Patrick Rotman
réalisateur du documentaire « Résistances » sur Arte
Arte diffuse cette fresque passionnante en 4 épisodes
« Résistances » sur Arte : « Les 1ers Résistants bricolaient chacun dans leur coin », explique le documentariste Patrick Rotman
C’est un travail titanesque entrepris par Patrick Rotman. 3 ans de travail pour mener à bien ce projet de raconter l’histoire de la Résistance à travers ceux qui l’ont vécue. La série documentaire « Résistances », diffusée ce mardi 25 avril sur Arte, suit la destinée d’une trentaine d’hommes et de femmes héroïques, qui ont risqué leur vie pour sauver la France du nazisme. « Ce qui les motive au départ, c’est un sursaut moral », raconte le réalisateur Patrick Rotman sur franceinfo. Il est l’invité médias de Célyne Baÿt-Darcourt
réalisateur du documentaire « Résistances » sur Arte
Arte diffuse cette fresque passionnante en 4 épisodes
« Résistances » sur Arte : « Les 1ers Résistants bricolaient chacun dans leur coin », explique le documentariste Patrick Rotman
C’est un travail titanesque entrepris par Patrick Rotman. 3 ans de travail pour mener à bien ce projet de raconter l’histoire de la Résistance à travers ceux qui l’ont vécue. La série documentaire « Résistances », diffusée ce mardi 25 avril sur Arte, suit la destinée d’une trentaine d’hommes et de femmes héroïques, qui ont risqué leur vie pour sauver la France du nazisme. « Ce qui les motive au départ, c’est un sursaut moral », raconte le réalisateur Patrick Rotman sur franceinfo. Il est l’invité médias de Célyne Baÿt-Darcourt
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00:00 Bonjour Céline Bahidarko. Bonjour Augustin. Votre invité média c'est le créateur d'une
00:04 fresque documentaire intitulée « Résistance » avec un S. Quatre épisodes qui retracent
00:11 l'itinéraire d'une trentaine d'hommes et de femmes devenus des héros au péril
00:14 de leur vie. C'est à voir sur Arte ce soir. Bonjour Patrick Rotman. Bonjour. L'histoire
00:19 de la résistance par ceux qui l'ont vécu des destins souvent tragiques. Vous aviez
00:23 ce projet depuis longtemps, c'est un travail titanesque. Oui j'avais ce projet depuis
00:27 des années et des années et j'hésitais parce qu'aggravir cette montagne gigantesque
00:32 et finalement je me suis lancé, ça a été trois ans de travail effectivement. Alors
00:35 on imagine une résistance immédiatement organisée derrière le général de Gaulle
00:39 mais non pas du tout. Il y avait différentes formes, c'était très complexe au départ
00:43 d'où le pluriel que vous mettez à résistance dans le titre de la série. Absolument, il
00:47 y a eu des résistances et d'ailleurs la résistance en tant que telle a évolué,
00:51 ce que montre le film de 40 et 44 c'est évidemment pas la même et puis surtout elle a pris des
00:56 formes extraordinairement diverses, de l'agent de liaison, de la femme qui porte le courrier,
01:03 du saboteur, du chef de réseau, etc. Donc ces 30 personnages que j'ai choisis, connus
01:08 ou inconnus, femmes et hommes, etc. Finalement on suit leur destinée et leur destinée dessine
01:16 la fresque ou le puzzle de ce que fut la résistance. Ce qui frappe aussi, ce sont leurs origines
01:23 politiques, ils viennent de la droite, de la gauche, des deux extrêmes aussi, ça vous
01:26 a surpris ça ? Je savais mais effectivement dans la résistance, pendant ces années-là,
01:33 il y a eu des résistants qui venaient de tous les horizons, notamment le colonel Rémy,
01:40 celui qu'on a appelé le colonel Rémy, qui était un des plus grands agents de la France
01:43 libre, venait de l'extrême droite. Par revanche, Brossolette était socialiste. Et ils travaillaient
01:51 ensemble. Rémy racontait lui-même que quand il a rencontré Brossolette, clandestinement
01:56 bien sûr, il avait plein de préjugés contre lui. Il s'est rendu compte que le type était
02:01 formidable et du coup ils ont travaillé ensemble. Ça devrait donner des idées à la classe
02:05 politique actuelle. Oui, c'est-à-dire que là l'enjeu était quand même primordial.
02:09 Qu'est-ce qui les a poussés à devenir résistants ? Et peut-être surtout à le rester quand
02:14 on voit ce qu'ils ont enduré, la faim, le froid, la torture, la déportation ? C'est
02:19 difficile de répondre à cette question parce qu'il n'y a pas un portrait type de ce
02:24 qu'est un résistant. Mais ce que j'ai compris en lisant et en travaillant beaucoup
02:30 sur cette question, c'est que ce qui motive au départ en tout cas, c'est une sorte de
02:36 sursaut moral. Le refus. Cette situation était inacceptable. On ne veut pas avoir des croix
02:40 gammées sur les monuments. On ne veut pas avoir cette armée allemande. Donc il faut
02:45 faire quelque chose. Faire quoi ? On n'en sait rien. Donc les premiers résistants,
02:49 ils ont commencé, j'appelle ça, les premiers épisodes, le bricolage héroïque. C'était
02:54 un héroïsme absolu. Et ils ont bricolé chacun dans leur coin. Petit à petit, et
02:59 c'est en fait le sujet de la série, ça raconte comment ces petits groupes, ces individus,
03:04 ces femmes, ces hommes, se sont réunis, retrouvés. Et bien sûr, il y a eu le rôle absolument
03:10 primordial de Jean Moulin qui a unifié cette résistance.
03:15 On découvre justement dans votre film Patrick Rotman que Jean Moulin, c'était un épicurien,
03:21 même pendant la guerre.
03:22 Oui, alors il y a même deux extraits de films amateurs qui ont été tournés. On
03:28 voit Jean Moulin en train de se baigner. On voit Jean Moulin en train de fumer. C'est
03:32 des images que moi je ne connaissais pas, qui sont assez saisissantes. On voit cet homme
03:36 qui aimait la vie, qui avait des histoires sentimentales assez compliquées, et pendant
03:41 la guerre, qui menait de front. C'est un personnage totalement romanesque. Je cite
03:47 juste un exemple. C'était une couverture bien sûr, mais c'était un amateur d'art
03:51 et il dessinait très très bien. Il a ouvert une galerie d'art à Nice. Il inaugure,
03:57 il y a toute la région, qu'elle aille compris le préfet de région, Vichy, etc. Et ça,
04:01 c'est le 9 février. Et le 14, il est à Londres et de Gaulle, le décor de la Croix
04:08 de la Libération. C'est un peu ce que j'ai voulu raconter. Ce sont des destins d'hommes
04:15 et de femmes absolument exceptionnels, extraordinaires, mais avec aussi un aspect qui n'est pas
04:22 connu et que j'ai développé dans le film. C'est à côté du courage, de l'héroïsme,
04:27 de la fraternité, il y avait aussi la trahison. Il y avait aussi les agents infiltrés de
04:35 l'Apvère et de la Gestapo qui ont détruit à peu près tous les principaux réseaux.
04:40 Notamment d'Étienne Dorf, qui est le premier agent de la France libre, qui est donné par
04:44 un agent. Le réseau du musée de l'Homme, qui est donné par un agent double. Jusqu'à
04:48 Jean Moulin, l'enchaînement des catastrophes qui conduisent à son arrestation. Et au départ,
04:52 celle d'un agent double.
04:54 - Je voudrais qu'on écoute l'une des chansons de la résistance. C'est Radio Londres qui
04:58 appelle à dessiner des V de victoire sur les murs.
05:01 - Il ne faut pas désespérer, on les aura. Il ne faut pas vous arrêter de résister.
05:07 N'oubliez pas la lettre V. Écrivez-la, chantez-la, V V V V.
05:15 À Lille, le 28 mars, la police compte plus de 5000 V.
05:19 - Les oriforts et sans remords.
05:22 À Paris, 6400 V sont recensés début avril.
05:26 - V V V V.
05:29 - Et c'est comme ça, en inscrivant des V à Nice que Denise Jacob entre dans la résistance.
05:34 Denise Jacob, c'est la sœur de Simone Veil.
05:36 - Voilà, elle va rentrer un peu plus tard dans la résistance.
05:39 - Son premier acte de résistance.
05:42 - Oui, ça fait partie de ce bricolage au début. Il faut faire quelque chose, donc on met des
05:46 V sur les murs. Le V de la victoire, la croix de Lorraine, etc.
05:49 Et Denise Jacob va rentrer plus tard dans la résistance. C'est un des personnages,
05:54 ces anonymes qu'ont fait la résistance, cette femme formidable qui était totalement isolée,
06:00 qui était agent de liaison d'un des mouvements qui s'appelait Franc-Tireur à Lyon et qui,
06:05 toute la journée, avait des rendez-vous jusqu'à 18 par jour, qu'elle apprenait par cœur pour
06:09 porter des messages. Elle vivait dans une petite pièce, toute seule, dans une solitude totale.
06:15 La résistance était aussi ça. C'est ce que dit l'un d'entre eux, Pierre-Henri Tietjen.
06:20 Ils ont eu froid, ils ont eu faim, ils ont eu peur pendant quatre ans.
06:25 - Vous vous appuyez sur les archives de l'INA pour les témoignages. Et pourquoi avez-vous
06:28 choisi des images d'animation pour la reconstitution ?
06:32 - Oui, alors il y a des images d'animation parce qu'il y en a une vingtaine tout au long des quatre heures.
06:37 Parce qu'il y a des moments, des histoires dont on sait ce qui s'est passé.
06:41 Il n'y a évidemment aucune image, même aucune photo. Par exemple, je reconstitue la première
06:45 rencontre entre Moulin et de Gaulle. C'est évidemment un dialogue extraordinaire.
06:50 Mais il y a aussi des scènes d'action. Le premier attentat contre un officier allemand
06:55 qui est fait au métro Barbès par celui qui devait devenir le colonel Fabien.
06:59 J'ai un témoin qui raconte la scène et en même temps qu'il parle, qu'il raconte,
07:03 parce qu'il était là, il était le second du colonel Fabien, Gilbert Russelin.
07:06 En même temps qu'il parle, on voit reconstitué par ce sorte de dessin animé, on voit la scène.
07:14 Et ça, ça arrive plusieurs fois comme ça. C'est pour donner un peu de sens de l'action,
07:19 de l'héroïsme et d'une certaine manière de la folie courageuse de ces femmes et de
07:26 ces hommes. On n'a pas idée de ce que c'est d'être résistant dans la France de 40.
07:30 On va le découvrir avec cette magnifique fresque. Bravo pour ce travail et merci d'être venu.
07:35 Merci à vous.
07:36 Résistance sur Arte ce soir 20h55. Les quatre épisodes sont déjà en ligne sur arte.tv.
07:41 Merci Céline Baillet d'Yarcourt, l'invité média en téléchargement avec l'application Radio France.