Cette année-là - Le reste du monde contre l’Occident

  • l’année dernière
Pour cette nouvelle édition, "Cette année-là" remonte à l’hiver 1983-1984 et au dossier qu’Éléments a consacré, sous la plume d’Alain de Benoist, au tiers-mondisme et à la cause des peuples. Loin du gauchisme et de ses billevesées, Éléments défend le principe des nationalités et le droit des peuples à s’autodéterminer. Avec Patrick Lusinchi, directeur artistique, François Bousquet, rédacteur en chef, Olivier François et Christophe A. Maxime.
Au menu du jour : comment les pays du tiers-monde sont devenus, cinquante ans après les indépendances, des pays de premier plan, économiquement, politiquement, diplomatiquement ?
Le rendez-vous musclé et impertinent du magazine des idées.

Vous pouvez commander Éléments ici : https://www.revue-elements.com/

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Générique]
00:16 Bonjour à tous, content de vous retrouver pour ce nouveau numéro de cette année-là.
00:21 Autour de moi, l'équipe habituelle. J'ai François Bousquet. Bonjour François.
00:26 Bonjour Patrick.
00:27 Olivier François.
00:28 Bonjour cher ami.
00:30 Et Christophe Maxime.
00:32 Bonjour.
00:33 Qui est là et qui va nous présenter. Alors on va faire une petite nouveauté là.
00:37 Alors non, ce n'est pas une nouveauté, c'est presque un retour au sourd.
00:39 C'est un retour au sourd.
00:40 Un retour au sourd pour cette année-là parce que nous nous appelons, nous sommes en complément quasiment,
00:44 même plus qu'en complément du plus d'éléments.
00:46 Donc nous nous appelons cette année-là. Alors cette année-là, on va s'intéresser au numéro, je crois, 48-49 d'éléments.
00:52 C'est bien ça.
00:53 Qui date, avec un thème très particulier qu'on va aborder tout à l'heure.
00:56 C'est l'hiver 83-84, donc l'année 1983.
00:59 Moi j'ai envie de vous faire un petit panorama de l'année 83, cette année-là.
01:02 Qu'est-ce qui se passe en 83 ? Soyons didactiques pour notre public, nos lecteurs et rédacteurs.
01:07 En géopolitique internationale, il y a plein de choses passionnantes.
01:10 Il y a la fameuse guerre Iran-Irak à laquelle la France participe.
01:13 On a plein de choses. On a Thomas Sankara qui fait son coup d'État à Haute-Volta.
01:17 Le foutoir libanais avec les attentats de Beyrouth, la prise de l'ambassade américaine,
01:21 des choses tout à fait romanesques presque.
01:23 Nous avons Margaret Thatcher qui se rend aux Malouines, un peu en catimini,
01:28 puisque c'est la fin de la guerre des Malouines qu'il récupère aux Argentins.
01:31 Nous avons aussi notre ami, pas du tout, Ronald Reagan, qui déclare,
01:36 et c'est intéressant parce qu'on peut y revenir, que l'URSS, il déclare, est l'empire du mal.
01:41 Donc tout ça n'est pas nouveau.
01:42 Et Olivier aimera beaucoup ça.
01:45 Nous avons un état de guerre qui se lève en Pologne après la visite du pape.
01:50 Et au même moment que Leiche-Valésa est pris Nobel.
01:54 Alors pour plus de légèreté maintenant,
01:56 83 c'est la mort de Louis de Funès dont on a parlé dans "Éléments".
02:00 - Très bel article. - Merci.
02:02 En matière de cinéma, soyons un petit peu plus pop et léger,
02:05 puisqu'on parle de Louis de Funès, c'est la sortie de "Papy fait de la résistance",
02:08 ce petit chef-d'œuvre dans lequel devait participer Louis de Funès.
02:11 Et qu'est-ce qu'on a comme chose ?
02:12 Nous avons les Monty Python qui sortent un de leurs derniers films, "Le sens de la vie".
02:15 Nous avons "Scarface".
02:16 Et un film dont j'aurais parlé qui a eu l'Oscar,
02:19 "Tendre passion" de James Gould,
02:21 qui est un petit bijou avec Jack Nicholson, 1983.
02:23 Et puis en matière musicale, pour égayer notre soirée,
02:27 on a plein de choses, on a Michael Jackson,
02:28 nous avons Eurythmics, nous avons Jackie Quart,
02:30 c'est son fameux tube, juste une mise au point.
02:32 Michel Sardot, c'est presque en rapport avec nos thématiques.
02:35 Vladimir Ilich en 83, on croit que c'est plus vieux.
02:38 Voilà, "Le merveilleux Christophe" fait succès fou.
02:40 Vous oubliez Frank Zappa qui sort "Zem-os".
02:43 Ah ça c'est très bien, Frank Zappa.
02:44 Rod Stewart aussi fait plein de choses,
02:46 et nous on sera très Rod Stewart dans notre numéro.
02:48 Et juste pour le petit contexte politique français,
02:50 c'est le gouvernement Mauroy II en 83,
02:53 Fabius arrive 6 mois plus tard,
02:54 et nous avons quelques personnages dans le gouvernement Mitterrand II,
02:58 Mauroy II, nous avons les merveilleux Jack Raleigh,
03:00 Tuffy Thurman, les Cocos,
03:01 et le très sympathique si on veut, Anissé Lepors.
03:05 Voilà, c'est Jean Phinny.
03:06 Anissé Lepors.
03:07 Anissé Lepors, qui est un économiste de renom,
03:09 et qui a participé, voilà.
03:10 Et je vous laisse donc dans un esprit très Rod Stewart.
03:13 Très Rod Stewart, enfin je ne sais pas si c'était très Rod Stewart,
03:16 mais Élément, cette année-là, en 83, l'hiver 83-84,
03:21 va titrer, voilà, cette couverture,
03:23 "Tierre mondiste et cause des peuples".
03:27 C'est une très belle couverture,
03:28 qui pour la petite histoire avait été faite,
03:31 c'est juste un clin d'œil pour lui rendre hommage,
03:34 au fils de Pierre Vial,
03:35 et ça avait été colorisé par la fille de Jean Bavière, voilà.
03:39 C'est une histoire de famille, Élément.
03:41 Alors ce numéro, François, je me tourne vers vous,
03:45 ce numéro, "Tierre mondiste et cause des peuples",
03:48 beaucoup, et depuis même qu'on en reparle,
03:50 on dit que c'est un peu le livre,
03:52 principalement parce que, quelques années plus tard,
03:55 voilà, je le montre maintenant, comme ça c'est fait,
03:57 Alain de Benoît va en tirer un livre,
04:00 qui va sortir à l'époque chez Robert Laffont,
04:03 époque où il n'était pas trop, trop diabolisé,
04:07 on trouvait encore des éditeurs qui marquaient
04:10 "Décolonisé jusqu'au bout".
04:12 Et ce livre, il avait un peu choqué,
04:14 François, parce que, pour certains,
04:16 et surtout à droite,
04:19 on trouvait ça scandaleux de mettre au même niveau
04:21 le Tiers-Monde et l'Europe.
04:23 Grosso modo, c'était une sorte d'alliance
04:25 contre le Grand Occident,
04:29 alors que c'est pas du tout ça.
04:32 Le but, c'est pas d'être contre l'Occident,
04:37 d'un côté, avec une alliance avec le Tiers-Monde,
04:39 c'est simplement de trouver une troisième voie,
04:41 et que le Tiers-Monde représente,
04:44 et c'est ce qui se passera d'ici quelques années,
04:46 un monde multipolaire.
04:48 Oui, oui, vous avez raison d'insister là-dessus,
04:51 il y a un malentendu énorme autour de cet Alain de Benoît,
04:54 on se dit que c'est un tournant gauchiste,
04:56 alors qu'il épouse les thèses tiermondistes,
05:01 marxisantes, c'est pas du tout le cas,
05:03 parce que les gens n'ont pas lu le dossier "Eléments" de 1983,
05:06 ni le livre qu'il a fait paraître trois ans plus tard
05:08 chez Robert Laffont.
05:09 En effet, à l'époque c'était Robert Laffont et Alain Michel,
05:12 on dirait qu'il y avait encore une possibilité
05:14 d'être dans les grandes maisons,
05:15 non, c'est au contraire, c'est un très très long dossier,
05:18 moi c'est presque le de Benoît que je préfère,
05:20 alors de Benoît va sursauter quand il nous écoutera,
05:23 mais le de Benoît des "Idées à l'endroit",
05:25 donc c'est fin des années 70,
05:27 81, donc les papiers sont fin des années 70,
05:32 celui d'Europe-Tiers-Monde, même combat,
05:35 c'est un de Benoît avec une langue encore nietzschéenne,
05:38 il n'a pas encore lu Heidegger,
05:40 et il défend le principe des nationalités,
05:44 il pose les bases de ce qu'on appellera plus tard
05:48 au sein de la Nouvelle-Droite, le différentialisme,
05:50 c'est-à-dire que chaque peuple est différent,
05:52 il montre à quel point le marxisme est une impasse
05:54 dans les pays du Tiers-Monde,
05:55 et c'est un choix par défaut,
05:57 rappelant le cas de Cuba et de Castro,
05:59 c'est que Castro a été rejeté par les Américains,
06:02 c'est parce qu'il a été rejeté par les Américains
06:04 qu'il s'est tourné vers les Russes et les Soviétiques,
06:06 en l'occurrence, Marx n'est pas du tout opératoire,
06:09 donc il prend ses distances avec Karl Marx,
06:11 il prend ses distances avec l'Église et les missionnaires
06:15 qui ont été le sabre et le goupillon,
06:18 les colonies, en tout cas en Afrique du Nord,
06:20 c'est le sabre et le goupillon,
06:21 c'est l'alliance des militaires de la Troisième République
06:23 et de l'Église dans une perspective de conversion,
06:26 exception peut-être de l'Algérie,
06:28 les missionnaires sont devenus colonialistes,
06:30 ils sont devenus décolonialistes,
06:32 donc ils se démarquent de ce positionnement-là,
06:35 donc rien qui pourrait l'apparenter à un gauchiste classique,
06:39 au contraire, c'est un éloge de la libération des peuples,
06:42 du printemps des peuples, du principe de nationalité,
06:45 c'est un livre assez nationaliste, je trouve,
06:47 enfin c'est un dossier assez nationaliste,
06:50 peut-être qu'il y a un angle mort
06:52 dans la grille de lecture d'Alain de Benoît,
06:55 c'est le principe d'idéalisme romantique
06:58 qui est à la source du principe des nationalités,
07:00 c'est qu'il y a une impasse géopolitique,
07:02 la géopolitique fait valoir aussi des droits,
07:04 comme disait Dominique Venner,
07:06 la frontière extérieure de l'Europe, c'est l'Afrique du Nord,
07:08 ça l'est depuis Carthage,
07:10 dès que nous avons perdu cette frontière-là,
07:12 il y a une poussée du sud vers le nord,
07:15 c'est vrai avec Carthage et Rome,
07:17 c'est vrai avec l'épisode de la conquête de l'Espagne,
07:21 donc cette frontière-là, il faut qu'on la garde,
07:23 Benoît n'en parle pas,
07:25 mais vraiment, ça surprendra les gens
07:27 parce qu'il prend le meilleur, moi je trouve,
07:29 des deux grandes traditions, de droite et de gauche,
07:32 avec un point de vue en surplomb,
07:34 ça n'a pas vieilli du tout,
07:36 on est vraiment très très loin des niaiseries,
07:38 des sucreries du gauchisme culturel,
07:42 enfin bref, c'est à la fois un grand dossier et un grand livre.
07:45 Ce n'est pas un livre alter-mondialiste,
07:47 vous le notez François d'ailleurs,
07:49 ou pas du gauchiste,
07:51 une des grandes revues maoïstes des années 70
07:53 était "La cause du peuple"
07:55 et Alain Benoît, dans ce livre-là,
07:57 prend "La cause des peuples",
07:59 le fait d'être au pluriel, ça change tout.
08:01 C'était déjà un livre de Jean Héderne,
08:03 qu'il avait écrit à l'époque de "La cause du peuple".
08:05 C'est un livre lévi-straussien,
08:07 je vais même vous le dire,
08:09 il est cité, c'est un immense dossier
08:11 sur la colonisation d'abord,
08:13 comment ça a été porté par les républicains
08:15 et les libéraux,
08:17 les premiers grands théoriciens de la colonisation,
08:19 c'est le roi Beaulieu en France,
08:21 ce sont des libéraux.
08:23 Ensuite c'est la République et les radicals socialistes,
08:25 assez à droite, à dire vrai,
08:27 Jules Ferry,
08:29 et après la droite, dans un deuxième temps,
08:31 la droite qui est plutôt hostile,
08:33 puisque la droite regarde...
08:35 - On pourrait vous citer...
08:37 - Regarde du côté d'Alsace et de la Lorraine,
08:39 et pas du côté de l'Afrique,
08:41 mais la droite, c'est ce que dit Benoît,
08:43 a toujours un temps de retard,
08:45 elle devient colonialiste au moment où la gauche
08:47 cesse de l'être, ce qui est un peu absurde.
08:49 - Elle devient coloniale surtout à partir des années 30
08:51 et surtout dans les années 60, quand l'Empire est perdu.
08:53 - L'Empire est perdu.
08:55 - Pour revenir sur la droite et la colonialiste,
08:57 c'est-à-dire que je pense vraiment qu'en 1920,
08:59 lorsque Léon Blum parlait du devoir des races supérieures,
09:01 comme Jules Ferry,
09:03 d'aider les races inférieures,
09:05 Léon Daudet se moquait de la prétention
09:07 des colonialistes à apporter la civilisation
09:09 à des peuples,
09:11 il pensait effafiellement aux Indochinois,
09:13 qui avaient les lacs de civilisation en eux,
09:15 et toute une culture très raffinée.
09:17 C'est-à-dire que je pense que...
09:19 Alors il faut faire attention d'ailleurs,
09:21 on a reproché parfois à Alain de Benoît
09:23 d'être un différentialiste radical,
09:25 en pensant que sa vision de l'identité,
09:27 en fait, c'était une suite d'addition
09:29 d'identité close sur elle-même.
09:31 - Non, non.
09:33 - Dans ce livre-là, il montre très bien
09:35 que l'identité, c'était notre ancien numéro,
09:37 c'est une identité en dialogue.
09:39 Et on a besoin de l'autre, justement,
09:41 pour se définir. Soit en contradiction
09:43 avec l'autre, en désignant l'autre comme un adversaire,
09:45 et je distingue adversaire d'ennemi,
09:47 soit parce que le regard sur l'altérité
09:49 nous informe aussi sur ce que nous sommes.
09:51 Et on ne peut pas d'ailleurs regarder
09:53 avec amitié l'autre
09:55 si on n'a pas une identité, si on n'est pas rappeur.
09:57 - Oui, mais là, on voit qu'il y a
09:59 une continuité dans cette école de pensée
10:01 qu'est le courant de la Nouvelle Droite,
10:03 dont les jalons se sont imposés
10:05 il y a une quarantaine d'années.
10:07 Tout ce que dit Olivier,
10:09 et déjà là, il y a 40 ans, c'est pas nouveau chez nous,
10:11 il y a une critique de l'universalisme.
10:13 Fondamentalement, en réalité,
10:15 les marxistes, les gauchistes,
10:17 sont universalistes.
10:19 Et on travaillait avec Jacques Vergès.
10:21 On s'est aimé autant.
10:23 Je rappelle Jacques Vergès, communiste réunionnais,
10:25 engagé en faveur du FLN,
10:27 avocat du collectif des avocats du FLN.
10:31 Pourquoi Vergès nous aimait autant ?
10:33 Parce qu'il savait que dans l'Algérie,
10:35 de ce qu'il défendait, c'était le principe des nationalités,
10:37 c'était le nationalisme algérien.
10:39 C'était l'idée que les facteurs culturels
10:41 sont les plus importants.
10:43 Alors que dans l'esprit de la gauche,
10:45 dans l'esprit des universalistes,
10:47 les facteurs culturels, les marxistes encore plus vrais,
10:49 c'est-à-dire un homme,
10:51 il y a un homme qui est au Maroc,
10:53 il y a un colonial français qui est au Maroc,
10:55 qui est mis à l'honneur.
10:57 Il y a un collège,
10:59 Lyoté est défendu en permanence par les Marocains.
11:01 Pourquoi Lyoté ?
11:03 Évidemment, les monarchistes détestent la République,
11:05 c'est comme la syphilis, disait-il.
11:07 Soit on se flingue une balle dans le caisson,
11:09 soit on vit avec. Je vis avec.
11:11 Et pourquoi ? Parce qu'ils savaient
11:13 que les Marocains s'inscrivaient
11:15 dans la très longue durée,
11:17 que les Marocains étaient des homochérifiants,
11:19 qu'on n'allait pas venir avec ses gros sabots
11:21 imposer les droits de l'homme,
11:23 la République universelle.
11:25 Raison pour laquelle Lyoté est respecté.
11:27 Le grand désir de Lyoté, que nous avons échoué,
11:29 qui a avorté, c'était le grand désir de Lyoté,
11:31 c'était que les décolonisations
11:33 se passent sereinement, pacifiquement,
11:35 dans le respect mutuel.
11:37 Ça n'a pas été le cas.
11:39 Moi, je trouve que Lyoté n'apparaît pas dans le dossier,
11:41 sinon dans les épisodes sur la manière
11:43 dont la colonisation s'est...
11:45 - C'est la démarche de Lyoté. Je pense que c'est la bonne ligne.
11:47 - Le maréchal Lyoté, qui est, je crois,
11:49 effectivement, un royaliste,
11:51 est à l'origine de la construction
11:53 de la mosquée de Paris, je crois, aussi.
11:55 - Oui, oui, mais de toute façon,
11:57 sur l'islam,
11:59 c'est pas la religion des Européens,
12:01 mais c'est la religion des Arabes.
12:03 - Est-ce que je peux ajouter juste quelque chose ?
12:05 - Allez-y, allez-y. - Sur le principe des nationalités.
12:07 Le problème, c'est que la décolonisation se fait
12:09 au nom, comme vous le dites, d'une revendication nationale,
12:11 sauf que l'idée nationale,
12:13 qui est profondément européenne, on le voit, par exemple,
12:15 pour le meilleur et pour le pire, malheureusement,
12:17 de Benoît, est aussi à grande critique
12:19 du nationalisme. Le nationalisme algérien
12:21 tel qu'il s'est développé après 1962
12:23 a été un nationalisme de type
12:25 français, c'est-à-dire uniformisateur,
12:27 où on va imposer
12:29 l'arabe au cabyle, alors qu'ils ont une langue,
12:31 on va avoir une vision très unitaire
12:33 de la nation, donc il faut faire aussi attention.
12:35 - Oui, oui, exact. - Malheureusement, hélas,
12:37 le FLN, aussi, est un produit
12:39 de la France.
12:41 - Sur un fond de ressentiment.
12:43 Oui, il faut, avec les
12:45 réserves d'usage, mais c'est quand même assez...
12:47 Je suis frappé qu'en relisant, pour préparer
12:49 l'émission, les longs papiers de Benoît,
12:51 dont il tira le bouquin,
12:53 par la récurrence du mot
12:55 "nation", "nationalité",
12:57 pas seulement "peuple", mais là encore, il y a la continuité,
12:59 Herder, Lyoté, de Benoît,
13:01 c'est qu'on voit qu'il y a une vision du monde
13:03 qui est anti-universaliste,
13:05 et qui est,
13:07 qu'on peut le dire,
13:09 conférencialiste. L'autre point
13:11 qui est fascinant, moi, je trouve,
13:13 c'est que c'est un dossier
13:15 sur le tiers-monde, c'est Alfred
13:17 Sauvy qui invente le mot,
13:19 c'est la conférence de Bandung en 1955,
13:21 qui permet à l'Inde
13:23 de Nérou, à la Chine
13:25 de Zhu Enlaï et de Mao Zedong,
13:27 à l'Égypte de Nasser de se réunir,
13:29 et d'arriver dans le concert
13:31 des nations comme une force alternative
13:33 des pays non alignés, on appelle ça
13:35 le tiers-monde, et il se trouve que dans le
13:37 dernier numéro d'Eléments, celui qui est toujours en kiosque,
13:39 nous avons fait un long dossier sur les États
13:41 civilisationnels, les États
13:43 civilisations, et en réalité on se rend
13:45 compte que ce sont les pays du tiers-monde
13:47 qui sont devenus aujourd'hui les pays du
13:49 premier monde. Les pays qui sont en train
13:51 de passer devant l'Occident, c'est la
13:53 Russie, c'est la Chine, c'est l'Inde,
13:55 c'est le Brésil. Justement, je
13:57 vous coupe, parce que dans le
13:59 texte est assez admirable,
14:01 l'approche
14:03 du tiers-mondiste de l'époque
14:05 était qu'il fallait aider ces pays sur un plan
14:07 économique. Résultat, et ce numéro
14:09 en parle beaucoup,
14:11 de Benoît Ditt, nous avons transféré notre
14:13 production dans certains de ces pays. Je le cite,
14:15 et c'est assez révélateur
14:17 de la situation d'aujourd'hui, on
14:19 est en 83. "Les Occidentaux
14:21 cherchent actuellement à restructurer l'économie
14:23 mondiale, notamment en déplaçant
14:25 vers le tiers-monde les unités de production,
14:27 afin de continuer à bénéficier
14:29 d'une main-d'œuvre peu coûteuse, ce qui
14:31 permet du même coup de tenir des économies
14:33 nationales, transformées en autant
14:35 de fabriques et de filiales." Le problème,
14:37 c'est que ces pays ont pris leur indépendance, et
14:39 qu'aujourd'hui, c'est l'Europe qui est nue,
14:41 c'est l'Occident qui est nue.
14:43 Et c'était déjà en 83-84,
14:45 ils sont étés à perdre.
14:47 C'est un point de bascule, comme
14:49 disait Christophe, en insistant
14:51 sur le dernier point, 1983, c'est
14:53 l'année symbolique pour nous Français en particulier,
14:55 puisque Mitterrand et les socialistes,
14:57 les socialocommunistes, ont rassuré
14:59 les Américains, Reagan et la CIA.
15:01 Mitterrand a choisi son camp,
15:03 c'est le camp de l'Atlantique Nord,
15:05 donc les Américains sont rassurés. C'est la bascule
15:07 néolibérale, c'est la bascule
15:09 pro-européenne, européiste,
15:11 avec Jacques Delors. Il y a
15:13 un changement du monde, c'est aussi
15:15 le 1983, l'année où
15:17 Pascal Bruckner sort, je ne dis pas de bêtise,
15:19 "Le sanglot de l'homme blanc",
15:21 en faisant écho au livre de Kipling sur le
15:23 fardeau de l'homme blanc, et comme toujours,
15:25 Bruckner, la moitié du bouquin est très intéressante,
15:27 la première moitié est très intéressante.
15:29 C'est ce que dit De Benoist.
15:31 C'est une critique précisément de ce qu'on évoquait tout à l'heure,
15:33 des missionnaires, des curés,
15:35 mais des curés de gauche, pas seulement
15:37 en soutane, pas seulement les Pères Blancs,
15:39 les curés de gauche, les curés marxistes,
15:41 leur culpabilité sur l'homme blanc.
15:43 De Benoist cite des passages de
15:45 Frantz Fanon qui sont aussi fascinants, je trouve.
15:47 Fanon, c'est
15:49 "Visage noir, masque blanc",
15:51 et surtout on a en tête la préface de Sartre
15:53 où il dit que tout bon européen,
15:55 il y a deux européens, on doit tuer
15:57 l'européen en soi, le blanc en soi.
15:59 En réalité, Fanon, là aussi,
16:01 fait un éloge,
16:03 j'allais dire de la nation,
16:05 avec les réserves qu'Olivier a pointées,
16:07 mais de l'indépendance des peuples,
16:09 de l'identité,
16:11 et je vous le disais avant sur Bruckner,
16:13 c'est un mouvement de bascule,
16:15 là aussi un mouvement de bascule,
16:17 c'est que les tiers-mondistes cessent de l'être.
16:19 Et Bruckner est un cas
16:21 typique de ça, puisqu'il a été tiers-mondiste,
16:23 comme tous les néo-philosophes ont été tiers-mondistes,
16:25 le BHL, c'était le Cambodge, ou le Bangladesh, je crois,
16:27 le Bangladesh, ils ont tous été tiers-mondistes.
16:30 C'est-à-dire qu'en fait, ce que dénonce
16:32 dans son livre et dans ce dossier,
16:34 le tiers-mondisme de gauche, c'est plus le tiers-mondiste
16:36 des années 50-60,
16:38 qui était ce tiers-mondiste qui avait
16:40 une admiration, une fascination pour le tiers-monde,
16:42 c'est le gauchisme de l'époque,
16:44 c'est Bernard Kouchner,
16:46 on est en plein début de l'idéologie des droits de l'homme,
16:48 nos gauchismes se sont convertis au capitalisme,
16:50 à la Reagan et à l'imposition
16:52 de la démocratie par la guerre.
16:54 On va commencer à expliquer
16:56 qu'on va amener la démocratie
16:58 et les droits de l'homme par les bombes et par la guerre.
17:00 Et le bouquin de Bruckner porte là-dessus,
17:02 parce que la deuxième partie, qui est très contestable,
17:04 c'est déjà un néoconservateur. En réalité,
17:06 on est déjà dans le modèle, vous avez raison,
17:08 de la guerre humanitaire.
17:10 On reproche à ces pays du tiers-monde
17:12 de ne pas s'aligner sur l'idéologie
17:14 de l'Occident, qui est celle des droits de l'homme,
17:16 qui tout d'un coup vont prendre
17:18 une importance colossale.
17:20 Quand vous pensez que la déclaration de 1989,
17:22 ça n'intéressait personne.
17:24 Jusqu'aux années 1975-1980,
17:26 ça n'intéressait personne.
17:28 Et tout d'un coup, c'est devenu l'alpha et l'oméga
17:30 de toutes nos politiques et nos politiques étrangères.
17:32 Donc c'est ce basculement du monde,
17:34 aussi, que de Benoît dénonce,
17:36 et dont il essaye
17:38 de tenir à distance.
17:40 C'est surtout aussi,
17:42 cette thèse,
17:44 il le dit clairement au départ,
17:46 si on veut avoir une alliance
17:48 avec ce tiers-monde,
17:50 c'est pas de culpabilité
17:52 vis-à-vis de la colonisation.
17:54 Il dit bien économiquement que la colonisation
17:56 n'a pas été une bonne affaire, et il n'explique pas la différence
17:58 du développement entre l'Occident
18:00 et le reste du monde.
18:02 Il explique que c'est l'occidentalisme
18:04 et l'universalisme qui va se développer
18:06 et ce sentiment de culpabilité.
18:08 Et c'est bien ce sentiment.
18:10 Quand les gens viennent nous dire que l'Occident blanc
18:12 est formidable, mais c'est cet Occident blanc
18:14 qui nous culpabilise
18:16 et qui a inventé le wokisme.
18:18 C'est pas au pays du tiers-monde qu'on a inventé le wokisme.
18:20 C'est en Occident et aux Etats-Unis.
18:22 Il y a aussi une critique
18:24 de l'idéologie de la culpabilité,
18:26 qui a des échos actuels
18:28 à propos du wokisme.
18:30 Un certain nombre d'intellectuels noirs américains
18:32 mais d'obédience plutôt marxiste,
18:34 critique, intelligente,
18:36 critiquent le wokisme en disant que
18:38 c'est une manière pour les élites de Washington,
18:40 les élites progressistes, les élites libérales,
18:42 de ne pas régler la question économique,
18:44 qui touche aussi évidemment
18:46 les quartiers noirs et les ghettos.
18:48 Donc on en rajoute sur le sentiment de culpabilité.
18:50 On fait de l'affirmative action
18:52 pour quelques noirs dans les universités
18:54 et à côté de ça, les noirs du ghetto
18:56 continuent à crever parce qu'on ne fait rien pour eux,
18:58 parce qu'on s'en fout.
19:00 C'est une idéologie
19:02 de la justification pour faire la supériorité
19:04 du blanc libéral
19:06 washingtonien, du blanc de gauche,
19:08 à besoin aussi de ce discours de la culpabilité.
19:10 - Alors là, pour le coup, c'est la partie
19:12 intéressante dans Bruckner, c'est des vieilles lectures,
19:14 c'est lui il y a 20 ou 30 ans,
19:16 mais de Bonoy, comme le rappelle,
19:18 il y a quand même, on voit chez Bruckner,
19:20 une critique déjà d'un proto-wauquisme.
19:22 C'est un wauquisme qui ne dit pas son nom,
19:24 mais qui est déjà présent
19:26 avec une dimension pénitentielle,
19:28 sacrificielle,
19:30 - Pure de gauche.
19:32 - Qui est propre à cet univers de la gauche,
19:34 mais à contrario,
19:36 la boussole idéologique,
19:38 en réalité c'est les French Doctors,
19:40 le bouquin de Bruckner c'est l'idéologie des French Doctors,
19:42 de Kouchner, vous l'avez dit,
19:44 et de quantité d'autres.
19:46 - Oui, parce que sur la fin de son livre,
19:48 et Alain de Benoît le critique,
19:50 il dit que Bruckner demande en fait
19:52 un Occident métissé.
19:54 - Parce que négateur des identités,
19:56 négateur des différences,
19:58 et là encore,
20:00 je trouve qu'on a vu assez juste,
20:02 notre école de pensée, c'est toujours un plaidoyer pour la maison,
20:04 bien sûr, mais on a vu assez juste,
20:06 c'est comme Lévi-Strauss,
20:08 exactement comme Lévi-Strauss,
20:10 il y a eu deux fameuses conférences à l'UNESCO,
20:12 la première qui pose les jalons de l'antiracisme,
20:14 qui est très contestable,
20:16 très très contestable,
20:18 qui est d'un angélisme assez sidérant
20:20 de la part d'un homme aussi intelligent que Lévi-Strauss,
20:22 mais 20 ans après,
20:24 il y a un procès en révision que le conférencier
20:26 fait de sa propre conférence,
20:28 et dit que comme Herder, comme La Nouvelle Droite,
20:30 comme Lyoté, comme de Benoît,
20:32 que la différence, il faut protéger la différence,
20:34 au besoin,
20:36 en érigeant des murs et non pas des ponts.
20:38 C'est ce qu'il prévoit,
20:40 il donne un exemple quand même,
20:42 parce que parfois on dit qu'on ne donne pas de solution,
20:44 il cite l'exemple du Japon,
20:46 qui dit, après guerre, son économie
20:48 se base sur deux règles importantes,
20:50 la première, ne pas importer les produits
20:52 qui ne sont pas indispensables à la croissance
20:54 de l'industrie locale, et deuxièmement,
20:56 ne pas importer les produits
20:58 qui peuvent être produits sur place,
21:00 même s'ils sont plus chers,
21:02 c'est ce qu'il appelle un protectionnisme
21:04 ponctuel qui vise
21:06 à assurer l'indépendance économique
21:08 et politique nationale, l'industrie
21:10 japonaise ayant assuré la reconquête
21:12 de son marché intérieur a pu se lancer
21:14 à l'assaut du marché mondial avec le succès
21:16 que l'on connaît, ce qui montre que
21:18 le développement auto-centré
21:20 est plutôt une bonne chose,
21:22 c'est pas dans l'idée libérale,
21:24 il y a un autre pays qui va s'en souvenir
21:26 de cette idée, c'est la Chine.
21:28 Il y a une ironie
21:30 presque hégélienne,
21:32 en fait, ils ont lu de Benoît
21:34 et ils se sont dit "ben oui, le tiers-monde,
21:36 voilà ce qu'il faut faire".
21:38 De toute façon, il faut le rappeler,
21:40 le pays qui est le meilleur lecteur aujourd'hui
21:42 de Carl Schmitt, et de très très loin,
21:44 c'est la Chine. Le pays qui est le plus
21:46 machiavélien, c'est la Chine,
21:48 le pays qui est le plus politique, j'allais dire presque le plus européen,
21:50 puisqu'il se plonge dans la source politique
21:52 de l'Europe, c'est eux,
21:54 et ces pays du tiers-monde sont en train
21:56 de, progressivement, passer devant
21:58 cet Occident
22:00 qui avait en lui-même
22:02 une idéologie suprémaciste.
22:04 Ce qui est curieux chez un type comme Bruckner,
22:06 c'est qu'il défend le métissage,
22:08 l'abolition des frontières, le mauvais Bruckner,
22:10 qui devient l'intellectuel organique
22:12 de la droite bourgeoise, aujourd'hui,
22:14 ce qui est affligeant, parce que ça n'est jamais
22:16 1568-tard.
22:18 Néanmoins, derrière le métissage,
22:20 c'est qu'il y a un suprémacisme blanc,
22:22 occidental à tous les coups,
22:24 même s'il n'a pas de coloration ethnique de sa part,
22:26 c'est que l'Occident est
22:28 voué à dominer le monde
22:30 et à imposer partout son idéologie.
22:32 Or, ce n'est pas le cas. Ce n'est pas le cas en Russie,
22:34 ce n'est pas le cas au Brésil, ce n'est pas le cas en Inde,
22:36 ce n'est pas le cas dans le reste du monde.
22:38 Il y a cette phrase que je trouve extraordinaire.
22:40 Alors là, on fait un bond
22:42 dans le 40 ans, dans le dernier numéro d'Eléments,
22:44 de Lionel Rondouin
22:46 qui dit "Chez nos élites,
22:48 un racisme occidental primaire
22:50 qui les fait
22:52 s'illusionner sur une prétendue avancée
22:54 technologique sur le reste du monde."
22:56 Oui, on est en train de la perdre.
22:58 La guerre en Ukraine et en Russie
23:00 le montrent.
23:02 Quand on regarde les soutiens de l'Ukraine
23:04 sur une carte du monde, c'est dérisoire.
23:06 C'est les pays de l'OCDE
23:08 et c'est les clients de l'Amérique,
23:10 c'est-à-dire la Corée du Sud.
23:12 Après, il y a le reste du monde
23:14 qui est en train de ruser guélienne.
23:16 C'est vraiment le cœur même de la ruse guélienne de l'histoire
23:18 qui est en train de se venger
23:20 de cet Occident qui s'est vu
23:22 premier de la classe jusqu'à la fin des temps.
23:24 Juste pour revenir
23:26 peut-être sur ce numéro
23:28 de 1983, numéro 48,
23:30 qu'on peut se procurer sur le site.
23:32 Les lecteurs peuvent se procurer, c'est important.
23:34 Il est payant, il est en PDF, mais peu cher.
23:36 Et puis effectivement,
23:38 dans ce dossier sur le tiremondisme, il y a deux
23:40 grands articles d'Alain Benoît sur, je crois, les origines difficiles
23:42 du tiremondisme et sur
23:44 un nouveau tiremondisme. Je crois que son dernier article
23:46 est passionnant. Il propose, vous l'avez cité,
23:48 un nouveau tiremondisme, mais dans lequel il rappelle
23:50 aussi que les tiremondisés
23:52 des années 70
23:54 et des réalistes de la gauche culturelle
23:56 sont en fait le substitut
23:58 des classes populaires européennes
24:00 qui ne sont plus très intéressantes et qui ne pensent pas bien.
24:02 Qu'est-ce qu'il y a ?
24:04 Ça, c'est l'anti-racisme. La figure
24:06 de l'ouvrier, la figure christique et
24:08 rédemptrice de l'ouvrier qui s'est avérée en 68 sur les barricades.
24:10 Comme il n'y a pas eu de rapprochement
24:12 entre les étudiants et les ouvriers, qui s'est avérée
24:14 assez conservatrice et réactionnaire sur le plan des mœurs,
24:16 sur le plan culturel, on va
24:18 la délaisser, cette figure-là.
24:20 Et qui a chassé à coups de pompe, la CGT ayant chassé à coups de pompe
24:22 les fils de bourgeois.
24:24 - Mais là, Christophe, on est aux antipodes, ce que dit Debenoît.
24:26 Ça, c'est la vision anti-raciste de Bruckner,
24:28 universaliste de Bruckner et de la nouvelle philosophie.
24:30 En revanche, celle de Debenoît,
24:32 de Lévi-Schröss, c'est au contraire, cultivons nos différences.
24:34 On retombe sur l'air d'air
24:38 et la mosaïque terne n'en sera que plus belle.
24:40 - La droite est irrécupérable
24:42 parce que
24:44 ce qui se passe aujourd'hui,
24:46 on ré-occidentalise
24:48 et je pense aussi
24:50 que les pays, même, avaient des livres
24:52 comme Philippe Bayer
24:54 qui avait dénoncé ce tiermondisme.
24:56 - En même temps, qui était un beau travail de dérudition.
24:58 - Qui est un beau travail, mais qui est un travail
25:00 de gens qui avaient dérivé
25:02 vers un tiermondisme de gauche.
25:04 C'est-à-dire
25:06 une admiration vis-à-vis
25:08 de ces pays. Qu'est-ce qui fait que la droite
25:10 revient toujours dans ces travers
25:12 d'être personnalisé ?
25:14 - Parce qu'il y a toujours eu de droite.
25:16 Année 70, rappelez-vous,
25:18 ordre nouveau Occident.
25:20 Ordre nouveau,
25:22 c'était ni Truste, ni Soviette.
25:24 C'était ni l'un, ni l'autre.
25:26 - Troisième voie.
25:28 - Troisième voie.
25:30 Comme le dossier, c'est-à-dire que
25:32 les pays l'ont aligné.
25:34 Deux blocs qui nous prennent en étau
25:36 entre l'Amérique et l'URSS,
25:38 essayons d'explorer ce légaulisme.
25:40 - Surtout que le tiermonde
25:42 que parle de Benoît, et il le précise
25:44 dès le départ,
25:46 ne considère pas le tiermondisme
25:48 comme un problème simplement économique.
25:50 Ça peut être n'importe quel pays.
25:52 Il met le Japon dans le tiermonde.
25:54 - Pour répondre,
25:56 il y a une impasse
25:58 à droite de ce qu'on pourrait appeler...
26:00 Déjà, le nationalisme européen
26:02 est un vœu pieux.
26:04 Dominique Veyner en convenait.
26:06 Mais le nationalisme blanc, qui est d'abord
26:08 une idée typiquement américaine, nord-américaine,
26:10 puisqu'elle s'inscrit dans un pays
26:12 qui a été confronté à la traite des Noirs,
26:14 à la discrimination, la ségrégation,
26:16 et qui correspond à un imaginaire
26:18 typiquement nord-américain,
26:20 qui n'est pas transposable en Europe.
26:22 Je ne vois pas sur quoi on pourrait reposer...
26:24 Parce que ce dont vous parlez, ça repose sur l'idée
26:26 d'un nationalisme blanc. Il faut appeler les choses
26:28 par leur nom. C'est le sous-texte, c'est ça.
26:30 Mais non, ça veut dire que nos identités
26:32 sont déracinées, que nous sommes des créatures
26:34 dématérialisées, que nous ne vivons que sur Internet,
26:36 que nous sommes des identitaires 2.0.
26:38 Non, ça n'a pas de sens.
26:40 - On terminera là-dessus.
26:42 - Je vais terminer même avec
26:44 notre ami Bernard Lugand,
26:46 qui m'expliquait, il y a encore
26:48 24 heures avant cette émission,
26:50 il m'expliquait qu'en Afrique, il a toujours été respecté
26:52 car il se comportait comme un Européen
26:54 et non comme un Blanc voulant être Africain
26:56 ou un Blanc voulant imposer son modèle à l'Africain.
26:58 Et pour cela, il me disait
27:00 "Le short colonial est obligatoire,
27:02 de rigueur et impeccable."
27:04 Bonne journée à tous,
27:06 et puis on se retrouve dans deux mois.
27:08 Bonjour chez vous.
27:10 ♪ ♪ ♪

Recommandations