Avec Alexandre Priam et Philippe Spanghero
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##RUGBY_ECOXPERT-2024-08-30##
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SportTranscription
00:00C'est la chronique de Philippe Spanguero en avant, les co, vous la connaissez depuis
00:03maintenant de nombreuses années et on est très heureux d'inaugurer cette année de
00:08chronique avec Philippe pour parler du rugby féminin et de la Coupe du Monde 2025 en Angleterre.
00:13Va-t-elle faire basculer le rugby dans une nouvelle ère ? En tout cas, le comité d'organisation
00:17de la compétition compte écouler 400 000 billets, plus du double que lors de la dernière
00:22édition en Nouvelle-Zélande.
00:23Il y a des ambitions absolument gigantesques pour cette Coupe du Monde.
00:28Est-ce qu'elle va faire basculer le rugby dans une nouvelle ère ? C'est la question
00:33globale qu'on va se poser, mais Philippe Spanguero, il y a évidemment pas mal de points
00:35à aborder.
00:36Oui, il y a beaucoup de points à aborder.
00:39D'abord, s'il y a un pays qui est capable de faire changer de dimension à cette compétition,
00:43c'est bien l'Angleterre, puisque le record d'affluence a été battu récemment lors
00:49du tournoi des Jeux Olympiques à 7 féminins avec 66 000 personnes.
00:53Mais avant ça, le record d'affluence était détenu par les Anglaises à Twickenham qui
00:58avaient reçu 54 000 personnes pour un match du tournoi contre la France.
01:03C'était le record absolu.
01:04On sait que le terreau anglais du rugby féminin est très fort et qu'il y a beaucoup de choses
01:10à travailler sur ce territoire-là.
01:12Après, la question reste entière, en tous les cas, est-ce que ça doit être une rame
01:17de lancement qui doit permettre aux grands pays de capitaliser ? C'est certain que oui,
01:24mais la vraie question à se poser, c'est la capacité des grands pays, hormis l'Angleterre,
01:29à monétiser ensuite sur leur championnat domestique.
01:32Et en ça, on y reviendra tout à l'heure, mais il ne faut pas non plus que ces grands
01:37événements comme les Coupes du Monde ou les tournois Destination soient les arbres
01:41qui cachent la forêt pour un championnat qui a quand même beaucoup de mal à organiser
01:45sa professionnalisation et à équiper et doter les filles de moyens à la hauteur de leurs ambitions.
01:54Oui, ces ambitions-là sont-elles très élevées, sont-elles un peu démesurées ou sont-elles sous-évaluées ou fidèles ?
02:05Non, je crois qu'elles sont assez réalistes parce que l'ambition de 400.000 personnes
02:12pour cette compétition, comme je le disais tout à l'heure, 54.000 personnes pour un
02:16match du tournoi France-Angleterre en 2023, il va y avoir des affiches très alléchantes.
02:22Bien sûr, les Anglais seront excessivement suivis.
02:25On élargit aussi, comme pour les garçons, l'audience un peu, puisqu'on passe de 12
02:30à 16 équipes pour les filles.
02:31On va aussi chercher, là aussi sur le rugby féminin, de nouveaux territoires et à trouver
02:35une plus grande homogénéité géographique pour mieux structurer aussi au niveau mondial
02:39cette économie-là.
02:40Donc, ce n'est pas du tout démesuré en termes d'ambition, je crois, c'est plutôt élevé
02:47mais réaliste.
02:48Par contre, la vraie question à se poser, c'est l'économie derrière tout ça, parce
02:52qu'on a parlé aussi du prix moyen de billet qui a commencé à sortir.
02:55On voit qu'on est à des années-lumière de ce qui se fait chez les garçons, donc
02:59il faut à terme se poser la question de la cohérence de tout ça d'un point de vue
03:04économique.
03:05Il est sûr que d'un point de vue de l'image et de l'attrait médiatique, c'est très
03:10important.
03:11Mais derrière, quelle est la réalité économique ? C'est-à-dire qu'est-ce qu'on peut se
03:16réjouir d'avoir des stades pleins à un billet moyen à 25 000 € ?
03:19Et on parle de stades, mais de grands stades, attention ! On parle de sacrés stades, le
03:25Stadium of Light de Sunderland, il y a du très très lourd, on parle de 50 000 places
03:29parfois sur certains stades.
03:31Certains seront quasiment à guichet fermé pour certaines affiches, je n'en doute pas,
03:36mais on a vu aussi que c'était à des prix de billet très attractifs.
03:39Alors forcément, c'est cohérent et je trouve ça bien, parce que pour l'image de
03:44cette compétition, il faut avoir des stades pleins, mais encore une fois, c'est en cohérence
03:49économique avec un prix de billet moyen qui sera assez faible.
03:52Donc la vraie question à se poser, c'est comment ce genre d'événements qui peuvent
03:58être très ambitieux en termes d'objectifs, que ce soit sportifs ou économiques et d'un
04:05point de vue du public, on arrive à capitaliser dessus ensuite dans les championnats domestiques.
04:10Il y a une vraie question qui se pose aujourd'hui sur la structuration économique du rugby féminin.
04:15On voit que le rugby masculin a déjà du mal à trouver une réalité économique,
04:21mais chez les filles, c'est encore plus prégnant.
04:22Oui, je t'écoute, je t'écoute et après j'aimerais bien rebondir là-dessus.
04:28Il y a la nécessité de trouver une structure qui permette aux filles d'être à minima
04:33semi-professionnelles, donc qu'elles aient une rémunération même faible, mais qui
04:39leur permettent de vivre du rugby et de passer à un niveau d'entraînement encore supérieur.
04:44On voit que c'est aujourd'hui certainement ce qui manque aux Françaises pour rivaliser
04:48avec les Anglaises notamment et dans une bonne mesure les Néo-Zélandaises.
04:51Vas-y.
04:52Oui, parce qu'il faut qu'on accélère.
04:54Je parle des stades, je parle des stades, voilà le Twickenham 82 000, le Stadium of
05:00Light à Sunderland 49 000, on a le stade de Brighton à 32 000 places, Bristol 27 000
05:05et ensuite on a des stades autour de 15 000, 12 000 et 8 000 places.
05:09La question, et pour le coup je la pose aussi à Rémi Mességuet et on va accueillir William
05:13dans quelques instants, William Debrieve, ne faut-il pas mettre, et c'est un peu provoque
05:19de dire ça, mais mettre de côté complet l'idée d'être rentable financièrement,
05:25économiquement sur cette Coupe du Monde au profit de ce que ça peut engendrer par la
05:30suite en termes d'investissement, c'est-à-dire en faire une immense publicité, perdre de
05:34l'argent, que World Rugby perde de l'argent, que des investissements perdent de l'argent
05:38sur cette Coupe du Monde, mais que ce soit tellement une bonne publicité qu'il y ait
05:42un retour sur investissement ensuite Philippe ?
05:44Non mais de toute façon, cette question, tu as ta réponse.
05:48Aujourd'hui, le rugby féminin au niveau professionnel et international, il a du mal
05:55à trouver une réalité économique, les institutions investissent là-dessus, donc je réponds
06:01à ta question, World Rugby perdra certainement de l'argent sur cette compétition, et je
06:06crois en effet que la vraie question c'est de se demander à quel point ça va être
06:11une promotion et une rame de lancement pour derrière capitaliser ensuite dans nos grands
06:16championnats domestiques.
06:17C'est là toute la question, Rémi Mességué, justement, je la pose aussi à toi, on est
06:23sur une vitrine, plus que sur une grande vitrine, une magnifique vitrine, plus qu'une vraie
06:30question de rentabilité de cette Coupe du Monde, selon toi ?
06:33Oui mais avant de parler de rentabilité, j'ai envie de parler d'équilibre, pourquoi
06:36dire que ça va être perdant l'équilibre ? Peut-être réussir à aller chercher l'équilibre,
06:39on sait combien les compétitions masculines, maintenant on cherche toujours à faire de
06:43la rentabilité et de l'argent.
06:44Et on sait que les Anglais vont voir le rugby féminin.
06:45C'est ça, les Anglais vont voir le rugby féminin, l'Angleterre est le seul pays au
06:49monde où le championnat féminin est professionnel à 100%, à coller aux équipes, pour l'instant
06:56mais à l'heure actuelle c'est ça.
06:58Et puis voilà, cette vitrine va être là pour générer des vocations.
07:03Moi j'ai en tête les demi-finales d'élite 1 féminine cette saison à Ernest Vallon,
07:10c'était deux matchs dans le même après-midi, des billets attractifs à 5 euros la place
07:16et malgré tout seulement 7000 personnes quoi à Ernest Vallon, il va falloir réussir
07:20à mettre un braquet un petit peu plus lourd, aujourd'hui par exemple, pour donner un exemple,
07:25en féminin il y avait le Super Sevens, aujourd'hui l'entrée était gratuite à Pau, mais c'est
07:29un vendredi, que vont faire les gens un vendredi après-midi pour aller voir un Super Sevens.
07:35Cette vitrine il va falloir aussi qu'elle montre que quand le rugby féminin est bien
07:41placé à la bonne heure, il y a forcément du monde qui va pouvoir aller le regarder.
07:44Et en plus il y a un autre sujet pour le coup sportif, Philippe, alors là pour le coup
07:49je pense que c'est un peu discutable, le nombre de pays participants qui passent de
07:5312 à 16, alors évidemment c'est pour que le mot coupe du monde ait un peu plus de sens
07:59Philippe Spanguero, mais n'y a-t-il pas le risque de l'hétérogénéité de cette compétition ?
08:05Alors on s'est posé la même question pour le rugby masculin et je crois qu'elle est
08:10moindre dans le rugby féminin parce que l'écart de niveau entre ces quatre nouvelles équipes
08:17qui vont rejoindre les douze principales.
08:19Pour l'instant il y a l'Angleterre, la Nouvelle-Zélande, la France, le Canada, l'Irlande, l'Afrique
08:22du Sud, les Etats-Unis, Fidji, Japon, Brésil, il reste donc six dernières places qui seront
08:26attribuées dans le W15 donc fin septembre cette année.
08:30Voilà il reste six places à prendre et je crois que la vraie question c'est à quel
08:36point l'écart de niveau peut impacter la légitimité sportive de cette compétition.
08:40Je crois que dans le rugby féminin ces six équipes qui vont se qualifier dans les prochaines
08:45semaines, elles ne vont pas impacter le niveau sportif au point d'enlever la légitimité.
08:51Je crois que dans le rugby féminin il faut aller plus vite, il faut changer de braquet,
08:55on a la chance aussi d'avoir des écarts de niveau qui sont encore assez élevés par
09:02rapport au rugby.
09:03Au rugby aujourd'hui on peut considérer qu'on a un top 10 mondial, dans le rugby
09:09féminin on a un top 4, 5 maximum.
09:12Donc derrière ça il y a plus d'homogénéité que chez les garçons et donc il faut se servir
09:20de cette période de construction qu'on a déjà dépassée dans le rugby masculin.
09:24Mais je le répète pour revenir sur ce que disait Rémi, aujourd'hui la vraie problématique
09:30c'est comment on transforme cette audience très captive sur de grands événements.
09:33Quand on voit les audiences télé des matchs aux équipes de France féminine, quand on
09:36voit l'affluence dans les stades sur les grands événements et qu'après on voit que
09:40pour les plus grands événements nationaux on fait 7000 personnes sur deux matchs à
09:455 euros la place.
09:47Là c'est tout ça qu'il faut réussir à transformer en espérant que cette publicité
09:51de la prochaine coupe du monde soit un accélérateur pour se poser ce genre de questions.