10:21 Donc, je n'ai rien à cacher de ce côté-là. Et c'est un engagement de quasiment 30 heures par semaine.
10:27 Parce qu'on refait un bâtiment, je suis en train d'aider les employés à refaire le toit.
10:32 Quand il faut une bétonnière, c'est ma bétonnière qui va servir à la mairie. Voilà ce que c'est le monde rural.
10:38 Quand on est dans la montagne ou dans le massif central, c'est l'agriculteur avec son tracteur qui va déneiger.
10:43 On ne s'en rend pas compte, parce que ça, ça ne compte pas. Et c'est normal. Mais c'est là qu'on n'est pas pris en compte.
10:49 Et heureusement qu'il y a tous ces gens. Et on peut souhaiter que cette vocation, parce que c'est une vocation,
10:56 je dis bien, c'est même une vocation, c'est un sacerdoce à la différence des curés, on ne fait jamais de quêtes.
11:01 - Oui, c'est sûr. Pierre, pardon, Eddy, Puigelon, quand on écoute Max Braille, c'est une souffrance malheureusement qu'on entend depuis des années.
11:10 Ces maires qui travaillent 20 heures sur 24, peut-être pas, j'exagère, mais enfin voilà, et qui ne sont pas entendus par le pouvoir parisien.
11:18 Pourtant, il y avait des intentions de changer les choses.
11:22 - Non, c'est le climat qui a changé, en régime de climat sociétal, l'empirisme sur le fait que les maires ruraux,
11:31 qui, comme il l'a dit, c'est une vocation, mais c'est d'abord l'envie de servir. Il y a cette racine qui est là, c'est l'humanisme et l'entraide
11:42 qui est à l'origine de nombreux maires comme de nombreux ruraux qui sont toujours là pour aider le voisin, l'agriculteur, etc.
11:50 Et donc gérer la commune, c'est une belle chose, sauf que quand on commence à voir les contraintes qu'elles sont arrivées,
11:56 quand on vous retire tous les moyens et que vous devez faire face à de plus en plus de contraintes administratives, réglementaires,
12:02 parfois les néo-ruraux qui arrivent avec leurs exigences, ça devient très conflictuel avec un climat aujourd'hui très agressif.
12:09 Des gens qui veulent tout et tout de suite. Et donc le maire est maintenant exposé à cette chose-là,
12:16 alors qu'il y a quelques années de ça, il était d'abord respecté, apprécié, les gens aimaient leur maire et il venait le voir, il leur faisait savoir.
12:24 Et il n'y avait pas ces problèmes aujourd'hui qui sont insurmontables. On veut faire disparaître les petites communes, mais comme il l'a dit,
12:31 les petites communes, ça ne coûte rien, c'est du relationnel, c'est de la proximité, c'est de la réactivité. Je suis pour les 36 600 communes.
12:37 C'est une hérésie de les avoir fait disparaître pour les faire grossir, pour avoir quoi ? De la réunionnite ?
12:42 Un peu plus de gens qui vont prendre des indemnités parce qu'ils vont être présidents de la plus grosse communauté de communes qui sera de 20, 50, 60 communes réunies ?
12:53 Je n'y crois pas. Moi je crois encore à l'entraide, à la solidarité, au dialogue. Et même j'ai vu des communes qui ont toujours fonctionné avec des gens
13:02 qui n'étaient pas de la même étiquette en milieu rural. Vous savez, c'était d'abord l'intérêt général et que vous savez, de droite ou de gauche, on s'en foutait, pourvu que ça fonctionne.
13:09 - C'est comme Camille et Pippen, ça s'entendait très bien. - Exactement.
13:13 Pierre Claret, votre réaction ?
13:14 Moi je crois que les intercommunalités ont été créées essentiellement pour employer les caisses. Tout simplement parce que vous aviez des mairies qui étaient très endettées
13:22 et lorsque les banques ne suivaient plus, il fallait absolument créer des intercommunalités pour pouvoir refaire des crédits.
13:28 Puisque les banques demandent le nombre d'habitants pour délivrer les crédits. Et donc à l'époque, dans les années 2004, lorsque les premières intercommunalités ont été créées,
13:37 elles ont été créées dans ce sens. Et après on a continué, on est passé de 22 à 13 régions, je le rappelle, parce qu'il y avait des régions qui étaient aussi très endettées.
13:46 Et comme elles ne pouvaient plus emprunter sur les marchés, évidemment de 22 on passe à 13 et là vous avez donc une masse de population qui est beaucoup plus importante
13:53 et les banques sont prêtes à prêter. Et donc c'est uniquement encore des histoires d'argent qui font que derrière on se retrouve dans des situations
14:01 où notre qualité de vie a totalement diminué. Donc il faut revenir en arrière et il faut surtout arrêter de considérer que les banques ont un droit de vie et de mort
14:10 et de qualité de vie pour les habitants et les Français tout court.
14:13 - Merci à tous les trois, Pierre Clavé, Guy, Louis, Max. - Mais vous restez avec nous !
14:16 - Bien sûr, j'allais le dire mon cher Philippe, vous vous mettez la charrue avant les bœufs pour rester dans la ruralité.
14:22 Et on va vous retrouver dans quelques instants avec Nadine, également, qui viendra nous apporter son témoignage.
14:28 Elle est factrice dans le Carreau et Théo, chef cuisinier également à Gange. Restez avec nous.
14:34 19h30, merci de nous rejoindre sur les vraies voies responsables, toujours avec nos invités,
14:39 Pierre Clavé, conseiller de Jean Lassa, Lédi Puigellon, président du mouvement de la ruralité, Max Brahe, maire de Lastource, dans l'eau.
14:47 Nadine, factrice dans le Carreau, vient de nous rejoindre. Bonsoir Nadine, merci d'être avec nous en direct sur Sud Radio.
14:55 Vous êtes factrice en zone rurale depuis 1986, c'est bien ça ?
15:00 - Bonsoir. - Bonsoir.
15:02 - Oui, enfin, je suis rentrée à la poste en 1986 et je suis devenue factrice en 97, exactement.
15:10 - Alors racontez-nous, parce que ça mérite d'être entendu, la vie d'une factrice en zone rurale.
15:16 Alors le Carreau, c'est dans l'ouest de l'Hérault. Racontez-nous votre journée de travail, parce que quand on la connaît, ça fait rêver.
15:25 Franchement, je le dis, ça fait rêver. On va vraiment sur le terrain, on va vraiment dans la France qu'on aime.
15:31 - Oui, exactement. Une journée, c'est simple. Nous arrivons donc au bureau le matin, le courrier et les colis arrivent,
15:42 nous traitons tout ça, après une heure de tri, ça y est, on prend notre petite voiture et puis on parcourt les routes de notre...
15:51 Moi, je suis sur Prémiant, donc sur cette commune, voilà, et on va à la rencontre de nos clients.
15:58 - Combien de kilomètres par jour qu'on se situe bien ?
16:02 - À peu près 75. - Ah oui, quand même.
16:05 - Alors, vous avez quand même une chose absolument folle, vous allez même voir les personnes âgées,
16:11 on a lu une histoire d'une femme de 93 ans, que vous allez voir minimum trois fois par semaine,
16:18 elle n'a probablement pas du courrier tous les jours, mais est-ce que vous n'êtes pas finalement le dernier service public d'hyper proximité,
16:25 vous, la factrice, dans le Carreau, Nadine ?
16:29 - Presque, oui, on va dire presque. - Parce que vous êtes sympa, on va dire que vous êtes le dernier service public d'hyper proximité.
16:36 - Le dernier lien social.
16:39 - Oui, c'est vrai, mais vous savez, j'y vais tous les jours, voir cette dame, déjà parce qu'elle a le midi libre,
16:45 et puis voilà, donc je rentre chez elle et puis je lui fais un petit coucou, un petit bonjour, je lui donne son journal,
16:55 on demande quelques nouvelles, on parle un petit peu du temps, de tout, voilà, ça lui fait plaisir, et moi aussi ça me fait plaisir.
17:03 Voilà, c'est un beau contact.
17:05 - Comme on le disait, vous êtes certainement peut-être l'un des derniers liens sociaux pour beaucoup d'habitants dans ces régions.
17:13 - Oui, c'est vrai, c'est vrai. C'est une région un peu reculée, et donc, mais oui, moi je passe tous les jours, pratiquement,
17:23 il n'y a pas des lettres tous les jours, mais il y a toujours un petit coucou, ils me voient passer, ils me font un petit signe derrière la fenêtre,
17:32 il faut toujours dire un petit mot, ça va, vous allez bien, bon voilà.
17:36 - Nadine, restez avec nous à faire réagir nos invités. Max Braille, dans votre commune de Lastour, vous avez une factrice comme Nadine ?
17:43 - Oui, on a la chance d'avoir encore des facteurs de qualité qui sont des liens sociaux énormes, et madame, je vous félicite très très chaleureusement du travail que vous faites,
17:58 parce que je connais bien le Karou, c'est un très beau territoire, il y a beaucoup de gens qui pourraient être isolés, qui n'auraient aucun contact,
18:06 si des personnes comme vous ne le faisiez pas, donc il faut mettre en avant tous ces salariés, tous ces travailleurs, qui sont dans l'ombre,
18:15 et qui font un travail que l'État a abandonné depuis longtemps.
18:18 - Pierre Claret, ça vous inspire quoi ? C'est vrai qu'on est transporté dans presque une autre époque ?
18:26 - Alors, j'ai deux choses à vous raconter, j'ai une grand-mère, dans les années 90, qui vivait dans un tout petit village, à 1200 mètres d'altitude,
18:34 et ils étaient cinq dans le village l'hiver, et elle était de Ariège, et il s'avère qu'à un moment donné, elle a eu des problèmes de santé,
18:44 et on avait demandé aux postiers à l'époque de monter les médicaments, puisque c'était un village accessible, c'était 6 kilomètres de lacets,
18:53 et à l'époque, la poste avait refusé, il a fallu qu'on écrive au ministère pour qu'ils acceptent de porter les médicaments.
19:00 Donc je dis, il y a eu une très très belle évolution aujourd'hui, puisqu'en effet, la poste aujourd'hui se charge d'aider les personnes âgées,
19:07 et je trouve que c'est très très bien, alors qu'à l'époque, ça n'était pas le cas.
19:10 Et par contre, je voudrais poser une question à cette dame, est-ce que vous n'avez pas de problème de dos, parce que descendre et monter dans les voitures,
19:17 je vous dis ça parce que ma factrice, qui est actuellement à Nari Maladi, elle est remplacée, parce que justement, elle a des problèmes de dos à force de descendre et de monter dans la voiture.
19:25 - Pour les auditeurs, Pierre Claret n'est pas kinésithérapeute, il n'y a aucun conflit d'intérêt, on vous écoute Nadine.
19:31 - Non, non, ça va, je n'ai pas de problème de dos. Alors déjà parce que maintenant, on a des véhicules quand même assez bien adaptés,
19:40 voilà, ils sont hauts, et puis après la poste nous forme pour qu'on puisse prendre les paquets d'une certaine façon, pour éviter justement tous ces problèmes.
19:52 Après ça peut arriver, ça c'est un faux mouvement, évite d'arriver, mais non, ça va pour l'instant.
19:57 - Nadine, pardon Philippe, Pierre Claret nous disait, c'est vrai qu'avant c'était pas forcément le cas, les facteurs s'occupaient du corier et puis c'est tout,
20:04 ça a évolué au fil du temps, on en a beaucoup d'ailleurs parlé pendant le Covid, vous ça fait combien de temps justement que vous allez peut-être au-delà de vos missions initiales ?
20:15 - Il y a en fin de compte, il y a un lien qui se crée avec ces personnes, avec les gens, plus ou moins jeunes, peu importe,
20:24 et si on peut rendre service, évidemment qu'on rend service, évidemment, voilà, on n'attend pas...
20:32 - Donc ça vient pas de la poste, c'est vraiment un lien, voilà, c'est pas une injonction entre guillemets, ça vient de vous, le lien se crée naturellement ?
20:40 - Le lien se crée au fur et à mesure, et puis c'est vrai que maintenant avec la poste, donc même si le facteur, parce que c'est aussi chaque facteur qui avait le droit de dire à l'époque,
20:52 bon, je n'ai pas le droit, je ne le fais pas, et maintenant justement, il y a des contrats, et toutes ces personnes peuvent nous demander ce qu'elles veulent,
21:01 on est là pour leur rendre service et leur simplifier la vie, et puis on le fait avec plaisir.
21:06 - Il y a des contrats donc ?
21:07 - Oui. - Et puis, quand vous entendez Nadine nous raconter sa vie de factrice, qu'est-ce que ça vous inspire comme réaction ?
21:16 C'est pas finalement de l'humain avant tout ?
21:19 - C'est ce que j'ai dit tout à l'heure, cet aspect sociétal, cet humanisme qui fait plaisir à entendre,
21:24 et pour le maintenir, il faut évidemment que les facteurs et les factrices puissent rester suffisamment longtemps sur leur secteur,
21:30 et comme elle le dit, ce sont des liens qui se créent au fil du temps, et que les gens apprécient,
21:36 j'en vois souvent, et je vois des dames ou des hommes qui donnent même une petite pièce en fin d'année, pour le plaisir de remercier ce que l'on a fait.
21:42 - Ah le calendrier de la pause, c'est incontournable !
21:44 - C'est une évidence, et derrière tout ça, il y a du lien social, donc c'est là où il faut maintenir.
21:50 - Et dites que justement, pardonnez-moi, mais président du mouvement de la ruralité, Nadine, vous parlez d'un contrat,
21:55 les facteurs dans leur ensemble ont plutôt bien accepté, justement, qu'on aille au-delà de leur mission initiale ?
22:03 - Alors disons qu'au départ, il faut l'accepter, parce qu'un facteur, normalement, à la base, il ne distribue que des lettres.
22:12 Il est si vite rentré dans... On comprend très bien qu'il y a certaines personnes âgées qui ont besoin de nos services,
22:20 mais c'est vrai qu'au départ, il y a eu, pour certaines personnes, "ah oui, mais après, c'est rentré dans les..."
22:27 - Mais ça peut être une lourde responsabilité aussi, quand une personne est malade, c'est pas forcément évident à porter, pour vous ?
22:36 - Non, parce qu'il y a la famille, nous sommes un lien. Si on voit qu'elle n'est pas bien, tout de suite, on en réfère au-dessus, à la famille.
22:48 Non, on ne peut pas rentrer non plus dans...
22:52 - Nadine, je voudrais vous poser une question. Vous avez intégré La Poste en 1986, vous êtes devenue factrice en 1997, donc 11 ans plus tard.
23:01 Votre bureau de poste, il a disparu, donc vous avez dû aller comme factrice. Comment ça s'est fait, votre histoire ?
23:08 - Je suis restée dans le même bureau. - Ah, il est resté ouvert, donc ?
23:12 - Oui, oui, oui. - C'est une bonne nouvelle.
23:15 - Alors, il y a eu quelques agences autour qui sont devenues des agences communales, mais le bureau d'où je dépends est resté.
23:23 Voilà, c'est un petit bureau où il n'y a pas beaucoup de facteurs, mais qui est très utile et qui desserre quand même pas mal de communes.
23:33 - Max Braille, vous voyez, tout n'est pas perdu, il y a quand même encore...
23:38 - Vous avez toujours votre bureau de poste à la Stource, Max Braille ?
23:41 - Nous, on a une agence postale, on l'a transformée en agence postale parce que j'ai fait le forcing pendant plus de 11 ans avec La Poste.
23:47 Et je les ai même obligés à nous vendre le bâtiment dans lequel la commune avait participé financièrement,
23:56 en faisant que ce soit la banque postale qui nous fasse le prêt.
24:00 Donc voilà, à un moment donné, il ne faut pas que ce soit que des mots, il faut que ce soit des actes aussi.
24:05 - Dans l'arrière, vous avez toujours votre bureau de poste, Pierre Claret ?
24:08 - Alors là, c'était un bureau de poste, et d'ailleurs, il y est toujours, ça s'appelle Vic de Sceaux, c'est un petit village, mais c'est une intercommunalité aujourd'hui.
24:15 - Et vous, vous êtes en nouvelle activité, Nidi Pujallon, vous avez toujours un bureau de poste ?
24:19 - C'est beaucoup plus compliqué, je suis comme monsieur le maire.
24:23 Notre maire a été obligé de prendre à son compte le service postal,
24:28 puisqu'il a été fermé par La Poste et il ne reste poste de la plus grosse commune.
24:33 Et tout le reste s'est traité par les maires qui ont fait l'effort financier de conserver le bâtiment et de mettre un salarié.
24:41 - Aujourd'hui, quels sont les commerces, enfin justement les institutions qui sautent, j'ose dire, en premier ?
24:48 Il y a La Poste, mais il y a aussi le petit commerce, le tabac, la boucherie ?
24:52 - La pharmacie.
24:54 - La pharmacie, oui, effectivement.
24:56 - La pharmacie saute, il y a beaucoup de concentrations de pharmacies.
24:58 Dans des villes où il y avait trop, quatre pharmaciels se réunissent à une seule parce que c'est plus rentable.
25:02 Et donc évidemment, ça fait partie des populations.
25:05 Les trésoreries aussi, vous savez, les trésoreries, on vous explique "on va maintenir la trésorerie",
25:10 mais les trésoriers, lorsqu'ils reçoivent les habitants, leur disent "attendez, on n'a pas d'argent qui rentre,
25:14 donc pourquoi voudriez-vous qu'on maintienne une trésorerie ?"
25:16 Donc si vous n'avez plus d'habitants, si vous n'avez plus de commerce, si vous n'avez plus d'entreprise,
25:20 vous fermez la trésorerie. Et tout est comme ça.
25:23 - Merci, en tout cas, tous les trois restés...
25:25 - Et pas de distributeurs d'argent, là c'est encore plus gênant,
25:28 parce que pour faire des courses, quand il n'y a pas la carte bleue et qu'on ne prend pas les chèques, c'est un peu gênant.
25:31 - Mais restez avec nous, Nadine, on vous remercie.
25:34 - On vous remercie, Nadine, merci.
25:35 - Et on va retrouver dans quelques instants Théo, un chef cuisinier également à Gange.
25:39 Dans quelques instants, restez avec nous sur les vraies voies responsables.
25:43 Merci de nous rejoindre sur les vraies voies responsables.
25:47 Nous sommes toujours avec nos invités, Pierre Claret, conseiller de Jean Lassa,
25:50 Lédie Pugelhon, président du mouvement de la ruralité, Max Braille, maire de Lastours dans l'Aude.
25:56 Et nous accueillons avec nous, à distance, mais avec nous quand même,
26:00 Théo, chef cuisinier au 711 à Gange.
26:04 Bonjour Théo, comment ça va ?
26:06 - Bonsoir.
26:07 - Bonsoir, oui, oui, oui.
26:08 - Très bien et vous ?
26:09 - Très bien.
26:10 Alors l'actualité à Gange, c'est la visite du président de la République demain,
26:14 qui va aller au collège de la ville.
26:16 Comment, dans un village comme Gange, on vit la visite du président de la République ?
26:20 - Il faut savoir que Gange, c'est quand même une ville qui est très engagée,
26:26 donc c'est vrai qu'elle a été très engagée contre la réforme.
26:29 - Et je le dis, Jean-Jacques Bourdin sera demain en direct de Gange,
26:34 il faut le rappeler, de 10h30 à 12h30.
26:36 - D'accord, donc voilà, c'est une ville très engagée,
26:41 qui a été très suivie sur la réforme,
26:45 et qui était vraiment contre cette réforme.
26:49 Donc je pense qu'il a attendu de pied ferme sur Gange.
26:52 - Il y a des petites actions prévues, comme ça l'a été aujourd'hui en Alsace,
26:56 à coup de casserole et huée, ou vous allez rester plutôt sage et dans le dialogue ?
27:02 - Alors moi, personnellement, je ne suis pas engagé au niveau,
27:07 que ce soit de la CGT ou que ce soit de la Sonica,
27:10 mais en tout cas, je sais que des manifestations sont déjà prévues pour son accueil aussi.
27:15 - Alors parlons de vous, Théo.
27:16 Vous, vous êtes donc chef cuisinier.
27:19 Combien de personnes dort dans votre restaurant ?
27:22 - Alors, on est entre 5-6 personnes à travailler,
27:26 donc 4 en cuisine et 3 en salle.
27:32 Donc ça fait 7 d'ailleurs.
27:34 Et ça se passe bien.
27:37 - Ça fait longtemps que vous travaillez là-bas ?
27:39 - Moi, ça fait 2 ans.
27:40 - Vous étiez citadin avant ?
27:43 - Alors, j'habitais, je suis né à Montpellier pendant 18 ans
27:48 et après, je suis parti à la campagne.
27:51 Ça a été dans plusieurs petits villages.
27:53 Et là, je me retrouve travaillé à Gange.
27:56 - Et vous ne retourneriez pas en ville ?
27:59 - Non, non, non, pas du tout.
28:00 La ville, c'est quand même...
28:02 J'adore Montpellier,
28:04 mais c'est vrai que la campagne reste beaucoup plus agréable,
28:09 en tout cas pour ma vie et pour la vie de mes enfants et de ma femme.
28:13 - Vous avez peut-être écouté tout ce qu'on s'est dit tout à l'heure
28:17 sur la ruralité, la ruralité en danger.
28:20 Vous partagez justement cette inquiétude,
28:23 par exemple, de Max Brahe,
28:25 qui s'est exprimé tout à l'heure en disant
28:27 "Voilà, on est abandonné vraiment par l'État".
28:30 - C'est vrai qu'on ressent une certaine abandon,
28:33 surtout sur Gange.
28:36 On a la maternité qui a fermé il y a peu.
28:40 Après, savoir la faute de qui, c'est difficile à dire.
28:45 Mais voilà, c'est vrai qu'on est un peu délaissé.
28:49 Et en fait, on doit se retrouver à aller faire 50 kilomètres
28:54 pour trouver une maternité ou un grand hôpital.
28:57 - On va donner la parole à nos invités demain.
28:59 Emmanuel Macron est à Gange.
29:01 Alors aujourd'hui, il était du côté de Mütterzoltz en Alsace.
29:04 C'est aussi la France rurale.
29:05 Est-ce que vous attendriez qu'il fasse des propositions
29:08 pour la ruralité ?
29:09 Tiens, Pierre Claret.
29:10 - Je crois surtout qu'il va dans une petite ville
29:12 parce qu'il a peur, ni plus ni moins.
29:14 Et Gange, c'est un endroit peut-être
29:16 où il risque pas grand-chose.
29:18 Vu le nombre de policiers qu'il va faire suivre,
29:22 je pense qu'il risque pas grand-chose.
29:24 - Il y aura plus de policiers que de nombres d'habitants.
29:26 - Peut-être.
29:27 Combien il y a d'habitants à Gange ?
29:28 Parce que c'est une question que je me posais.
29:30 - Alors, je suis désolé.
29:33 Je peux pas répondre exactement à la question.
29:36 Mais je dirais qu'il y a 3000 habitants à peu près.
29:39 - Oui, voilà.
29:40 - Il me semble.
29:42 - C'est ça, c'est une petite commune.
29:44 - Oui, oui.
29:45 - 3950 habitants, exactement.
29:47 - Ah, ben voilà.
29:48 - Ah, ben j'étais pas loin.
29:49 - C'est pour ça qu'il a choisi ce coin.
29:51 Bon, moi je le trouve bizarre qu'il aille à Gange
29:53 parce que c'est vrai que c'est un homme de la ville.
29:55 C'est pas un homme du terroir.
29:56 Bon, alors il se déplace parce que bien sûr
29:58 il veut faire un tour de France
29:59 pour expliquer que derrière,
30:00 tout se passe bien dans le meilleur des mondes.
30:02 Mais je crois que sa réforme de retraite d'ailleurs
30:05 va certainement, peut-être pas être retoquée,
30:07 mais j'ai déjà entendu dire que le groupe Lyot
30:09 est en train de présenter un projet.
30:11 - Motion de censure.
30:13 - Voilà, pas une motion de censure, c'est autre chose.
30:15 C'est une nouvelle loi qui est dans l'intérieur du Président de l'Etat.
30:17 Donc nous, en tant qu'avec Jean Lassalle,
30:19 on va certainement s'y associer.
30:22 Mais bon, je crois qu'à ce niveau,
30:25 cet homme fait beaucoup de bruit
30:29 pour au fond continuer à insatisfaire les Français.
30:32 - Edipuy-Jalon, des annonces pour la ruralité vous attendent.
30:35 Et salut Président de la République
30:37 pour sa deuxième visite dans deux jours en ruralité.
30:39 Alors, l'une dans l'Est, l'autre dans le Sud.
30:41 C'est deux des points cardinaux.
30:43 - Je vais vous dire que déjà en campagne présidentielle,
30:45 je ne crois pas à la parole des candidats,
30:48 encore moins d'un Président qui a prouvé
30:50 qu'il était loin de la ruralité.
30:53 Et ça fait 30 ans que ça dure.
30:55 C'est-à-dire que c'est passé par la droite ou par la gauche.
30:57 La ruralité a toujours été la mesure d'ajustement.
30:59 On n'a rien anticipé.
31:01 Aujourd'hui, quand on a un manque de médecins,
31:03 quand on a un manque de tout en ruralité,
31:05 alors que c'est un véritable réservoir d'emploi,
31:10 de développement, et on l'a laissé de côté.
31:13 Donc, M. Macron va venir,
31:15 mais je ne crois pas qu'il ait une seule fois
31:18 eu les mots justes pour la ruralité.
31:22 Je prends l'exemple d'un candidat à la présidentielle
31:25 qui voulait donner 10 000 euros pour faire des enfants en ruralité.
31:28 Pourquoi peut-il ne pas l'avouer ?
31:30 C'est une hérésie.
31:32 Qu'est-ce que vous voulez mettre des enfants dans une ruralité
31:34 où il n'y a pas de service public,
31:36 où il n'y a pas d'emploi, où il n'y a rien ?
31:38 La seule chose, c'est qu'il faut commencer à remettre les choses à l'endroit,
31:40 arrêter la métropolisation, arrêter de tout faire
31:42 pour que ce soit les métropoles qui engrainent tous les emplois et l'argent,
31:46 et redonner des capacités à la ruralité de se développer,
31:50 ne serait-ce qu'en respectant ses agriculteurs, etc.
31:53 Le vrai programme, on va attendre M. Macron, mais je n'y crois pas.
31:55 - Max Braille, après Mouterzolz et Gange,
31:59 Emmanuel Macron à la Stource, c'est prévu ou pas ?
32:02 - On peut le recevoir.
32:05 Je vais lui montrer les quatre châteaux, il n'y a pas de soucis.
32:08 Je respecte la démocratie,
32:10 même si de temps en temps, j'arrive à ne plus trop y croire.
32:14 Parce que je n'attends pas grand-chose de ce que va annoncer M. Macron,
32:17 puisque chaque fois qu'il annonce quelque chose,
32:19 il faut faire attention que ce ne soit pas un mensonge.
32:22 Donc, pour l'avoir côtoyé pour les inondations,
32:26 il est venu nous faire des belles annonces,
32:28 les résultats sont bien tristes derrière.
32:30 Donc, vous savez, comme l'a dit mon prédécesseur,
32:36 depuis 30 ans, on se sert de la ruralité, on l'utilise.
32:40 Je vous l'ai dit, la ruralité, c'est un ballon d'oxygène.
32:44 On ne se rend pas compte qu'une bouteille d'oxygène,
32:46 il faut la remplir si on veut s'en servir le jour où on en a besoin.
32:50 Aujourd'hui, on est en train de vider la bouteille d'oxygène.
32:54 Attention, parce qu'un jour, la ruralité, le monde rural,
32:59 ce qui est 90% de ce territoire,
33:02 si on continue à le vider comme on est en train de le faire,
33:06 ça sera très lourd de conséquences, croyez-moi.
33:09 Vous savez, abandonner tout ce qu'on fait.
33:11 Là, il y a quelques jours, il y a 1 000 hectares qui ont brûlé
33:14 du côté des Pyrénées-Orientales.
33:16 - Verserber, oui. - Verserber.
33:18 Regardez ces terrasses. C'était des terrasses de culture,
33:20 c'était des vignes.
33:22 On a obligé les gens à partir parce que ce n'était pas assez rentable.
33:25 S'il y avait eu des vignes, les 1 000 hectares ne brûlaient pas.
33:27 Aujourd'hui, tout ce qu'on est en train de faire,
33:29 c'est de faire gragner la friche.
33:31 Et derrière la friche, qui c'est qui le paye ?
33:33 C'est les gens qui continuent à habiter.
33:35 C'est derrière des centres de secours qu'on doit mettre en place
33:39 pour alimenter, pour être capable de maintenir
33:42 au changement climatique et aujourd'hui au coût que l'on risque.
33:46 C'est les inondations avec les épisodes de Sévignan,
33:48 nous sommes bien placés de ce côté-là.
33:50 C'est les épisodes de feu et d'incendie avec la sécheresse
33:53 qu'il y a actuellement.
33:55 Tout ça, c'est des grands mots.
33:57 On fait des COP, si des COP là, des COP 21, des COP 26...
34:00 Moi, je vais vous dire, vous pouvez faire la COP 1000
34:03 tant que vous déplacerez autant d'avions inutilement
34:06 pour des gens qui ne servent à rien
34:08 et qui, pendant quelques jours, se font nourrir au frère à princesse.
34:10 Voilà ce que je pense de la réalité.
34:12 Parce que là, moi, depuis... J'ai 70 ans.
34:14 Ça fait 45 ans que je suis élu.
34:17 Ça fait 34 ans que je suis maire.
34:19 Je ne vois qu'une chose, c'est qu'on dégrade toujours les plus faibles.
34:23 Théo, vous venez d'entendre un Max Breil, 70 ans.
34:27 J'imagine que vous êtes un peu plus jeune, chef cuisinier.
34:30 Comment réagissent les jeunes, justement, face à cette problématique de la ruralité ?
34:35 Est-ce que vous sentez que les jeunes ont envie, comme vous,
34:38 de rester dans les campagnes ?
34:40 Oui, oui, tout à fait.
34:42 Les jeunes ont envie de rester,
34:44 mais c'est vrai que le problème étant l'emploi.
34:47 Donc, c'est vrai que l'emploi se fait plus rarement,
34:51 se fait plus rare dans la ruralité.
34:53 Donc, les jeunes sont obligés soit de faire beaucoup de routes,
34:57 et à l'heure actuelle, au prix du gasoil, c'est impossible.
35:02 C'est très compliqué.
35:04 Et sinon, en fait, ils sont obligés de se délocaliser
35:08 et d'aller à la ville, soit Montpellier ou Nîmes.
35:11 Et après, on arrive sur des choses qui sont compliquées,
35:15 les loyers excessifs, avec des petits salaires.
35:18 Donc, en fait, c'est soit faire beaucoup de trajets,
35:21 avoir une vie où on est plus à l'aise,
35:23 mais où au final, être à la ville et avoir des grosses charges.
35:30 Donc, c'est compliqué. C'est vrai que c'est très complexe.
35:33 Merci, en tout cas.
35:34 Et pas de train du quotidien, non plus.
35:37 Tout à fait.
35:38 Merci beaucoup à tous.
35:39 Merci beaucoup Pierre Claret, conseiller de Jean Lassalle,
35:42 Edipuie Jallon, président du Mouvement de la Ruralité.
35:44 Président d'honneur pour la soirée.
35:46 Max Braille, maire de Lastourse, Nadine, factrice dans le Carreau,
35:49 et Théo, chef cuisinier au 711 à Gange.
35:52 C'est un restaurant où on retrouvera demain,
35:55 enfin à Gange, pas au 711, peut-être qu'il ira déjeuner.
35:58 Il ira déjeuner, oui dîner peut-être.
36:01 Jean-Jacques Bourdin.
36:02 Absolument.
36:03 Tout de suite, le Loft avec Yvan Cujus,
36:06 qui reçoit 47 aires, Rita Macedo et Thierry Collion,
36:09 juste avant Conseil de famille avec Stéphane Molière.
36:11 Et nous, demain 17h.
36:12 Et nous, on est au 17h, fidèles au poste.
36:14 Et demain 17h pour les Vagueois.
36:15 Excellent soirée à tous.

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